Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Regnum Galliae Regnum Mariae

La bienheureuse Vierge Marie Reine mémoire de sainte Pétronille

31 Mai 2017 , Rédigé par Ludovicus

La bienheureuse Vierge Marie Reine mémoire de sainte Pétronille

Collecte

Accordez-nous, nous vous en prions, Seigneur : alors que nous célébrons la solennité de la bienheureuse Vierge Marie notre Reine ; faites que nous soyons fortifiés par sa protection et que nous méritions d’obtenir la paix dans le présent et la gloire dans le futur.

Lecture

Je suis sortie de la bouche du Très-Haut ; je suis née avant toute créature ; j’ai habité sur les lieux les plus élevés, et mon trône était sur une colonne de nuée. J’ai parcouru toute la terre : sur tous les peuples, et sur toutes les nations j’ai exercé l’empire, j’ai foulé aux pieds par ma puissance les coeurs de tous les grands et des petits. Celui qui m’écoute ne sera pas confondu, et ceux qui agissent par moi ne pécheront point. Ceux qui me mettent en lumière auront la vie éternelle.

Evangile

En ce temps-là, l’Ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ; et le nom de la vierge était Marie. L’ange, étant entré auprès d’elle, lui dit : Je vous salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes. Elle, l’ayant entendu, fut troublée de ses paroles, et elle se demandait quelle pouvait être cette salutation. Et l’ange lui dit : Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez dans votre sein, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu 1ui donnera le trône de David son père, et il régnera éternellement sur la maison de Jacob ; et son règne n’aura pas de fin.

Communion

O Marie, très digne Reine du monde, et toujours Vierge, obtenez-nous la paix et le salut, vous qui avez mis au monde le Christ, Seigneur et Sauveur de tous.

Office

Au deuxième nocturne.

Sermon de saint Pierre Canisius Prêtre.

Quatrième leçon. Pourquoi n’adresserions-nous pas à la très Sainte Vierge Marie le titre de Reine, à la suite de Damascène, d’Athanase et des autres, puisque son père David, roi illustre, aussi bien que son fils, Roi des rois et Seigneur des seigneurs dont l’empire est sans fin, reçoivent dans les Écritures la louange la plus éclatante ? Elle est reine, en outre, si nous la comparons à ceux qui, pareils à des rois, ont obtenu la royauté céleste avec le Christ, souverain Roi, à titre de cohéritiers et, selon la parole de l’Écriture, établis avec lui comme sur le même trône. Et elle est la Reine qui ne le cède à aucun des élus, mais elle l’emporte en dignité sur les Anges aussi bien que sur les hommes, d’autant plus que rien ne peut l’emporter sur elle en sublimité et en sainteté, puisque seule elle a le même Fils que Dieu le Père et que, n’ayant au-dessus d’elle que Dieu et le Christ, elle voit tout le reste au-dessous d’elle.
Cinquième leçon. Le grand Athanase a dit de façon remarquable : Marie est tenue non seulement pour Mère de Dieu, mais encore, exactement et véritablement, pour Reine et Souveraine, puisque le Christ, né de cette Vierge Mère, demeure Dieu et Seigneur tout autant que Roi. C’est donc à cette Reine qu’on rapporte la parole du Psalmiste : La Reine s’est tenue à ta droite, dans son vêtement d’or. On a donc raison d’appeler Marie non seulement Reine du ciel, mais encore Reine des cieux, comme mère du Roi des Anges, comme amie et épouse du Roi des cieux. C’est donc bien toi, très auguste Reine, c’est toi, Mère très fidèle, ô Marie, que nul n’implore pieusement en vain, à qui tous les mortels sont liés par le souvenir éternel de tes bienfaits, c’est toi que je prie et supplie inlassablement et avec respect de vouloir bien ratifier et agréer tous les témoignages de ma dévotion envers toi, de daigner mesurer les faibles hommages que je te présente selon le zèle avec lequel ma volonté les offre, et de daigner les recommander à ton Fils tout-puissant.

De l’Encyclique du Pape Pie XII

Sixième leçon. Les monuments de l’antiquité chrétienne, les prières de la liturgie, le sens religieux inné du peuple chrétien, les œuvres d’art, nous ont fourni des témoignages qui affirment l’excellence de la Vierge Mère de Dieu en sa dignité royale. Nous avons aussi prouvé que les raisons déduites par la théologie du trésor de la foi divine confirment pleinement cette vérité. De tant de témoignages cités, il se forme un concert dont l’écho résonne au loin pour célébrer le caractère suprême de la gloire royale de la Mère de Dieu et des hommes, « élevée désormais au royaume céleste au-dessus des chœurs angéliques. » ; Ayant acquis, après de mûres et longues réflexions, la conviction que de grands avantages en découleront pour l’Église si cette vérité solidement démontrée resplendit avec plus d’évidence aux yeux de tous, comme une lampe brille davantage posée sur son candélabre, par Notre Autorité Apostolique, Nous décrétons et instituons la Fête de Marie Reine que l’on célébrera chaque année dans le monde entier le 31 mai.

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Bonaventure Évêque.

Septième leçon. La bienheureuse Vierge Marie est mère du souverain Roi parce qu’elle l’a noblement conçu, comme l’annonce le message que l’Ange lui apporta. Voici, dit-il, que tu vas concevoir et enfanter un fils. Et plus loin : Le Seigneur lui donnera le trône de David son père ; il régnera sur la maison de Jacob à jamais, et son règne n’aura pas de fin. C’est comme s’il disait expressément : Voici que tu vas concevoir et enfanter pour fils le Roi qui siège éternellement sur le trône royal, et de ce fait tu régneras comme Mère du Roi, et comme Reine tu siégeras sur le trône royal. S’il convient en effet qu’un fils honore sa mère, il convient qu’il lui donne accès au trône royal. Aussi la Vierge Marie, parce qu’elle a conçu celui qui porte inscrit sur sa cuisse : Roi des rois et Seigneur des seigneurs, aussitôt qu’elle conçut le Fils de Dieu, fut Reine, non seulement de la terre, mais encore du ciel, ce qui est signifié dans l’Apocalypse par ces paroles : Un signe grandiose apparut au ciel : c’est une Femme, le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête.
Huitième leçon. Marie est la Reine la plus illustre par sa gloire, ce que signifie bien le Prophète dans le psaume qui concerne spécialement le Christ et la Vierge Marie, où l’on dit d’abord au sujet du Christ : Ton trône, ô Dieu, dans les siècles des siècles, et un peu plus loin au sujet de la Vierge : La reine s’est tenue à ta droite, c’est-à-dire à la place d’honneur, ce qui s’applique à sa gloire spirituelle. Puis : dans son vêtement d’or, qui représente le vêtement de l’immortalité glorieuse, qui fut attribuée à la Vierge dans son Assomption. Car on ne peut accepter que ce vêtement dont le Christ fut couvert, et qui en outre fut parfaitement sanctifié ici-bas par le Verbe incarné, devienne la pâture des vers. De même qu’il a convenu au Christ de donner à sa Mère la grâce en plénitude dans sa conception, ainsi a-t-il convenu qu’il attribuât la plénitude de gloire en l’Assomption de cette Mère. Et c’est pourquoi il faut affirmer que la Vierge, glorieuse dans son âme et dans son corps, trône auprès de son Fils.
Neuvième leçon. Marie Reine est encore dispensatrice de la grâce, ce qui fut signifié dans le livre d’Esther, où il est dit : C’est la petite source qui devient un fleuve et s’est transformée en lumière et en soleil. La Vierge Marie, sous la figure d’Esther, est comparée à la diffusion de la source et de la lumière, à cause de la diffusion de la grâce quant à son double fruit : l’action et la contemplation. Car la grâce de Dieu, qui guérit le genre humain, descend jusqu’à nous à travers elle comme par un aqueduc, parce que la dispensation de la grâce appartient à la Vierge non pas par mode de principe, mais par mode de mérite. Par son mérite, donc, la Vierge Marie est la Reine très éminente, par rapport au peuple, puisqu’elle obtient le pardon, triomphe dans le combat et distribue la grâce, et par suite, conduit jusqu’à la gloire.

La bienheureuse Vierge Marie Reine mémoire de sainte Pétronille

Sainte Petronille est la première sainte patronne de la France. Elle descend de Titus Flavius Petro, grand-père de Vespasien. Saint Pierre l'amène à la foi et la baptise. Elle était d'une beauté extraordinaire, mais elle souffrait de paralysie. Elle est morte en vierge et martyre à Rome.

C'est sous Charlemagne qu'elle devient patronne des Rois de France. Le sarcophage qui conservait les restes de la sainte est transféré dans la basilique pontificale par le Pape Paul 1er en 757. Elle est aussi la patronne des Dauphins de France. Un Dauphin aurait été trouvé gravé sur son sarcophage. Les liens de la France avec la sainte se tissent tout au long de l'histoire. Par exemple, Louis XI a une grande vénération pour elle, il lui adresse de ferventes prières pendant la maladie du Dauphin, le futur Charles VIII. Une fois ce dernier guéri, le Roi fait embellir la chapelle de Sainte Pétronille.

Dans la basilique Saint-Pierre un autel lui est dédié. Et cet autel, construit sous le règne de Louis XII, est toujours considéré comme territoire Français. Chaque année, le 31 mai, jour de la fête de Sainte Pétronille, une messe est dite dans la chapelle pour la France et tous les français de Rome y sont invités. La sainte est représentée avec la palme du martyre, souvent en compagnie de Saint Pierre. On l'invoque pour guérir les fièvres.

Lire la suite

Saint Félix Ier pape et martyr

30 Mai 2017 , Rédigé par Ludovicus

Saint Félix Ier pape et martyr

Troisième leçon. Félix, né à Rome, et fils de Constantius, gouverna l’Église sous le règne de l’empereur Aurélien. Ce Pape ordonna que la Messe fût célébrée sur les reliques ou sur les tombeaux des Martyrs. Il fit au mois de décembre deux ordinations, et y ordonna neuf Prêtres, cinq Diacres et sacra cinq Évêques pour divers pays. Ayant reçu la palme du martyre, il fut enseveli sur la voie Aurélia, dans une basilique élevée et consacrée par lui. Il avait passé dans le souverain pontificat deux ans, quatre mois et vingt-neuf jours.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Les saints papes de l’âge primitif apparaissent en groupe sur cette dernière partie du Cycle pascal. Aujourd’hui, c’est Félix Ier, un martyr de la persécution d’Aurélien au IIIe siècle. Le détail de ses actes ne s’est pas conservé ; nous savons seulement qu’il proclama le dogme de l’Incarnation avec une admirable précision dans une lettre à l’Église d’Alexandrie, dont un fragment fut lu avec éloge dans les deux conciles œcuméniques d’Éphèse et de Chalcédoine.

Un autre trait emprunté aux usages de l’Église de ces temps orageux nous montre le saint Pontife empressé à faire rendre aux saints martyrs l’honneur qui leur est dû. Il ordonna qu’on célébrerait le divin Sacrifice sur leurs tombeaux ; et l’Église pratique encore aujourd’hui un reste de cette prescription en exigeant que tous les autels, fixes ou portatifs, contiennent au moins quelques reliques des martyrs. Nous aurons occasion de revenir sur cet usage.

Vous avez imité dans sa mort votre Maître divin, ô saint Pontife ; car vous avez donné comme lui votre vie pour votre troupeau. Comme lui aussi vous sortirez vivant du tombeau, et votre âme bienheureuse viendra rejoindre ce corps qui a souffert la mort en témoignage de la vérité que vous annonciez dans Rome. Jésus est le premier-né entre les morts ; après l’avoir suivi dans sa passion, vous le suivrez dans sa résurrection. Votre corps fut déposé dans ces souterrains glorieux que la piété de l’Église de votre temps décora du nom de Cimetières, qui signifie un lieu préparé pour le sommeil. Vous vous réveillerez, ô Félix, en ce grand jour où la Pâque recevra son dernier accomplissement ; priez afin que nous ayons part avec vous à la bienheureuse résurrection. Obtenez que les grâces de la solennité pascale se conservent en nous, et disposez nos cœurs à la visite de l’Esprit-Saint, qui confirme dans les âmes l’œuvre accomplie par le divin auteur du salut.

Lire la suite

TÉMOIGNAGE DE SAINT JEAN L’Aigle de Patmos

29 Mai 2017 , Rédigé par Ludovicus

TÉMOIGNAGE DE SAINT JEAN L’Aigle de Patmos

Ce qui était dès le commencement

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.

Il était au commencement en Dieu.

Tout par lui a été fait, et sans lui n'a été fait rien de ce qui existe.

En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes,

Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue.

Il y eut un homme, envoyé de Dieu; son nom était Jean.

Celui-ci vint en témoignage, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui:

non que celui-ci fût la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière.

La lumière, la vraie, celle qui éclaire tout homme, venait dans le monde.

Il était dans le monde, et le monde par lui a été fait, et le monde ne l'a pas connu.

Il vint chez lui, et les siens ne l'ont pas reçu.

Mais quant à tous ceux qui l'ont reçu, Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom,

Qui non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu sont nés.

Et le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, gloire comme celle qu'un fils unique tient de son Père tout plein de grâce et de vérité.

Jean lui rend témoignage, et s'écrie en ces termes: "Voici celui dont je disais: Celui qui vient après moi, est passé devant moi, parce qu'il était avant moi."

et c'est de sa plénitude, que nous avons tous reçu, et grâce sur grâce;

parce que la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.

Dieu, personne ne le vit jamais: le Fils unique, qui est dans le sein du Père c'est lui qui l'a fait connaître. (Jn 1, 1-18)

ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et ce que nos mains ont touché, du Verbe de vie, - car la Vie a été manifestée, et nous l'avons vue, et nous lui rendons témoignage, et nous vous annonçons la Vie éternelle, qui était dans la sein du Père et qui nous a été manifestée  ce que nous avons vu et entendu, nous nous l'annonçons, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous, et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ.

Et nous vous écrivons ces choses, afin que votre joie soit complète.

Le message qu'il nous a fait entendre, et que nous vous annonçons à notre tour, c'est que Dieu est lumière, et qu'il n'y a point en lui de ténèbres. Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché.

Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n'est point en nous

 Si nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité.  Si nous disons que nous sommes sans péché, nous le faisons menteur, et sa parole n'est point en nous.

2 Mes petits enfants, je vous écris ces choses, afin que vous ne péchiez point. Et si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ, le juste. Il est lui-même une victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais pour ceux du monde entier.

Et voici par quoi nous savons que nous le connaissons: si nous gardons ses commandements.

Celui qui dit le connaitre et ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n'est point en lui. Mais celui qui garde sa parole, c'est en lui véritablement que l'amour de Dieu est parfait; par là nous connaissons que nous sommes en lui.

Celui qui dit demeurer en lui doit lui aussi marcher comme il a marché lui-même.

Mes bien-aimés, ce n'est pas un commandement nouveau que je vous écris, c'est un commandement ancien, que vous avez reçu dès le commencement; ce commandement ancien, c'est la parole que vous avez entendue. D'un autre côté, c'est un commandement nouveau que je vous écris, lequel s'est vérifié en Jésus-Christ et en vous, car les ténèbres se dissipent et déjà brille la véritable lumière.

Celui qui dit être dans la lumière et qui hait son frère est encore dans les ténèbres. Celui qui aime son frère, demeure dans la lumière, et il n'y a en lui aucun sujet de chute. Mais celui qui hait son frère est dans les ténèbres; il marche dans les ténèbres, sans savoir où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux.  I Jn 1, 1-10 , 2, 1-10

 Je vous écris, petits enfants, parce que vos péchés vous sont remis à cause de son nom.

Je vous écris, pères, parce que vous avez connu Celui qui est dès le commencement.

Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le malin.

Je vous ai écrit, petits enfants, parce que vous avez connu le Père.

Je vous ai écrit, pères, parce que vous avez connu Celui qui est dès le commencement.

Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le malin.

N'aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde.

Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui.

Car tout ce qui est dans le monde, la concupiscence de la chair, la concupiscence des yeux, et l'orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais du monde.

Le monde passe, et sa concupiscence aussi; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement.

Mes petits enfants, c'est la dernière heure.

Comme vous avez appris que l'antéchrist doit venir, aussi y a-t-il maintenant plusieurs antéchrists: par là nous connaissons que c'est la dernière heure.

Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n'étaient pas des nôtres; car s'ils eussent été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous; mais ils en sont sortis, afin qu'il soit manifeste que tous ne sont pas des nôtres.

Pour vous, c'est du Saint que vous avez reçu l'onction, et vous connaissez tout.

Je vous ai écrit, non que vous ne connaissiez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez, et que vous savez qu'aucun mensonge ne vient de la vérité.

Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ? Celui-là est l'antéchrist, qui nie le Père et le Fils.

Quiconque nie le Fils, n'a pas non plus le Père; celui qui confesse le Fils, a aussi le Père.

Pour vous, que ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous.

Si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurez aussi dans le Fils et dans le Père.

Et la promesse que lui-même nous a faite, c'est la vie éternelle.

Voilà ce que j'avais à vous écrire sur ceux qui vous séduisent.

Pour vous, l'onction que vous avez reçue de Lui demeure en vous, et vous n'avez pas besoin que personne vous enseigne; mais comme son onction vous enseigne sur toute chose, cet enseignement est véritable et n'est point un mensonge; et selon qu'elle vous a enseignés, demeurez en Lui.

Et maintenant, mes petits enfants, demeurez en Lui, afin que, lorsqu'il paraîtra, nous ayons de l'assurance, et que nous ne soyons pas, à son avènement, rejetés loin de Lui avec confusion.

Si vous savez qu'il est juste, reconnaissez que quiconque pratique la justice est né de lui.

3 Voyez quel amour le Père nous a témoigné, que nous soyons appelés enfants de Dieu, et que nous le soyons en effet!

Si 1e monde ne nous connaît pas, c'est qu'Il ne l'a pas connu.

Mes bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons un jour n'a pas encore été manifesté; mais nous savons qu'au temps de cette manifestation, nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu'il est.

Quiconque a cette espérance en lui, se rend pur, comme lui-même est pur.

Quiconque commet le péché transgresse la loi, et le péché est la transgression de la loi.

Or vous savez que Jésus a paru pour ôter les péchés, et que le péché n'est point en Lui.

Quiconque demeure en Lui ne pèche point; quiconque pèche, ne l'a pas vu et ne l'a pas connu.

Petits enfants, que personne ne vous séduise.

Celui qui pratique la justice est juste, comme Lui-même est juste.

Celui qui commet le péché est du diable, car le diable pèche dès le commencement.

C'est pour détruire les oeuvres du diable que le Fils de Dieu a paru.

Quiconque est né de Dieu ne commet point le péché, parce que la semence de Dieu demeure en lui; et il ne peut pécher, parce qu'il est né de Dieu.

C'est à cela que l'on reconnait les enfants de Dieu et les enfants du diable.

Quiconque ne pratique pas la justice n'est pas de Dieu, non plus que celui qui n'aime pas son frère. 1Jn 3, 11-29 ; 3, 1-10

 

 

Lire la suite

Sainte Marie-Madeleine de Pazzi vierge

29 Mai 2017 , Rédigé par Ludovicus

Sainte Marie-Madeleine de Pazzi vierge

Quatrième leçon. Née à Florence de l’illustre famille des Pazzi, Marie-Madeleine prit, on peut dire, dès son berceau, le chemin de la perfection. A dix ans, elle fit vœu de chasteté. Ayant revêtu l’habit de carmélite au monastère de Notre-Dame des Anges, elle se montra un modèle de toutes les vertus. Elle était si pure qu’elle ignorait absolument ce qui peut blesser la pureté. Sur l’ordre de Dieu, elle jeûna pendant cinq ans au pain et à l’eau, sauf les dimanches, où elle usait des mets permis en Carême. Elle châtiait son corps par le cilice, les flagellations, le froid, le jeûne, les veilles, l’insuffisance du vêtement et par toutes sortes de mortifications.

Cinquième leçon. Le feu de l’amour divin la brûlait à ce point que, ne pouvant le supporter, elle était obligée de se rafraîchir la poitrine avec de l’eau. Souvent ravie hors d’elle-même, Marie-Madeleine avait des extases prolongées et merveilleuses ; dans ces extases, elle pénétrait les mystères célestes, et recevait de Dieu des faveurs insignes. Ainsi fortifiée elle soutint un long combat contre les princes des ténèbres, en proie qu’elle fut à la sécheresse, à la désolation, abandonnée de tout le monde et tourmentée de tentations diverses : Dieu le permettant, pour qu’elle devint le modèle d’une invincible patience et de l’humilité la plus profonde.

Sixième leçon. Sa charité envers le prochain a été particulièrement remarquable : souvent elle passait des nuits sans dormir, soit pour accomplir les tâches de ses sœurs, soit pour servir celles qui étaient malades, et elle en a guéri plusieurs en suçant leurs ulcères. Elle déplorait amèrement que les infidèles et les pécheurs fussent en voie de perdition, et s’offrait à endurer tous les tourments pour leur salut. Une vertu héroïque l’ayant fait renoncer, bien des années avant sa mort, à toutes les délices dont le Ciel la comblait, elle répétait souvent : « Souffrir et non mourir ». Enfin, épuisée par une longue et douloureuse infirmité, elle alla se réunir à l’Époux, le vingt-cinq mai -mil six cent sept, à l’âge de quarante et un ans. De nombreux miracles accomplis avant et après sa mort l’ont rendue célèbre. Clément IX l’a inscrite au nombre des saintes Vierges, et son corps s’est jusqu’à présent conservé sans corruption.

Le Cycle pascal nous offre trois illustres vierges que l’Italie a produites. Nous avons salué dans notre admiration la vaillante Catherine de Sienne ; sous peu de jours, nous célébrerons Angèle de Mérici, entourée de son essaim de jeunes filles ; aujourd’hui le lis de Florence, Madeleine de Pazzi, embaume toute l’Église de ses parfums. Elle a été l’amante et l’imitatrice du divin crucifié ; n’est-il pas juste qu’elle ait part aux allégresses de sa résurrection ?

Madeleine de Pazzi a brillé sur le Carmel par son éclatante pureté et par l’ardeur de son amour. Elle a été, comme Philippe Néri, l’une des plus éclatantes manifestations de la divine charité au sein de la vraie Église, se consumant à l’ombre du cloître comme Philippe dans les labeurs du ministère des âmes, ayant recueilli l’un et l’autre, pour l’accomplir en eux, cette parole de l’Homme-Dieu : « Je suis venu allumer le feu sur la terre ; et quel est mon désir, sinon qu’il s’enflamme ? »

La vie de l’Épouse du Christ fut un miracle continuel. L’extase et les ravissements étaient journaliers chez elle. Les plus vives lumières lui furent communiquées sur les mystères, et, afin de l’épurer davantage pour ces sublimes communications, Dieu lui fit traverser les plus redoutables épreuves de la vie spirituelle. Elle triompha de tout, et son amour montant toujours, elle ne trouvait plus de repos que dans la souffrance, par laquelle seule elle pouvait alimenter le feu qui la consumait. En même temps son cœur débordait d’amour pour les hommes ; elle eût voulu les sauver tous, et sa charité si ardente pour les âmes s’étendait avec héroïsme jusqu’à leurs corps. Tant que dura ici-bas cette existence toute séraphique, le ciel regarda Florence avec une complaisance particulière ; et le souvenir de tant de merveilles a maintenu dans cette ville, après plus de deux siècles, un culte fervent à l’égard de l’insigne épouse du Sauveur des hommes.

L’un des plus frappants caractères de la divinité et de la sainteté de l’Église apparaît dans ces existences privilégiées, sur lesquelles se montre avec tant d’éclat l’action directe des mystères de notre salut. « Dieu a tant aimé le monde, qu’il lui a donné son Fils unique» ; et ce Fils de Dieu daigne se passionner pour une de ses créatures, produisant en elle de tels effets, que tous les hommes sont à même d’y prendre une idée de l’amour dont son Cœur divin est embrasé pour ce monde qu’il a racheté au prix de son sang. Heureux ceux qui savent goûter ce spectacle, qui savent rendre grâces pour de tels dons ! Ils ont la vraie lumière, tandis que ceux qui s’étonnent et hésitent font voir que les lueurs qui sont en eux luttent encore avec les ténèbres de la nature déchue. L’espace qui nous reste ne nous permet pas, à notre grand regret, de développer davantage le caractère et la vie de notre sainte.

Votre vie ici-bas, ô Madeleine, a semblé celle d’un ange que la volonté divine eût captivé sous les lois de notre nature inférieure et déchue. Toutes vos aspirations vous entraînaient au delà des conditions de la vie présente, et Jésus se plaisait à irriter en vous cette soif d’amour qui ne pouvait s’apaiser qu’aux sources jaillissantes de la vie éternelle. Une lumière céleste vous révélait les mystères divins, votre cœur ne pouvait contenir les trésors de vérité et d’amour que l’Esprit-Saint y accumulait ; et alors votre énergie se réfugiait dans le sacrifice et dans la souffrance, comme si l’anéantissement de vous-même eût pu seul acquitter la dette que vous aviez contractée envers le grand Dieu qui vous comblait de ses faveurs les plus chères.

Âme de séraphin, comment vous suivrons-nous ? Qu’est notre amour auprès du vôtre ? Nous pouvons cependant nous attacher de loin à vos traces. L’année liturgique était le centre de votre existence ; chacune de ses saisons mystérieuses agissait sur vous, et vous apportait, avec de nouvelles lumières, de nouvelles ardeurs. L’Enfant divin de Bethlehem, la sanglante Victime de la croix, le glorieux Époux vainqueur de la mort, l’Esprit rayonnant de sept dons ineffables, vous ravissaient tour à tour ; et votre âme, renouvelée par cette succession de merveilles, se transformait toujours plus en celui qui, pour s’emparer de nos cœurs, a daigné se traduire lui-même dans ces gestes immortels que la sainte Église nous fait repasser chaque année avec le secours d’une grâce toujours nouvelle. Vous aimiez ardemment les âmes durant votre vie mortelle, ô Madeleine ; votre amour s’est accru encore dans la possession du bien suprême ; obtenez-nous la lumière pour voir mieux ce qui ravissait toutes vos puissances, l’ardeur de l’amour pour aimer mieux ce qui passionnait votre cœur.

 

Désir de la communion fréquente

À 14 ans, elle fut accueillie au Monastère de Saint Jean ; les moniales avaient accepté la condition imposée par le confesseur de la jeune fille, le P. Pietro Blanca de la Compagnie de Jésus, qu’elle pût communier les jours de fête, contre la coutume du monastère. Ce fut un grand contentement pour la jeune fille, mais ne lui épargna pas quelques moqueries des moniales moins attachées à la communion fréquente : « Voici la Jésuite, elle vient nous réformer! Voilà où nous en sommes, une séculière vient nous réformer! Qu’elle pense plutôt à elle-même ! »

Elle fut si exemplaire dans sa vie qu’au moment où elle quitta le monastère pour revenir dans sa famille, un réel changement s’y était opéré : désormais une cinquantaine de Sœurs communiaient les jours de fête.

La veille de l’Assomption de 1582, Caterina de Pazzi est accueillie au Carmel de Florence pour une expérience de 15 jours.

« Durant ce temps, elle nous édifia toutes grandement, par les vertus qu’on voyait resplendir en elle et une grâce particulière qu’elle manifestait dans ses actes et ses paroles; nous avons reconnu en particulier sa grande obéissance, car même si nous communiions tous les matins — ce qu’elle désirait ardemment — et l’invitions à faire de même, toutefois n’ayant pas la permission de son confesseur de communier plus de trois fois par semaine, elle ne voulut pas manquer d’observer cet ordre ».

Plus tard, quand elle dut choisir entre le monastère de « Saint Jean », celui de la « Crocetta » et « Sainte Marie des Anges », la décision ne fut pas difficile à prendre en faveur de ce dernier, notamment à cause de la communion quotidienne dont jouissait le Carmel de Florence.

C’est grâce à l’influence favorable des Jésuites que ce Carmel avait obtenu le privilège de la communion quotidienne, exceptionnel pour l’époque et pour longtemps encore dans l’Église. Il n’est pas à exclure que dans cette pratique, entrée en vigueur peu avant l’arrivée de Caterina de Pazzi, ait pesé aussi l’influence du Prieur Général de l’Ordre, Jean Baptiste Rossi, qui, durant les visites canoniques, invitait les moniales à une plus fréquente participation au Corps et au Sang du Christ.

La communion était donnée en dehors de la messe, par le confesseur ou le chapelain. En leur absence, les moniales se rassemblaient toutes pour une demi-heure de prière, qu’elles appelaient « la communion spirituelle ».

La pratique de la communion quotidienne n’étant pas obligatoire, des novices et des Sœurs n’y participaient pas : Sœur Marie Madeleine témoignera de sa désapprobation à leur égard ; pour elle cette rencontre était toujours une source de grâces et de consolations sans nombre, les “Quarante jours” le confirment amplement ; elle ne pouvait comprendre comment l’on pouvait se priver d’accueillir ce don d’Amour de Jésus.

Sainte Marie-Madeleine de Pazzi vierge
Lire la suite

Dimanche après l’Ascension

28 Mai 2017 , Rédigé par Ludovicus

Dimanche après l’Ascension

Introït

Exaucez, Seigneur, ma voix, qui a crié vers vous, alléluia ; mon cœur vous a dit : mes yeux vous ont cherché ; votre visage, Seigneur, je le rechercherai, ne détournez pas de moi votre face, alléluia, alléluia. Le Seigneur est ma lumière et mon salut, qui craindrai-je ?

Collecte

Dieu tout-puissant et éternel : faites que notre volonté vous soit toujours dévouée ; et que nous servions votre Majesté d’un cœur sincère.

Lecture

Mes bien-aimés : soyez prudents et veillez dans la prière. Mais surtout ayez les uns pour les autres une charité persévérante, car la charité couvre une multitude de péchés. Exercez entre vous l’hospitalité sans murmurer. Que chacun mette au service des autres le don spirituel qu’il a reçu, comme doivent faire de bons dispensateurs de la grâce de Dieu aux formes multiples. Si quelqu’un parle, que ce soit selon les oracles de Dieu ; si quelqu’un exerce un ministère, que ce soit comme employant une force que Dieu donne, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Evangile

En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Lorsque le Paraclet que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, sera venu, il rendra témoignage de moi. Et vous aussi vous me rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement. Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez pas scandalisés. Ils vous chasseront des synagogues, et l’heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre hommage à Dieu. Et ils vous traiteront ainsi parce qu’ils ne connaissent ni le Père ni moi. Je vous ai dit ces choses afin que, lorsque l’heure en sera venue, vous vous souveniez que je vous les ai dites.

Secrète

Que ce sacrifice sans tache nous purifie, Seigneur, et qu’il donne à nos âmes la vigueur de la grâce surnaturelle.

Postcommunion

Nourris de vos dons sacrés, ô Seigneur, nous vous en supplions, donnez-nous de demeurer toujours dans l’action de grâces.

4e leçon

Sermon de saint Augustin, Évêque.

Notre Sauveur, mes très chers frères, est monté au ciel, ne nous troublons donc pas sur la terre. Que nos pensées soient là où il est, et ici-bas ce sera le repos. Montons maintenant avec le Christ par le cœur ; lorsque son jour promis sera venu, nous le suivrons aussi de corps. Cependant, mes frères, nous devons savoir que ni l’orgueil, ni l’avarice, ni la luxure ne s’élèvent avec le Christ ; aucun de nos vices ne s’élève avec notre médecin. Et c’est pourquoi si nous voulons suivre le médecin dans son ascension, nous devons déposer le fardeau de nos vices et de nos péchés. Ils nous chargent, pour ainsi dire, tous de chaînes, ils s’efforcent de nous retenir captifs dans les filets de nos fautes : c’est pourquoi avec le secours de Dieu, et comme le dit le Psalmiste : « Rompons leurs liens », afin qu’en toute sécurité nous puissions dire au Seigneur : « Vous avez rompu mes liens, c’est à vous que je sacrifierai une hostie de louange »

5e leçon

La résurrection du Seigneur est notre espérance ; l’ascension du Seigneur, notre glorification. Nous célébrons aujourd’hui la solennité de l’Ascension. Si donc nous célébrons l’ascension du Seigneur avec droiture, avec fidélité, avec dévotion, avec sainteté et avec piété, montons avec lui et tenons en haut nos cœurs. Mais, en montant, gardons-nous de nous enorgueillir et de présumer de nos mérites, comme s’ils nous étaient propres. Nous devons tenir nos cœurs en haut attachés au Seigneur ; car le cœur en haut, mais non auprès du Seigneur, c’est l’orgueil ; le cœur en haut près du Seigneur, c’est le refuge. Voici, mes frères, un fait surprenant : Dieu est élevé, tu t’élèves et il fuit loin de toi ; tu t’humilies et il descend vers toi. Pourquoi cela ? C’est que « le Seigneur est élevé, et il regarde ce qui est bas, et ce qui est haut, c’est de loin qu’il le connaît ». Il regarde de près ce qui est humble, pour l’attirer à lui, et il regarde de loin ce qui s’élève, c’est-à-dire les superbes, pour les abaisser.

6e leçon

Le Christ est ressuscité pour nous donner l’espérance, car tout homme qui meurt ressuscite ; et il nous a donné cette assurance, afin qu’en mourant nous ne désespérions pas et que nous ne pensions pas que notre vie finit dans la mort. Nous étions dans l’anxiété au sujet de notre âme elle-même, et le Sauveur, en ressuscitant, nous a donné la foi en la résurrection de la chair. Crois donc, afin d’être purifié. Il te faut d’abord croire, afin de mériter par ta foi de voir Dieu un jour. Veux-tu voir Dieu ? Écoute-le lui-même : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu ». Pense donc avant tout à purifier ton cœur ; enlève tout ce que tu y vois qui puisse déplaire à Dieu.

7e leçon

Homélie de saint Augustin, Évêque.

Le Seigneur, dans le discours qu’il tint à ses disciples après la cène, aux approches de sa passion, alors qu’il allait partir et les quitter quant à sa présence corporelle, quoiqu’il dût néanmoins rester avec tous les siens par sa présence spirituelle jusqu’à la consommation des siècles ; le Seigneur Jésus, dans ce discours, les exhorta à supporter les persécutions des impies, qu’il désignait sous le nom de monde. Du sein de ce même monde il avait tiré ses disciples : il le leur déclara, afin qu’ils sussent que la grâce de Dieu les faisait ce qu’ils se trouvaient être, tandis que leurs vices les avaient rendus ce qu’ils étaient auparavant.

8e leçon

Ensuite il leur annonça clairement que les Juifs devaient être et ses persécuteurs et les leurs, de façon qu’il fût absolument évident que ceux qui persécutent les saints sont compris, eux aussi, sous cette appellation de monde condamnable. Or, après avoir dit des Juifs qu’ils ne connaissaient pas celui qui l’avait envoyé, et que cependant ils haïssaient et le Fils et le Père, c’est-à-dire celui qui avait été envoyé et celui par qui il était envoyé (toutes choses dont nous avons déjà parlé dans d’autres sermons), il en vint à cet endroit où il leur dit : « C’est afin que s’accomplisse la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï gratuitement »

9e leçon

Ensuite il ajouta, comme conséquemment, ces paroles que nous avons entrepris d’expliquer aujourd’hui. « Mais lorsque sera venu le Paraclet que je vous enverrai du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi. Et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que, dès le commencement, vous êtes avec moi ». Quel rapport ces paroles ont-elles avec ce qu’il vient de dire : « Mais maintenant ils ont vu mes œuvres ; et ils ont haï et moi et mon Père, mais c’est afin que s’accomplisse la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï gratuitement ». Quand le Paraclet est venu, cet Esprit de vérité a-t-il convaincu par un témoignage plus évident ceux qui avaient vu ses œuvres et le haïssaient encore ? Il a fait bien plus ; car, en se manifestant à eux, il a converti à la foi, qui opère par la charité, plusieurs de ceux qui avaient vu, et dont la haine persévérait encore.

ÉPÎTRE.

Tandis que les disciples sont réunis dans le Cénacle, n’ayant qu’un cœur et qu’une âme, et attendant la venue de l’Esprit-Saint, le prince des Apôtres qui présidait cette assemblée sainte se tourne vers nous qui attendons ici-bas la même faveur, et nous recommande la charité fraternelle. Il nous promet que cette vertu couvrira la multitude de nos péchés ; quelle heureuse préparation pour recevoir le don divin ! L’Esprit-Saint arrive afin d’unir les hommes en une seule famille ; arrêtons donc toutes nos discussions, et préparons-nous à la fraternité universelle qui doit s’établir dans le monde à la prédication de l’Évangile. En attendant la descente du Consolateur promis, l’Apôtre nous dit que nous devons être prudents et veiller dans la prière. Recevons la leçon : la prudence consistera à écarter de nos cœurs tout obstacle qui repousserait le divin Esprit ; quanta la prière, c’est elle qui les ouvrira, afin qu’il les reconnaisse et s’y établisse.

ÉVANGILE.

A la veille de nous envoyer son Esprit, Jésus nous annonce les effets que ce divin Consolateur produira dans nos âmes. S’adressant aux Apôtres dans la dernière Cène, il leur dit que cet Esprit leur rendra témoignage de lui, c’est-à-dire qu’il les instruira sur la divinité de Jésus et sur la fidélité qu’ils lui doivent, jusqu’à mourir pour lui. Voilà donc ce que produira en eux cet hôte divin que Jésus, près de monter aux cieux, leur désignait en l’appelant la Vertu d’en haut. De rudes épreuves les attendent ; il leur faudra résister jusqu’au sang. Qui les soutiendra, ces hommes faibles ? L’Esprit divin qui sera venu se reposer en eux. Par lui ils vaincront, et l’Évangile fera le tour du monde. Or, il va venir de nouveau, cet Esprit du Père et du Fils ; et quel sera le but de sa venue, sinon de nous armer aussi pour le combat, de nous rendre forts pour la lutte ? Au sortir de la Saison pascale, où les plus augustes mystères nous illuminent et nous protègent, nous allons retrouver en face le démon irrité, le monde qui nous attendait, nos passions calmées un moment qui voudront se réveiller. Si nous sommes « revêtus de la Vertu d’en haut », nous n’aurons rien à craindre ; aspirons donc à la venue du céleste Consolateur, préparons-lui en nous une réception digne de sa majesté ; quand nous l’aurons reçu, gardons-le chèrement ; il nous assurera la victoire, comme il l’assura aux Apôtres.

Lire la suite

Saint Bède le vénérable confesseur et docteur

27 Mai 2017 , Rédigé par Ludovicus

Saint Bède le vénérable confesseur et docteur

Office

Quatrième leçon. Bède, prêtre de Jarrow, né sur les confins de la Grande-Bretagne et de l’Écosse, n’avait que sept ans quand son éducation fut confiée à saint Benoît Biscop, abbé de Wearmouth. Devenu moine, il régla sa vie de telle sorte que, tout en se donnant entièrement à l’étude des arts et des sciences, il n’a jamais rien omis des règles monastiques. Il n’est pas de science qu’il n’ait acquise, grâce à des études approfondies ; mais il apporta surtout ses soins les plus assidus aux divines Écritures ; et, pour les posséder plus pleinement, il apprit le grec et l’hébreu. A trente ans, sur l’ordre de son supérieur, il fut ordonné prêtre et aussitôt, à la demande d’Acca, évêque d’Exham, il donna des leçons d’Écriture sainte ; il les appuyait si bien sur la doctrine des Saints Pères, qu’il n’avançait rien qui ne fût fortifié par leur témoignage, se servant souvent presque des mêmes expressions. Le repos lui était en horreur il passait de ses leçons à l’oraison pour retourner de l’oraison à ses leçons ; il était si enflammé par les sujets qu’il traitait, que souvent les larmes accompagnaient ses explications. Pour ne pas être distrait par les soucis temporels, il ne voulut jamais accepter la charge d’abbé qui lui fut bien des fois offerte.

Cinquième leçon. Bède s’acquit un tel renom de science et de piété, que la pensée vint à Saint Sergius, pape, de le faire venir à Rome, pour qu’il travaillât à la solution des difficiles questions que la science sacrée avait alors à étudier. Il fit plusieurs ouvrages, dans le but de corriger les mœurs des fidèles, d’exposer et de défendre la foi, ce qui lui valut à un tel point l’estime générale que saint Boniface, évêque et martyr, l’appelait la lumière de l’Église ; Lanfranc, docteur des Angles, et le concile d’Aix-la-Chapelle, docteur admirable. Bien plus, ses écrits étaient lus publiquement dans les églises, même de son vivant. Et quand le fait avait lieu, comme il n’était pas permis de lui donner le nom de saint, on l’appelait vénérable, et ce titre lui a été attribué dans les siècles suivants. Sa doctrine avait d’autant plus de force et d’efficacité qu’elle était confirmée par la sainteté de sa vie et la pratique des plus belles vertus religieuses. Aussi, grâce à ses leçons et à ses exemples, ses disciples, qui étaient nombreux et remarquables, se distinguèrent-ils autant par leur sainteté que par leurs progrès dans les sciences et dans les lettres.

Sixième leçon. Enfin, brisé par l’âge et les travaux, il tomba dangereusement malade. Cette maladie, qui dura plus de cinquante jours, n’interrompit ni ses prières, ni ses explications ordinaires des Saintes Écritures : c’est pendant ce temps, en effet, qu’il traduisit en langue vulgaire, à l’usage du peuple des Angles, l’Évangile de Saint Jean. La veille de l’Ascension, sentant sa fin approcher, il voulut se fortifier par la réception des derniers sacrements de l’église. Puis il embrassa ses frères, se coucha à terre sur son cilice, répéta deux fois : Gloire au Père, et au Fils et au Saint-Esprit et s’endormit dans le Seigneur. On rapporte qu’après sa mort, son corps exhalait l’odeur la plus suave : il fut enseveli dans le monastère de Jarrow et ensuite transporté à Dublin avec les reliques de Saint Cuthbert. Les Bénédictins, d’autres familles religieuses et quelques diocèses l’honoraient comme docteur : le Saint Père Léon XIII, d’après un décret de la sacrée congrégation des Rites, le déclara Docteur de l’Église universelle et rendit obligatoires pour tous, au jour de sa fête, la Messe et l’Office des Docteurs.

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Bède le Vénérable, Prêtre.

Septième leçon. Par la terre, entendez la nature humaine ; par le sel, la sagesse. Le sel, de sa nature, fait perdre à la terre sa fécondité. Nous lisons de certaines villes, qui ont passé par la colère des vainqueurs, qu’elles ont été ensemencées de sel. Et ceci convient bien à la doctrine apostolique : le sel de la sagesse, semé sur la terre de notre chair, empêche de germer, et le luxe du siècle, et la laideur des vices. S’il n’y a plus de sel, avec quoi salera-t-on ? C’est-à-dire, si vous, qui devez servir aux peuples de condiment, vous perdez le royaume des cieux par crainte de la persécution, par une vaine terreur, il n’est pas douteux que, sortis de l’Église, vous ne deveniez le jouet de vos ennemis.

Huitième leçon. « Vous êtes la lumière du monde » : c’est-à-dire, vous qui avez été éclairés de la vraie lumière, vous devez être la lumière de ceux qui sont dans le monde. « Une cité bâtie sur la montagne ne peut se cacher » : il s’agit de la doctrine apostolique, fondée sur le Christ ; ou de l’Église, bâtie sur le Christ, formée de beaucoup de nations unies par la foi, et cimentée par la charité. Elle offre un asile sûr à ceux qui entrent, elle est d’un accès difficile à ceux qui approchent ; elle garde ceux qui l’habitent et elle refoule tous ses ennemis.

Neuvième leçon. « Et on n’allume point une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur un chandelier ». Or celui-là met la lumière sous le boisseau qui obscurcit, voile la lumière de la doctrine en la faisant servir à des avantages temporels. Et celui-là met la lumière sur le chandelier qui se soumet de telle sorte au ministère de-Dieu, qu’il mette bien au-dessus de la servitude du corps la doctrine de la vérité. Ou bien encore : le Sauveur allume la lumière, lui qui a éclairé notre nature humaine par la flamme de la divinité ; et il a placé cette lumière sur le chandelier, c’est-à-dire sur l’Église, en marquant sur notre front la foi de son Incarnation. Cette lumière n’a pu être placée sous le boisseau, c’est-à-dire enfermée dans les dimensions de la foi et dans la Judée seulement, mais elle a éclairé le monde tout entier.

La bénédiction que le Seigneur donnait à la terre en s’élevant au ciel atteint les plus lointaines frontières de la gentilité. Trois jours de suite, le Cycle nous montre les grâces qu’elle annonçait concentrant sur l’extrême Occident leurs énergies : c’est le fleuve de Dieu, dont les eaux débordées se font plus impétueuses à la limite qu’elles ne dépasseront pas.

Hier, l’expédition évangélique que le roi Lucius avait sollicitée du Pontife Éleuthère quittait Rome pour la future Ile des Saints. Demain, dans la terre des Bretons devenue celle des Angles, elle sera suivie par le chef du second apostolat, Augustin, l’envoyé de Grégoire le Grand. Aujourd’hui, impatiente de justifier ces célestes prodigalités, Albion produit devant les hommes son illustre fils, Bède le Vénérable, l’humble et doux moine dont la vie se passe à louer Dieu, à le chercher dans la nature et dans l’histoire, mais plus encore dans l’Écriture étudiée avec amour, approfondie à la lumière des plus sûres traditions. Lui qui toujours écouta les anciens prend place aujourd’hui parmi ses maîtres, devenu lui-même Père et Docteur de l’Église de Dieu. Entendons-le, dans ses dernières années, résumer sa vie :

« Prêtre du monastère des bienheureux Pierre et Paul, Apôtres, je naquis sur leur territoire, et je n’ai point cessé, depuis ma septième année, d’habiter leur maison, observant la règle, chantant chaque jour en leur église, faisant mes délices d’apprendre, d’enseigner ou d’écrire. Depuis que j’eus reçu la prêtrise, j’annotai pour mes frères et pour moi la sainte Écriture en quelques ouvrages, m’aidant des expressions dont se servirent nos Pères vénérés, ou m’attachant à leur manière d’interprétation. Et maintenant, bon Jésus, je vous le demande : vous qui m’avez miséricordieusement donné de m’abreuver à la douceur de votre parole, donnez-moi bénignement d’arriver à la source, ô fontaine de sagesse, et de vous voir toujours. »

La touchante mort du serviteur de Dieu ne devait pas être la moins précieuse des leçons qu’il laisserait aux siens. Les cinquante jours de la maladie qui l’enleva de ce monde s’étaient passés comme toute sa vie à chanter des psaumes ou à enseigner. Comme on approchait de l’Ascension du Seigneur, il redisait avec des larmes de joie l’Antienne de la fête : « O Roi de gloire qui êtes monté triomphant par delà tous les cieux, ne nous laissez pas orphelins, mais envoyez-nous l’Esprit de vérité selon la promesse du Père. » A ses élèves en pleurs il disait, reprenant la parole de saint Ambroise : « Je n’ai pas vécu de telle sorte que j’eusse à rougir de vivre avec vous ; mais je ne crains pas non plus de mourir, car nous avons un bon Maître. » Puis revenant à sa traduction de l’Évangile de saint Jean et à un travail qu’il avait entrepris sur saint Isidore : « Je ne veux pas que mes disciples après ma mort s’attardent à des faussetés et que leurs études soient sans fruit. »

Le mardi avant l’Ascension, l’oppression du malade augmentait les symptômes d’un dénouement prochain se montrèrent. Plein d’allégresse, il dicta durant toute cette journée, et passa la nuit en actions de grâces. L’aube du mercredi le retrouvait pressant le travail de ses disciples. A l’heure de Tierce, ils le quittèrent pour se rendre à la procession qu’on avait dès lors coutume de faire en ce jour avec les reliques des Saints. Resté près de lui :»Bien-aimé Maître, dit l’un d’eux, un enfant, il n’y a plus à dicter qu’un chapitre ; en aurez-vous la force ? » — « C’est facile, répond souriant le doux Père : prends ta plume, taille-la, et puis écris ; mais hâte-toi. » A l’heure de None, il manda les prêtres du monastère, et leur rit de petits présents, implorant leur souvenir à l’autel du Seigneur. Tous pleuraient. Lui, plein de joie, disait : « Il est temps, s’il plaît à mon Créateur, que je retourne à Celui qui m’a fait de rien quand je n’étais pas ; mon doux Juge a bien ordonné ma vie ; et voici qu’approche maintenant pour moi la dissolution ; je la désire pour être avec le Christ : oui, mon âme désire voir mon Roi, le Christ, en sa beauté. »

Ce ne furent de sa part jusqu’au soir qu’effusions semblables ; jusqu’à ce dialogue plus touchant que tout le reste avec Wibert, l’enfant mentionné plus haut : « Maître chéri, il reste encore une phrase.— Écris-la vite. » Et après un moment : « C’est fini, dit l’enfant. —Tu dis vrai, répartit le bienheureux : c’est fini ; prends ma tête dans tes mains et soutiens-la du côté de l’oratoire, parce que ce m’est une grande joie de me voir en face du lieu saint où j’ai tant prié. » Et du pavé de sa cellule où on l’avait déposé, il entonna : Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ; quand il eut nommé l’Esprit-Saint, il rendit l’âme.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ! C’est le chant de l’éternité ; l’ange et mme n’étaient pas, que Dieu, dans le concert des trois divines personnes, suffisait à sa louange : louange adéquate, infinie, parfaite comme Dieu, seule digne de lui. Combien le monde, si magnifiquement qu’il célébrât son auteur par les mille voix delà nature, demeurait au-dessous de l’objet de ses chants ! Toutefois la création elle-même était appelée à renvoyer au ciel un jour l’écho de la mélodie trine et une ; lorsque le Verbe fut devenu par l’Esprit-Saint fils de l’homme en Marie comme il l’était du Père, la résonance créée du Cantique éternel répondit pleinement aux adorables harmonies dont la Trinité gardait primitivement le secret pour elle seule. Depuis, pour l’homme qui sait comprendre, la perfection fut de s’assimiler au fils de Marie afin de ne faire qu’un avec le Fils de Dieu, dans le concert auguste où Dieu trouve sa gloire.

Vous fûtes, ô Bède, cet homme à qui l’intelligence est donnée. Il était juste que le dernier souffle s’exhalât sur vos lèvres avec le chant d’amour où s’était consumée pour vous la vie mortelle, marquant ainsi votre entrée de plain-pied dans l’éternité bienheureuse et glorieuse. Puissions-nous mettre à profit la leçon suprême où se résument les enseignements de votre vie si grande et si simple !

Gloire à la toute-puissante et miséricordieuse Trinité ! N’est-ce pas aussi le dernier mot du Cycle entier des mystères qui s’achèvent présentement dans la glorification du Père souverain par le triomphe du Fils rédempteur, et l’épanouissement du règne de l’Esprit sanctificateur en tous lieux ? Qu’il était beau dans l’Ile des Saints le règne de l’Esprit, le triomphe du Fils à la gloire du Père, quand Albion, deux fois donnée par Rome au Christ, brillait aux extrémités de l’univers comme un joyau sans prix de la parure de l’Épouse ! Docteur des Angles au temps de leur fidélité, répondez à l’espoir du Pontife suprême étendant votre culte à toute l’Église en nos jours, et réveillez dans l’âme de vos concitoyens leurs sentiments d’autrefois pour la Mère commune.

Lire la suite

Saint Philippe Neri confesseur mémoire de Saint Eleuthère Pape et Martyr

26 Mai 2017 , Rédigé par Ludovicus

Saint Philippe Neri confesseur mémoire de Saint Eleuthère Pape et Martyr

Quatrième leçon. Philippe de Néri, né à Florence de parents pieux et honorables, donna dès son jeune âge de clairs indices de sa future sainteté. Encore adolescent, il renonça à une succession importante qui lui venait d’un oncle, et vint se retirer à Rome, où s’étant instruit dans la philosophie et les saintes lettres, il se donna tout à Jésus-Christ. Son abstinence était telle qu’il passait souvent trois jours sans prendre aucun aliment. Adonné aux veilles, assidu à l’oraison, Philippe visitait fréquemment les sept basiliques de la Ville, et prit l’habitude de passer la nuit au cimetière de Calixte dans la contemplation des choses célestes Devenu prêtre par obéissance, il s’employa tout entier procurer le salut des âmes persévérant jusqu’à son dernier jour à entendre les confessions il engendra à Jésus-Christ un nombre presque incalculable d’enfants ; mû par le vif désir de leur assurer l’aliment quotidien de la parole de Dieu, la fréquentation des sacrements, l’assiduité à la prière, et d’autres exercices de piété, il institua la congrégation de l’Oratoire.

Cinquième leçon. Blessé de l’amour de Dieu, Philippe semblait en une continuelle langueur, et son cœur brûlait d’un feu si ardent que, sa poitrine étant devenue trop étroite pour le contenir, le Seigneur l’élargit en brisant et soulevant miraculeusement deux de ses côtes. Lorsqu’il célébrait le saint Sacrifice ou priait avec grande ferveur, Philippe fut aperçu élevé de terre et environné d’une lumière éclatante. Ceux qui se trouvaient dans la misère ou le besoin furent de sa part l’objet d’une charité très étendue ; il mérita que, sous les traits d’un pauvre, un Ange vint lui demander l’aumône, et tandis qu’il portait une nuit du pain à des indigents, ce fut encore un Ange qui vint le tirer sain et sauf d’une fosse où il était tombé. Voué à l’humilité, il eut toujours de l’aversion pour les honneurs ; et des dignités ecclésiastiques, même très élevées, lui ayant été offertes à différentes reprises, il les refusa invariablement.

Sixième leçon. Philippe fut célèbre par le don de prophétie et brilla merveilleusement par celui de pénétration des cœurs. Il conserva toujours une inviolable virginité, et parvint à distinguer par leur bonne ou mauvaise odeur, ceux qui étaient chastes et ceux qui ne l’étaient pas Parfois il apparut à des personnes absentes et leur vint en aide dans le danger. A sa parole, beaucoup de malades et de mourants revinrent à la santé, un mort même fut rappelé à la vie. Les esprits célestes et la Vierge mère de Dieu elle-même l’honorèrent souvent de leurs apparitions, et plusieurs âmes lui furent montrées montant au ciel, environnées de splendeur. Enfin, l’an du salut mil cinq cent quatre-vingt-quinze, le huitième jour des calendes de juin, en la fête du Saint-Sacrement, Philippe, ayant célébré la Messe avec les plus grands transports de joie spirituelle, et s’étant acquitté des autres fonctions de son ministère, s’endormit dans le Seigneur, après minuit, à l’heure qu’il avait prédite. Ses miracles éclatants ont porté Grégoire XV à le mettre au nombre des Saints.

La joie est, ainsi que nous l’avons dit, le caractère principal du Temps pascal : joie surnaturelle, motivée à la fois par le triomphe si éclatant de notre Emmanuel et par le sentiment de notre heureuse délivrance des liens de la mort. Or, ce sentiment de l’allégresse intérieure a régné d’une manière caractéristique dans le grand serviteur de Dieu que nous honorons aujourd’hui ; et c’est bien d’un tel homme, dont le cœur fut toujours dans la jubilation et dans l’enthousiasme des choses divines, que l’on peut dire, avec la sainte Écriture, « que le cœur du juste est comme un festin continuel ». Un de ses derniers disciples, l’illustre Père Faber, fidèle aux doctrines de son maître, enseigne, dans son beau livre du Progrès spirituel, que la bonne humeur est l’un des principaux moyens d’avancement dans la perfection chrétienne. Nous accueillerons donc avec autant d’allégresse que de respect la figure radieuse et bienveillante de Philippe Néri, l’Apôtre de Rome et l’un des plus beaux fruits de la fécondité de l’Église au XVIe siècle.

L’amour de Dieu, un amour ardent, et qui se communiquait comme invinciblement à tous ceux qui l’approchaient, fut le trait particulier de sa vie. Tous les saints ont aimé Dieu ; car l’amour de Dieu est le premier et le plus grand commandement-, mais la vie de Philippe réalise ce divin précepte avec une plénitude, pour ainsi dire, incomparable. Son existence ne fut qu’un transport d’amour envers le souverain Seigneur de toutes choses ; et sans un miracle de la puissance et de la bonté de Dieu, cet amour si ardent au cœur de Philippe eût consumé sa vie avant le temps. Il était arrivé à la vingt-neuvième année de son âge, lorsqu’un jour, dans l’Octave de la Pentecôte, le feu de la divine charité embrasa son cœur avec une telle impétuosité que deux côtes de sa poitrine éclatèrent, laissant au cœur l’espace nécessaire pour céder désormais sans péril aux transports qui l’agitaient. Cette fracture ne se répara jamais ; la trace en était sensible par une proéminence visible à tout le monde ; et grâce à ce soulagement miraculeux, Philippe put vivre cinquante années encore, en proie à toutes les ardeurs d’un amour qui tenait plus du ciel que de la terre.

Ce séraphin dans un corps d’homme fut comme une réponse vivante aux insultes dont la prétendue Réforme poursuivait l’Église catholique. Luther et Calvin avaient appelé cette sainte Église l’infidèle et la prostituée de Babylone ; et voici que cette même Église avait à montrer de tels enfants à ses amis et à ses ennemis : une Thérèse en Espagne, un Philippe Néri dans Rome. Mais le protestantisme s’inquiétait beaucoup de l’affranchissement du joug, et peu de l’amour. Au nom de la liberté des croyances, il opprima les faibles partout où il domina, il s’implanta par la force là même où il était repoussé ; mais il ne revendiquait pas pour Dieu le droit qu’il a d’être aimé. Aussi vit-on disparaître des pays qu’il envahit ce dévouement qui produit le sacrifice à Dieu et au prochain. Un long intervalle de temps s’est écoulé depuis la prétendue Réforme, avant que celle-ci ait songé qu’il existe encore des infidèles sur la surface du globe ; et si plus tard elle s’est fastueusement imposé l’œuvre des missions, on sait assez quels apôtres elle choisit pour organes de ses étranges sociétés bibliques. C’est donc après trois siècles qu’elle s’aperçoit que l’Église catholique n’a pas cessé de produire des corporations vouées aux œuvres de charité. Émue d’une telle découverte, elle essaie en quelques lieux ses diaconesses et ses infirmières. Quoi qu’il en soit du succès d’un effort si tardif, on peut croire raisonnablement qu’il ne prendra jamais de vastes proportions ; et il est permis de penser que cet esprit de dévouement qui sommeilla trois siècles durant au cœur du protestantisme, n’est pas précisément l’essence de son caractère, quand on l’a vu, dans les contrées qu’il envahit, tarir jusqu’à la source de l’esprit de sacrifice, en arrêtant avec violence la pratique des conseils évangéliques qui n’ont leur raison d’être que dans l’amour de Dieu.

Gloire donc à Philippe Néri, l’un des plus dignes représentants de la divine charité au XVIe siècle ! Par son impulsion, Rome et bientôt la chrétienté reprirent une vie nouvelle dans la fréquentation des sacrements, dans les aspirations d’une piété plus fervente. Sa parole, sa vue même électrisaient le peuple chrétien dans la cité sainte ; aujourd’hui encore la trace de ses pas n’est point effacée. Chaque année, le vingt-six mai, Rome célèbre avec transport la mémoire de son pacifique réformateur. Philippe partage avec les saints Apôtres les honneurs de Patron dans la ville de saint Pierre. Les travaux sont suspendus, et la population en habits de fête se presse dans les églises pour honorer le jour où Philippe naquit au ciel, après avoir sanctifié la terre. Le Pontife romain en personne se rend en pompe à l’église de Sainte-Marie in Vallicella, et vient acquitter la dette du Siège Apostolique envers l’homme qui releva si haut la dignité et la sainteté de la Mère commune.

Philippe eut le don des miracles, et tandis qu’il ne cherchait que l’oubli et le mépris, il vit s’attacher à lui tout un peuple qui demandait et obtenait par ses prières la guérison des maux de la vie présente, en même temps que la réconciliation des âmes avec Dieu. La mort elle-même obéit à son commandement, témoin ce jeune prince Paul Massimo que Philippe rappela à la vie, lorsque l’on s’apprêtait déjà à lui rendre les soins funéraires. Au moment où cet adolescent rendait le dernier soupir, le serviteur de Dieu dont il avait réclamé l’assistance pour le dernier passage, célébrait le saint Sacrifice. A son entrée dans le palais, Philippe rencontre partout l’image du deuil : un père éploré, des sœurs en larmes, une famille consternée ; tels sont les objets qui frappent ses regards. Le jeune homme venait de succomber après une maladie de soixante-cinq jours, qu’il avait supportée avec la plus rare patience. Philippe se jette à genoux, et après une ardente prière, il impose sa main sur la tête du défunt et l’appelle à haute voix par son nom. Paul, réveillé du sommeil de la mort par cette parole puissante, ouvre les yeux, et répond avec tendresse : « Mon Père ! » Puis il ajoute : « Je voudrais seulement me confesser. » Les assistants s’éloignent un moment, et Philippe reste seul avec cette conquête qu’il vient de faire sur la mort. Bientôt les parents sont rappelés, et Paul, en leur présence, s’entretient avec Philippe d’une mère et d’une sœur qu’il aimait tendrement, et que le trépas lui a ravies. Durant cette conversation, le visage du jeune homme, naguère défiguré par la fièvre, a repris ses couleurs et sa grâce d’autrefois. Jamais Paul n’avait semblé plus plein de vie. Le saint lui demande alors s’il mourrait volontiers de nouveau. — « Oh ! oui, très volontiers, répond le jeune homme ; car je verrai en paradis ma mère et ma sœur. » — « Pars donc, répond Philippe ; pars pour le bonheur, et prie le Seigneur pour moi. » A ces mots, le jeune homme expire de nouveau, et entre dans les joies de l’éternité, laissant l’assistance saisie de regret et d’admiration.

Tel était cet homme favorisé presque constamment des visites du Seigneur dans les ravissements et les extases, doué de l’esprit de prophétie, pénétrant d’un regard les consciences, répandant un parfum de vertu qui attirait les âmes par un charme irrésistible. La jeunesse romaine de toute condition se pressait autour de lui. Aux uns il faisait éviter les écueils ; aux autres il tendait la main dans le naufrage. Les pauvres, les malades, étaient à toute heure l’objet de sa sollicitude. Il se multipliait dans Rome, employant toutes les formes du zèle, et ayant laissé après lui une impulsion pour les bonnes œuvres qui ne s’est pas ralentie.

Philippe avait senti que la conservation des mœurs chrétiennes dépendait principalement d’une heureuse dispensation de la parole de Dieu, et nul ne se montra plus empressé à procurer aux fidèles des apôtres capables de les attirer par une prédication solide et attrayante. Il fonda sous le nom d’Oratoire une institution qui dure encore, et dont le but est de ranimer et de maintenir la piété dans les populations. Cette institution, qu’il ne faut pas confondre avec l’Oratoire de France, a pour but d’utiliser le zèle et les talents des prêtres que la vocation divine n’appelle pas à la vie du cloître, et qui, en associant leurs efforts, arrivent cependant à produire d’abondants fruits de sanctification.

En fondant l’Oratoire sans lier les membres de cette association par les vœux de la religion, Philippe s’accommodait au genre de vocation que ceux-ci avaient reçu du ciel, et leur assurait du moins les avantages d’une règle commune, avec le secours de l’exemple si puissant pour soutenir l’âme dans le service de Dieu et dans la pratique des œuvres du zèle. Mais le saint apôtre était trop attaché à la foi de l’Église pour ne pas estimer la vie religieuse comme l’état de la perfection. Durant toute sa longue carrière, il ne cessa de diriger vers le cloître les âmes qui lui semblèrent appelées à la profession des vœux. Par lui les divers ordres religieux se recrutèrent d’un nombre immense de sujets qu’il avait discernes et éprouvés : en sorte que saint Ignace de Loyola, ami intime de Philippe et son admirateur, le comparaît agréablement à la cloche qui convoque les fidèles à l’Église, bien qu’elle n’y entre pas elle-même.

La crise terrible qui agita la chrétienté au XVIe siècle, et enleva à l’Église catholique un si grand nombre de ses provinces, affecta douloureusement Philippe durant toute sa longue vie. Il souffrait cruellement de voir tant de peuples aller s’engloutir les uns après les autres dans le gouffre de l’hérésie. Les efforts tentés par le zèle pour reconquérir les âmes séduites par la prétendue Réforme faisaient battre son cœur, en même temps qu’il suivait d’un œil attentif les manœuvres à l’aide desquelles le protestantisme travaillait à maintenir son influence. Les Centuries de Magdebourg. vaste compilation historique destinée à donner le change aux lecteurs, en leur persuadant, à l’aide de passages falsifiés, de faits dénaturés et souvent même inventés, que l’Église Romaine avait abandonné l’antique croyance et substitué la superstition aux pratiques primitives ; cet ouvrage sembla à Philippe d’une si dangereuse portée, qu’un travail supérieur en érudition, puisé aux véritables sources, pouvait seul assurer le triomphe de l’Église catholique. Il avait deviné le génie de César Baronius, l’un de ses compagnons à l’Oratoire. Prenant en main la cause de la foi, il commanda à ce savant homme d’entrer tout aussitôt dans la lice, et de poursuivre l’ennemi de la vraie foi en s’établissant sur le terrain de l’histoire. Les Annales ecclésiastiques furent le fruit de cette grande pensée de Philippe ; et Baronius lui-même en rend le plus touchant témoignage en tète de son huitième livre. Trois siècles se sont écoulés sur ce grand œuvre. Avec les moyens de la science dont nous disposons aujourd’hui, il est aise d’en signaler les imperfections ; mais jamais l’histoire de l’Église n’a été racontée avec une dignité, une éloquence et une impartialité supérieures à celles qui règnent dans ce noble et savant récit dont le parcours est de douze siècles. L’hérésie sentit le coup ; l’érudition malsaine et infidèle des Centuriateurs s’éclipsa en présence de cette narration loyale des faits, et l’on peut affirmer que le flot montant du protestantisme s’arrêta devant les Annales de Baronius, dans lesquelles l’Église apparaissait enfin telle qu’elle a été toujours, « la colonne et l’appui de la vérité. » La sainteté de Philippe et le génie de Baronius avaient décidé la victoire ; de nombreux retours à la foi romaine vinrent consoler les catholiques si tristement décimés ; et si de nos jours d’innombrables abjurations annoncent la ruine prochaine du protestantisme, il est juste de l’attribuer en grande partie au succès de la méthode historique inaugurée dans les Annales.

Vous avez aimé le Seigneur Jésus, ô Philippe, et votre vie tout entière n’a été qu’un acte continu d’amour ; mais vous n’avez pas voulu jouir seul du souverain bien. Tous vos efforts ont tendu à le faire connaître de tous les hommes, afin que tous l’aimassent avec vous et parvinssent à leur fin suprême. Durant quarante années, vous fûtes l’apôtre infatigable de la ville sainte, et nul ne pouvait se soustraire à l’action du feu divin qui brûlait en vous. Nous qui sommes la postérité de ceux qui entendirent votre parole et admirèrent les dons célestes qui étaient en vous, nous osons vous prier de jeter aussi les regards sur nous. Enseignez-nous à aimer notre Jésus ressuscité. Il ne nous suffit pas de l’adorer et de nous réjouir de son triomphe ; il nous faut l’aimer : car la suite de ses mystères depuis son incarnation jusqu’à sa résurrection, n’a d’autre but que de nous révéler, dans une lumière toujours croissante, ses divines amabilités. C’est en l’aimant toujours plus que nous parviendrons à nous élever jusqu’au mystère de sa résurrection, qui achève de nous révéler toutes les richesses de son cœur. Plus il s’élève dans la vie nouvelle qu’il a prise en sortant du tombeau, plus il apparaît rempli d’amour pour nous, plus il sollicite notre cœur de s’attacher à lui. Priez, ô Philippe, et demandez que « notre cœur et notre chair tressaillent pour le Dieu vivant. » Après le mystère delà Pâque, introduisez-nous dans celui de l’Ascension ; disposez nos âmes à recevoir le divin Esprit de la Pentecôte ; et lorsque l’auguste mystère de l’Eucharistie brillera à nos regards de tous ses feux dans la solennité qui approche, vous, ô Philippe, qui l’ayant fêté une dernière fois ici-bas, êtes monté à la fin de la journée au séjour éternel où Jésus se montre sans voiles, préparez nos âmes à recevoir et à goûter « ce pain vivant qui donne la vie au monde ».

La sainteté qui éclata en vous, ô Philippe, eut pour caractère l’élan de votre âme vers Dieu, et tous ceux qui vous approchaient participaient bientôt à cette disposition, qui seule peut répondre à l’appel du divin Rédempteur. Vous saviez vous emparer des âmes, et les conduire à la perfection par la voie de la confiance et la générosité du cœur. Dans ce grand œuvre votre méthode fut de n’en pas avoir, imitant les Apôtres et les anciens Pères, et vous confiant dans la vertu propre de la parole de Dieu. Par vous la fréquentation fervente des sacrements reparut comme le plus sûr indice de la vie chrétienne. Priez pour le peuple fidèle, et venez au secours de tant d’âmes qui s’agitent et s’épuisent dans des voies que la main de l’homme a tracées, et qui trop souvent retardent ou empêchent l’union intime du créateur et de la créature.

Vous avez aimé ardemment l’Église, ô Philippe ; et cet amour de l’Église est le signe indispensable de la sainteté. Votre contemplation si élevée ne vous distrayait pas du sort douloureux de cette sainte Épouse du Christ, si éprouvée dans le siècle qui vous vit naître et mourir. Les efforts de l’hérésie triomphante en tant de pays stimulaient le zèle dans votre cœur : obtenez-nous de l’Esprit-Saint cette vive sympathie pour la vérité catholique qui nous rendra sensibles à ses défaites et à ses victoires. Il ne nous suffit pas de sauver nos âmes ; nous devons désirer avec ardeur et aider de tous nos moyens l’avancement du règne de Dieu sur la terre, l’extirpation de l’hérésie et l’exaltation de notre mère la sainte Église : c’est à cette condition que nous sommes enfants de Dieu Inspirez-nous par vos exemples, ô Philippe, cette ardeur avec laquelle nous devons nous associer en tout aux intérêts sacrés de la Mère commune. Priez aussi pour cette Église militante qui vous a compté dans ses rangs comme un de ses meilleurs soldats. Servez vaillamment la cause de cette Rome qui se fait honneur de vous être redevable de tant de services. Vous l’avez sanctifiée durant votre vie mortelle ; sanctifiez-la encore et défendez-la du haut du ciel.

Lire la suite

L’Ascension du Seigneur

25 Mai 2017 , Rédigé par Ludovicus

L’Ascension du Seigneur

Introït

Hommes de Galilée, pourquoi vous étonnez-vous en regardant le ciel ? Alléluia. De la même manière que vous l’avez vu monter au ciel, il reviendra, alléluia, alléluia, alléluia. Nations, frappez toutes des mains ; célébrez Dieu par des cris d’allégresse.

Collecte

Nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, faites-nous cette grâce : nous qui croyons que votre Fils unique, notre Rédempteur, est aujourd’hui monté aux cieux ; que nous habitions aussi nous-mêmes en esprit dans les demeures célestes.

Lecture

Dans mon premier livre, ô Théophile, j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le commencement, jusqu’au jour où, après avoir donné ses ordres, par l’Esprit-Saint, aux apôtres qu’il avait choisis, il fut enlevé au ciel. Il s’était aussi montré à eux vivant, après sa passion, par des preuves nombreuses, leur apparaissant pendant quarante jours, et leur parlant du royaume de Dieu. Comme il mangeait avec eux, il leur ordonna de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre la promesse du Père, que vous avez, dit-il, entendue de ma bouche ; car Jean a baptisé dans l’eau, mais vous, vous serez baptisés dans l’Esprit-Saint dans peu de jours. Ceux donc qui se trouvèrent réunis l’interrogèrent en disant : Seigneur, est-ce maintenant que vous rétablirez le royaume d’Israël ? Il leur répondit : Ce n’est point à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité ; mais vous recevrez la force du Saint-Esprit qui descendra sur vous ; et vous serez mes témoins à Jérusalem, et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. Après qu’il eut dit ces paroles, sous leurs regards il fut élevé et une nuée le déroba à leurs yeux. Et comme ils contemplaient attentivement le ciel pendant qu’il ’en allait, voici que deux hommes se présentèrent en vêtements blancs, et dirent : Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder au ciel ? Ce Jésus, qui du milieu de vous a été élevé dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel.

Evangile

En ce temps-là, Jésus se montra aux Onze eux-mêmes, tandis qu’ils étaient à table ; et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui avaient vu qu’il était ressuscité. Et il leur dit : Allez dans le monde entier, et prêchez l’évangile à toute créature. Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera condamné. Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons, ils parleront des langues nouvelles, ils prendront les serpents, et s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains sur les malades, et ils seront guéris. Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut élevé dans le ciel, et il est assis à la droite de Dieu. Et eux, étant partis, prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux, et confirmant leur parole par les miracles dont elle était accompagnée.

Postcommunion

Nous vous en supplions, Dieu tout-puissant et miséricordieux, accordez-nous que ce que nous avons reçu en nourriture durant ces mystères visiblement célébrés, nous en obtenions l’effet invisible.

Office

4e leçon

Sermon de saint Léon, Pape.

Aujourd’hui, mes bien-aimés, s’achève le nombre de quarante jours sacrés écoulés depuis la résurrection bienheureuse et glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle, dans l’espace de trois jours, la puissance divine releva le vrai temple de Dieu, que l’impiété des Juifs avait détruit. Ce nombre de jours, la très sainte disposition de la Providence l’a accordé en vue de notre utilité et de notre instruction, pour que le Seigneur, prolongeant durant cet espace de temps sa présence corporelle ici-bas, notre foi en la résurrection y pût trouver les preuves et la confirmation nécessaires. La mort du Christ avait beaucoup troublé le cœur des disciples, et l’engourdissement de la défiance avait pénétré dans leurs esprits, alourdis par le chagrin causé par son supplice sur la croix, par son dernier soupir, par la sépulture de son corps inanimé.

5e leçon

Les bienheureux Apôtres et tous les disciples, qui avaient été alarmés par la mort de Jésus sur la croix, et avaient hésité dans la foi à sa résurrection, furent tellement affermis par l’évidence de la vérité, que, loin d’être attristés en voyant le Seigneur s’élever dans les hauteurs des cieux, ils furent au contraire remplis d’une sainte joie. Et certes, il y avait là une grande et ineffable cause de joie, alors qu’en présence de cette multitude sainte, une nature humaine s’élevait au-dessus de la dignité de toutes les créatures célestes, pour dépasser les ordres angéliques, pour être élevée plus haut que les Archanges, et ne s’arrêter dans ses élévations sublimes que, lorsque reçue dans la demeure du Père éternel, elle serait associée au trône et à la gloire de Celui à la nature duquel elle se trouvait déjà unie en son Fils.

6e leçon

Puisque l’ascension du Christ est notre propre élévation, et que le corps a l’espérance d’être un jour où l’a précédé son glorieux chef, tressaillons donc, mes bien-aimés, dans de dignes sentiments de joie, et réjouissons-nous par de pieuses actions de grâces. Car nous n’avons pas seulement été affermis aujourd’hui comme possesseurs du paradis ; mais en la personne du Christ, nous avons pénétré au plus haut des cieux ; et nous avons plus obtenu par sa grâce ineffable, que nous n’avions perdu par l’envie du diable. En effet, ceux que le venimeux ennemi avait bannis de la félicité de leur première demeure, le Fils de Dieu se les est incorporés, et il les a placés à la droite du Père, avec qui étant Dieu, il vit et règne en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.

7e leçon

Homélie de saint Grégoire, Pape

Le retard que les disciples mirent à croire à la résurrection du Seigneur, n’a pas tant été leur faiblesse, qu’elle n’a été, pour ainsi dire, notre assurance future. La résurrection, en effet, à raison de leur doute, fut démontrée par beaucoup de preuves ; et, lorsque nous lisons ces faits dans l’Évangile, ne sommes-nous pas affermis par leur hésitation même ? L’histoire de Madeleine qui crut très vite, m’est moins utile que celle de Thomas qui douta longtemps. Car cet Apôtre en doutant, toucha les cicatrices du Sauveur, et enleva ainsi de notre cœur la plaie du doute.

8e leçon

Pour faire pénétrer en nous la vérité de la résurrection du Seigneur, il nous faut aussi remarquer ces paroles de saint Luc : « Mangeant avec eux, il leur commanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem. » Et un peu plus loin : « Eux le voyant, il s’éleva, et une nuée le déroba à leurs yeux. » Notez ces paroles, remarquez ces mystères. Après avoir mangé avec eux, il s’éleva ; il mangea et il monta, afin de nous rendre manifeste par l’action d’absorber de la nourriture, la réalité de sa chair. Saint Marc rapporte que le Seigneur, avant de monter au ciel, reprocha à ses disciples la dureté de leur cœur et leur incrédulité. Que remarquer en cela, sinon que le Seigneur adressa des reproches à ses disciples au moment où il les quittait corporellement, afin que ces paroles, dites en se séparant d’eux, restassent plus profondément imprimées dans le cœur de ceux qui les entendaient ?

9e leçon

Écoutons ce que le Sauveur commande à ses disciples, après leur avoir reproché leur endurcissement : « Allez dans tout l’univers, et prêchez l’Évangile à toute créature. » Est-ce à dire, mes frères, que le saint Évangile dût être annoncé aux choses inanimées, ou aux animaux dépourvus de raison, et que ce soit à leur sujet que cette parole ait été dite aux disciples : « Prêchez à toute créature ? » Mais c’est l’homme qui est désigné ici par ces mots : toute créature. L’homme a, en effet, quelque chose de toute créature. L’être lui est commun avec les pierres, la vie avec les arbres, la sensibilité avec les animaux, et l’intelligence avec les Anges. Si donc l’homme a quelque chose de commun avec toute créature, on peut dire, en quelque sorte, que l’homme est toute créature, et par conséquent l’Évangile est prêché à toute créature, lorsqu’il est prêché à l’homme seul.

Lire la suite

Vigile de l’Ascension

24 Mai 2017 , Rédigé par Ludovicus

Vigile de l’Ascension

Lecture

Mes frères, à chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don du Christ. C’est pourquoi l’Écriture dit : Étant monté en haut, il a emmené des captifs, il a donné des dons aux hommes. Or, que signifie : Il est monté, sinon qu’il était descendu d’abord dans les parties inférieures de la terre ? Celui qui est descendu est le même que celui qui est monté au-dessus de tous les deux, afin de remplir toutes choses. Et c’est lui qui a donné les uns comme apôtres, d’autres comme prophètes, d’autres comme évangélistes, d’autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints, pour l’œuvre du ministère, pour l’édification du corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état l’homme parfait, à la mesure de ’âge de la plénitude du Christ.

Evangile

En ce temps-là, Jésus leva les yeux au ciel, et dit : Père, l’heure est venue ; glorifiez votre il Fils, afin que votre Fils vous glorifie, en donnant, selon la puissance que vous lui ayez accordée, sur toute chair, la vie éternelle à tous ceux que vous lui avez donnés. Or la vie éternelle, c’est qu’ils vous connaissent, vous le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ. Je vous ai glorifié sur la terre ; j’ai accompli l’œuvre que vous m’aviez donnée à faire. Et maintenant, glorifiez- moi, vous, Père, auprès de vous même, de la gloire que j’ai eue auprès de vous, avant que le monde fût. J’ai manifesté votre nom aux hommes que vous m’avez donnés du milieu du monde. Ils étaient à vous, et vous me les avez donnés ; et ils ont gardé votre parole. Maintenant, ils savent que tout ce que vous m’avez donné vient de vous ; car je leur ai donné les paroles que vous m’avez données, et ils les ont reçues, et ils ont vraiment connu que je suis sorti de vous, et ils ont cru que vous m’avez envoyé. C’est pour eux que je prie ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que vous m’avez donnés, parce qu’ils sont à vous. Tout ce qui est à moi est à vous, et ce qui est à vous est à moi ; et j’ai été glorifié en eux. Et déjà je ne suis plus dans te monde ; mais eux, ils sont dans le monde, et moi je viens à vous.

1ère leçon

Homélie de saint Augustin, Évêque

Notre Seigneur, Fils unique du Père, et coéternel avec lui, « ayant pris la forme d’esclave » pouvait, en cette forme d’esclave, prier en silence s’il le fallait ; mais il a voulu se présenter en suppliant devant son Père, de telle manière qu’il montra se souvenir qu’il était notre docteur. C’est pourquoi il a voulu que la prière qu’il a faite pour nous, nous fût connue ; car l’édification des disciples ressort non seulement des leçons que leur donne un si grand maître, mais encore de la prière qu’il adresse à son Père en leur faveur. Et si ces paroles étaient l’édification de ceux qui se trouvaient présents pour les entendre, Jésus voulait certainement qu’elles devinssent aussi la nôtre, à nous qui devions les lire, recueillies dans son Évangile.

2e leçon

C’est pourquoi lorsqu’il nous dit : « Père, l’heure est venue, glorifiez votre Fils ; » il nous enseigna que ce qu’il ferait ou laisserait se faire, en quelque temps que ce fût, est disposé d’avance par celui qui n’est point sujet au temps ; car les événements qui se déroulent dans la suite des temps, ont leurs causes efficientes dans la sagesse de Dieu, en laquelle ne se trouve rien de temporaire. Gardons-nous donc de croire que cette heure soit venue amenée par la fatalité, car elle a été fixée par Dieu qui dispose les temps. Les lois des astres n’ont pas non plus régi la passion du Christ ; il est inadmissible que les astres puissent forcer à mourir le Créateur des astres.

3e leçon

Il en est qui entendent que le Fils a été glorifié par le Père en ce sens qu’il ne l’a pas épargné mais l’a livré pour nous tous. Mais si l’on dit que le Christ a été glorifié par sa passion, combien plus par sa résurrection ? Dans sa passion, en effet, son humilité se manifeste plutôt que sa gloire ; l’Apôtre l’atteste lorsqu’il dit : « Il s’est humilié lui-même, s’étant fait obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix ». Ensuite il ajoute, au sujet de sa glorification : « C’est pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom ; afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans le ciel, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père ». Voilà la glorification de notre Seigneur Jésus-Christ, elle a commencé à sa résurrection.

La troisième matinée des Rogations s’est écoulée, l’heure de midi se fait entendre ; elle vient ouvrir la dernière journée que le Fils de Dieu doit passer sur la terre avec les hommes. Nous avons semblé perdre de vue, durant ces trois jours, le moment si proche de la séparation ; toutefois, le sentiment de la perte qui nous menace vivait au fond de nos cœurs, et les humbles supplications que nous présentions au ciel, en union avec la sainte Église, nous préparaient à célébrer le dernier des mystères de notre Emmanuel.

A ce moment, les disciples sont tous rassemblés à Jérusalem. Groupés autour de Marie dans le Cénacle, ils attendent l’heure à laquelle leur Maître doit se manifester à eux pour la dernière fois. Recueillis et silencieux, ils repassent dans leurs cœurs les divines marques de bonté et de condescendance qu’il leur a prodiguées durant ces quarante jours, et les solennels enseignements qu’ils ont reçus de sa bouche. C’est maintenant qu’ils le connaissent, qu’ils savent qu’il est sorti de Dieu ; quant à ce qui les concerne, ils ont appris de lui la mission à laquelle il les a destinés : ce sera d’enseigner, eux ignorants, les peuples de la terre ; mais, ô regret inconsolable ! Il s’apprête à les quitter ; « encore un peu de temps, et ils ne le verront plus. »

Par un touchant contraste avec leurs tristes pensées, la nature entière semble s’être mise en devoir d’offrir à son auteur le plus splendide triomphe ; car ce départ doit être un départ triomphant. La terre s’est parée des prémices de sa fécondité, la verdure des campagnes le dispute à l’émeraude, les fleurs embaument l’air de leurs parfums, sous le feuillage des arbres les fruits se hâtent de mûrir, et les moissons grandissent de toutes parts. Tant d’heureux dons sont dus à l’influence de l’astre qui brille au ciel pour vivifier la terre, et qui a reçu le noble privilège de figurer par son royal éclat, et dans ses phases successives, le passage de l’Emmanuel au milieu de nous.

Rappelons-nous ces jours sombres du solstice d’hiver, où son disque pâle, tardif vainqueur des ténèbres, ne montait dans le ciel que pour y parcourir une étroite carrière, dispensant la lumière avec mesure, et n’envoyant à la terre aucun rayon assez ardent pour résoudre la constriction qui tenait glacée toute sa surface. Tel se leva, comme un astre timide, notre divin Soleil, dissipant à peine les ombres autour de lui, tempérant son éclat, afin que les regards des hommes n’en fussent pas éblouis. Comme le soleil matériel, il élargit peu à peu sa carrière ; mais des nuages vinrent souvent dissimuler son progrès. Le séjour en la terre d’Égypte, la vie obscure de Nazareth, dérobèrent sa marche aux yeux des hommes ; mais l’heure étant venue où il devait laisser poindre les rayons de sa gloire, il brilla d’un souverain éclat sur la Galilée et sur la Judée, lorsqu’il se mit à parler « comme ayant puissance », lorsque ses œuvres rendirent témoignage de lui, et que l’on entendit la voix des peuples qui faisait retentir « Hosannah au fils de David ».

Il allait atteindre à son zénith, quand tout à coup l’éclipse momentanée de sa passion et de sa mort persuada pour quelques heures à ses ennemis jaloux que leur malice avait suffi pour éteindre à jamais sa lumière importune à leur orgueil. Vain espoir ! Notre divin Soleil échappait dès le troisième jour à cette dernière épreuve ; et il plane maintenant au sommet des cieux, versant sa lumière sur tous les êtres qu’il a créés, mais nous avertissant que sa carrière est achevée. Car il ne saurait descendre ; pour lui, pas de couchant ; là s’arrête son rapport avec l’humble flambeau qui éclaire nos yeux mortels. C’est du haut du ciel qu’il brille désormais, et pour toujours, ainsi que l’avait annoncé Zacharie, lors de la naissance de Jean ; et comme l’avait prédit encore auparavant le sublime Psalmiste, en disant : « Il a fourni sa carrière comme un géant, il est arrivé au sommet des cieux, d’où il était parti, et nul ne peut se soustraire à l’action de sa puissante chaleur ».

Cette Ascension, qui établit l’Homme-Dieu centre de lumière pour les siècles des siècles, il en a fixé le moment précis à l’un des jours du mois que les hommes appellent Mai, et qui révèle dans son plus riant éclat l’œuvre que ce Verbe divin trouva belle lui-même, au jour où, l’ayant fait sortir du néant, il la disposa avec tant de complaisance. Heureux mois, non plus triste et sombre comme Décembre, qui vit les joies modestes de Bethléhem, non plus sévère et lugubre comme Mars, témoin du Sacrifice sanglant de l’Agneau sur la croix, mais radieux, épanoui, surabondant de vie et digne d’être offert, chaque année, en hommage à Marie, Mère de Dieu ; car c’est le mois du triomphe de son fils.

O Jésus, notre créateur et notre frère, nous vous avons suivi des yeux et du cœur depuis le moment de votre aurore ; nous avons célébré, dans la sainte liturgie, chacun de vos pas de géant par une solennité spéciale ; mais en vous voyant monter ainsi toujours, nous devions prévoir le moment où vous iriez prendre possession de la seule place qui vous convienne, du trône sublime où vous serez assis éternellement à la droite du Père. L’éclat qui vous entoure depuis votre résurrection n’est pas de ce monde ; vous ne pouvez plus demeurer avec nous ; vous n’êtes resté durant ces quarante jours, que pour la consolidation de votre œuvre ; et demain, la terre qui vous possédait depuis trente-trois années sera veuve de vous. Avec Marie votre mère, avec vos disciples soumis, avec Madeleine et ses compagnes, nous nous réjouissons du triomphe qui vous attend ; mais à la veille de vous perdre, permettez à nos cœurs aussi de ressentir la tristesse ; car vous étiez l’Emmanuel, le Dieu avec nous, et vous allez être désormais l’astre divin qui planera sur nous ; et nous ne pourrons plus « vous voir, ni vous entendre, ni vous toucher de nos mains, ô Verbe de vie ! ». Nous n’en disons pas moins : Gloire et amour soient à vous ! Car vous nous avez traités avec une miséricorde infinie. Vous ne nous deviez rien, nous étions indignes d’attirer vos regards, et vous êtes descendu sur cette terre souillée par le péché ; vous avez habité parmi nous, vous avez payé notre rançon de votre sang, vous avez rétabli la paix entre Dieu et les hommes. Oui, il est juste maintenant que « vous retourniez à celui qui vous a envoyé ». Nous entendons la voix de votre Église, de votre Épouse chérie qui accepte son exil, et qui ne pense qu’à votre gloire : « Fuis donc, ô mon bien-aimé, vous dit-elle ; fuis avec la rapidité du chevreuil et du faon de la biche, jusqu’à ces montagnes où les fleurs du ciel exhalent leurs parfums ». Pourrions-nous, pécheurs que nous sommes ne pas imiter la résignation de celle qui est à la fois votre Épouse et notre mère ?

 

 

 

 

Lire la suite

Mardi des Rogations

23 Mai 2017 , Rédigé par Ludovicus

Mardi des Rogations

Les Supplications de l’Église continuent aujourd’hui encore, et l’armée du Seigneur parcourt pour la seconde fois les rues des cités et les chemins ombragés des campagnes. Joignons-nous-y, et faisons entendre ce cri qui pénètre le ciel, Kyrie eleison ! Seigneur, ayez pitié ! Songeons au nombre immense de péchés que chaque jour et chaque nuit voient se commettre, et implorons miséricorde. Aux jours du déluge, « toute chair avait corrompu sa voie » ; mais les hommes ne songeaient pas à demander grâce au ciel. « Le déluge vint et les perdit tous », dit le Seigneur. S’ils eussent prié, s’ils eussent fait amende honorable à la divine justice, la main de Dieu se fût arrêtée ; elle n’eût pas déchaîné sur la terre les cataractes du grand abîme. Un jour doit venir aussi, où non plus les eaux, mais un feu allumé à la colère céleste s’élancera tout à coup, et il embrasera cette terre que nous foulons. Il brûlera jusqu’aux racines des montagnes, et dévorera les pécheurs qui seront surpris dans leur fausse sécurité, comme il arriva aux jours de Noé.

Mais auparavant la sainte Église, opprimée par ses ennemis, décimée par le martyre de ses enfants, réduite aux abois par les défections, dépourvue vue de tout appui terrestre, sentira que le jour est proche ; car la prière sera devenue rare comme la foi. Veillons donc et prions, afin que ces jours de la consommation soient retardés, afin que la vie chrétienne si épuisée reprenne un peu de vigueur, et que ce monde vieilli ne s’affaisse pas en nos temps. Nous sommes encore partout, mais notre nombre a diminué visiblement. L’hérésie occupe de vastes régions où la catholicité fleurissait autrefois ; dans les pays épargnés par l’hérésie, l’incrédulité et l’indifférence ont amené la plupart des hommes à n’être plus chrétiens que de nom, et à enfreindre sans remords les devoirs religieux les plus essentiels ; chez un grand nombre de ceux qui remplissent encore leurs obligations de catholiques, les vérités sont diminuées, l’énergie de la foi a fait place à la mollesse dans les convictions, des conciliations impossibles sont tentées et suivies, les sentiments et les actions des saints qu’animait l’Esprit de Dieu, les actes et les enseignements de l’Église sont taxés d’exagération et d’incompatibilité avec un soi-disant progrès ; la recherche des aises est devenue une étude sérieuse, la poursuite des biens terrestres une noble passion, l’indépendance une idole à laquelle on sacrifie tout, la soumission une honte qu’il faut fuir ou dissimuler ; enfin le sensualisme, comme une impure atmosphère, imprègne de toutes parts une société que l’on dirait avoir résolu d’abolir jusqu’au souvenir de la Croix.

De là tant de périls pour cette société qui rêve d’autres conditions que celles que Dieu lui a voulu imposer. Si l’Évangile est divin, comment les hommes en pourraient-ils prendre le contre-pied, sans provoquer le ciel à lancer sur eux ces fléaux qui écrasent quand ils ne sauvent pas ? Soyons justes, et sachons convenir de nos misères devant la souveraine sainteté : les péchés de la terre se multiplient en nombre et en intensité d’une manière effrayante ; et pourtant, dans le tableau que nous venons de tracer, nous n’avons parlé ni de l’impiété forcenée, ni des enseignements pervers dont le poison circule partout, ni des pactes avec Satan qui menacent notre siècle de descendre au niveau des siècles païens, ni de la conspiration ténébreuse organisée contre tout ordre, toute justice, toute vérité. Encore une fois, unissons-nous à la sainte Église, et crions avec elle en ces jours : « De votre colère, délivrez-nous, Seigneur ! »

Une autre fin des Rogations est d’attirer la bénédiction de Dieu sur les moissons et les fruits de la terre ; c’est la demande du pain quotidien qu’il s’agit de présenter solennellement à la majesté divine. « Tous les êtres, dit le Psalmiste, élèvent avec espoir leurs yeux vers vous, Seigneur, et vous leur donnez leur nourriture en la saison convenable ; vous ouvrez la main, et vous répandez votre bénédiction sur tout ce qui respire. » Appuyée sur ces touchantes paroles, la sainte Église supplie le Seigneur de donner, cette année encore, aux habitants de la terre la nourriture dont ils ont besoin. Elle confesse qu’ils en sont indignes par leurs offenses ; reconnaissons avec elle les droits de la divine justice sur nous, et conjurons-la de se laisser vaincre par la miséricorde. Les fléaux qui pourraient arrêter tout court les espérances orgueilleuses de l’homme sont dans la main de Dieu ; il ne lui en coûterait pas un effort pour anéantir tant de belles spéculations : un dérangement dans l’atmosphère suffirait pour mettre les peuples aux abois. La science économique a beau faire : bon gré, mal gré, il lui faut compter avec Dieu. Elle parle de lui rarement ; il semble consentir à se voir oublié ; mais « il ne dort pas, celui qui garde Israël » Qu’il retienne sa main bienfaisante, et nos travaux agricoles, dont nous sommes si fiers, nos cultures, à l’aide desquelles nous nous vantons d’avoir rendu la famine impossible, sont aussitôt frappés de stérilité. Une maladie dont la source demeurera inconnue fondra tout à coup, nous l’avons vu, sur les produits de la terre ; et ce serait assez pour affamer les peuples, assez pour amener les plus terribles perturbations dans un ordre social qui s’est affranchi de la loi chrétienne, et n’a plus d’autre raison de tenir debout que la compassion divine.

Et cependant, si le Seigneur daigne cette année encore octroyer fécondité et protection aux moissons que nos mains ont semées, il sera vrai de dire qu’il aura donné la nourriture à ceux qui l’oublient, à ceux qui le blasphèment, comme à ceux qui pensent à lui et l’honorent. Les aveugles et les pervers, abusant de cette longanimité, en profiteront pour proclamer toujours plus haut l’inviolabilité des lois de la nature ; Dieu se taira encore, et il les nourrira. Pourquoi donc n’éclate-t-il pas ? Pourquoi contient-il son indignation ? C’est que son Église a prié, c’est qu’il a reconnu sur la terre les dix justes, c’est-à-dire le contingent si faible dont il se contente dans son adorable bonté. Il laissera donc parler et écrire ces savants économistes qu’il lui serait si aisé de confondre. Grâce à cette patience, il adviendra que plusieurs se lasseront de courir ainsi les voies de l’absurde ; une circonstance inattendue leur dessillera les yeux, et un jour ils croiront et prieront avec nous. D’autres s’enfonceront toujours plus avant dans leurs ténèbres ; ils défieront la justice divine jusqu’à la fin, et mériteront que s’accomplisse sur eux ce terrible oracle : « Le Seigneur a fait toutes choses pour lui-même, et l’impie pour le jour mauvais. »

Pour nous qui nous faisons gloire de la simplicité de notre foi, qui attendons tout de Dieu et rien de nous-mêmes, qui nous reconnaissons pécheurs et indignes de ses dons, nous implorerons, durant ces trois jours, le pain de sa pitié, et nous dirons avec la sainte Église : « Daignez donner et conserver les fruits de la terre : Seigneur, nous vous en supplions, exaucez-nous ! » Qu’il daigne exaucer cette fois encore le cri de notre détresse ! Dans un an nous reviendrons lui adresser la même demande. Marchant sous l’étendard de la croix, nous parcourrons encore les mêmes sentiers, faisant retentir les airs des mêmes Litanies, et notre confiance se fortifiera de plus en plus, à la pensée que, par toute la chrétienté, la sainte Église conduit ses enfants dans cette marche aussi solennelle qu’elle est suppliante. Depuis quatorze siècles, le Seigneur est accoutumé à recevoir les vœux de ses fidèles à cette époque de l’année ; nous ne voudrons plus désormais atténuer les hommages qui lui sont dus, et nous ferons nos efforts pour suppléer, par l’ardeur de nos prières, à l’indifférence et à la mollesse qui s’unissent trop souvent, pour faire disparaître de nos mœurs tant de signes de catholicité qui furent chers à nos pères.

Lire la suite
1 2 3 4 > >>