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Regnum Galliae Regnum Mariae

Sainte Catherine de Sienne vierge

30 Avril 2018 , Rédigé par Ludovicus

Sainte Catherine de Sienne vierge

Office

Quatrième leçon. Catherine, vierge de Sienne, née de parents pieux, obtint l’habit du bienheureux Dominique, que portent les sœurs de la Pénitence. Son abstinence fut extrême et l’austérité de sa vie admirable. Il lui arriva de prolonger son jeûne depuis le jour des Cendres jusqu’à l’Ascension du Seigneur, soutenue seulement par la communion eucharistique. Elle avait à lutter très fréquemment contre les démons, et à souffrir de leur part beaucoup de mauvais traitements ; elle était affligée par des fièvres ardentes et diverses autres maladies. Le nom de Catherine était si célèbre, et la réputation de sa sainteté si grande, qu’on lui amenait de tous côtés des malades et des personnes tourmentées par le malin esprit ; elle commandait au nom du Christ aux maladies et aux fièvres, et contraignait les démons à sortir des corps des possédés.

Cinquième leçon. Pendant son séjour à Pise, un dimanche, après avoir reçu la nourriture céleste, elle fut ravie en extase et vit le Seigneur crucifié venant à elle environné d’une grande lumière, et cinq rayons, sortis des cicatrices de ses plaies divines, se dirigeant sur cinq endroits de son corps. Elle comprit le mystère et pria le Seigneur de ne pas laisser paraître les stigmates. Aussitôt les rayons changèrent leur couleur de sang en une splendeur éclatante, et sous la forme d’une lumière très pure, ils atteignirent ses mains, ses pieds et son cœur. La douleur qu’elle éprouva dans son corps était si grande qu’elle croyait que, si Dieu ne l’eût diminuée, elle eût bientôt succombé. Le Seigneur, dont l’amour est sans bornes, ajouta à cette grâce une faveur nouvelle, en accordant à la Sainte que, tout en ressentant la douleur des plaies, il n’en paraîtrait pas de marques sanglantes. La servante de Dieu ayant rapporté à Raymond, son confesseur, ce qui s’était passé, la pieuse industrie des fidèles, pour représenter visiblement ce miracle, a peint sur les images de la bienheureuse Catherine des rayons lumineux tombant sur ses pieds, ses mains et son côté.

Sixième leçon. Sa science était infuse et non acquise : elle sut résoudre par ses réponses des questions théologiques très difficiles, que lui proposaient des professeurs d’Écriture sainte. Personne n’approcha d’elle sans devenir meilleur ; elle éteignit beaucoup de haines, et fit cesser des inimitiés mortelles. Elle se rendit à Avignon auprès du souverain Pontife Grégoire XI, pour obtenir la paix aux Florentins, qui avaient un différend avec l’Église et qui, pour ce sujet, se trouvaient sous le coup d’un interdit. Elle montra au Pape qu’elle savait par révélation le vœu qu’il avait fait de se rendre à Rome, vœu qu’il croyait connu de Dieu seul. Ce fut à sa persuasion que ce Pontife se décida, après mûre délibération, à revenir personnellement prendre possession de son siège de Rome. Grégoire et Urbain VI, son successeur, eurent Catherine en telle estime, qu’ils la chargèrent de diverses missions. Enfin, après s’être distinguée par toutes les vertus, par le don de prophétie, et illustrée par un grand nombre de miracles, elle s’en alla vers son Époux, âgée d’environ trente-trois ans. Le souverain Pontife Pie II l’a inscrite au nombre des saintes Vierges.

Le saint Ordre des Frères-Prêcheurs, qui présentait hier une rose vermeille à Jésus ressuscité, lui offre aujourd’hui un lis éclatant de blancheur. Catherine de Sienne succède sur le Cycle à Pierre Martyr : touchante association qui forme l’un des plus riches épisodes du Temps pascal. Notre divin Roi a droit à tous les genres de tributs, en ces derniers moments de son séjour avec nous ; et puisque la nature terrestre n’offre en cette saison que fleurs et parfums, il est juste que le monde spirituel épanouisse à la gloire de l’auteur de la grâce ses plus nobles et ses plus odorantes productions.

Qui oserait entreprendre de raconter les mérites de Catherine, d’énumérer seulement les titres de gloire dont son nom est entouré ? Entre les épouses de Jésus elle occupe un des premiers rangs. Vierge fidèle, elle s’unit à l’Époux divin dès ses premières années. Sa vie, consacrée par un si noble vœu, s’écoula au sein de la famille, afin qu’elle fût à même de remplir les hautes missions que la divine Providence lui destinait. Mais le Seigneur, qui voulait néanmoins glorifier par elle le saint état de la Religion, lui inspira de s’unir par la profession du Tiers-Ordre à l’illustre famille du grand Patriarche des Frères-Prêcheurs. Elle en revêtit l’habit, et en pratiqua toute sa vie les saints exercices.

Dès le début de cette sublime carrière, on devine sous les allures de la servante de Dieu quelque chose de céleste, comme si un ange se fût imposé de venir habiter ici-bas, pour y mener dans un corps une vie humaine. Son essor vers Dieu est comme irrésistible, et donne l’idée de cet élan qui entraîne vers le souverain bien les âmes glorifiées, aux yeux desquelles il se montre pour jamais. En vain le poids de la chair mortelle menace d’appesantir le vol du Séraphin terrestre : l’énergie de la pénitence la mate, l’assouplit et l’allège. L’âme semble vivre seule dans ce corps transformé. L’aliment divin de l’Eucharistie suffit à le soutenir ; et l’union avec le Christ devient si complète, que ses plaies sacrées s’impriment sur les membres de la vierge, et lui donnent à goûter les cuisantes et ineffables douleurs de la Passion.

Du sein de cette vie si élevée au-dessus de l’humanité, Catherine n’est étrangère à aucun des besoins de ses frères. Son zèle est tout de feu pour leurs âmes, sa compassion tendre comme celle d’une mère pour les infirmités de leurs corps. Dieu a ouvert pour elle la source des prodiges, et Catherine les dispense à pleines mains sur les hommes. La mort et les maladies cèdent à son empire, et les miracles des anciens jours se multiplient autour d’elle.

Les communications divines ont commencé pour elle dès ses premières années, et l’extase est devenue son état presque habituel. Ses yeux ont souvent vu notre divin Ressuscité qui lui prodigue les caresses et les épreuves. Les plus hauts mystères sont descendus à sa portée, et une science qui n’a rien de la terre illumine son intelligence. Cette fille sans lettres dictera des écrits sublimes, où les vues les plus profondes sur la doctrine céleste sont exposées avec une précision et une éloquence surhumaines, avec un accent qui pénètre encore les âmes aujourd’hui.

Mais le Ciel ne veut pas que tant de merveilles demeurent ensevelies dans un coin de l’Italie. Les saints sont les soutiens de l’Église ; et si leur action est souvent mystérieuse et cachée, quelquefois aussi elle se révèle aux regards des hommes. On voit alors au grand jour les ressorts à l’aide desquels Dieu gouverne le monde. Il s’agissait, à la fin du XIVe siècle, de restituer à la ville sainte la présence du vicaire du Christ, tristement absent de son siège depuis plus de soixante ans. Une âme sainte pouvait, dans le secret de la face de Dieu, par ses mérites et ses prières, déterminer cette heureuse crise vers laquelle l’Église aspirait tout entière ; le Seigneur voulut cette fois que tout se passât au grand jour. Au nom de Rome délaissée, au nom de son Époux divin qui est aussi celui de l’Église, Catherine franchit les Alpes, et se présente au Pontife qui n’a jamais vu Rome et dont Rome ignore les traits. La Prophétesse lui intime avec respect le devoir qu’il doit remplir ; pour garantir la mission qu’elle exerce, elle lui révèle un secret dont lui seul a conscience. Grégoire XI est vaincu, et la Ville éternelle revoit enfin son pasteur et son père. Mais, à la mort du Pontife, un schisme effrayant, présage sinistre de plus grands malheurs, vient déchirer le sein de l’Église. Catherine lutte contre la tempête jusqu’à sa dernière heure ; mais la trente-troisième année de sa vie s’accomplit ; l’Époux divin ne veut pas qu’elle dépasse l’âge qu’il a consacré en sa personne ; il est temps que la vierge aille continuer dans les cieux son ministère d’intercession pour l’Église qu’elle a tant aimée, pour les âmes rachetées dans le sang de son Époux.

Notre divin Ressuscité qui l’appela aux embrassements éternels dans ces jours du Temps pascal, lui avait accordé ici-bas une faveur qui la désigne à notre vénération spéciale en ce moment Un jour, il lui apparut avec sa très sainte Mère ; et Marie-Madeleine qui annonça la Pâque aux Apôtres accompagnait respectueusement le fils et la mère. Le cœur de Catherine se fondit d’amour dans cette visite ; à la fin ses yeux s’arrêtèrent sur Madeleine, dont elle goûtait et enviait à la fois le bonheur. Jésus lui dit : « Bien-aimée, je te la donne pour mère ; adresse-toi désormais à elle en toute assurance ; je la charge spécialement de toi. » A partir de ce jour, une tendresse filiale pour l’amante du Sauveur s’empara du cœur de Catherine, et dès lors elle ne la nomma plus que sa mère.

Le pape Pie II, l’une des gloires de la ville de Sienne, a composé les Hymnes suivantes en l’honneur de sa sainte et illustre concitoyenne. Elles font partie de l’Office de sainte Catherine de Sienne au Bréviaire dominicain.

HYMNE.
Les cantiques d’honneur que nous chantons en chœur à ta louange, dans la joie que nous inspire ta fête, ô vierge Catherine, présente-les au ciel.
S’ils ne sont pas dignes d’y être accueillis, daigne pardonner à notre faiblesse : c’est que notre génie ne saurait s’élever à la hauteur de tes mérites, ô vierge remplie de bonté !
Mais qui a pu jamais porter ton éloge aussi haut que tes mérites ? Quel mortel en ce monde pourrait, dans des vers impérissables, chanter dignement tes grandeurs, ô femme dont rien n’a pu vaincre le courage ?
Tes exemples, ô Catherine, rayonnent par toute la terre ; ta vertu supérieure est à l’égal de ta sagesse ; en toi brillent la tempérance, la force, la piété, la justice, la prudence ; et tu montes dans les cieux.
Nul ici-bas n’ignore ta vertu, tes nobles actions ; nul en ce monde n’a surpassé ta sainteté ; ta compassion envers le Christ souffrant a imprimé sur tes membres jusqu’à ses blessures.
Pauvre, affligée, menant une vie remplie de toutes les douleurs, ton cœur généreux a méprisé tout ce que les hommes estiment précieux ; le ciel pouvait seul être un séjour digne de toi.
Rendons avec transport nos actions de grâces à l’auguste Fils de l’éternel Père ; offrons à l’ Esprit-Saint l’hommage de notre adoration ; aux trois, louange égale !
Amen.
 
Dialogue extrait

Comment nous sommes tous les ouvriers de Dieu dans la vigne de la Sainte Église; et comment chacun possède une vigne à soi qui est lui-même, et comment tous doivent être unis à la vraie vigne du Fils de Dieu.

Ici, la Vérité éternelle montrait à cette âme qu'elle nous avait créés sans nous, mais qu'elle ne nous sauverait pas sans nous. Dieu veut que par notre libre arbitre et par notre volonté libre, nous employions le temps qui nous est donné à l'exercice des vraies vertus. Et il ajoutait aussitôt: il faut que tous vous passiez par ce pont, cherchant la gloire et l'honneur de mon nom dans le salut des âmes, supportant comme expiation de nombreuses fatigues, et suivant les traces de ce doux verbe d'amour. Pas d'autre moyen pour vous de venir à moi. Vous êtes mes ouvriers que j'ai mis à travailler dans la vigne de la sainte Église. Vous travaillez dans le corps universel de la religion chrétienne, placés là par moi, après vous avoir donné la lumière du saint baptême que vous avez reçu du corps mystique de la sainte Église, par les mains de mes ministres, que j'ai envoyés pour travailler avec vous. Vous, vous êtes dans le corps universel; eux, sont dans le corps mystique, employés à paître vos âmes, en vous distribuant le Sang par les sacrements que vous recevez d'eux, en arrachant les épines de vos péchés mortels, et en semant en vous la grâce. Ils sont mes ouvriers dans la vigne de votre âme unie à la vigne de la Sainte Église.

Toute créature douée de raison possède en elle-même une vigne, qui est la vigne de son âme. C'est la volonté par le libre arbitre qui est l'ouvrier de cette vigne, durant le temps de la vie; passé ce temps, il n'y peut plus faire aucun travail, ni bon ni mauvais, mais pendant la vie, elle peut cultiver sa vigne dans laquelle je l'ai envoyée. Si grande est la force dont je l'ai revêtue pour cette culture de l'âme, que ni le démon, ni une autre créature ne peuvent l'en dépouiller si elle ne le veut pas. C'est dans le baptême, qu'elle a reçu cette force, et qu'en même temps lui fut donné le glaive de l'amour de la vertu et de la haine du vice. C'est pour cet amour et cette haine, pour l'amour de vous et en haine du péché, qu'est mort mon Fils unique, en répandant pour vous tout son sang. Et c'est cet amour et cette haine que vous trouvez dans le saint baptême qui vous rend la vie par la vertu de son sang. Vous avez en main l'arme que vous devez user en par votre libre arbitre pendant qu'il en est temps, pour arracher les épines des péchés mortels et pour semer la vertu. sans cela, vous n'auriez point part au fruit du Sang, que distribuent les ouvriers placés par moi dans la sainte Église, pour arracher le péché mortel de la vigne de l'âme et lui donner la grâce, par les sacrements qui contiennent le Sang et sont administrés par l’Église. Il faut donc tout d'abord, vous purifier par la contrition du cœur et la détestation du péché, et par l'amour de la vertu, avant de recevoir le prix du Sang. Vous ne le pourriez recevoir si vous ne vous disposiez pas de votre côté à devenir de bons rameaux unis au cep de la vigne, mon Fils unique qui a dit: "C'est moi qui suis la Vigne, mon Père est le vigneron, et vous êtes les rameaux" (Jn 15,45).

Telle est la vérité. C'est bien moi qui suis le vigneron, puisque toute chose qui a l'être, est venue et vient de Moi. Ma puissance est incompréhensible et par ma puissance et ma vertu je gouverne tout l'univers, si bien que rien n'est fait ni ordonné en dehors de moi. Oui je suis le vigneron; c'est moi qui ai planté la vraie vigne de mon Fils unique dans la terre de votre humanité, pour que vous les rameaux, unis à cette vigne, vous portiez des fruits. Qui ne produira pas le fruit des œuvres bonnes et saintes sera retranché de la Vigne et se desséchera; car, séparé du cep, il perd la vie de la grâce et est jeté au feu éternel, comme la branche qui ne porte pas de fruit est taillée et mise au feu parce qu'elle n'est plus bonne à autre chose. Ainsi en va-t-il pour ceux-là. Coupés de la Vigne par leur propre faute, s'ils demeurent dans le péché mortel, la divine Justice ne peut rien que les jeter au feu qui brûle éternellement. Ils n'ont pas travaillé leur vigne; bien plus, ils l'ont détruite, et non seulement la leur, mais encore celle d'autrui. Loin d'y cultiver quelque bonne plante de vertu, ils en ont arraché la semence de grâce qu'ils avaient reçue par la lumière du saint baptême, en participant au sang de mon Fils, qui fut le vin que produisit pour vous cette Vigne véritable. Cette semence ils l'ont arrachée pour la jeter en pâture aux animaux, c'est-à-dire à leurs péchés aussi nombreux que variés. Ils l'ont foulée aux pieds de leur affection déréglée, pour mon offense, pour leur malheur et celui du prochain.

Ce n'est pas ainsi que font mes serviteurs, et c'est comme eux que vous devez faire, en demeurant unis à cette vigne et greffés sur elle. Dès lors vous produirez des fruits abondants, parce que vous participerez à la sève du cep. En demeurant dans le Verbe mon Fils, vous demeurez en moi, parce que je suis une même chose avec lui, et lui avec moi. En demeurant en lui, vous suivrez ses enseignements; en suivant ses enseignements vous participerez de la substance de ce Verbe, c'est-à-dire que vous participerez de ma Divinité éternelle, unie à l'humanité, et puiserez en elle un amour divin où l'âme s'enivre. Voilà pourquoi je t'ai dit que vous participez à la substance de la Vigne. Dialogue CHAPITRE VII

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IV Dimanche après Pâques

29 Avril 2018 , Rédigé par Ludovicus

IV Dimanche après Pâques

Introït

Chantez au Seigneur un cantique nouveau, alléluia ; car le Seigneur a opéré des merveilles, alléluia, Il a révélé sa justice aux yeux des nations, alléluia, alléluia, alléluia. Sa droite et son saint bras l’ont fait triompher.

Collecte

Dieu, qui donnez aux cœurs de vos fidèles une même volonté : accordez à vos peuples d’aimer ce que vous leur commandez, de désirer ce que vous leur promettez ; afin qu’au milieu des changements de ce monde, nos cœurs demeurent fixés là où sont les joies véritables.

Épitre Jc. 1, 17-21

Mes bien-aimés, toute grâce excellente et tout don parfait descend d’en haut, et vient du Père des lumières, chez qui il n’y a pas de variation, ni d’ombre, ni de changement. De sa propre volonté il nous a engendrés par la parole de vérité, afin que nous soyons comme les prémices de ses créatures. Vous le savez, mes frères bien-aimés. Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, et lent à se mettre en colère, car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. C’est pourquoi, rejetant toute souillure et tout excès de méchanceté, recevez avec douceur la parole entrée en vous qui peut sauver vos âmes.

Évangile Jn. 16, 5-14.

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Je vais à celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande : Où allez-vous ? Mais, parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur. Cependant, je vous dis la vérité : il vous est utile que je m’en aille ; car, si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra point à vous ; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai. Et lorsqu’il sera venu, il convaincra le monde ne ce qui concerne le péché, la justice et le jugement. En ce qui concerne le péché, parce qu’ils n’ont pas cru en moi ; en ce qui concerne la justice, parce que je m’en vais à mon Père, et que vous ne me verrez plus ; en ce qui concerne le jugement, parce que le prince de ce monde est déjà jugé. J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité. Car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera l’avenir. Il me glorifiera, parce qu’il recevra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera.

Secrète

O Dieu, qui, par les échanges admirables de ce sacrifice, nous avez rendus participants de votre divinité une et souveraine : faites, nous vous en supplions, que comme nous connaissons votre vérité, de même nous la suivions par une conduite digne d’elle.

Communion

Quand le Consolateur, l’Esprit de vérité sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice et le jugement, alléluia, alléluia

4e leçon

Du Traité de saint Cyprien, Évêque et Martyr ‘Du bien de la patience’

Voulant, bien-aimés frères, vous entretenir de la patience, et vous en montrer les services et les avantages, puis-je mieux commencer que par la patience dont je vois que vous avez besoin pour m’écouter maintenant encore ? En effet, l’action même d’écouter et d’apprendre, vous ne la pouvez faire sans patience. Car l’enseignement et la doctrine du salut ne s’apprennent efficacement que si l’on écoute patiemment ce qui s’enseigne. Et, parmi tous les moyens que nous offre la loi céleste, et qui dirigent notre vie vers l’acquisition des récompenses divines, objet de notre espérance et de notre foi, je ne trouve rien de plus utile pour la vie, ni de meilleur pour obtenir la gloire, que de garder la patience avec un soin extrême, nous qui nous attachons aux préceptes du Seigneur, avec un culte de crainte et d’amour. Les philosophes païens aussi font profession de pratiquer cette vertu, mais leur patience est aussi fausse que leur sagesse. Car comment pourrait-il être sage ou patient, celui qui ne connaît ni la sagesse, ni la patience de Dieu ?

5e leçon

Pour nous, mes chers frères, qui sommes philosophes non dans nos paroles, mais dans nos actions ; qui préférons la sagesse, non dans ses dehors, mais dans sa réalité ; qui connaissons mieux la pratique des vertus que leur ostentation ; qui ne disons pas de grandes choses, mais qui les réalisons dans notre vie ; serviteurs et adorateurs de Dieu, montrons par la soumission de notre esprit cette patience que de divins exemples nous enseignent. Car cette vertu nous est commune avec Dieu. C’est de lui qu’elle vient, qu’elle tire son éclat et sa gloire. L’origine et la grandeur de la patience viennent de Dieu. L’homme doit aimer ce qui est cher à Dieu, car ce qu’aimé la majesté divine, elle le recommande. Si Dieu est notre Seigneur et notre père, imitons la patience de notre Seigneur et en même temps de notre père, puisqu’il convient que des serviteurs soient obéissants, et que des fils ne soient point dégénérés.

6e leçon

C’est la patience qui nous rend agréables à Dieu et nous retient dans son service ; c’est elle qui calme la colère, enchaîne la langue, gouverne l’esprit, garde la paix, règle la discipline, brise l’impétuosité des passions, comprime les emportements de l’orgueil, éteint l’incendie de la haine, contient la tyrannie des grands, ranime l’indigence du pauvre, protège la bienheureuse pureté de la vierge, la laborieuse chasteté de la veuve, la tendresse sans partage des époux. Elle inspire l’humilité dans le bonheur, le courage dans l’adversité, la douceur au milieu des injustices et des affronts. Elle nous apprend à pardonner sans délai à ceux qui ont mal fait ; si nous avons commis une faute, à en implorer longtemps et instamment le pardon. Les tentations, elle en triomphe ; les persécutions, elle les endure ; les souffrances et le martyre, elle les couronne. C’est elle qui élève l’édifice de notre foi sur des fondements inébranlables.

7e leçon

Homélie de saint Augustin, Évêque

Lorsque le Seigneur Jésus eut prédit à ses disciples les persécutions qu’ils auraient à souffrir après son éloignement, il ajouta : « Je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous ; mais maintenant je vais à celui qui m’a envoyé. » Il faut d’abord voir ici s’il ne leur avait pas prédit auparavant les souffrances futures. Les trois autres Évangélistes montrent qu’il les leur avait suffisamment annoncées avant la cène, tandis que saint Jean place cette prédiction après le repas lorsqu’il leur dit : « Mais je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous. »

8e leçon

Ne peut-on pas résoudre cette difficulté, en disant que les autres Évangélistes font observer que sa passion était proche, au moment où il parlait ainsi ? Il ne leur avait donc pas dit ces choses dès le commencement, lorsqu’il était avec eux, puisqu’il ne les leur dit qu’au moment de s’éloigner d’eux et de retourner à son Père. Ainsi donc, même selon ces Évangélistes, se trouve confirmée la vérité de ces paroles du Sauveur : « Je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement. » Mais que penser de la véracité de l’Évangile selon saint Matthieu, qui rapporte que ces prédictions ont été faites par le Seigneur, non seulement à la veille de sa passion lorsqu’il allait célébrer la Pâque avec ses disciples, mais dès le commencement, à l’endroit où les douze Apôtres sont expressément désignés par leurs noms et où on les voit envoyés pour exercer le saint ministère ?

9e leçon

Que veulent donc dire ces paroles : « Mais je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous », si ce n’est que les prédictions qu’il leur fait ici du Saint-Esprit, à savoir qu’il viendrait à eux et rendrait témoignage au moment où ils auraient à souffrir les maux qu’il leur annonçait, il ne les leur avait pas faites dès le commencement, parce qu’il était avec eux ? Ce consolateur ou cet avocat (car le mot grec Paraclet veut dire l’un et l’autre) n’était donc nécessaire qu’après le départ du Christ ; il ne leur en avait point parlé dès le commencement lorsqu’il était avec eux, parce qu’il les consolait lui-même par sa présence.

Nous avons vu Jésus constituer son Église, et confier aux mains de ses Apôtres le dépôt des vérités qui seront l’objet de notre foi. Il est une autre œuvre non moins importante pour le monde, à laquelle il donne ses soins durant cette dernière période de son séjour sur la terre : c’est l’institution définitive des Sacrements. Il ne nous suffit pas de croire ; il faut encore que nous soyons rendus justes, c’est-à-dire conformes à la sainteté de Dieu ; il faut que la grâce, fruit de la Rédemption, descende en nous, s’incorpore à nous ; afin qu’étant devenus les membres vivants de notre divin Chef, nous puissions être les cohéritiers de son Royaume. Or, c’est au moyen des Sacrements que Jésus doit opérer en nous cette merveille de la justification, en nous appliquant les mérites de son incarnation et de son Sacrifice par les moyens qu’il a décrétés dans sa puissance et dans sa sagesse.

Souverain maître de la grâce, il est libre de déterminer les sources par lesquelles il la fera descendre sur nous ; c’est à nous de nous conformer a ses volontés. Chacun des Sacrements sera donc une loi de sa religion, en sorte que l’homme ne pourra prétendre aux effets que le Sacrement est destiné à produire, s’il dédaigne ou néglige de remplir les conditions selon lesquelles il opère. Admirable économie, qui concilie, dans un même acte, l’humble soumission de l’homme avec la plus prodigue largesse de la munificence divine.

Nous avons montré, il y a quelques jours, comment la sainte Église, société spirituelle, était en même temps une société visible et extérieure, parce que l’homme auquel elle est destinée est composé d’un corps et d’une âme. Jésus, en instituant ses Sacrements, leur assigne à chacun un rite essentiel ; et ce rite est extérieur et sensible. Le Verbe divin, en prenant la chair, en a fait l’instrument de notre salut dans sa Passion sur la croix : c’est par le sang de ses veines qu’il nous a rachetés ; poursuivant ce plan mystérieux, il prend les éléments de la nature physique pour auxiliaires dans l’œuvre de notre justification. Il les élève à l’état surnaturel, et en fait jusqu’au plus intime de nos âmes les conducteurs fidèles et tout-puissants de sa grâce. Ainsi s’appliquera jusqu’à ses dernières conséquences le mystère de la divine incarnation, qui a eu pour but de nous élever, par les choses visibles, à la connaissance et à la possession des choses invisibles. Ainsi est brisé l’orgueil de Satan, qui dédaignait la créature humaine, parce que l’élément matériel s’unit en elle à la grandeur spirituelle, et qui refusa, pour son éternel malheur, de fléchir le genou devant le Verbe fait chair.

En même temps, les divins Sacrements étant autant de signes sensibles, formeront un lien de plus entre les membres de l’Église, déjà unis entre eux par la soumission à Pierre et aux Pasteurs qu’il envoie, et par la profession d’une même foi. L’Esprit-Saint nous dit dans les divines Écritures que « le lien tressé en trois ne se rompt pas aisément » ; or, tel est celui qui nous retient dans la glorieuse unité de l’Église : Hiérarchie, Dogme et Sacrements, tout contribue à faire de nous un seul corps. Du septentrion au midi, de l’orient à l’occident, les Sacrements proclament la fraternité des chrétiens ; ils sont en tous lieux leur signe de reconnaissance, et la marque qui les désigne aux yeux des infidèles. C’est dans ce but que ces Sacrements divins sont identiques pour toutes les races baptisées, quelle que soit la variété des formules liturgiques qui en accompagnent l’administration : partout le fond est le même, et la même grâce est produite sous les mêmes signes essentiels.

Notre divin ressuscité choisit le septénaire pour le nombre de ses Sacrements. Il empreint ce nombre sacré sur son œuvre la plus sublime, de même qu’il l’avait marqué au commencement, en créant ce monde visible et inaugurant la semaine par six jours d’action et un jour de repos. Sagesse éternelle du Père, il nous révèle, dès l’Ancien Testament, qu’il se bâtira une maison qui est la sainte Église, et il ajoute qu’il la fera reposer sur sept colonnes. Cette Église, il la figure d’avance dans le tabernacle de Moïse, et il ordonne qu’un superbe chandelier qui lance sept branches chargées de fleurs et de fruits, éclaire jour et nuit le sanctuaire. S’il transporte au ciel, dans un ravissement, son disciple bien-aimé, c’est pour se montrer à lui environné de sept chandeliers, et tenant sept étoiles dans sa main. S’il se manifeste sous les traits de l’Agneau vainqueur, cet Agneau porte sept cornes, symbole de sa force, et sept yeux qui marquent l’étendue infinie de sa science. Près de lui est le livre qui contient les destinées du genre humain, et ce livre est scellé de sept sceaux que l’Agneau seul peut lever. Devant le trône de la Majesté divine, le disciple aperçoit sept Esprits bienheureux ardents comme sept lampes, attentifs aux moindres ordres de Jéhovah, et prêts à porter sa parole jusqu’aux dernières limites de la création.

Si maintenant nous tournons nos regards vers l’empire des ténèbres, nous voyons l’esprit de malice occupé à contrefaire l’œuvre divine, et usurpant le septénaire pour le souiller en le consacrant au mal. Sept péchés capitaux sont l’instrument de sa victoire sur l’homme ; et le Seigneur nous avertit que lorsque, dans sa fureur, Satan s’élance sur une âme, il prend avec lui sept esprits des plus méchants de l’abîme. Nous savons que Madeleine, l’heureuse pécheresse, ne recouvra la vie de l’âme qu’après que le Sauveur eut expulsé d’elle sept démons. Cette provocation de l’esprit d’orgueil forcera la colère divine, lorsqu’elle tombera sur le monde pécheur, à empreindre le septénaire jusque dans ses justices. Saint Jean nous apprend que sept trompettes, sonnées par sept Anges, annonceront les convulsions successives de la race humaine, et que sept autres Anges verseront tour à tour sur la terre coupable sept coupes remplies de la colère de Dieu.

Nous donc qui voulons être sauvés, et jouir de la grâce en ce monde, et en l’autre de la vue de notre divin ressuscité, accueillons avec un souverain respect et une tendre reconnaissance le Septénaire miséricordieux de ses Sacrements. Sous ce nombre sacré il a su renfermer toutes les formes de sa grâce. Soit qu’il veuille dans sa bonté nous faire passer de la mort à la vie, par le Baptême et la Pénitence ; soit qu’il s’applique à soutenir en nous la vie surnaturelle, et à nous consoler dans nos épreuves, par la Confirmation, l’Eucharistie et l’Extrême-Onction ; soit enfin qu’il pourvoie au ministère de son Église et à sa propagation par l’Ordre et le Mariage : on ne saurait trouver un besoin de l’âme, une nécessite de la société chrétienne auxquels il n’ait satisfait au moyen des sept sources de régénération et de vie qu’il a ouvertes pour nous, et qu’il ne cesse de faire couler sur nos âmes. Les sept Sacrements suffisent à tout ; un seul de moins, l’harmonie serait rompue. Les Églises de l’Orient, séparées de l’unité catholique depuis tant de siècles, confessent avec nous le septénaire sacramentel ; et le protestantisme, en portant sur ce nombre sacré sa main profane, a montré en cela, comme en toutes ses autres réformes prétendues, que le sens chrétien lui faisait défaut. Ne nous en étonnons pas ; la théorie des Sacrements s’impose tout entière à la foi ; l’humble soumission du fidèle doit l’accueillir d’abord comme venant du souverain Maître : c’est lorsqu’elle s’applique à rame que sa magnificence et son efficacité divine se révèlent ; alors nous comprenons, parce que nous avons cru. Credite et intelligetis.

Aujourd’hui, consacrons notre admiration et notre reconnaissance au premier des Sacrements, au Baptême. Le Temps pascal nous le montre dans toute sa gloire. Nous l’avons vu, au Samedi saint, comblant les vœux de l’heureux catéchumène, et enfantant à la patrie céleste des peuples entiers. Mais ce divin mystère avait eu sa préparation. En la fête de l’Épiphanie, nous adorâmes notre Emmanuel descendant dans les flots du Jourdain, et communiquant à l’élément de l’eau, par le contact de sa chair sacrée, la vertu de purifier toutes les souillures de l’âme. L’Esprit-Saint, colombe mystique, vint reposer sur la tête de l’Homme-Dieu, et féconder par sa divine influence l’élément régénérateur, tandis que la voix du Père céleste retentissait dans la nue, annonçant l’adoption qu’il daignerait faire des baptisés, en son Fils Jésus, l’objet de son éternelle complaisance.

Durant sa vie mortelle, le Rédempteur s’explique déjà devant un docteur de la loi sur ses mystérieuses intentions. « Celui, dit-il, qui ne sera pas rené de l’eau et du Saint-Esprit ne pourra entrer dans le royaume de Dieu. » Selon son usage presque constant, il annonce ce qu’il doit faire un jour, mais il ne l’accomplit pas encore ; nous apprenons seulement que notre première naissance n’ayant pas été pure, il nous en prépare une seconde qui sera sainte, et que l’eau en sera l’instrument.

Mais en ces jours le moment est venu où notre Emmanuel va déclarer la puissance qu’il a donnée aux eaux de produire la sublime adoption projetée par le Père. S’adressant à ses Apôtres, il leur dit tout à coup avec la majesté d’un roi qui promulgue la loi fondamentale de son empire : « Allez ; enseignez toutes les nations ; baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » Le salut par l’eau, avec l’invocation de la glorieuse Trinité, tel est le bienfait capital qu’il annonce au monde ; car, dit-il encore : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé. » Révélation pleine de miséricorde pour la race humaine ; inauguration des Sacrements, par la déclaration du premier, de celui qui, selon le langage des saints Pères, est la porte de tous les autres !

Nous qui lui devons la vie de nos âmes, avec le sceau éternel et mystérieux qui fait de nous les membres de Jésus, saluons avec amour cet auguste mystère. Saint Louis, baptisé sur les humbles fonts de Poissy, se plaisait à signer Louis de Poissy, considérant la fontaine baptismale comme une mère qui l’avait enfanté à la vie céleste, et oubliant son origine royale pour ne se souvenir que de celle d’enfant de Dieu. Nos sentiments doivent être les mêmes que ceux du saint roi.

Mais admirons avec attendrissement la condescendance de notre divin ressuscité, lorsqu’il institua le plus indispensable de ses Sacrements. La matière qu’il choisit est la plus commune, la plus aisée à rencontrer. Le pain, le vin, l’huile d’olives, ne sont pas partout sur la terre ; l’eau coule en tous lieux ; la providence de Dieu l’a multipliée sous toutes les formes, afin qu’au jour marqué, la fontaine de régénération fût accessible de toutes parts à l’homme pécheur.

Ses autres Sacrements, le Sauveur les a confiés au sacerdoce qui seul a pouvoir de les administrer ; il n’en sera pas ainsi du Baptême. Tout fidèle pourra en être le ministre, sans distinction de sexe ni de condition. Bien plus, tout homme, ne fût-il pas même membre de l’Église chrétienne, pourra conférer à son semblable, par l’eau et l’invocation de la sainte Trinité, la grâce baptismale qui n’est pas en lui, à la seule condition de vouloir, en cet acte, accomplir sérieusement ce que fait la sainte Église, quand elle administre le sacrement du Baptême.

Ce n’est pas tout encore. Ce ministre du sacrement peut manquer à l’homme qui va mourir ; l’éternité va s’ouvrir pour lui sans que la main d’autrui se lève pour répandre sur sa tête l’eau purificatrice ; le divin instituteur de la régénération des âmes ne l’abandonne pas dans ce moment suprême. Qu’il rende hommage au saint Baptême, qu’il le désire de toute l’ardeur de son âme, qu’il entre dans les sentiments d’une componction sincère et d’un véritable amour ; après cela qu’il meure : la porte du ciel est ouverte au baptisé de désir.

Mais l’enfant qui n’a pas encore l’usage de sa raison, et que la mort va moissonner dans quelques heures, a-t-il donc été oublié dans cette munificence générale ? Jésus a dit : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé » ; comment alors obtiendra-t-il le salut, cet être faible qui va s’éteindre, chargé de la faute originelle, et incapable de la foi ? Rassurez-vous. La puissance du saint Baptême s’étendra jusqu’à lui. La foi de l’Église qui le veut pour fils, lui va être imputée ; qu’on répande l’eau sur sa tête au nom des trois divines Personnes, et le voilà chrétien pour jamais. Baptisé dans la foi de l’Église, cette foi est maintenant personnelle en lui, avec l’Espérance et la Charité ; l’eau sacramentelle a produit cette merveille. Qu’il expire maintenant, ce tendre rejeton de la race humaine ; le royaume du ciel est à lui.

Tels sont, ô Rédempteur, les prodiges que vous opérez dans le premier de vos Sacrements, par l’effet de cette volonté sincère que vous avez du salut de tous ; en sorte que ceux en qui cette volonté ne s’accomplit pas, n’échappent à la grâce de la régénération que par suite du péché commis antérieurement, péché que votre éternelle justice ne vous permet pas toujours de prévenir en lui-même, ou de réparer dans ses suites. Mais votre miséricorde est venue au secours ; elle a tendu ses filets, et d’innombrables élus y sont tombés. L’eau sainte est venue couler jusque sur le front de l’enfant qui s’éteignait entre les bras d’une mère païenne, et les Anges ont ouvert leurs rangs pour recevoir cet heureux transfuge. A la vue de tant de merveilles, que nous reste-t-il à faire, sinon de nous écrier avec le Psalmiste : « Nous qui possédons la vie, bénissons le Seigneur » ?

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Saint Paul de la Croix confesseur

28 Avril 2018 , Rédigé par Ludovicus

Saint Paul de la Croix confesseur

Collecte

Seigneur Jésus-Christ, vous qui avez donné à saint Paul une charité singulière pour prêcher le mystère de ta Croix, et qui avez fait fleurir par lui dans l’Église une nouvelle famille, accordez-nous, par son intercession, qu’entretenant en nous sur la terre le souvenir continuel de votre passion, nous méritions d’en recueillir le fruit dans les cieux.

Épitre

Mes Frères : Le Christ ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour prêcher l’Évangile : non point avec la sagesse de la parole, afin que la Croix du Christ ne soit pas rendue vaine. La parole de la Croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour ceux qui sont sauvés, c’est-à-dire pour nous, elle est la puissance de Dieu. Aussi est-il écrit : Je détruirai la sagesse des sages, et Je réprouverai la prudence des prudents. Où est le sage ? Où est le scribe ? Où est le disputeur de ce siècle ? Dieu n’a-t-Il pas frappé de folie la sagesse de ce monde ? Car parce que le monde, avec sa sagesse, n’a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. En effet, les Juifs demandent des miracles, et les Grecs cherchent la sagesse ; mais nous, nous prêchons le Christ crucifié, scandale pour les Juifs, et folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, soit Juifs, soit Grecs, le Christ puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie en Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse en Dieu est plus fort que les hommes.

Office

Quatrième leçon. Paul de la Croix, originaire d’une noble famille de Castellazzo, près d’Alexandrie, naquit à Uvada en Ligurie. La clarté merveilleuse qui remplit la chambre de sa mère dans la nuit de sa naissance, et l’insigne bienfait de l’auguste Reine du ciel qui le retira sain et sauf, dans son enfance, d’un fleuve où il était tombé et où sa perte semblait certaine, firent connaître quel serait dans l’avenir l’éclat de sa sainteté. Dès qu’il eut l’usage de la raison, brûlant d’amour pour Jésus-Christ crucifié, il commença à s’adonner longuement à la contemplation des souffrances du Sauveur, et à soumettre sa chair innocente par des veilles, des disciplines, des jeûnes et d’autres dures pénitences, ne buvant le vendredi que du vinaigre mélangé de fiel. Enflammé du désir du martyre, il se joignit à l’armée qui s’assemblait à Venise pour combattre les Turcs ; mais ayant connu dans la prière la volonté de Dieu, il laissa aussitôt les armes, car il devait consacrer ses soins à former une milice plus excellente, qui travaillerait de toutes ses forces à défendre l’Église, et à procurer aux hommes le salut éternel. De retour dans sa patrie, il refusa une alliance très honorable et l’héritage d’un oncle qui lui étaient offerts. Il voulut entrer dans la voie étroite, et être revêtu par son Évêque d’une tunique grossière. Alors, sur l’ordre de ce Prélat, que frappaient l’éminente sainteté de sa vie et sa science des choses divines, il se mit, bien qu’il ne fût pas encore clerc, à cultiver le champ du Seigneur par la prédication de la parole de Dieu, au grand profit des âmes.

Cinquième leçon. Paul se rendit à Rome, où il se pénétra de la science théologique ; le souverain Pontife Benoît XIII l’éleva au sacerdoce, dignité qu’il reçut par obéissance. Ayant obtenu du même Pontife la permission de réunir des compagnons, il se retira dans la solitude du mont Argentaro, que la bienheureuse Vierge lui avait désignée depuis longtemps déjà, lui montrant en même temps un habit de couleur noire, orné des insignes de la passion de son Fils. Ce fut en ce lieu qu’il jeta les fondements de la nouvelle congrégation, prodiguant pour elle ses travaux et ses peines. Il vit bientôt des hommes d’élite grossir ses rangs, et, avec la bénédiction divine, elle prit un grand développement ; elle fut confirmée plus d’une fois par le siège apostolique, avec les règles que le Saint avait reçues de Dieu dans la prière, et le quatrième vœu de propager le souvenir béni de la passion du Seigneur. Il institua aussi des religieuses consacrées à méditer l’excès d’amour de l’Époux divin. Parmi tous ces soins, Paul ne cessait de prêcher l’Évangile avec un zèle avide du salut des âmes ; il amena dans la voie du salut un nombre d’hommes presque incalculable, parmi lesquels plusieurs grands scélérats et des hérésiarques. La puissance de sa parole était merveilleuse, surtout lorsqu’il faisait le récit de la passion du Christ ; versant lui-même une grande abondance de larmes et arrachant aussi des pleurs aux assistants, il brisait les cœurs endurcis des pécheurs, et les portait à la pénitence.

Sixième leçon. Une vive flamme d’amour divin avait fait son foyer dans sa poitrine, au point que la partie de son vêtement la plus voisine du cœur parut souvent comme brûlée par le feu, et que deux de ses côtes se soulevèrent. Il ne pouvait arrêter ses larmes quand il offrait le saint Sacrifice ; on le voyait fréquemment en extase, parfois le corps élevé de terre et le visage rayonnant d’une lumière surnaturelle. Pendant qu’il prêchait, il arriva qu’on entendît une voix du ciel lui suggérant ses paroles, ou encore que son sermon retentissait à plusieurs milles de distance. Il brilla par le don de prophétie, le don des langues, celui de pénétration des cœurs, comme aussi par son pouvoir sur les démons, les maladies et les éléments. Tandis qu’il était l’objet de l’affection et de la vénération des souverains Pontifes eux-mêmes, il se jugeait un serviteur inutile, le plus misérable des pécheurs, digne d’être foulé aux pieds par les démons. Enfin, ayant persévéré avec une fidélité inviolable, jusqu’à une extrême vieillesse, dans son genre de vie très austère, il donna à ses disciples d’admirables avis, comme pour leur transmettre son esprit en héritage ; réconforté par les sacrements de l’Église et par une vision céleste, il passa de la terre au ciel, à Rome, l’an mil sept cent soixante-quinze, au jour qu’il avait prédit. Le souverain Pontife Pie IX l’a inscrit au nombre des Bienheureux, puis parmi les Saints, à cause des nouveaux et éclatants miracles dus à son intercession

 

Resplendissant du signe sacré de la Passion, Paul de la Croix fait aujourd’hui cortège au vainqueur de la mort. « Il fallait que le Christ souffrît, et qu’il entrât ainsi dans sa gloire. » Il faut que le Chrétien, membre du Christ, suive son Chef à la souffrance, pour l'accompagner au triomphe. Paul, dès son enfance, a sondé l’ineffable mystère des souffrances d’un Dieu ; il s’est épris pour la Croix d’un immense amour, il s’est élancé à pas de géant dans cette voie royale ; et c’est ainsi qu’à la suite du Chef il a traversé le torrent, et qu’enseveli avec lui dans la mort, il est devenu participant des gloires de sa Résurrection.

La diminution des vérités par les enfants des hommes semblait avoir tari la source des Saints, quand l’Italie, toujours féconde dans sa foi toujours vive, donna naissance au héros chrétien qui devait projeter sur la froide nuit du XVIIIe siècle le rayonnement de la sainteté d’un autre âge. Dieu ne manque jamais à son Église. Au siècle de révolte et de sensualisme qui couvre du nom de philosophie ses tristes aberrations, il opposera la Croix de son Fils. Rappelant par son nom et ses œuvres le grand Apôtre des Gentils, un nouveau Paul surgira de cette génération enivrée de mensonge et d’orgueil, pour qui la Croix est redevenue scandale et folie. Faible, pauvre, méconnu longtemps, seul contre tous, mais le cœur débordant d’abnégation, de dévouement et d’amour, il ira, cet apôtre, avec la prétention de confondre, lui aussi, la sagesse des sages et la prudence des prudents ; dans la grossièreté d’un habit étrange pour la mollesse du siècle, nu-pieds, la tête couronnée d’épines, les épaules chargées d’une lourde croix, il parcourra les villes, il se présentera devant les puissants et les faibles, estimant ne savoir autre chose que Jésus et Jésus crucifié. Et la Croix dans ses mains, fécondant son zèle, apparaîtra comme la force et la sagesse de Dieu. Qu’ils triomphent, ceux qui prétendent avoir banni le miracle de l’histoire et le surnaturel de la vie des peuples ; ils ne savent pas qu’à cette heure même, d’étonnants prodiges, des miracles sans nombre, soumettent des populations entières à la voix de cet homme, qui, par la destruction complète du péché dans sa personne, a reconquis le primitif empire d’Adam sur la nature et semble jouir déjà, dans sa chair mortelle, des qualités des corps ressuscites.

Mais l’apostolat de la Croix ne doit pas finir avec Paul. A la vieillesse d’un monde décrépit ne suffisent plus les ressources anciennes. Nous sommes loin des temps où la délicatesse exquise du sentiment chrétien était surabondamment touchée par le spectacle de la Croix sous les fleurs, telle que la peignait aux Catacombes un suave et respectueux amour. L’humanité a besoin qu’à ses sens émoussés par tant d’émotions malsaines, quelqu’un soit maintenant chargé d’offrir sans cesse, comme réactif suprême, les larmes, le sang, les plaies béantes du divin Rédempteur. Paul de la Croix a reçu d’en haut la mission de répondre à ce besoin des derniers temps ; au prix d’indicibles souffrances, il devient le père d’une nouvelle famille religieuse qui ajoute aux trois vœux ordinaires celui de propager la dévotion à la Passion du Sauveur, et dont chaque membre en porte ostensiblement le signe sacré sur la poitrine.

N’oublions pas toutefois qu’elle-même la Passion du Sauveur n’est que la préparation pour l’âme chrétienne au grand mystère de la Pâque, terme radieux des manifestations du Verbe, but suprême des élus, sans l’intelligence et l’amour duquel la piété reste incomplète et découronnée. L’Esprit-Saint, qui conduit l’Église dans l’admirable progression de son Année liturgique, n’a pas d’autre direction pour les âmes qui s’abandonnent pleinement à la divine liberté de son action sanctificatrice. Du sommet sanglant du Calvaire où il voudrait clouer tout son être, Paul de la Croix est emporté maintes fois dans les hauteurs divines où il entend ces paroles mystérieuses qu’une bouche humaine ne saurait dire ; il assiste au triomphe de ce Fils de l’homme qui, après avoir vécu de la vie mortelle et passé par la mort, vit aujourd’hui dans les siècles des siècles ; il voit sur le trône de Dieu l’Agneau immolé, devenu le foyer des splendeurs des cieux et de cette vue sublime des célestes réalités il rapporte sur terre l’enthousiasme divin, l’enivrement d’amour qui, au milieu des plus effrayantes austérités, donne à toute sa personne un charme incomparable. « Ne craignez pas, dit-il à ses enfants terrifiés par les attaques furieuses des démons ; n’ayez pas peur, et dites bien haut : Alléluia ! Le diable a peur de l’Alléluia ; c’est une parole venue du Paradis. » Au spectacle de la nature renaissant avec son Seigneur en ces jours du printemps, au chant harmonieux des oiseaux célébrant sa victoire, à la vue des fleurs naissant sous les pas du divin Ressuscité, il n’y tient plus ; suffoquant de poésie et d’amour, et ne pouvant modérer ses transports, il gourmande les fleurs, il les touche de son bâton, en disant : « Taisez-vous ! Taisez-vous ! » — « A qui appartiennent ces campagnes ? dit-il un jour à son compagnon de route... A qui appartiennent ces campagnes ? Vous dis-je. Ah ! Vous ne comprenez pas ?... Elles appartiennent à notre grand Dieu ! » Et, transporté d’amour, raconte son biographe, il vole en l’air jusqu’à une certaine distance. « Mes frères, aimez Dieu ! répète-t-il à tous ceux qu’il rencontre, aimez Dieu qui mérite tant d’être aime ! N’entendez-vous pas les feuilles mêmes des arbres qui vous disent d’aimer Dieu ? O amour de Dieu ! ô amour de Dieu ! »

Nous nous laissons aller aux charmes d’une sainteté si suave et si forte à la fois ; attrait divin que n’inspirèrent jamais les disciples d’une spiritualité faussée, trop en vogue dans le dernier siècle auprès des meilleurs. Sous prétexte de dompter la nature mauvaise et d’éviter des écarts possibles, on vit les nouveaux docteurs, alliés inconscients du jansénisme, enserrer l’âme dans les liens d’une régularité contrainte, abattre son essor, la discipliner, la refaire à leur façon dans un moule uniforme, et, par des règles savamment déduites, déterminer avec précision les contours de la sphère où tous enfin marcheraient d’un pas égal, et, sous une direction logique, atteindraient sûrement la perfection de la sainteté. Mais c’est le divin Esprit, l’Esprit de sainteté qui seul fait les Saints, et cet Esprit d’amour est libre par essence. Il s’accommode peu du moule et des méthodes humaines : il souffle où il veut et quand il veut ; mais on ne sait d’où il vient, ni où il va. Ainsi en est-il de celui qui est né de l’Esprit, nous dit le Seigneur. L’Esprit a élu Paul dès sa première enfance ; il le saisit dans toute l’expansion de sa riche nature, ne détruit rien, sanctifie tout, et par la grâce décuplant son essor, il le produit sur les modèles antiques, toujours ardent, toujours aimable, et saint plus que personne, en face des chétifs produits d’une école dont les procédés corrects ont pour résultat le plus ordinaire d’user péniblement l’âme sur elle-même, dans les stériles efforts d’une ascèse impuissante.

Vous n’avez eu qu’une pensée, ô Paul : retiré dans les trous de la pierre, qui sont les plaies sacrées du Sauveur, vous eussiez voulu amener tous les hommes à ces sources divines où s’abreuve le vrai peuple élu dans le désert de la vie. Heureux ceux qui purent entendre votre parole toujours victorieuse, et la mettant à profit, se sauver par la Croix du milieu d’une génération perverse ! Mais en dépit de votre zèle d’apôtre, elle ne pouvait, cette parole, retentir à la fois sur tous les rivages ; et là où vous n’étiez pas, le mal débordait sur le monde. Préparé de longue main par la fausse science et la fausse piété, la défiance contre Rome et la corruption des grands, le siècle où devait sombrer la vieille société chrétienne s’abandonnait aux docteurs de mensonge, et avançait toujours plus vers son terme fatal. Votre œil, éclairé d’en haut, pénétrait l’avenir et voyait le gouffre où, pris de vertige, peuples et rois s’abîmaient ensemble. Battu par la tempête, le successeur de Pierre, le pilote du monde, impuissant à prévenir l’orage, cherchait par quels efforts, au prix de quel sacrifice il contiendrait au moins un temps les flots déchaînés. O vous, l’ami des Pontifes et leur soutien dans ces tristes jours, témoin et confident des amertumes du Christ en son vicaire, de quelles angoisses suprêmes votre cœur n’eut-il pas le mortel secret ? Et quelles n’étaient pas vos pensées, en léguant, près de mourir, l’image vénérée de la Vierge des douleurs à celui des Pontifes qui devait boire jusqu’à la lie le calice d’amertume et mourir captif dans une terre étrangère ? Vous promîtes alors de reporter sur l’Église, du haut du ciel, cette compassion tendre et effective qui vous identifiait sur la terre à son Époux souffrant. Tenez votre promesse, ô Paul de la Croix ! En ce siècle de désagrégation sociale, qui n’a pas su réparer les crimes du précédent, ni s’instruire aux leçons du malheur, voyez l’Église opprimée de toutes parts, la force aux mains des persécuteurs, le vicaire du Christ prisonnier dans son palais, vivant d’aumônes. L’Épouse n’a d’autre lit que la croix de l’Époux ; elle vit du souvenir de ses souffrances. L’Esprit-Saint qui la garde et la prépare à l’appel suprême, vous a suscité, ô Paul, pour raviver sans cesse désormais ce souvenir qui doit la fortifier dans les angoisses des derniers jours.

Vos enfants continuent votre œuvre ici-bas ; répandus par le monde, ils gardent fidèlement l’esprit de leur père. Ils ont pris pied sur le sol d’Angleterre où les voyait d’avance votre esprit prophétique ; et ce royaume pour lequel vous avez tant prié se dégage peu à peu, sous leur douce influence, des liens du schisme et de l’hérésie. Bénissez leur apostolat ; qu’ils croissent et se multiplient dans la proportion toujours croissante des besoins de ces temps malheureux ; que jamais leur zèle ne fasse défaut à l’Église, la sainteté de leur vie à la gloire de leur père.

Pour vous, ô Paul, fidèle au divin Crucifié dans ses abaissements, vous l’avez trouvé fidèle aussi dans sa Résurrection triomphante ; caché dans les enfoncements du rocher mystérieux au temps de son obscurité volontaire, quelle splendeur est la vôtre, aujourd’hui que du sommet des collines éternelles, cette pierre divine, qui est le Christ, illumine de ses rayons vainqueurs la terre entière et l’étendue des cieux ! Éclairez-nous, protégez-nous du sein de cette gloire. Nous rendons grâces à Dieu pour vos triomphes. Faites en retour que nous aussi soyons fidèles à l’étendard de la Croix, afin de resplendir comme vous dans sa lumière, quand paraîtra au ciel ce signe du Fils de l’homme, au jour où il viendra juger les nations. Apôtre de la Croix, initiez-nous en ces jours au mystère de la Pâque si intimement uni au mystère sanglant du Calvaire : celui-là seul comprend la victoire qui fut au combat ; seul il partage le triomphe.

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Saint Pierre Canisius confesseur et docteur

27 Avril 2018 , Rédigé par Ludovicus

Saint Pierre Canisius confesseur et docteur

Collecte

O Dieu qui, pour la défense de la foi catholique, avez armé de force et de science le Bienheureux Pierre, votre Confesseur, daignez faire que ses exemples et ses avis ramènent les égarés dans la voie du salut et maintiennent les fidèles dans la confession de la vérité.

Au deuxième nocturne. Pierre Canisius naquit à Nimègue en Gueldre, l’année même où, en Allemagne, Luther brisait avec l’Église par une révolte ouverte, tandis qu’en Espagne, Ignace de Loyola abandonnait la milice terrestre et se consacrait à soutenir les combats du Seigneur : Dieu voulant sans doute annoncer par cette double coïncidence quels seraient dans la suite ses adversaires et sous quel chef il s’enrôlerait dans la sainte milice. A Cologne où l’avaient amené ses études, Pierre se lia à Dieu par le vœu de chasteté perpétuelle et s’enrôla, peu après, dans la Compagnie de Jésus. Revêtu du sacerdoce, il entreprit aussitôt, par ses missions, ses sermons et ses écrits, de défendre la foi catholique contre les attaques perfides des novateurs. Par deux fois il prit part au Concile de Trente où le désiraient vivement, à cause de sa rare sagesse et de son expérience des affaires, le Cardinal d’Augsbourg et les Pontifes Légats. De plus, sur l’autorité du Souverain Pontife Pie IV, il s’employa à en faire publier et appliquer comme il convenait les décrets en Allemagne. Envoyé par Paul IV au synode de Petrikan et chargé d’autres missions par Grégoire XIII, il y traita des plus graves affaires de la Religion avec un courage toujours ardent qu’aucune difficulté ne put abattre, et, à travers toutes les circonstances critiques de l’époque, les conduisit à une heureuse fin.

Quatrième leçon. On peut à peine exprimer combien, durant plus de quarante ans, embrasé du feu de la divine charité que jadis, dans la basilique vaticane, il avait abondamment puisé au plus profond du Cœur de Jésus, et uniquement voué à l’augmentation de la gloire divine, le Bienheureux accomplit de travaux et endura de souffrances, soit pour préserver un grand nombre de villes et provinces d’Allemagne de la contagion de l’hérésie, soit pour les ramener à la foi lorsqu’elles s’en trouvaient infectées. Aux diètes de Ratisbonne et d’Augsbourg il sut animer les chefs de l’Empire à la défense des droits de l’Église et à la correction des mœurs populaires. En celle de Worms il réduisit au silence l’orgueil et l’impiété des magistrats de cette ville. Préposé par saint Ignace à la Province d’Allemagne il fonda en beaucoup de lieux des résidences ; et des collèges de la Compagnie, apporta tous ses soins à promouvoir et développer le Collège germanique fondé à Rome, remit en honneur ; dans les académies l’étude des sciences sacrées et des humanités regrettablement négligées ; écrivit deux livres admirables contre les Centuriateurs de Magdebourg, enfin composa une somme de doctrine chrétienne universellement et hautement approuvée tant par le jugement des théologiens que par l’usage public de trois siècles, et publia en langue vulgaire pour l’instruction du peuple de nombreux et très utiles ouvrages. Tant de services, qui valurent au Bienheureux-le nom de marteau des hérétiques et de nouvel apôtre de la Germanie, le firent à juste titre regarder comme suscité par Dieu pour être le défenseur de la religion en Allemagne.

Cinquième leçon. Au milieu de tant de travaux Pierre Canisius entretenait avec Dieu une union habituelle par de fréquentes prières, et la méditation assidue des choses surnaturelles, souvent inondé de larmes et parfois ravi en extase. Tenu en grande estime par les personnages les plus importants ou les plus renommés pour leur piété, grandement honoré par quatre Souverains Pontifes, il avait de si bas sentiments de lui-même qu’il se disait et se croyait le dernier de tous. Il refusa à trois reprises l’évêché de Vienne. D’une obéissance admirable envers ses supérieurs, on le voyait prêt, au moindre signe de leur part, à tout abandonner ou entreprendre, même au péril de sa santé et de sa vie. Les rigueurs volontaires qu’il exerçait contre lui-même furent sans cesse les protectrices de sa chasteté. Enfin le Bienheureux, âgé de soixante dix-sept ans et se trouvant à Fribourg en Suisse où il avait passé les dernières années de sa vie à s’épuiser pour la gloire divine et le salut des âmes, s’en alla vers Dieu le onze décembre quinze cent quatre-vingt dix-sept. Le Pape Pie IX a élevé aux honneurs de la béatification ce vaillant champion de la vérité catholique ; et, de nouveaux miracles l’ayant rendu illustre, le Souverain Pontife Pie XI, en l’année jubilaire, l’inscrivit au nombre des Saints en même temps qu’il le déclarait Docteur de l’Église universelle.

Sixième leçon.

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Pierre Canisius, Prêtre.

Septième leçon. J’aime et vénère les Apôtres envoyés par le Christ et leurs successeurs, si zélés à répandre la semence de l’Évangile, infatigables propagateurs et coopérateurs de la divine Parole, qui peuvent à juste titre se rendre ce témoignage : Les hommes nous doivent estimer ministres du Christ et dispensateurs des mystères de Dieu. C’est que le Christ, en Père de famille très vigilant et très fidèle, a voulu que, par de tels ministres et de tels envoyés, fût allumé ici-bas au feu venu du ciel, le flambeau évangélique et qu’allumé il ne fût pas placé sous le boisseau mais sur le chandelier, d’où cette lumière répandrait de tous côtés sa splendeur, et triompherait à jamais de toutes les ténèbres et erreurs régnant tant parmi les Juifs que parmi les Gentils.

Huitième leçon. En effet, il ne suffit pas au docteur évangélique d’éclairer les peuples par sa parole, de faire entendre une voix criant dans le désert, d’aider de ses discours beaucoup d’âmes à progresser dans la piété, de peur que s’il omettait la prédication, devoir de son ministère, il ne soit de ces chiens muets incapables d’aboyer que stigmatisa le Prophète. Mais il doit encore être plein de ferveur lui-même, afin que, riche en œuvres et en charité, il fasse honneur à son ministère évangélique et suive les traces de Paul son Maître. Celui-ci, en effet, non content d’adresser à l’évêque d’Éphèse cette recommandation : Avertis et instruis, combats comme un bon soldat du Christ Jésus, évangélisa lui-même constamment amis et ennemis et pouvait dire en bonne conscience aux évêques assemblés à Éphèse : Vous le savez, il n’y a rien d’utile que j’aie négligé de vous annoncer et de vous enseigner tant en public que dans vos maisons, affirmant devant les Juifs et les Gentils la nécessité de la pénitence vis-à-vis de Dieu, et de la foi en notre Seigneur Jésus-Christ.

Neuvième leçon. Tel en effet doit être le Pasteur de l’Église : à l’exemple de saint Paul, qu’il se fasse tout à tous, afin qu’en lui le malade trouve le remède ; l’affligé, la joie ; le désespéré, la confiance ; l’ignorant, l’instruction ; l’indécis, le conseil ; le pécheur repentant, pardon et consolation ; chacun enfin, tout ce qui est nécessaire à son salut. Aussi le Christ lorsqu’il voulut constituer les Chefs de la terre et les Docteurs de l’Église, dans sa sagesse ne se contenta pas de dire à ses disciples : Vous êtes la lumière du monde ; mais ajouta ceci encore : Une ville fondée sur la montagne ne peut demeurer cachée et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau mais sur le chandelier, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Ils se trompent en effet, les ecclésiastiques qui pensent pouvoir satisfaire aux obligations de leur charge, plus par l’éclat de leur science que par la pureté de leur vie et l’ardeur de leur charité.

L’histoire de ce glorieux disciple de saint Ignace est intimement liée à celle de la contre-réforme catholique en Allemagne en face des novateurs protestants ; cela est si vrai que Canisius fut salué comme le nouvel apôtre de l’Allemagne et le marteau de l’hérésie. De fait, incroyable est l’énergie déployée par le Saint pour la défense de la foi durant les quarante années de son apostolat, où il n’épargna ni travaux ni souffrances pour le bien de l’Église. Deux fois il prit part au Concile de Trente ; il fit un nombre incroyable de prédications et de missions, non seulement devant les simples fidèles mais aussi dans les diverses cours princières ; il écrivit maints ouvrages de caractère théologique, polémique et catéchétique, ce qui lui valut de recevoir de Pie XI le titre de docteur de l’Église qui lui fut conféré — et c’est en cela qu’il fut l’objet d’un privilège — au moment même de sa canonisation à Saint-Pierre.

Il écrivit, en réponse aux Centuries de Magdebourg, deux excellents volumes, qui plus tard, grâce à l’intervention de saint Philippe, furent suivis de ceux de Baronius sur les Annales Ecclésiastiques. Le catéchisme de Canisius, adopté par saint Charles pour son diocèse, demeura pendant de longues années le manuel officiel pour l’enseignement de la doctrine chrétienne, et sa popularité en Italie fut à peine surpassée par le catéchisme de Bellarmin.

Saint Pierre Canisius mourut le 21 décembre 1597, et Pie XI a introduit sa fête dans le Missel romain.

 

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Saints Clet et Marcellin papes et martyrs

26 Avril 2018 , Rédigé par Ludovicus

Saints Clet et Marcellin papes et martyrsSaints Clet et Marcellin papes et martyrs

Collecte

Pasteur éternel de l’Église, regardez avec bienveillance votre troupeau, protégez-le et gardez-le toujours. Nous vous le demandons par les bienheureux Papes Clet et Marcellin, vos Martyrs, que vous avez placé comme berger à la tête de l’Église.

Office

Quatrième leçon. Clet, fils d’Émilien, était de Rome, de la cinquième région et du quartier de Patricius. Il gouverna l’Église sous les empereurs Vespasien et Titus. Conformément au précepte du prince des Apôtres, il ordonna vingt-cinq Prêtres pour la ville de Rome. Il est le premier qui, dans ses lettres, se servit de ces mots : Salut et bénédiction apostolique. Il fit d’excellentes organisations dans l’Église, et l’ayant administrée douze ans, sept mois et deux jours, il reçut la couronne du martyre sous l’empereur Domitien, dans la persécution qui est la seconde après celle de Néron ; il fut enseveli au Vatican, près du corps du bienheureux Pierre.

Cinquième leçon. Marcellin était romain, et gouverna l’Église, de l’an deux cent quatre-vingt-seize à l’an trois cent quatre, pendant la terrible persécution de l’empereur Dioclétien. Il eut à souffrir de nombreuses vexations, par suite de l’injuste sévérité de ceux qui lui reprochaient sa grande indulgence envers les fidèles tombés dans l’idolâtrie, et c’est à cause de cela qu’il fut calomnieusement diffamé, comme ayant offert de l’encens aux idoles. Ce bienheureux Pontife subit la peine capitale pour la confession de la foi avec trois autres Chrétiens : Claudius, Cyrinus et Antoninus. Leurs corps, laissés sans sépulture, devaient en être privés durant trente-six jours, par ordre de l’empereur ; mais le bienheureux Marcel, averti en songe par saint Pierre, prit soin de les inhumer honorablement dans le cimetière de Priscille, sur la voie Salaria ; il était accompagné de Prêtres et de Diacres qui portaient des flambeaux et chantaient des hymnes. Saint Marcellin avait gouverné l’Église pendant sept ans, onze mois et vingt-trois jours, et pendant ce temps, i ! fit au mois de décembre deux ordinations, dans lesquelles il ordonna quatre Prêtres et sacra cinq Évêques pour divers lieux.

Deux astres jumeaux se lèvent aujourd’hui sur le Cycle, à la gloire de Jésus vainqueur de la mort. Pour la seconde fois, ce sont deux Pontifes, et deux Pontifes martyrs. Clet, disciple de Pierre, et son successeur presque immédiat sur la chaire romaine, nous reporte à l’origine de l’Église ; Marcellin a vu les jours de la grande persécution de Dioclétien, à la veille du triomphe de la Croix. Inclinons-nous devant ces deux pères de la chrétienté qui l’ont nourrie de leur sang, et présentons leurs mérites à Jésus qui les a soutenus par sa grâce, et leur a donné la confiance qu’un jour ils auraient part à sa résurrection.

On trouve dans le récit de la vie de saint Marcellin un fait qui a été rejeté comme une fable par de savants critiques, et défendu par d’autres non moins érudits. Il est rapporté que le saint Pape fléchit un moment devant les persécuteurs, et qu’il eut la faiblesse d’offrir de l’encens aux idoles. Plus tard, il aurait réparé sa faute dans une nouvelle et courageuse confession qui lui assura la couronne du martyre. Notre plan ne comporte pas les discussions critiques ; nous ne chercherons donc pas à éclaircir ce point d’histoire ; il nous suffit que tout le monde soit d’accord sur le martyre du saint Pape. A l’époque où furent rédigées les Légendes du Bréviaire, on ne doutait pas de la chute de Marcellin, et elle ne fut point omise au récit de la vie du Pontife ; dans la suite, ce fait a été attaqué par des arguments qui ne manquent pas de force ; l’Église cependant n’a jugé que très tard à propos de modifier la rédaction première, et avec d’autant plus de raison que les faits de cette nature n’intéressent en rien la foi. Il n’est pas besoin, sans doute, d’avertir le lecteur que la chute de Marcellin, si elle a eu lieu, ne compromet en rien l’infaillibilité du Pontife romain. Le Pape ne peut enseigner l’erreur quand il s’adresse à l’Église ; mais il n’est pas impeccable dans sa conduite personnelle.

Priez pour nous, saints Pontifes, et jetez un regard paternel sur l’Église de la terre qui fut si agitée en vos temps, et qui est si loin de jouir du calme en ceux où nous vivons. Le culte des idoles a reparu, et si elles ne sont pas aujourd’hui de pierre ou de métal, la violence de ceux qui les adorent n’est pas moindre que celle dont étaient animés les païens des premiers siècles. Les dieux et les déesses devant lesquels on veut voir le monde entier se prosterner, on les appelle Liberté, Progrès, Civilisation moderne. Pour établir le culte de ces nouvelles divinités, on décrète la persécution contre ceux qui refusent de les adorer, on renverse la constitution chrétienne des États, on altère les principes de l’éducation de l’enfance, on rompt l’équilibre des éléments sociaux, et un grand nombre de fidèles sont entraînés par l’attrait de ces nouveautés funestes. Préservez-nous de cette séduction, bienheureux martyrs ! Ce n’est pas en vainque Jésus a souffert ici-bas et qu’il est ressuscité d’entre les morts. Sa royauté était à ce prix ; mais nul n’échappe à son sceptre souverain. C’est afin de lui obéir que nous ne voulons d’autre Liberté que celle qu’il a fondée par son Évangile, d’autre Progrès que celui qui s’accomplit dans la voie qu’il a tracée, d’autre Civilisation que celle qui résulte de l’accomplissement des devoirs qu’il a établis entre les hommes. C’est lui qui a créé l’humanité, qui en a posé les lois et les conditions ; c’est lui qui l’a rachetée et rétablie sur ses bases. Devant lui seul nous fléchissons le genou ; ne permettez pas, bienheureux martyrs, que jamais nous ayons le malheur de nous abaisser devant les rêves de l’orgueil humain, quand bien même ceux qui les exploitent auraient la force matérielle à leur service.

 

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Saint Marc évangéliste Rogations

25 Avril 2018 , Rédigé par Ludovicus

Saint Marc évangéliste Rogations

Lecture Ez. 1, 10-14

Voici l’apparence des visages des quatre animaux : ils avaient tous les quatre une face d’homme, une face de lion à leur droite, et une face de boeuf à leur gauche, et une face d’aigle au-dessus d’eux quatre. Leurs faces et leurs ailes s’étendaient en haut ; deux de leurs ailes se joignaient, et deux couvraient leurs corps. Chacun d’eux marchait devant soi ; ils allaient où l’Esprit les poussait, et ils ne se retournaient point en marchant. Et l’aspect des animaux ressemblait à celui de charbons de feu ardents et à celui de lampes allumées. On voyait courir au milieu des animaux des flammes de feu, et de ce feu sortaient des éclairs. Et les animaux allaient et revenaient comme des éclairs flamboyants.

Évangile Lc. 10, 1-9

En ce temps-là : le Seigneur désigna encore soixante-dix autres disciples, et il les envoya devant lui, deux à deux, en toute ville et endroit où lui-même devait aller. Il leur disait : La moisson est grande, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. Allez : voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni besace, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. En quelque maison que vous entriez, dites d’abord : "Paix à cette maison !" Et s’il y a là un fils de paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Demeurez dans cette maison, mangeant et buvant de ce qu’il y aura chez eux, car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Et en quelque ville que vous entriez et qu’on vous reçoive, mangez ce qui vous sera servi ; guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : "Le royaume de Dieu est proche de vous."

Secrète

Vous apportant nos offrandes en la solennité du bienheureux Marc, votre Évangéliste, nous vous prions, Seigneur : de même qu’il mérita la gloire par la prédication de l’Évangile : puissions-nous, par son intercession, vous devenir agréables, nous aussi, et par nos paroles, et par nos actes.

Au premier nocturne.

Commencement du livre du Prophète Ézéchiel. Cap. 1, 1-12.

Première leçon. Or il arriva en la trentième année, au quatrième mois, au cinquième jour du mois, que lorsque j’étais au milieu des captifs, près du fleuve de Chobar, les cieux furent ouverts 1, et je vis les visions de Dieu. Le cinquième du mois, c’est la cinquième année de la transmigration du roi Joachim, la parole du Seigneur fut adressée à Ézéchiel, le prêtre, fils de Buzi, dans la terre des Chaldéens, près du fleuve de Chobar, et là fut sur lui la main du Seigneur2. Et je vis, et voilà qu’un vent3 de tourbillon venait de l’aquilon ; et une grande nuée, et un feu tournoyant, et une lumière éclatante tout autour, et du milieu, c’est-à-dire du milieu du feu, brillait comme un éclat de vermeil.

Deuxième leçon. Et au milieu du feu la ressemblance de quatre animaux, et voici leur aspect : la ressemblance d’un homme. Chacun d’eux avait quatre faces, et chacun d’eux quatre ailes. Leurs pieds étaient droits, et la plante de leurs pieds comme la plante du pied d’un veau, et il sortait d’eux des étincelles ayant l’apparence de l’airain le plus brillant. Et des mains d’hommes étaient sous leurs ailes aux quatre côtés ; et ils avaient des faces et des ailes aux quatre côtés. Et les ailes de l’un étaient jointes à celles de l’autre ; ils ne se retournaient pas lorsqu’ils marchaient ; mais chacun d’eux allait devant sa face.

Troisième leçon. Quant à la ressemblance de leur visage, c’était une face d’homme et une face de lion, à la droite des quatre, mais une face de bœuf à la gauche des quatre, et une face d’aigle au-dessus des quatre. Leurs faces et leurs ailes s’étendaient en haut : ils se tenaient l’un l’autre par deux de leurs ailes, et ils couvraient leur corps par les deux autres. Et chacun d’eux marchait devant sa face ; là où était l’impétuosité de l’esprit, là ils allaient ; et ils ne se retournaient pas lorsqu’ils marchaient.

Au deuxième nocturne.

Du livre de saint Jérôme, Prêtre, des Écrivains ecclésiastiques.

Quatrième leçon. Marc, disciple et interprète de Pierre, appelé à Rome par ses frères, écrivit un court Évangile, d’après ce qu’il avait entendu rapporter par Pierre. Celui-ci en ayant écouté [la lecture], l’approuva, et le donna, par son autorité, pour être lu dans l’Église. Prenant l’Évangile qu’il avait composé, Marc partit pour l’Égypte, et, le premier, annonça le Christ à Alexandrie, où il établit une Église. Telle était sa doctrine et la pureté de sa vie, qu’il amenait tous les Chrétiens à suivre son exemple.

Cinquième leçon. Philon, l’un des Juifs les plus éloquents de son temps, voyant l’Église naissante d’Alexandrie encore judaïsante, écrivit, comme à l’éloge de sa nation, un livre sur la vie de ces premiers Chrétiens. Et, à l’imitation de saint Luc, qui rapporte que les fidèles de Jérusalem mettaient tout en commun, Philon, qui voyait cette coutume observée à Alexandrie, sous la conduite et selon les instructions de Marc, en a transmis le récit à la postérité. Le saint Évangéliste mourut la huitième année du règne de Néron, et fut enseveli à Alexandrie. Anianus lui succéda.

De l’Exposition de saint Grégoire, Pape, sur le Prophète Ézéchiel.

Sixième leçon. Les quatre animaux sacrés qu’Ézéchiel voit dans l’avenir par un esprit prophétique, voici comment il les dépeint dans son mystérieux langage : « Chacun d’eux avait quatre faces, et chacun d’eux quatre ailes ». Que signifie la face sinon la connaissance, et que veulent dire les ailes sinon le vol ? C’est à la face que l’on reconnaît chacun de nous ; c’est au moyen des ailes que l’oiseau s’élève dans les airs. La face se rapporte donc à la foi et les ailes à la contemplation._C’est à notre foi que le Dieu tout-puissant nous reconnaît pour siens, ainsi qu’il le dit lui-même de ses brebis : « Je suis le bon Pasteur, je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent. » II dit encore : « Je connais ceux que j’ai choisis. » Par la contemplation qui nous élève au-dessus de nous-mêmes, nous sommes comme portés dans les airs.

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Septième leçon. Notre Seigneur et Sauveur nous instruit, mes bien-aimés frères, tantôt par ses paroles, et tantôt par ses œuvres. Ses œuvres elles-mêmes sont des préceptes, et quand il agit, même sans rien dire, il nous apprend ce que nous avons à faire. Voilà donc que le Seigneur envoie ses disciples prêcher ; il les envoie deux à deux, parce qu’il y a deux préceptes de la charité : l’amour de Dieu et l’amour du prochain, et qu’il faut être au moins deux pour qu’il y ait lieu de pratiquer la charité. Car, à proprement parler, on n’exerce pas la chanté envers soi-même ; mais l’amour, pour devenir charité, doit avoir pour objet une autre personne.

Huitième leçon. Voilà donc que le Seigneur envoie ses disciples deux à deux pour prêcher ; il nous fait ainsi tacitement comprendre que celui qui n’a point de charité envers le prochain ne doit en aucune manière se charger du ministère de la prédication. C’est avec raison que le Seigneur dit qu’il a envoyé ses disciples devant lui, dans toutes les villes et tous les lieux (pu il devait venir lui-même. Le Seigneur suit ceux qui l’annoncent. La prédication a lieu d’abord ; et le Seigneur vient établir sa demeure dans nos âmes, quand les paroles de ceux qui nous exhortent l’ont devancé, et qu’ainsi la vérité a été reçue par notre esprit.

Neuvième leçon. Voilà pourquoi Isaïe a dit aux mêmes prédicateurs : « Préparez la voie du Seigneur ; rendez droits les sentiers de notre Dieu ». A son tour le Psalmiste dit aux enfants de Dieu : « Faites un chemin à celui qui monte au-dessus du couchant ». Le Seigneur est en effet monté au-dessus du couchant ; car plus il s’est abaissé dans sa passion, plus il a manifesté sa gloire en sa résurrection. Il est vraiment monté au-dessus du couchant : car, en ressuscitant, il a foulé aux pieds la mort qu’il avait endurée. Nous préparons donc le chemin à Celui qui est monté au-dessus du couchant quand nous vous prêchons sa gloire, afin que lui-même, venant ensuite, éclaire vos âmes par sa présence et son amour.

Le Lion évangélique qui assiste devant le trône de Dieu, avec l’Homme, le Taureau et l’Aigle, se montre aujourd’hui sur le Cycle. Ce jour a vu Marc s’élancer de la terre au ciel, le front ceint de la triple auréole de l’Évangéliste, de l’Apôtre et du Martyr.

De même que les quatre grands Prophètes, Isaïe. Jérémie, Ézéchiel et Daniel, résument en eux la prédiction en Israël ; ainsi Dieu voulait que la nouvelle Alliance reposât sur quatre textes augustes, destinés à révéler au monde la vie et la doctrine de son Fils incarné. Les quatre Évangiles, nous disent les anciens Pères, sont les quatre fleuves qui arrosaient le jardin des délices, et ce jardin était la figure de l’Église à venir. Le premier des quatre oracles de la nouvelle Alliance est Matthieu, qui avant tout autre initia les hommes a la vie et à la doctrine de Jésus : nous verrons poindre son astre en septembre ; le second est Marc, qui nous illumine aujourd’hui ; le troisième est Luc, dont nous attendrons le lever jusqu’en octobre ; le quatrième est Jean, que nous avons connu près de la crèche de l’Emmanuel en Bethléhem. Arrêtons-nous à contempler les grandeurs du second.

Marc est le disciple chéri de Pierre, le brillant satellite du Soleil de l’Église. Son Évangile a été écrit à Rome, sous les yeux du Prince des Apôtres. Le récit de Matthieu avait déjà cours dans l’Église ; mais les fidèles de Rome désiraient y joindre la narration personnelle de leur Apôtre. Pierre ne consent pas à écrire lui-même ; il engage son disciple à prendre la plume, et l’Esprit-Saint conduit la main du nouvel Évangéliste. Marc s’attache à la narration de Matthieu ; il l’abrège, mais en même temps il la complète. Un mot, un trait de développement, viennent attester à chaque page que Pierre, témoin et auditeur de tout, a suivi de près le travail de son disciple. Mais le nouvel Évangéliste passera-t-il sous silence ou cherchera-t-il à atténuer la faute de son maître ? Loin de là ; l’Évangile de Marc sera plus dur que celui de Matthieu dans le récit du reniement de Pierre. On sent que les larmes amères provoquées par le regard de Jésus dans la maison de Caïphe, n’ont pas encore cessé de couler. Le travail de Marc étant terminé, Pierre le reconnut et l’approuva, les Églises accueillirent avec transportée second récit des mystères du salut du monde, et le nom de Marc devint célèbre par toute la terre.

Matthieu, qui ouvre son Évangile par la généalogie humaine du Fils de Dieu, avait réalise le type céleste de l’Homme ; Marc remplit celui du Lion ; car il débute par le récit de la prédication de Jean-Baptiste, rappelant que le rôle de ce Précurseur du Messie avait été annoncé par Isaïe, quand il avait parlé de la Voix de celui qui crie dans le désert ; voix du lion qui ébranle les solitudes par ses rugissements.

La carrière d’Apôtre s’ouvrit devant Marc lorsqu’il eut écrit son Évangile. Pierre le dirigea d’abord sur Aquilée, où il fonda une insigne Église ; mais c’était trop peu pour un Évangéliste. Le moment était venu où l’Égypte, la mère de toutes les erreurs, devait recevoir la vérité, où la superbe et tumultueuse Alexandrie allait voir s’élever dans ses murs la seconde Église de la chrétienté, le second siège de Pierre. Marc fut destiné par son maître à ce grand œuvre. Par sa prédication, la doctrine du salut germa, fleurit et produisit le bon grain sur cette terre la plus infidèle de toutes ; et l’autorité de Pierre se dessina dès lors, quoique à des degrés différents, dans les trois grandes cités de l’Empire : Rome, Alexandrie et Antioche.

Sous l’inspiration de Marc, la vie monastique préluda à ses saintes destinées, dans Alexandrie même, par l’institution chrétienne des Thérapeutes. L’intelligence de la vérité révélée prépara de bonne heure, dans ce grand centre des études humaines, les éléments de la brillante école chrétienne qui commença d’y fleurir dès le second siècle. Tels furent les effets de l’influence du disciple de Pierre dans la seconde Église du monde.

Mais la gloire de Marc fût restée incomplète, si l’auréole du martyre ne fût pas venue la couronner. Les succès de la prédication du saint Évangéliste ameutèrent contre lui les fureurs de l’antique superstition égyptienne. Dans une fête de Sérapis, Marc fut maltraité par les idolâtres, et on le jeta dans un cachot. Ce fut là que le Seigneur ressuscité, dont il avait raconté la vie et les œuvres divines, lui apparut la nuit, et lui dit ces paroles célèbres qui sont la devise de l’antique république de Venise : « Paix soit avec toi, Marc, mon Évangéliste ! » A quoi le disciple ému répondit : « Seigneur ! » Sa joie et son amour ne trouvèrent pas d’autres paroles. Ainsi Madeleine, au matin de Pâques, avait gardé le silence après ce cri du cœur : « Cher Maître ! » Le lendemain, Marc fut immolé par les païens ; mais il avait rempli sa mission sur la terre, et le ciel s’ouvrait au Lion, qui allait occuper au pied du trône de l’Ancien des jours la place d’honneur où le Prophète de Pathmos le contempla dans sublime vision.

Au IXe siècle, l’Église d’Occident s’enrichit de la dépouille mortelle de Marc. Ses restes sacrés fuient transportés à Venise, et sous les auspices du Lion évangélique commencèrent pour cette ville les glorieuses destinées qui ont duré mille ans. La foi en un si grand patron opéra des merveilles dans ces îlots et ces lagunes d’où s’éleva bientôt une cite aussi puissante que magnifique. L’art byzantin construisit l’imposante et somptueuse Église qui fut le palladium de la reine des mers, et la nouvelle république frappa ses monnaies à l’effigie du Lion de saint Marc : heureuse si, plus filiale envers Rome et plus sévère dans ses mœurs, elle n’eût jamais néré de sa gravité antique, ni de la foi de ses plus beaux siècles !

 

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A la louange de sa gloire

25 Avril 2018 , Rédigé par Ludovicus

A la louange de sa gloire

Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis dans le Christ de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les cieux!

C'est en Lui qu'il nous a choisis dès avant la création du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant Lui,

nous ayant, dans son amour, prédestinés à être ses fils adoptifs par Jésus-Christ, selon sa libre volonté,

en faisant ainsi éclater la gloire de sa grâce, par laquelle il nous a rendus agréables à ses yeux en son Fils bien-aimé.

C'est en Lui que nous avons la rédemption acquise par son sang, la rémission des péchés, selon la richesse de sa grâce,

que Dieu a répandue abondamment sur nous en toute sagesse et intelligence,

en nous faisant connaître le mystère de sa volonté, selon le libre dessein que s'était proposé sa bonté, pour le réaliser lorsque la plénitude des temps serait accomplie, à savoir, de réunir toutes choses en Jésus-Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre.

C'est aussi en Lui que nous avons été élus, ayant été prédestinés suivant la résolution de celui qui opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté,

pour que nous servions à la louange de sa gloire,

nous qui d'avance avons espéré dans le Christ.

C'est en Lui que vous-mêmes, après avoir entendu la parole de la vérité, L’Évangile de votre salut,

c'est en Lui, que vous avez cru et que vous avez été marqués du sceau du Saint-Esprit, qui avait été promis, et qui est une arrhe de notre héritage,

en attendant la pleine rédemption de ceux que Dieu s'est acquis, à la louange de sa gloire. (Ep 1,3-14)

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Saint Fidèle de Sigmaringen martyr

24 Avril 2018 , Rédigé par Ludovicus

Saint Fidèle de Sigmaringen martyr

Collecte

O Dieu, qui, après avoir embrasé le bienheureux Fidèle d’une ardeur séraphique pour la propagation de la vraie foi, avez daigné le décorer de la palme du martyre et de la gloire des miracles, nous vous supplions par ses mérites et son intercession, de nous affermir tellement, par votre grâce, dans la foi et la charité, que nous méritions d’être trouvés fidèles dans votre service jusqu’à la mort.

Quatrième leçon. Fidèle, né à Sigmaringen, ville de Souabe, de l’honnête famille des Rey, se distingua dès l’enfance par les dons singuliers de la nature et de la grâce dont il était orné. Doué du meilleur naturel et formé au bien, grâce à une excellente éducation, il remporta les palmes au collège de Fribourg pendant ses cours de philosophie et de droit, en même temps qu’à l’école de Jésus-Christ il s’efforçait d’atteindre au sommet de la perfection par la pratique assidue des vertus. Ayant été donné pour compagnon à plusieurs gentilshommes, qui visitaient différentes contrées de l’Europe, il ne cessa de les exciter à la piété chrétienne par ses paroles et ses actions. Il fit plus : durant ce voyage il s’efforça de mortifier par de fréquentes austérités les désirs de la chair, et de se rendre tellement maître de lui-même, que dans les circonstances si diverses où il se trouva, on ne vit jamais en lui aucun mouvement d’impatience. Vaillant défenseur du droit et de la justice, il s’acquit, après son retour en Allemagne, un nom célèbre dans la profession d’avocat. Mais lorsqu’il eut expérimenté les dangers de cette profession, il résolut d’entrer dans une voie conduisant plus sûrement au salut, et éclairé par l’appel d’en haut, il sollicita bientôt son admission dans l’Ordre séraphique, parmi les Frères Mineurs Capucins.

Cinquième leçon. Sa pieuse demande ayant été exaucée, il fit paraître dès le début de son noviciat un grand mépris du monde et de lui-même, et quand il eut prononcé les vœux de sa profession solennelle dans la joie de l’Esprit du Seigneur, il devint davantage encore le modèle et l’admiration de tous, par sa fidélité à l’observance régulière. Adonné principalement à l’oraison et à l’étude des saintes lettres, il excellait aussi dans le ministère de la parole, par l’effet d’une grâce particulière, et il amenait non seulement les catholiques à une vie meilleure, mais encore les hérétiques à la connaissance de la vérité. Mis à la tête de plusieurs couvents de son Ordre, il s’acquitta avec prudence, justice, mansuétude, discrétion et grande humilité, de la charge qui lui était confiée. Ardent zélateur de la plus stricte pauvreté, il retranchait totalement de chaque monastère tout ce qui lui semblait être peu nécessaire. Rempli envers lui-même d’une haine salutaire, il châtiait son corps par des jeûnes austères, des veilles et des disciplines, tandis qu’il montrait à tous un amour semblable à celui d’une mère pour ses enfants. Une fièvre pestilentielle étant venue décimer cruellement les troupes autrichiennes, Fidèle s’appliqua généreusement et assidûment aux devoirs de la charité envers les malades dont les besoins étaient extrêmes. Il réussit si bien à apaiser les dissensions et à subvenir aux nécessités du prochain par ses conseils et ses actions, qu’il mérita d’être appelé le père de la patrie.

Sixième leçon. Extrêmement dévot à la Vierge Mère de Dieu, il se plaisait à réciter le rosaire, et demanda à Dieu, par l’intercession de Marie et celle des autres Saints, la grâce de donner sa vie et de verser son sang pour le service de la foi catholique. Comme cet ardent désir s’enflammait chaque jour davantage durant la célébration du saint Sacrifice, l’admirable providence de Dieu permit que ce courageux athlète du Christ fût choisi pour diriger les missions que la Congrégation de la Propagande venait alors d’établir chez les Grisons. Il reçût d’un cœur joyeux et empressé cette charge difficile, et l’exerça avec tant d’ardeur, qu’ayant réussi à convertir un grand nombre d’hérétiques à la foi orthodoxe, il fit luire l’espérance de voir cette nation entière se réconcilier avec l’Église et avec le Christ. Doué du don de prophétie, il prédit plusieurs fois les malheurs qui menaçaient le pays des Grisons, et la mort que lui feraient subir les hérétiques. Instruit des embûches qu’on lui tendait, après s’être préparé au combat qui lui était réservé, il se rendit, le vingt-quatre avril de l’an mil six cent vingt-deux, à l’église du lieu nommé Sévis : c’est là que des hérétiques qui, la veille, feignaient de se convertir, l’avaient invité insidieusement à prêcher. Son discours ayant été interrompu par un tumulte, Fidèle se vit accabler cruellement de coups et de blessures, et souffrit une mort glorieuse avec un cœur joyeux et magnanime, consacrant ainsi, par son propre sang, les prémices des Martyrs de la Congrégation de la Propagande. De nombreux prodiges et miracles l’ont rendu célèbre, principalement à Coire et à Veldkirch, où ses reliques se conservent et sont l’objet d’une très grande vénération de la part du peuple.

Notre divin Ressuscité tient à avoir autour de sa personne une garde d’honneur de Martyrs. Pour la former, il met à contribution tous les siècles. Ce jour a vu s’ouvrir les rangs de la céleste phalange à un généreux combattant qui avait cueilli sa palme, non en luttant contre le paganisme, comme ceux que nous avons salués déjà à leur passage, mais en défendant sa mère la sainte Église contre des fils révoltés. La main des hérétiques a immolé cette victime triomphale, et le XVIIe siècle a été le théâtre du combat.

Fidèle a rempli toute l’étendue de son nom prédestiné. Jamais un péril ne le vit reculer ; durant toute sa carrière, il n’eut en vue que la gloire et le service de son divin Chef, et quand le moment fut arrivé de marcher au-devant du danger suprême, il avança sans fierté comme sans faiblesse, ainsi qu’il convenait à l’imitateur de Jésus allant à la rencontre de ses ennemis. Honneur au courageux enfant de saint François, digne en tout de son séraphique Patriarche, qui affronta le Sarrasin et fut martyr de désir !

Le protestantisme s’établit et se maintint par le sang, et il a osé se plaindre d’avoir été en butte aux résistances armées des enfants de l’Église. Durant des siècles, il s’est baigné dans le sang de nos frères, dont le seul crime était de vouloir rester fidèles à l’antique foi, à cette foi qui avait civilisé les ancêtres de ses persécuteurs. Il proclamait la liberté en matière de religion, et il immolait des chrétiens qui pensaient dans leur simplicité qu’il devait leur être permis d’user de cette liberté tant vantée, pour croire et pour prier comme on croyait et on priait avant Luther et Calvin. Mais le catholique a tort de compter sur la tolérance des hérétiques. Un instinct fatal entraînera toujours ceux-ci à la violence contre une Église dont la permanence est pour eux un reproche continuel de l’avoir quittée. Ils chercheront d’abord à l’anéantir dans ses membres, et si la lassitude des combats à outrance amène à la fin un certain calme, la même haine s’exercera en essayant d’asservir ceux qu’elle n’ose plus immoler, en insultant et calomniant ceux qu’elle n’a pu exterminer. L’histoire de l’Europe protestante, depuis trois siècles, justifie ce que nous avançons ici ; mais nous devons appeler heureux ceux de nos frères qui, en si grand nombre, ont rendu à la foi romaine le témoignage de leur sang.

Vous avez accompli votre course avec gloire, ô Fidèle ! et la fin de votre carrière a été plus belle encore que n’avait été son cours. Avec quelle sérénité vous êtes allé au trépas ! Avec quelle joie vous avez succombe sous les coups de vos ennemis qui étaient ceux de la sainte Église ! Semblable à Etienne, vous vous êtes affaisse en priant pour eux ; car le catholique qui doit détester l’hérésie, doit aussi pardonner à l’hérétique qui l’immole. Priez, ô saint Martyr, pour les enfants de l’Église ; obtenez qu’ils connaissent mieux encore le prix de la foi, et la grâce insigne que Dieu leur a faite de naître au sein de la seule vraie Église ; qu’ils soient en garde contre les doctrines perverses qui retentissent de toutes parts à leurs oreilles ; qu’ils ne se scandalisent pas des tristes défections qui se produisent si souvent dans ce siècle de mollesse et d’orgueil. C’est la foi qui doit nous conduire à Jésus ressuscité ; il nous la recommande, quand il dit à Thomas : « Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui cependant ont cru ! » Nous voulons croire ainsi, et c’est pour cela que nous nous attachons à la sainte Église qui est la souveraine maîtresse de la foi. C’est à elle que nous voulons croire, et non à la raison humaine qui ne saurait atteindre jusqu’à la parole de Dieu, et moins encore la juger. Cette sainte foi, Jésus a voulu qu’elle nous arrivât appuyée sur le témoignage des martyrs, et chaque siècle a produit ses martyrs. Gloire à vous, ô Fidèle, qui avez conquis la palme en combattant les erreurs de la prétendue réforme ! Vengez-vous en martyr, et demandez sans cesse à Jésus que les sectateurs de l’erreur reviennent à la foi et à l’unité de l’Église. Ils sont nos frères dans le baptême ; priez afin qu’ils rentrent au bercail, et que nous puissions célébrer un jour tous ensemble la véritable Cène de la Pâque, dans laquelle l’Agneau divin se donne en nourriture, non d’une manière figurée, comme dans la loi ancienne, mais en réalité, comme il convient à la loi nouvelle.

 

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III ème Dimanche après Pâques

22 Avril 2018 , Rédigé par Ludovicus

III ème Dimanche après Pâques

Introït

Poussez vers Dieu des cris de joie, ô terre entière, alléluia ; chantez un hymne à son nom, alléluia ; rendez glorieuse sa louange, alléluia, alléluia, alléluia Dites à Dieu, que vos œuvres sont terribles, Seigneur. A cause de la grandeur de votre puissance, vos ennemis vous adressent des hommages menteurs.

Collecte

O Dieu, qui montrez à ceux qui errent la lumière de votre vérité, afin qu’ils puissent rentrer dans la voie de la justice : donnez à tous ceux qui sont placés dans les rangs de la profession chrétienne, la grâce de rejeter tout ce qui est contraire à ce nom, et d’embrasser tout ce qui lui convient.

Épitre 1. P 2, 11-19

Mes bien-aimés, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs, à vous abstenir des désirs charnels qui combattent contre l’âme. Ayez une bonne conduite au milieu des païens, afin que, là même où ils vous calomnient comme des malfaiteurs, ils remarquent vos bonnes œuvres et glorifient Dieu au jour de sa visite. Soyez donc soumis à toute institution humaine, à cause de Dieu : soit au roi, comme au souverain, soit aux gouverneurs, comme étant envoyés par lui pour châtier les malfaiteurs et pour approuver les gens de bien. Car c’est la volonté de Dieu, qu’en faisant le bien vous réduisiez au silence l’ignorance des hommes insensés ; comme étant libres, non pour faire de la liberté une sorte de voile dont se couvre la méchanceté, mais comme des serviteurs de Dieu. Honorez tous les hommes ; aimez vos frères, craignez Dieu, honorez le roi. Serviteurs, soyez soumis en toute crainte à vos maîtres ; non seulement à ceux qui sont bons et humains, mais aussi à ceux qui sont difficiles. Car cela est agréable à Dieu ; en Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Évangile Jn. 16, 16-22.

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je m’en vais auprès du Père. Alors, quelques-uns de ses disciples se dirent les uns aux autres : Que signifie ce qu’il nous dit : Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez, et : Parce que je m’en vais auprès du Père ? Ils disaient donc : Que signifie ce qu’il dit : Encore un peu de temps ? Nous ne savons de quoi il parle. Jésus connut qu’ils voulaient l’interroger, et il leur dit : Vous vous demandez entre vous pourquoi j’ai dit : Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez. En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez et vous gémirez, vous, et le monde se réjouira. Vous, vous serez dans la tristesse ; mais votre tristesse sera changée en joie. Lorsqu’une femme enfante, elle a de la tristesse, parce que son heure est venue ; mais, lorsqu’elle a enfanté un fils, elle ne se souvient plus de la souffrance, dans la joie qu’elle a d’avoir mis un homme au monde. Vous donc aussi, vous êtes maintenant dans la tristesse ; mais je vous verrai de nouveau, et votre cœur se réjouira, et personne ne vous ravira votre joie.

Secrète

Que grâce à ces mystères, ô Seigneur, nous soit accordé ce qui, en modifiant nos convoitises terrestres, nous apprendra à aimer les choses célestes.

Postcommunion

Nous vous en supplions, Seigneur, que le sacrement par nous reçu, nous restaure en tant qu’aliment spirituel et nous protège comme secours pour nos corps.

4e leçon

Sermon de saint Augustin, Évêque 

Durant ces jours consacrés à la résurrection du Seigneur, traitons, autant que nous le pourrons avec le secours de sa grâce, de la résurrection de la chair. Voici en effet notre croyance : la résurrection est un bienfait dont nous voyons la promesse et l’exemple dans la chair de Jésus-Christ notre Seigneur. Car il a voulu non seulement nous annoncer mais encore nous démontrer, en sa personne, l’accomplissement de ce qu’il nous a promis pour la fin des siècles. Ceux qui étaient alors avec lui l’ont contemplé, et comme ils étaient frappés de stupeur et croyaient voir un esprit, ils s’assurèrent en le touchant que c’était vraiment un corps matériel. Il parla non seulement à leurs oreilles, en s’entretenant avec eux ; mais encore à leurs yeux, en se manifestant à leurs regards ; et c’eût été peu pour lui de se faire voir, s’il n’eût aussi permis qu’on le touchât, qu’on le palpât.

5e leçon

Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi ces pensées s’élèvent-elles dans vos cœurs ? »  Ils s’imaginaient voir un esprit. « Pourquoi êtes-vous troublés, leur dit-il, et pourquoi ces pensées s’élèvent-elles dans vos cœurs ? Voyez mes mains et mes pieds ; touchez et voyez : un esprit n’a ni os ni chair, comme vous voyez que j’ai ». En hommes qu’ils étaient, ils raisonnaient contre une telle évidence. Que feraient d’ailleurs des hommes qui ont des pensées humaines, et le goût des choses de la terre, s’ils ne disputaient de la sorte contre Dieu au sujet de Dieu ? Car Jésus est Dieu, et eux sont des hommes. « Mais Dieu sait que les pensées de l’homme sont vaines »

6e leçon

L’homme charnel n’a d’autre règle de son intelligence que le témoignage de ses yeux. Il croit ce qu’il a coutume de voir et refuse toute croyance à ce qu’il ne voit point. Dieu fait des miracles en dehors du cours ordinaire des choses, parce qu’il est Dieu. C’est un plus grand miracle, pourtant, de faire naître chaque jour un si grand nombre d’hommes qui ne possédaient pas l’existence, que d’en ressusciter quelques-uns qui déjà existaient ; et cependant ces faits merveilleux ne sont pas l’objet de notre attention, mais l’habitude de les voir les a dépréciés. Le Christ est ressuscité : c’est un fait incontestable. Il avait un corps, il était chair ; il a été suspendu à la croix, il a rendu le dernier soupir, son corps a été déposé dans le sépulcre. Celui qui vivait dans cette chair l’a ressuscitée et l’a montrée pleine de vie. Pourquoi nous en étonner ? Pourquoi ne pas croire ? Celui qui a fait ce prodige est Dieu.

7e leçon

Homélie de saint Augustin, Évêque.

Ce que notre Seigneur appelle un peu de temps, c’est tout l’espace que parcourt d’une aile rapide le siècle présent ; ce qui a fait dire au même Évangéliste dans son Épître. « C’est la dernière heure ». Notre Seigneur ajoute : « Parce que je vais à mon Père, » ce qui doit se rapporter à la première proposition : « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus ; » et non à la seconde : « Et encore un peu de temps et vous me verrez. » En allant à son Père, il devait, en effet, se soustraire à leur vue, et c’est pourquoi ces paroles ne signifient point qu’il devait mourir et que jusqu’à sa résurrection il demeurerait caché à leurs yeux, mais qu’il devait aller vers son Père ; ce qu’il fit lorsque, après être ressuscité et avoir conversé avec eux pendant quarante jours, il monta au ciel.

8e leçon

En disant : « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, » il s’adresse à ceux qui le voyaient alors corporellement présent, et leur parle ainsi parce qu’il devait aller vers son Père, et qu’après son ascension ses disciples n’allaient plus le voir comme homme mortel, tel qu’ils le voyaient lorsqu’il leur disait ces choses. Mais quand il ajouta : « Et encore un peu de temps et vous me verrez, » c’est à toute l’Église qu’il le promit ; comme c’est à toute l’Église qu’il a fait cette autre promesse : « Voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation du siècle ». Le Seigneur ne retardera pas l’accomplissement de sa promesse : encore un peu de temps et nous le verrons, mais dans un état où nous n’aurons plus rien à demander, où nous n’aurons plus à interroger sur rien, parce qu’il ne nous restera rien à désirer, ni rien de caché à apprendre.

9e leçon

Ce peu de temps nous paraît long, parce qu’il dure encore ; mais lorsqu’il sera fini, nous comprendrons combien il était court. Que notre joie ne ressemble donc pas à celle du monde, dont il est dit : « Mais le monde se réjouira » ; et néanmoins, pendant l’enfantement du désir de l’éternité, que notre tristesse ne soit pas sans joie ; montrons-nous, comme dit l’Apôtre : « Joyeux par l’espérance, patients dans la tribulation ». En effet, la femme qui enfante, et à laquelle nous avons été comparés, éprouve plus de joie à mettre au monde un enfant, qu’elle ne ressent de tristesse à souffrir sa douleur présente. Mais finissons ici ce discours, car les paroles qui suivent présentent une question très épineuse ; il ne faut pas les circonscrire dans le court espace de temps qui nous reste, afin de pouvoir les expliquer plus à loisir, s’il plaît au Seigneur.

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Saint Anselme évêque confesseur et docteur

21 Avril 2018 , Rédigé par Ludovicus

Saint Anselme évêque confesseur et docteur

Quatrième leçon. Anselme naquit dans la ville d’Aoste, aux confins de l’Italie, de parents nobles et catholiques : son père s’appelait Gondulphe et sa mère Ermemberge. Dès ses tendres années, son application assidue à l’étude et son désir d’une vie plus parfaite firent clairement pressentir qu’il brillerait dans la suite par sa sainteté et sa science. S’il se laissa entraîner pendant quelque temps par la fougue de la jeunesse vers les séductions du monde, bientôt cependant, rappelé dans la bonne voie, il abandonna sa patrie et tous ses biens, et se rendit au monastère du Bec, de l’Ordre de saint Benoît. C’est là, qu’ayant fait sa profession religieuse sous Herluin, Abbé très zélé pour l’observance, et Lanfranc, maître très docte, il fit de tels progrès par la ferveur de son âme et par son ardeur constante pour l’étude et l’acquisition des vertus, que tous le regardèrent comme un modèle admirable de sainteté et de doctrine.

Cinquième leçon. Son abstinence et sa sobriété étaient si grandes que l’assiduité au jeûne semblait avoir détruit en lui presque tout sentiment du besoin de nourriture. Après avoir employé le jour aux exercices monastiques, à l’enseignement, et à répondre aux diverses questions qu’on lui adressait sur la religion, il dérobait la plus grande partie de la nuit au sommeil, pour donner une nouvelle vigueur à son âme par les méditations divines, auxquelles il ne se livrait jamais sans une grande abon dance de larmes. Élu prieur du monastère, il sut si bien se concilier par sa charité, son humilité et sa prudence, les frères qui lui étaient contraires, que de ces hommes, d’abord envieux, il fit ses amis et les amis de Dieu, au grand avantage de l’observance régulière. A la mort de l’Abbé, Anselme fut établi malgré lui à sa place. La réputation de sa science et de sa sainteté devint si éclatante en tous lieux, que non seulement il reçut des témoignages de vénération de la part des rois et des Évêques, mais qu’il fut honoré de l’amitié de saint Grégoire VII. Ce Pontife, éprouvé alors par de grandes persécutions, lui adressa des lettres pleines d’affection, dans lesquelles il recommandait à ses prières, et sa personne, et l’Église catholique.

Sixième leçon. Anselme, après la mort de Lanfranc, Archevêque de Cantorbéry, son ancien maître, se vit contraint par les pressantes sollicitations de Guillaume, roi d’Angleterre, et sur les instances du clergé et du peuple, à prendre en main le gouvernement de cette Église. Il s’appliqua aussitôt à réformer les mœurs relâchées de son peuple, employant d’abord à cet effet ses discours et ses exemples, et ensuite ses écrits ; il fit encore célébrer plusieurs conciles, et rétablit dans son diocèse la piété et la discipline ecclésiastique. Mais bientôt le même roi Guillaume, ayant tenté par la violence et les menaces d’usurper les droits de l’Église, Anselme lui résista avec une constance vraiment sacerdotale, et eut à souffrir la perte de ses biens et même l’exil, et se rendit à Rome auprès d’Urbain II. Ce Pape le reçut avec honneur, et le combla de louanges lorsque, au concile de Bari, Anselme soutint contre l’erreur des Grecs, par d’innombrables témoignages des Écritures et des saints Pères, que le Saint-Esprit procède aussi du Fils. Le roi Guillaume ayant quitté cette vie, le roi Henri, son frère, rappela Anselme en Angleterre, où le Saint s’endormit dans le Seigneur. Célèbre par ses miracles et sa sainteté, (dont le trait distinctif était une insigne dévotion pour la passion de notre Seigneur et envers la bienheureuse Vierge, sa Mère), célèbre aussi par sa doctrine très utile à la défense de la religion chrétienne, à ’avancement des âmes et à tous les théologiens qui ont traité de la science sacrée selon la méthode scolastique, Anselme paraît avoir puisé au ciel l’inspiration de tous ses ouvrages.

Moine, Évêque et Docteur, Anselme réunit en sa personne ces trois grands apanages du chrétien privilégie ; et si l’auréole du martyre n’est pas venue apporter le dernier lustre à ce noble faisceau de tant de gloires, on peut dire que la palme a manqué à Anselme, mais qu’il n’a pas manqué à la palme. Son nom rappelle la mansuétude de l’homme du cloître unie à la fermeté épiscopale, la science jointe à la piété ; nulle mémoire n’a été à la fois plus douce et plus éclatante.

Le Piémont le donna à la France et à l’Ordre de saint Benoît. Anselme, dans l’abbaye du Bec, réalisa pleinement le type de l’Abbé tel que l’a tracé le Patriarche des moines d’Occident : « Plus servir que commander. » Il fut de la part de ses frères l’objet d’une affection sans égale, et dont l’expression est arrivée jusqu’à nous. Sa vie leur appartenait tout entière, soit qu’il s’appliquât à les conduire à Dieu, soit qu’il prît plaisir à les initier aux sublimes spéculations de son intelligence. Un jour il leur fut enlevé malgré tous ses efforts, et contraint de s’asseoir sur la chaire archiépiscopale de Cantorbéry. Successeur en ce siège des Augustin, des Dunstan, des Elphège, des Lanfranc, il fut digne de porter le pallium après eux, et par ses nobles exemples, il ouvrit la voie à l’illustre martyr Thomas qui lui succéda de si près.

Sa vie pastorale fut tout entière aux luttes pour la liberté de l’Église. En lui l’agneau revêtit la vigueur du lion. « Le Christ, disait-il, ne veut pas d’une esclave pour épouse ; il n’aime rien tant en ce monde que la liberté de son Église. » Le temps n’est plus où ce Fils de Dieu consentait à être enchaîné par d’indignes liens, afin de nous affranchir de nos péchés ; il est ressuscite glorieux, et il veut que son épouse soit libre comme lui. Dans tous les siècles, elle a à combattre pour cette liberté sacrée, sans laquelle elle ne pourrait remplir ici-bas le ministère de salut que son Époux divin lui a confié. Jaloux de son influence, les princes de la terre, qui n’ignorent pas qu’elle est reine, se sont ingéniés à lui créer mille entraves. De nos jours, un grand nombre de ses enfants ont perdu jusqu’à la notion des franchises auxquelles elles a droit : sans aucun souci de sa royauté, ils ne lui désirent d’autre liberté que celle qu’elle partagera avec les sectes qu’elle condamne ; ils ne peuvent comprendre que, dans de telles conditions, l’Église que le Christ a faite pour régner, est en esclavage. Ce n’est pas ainsi qu’Anselme l’entendait ; et tout enfant de l’Église doit avoir de telles utopies en horreur. Les grands mots de progrès et de société moderne ne sauraient le séduire ; il sait que l’Église n’a pas d’égale ici-bas ; et s’il voit le monde en proie aux plus terribles convulsions, incapable de s’asseoir désormais sur un fondement stable, tout s’explique pour lui par cette raison que l’Église n’est plus reine. Le droit de notre Mère n’est pas seulement d’être reconnue pour ce qu’elle est dans le secret de la pensée de chacun de ses fidèles ; il lui faut l’appui extérieur. Jésus lui a promis les nations en héritage ; elle les a possédées selon cette divine promesse ; mais aujourd’hui, s’il advient qu’un peuple la mette hors la loi, en lui offrant une égale protection avec toutes les sectes qu’elle a expulsées de son sein, mille acclamations se font entendre à la louange de ce prétendu progrès, et des voix connues et aimées, se mêlent à ces clameurs.

De telles épreuves furent épargnées à Anselme. La brutalité des rois normands était moins à redouter que ces systèmes perfides qui sapent par la base jusqu’à l’idée même de l’Église, et font regretter la persécution ouverte. Le torrent renverse tout sur son passage ; mais tout renaît aussi lorsque sa source est tarie. Il en est autrement quand les eaux débordées envahissent la terre en l’entraînant après elles. Tenons-le pour sûr : le jour où l’Église, la céleste colombe, n’aura plus ici-bas où poser son pied avec honneur, le ciel s’ouvrira, et elle prendra son vol pour sa patrie céleste, laissant le monde à la veille de voir descendre le juge du dernier jour.

Anselme docteur n’est pas moins admirable qu’Anselme pontife. Sa haute et tranquille intelligence se plut dans la contemplation des vérités divines ; elle en chercha les rapports et l’harmonie, et le produit de ces nobles labeurs occupe un rang supérieur dans le dépôt où se conservent les richesses de la théologie catholique. Dieu avait départi à Anselme le génie. Ses combats, sa vie agitée, ne purent le distraire de ses saintes et dures études, et, sur le chemin de ses exils, il allait méditant sur Dieu et ses mystères, étendant pour lui-même et pour la postérité le champ déjà si vaste des investigations respectueuses de la raison dans les domaines de la foi.

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