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Regnum Galliae Regnum Mariae

Saint Jérôme confesseur et docteur

30 Septembre 2020 , Rédigé par Ludovicus

Saint Jérôme confesseur et docteur

Collecte

O Dieu, qui avez ménagé à votre Église pour expliquer les saintes Écritures, un éminent Docteur dans la personne du bienheureux Jérôme, votre Confesseur, faites nous vous en prions, que, secondés par ses mérites, nous puissions, votre grâce aidant, pratiquer ce qu’il a enseigné tout à la fois au moyen de la parole et de l’action.

Office

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. Jérôme, fils d’Eusèbe, né à Strido en Dalmatie, sous le règne de Constance, reçut le baptême à Rome, pendant son adolescence, et y fut instruit des sciences libérales à l’école de Donat et d’autres savants très distingués. Poussé par le désir d’apprendre davantage, il parcourut la Gaule, où il entretient des relations avec quelques hommes pieux et versés dans les saintes Écritures, et transcrivit de sa main plusieurs livres sacrés. Bientôt après, Jérôme se dirigea vers la Grèce ; il y arriva déjà instruit de la philosophie et de la rhétorique, et ses talents ne firent que se développer dans un commerce intime avec les plus fameux théologiens. Mais il fut surtout le disciple assidu de Grégoire de Nazianze à Constantinople, et lui-même déclare qu’il doit à ce docteur sa science des saintes Lettres. Puis, il visita par dévotion le berceau de notre Seigneur Jésus-Christ, et parcourut toute la Palestine. Il affirme que ce pèlerinage, en le mettant en relation avec des Hébreux très érudits, lui profita beaucoup pour saisir le sens de l’Écriture sacrée.

Cinquième leçon. Il se retira ensuite dans une vaste solitude de la Syrie, et s’y livra pendant quatre années à l’étude des saints Livres et à la méditation de la béatitude céleste, se mortifiant par une abstinence perpétuelle, par les macérations de la chair, et versant des larmes abondantes. Paulin, Évêque d’Antioche, l’ayant ordonné Prêtre, Jérôme partit pour Rome, afin d’y conférer avec le Pape Damase, au sujet des controverses de certains Évêques avec Paulin et Épiphane, et aida le souverain Pontife dans la rédaction de ses lettres aux Églises. Mais comme le désir de regagner son ancienne solitude ne le quittait pas, il retourna en Palestine, et adopta un genre de vie tout céleste, dans le monastère fondé par Paule, dame romaine, à Bethléem, près de la crèche où naquit le Seigneur Jésus-Christ. Bien qu’éprouvé par diverses maladies et souffrances, il dominait les infirmités du corps, en se livrant à de pieux labeurs et en s’adonnant sans relâche à la lecture et à la composition de ses écrits.

Sixième leçon. De toutes les contrées de la terre, on recourait à lui comme à un oracle, pour l’explication des questions relatives aux divines Écritures. Le Pape Damase et saint Augustin le consultèrent souvent sur les passages les plus difficiles des Livres saints, parce qu’il était d’une doctrine suréminente et qu’il connaissait, non seulement le latin et le grec, mais aussi les langues hébraïque et chaldaïque, et qu’en outre, selon le témoignage du même saint Augustin, il avait lu les ouvrages de presque tous les écrivains. Il poursuivit les hérétiques dans des écrits pleins de vigueur et s’attira toujours la faveur des fervents orthodoxes. Il traduisit l’Ancien Testament de l’hébreu en latin, corrigea le Nouveau, sur l’ordre de Damase, d’après les manuscrits grecs, et en commenta une partie importante. De plus, il traduisit en latin un grand nombre d’ouvrages d’hommes instruits, et, par d’autres monuments de son génie, jeta la lumière sur certains points de la discipline chrétienne. Parvenu à un âge très avancé, illustre par sa sainteté et sa doctrine, il partit pour le ciel, sous le règne d’Honorius. Son corps, enseveli d’abord à Bethléem, fut ensuite transporté à Rome, dans la basilique de Sainte-Marie-de-la-Crèche.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Jérôme, Prêtre.

Septième leçon. Les Apôtres et les docteurs sont appelés sel, parce que leur doctrine est le condiment de tout le genre humain. « Que si le sel perd sa vertu, avec quoi le salera-t-on ? » Si le docteur s’égare, par quel autre docteur sera-t-il redressé ? « Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. » La comparaison est tirée de l’agriculture. En effet, si le sel est nécessaire pour assaisonner les aliments et empêcher les viandes de se corrompre, il n’a point d’autre utilité. Du moins, nous lisons dans les écrits qu’il y eut des villes où la vengeance des vainqueurs fit répandre du sel, afin qu’il ne sortit plus du sol aucune végétation.

Huitième leçon. Que les docteurs et les Évêques se tiennent donc sur leurs gardes et qu’ils considèrent « que les puissants seront puissamment tourmentés, » que s’ils se perdent, il n’y a pas de remède, et que la chute des grands entraîne aux enfers. « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur un chandelier, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. » C’est la hardiesse de la prédication qu’il enseigne : il veut que ses Apôtres, au lieu de se cacher par crainte, et de ressembler à une lampe sous le boisseau, se produisent avec une entière liberté et prêchent sur les toits ce qu’ils ont ouï dans le secret.

Neuvième leçon. « Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir. » Soit qu’il ait accompli ce que d’autres avaient prophétisé de sa personne, soit que, faisant porter sa prédication sur les points laissés avant lui à l’état d’ébauche et d’imperfection, à cause de la faiblesse même des auditeurs, il les ait perfectionnés. C’est ainsi qu’il réprouve toute colère, qu’il supprime la peine du talion et condamne la concupiscence cachée au fond du cœur. « Jusqu’à ce que le ciel et la terre passent. » Il nous est promis de nouveaux cieux et une terre nouvelle que fera le Seigneur Dieu. Si donc des choses nouvelles sont à créer, c’est que les anciennes doivent passer.

« Vital m’est inconnu, je ne veux point de Mélèce, et Paulin, je l’ignore ; celui-là est mien qui adhère à la chaire de Pierre. » Ainsi, vers l’an 376, des solitudes de Syrie troublées parles compétitions épiscopales qui d’Antioche agitaient tout l’Orient, un moine inconnu s’adressait au pontife Damase, implorant lumière pour son âme rachetée du sang du Seigneur. C’était Jérôme, originaire de Dalmatie.

Loin de Stridon, terre à demi barbare de sa naissance, dont il gardait l’âpreté comme la sève vigoureuse ; loin de Rome, où l’étude des belles-lettres et de la philosophie s’était montrée impuissante à le préserver des plus tristes chutes : la crainte des jugements de Dieu l’avait conduit au désert de Chalcis. Sous un ciel de feu, en la compagnie des fauves, il y devait, quatre années durant, mater son corps par d’effrayantes macérations ; remède plus efficace, plus méritante austérité pour son âme passionnée des beautés classiques, il entreprit d’y sacrifier ses goûts cicéroniens à l’étude de la langue primitive des saints Livres. Labeur autrement dur que de nos jours, en lesquels lexiques, grammaires, travaux de toute sorte, ont aplani les voies de la science. Que de fois, rebuté, Jérôme désespéra du succès ! Mais il avait éprouvé la vérité de cette sentence qu’il formulait plus tard : « Aimez la science des Écritures, et vous n’aimerez pas les vices de la chair. » Revenant donc à l’alphabet hébreu, il épelait sans fin ces syllabes sifflantes et haletantes dont l’héroïque conquête rappela toujours le prix qu’elles lui avaient coûté, par la rugosité imprimée depuis lors, disait-il, à sa prononciation du latin lui-même. Toute l’énergie de sa fougueuse nature était passée dans cette œuvre ; elle s’y consacra, s’y endigua pour la vie.

Dieu reconnut magnifiquement l’hommage ainsi rendu à sa divine parole : du simple assainissement moral que Jérôme en avait espéré, il était parvenu à la sainteté supérieure que nous honorons aujourd’hui en lui ; de ces luttes du désert, en apparence stériles pour d’autres, sortait un de ceux auxquels il est dit : Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde. Et cette lumière, Dieu la plaçait sur le chandelier à son heure, pour éclairer tous ceux qui sont dans la maison Rome revoyait, mais combien transformé, le brillant étudiant d’autrefois ; sainteté, science, humilité le faisaient proclamer par tous digne du suprême sacerdoce. Damase, docteur vierge de l’Église vierge, le chargeait de répondre en son nom aux consultations de l’Orient comme de l’Occident, et obtenait qu’il commençât par la révision du Nouveau Testament latin, sur le texte grec original, les grands travaux scripturaires qui devaient immortaliser son nom dans la reconnaissance du peuple chrétien. Sur ces entrefaites, la réfutation d’Helvidius, qui osait mettre en doute la perpétuelle virginité de la Mère de Dieu, révéla en Jérôme le polémiste incomparable dont Jovinien, Vigilance, Pelage, d’autres encore, par la suite, auraient à éprouver la vigueur. Récompense cependant de son honneur vengé, Marie amenait à lui toutes les nobles âmes : il les conduirait dans la voie des vertus qui sont l’honneur de la terre ; par le sel des Écritures, il les préserverait de la corruption dont mourait l’empire.

Étrange phénomène pour l’historien sans foi : voici qu’autour de ce Dalmate, à l’heure où la Rome des Césars agonise, rayonnent soudain les plus beaux noms de Rome antique. On les croyait éteints depuis le jour où s’assombrit entre les mains des parvenus la gloire de la cité reine ; au temps critique où, purifiée par les flammes qu’allumeront les Barbares, la capitale qu’ils donnèrent au monde va reprendre ses destinées, ils reparaissent comme par le droit de leur naissance pour la fonder à nouveau dans sa véritable éternité. Autre est devenue la lutte ; mais leur place demeure en tête de l’armée qui sauvera le monde. Rares sont parmi nous les sages, les puissants, les nobles, disait l’Apôtre quatre siècles plus tôt : nombreux ils sont en nos temps, proteste Jérôme, nombreux parmi les moines.

La phalange patricienne constitue le meilleur de l’armée monastique en ces temps de son origine occidentale ; elle lui laissera pour toujours son caractère d’antique grandeur ; mais dans ses rangs, à titre égal à celui de leurs pères et de leurs frères, se voient aussi la vierge et la veuve, parfois l’épouse en même temps que l’époux. C’est Marcella, qui la première, de son palais de l’Aventin, lève l’étendard monastique sur les sept collines, et en retour obtient que la direction de Jérôme ne soit pas refusée au sexe qu’honore pareille initiative ; Marcella qui, le maître disparu, sera, quoi qu’en ait son humilité, l’oracle consulté par tous dans les difficultés des Écritures. C’est comme elle Furia, Fabiola, Paula, rappelant leurs grands aïeux les Camille, les Fabii, les Scipions. C’en est trop pour le prince du monde, Satan, qui croyait siennes à jamais les gloires de la vieille cité de Romulus ; les heures du Saint à Rome sont comptées. Fille de Paula, Eustochium a mérité de se voir adresser le manifeste sublime, mais plein de tempêtes, où Jérôme, exaltant la virginité, ne craint pas de soulever contre lui par sa verve mordante la conjuration des faux moines, des vierges folles et des clercs indignes . Vainement la prudente Marcella prédit l’orage ; Jérôme écarte le doigt filial qui voudrait se poser sur sa bouche, et prétend oser dire ce que d’autres peuvent bien oser faire. Il a compté sans la mort de Damase survenue à l’heure même, sans la faction des ignorants jaloux qui, pareillement, n’attendaient que cette mort pour changer en morsures de vipères leurs hypocrites démonstrations d’autrefois.

Emporté par le tourbillon, le justicier retourne au désert : non plus Chalcis, mais la paisible Bethléhem, où les souvenirs de l’enfance du Sauveur attirent ce fort entre les forts ; où Paula et sa fille viennent elles-mêmes se fixer pour ne point perdre ses leçons qu’elles préfèrent à tout le reste au monde, pour adoucir son amertume, panser les blessures du lion dont la puissante voix ne cessera point de tenir en éveil les échos de l’Occident. Honneur à ces vaillantes ! leur fidélité, leur ambition de savoir, leurs pieuses importunités vaudront au monde un trésor sans prix : la traduction authentique des Livres saints, que l’imperfection de l’ancienne version Italique, et ses variantes devenues sans nombre, ont nécessitée en face des Juifs traitant l’Église de faussaire.

« Paula et Eustochium, puisse le travail de ma pauvre vie vous être agréable, utile aussi à l’Eglise, et digne de la postérité ; quant aux contemporains, leur jugement me touche peu. » Ainsi disait le solitaire ; mais les attaques envieuses d’irréductibles ennemis l’émeuvent plus qu’il ne se l’avoue : « Servantes du Christ, insiste-t-il, opposez le bouclier de vos prières à mes aboyeurs. »

Or, chaque livre nouvellement traduit amenait critique nouvelle, et non toujours haineuse : réserves des craintifs, qui s’alarmaient pour l’autorité des Septante, si grande dans la Synagogue et dans l’Église ; retours intéressés des possesseurs de manuscrits aux pages de pourpre, aux splendides onciales, aux lettres d’argent et d’or, qu’il faudrait donc voir déprécier maintenant. « Eh ! qu’ils gardent leur métallurgie, et nous laissent nos pauvres cahiers, » s’écrie Jérôme exaspéré. « C’est pourtant vous qui me forcez à subir tant d’inepties comme tant d’injures, dit-il aux inspiratrices de ses travaux ; pour couper court au mal, mieux vaudrait m’imposer silence. »

Ni la mère, ni la fille ne l’entendaient ainsi ; et Jérôme se laissait contraindre. Ayant observé qu’une première révision faite par lui du Psautier sur le grec des Septante n’avait pas suffi à fixer le texte, elles en obtinrent une seconde, celle-là même que devait adopter notre Vulgate, au même titre que sa version des autres livres de l’Ancien Testament sur l’hébreu ou le chaldéen. Nobles auxiliaires, à la science desquelles lui-même en appelait comme garantie de son exactitude, et qu’il priait de collationner ses traductions mot par mot avec l’original.

Toutes les saintes amitiés de jadis gardaient de loin leur part dans ce commerce studieux. Jérôme ne refusait à personne le concours de sa science, et il s’excusait agréablement de ce qu’une moitié du genre humain y semblât plus privilégiée : « Principia, ma fille en Jésus-Christ, je sais que plusieurs trouvent mauvais qu’il m’arrive parfois d’écrire aux femmes ; qu’on me laisse donc dire à mes détracteurs : Si les hommes m’interrogeaient sur l’Écriture, ce n’est pointa celles-là que je répondrais. »

Mais voici qu’un message d’allégresse fait tressaillir les monastères fondés en Ephrata : d’un frère d’Eustochium, et de Lœta, fille chrétienne du pontife des faux dieux Albinus, une autre Paule est née dans Rome. Vouée à l’Époux dès avant sa naissance, elle balbutie au cou du prêtre de Jupiter l’Alléluia des chrétiens ; elle sait que par delà les monts et les flots, elle a une autre aïeule, une tante elle aussi toute à Dieu ; de sa mutine voix la promise du Seigneur menace d’aller les trouver bientôt. « Envoyez-la, écrit Jérôme à la mère dans son ravissement ; je me ferai son maître et son nourricier. Je la porterai sur mes vieilles épaules ; j’aiderai sa bouche bégayante à former ses mots, plus fier en cela qu’Aristote ; car lui n’élevait qu’un roi de Macédoine ; mais moi je préparerai au Christ une servante, une épouse, une reine destinée à siéger dans les cieux. »

Bethléhem vit, en effet, la douce enfant. Elle devait, bien jeune encore, assumer la responsabilité d’y continuer l’œuvre des siens. Elle fut, près du vieillard mourant, l’ange du passage de ce monde à l’éternité.

L’heure des profonds déchirements avait précédé pour lui le moment suprême. Ce fut Paula l’ancienne qui partit la première, chantant : J’ai mieux aimé être humble en la maison de Dieu, que d’habiter les pavillons des pécheurs. Devant l’affaissement mortel où Jérôme parut devoir s’annihiler pour toujours, Eustochium brisée refoula ses larmes. Sur les instances de la fille, il se reprit à vivre afin de dégager ses promesses à la mère. C’est ainsi que nous le voyons achever alors ses traductions reprendre aussi ses commentaires du texte ; il va passer d’Isaïe au prophète Ézéchiel, quand fond soudain sur le monde et sur lui l’inexprimable douleur de ces temps : « Rome est tombée ; elle est éteinte la lumière de la terre ; dans une seule ville, tout l’univers a succombé. Que faire, que se taire et penser aux morts ? »

Il fallait penser de plus aux innombrables fugitifs qui affluaient, dénués de tout, vers les saints Lieux ; et Jérôme, l’implacable lutteur, ne savait refuser à aucun malheureux son cœur et ses larmes. Aimant encore mieux pratiquer qu’enseigner l’Écriture, il donnait aux devoirs de l’hospitalité ses journées. La nuit seule restait pour l’étude à ses yeux presque aveugles. Études pourtant demeurées bien chères, où il oubliait les misères du jour, et se réjouissait de répondre aux désirs de la fille que Dieu lui avait donnée. Qu’on lise l’avant-propos de chacun des quatorze Livres sur Ézéchiel, et l’on verra quelle part fut celle de la vierge du Christ en cette œuvre disputée aux angoisses du temps, aux infirmités de Jérôme, à ses luttes dernières contre l’hérésie.

Car on eût dit que l’hérésie prenait du bouleversement du monde l’occasion de nouvelles audaces. Forts de l’appui que leur prêtait l’évêque Jean de Jérusalem, les Pélagiens s’armèrent une nuit de la torche et du glaive ; ils se jetèrent, promenant le meurtre et l’incendie, sur le monastère de Jérôme et sur ceux des vierges qui, depuis la mort de Paula, reconnaissaient Eustochium pour mère. Virilement secondée par sa nièce Paule la jeune, la sainte rallia ses filles et parvint à se frayer passage au milieu des flammes. Mais l’anxiété de cette nuit terrible avait achevé de consumer ses forces épuisées. Jérôme l’ensevelit près de la crèche de l’Enfant-Dieu comme il avait fait la mère, et, laissant inachevé son commentaire sur Jérémie, se disposa lui-même à mourir.

Vous complétez, illustre Saint, la brillante constellation des Docteurs au ciel de la sainte Église. Voici que se lèvent, au Cycle sacré, les derniers astres manquant encore à sa gloire. Déjà s’annonce l’aurore du jour éternel ; le Soleil de justice apparaîtra bientôt sur la vallée du jugement. Modèle de pénitence, enseignez-nous la crainte qui préserve ou répare, dirigez-nous dans les voies austères de l’expiation. Moine, historien de grands moines père des solitaires attirés comme vous en Ephrata par les parfums de la divine Enfance, maintenez l’esprit de travail et de prière en cet Ordre monastique dont plusieurs familles ont pris de vous leur nom. Fléau des hérétiques, attachez-nous à la foi Romaine ; zélateur du troupeau, préservez-nous des loups et des mercenaires ; vengeur de Marie, obtenez que fleurisse toujours plus sur terre l’angélique vertu.

O Jérôme, votre gloire participe surtout de la gloire de l’Agneau ouvrant pour les habitants des cieux le livre plein de mystères. La clef de David vous fut aussi donnée pour ouvrir les sceaux multiples des Écritures, et nous montrer Jésus enfermé sous la lettre. C’est pourquoi l’Église de la terre chante aujourd’hui vos louanges, et vous présente à ses fils comme l’interprète officiel du Livre inspiré qui la conduit à ses destinées. En même temps que l’hommage de l’Épouse et de la Mère, daignez agréer notre personnelle gratitude. Puisse le Seigneur, à votre prière, nous renouveler dans le respect et l’amour que mérite sa divine parole. Par vos mérites, puissent, autour du dépôt sacré, se multiplier les doctes et leurs recherches savantes. Mais que nul ne l’oublie : c’est à genoux qu’on doit écouter Dieu, si l’on veut le comprendre. Il s’impose, et ne se discute pas : bien qu’entre les interprétations diverses auxquelles peuvent donner lieu ses divins messages, il soit permis de chercher, sous le contrôle de son Église, à dégager la vraie ; bien qu’il soit louable d’en scruter sans fin les augustes profondeurs. Heureux qui vous suit dans ces études saintes ! Vous le disiez : « vivre au milieu de pareils trésors, s’y absorber, ne savoir, ne chercher rien autre, n’est-ce pas habiter déjà plus aux cieux qu’en terre ? Apprenons dans le temps ce dont la science doit nous demeurer toujours. »

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Dédicace de St Michel archange

29 Septembre 2020 , Rédigé par Ludovicus

Dédicace de St Michel archange

Collecte

O Dieu, qui dispensez avec un ordre admirable les ministères des Anges et des hommes, accordez-nous dans votre bonté, d’avoir pour protecteurs de notre vie sur la terre, ceux qui sans cesse, dans le ciel, vous entourent et vous servent.

AU PREMIER NOCTURNE.

Du Prophète Daniel.

Première leçon. Je regardais jusqu’à ce que des trônes furent placés, et un vieillard s’assit ; son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête blancs comme une laine pure ; son trône comme des flammes de feu ; ses roues, un feu brûlant. Un fleuve de feu et rapide sortait de sa face ; des milliers de milliers d’Anges le servaient, et dix milliers de centaines de milliers d’Anges assistaient devant lui ; le jugement se tint, et des livres furent ouverts. Je regardais à cause de la voix des grandes paroles que cette corne prononçait ; et je vis que la bête fut tuée et que son corps périt, et qu’il fut livré pour être brûlé par le feu.
Deuxième leçon. Le vingt quatrième jour du premier mois, j’étais près du grand fleuve qui est le Tigre. Et je levai mes yeux, et je vis ; et voici un homme vêtu de lin, et ses reins ceints d’un or très pur ; et son corps était comme une chrysolithe, et sa face comme l’aspect de la foudre, et ses yeux comme une lampe ardente ; et ses bras et ses parties basses jusqu’aux pieds, comme une apparence d’airain étincelant, et la voix de ses paroles, comme la voix d’une multitude. Or, moi Daniel, je vis seul la vision, et les hommes qui étaient avec moi ne la virent pas ; mais une terreur extraordinaire se saisit d’eux, et ils s’enfuirent dans un lieu caché. Mais moi, étant demeuré seul, je vis cette grande vision ; et il ne resta pas en moi de force ; mais même mon visage fut changé en moi, et je séchai, et je n’eus aucune force.
Troisième leçon. Et j’entendis la voix de ses paroles ; et, en l’entendant, j’étais couché tout consterné sur ma face, et mon visage était collé à la terre. Et voici qu’une main me toucha, et me dressa sur mes genoux et sur le plat de mes mains. Et la voix me dit : Daniel, homme de désirs, entends les paroles que je te dis, et tiens-toi sur tes pieds ; car je suis maintenant envoyé vers toi. Et lorsqu’il m’eut dit ces paroles, je me tins debout, tremblant. Et il me dit : Ne crains pas, Daniel, parce que dès le premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre, afin de t’affliger en présence de ton Dieu, tes paroles ont été entendues ; et je suis venu à cause de tes discours. Or le prince du royaume des Perses m’a résisté durant vingt et un jours : et voilà que Michel, un des premiers princes, est venu à mon secours, et moi, je suis demeuré là près du roi des Perses. Mais je suis venu afin de t’apprendre ce qui doit arriver à ton peuple dans les derniers jours, parce que la vision est encore pour ces jours.
 

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Sermon de saint Grégoire, Pape.

Quatrième leçon. Nous disons qu’il y a neuf ordres d’Anges. En effet, nous savons positivement par le témoignage de la sainte Écriture, qu’il y a : des Anges, des Archanges, des Vertus, des Puissances, des Principautés, des Dominations, des Trônes, des Chérubins et des Séraphins. Qu’il y ait des Anges et des Archanges, presque toutes les pages sacrées l’attestent ; quant aux Chérubins et aux Séraphins, il en est souvent question, comme on le sait, au livre des Prophètes. De plus, l’Apôtre saint Paul énumère les noms de quatre ordres dans ce passage de son Épître aux Éphésiens : « Au-dessus de toute Principauté, de toute Puissance, de toute Vertu, de toute Domination. » Il dit encore en écrivant aux Colossiens : « Soit les Trônes, soit les Puissances, soit les Principautés, soit les Dominations. » En joignant donc les Trônes aux quatre ordres dont il a parlé aux Éphésiens, on a cinq ordres ; et si l’on y ajoute les Anges et les Archanges, les Chérubins et les Séraphins, on trouve qu’il existe réellement neuf ordres d’Anges.
Cinquième leçon. Or, il faut savoir que cette dénomination d’Anges désigne leur fonction et non leur nature ; car si ces bienheureux esprits de la céleste patrie sont toujours des esprits, ils ne peuvent pas toujours être appelés des Anges ; ils sont Anges seulement lorsqu’ils annoncent quelque chose. C’est pour cela qu’un Psaume dit en parlant de Dieu : « Lui qui, des esprits, fait ses Anges. » Comme s’il disait explicitement : ceux qu’il a toujours comme esprits, il en fait ses Anges quand il veut. Or, ceux qui portent les messages les moins importants sont appelés simplement du nom d’Anges, et on nomme Archanges ceux qui annoncent les plus grands mystères. Et voilà pourquoi ce n’est pas un Ange quelconque, mais bien l’Archange Gabriel, que Dieu envoya à la Vierge Marie. Comme il s’agissait du plus grand de tous les messages, il convenait que le plus grand des Anges remplît ce ministère. En outre, ces Archanges reçoivent des noms particuliers, qui expriment les effets de leur opération. Ainsi Michel signifie : Qui est semblable à Dieu ? Gabriel, Force de Dieu ; Raphaël, Remède de Dieu.
Sixième leçon. Toutes les fois qu’il s’agit d’une chose où il faut une puissance extraordinaire, c’est Michel que l’Écriture cite comme envoyé, afin que son nom aussi bien que l’acte même, donne à comprendre que nul ne peut faire ce que Dieu fait par son incomparable puissance. Aussi l’antique ennemi qui disait, dans son orgueilleuse ambition de s’égaler à Dieu : « Je monterai jusqu’aux cieux, j’élèverai mon trône au-dessus des astres du ciel, je serai semblable au Très-Haut ; » cet ancien ennemi, dis-je, lorsqu’à la fin du monde il sera laissé dans toute sa force, pour être ensuite écrasé dans l’éternel supplice, est-il mentionné comme devant combattre contre l’Archange Michel, d’après cette parole de saint Jean : « Et un combat s’est engagé avec l’Archange Michel. » De même, l’Archange envoyé à Marie, c’est Gabriel, dont le nom signifie : Force de Dieu. Il venait effectivement annoncer celui qui, pour faire sentir sa force aux puissances de l’air, a daigné paraître dans l’humiliation. Enfin, comme nous avons dit plus haut, Raphaël signifie : Remède de Dieu ; et en effet, cet Archange, en touchant les yeux de Tobie comme pour le guérir, dissipa les ténèbres de sa cécité.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Jérôme, Prêtre.

Septième leçon. Le statère vient d’être trouvé et le tribut payé, pourquoi cette question inopinée des Apôtres : « Qui, pensez-vous, est le plus grand dans le royaume des cieux ? » Parce qu’ils avaient vu payer un même tribut pour Pierre et le Seigneur, de cette égalité dans le prix, ils concluaient que Pierre était élevé au-dessus de tous les Apôtres, lui qui, pour la reddition du tribut, semblait être comparé au Seigneur ; et voilà pourquoi ils demandent : « Qui est le plus grand dans le royaume des cieux ? » Jésus, connaissant leurs pensées et discernant la cause de leur méprise, veut guérir en eux le désir de la gloire, en leur inspirant une généreuse émulation pour l’humilité.
Huitième leçon. « Si donc ta main ou ton pied te scandalise, coupe-le et jette-le loin de toi. » Il faut, à-la vérité, que les scandales arrivent ; cependant, malheur à l’homme qui, par sa faute, est la cause de ce qui ne peut manquer de se produire dans le monde. En conséquence, toute affection est à briser, toute parenté est à rompre, quand il y a lieu de craindre que les croyants, dans leurs rapports de piété filiale ou de fidélité, ne soient exposés à des scandales. S’il y a quelqu’un, semble dire le Sauveur, qui vous soit aussi étroitement uni que la main, le pied, ou l’œil est uni au corps ; quelqu’un qui vous soit utile et dévoué, qui mette à votre service sa clairvoyance et sa pénétration, mais qui vous soit en même temps un sujet de scandale, et qui, par l’opposition des mœurs, vous entraîne dans l’enfer, il vaut mieux vous priver de son intimité et des avantages temporels qui en résultent, de peur qu’en voulant gagner vos proches et vos amis, vous n’ayez auprès d’eux des occasions de vous perdre.
Neuvième leçon. « Je vous dis que leurs Anges voient sans cesse, dans le ciel, la face de mon Père. » Plus haut, sous l’image de la main, du pied et de l’œil dont il faut se défaire, il avait dit qu’on doit se séparer des parents et des amis, qui peuvent être des sujets de scandale Voici maintenant qu’il tempère la rigueur de ce principe, par cette recommandation qu’il ajoute à la suite. « Prenez garde de mépriser un seul de ces petits. » Comme s’il disait : Je ne commande pas la sévérité de conduite, sans apprendre en même temps qu’il y faut mêler de la douceur : « Car leurs Anges voient sans cesse, dans les deux, la face du Père. » Grandeur et dignité des âmes, en ce que chacun des hommes a, dès le moment de sa naissance, un Ange préposé à sa garde. Aussi lisons-nous dans l’Apocalypse de saint Jean : « Écris ceci à l’Ange d’Éphèse, et .aux Anges des autres Églises. » Comme aussi l’Apôtre veut que, dans les églises, les femmes aient la tête voilée, à cause des Anges.

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Saint Wenceslas martyr

28 Septembre 2020 , Rédigé par Ludovicus

Saint Wenceslas martyr

Collecte

O Dieu, qui, par le triomphe du martyre, avez fait passer le bienheureux Wenceslas d’une principauté terrestre à la gloire du ciel, accordez-nous, grâce à l’intercession de ses prières, d’être préservés de toute adversité et de partager son sort glorieux.

Office

Quatrième leçon. Wenceslas, duc de Bohême, eut pour père Wratislas, qui était chrétien, et pour mère Drahomire, qui était païenne. Élevé pieusement par son aïeule Ludmille, femme d’une très grande sainteté, il se signala dans la pratique de toutes les vertus. Toute sa vie, il conserva avec le plus grand soin sa virginité sans tache. Sa mère parvenue à l’administration du royaume par le meurtre odieux de Ludmille, et vivant dans l’impiété ainsi que son plus jeune fils Boleslas, excita contre elle l’indignation des nobles,et ceux-ci, fatigués d’un règne tyrannique et impie, secouèrent le joug de la mère et du fils. Assemblés dans la ville de Prague, ils se choisirent pour roi Wenceslas.

Cinquième leçon. Celui-ci gouverna son royaume plus par sa bonté que par l’exercice de son autorité. Il secourait les orphelins, les veuves et les pauvres avec tant de charité, qu’on le vit parfois, durant la nuit, porter sur ses épaules du bois destiné aux indigents, assister fréquemment à leurs inhumations, délivrer les captifs, visiter les prisonniers par des nuits affreuses, et bien souvent les consoler par ses aumônes et ses conseils. Telle:tait la mansuétude de ce prince, qu’il déplorait amèrement d’avoir à prononcer la sentence de mort contre un coupable. Il avait pour les Prêtres une très grande vénération, et, de ses mains, il semait le froment et pressait les raisins qui devaient fournir la matière au saint Sacrifice de la Messe. La nuit, marchant pieds nus sur la neige et sur la glace, il faisait le tour des églises, ses pas restant marqués sur la terre par des empreintes chaudes et sanglantes.

Sixième leçon. Les Anges se constituèrent les gardiens de son corps. Un jour, en effet, qu’il s’apprêtait à engager un combat singulier avec Radislas, duc de Gurime, dans le but de pourvoir au salut des siens, on vit des Anges lui apporter des armes, et on les entendit adresser à son adversaire ces paroles : « Ne le frappe pas. » Saisi de terreur, son ennemi se jeta humblement à ses pieds et lui demanda grâce. Un autre jour qu’il faisait un voyage en Germanie, l’empereur, à l’approche de Wenceslas, vit des Anges décorer ce Saint d’une croix d’or. Se levant alors aussitôt de son trône, il alla le recevoir dans ses bras, le revêtit des insignes royaux et lui fit don du bras de saint Vite. Cependant l’impie Boleslas, à l’instigation de sa mère, après l’avoir reçu à sa table, s’en alla, avec des complices le tuer dans l’église où il était en prière, car le Saint prévoyait bien la mort qu’on lui préparait. Son sang jaillit sur la muraille et l’on en voit encore aujourd’hui les traces. Dieu vengea ce meurtre : la terre engloutit cette mère dénaturée, et les meurtriers périrent misérablement de diverses manières.

 

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XVIIème Dimanche après la Pentecôte

27 Septembre 2020 , Rédigé par Ludovicus

XVIIème Dimanche après la Pentecôte

Introït

Vous êtes juste, Seigneur, et pleins de rectitude sont vos jugements : agissez avec votre serviteur selon votre miséricorde.

Bienheureux ceux qui sont sans tache dans leurs voies, qui marchent selon la loi du Seigneur.

Collecte

Seigneur, nous vous en prions, donnez à votre peuple la grâce d’éviter l’influence du diable, afin qu’avec un cœur pur, il soit attaché à vous seul, qui êtes son Dieu.

Épitre Ep. 4, 1-6

Mes frères, je vous conjure, moi prisonnier dans le Seigneur, de marcher d’une manière digne de la vocation à laquelle vous avez été appelés : en toute humilité et douceur, avec patience, vous supportant les uns les autres avec charité, vous efforçant de conserver l’unité de l’esprit dans le lien de la paix. Il y a un seul corps et un seul esprit, comme vous avez été appelés à une seule espérance par votre vocation. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. Il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, qui agit par tous, et qui réside en nous tous. Il est béni dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Évangile Mt. 22, 34-46

En ce temps-là, les pharisiens s’approchèrent de Jésus, et l’un d’eux, docteur de la loi, lui demanda pour le tenter : Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ?

Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de tout ton esprit. C’est là le plus grand et le premier commandement. Mais le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Dans ces deux commandements sont renfermés la loi et les prophètes.

Les pharisiens étant rassemblés, Jésus les interrogea, en disant : Que vous semble du Christ ? De qui est-il le fils ? Ils lui répondirent de David. Il leur dit : Comment donc David l’appelle-t-il en esprit son Seigneur, en disant : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie fait de tes ennemis l’escabeau de tes pieds ? Si donc David l’appelle son Seigneur, comment est-il son fils ? Et personne ne pouvait rien lui répondre, et, depuis ce jour, nul n’osa plus lui proposer des questions.

Secrète

Nous adressons d’humbles supplications à votre Majesté, Seigneur, pour que ces saints mystères que nous célébrons, nous délivrent des fautes passées et nous préservent des futures.

Office

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Jean Chrysostome.

Septième leçon. Les sadducéens acculés au silence, les pharisiens reviennent à la charge. Ils auraient dû pourtant se tenir tranquilles. Les voici qui continuent la lutte des premiers et poussent en avant le docteur de la loi. Ils n’ont nullement l’intention de s’instruire, mais ils s’affairent à tendre un piège. Ils demandent : « Quel est le premier commandement ? » Comme le premier commandement était celui-ci : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu », ils proposent la question dans l’espoir que Jésus leur donnera prise en corrigeant ce commandement pour démontrer qu’il est Dieu. Que fait donc le Christ ? Il veut démasquer le motif de leur conduite : ils n’ont aucune charité, ils se rongent d’envie, ils sont captifs de la jalousie. Alors il dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. C’est là le premier, le grand commandement et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Huitième leçon. Pourquoi « il lui est semblable » ? Parce que l’un introduit à l’autre qui en reçoit sa structure à son tour. « En effet, tous ceux qui font le mal haïssent la lumière et ne viennent pas à la lumière ». Et encore : « L’insensé a dit en son cœur : Non, plus de Dieu ! ». Et quelle est la conséquence ? « Corrompues et abominables leurs actions ! ». Et encore : « La racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent, et certains pour s’y être laissé prendre, se sont égarés loin de la foi », et « Celui qui m’aime gardera mes commandements », ses commandements et leur chef de file : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même. »

Neuvième leçon. Pourtant si aimer Dieu, c’est aimer le prochain, (« Si tu m’aimes, Pierre, dit-il, conduis mes brebis ») et si aimer le prochain réalise l’observance des commandements, il dit à bon droit : « De ceux-ci dépendent toute la Loi et les Prophètes. » Certes, il agit ici aussi comme il l’avait fait précédemment. Interrogé alors sur la modalité de la résurrection, il a enseigné aussi la résurrection, les initiant à plus qu’ils n’en demandaient. Ici encore, interrogé sur le premier commandement, il exprime aussi le second qui ne s’en écarte guère, puisque le second lui est semblable, leur insinuant qu’à l’origine de leur question, il y avait de la haine, car « la charité n’est pas jalouse ».

ÉPÎTRE.

L’Église reprend avec saint Paul, dans la lettre aux Éphésiens, l’exposition des grandeurs de ses enfants ; elle les supplie, aujourd’hui, de répondre dignement à leur vocation sublime.

Cette vocation, cet appel de Dieu, nous les connaissons en effet ; c’est l’appel du genre humain aux noces sacrées, la vocation pour nos âmes à régner dans les cieux sur le trône du Verbe, devenu leur Époux et leur Chef. Jadis plus rapproché de l’Épître qu’on vient de lire, l’Évangile précédent trouvait en elle son brillant commentaire, et lui-même expliquait parfaitement le terme de l’Apôtre. « Lorsque vous serez appelé aux noces, disait le Seigneur, quum VOCATUS fueris, prenez la dernière place » ; — « en toute humilité, dit l’Apôtre, montrez-vous dignes de l’appel que vous avez entendu : digne ambuletis vocatione qua VOCATI estis. »

Quelle est donc maintenant la condition dont l’accomplissement doit nous montrer dignes de l’honneur suprême qui nous est fait par le Verbe éternel ? L’humilité, la mansuétude et la patience sont les moyens recommandés pour arriver au but. Mais le but lui-même, c’est l’unité de ce corps immense que le Verbe fait sien dans la célébration des noces mystiques ; la condition qu’exige l’Homme-Dieu de ceux qu’il appelle à devenir, en participation de l’Église son Épouse, os de ses os, chair de sa chair, est de maintenir entre eux une telle harmonie, qu’elle fasse de tous véritablement un même esprit et un seul corps, dans le lien de la paix.

« Lien splendide ! s’écrie saint Jean Chrysostome ; lien merveilleux qui nous réunit tous mutuellement, et, tous rassemblés, nous unit à Dieu ! » Sa puissance est celle de l’Esprit-Saint lui-même, toute de sainteté et d’amour ; car c’est l’Esprit qui forme ses nœuds immatériels et divins, l’Esprit faisant l’office, au sein de la multitude baptisée, de ce souffle vital qui, dans le corps humain, anime à la fois et rallie tous les membres. Par lui jeunes gens et vieillards, pauvres et riches, hommes et femmes, distincts de race et de caractère, ne sont plus qu’un seul tout comme en fusion dans l’immense embrasement dont brûle sans fin l’éternelle Trinité. Mais pour que l’incendie de l’amour infini puisse s’emparer ainsi de l’humanité régénérée, il faut qu’elle soit purgée des rivalités, des rancunes, des dissensions qui montreraient qu’elle est encore charnelle, et peu accessible dès lors à la divine flamme comme à l’union qu’elle produit. De même en effet , selon la belle comparaison de saint Jean Chrysostome, de même que le feu, quand il trouve les diverses variétés de bois qu’on offre à son action préparés par une dessiccation suffisante, ne fait de tous qu’un seul bûcher, mais ne peut, s’ils sont encore humides, ni prendre sur eux isolément, ni les unir ensemble : ainsi en est-il dans l’ordre du salut ; l’humidité malsaine des passions ne laisse point prise à l’Esprit sanctificateur, et L’union, condition et but de l’amour, est dès lors impossible.

Lions-nous donc à nos frères par cette chaîne bienheureuse de la charité, qui n’immobilise que nos petites passions et dilate nos âmes au contraire, en permettant à l’Esprit de les conduire sûrement à la réalisation de l’unique espoir de notre commune vocation, qui est de nous unir à Dieu dans l’amour. Sans doute, même entre les saints ici-bas, la charité reste une vertu laborieuse, parce que, chez les meilleurs eux-mêmes, la grâce arrive rarement à restaurer sans défectuosité aucune l’équilibre des facultés rompu par le péché d’origine ; il en résulte que l’infirmité, les excès ou les fuites de la pauvre nature se font sentir, non seulement à l’humilité du juste, mais encore quelquefois, il ne l’ignore pas, à la patience bienveillante de ceux qui l’entourent. Dieu le permet pour accroître ainsi le mérite de tous, et raviver en nous le désir du ciel. Là seulement en effet, nous retrouverons facile autant que pleine harmonie avec nos semblables, par la pacification complète de nous-mêmes sous l’empire absolu du Dieu trois fois saint devenu tout en tous. Dans cette patrie fortunée, Dieu même séchera les pleurs de ses élus sur leurs misères, en renouvelant leur être à sa source infinie. Le Fils éternel, ayant en chacun de ses membres mystiques aboli l’empire des puissances ennemies et vaincu la mort apparaîtra, dans la plénitude du mystère de son incarnation, comme la tête véritable de l’humanité, sanctifiée, restaurée et développée en lui ; il tressaillira de voir arrivées à la mesure qui leur convenait, grâce aux soins de l’Esprit sanctificateur, les diverses parties de ce corps merveilleux qu’il voulut s’agréger par le lien de l’amour, pour célébrer à jamais, dans le concert du Verbe et de la création, la gloire de la Trinité souveraine. Combien alors seront dépassées les harmonies de la terre d’exil ! Combien l’accord des chœurs les plus parfaits de ce monde paraîtra discordant, auprès de cet ensemble, de cette harmonie, de cet accord éternel ! Préparons-nous pour le céleste concert ; prenons soin d’ajuster nos voix, en disposant dès maintenant nos cœurs à cette plénitude de l’amour, qui n’est point d’ici-bas, mais que nous devons mériter par nos efforts et le support patient des défauts de nos frères et des nôtres.

ÉVANGILE.

L’Homme-Dieu laissa la tentation approcher de sa personne sacrée au désert, et ne dédaigna point de subir les attaques que la ruse haineuse du démon lui suggère depuis le commencement pour perdre les hommes ; Jésus voulait apprendre aux siens la manière dont ils devaient repousser les assauts de l’esprit du mal. Aujourd’hui notre Chef adoré, qui veut être le modèle de ses membres en toutes leurs épreuves, nous apparaît aux prises, non plus avec la perfidie de Satan, mais avec l’hypocrisie de ses pires ennemis, les Pharisiens. Ils cherchent à le perdre en le surprenant dans ses paroles, ainsi que le feront jusqu’à la fin des temps, contre son Église, les représentants du monde ennemi qu’il a condamné.

Mais de même que son Époux divin, l’Église, assistée par lui pour continuer son œuvre sur la terre au milieu des mêmes tentations et des mêmes embûches, trouvera dans sa fidélité aussi simple qu’inébranlable à la loi de Dieu et à la vérité le secret de toutes les victoires. Les hérétiques, suppôts de Satan, les princes du monde, rongeant le frein imposé par le christianisme à leur ambition et à leurs convoitises, tenteront vainement de circonvenir la dépositaire des oracles divins par leurs propositions ou leurs questions captieuses. Mise en demeure de parler, elle parlera toujours ; qu’est-elle, en effet, comme Épouse de ce Verbe divin qui est la parole éternelle du Père ? Que peut-elle être, qu’une voix pour l’annoncer aux hommes ou le chanter dans les cieux ? Mais aussi, non seulement sa parole, revêtant la force et la pénétration de Dieu même, ne sera jamais sujette à surprise ; comme un glaive à deux tranchants, presque toujours elle ira plus loin que n’eussent voulu les questionneurs hypocrites de l’Église, en confondant leurs sophismes et en mettant à nu les intentions criminelles de leurs cœurs. De leur tentative sacrilège il ne restera pour eux que la honte, avec le dépit d’avoir amené la glorification de la vérité sous un nouveau jour et accru la lumière pour les enfants soumis de la Mère commune.

Ainsi advint-il aux Pharisiens de notre Évangile. Ils voulaient voir, dit l’Homélie du jour, si le Sauveur, qui se proclamait Dieu, n’ajouterait point à cause de cela quelque chose au commandement de l’amour divin, afin de pouvoir ensuite le condamner comme ayant tenté de corrompre la lettre du plus grand des préceptes de la loi. Mais l’Homme-Dieu déjoue leurs pensées ; il rappelle à ceux qui l’interrogent sur le grand commandement le texte même du décalogue, et continuant la citation, il montre qu’il n’ignore point le mobile secret qui les pousse, en leur rappelant aussi le second commandement, semblable au premier, le commandement de l’amour du prochain qui condamne leurs homicides menées. Ils sont ainsi convaincus de n’aimer ni le prochain, ni Dieu même, puisque le premier commandement ne peut être observé sans le second qui en découle et le complète.

Cependant le Seigneur achève de les confondre et les contraint à reconnaître eux-mêmes implicitement la divinité du Messie. Interrogés à leur tour, ils avouent que le Christ doit descendre de David ; mais, s’il est son fils, comment David l’appelle-t-il son Seigneur aussi bien qu’il le fait pour Dieu même, dans le psaume CIX où il chante les grandeurs du Messie ? La seule explication possible est que le Messie, qui devait dans le temps et comme homme sortir de David, était Dieu et Fils de Dieu dès avant tous les temps, selon la parole du même psaume : Je vous ai engendré de mon sein avant l’aurore. Cette réponse qui les eût condamnés, les Pharisiens ne la donnèrent pas ; mais leur silence était un aveu, en attendant que la vengeance du Père contre ces vils ennemis de son Christ accomplît la prophétie, et fît d’eux l’escabeau de ses pieds dans le sang et la honte, au jour terrible des justices de Jéhovah sur la ville déicide.

Nous, chrétiens, pour la plus grande honte de l’enfer qui suscita contre le Fils de Dieu les embûches de la synagogue expirante, sachons tirer de ces efforts de la haine une instruction qui profite à l’amour. Les Juifs, en rejetant Jésus-Christ, manquèrent à la fois aux deux préceptes qui constituent la charité et résument toute la loi ; si nous aimons Jésus-Christ au contraire, pour la même raison toute la loi se trouve accomplie.

Splendeur de la gloire éternelle, un par nature avec le Père et l’Esprit-Saint, il est le Dieu que nous prescrit d’aimer le premier commandement ; et le second, d’autre part, ne trouve qu’en lui d’application possible. Car non seulement il est homme aussi véritablement qu’il est Dieu ; mais encore il est l’homme par excellence : l’homme parfait, sur le type duquel et pour qui ont été formés tous les autres ; leur modèle et leur frère à tous ; le chef en même temps qui les régit comme roi, qui les offre à Dieu comme pontife ; la tête qui communique à tous les membres de l’humanité beauté et vie, mouvement et lumière ; le rédempteur de cette humanité tombée, et doublement dès lors la source de tout droit, la dernière et la plus haute raison, sinon l’objet direct, de tout amour légitime ici-bas. Rien ne compte qu’en lui devant Dieu. Dieu n’aime les hommes, dit saint Augustin, que parce qu’ils sont les membres de son Fils ou qu’ils peuvent le devenir ; c’est son Fils qu’il aime en eux tous : il aime ainsi d’un même amour, quoique non également, et son Verbe, et la chair de son Verbe, et les membres de son Verbe fait chair. Or la charité, c’est l’amour tel qu’il est en Dieu, communiqué par l’Esprit-Saint aux créatures. Ce que nous devons donc aimer par la charité en nous et dans autrui, c’est le Verbe divin comme étant dans les autres et en nous-mêmes, ou pour qu’il y soit, d’après une autre expression de l’évêque d’Hippone .

Mais par suite, en dehors des damnés bannis pour jamais du corps de l’Homme-Dieu, gardons-nous d’exclure personne de l’amour. Qui peut se vanter d’avoir la charité du Christ, s’il n’embrasse pas son unité, dit encore saint Augustin ? Qui peut l’aimer, sans aimer avec lui l’Église qui est son corps, sans aimer tous ses membres ? Ce que l’on fait à l’un des plus petits comme aux plus dignes, en bien comme en mal, c’est à lui qu’on le fait, déclare-t-il. Aimons donc le prochain comme nous-mêmes à cause du Christ qui est en chacun de nous, et qui donne à tous union et croissance dans la charité.

Le même Apôtre qui disait : La fin de la loi, c’est la charité, a dit aussi : La fin de la loi, c’est le Christ ; et nous voyons maintenant l’harmonie de ces deux propositions. Nous comprenons également la connexité de la parole de notre Évangile : Dans ces deux commandements sont renfermés toute la loi et les prophètes, et de cette autre parole du Seigneur : Scrutez les Écritures, car elles rendent témoignage de moi. La plénitude de la loi qui règle les mœurs est dans la charité, dont le Christ est le but ; comme l’objet des Écritures révélées n’est autre encore que l’Homme-Dieu résumant dans son adorable unité, pour les siens, la morale et le dogme. Il est leur foi et leur amour, « la fin de toutes nos résolutions, dit saint Augustin ; car tous nos efforts ne tendent qu’à nous parfaire en lui, et c’est là notre perfection, d’arriver jusqu’à lui ; parvenu donc à lui, ne cherche pas au delà : il est ta fin. » Et le saint docteur nous donne, arrivés à ce point, la meilleure formule de l’union divine : « Adhérons à lui seul, jouissons de lui seul, soyons tous un en lui : haereamus uni, fruamur uno, permaneamus unum. »

XVIIème Dimanche après la Pentecôte
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Samedi des Quatre-Temps de Septembre

26 Septembre 2020 , Rédigé par Ludovicus

Samedi des Quatre-Temps de Septembre

Collecte

Dieu tout-puissant et éternel, qui guérissez les corps et les âmes par le remède salutaire de l’abstinence, nous supplions humblement votre majesté, afin qu’apaisé par la prière pieuse de ceux qui jeûnent, vous nous donniez des secours pour le présent et pour l’avenir.

Lecture Lv. 23, 26-32

En ces jours-là : le Seigneur parla à Moïse et lui dit : Le dixième jour de ce septième mois sera le jour des expiations ; il sera très solennel et il s’appellera saint ; vous affligerez vos âmes en ce jour-là, et vous offrirez un holocauste au Seigneur. Vous ne ferez aucune œuvre servile dans tout ce jour, parce que c’est un jour de propitiation, afin que le Seigneur votre Dieu vous devienne favorable. Tout homme qui ne se sera point affligé en ce jour-là périra au milieu de son peuple. J’exterminerai encore du milieu de son peuple celui qui en ce jour fera quelque ouvrage. Vous ne ferez donc aucun ouvrage en ce jour-là ; et cette ordonnance sera éternellement observée dans toute votre postérité et dans tous les lieux où vous demeurerez. Ce jour-là vous sera un repos de sabbat, et vous affligerez vos âmes le neuvième jour du mois. Vous célébrerez vos fêtes d’un soir jusqu’à un autre soir, vous observerez votre sabbat, dit le Seigneur tout-puissant.

Lecture Lv. 23, 39-43.

En ces jours-là : le Seigneur parla à Moïse et lui dit : Depuis le quinzième jour du septième mois, lorsque vous aurez recueilli tous les fruits de votre terre, vous célébrerez une fête en l’honneur du Seigneur pendant sept jours ; le premier jour et le huitième vous seront des jours de sabbat, c’est-à-dire de repos. Vous prendrez au premier jour des fruits d’un très bel arbre, des branches de palmier, des rameaux d’arbres touffus, et des saules de rivière ; vous vous réjouirez devant le Seigneur votre Dieu, et vous célébrerez chaque année cette fête solennelle pendant sept jours ; cette ordonnance sera observée éternellement dans toute votre postérité. Vous célébrerez cette fête au septième mois, et vous demeurerez sous des tentes de feuillage pendant sept jours ; tout homme qui est de la race d’Israël demeurera sous les tentes, afin que vos descendants apprennent que j’ai fait demeurer les enfants d’Israël sous des tentes, lorsque je les ai tirés de l’Égypte, moi qui suis le Seigneur votre Dieu.

Lecture Mi. 7, 14, 16 et 18-20

O Seigneur notre Dieu, paissez votre peuple avec votre bâton, le troupeau de votre héritage, qui habite solitaire dans la forêt comme aux jours anciens. Les nations verront, et elles seront confondues avec toute leur puissance. O Dieu, qui est semblable à vous, qui enlevez l’iniquité et qui oubliez les péchés des restes de votre héritage ? Il ne lancera plus sa fureur, parce qu’il aime la miséricorde. Il aura encore compassion de nous ; il mettra à ses pieds nos iniquités, et il jettera tous nos péchés au fond de la mer, Vous donnerez la vérité à Jacob, la miséricorde à Abraham, comme vous l’avez juré à nos pères depuis les jours anciens, ô Seigneur notre Dieu.

Lecture Za. 8, 14-19

En ces jours-là : la parole du Seigneur me fut adressée en ces termes : Ainsi parle le Seigneur des armées : Comme j’ai pensé à vous affliger, lorsque vos pères ont provoqué ma colère, dit le Seigneur, et que je n’ai pas eu de pitié, ainsi j’ai pensé, au contraire, en ces jours, à faire du bien à la maison de Juda et à la maison de Jérusalem. Ne craignez, point. Voici donc ce que vous ferez : Dites la vérité chacun à son prochain ; jugez à vos portes selon la vérité et selon la paix. Que nul ne pense dans son cœur le mal contre son ami, et n’aimez pas les faux serments ; car ce sont là toutes choses que je hais, dit le Seigneur. La parole du Seigneur des armées me fut adressée en ces termes : Ainsi parle le Seigneur des armées : Les jeûnes du quatrième, du cinquième, du septième et du dixième mois deviendront pour la maison de Juda des jours de joie et d’allégresse, et de belles solennités. Seulement, aimez la vérité et la paix, dit le Seigneur des armées.

Épitre He. 9, 2-12

Mes frères : on a construit un tabernacle dans la première partie duquel étaient le chandelier, la table et les pains de proposition, et cette partie s’appelait le Saint. Puis, derrière le second voile était la partie du tabernacle appelée le Saint des saints, renfermant un encensoir d’or, et l’arche d’alliance toute couverte d’or, dans laquelle était une urne d’or contenant la manne, la verge d’Aaron, qui avait fleuri, et les tables de l’alliance. Au-dessus de l’arche étaient les chérubins de la gloire, qui couvraient de leur ombre le propitiatoire. Mais ce n’est pas le moment de parler de cela en détail. Or, ces choses étant ainsi disposées, les prêtres entraient en tout temps dans la première partie du tabernacle, lorsqu’ils exerçaient des fonctions sacerdotales ; mais, dans la seconde, n’entre qu’une fois par an le seul grand-prêtre, non sans y porter du sang, qu’il offre pour son ignorance et pour celle du peuple. L’Esprit-Saint montre par là que le chemin du sanctuaire n’était pas encore ouvert, tant que le premier tabernacle subsistait. C’est une figure pour le temps présent, où l’on offre des dons et des victimes, qui ne peuvent rendre parfait selon la conscience celui qui rend ce culte ; puisqu’ils ne consistaient qu’en diverses ablutions, et en des cérémonies charnelles, imposées seulement jusqu’à une époque de réforme. Mais le Christ étant venu comme pontife des biens futurs, a traversé un tabernacle plus grand et plus parfait, qui n’a pas été fait de main d’homme, c’est-à-dire, qui n’appartient point à cette création, et il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire, non avec le sang des boucs ou des veaux, mais avec son propre sang, ayant obtenu une rédemption éternelle.

Évangile Lc. 13, 6-17

En ce temps-là, Jésus dit à la foule cette parabole : Un homme avait un figuier planté dans sa vigne ; et il vint y chercher du fruit, et n’en trouva point. Alors il dit au vigneron : Voilà trois ans que je viens chercher des fruits sur ce figuier, et je n’en trouve pas ; coupe-le donc : pourquoi occupe-t-il encore le sol ? Le vigneron, répondant, lui dit : Seigneur, laisse-le encore cette année, jusqu’à ce que je creuse tout autour et que j’y mette du fumier ; peut-être portera-t-il du fruit : sinon, tu le couperas ensuite. Or Jésus enseignait dans leur synagogue les jours de sabbat. Et voici qu’il y vint une femme, possédée d’un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; et elle était courbée, et ne pouvait pas du tout regarder en haut. Jésus, la voyant, l’appela auprès de lui et lui dit : Femme, tu es délivrée de ton infirmité. Et il lui imposa les mains ; et aussitôt elle redevint droite, et elle glorifiait Dieu. Mais le chef de la synagogue prit la parole, indigné de ce que Jésus avait opéré cette guérison un jour de sabbat ; et il disait à la foule : Il y a six jours pendant lesquels on doit travailler ; venez donc en ces jours-là, et faites-vous guérir, et non pas le jour du sabbat. Le Seigneur lui répondit, en disant : Hypocrites, est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat, ne délie pas son bœuf ou son âne de la crèche, et ne les mène pas boire ? Et cette fille d’Abraham, que Satan avait liée voilà dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat ? Tandis qu’il parlait ainsi, tous ses adversaires rougissaient ; et tout le peuple se réjouissait de toutes les choses glorieuses qu’il accomplissait.

Secrète

Faites, nous vous en supplions, Dieu tout-puissant, que le don offert aux regards de votre majesté, nous obtienne la grâce de la dévotion et nous fasse parvenir à la jouissance de la bienheureuse éternité.

Office

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Première leçon. Notre Seigneur et Rédempteur, dans son Évangile, s’adresse à nous tantôt par des paroles, tantôt par des faits ; quelquefois il parle d’une façon en paroles, d’une autre, en actions ; parfois il exprime la même chose en paroles qu’en actions. Vous avez en effet, mes frères, entendu parler de deux choses dans- la lecture de l’Évangile : d’un figuier stérile, et d’une femme courbée : au sujet de l’un et de l’autre, notre piété doit s’exercer. Le Sauveur cite le figuier en forme de comparaison, il guérit la femme par un miracle visible aux yeux. Mais le figuier stérile signifie la même chose que la femme courbée, et le figuier qui obtient un délai la même chose que la femme redressée.

Deuxième leçon.Que signifie le figuier, sinon la nature humaine ? Que signifie, que montre la femme courbée, si ce n’est la même nature ? Cette nature a été, et bien plantée comme le figuier, et bien créée comme la femme : mais tombée de son plein gré dans la faute, .elle ne conserve pas le fruit des soins de son maître ni l’état de rectitude. Se jetant en effet vers le péché de sa volonté, elle a perdu la droiture parce qu’elle n’a pas voulu porter les fruits de l’obéissance. Elle, créée à l’image de Dieu, en ne persistant pas dans sa dignité, a dédaigné de conserver l’état dans lequel elle avait été plantée ou créée. C’est pour la troisième fois que le maître de la vigne vient au figuier, parce qu’il a recherché le genre humain avant la loi, sous la loi, sous le règne de la grâce : en l’attendant, en l’avertissant, en le visitant.

Troisième leçon. Il est venu avant la loi, parce que chacun, par son intelligence naturelle, a appris comment il devait agir à l’égard de son prochain. Il est venu sous la loi, parce qu’il a enseigné par des préceptes. Il est venu après la loi, par la grâce, parce qu’il a montré, en la faisant paraître, la présence de sa bonté. Et cependant il se plaint de n’avoir pas, en trois ans, trouvé de fruit, parce que la loi naturelle, qui nous est innée, ne corrige pas les esprits de certains hommes pervers, que les préceptes ne les instruisent pas, que les miracles de son incarnation ne les convertissent pas. Qu’est-ce qui est signifié par celui qui cultive la vigne, sinon l’ordre des supérieurs ? Eux qui, en dirigeant l’Église, s’occupent assurément de la vigne du Seigneur.

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Vendredi des Quatre-Temps de Septembre

25 Septembre 2020 , Rédigé par Ludovicus

Vendredi des Quatre-Temps de Septembre

Collecte

Faites-nous la grâce, nous vous en prions, Dieu tout-puissant, qu’en observant religieusement chaque année ces saintes pratiques, nous vous soyons agréables, et dans nos corps et dans nos âmes.

Lecture Os 14, 2-10

Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Convertis-toi, Israël, au Seigneur ton Dieu, puisque tu es tombé par ton iniquité. Apportez avec vous des paroles, et convertissez-vous au Seigneur ; dites-lui : Enlevez toutes les iniquités, recevez le bien et nous vous offrirons, au lieu de taureaux, l’hommage de nos lèvres. Assur ne nous sauvera pas, nous ne monterons pas sur des chevaux, et nous ne dirons plus : Les œuvres de nos mains sont nos dieux ; parce que vous aurez pitié de l’orphelin, qui est chez vous. Je guérirai leurs brisures, je les aimerai par une pure bonté, car ma fureur s’est détournée d’eux. Je serai comme la rosée ; Israël germera comme le lis, et sa racine s’élancera comme celle du Liban. Ses branches s’étendront, sa gloire sera semblable à l’olivier, et son parfum comme celui du Liban. Ils reviendront s’asseoir sous son ombre ; ils vivront de froment et ils germeront comme la vigne ; leur renommée sera comme celle du vin du Liban. Ephraïm, qu’ai-je à faire encore avec les idoles ? C’est moi qui l’exaucerai et qui le ferai croître comme un sapin verdoyant ; c’est moi qui te ferai porter ton fruit. Qui est sage, pour comprendre ces choses ? Qui a l’intelligence, pour les connaître ? Car les voies du Seigneur sont droites, et les justes y marcheront ; mais les prévaricateurs y périront.

Évangile Lc. 7, 36-50

En ce temps-là, un pharisien pria Jésus de manger avec lui. Et étant entré dans la maison du pharisien, il se mit à table. Et voici qu’une femme, qui était une pécheresse dans la ville, ayant su qu’il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d’albâtre, rempli de parfum ; et se tenant derrière lui, à ses pieds, elle se mit à arroser ses pieds de ses larmes, et elle les essuyait avec les cheveux de sa tête, et elle baisait ses pieds et les oignait de parfum. Voyant cela, le pharisien qui l’avait invité dit en lui-même : Si cet homme était prophète, il saurait certainement qui et de quelle espèce est la femme qui le touche ; car c’est une pécheresse. Et Jésus, prenant la parole, lui dit : Simon, j’ai quelque chose à te dire. Il répondit : Maître, dites. Un créancier avait deux débiteurs, l’un devait cinq cents deniers, et l’autre cinquante. Comme ils n’avaient pas de quoi les rendre, il leur remit à tous deux leur dette. Lequel donc l’aimera davantage ? Simon répondit : Je pense que c’est celui auquel il a remis davantage. Jésus lui dit : Tu as bien jugé. Et se tournant vers la femme, il dit à Simon : Tu vois là cette femme ? Je suis entré dans ta maison : tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds ; mais elle a arrosé mes pieds de ses larmes, et elle les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas donné de baiser ; mais elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé de baiser mes pieds. Tu n’as pas oint ma tête d’huile ; mais elle, elle a oint mes pieds de parfum. C’est pourquoi, je te le dis, beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on remet moins, aime moins. Alors il dit à cette femme : Tes péchés te sont remis. Et ceux qui étaient à table avec lui commencèrent à dire en eux-mêmes : Quel est celui-ci, qui remet les péchés ? Et il dit à la femme : Ta foi t’a sauvée ; va en paix.

 

 

Office

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Première leçon. Quel est donc celui que représente le Pharisien présumant de sa fausse justice, si ce n’est le peuple juif ; quelle est celle que désigne la femme pécheresse, suivant les pas du Seigneur et pleurant, si ce n’est la Gentilité convertie ? Elle vint avec un vase d’albâtre, répandit le parfum, se tint en arrière aux pieds du Seigneur, inonda ses pieds de ses larmes, les essuya avec ses cheveux, et elle ne cessa de baiser ces mêmes pieds qu’elle inondait et essuyait. C’est donc nous que cette femme représente, si, après nos péchés, nous retournons au Seigneur de tout cœur, si nous imitons les pleurs de sa pénitence. Que veut en effet dire ce parfum, si ce n’est la bonne odeur de notre réputation ? C’est pourquoi saint Paul dit : « Nous sommes en tout lieu pour Dieu la bonne odeur du Christ. »

Deuxième leçon.Si donc nous faisons des œuvres bonnes, qui répandent dans l’Église l’odeur d’une bonne réputation, que faisons-nous en ce qui concerne le corps du Seigneur, sinon de l’inonder de parfum ? Mais la femme se tint aux pieds de Jésus : nous nous mettons devant les pieds du Seigneur quand nous nous opposons à ses voies par nos péchés ; mais si nous nous convertissons après nos fautes et embrassons une pénitence sincère, alors nous nous tenons en arrière, à ses pieds, car nous voulons suivre ses pas au lieu de les arrêter. La femme arrose ses pieds de ses larmes : ce que nous faisons aussi vraiment si, par un sentiment de compassion, nous nous inclinons vers le moindre des membres du Seigneur, si nous prenons part à la souffrance de ses saints dans la tribulation ; si, leur tristesse, nous la considérons comme notre tristesse.

Troisième leçon.Nous essuyons donc de nos cheveux les pieds du Seigneur, lorsque nous montrons notre pitié pour ses saints, auxquels nous compatissons par charité, même au moyen de notre superflu : de telle façon que notre esprit souffre dans sa compassion, au point qu’une main généreuse montre le sentiment vif de la douleur. Celui-là en effet mouille de ses larmes les pieds du Rédempteur, mais ne les essuie pas de ses cheveux, qui compatit, il est vrai, à la douleur de son prochain, mais ne lui vient pas en aide de son superflu. Il pleure, mais il n’essuie pas, celui qui lui présente les paroles de la douleur, mais qui, ne lui présentant pas ce qui lui manque, n’enlève pas du tout la force de la douleur. La femme baise les pieds qu’elle essuie ; ce que nous aussi nous faisons véritablement, si nous aimons ardemment ceux que nous soutenons de notre libéra- ;lité, de façon que le besoin du prochain ne nous soit pas à charge ; que son indigence, que nous soulageons, ne nous soit pas un fardeau et que, alors que la main présente le nécessaire, notre esprit ne soit pas engourdi loin de l’affection.

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Mercredi des Quatre-Temps de Septembre mémoire de Saint Lin pape et martyr

23 Septembre 2020 , Rédigé par Ludovicus

Mercredi des Quatre-Temps de Septembre mémoire de Saint Lin pape et martyr

Collecte

Faites, nous vous en supplions, Seigneur, que notre faiblesse ait pour se soutenir les remèdes de votre miséricorde en sorte que si elle est entraînée vers la terre du fait de sa condition propre, elle soit relevée grâce à votre clémence.

Lecture Am 9, 13-15

Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Voici, les jours viennent, où le laboureur suivra de près le moissonneur, où celui qui foule les raisins suivra celui qui répand la semence ; les montagnes feront couler la douceur, et toutes les collines seront cultivées. Je ramènerai les captifs de mon peuple Israël ; ils rebâtiront les villes désertes, et ils les habiteront ; ils planteront des vignes, et ils en boiront le vin ; ils feront des jardins, et ils en mangeront les fruits. Je les planterai dans leur terre, et je ne les arracherai plus à l’avenir du pays que je leur ai donné, dit le Seigneur ton Dieu.

Lecture 2 Esdr. 8, 1-10

En ces jours-là, tout le peuple s’assembla comme un seul homme sur la place qui est devant la porte des Eaux. Et ils prièrent Esdras, le scribe, d’apporter le livre de la loi de Moïse, que le Seigneur avait prescrite à Israël. Et le prêtre Esdras apporta la loi devant l’assemblée des hommes et des femmes, et de tous ceux qui pouvaient l’entendre, le premier jour du septième mois. Et il lut distinctement dans ce livre sur la place qui était devant la porte des Eaux, depuis le matin jusqu’à midi, en présence des hommes, des femmes et de ceux qui étaient capables de l’entendre, et tout le peuple avait les oreilles attentives à la lecture de ce livre. Esdras, le scribe, se tint debout sur une estrade de bois qu’il avait faite pour parler au peuple. Esdras ouvrit le livre devant tout le peuple, car il était élevé au-dessus de tous ; et après qu’il l’eut ouvert, tout le peuple se tint debout. Et Esdras bénit le Seigneur, le grand Dieu ; et tout le peuple, levant les mains, répondit : Ainsi soit-il, ainsi soit-il. Et ils s’inclinèrent, et adorèrent Dieu prosternés jusqu’à terre. Cependant les lévites faisaient faire silence au peuple, afin qu’il écoutât la loi. Or le peuple se tenait debout, chacun à sa place. Et ils lurent dans le livre de la loi de Dieu distinctement et d’une manière très intelligible, et le peuple entendit ce qu’on lui lisait. Or Néhémie, Esdras, prêtre et scribe, et les lévites qui interprétaient la loi dirent à tout le peuple : Ce jour est consacré au Seigneur notre Dieu ; ne vous attristez point et ne pleurez pas. Et il leur dit : Allez, mangez des viandes grasses et buvez de douces liqueurs, et faites-en part à ceux qui n’ont rien préparé, car ce jour est consacré au Seigneur ; et ne vous attristez point, car la joie du Seigneur est notre force.

Évangile   Mc. 9, 16-28

En ce temps-là, un homme de la foule, prenant la parole, dit : Maître, je vous ai amené mon fils, qui est possédé d’un esprit muet ; et en quelque lieu qu’il le saisisse, il le jette à terre, et l’enfant écume, grince des dents et se dessèche. J’ai dit à vos disciples de le chasser, mais ils ne l’ont pu. Jésus leur répondit : O génération incrédule, jusques à quand serai-je avec vous ? Jusques à quand vous souffrirai-je ? Amenez-le-moi. Ils l’emmenèrent ; et aussitôt qu’il eut vu Jésus, l’esprit l’agita avec violence, et, jeté à terre, il se roulait en écumant. Jésus demanda au père de l’enfant : Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive ? Il répondit : Depuis son enfance, et l’esprit l’a souvent jeté dans le feu et dans l’eau, pour le faire périr. Mais, si vous pouvez quelque chose, secourez-nous, ayez pitié de nous. Jésus lui dit : Si tu peux croire, tout est possible à celui qui croit. Et aussitôt le père de l’enfant s’écria avec larmes : Je crois, Seigneur ; aidez mon incrédulité. Et Jésus, voyant accourir la foule, menaça l’esprit impur, et lui dit : Esprit sourd et muet, je te l’ordonne, sors de cet enfant, et ne rentre plus en lui. Alors l’esprit, poussant des cris et l’agitant avec violence, sortit, et l’enfant devint comme mort, de sorte que beaucoup disaient : Il est mort. Mais Jésus, l’ayant pris par la main, le souleva, et il se leva. Lorsque Jésus fut entré dans la maison, ses disciples lui demandaient en secret : Pourquoi n’avons-nous pas pu le chasser ? Il leur répondit : Cette sorte de démon ne peut se chasser que par la prière et par le jeûne.

Postcommunion

En prenant vos dons célestes, nous vous demandons instamment, Seigneur, que, par votre grâce, nous recevions avec des sentiments qui en soient dignes la victime de ce sacrifice que nous célébrons, vous nous le donnant, avec le désir de vous servir de notre mieux.

Office

Homélie de saint Bède le Vénérable, Prêtre.

Première leçon. Ce démoniaque, que le Seigneur guérit en descendant de la montagne, saint Marc dit qu’il était sourd et muet ; saint Matthieu, qu’il était lunatique. Il nous paraît l’image de ces hommes dont il est écrit : « L’insensé est changeant comme la lune ; » de ceux qui, ne demeurant jamais dans le même état, portés tantôt à tels vices et tantôt à tels autres, semblent croître et décroître. Ils sont muets, ne confessant pas la foi ; sourds, n’entendant pas, jusqu’à un certain point, la parole même de la vérité. Ils écument, quand leur sottise les rend sans consistance, comme l’eau. C’est en effet le propre des fous, des malades énervés et des gens hébétés, de laisser échapper de leur bouche l’écume salivaire. Ils grincent des dents, lorsqu’ils sont enflammés par la fureur de la colère ; ils se dessèchent, lorsqu’ils languissent dans la torpeur de l’oisiveté, et ils vivent sans énergie, n’étant soutenus par aucune des forces de la vertu.

Deuxième leçon. Cette parole [du père du possédé] : « J’ai dit à vos disciples de la chasser, [ce démon,] et ils ne l’ont pu », accuse indirectement les Apôtres, quoique l’impossibilité de guérir soit rapportée parfois, non point à la faiblesse de ceux qui sont appelés à procurer la guérison, mais à l’état de la foi en ceux qui demandent à être guéris, le Seigneur ayant prononcé cette parole : « Qu’il te soit fait selon ta foi. » Jésus s’adressant à la foule, s’écria : « O race incrédule, jusqu’à quand serai-je avec vous ? Jusqu’à quand vous supporterai-je ? » [La patience du divin Maître] n’était ni lassée ni vaincue, car il est plein de bonté et de douceur lui qui, « semblable à l’agneau devant celui qui le tond, n’ouvrit pas la bouche, » et n’éclata pas en paroles de colère ; mais, à la façon d’un médecin qui verrait son malade se conduire contrairement à ses prescriptions, le Sauveur semble dire : Jusqu’à quand viendrai-je en ta maison ? jusqu’à quel point perdrai-je les soins de mon art, car j’ordonne une chose et tu en fais une autre ?

Troisième leçon. « Il leur dit : Ce genre [de démons] ne peut se chasser que par la prière et le jeûne. » En instruisant les Apôtres sur la manière dont le démon le plus méchant doit être chassé, Jésus-Christ nous donne à tous une règle de vie, afin que nous sachions que les tentations les plus fortes, provenant soit des esprits immondes, soit des hommes, doivent être vaincues par les jeûnes et les prières, et que la colère du Seigneur aussi, lorsqu’elle s’est allumée pour venger nos crimes, peut être apaisée par ce remède spécial. Or, le jeûne, en un sens général, consiste à s’abstenir non seulement des aliments, mais de tous les plaisirs charnels ; bien plus, à se défendre de toute affection au mal. Pareillement, la prière, en un sens général, ne s’entend pas seulement des paroles par lesquelles nous invoquons la clémence divine, mais aussi de tous l !es actes que nous accomplissons avec la dévotion de la foi pour servir notre Créateur.

Station à Sainte-Marie-Majeure.

Il est de règle que la station du mercredi des Quatre-Temps soit toujours à Sainte-Marie-Majeure, et les trois lectures de la messe sont un reste de l’antique coutume liturgique romaine, qui évoque ces tout premiers temps où, à la double lecture de la Thora et des Prophètes, en usage dans les synagogues de la Diaspora, les Apôtres en ajoutèrent une troisième, tirée des Évangiles.

L’antienne pour l’entrée du cortège du célébrant est tirée du psaume 80 et contient une heureuse application à la solennité de cette semaine. Celle-ci a, en effet, dans la liturgie, un caractère complexe, parce que, tout en conservant intact le souvenir de la fête latine des vendanges, elle veut pourtant apparaître comme la continuation chrétienne des deux solennités juives du commencement de l’année et du jour de l’Expiation. Le Psalmiste invite donc Israël à faire résonner le tambourin, à faire vibrer la harpe et la douce cithare, à sonner du cor, à l’occasion de la septième nouvelle lune (celle qui, autrefois, commençait l’année juive), parce que c’est là une tradition sainte en Israël et une loi du Dieu de Jacob.

C’est donc l’autorité divine qui a donné naissance aux fêtes liturgiques. Outre le culte privé et individuel moyennant lequel toute créature doit offrir l’hommage de sa propre adoration au Créateur, Dieu a voulu que la société des croyants, précisément parce que société extérieure et visible, eût des rites, des fêtes collectives, tant pour rendre au Créateur l’hommage dû par la société, comme telle, que pour procurer à l’individu, en ces actes sociaux, les moyens de se sanctifier. L’isolement est condamné : vae soli. L’homme est naturellement sociable, car c’est seulement en société qu’il peut atteindre son perfectionnement naturel. D’autre part, dans l’ordre surnaturel, le fidèle est admis à faire partie d’une société divine qui est l’Église, parce que, grâce à elle seulement, il pourra obtenir les moyens nécessaires à sa sanctification personnelle. Gardons-nous de perdre de vue cette loi, d’exagérer notre individualisme, et de sacrifier le culte extérieur, social, liturgique, à l’amour d’un culte intérieur et spirituel à l’excès, et exclusivement personnel. Nous ne sommes pas le corps du Christ tout entier, chacun de nous n’en est qu’un membre. Pour que l’intégrité de ce corps mystique se réalise, il est donc nécessaire que les membres ne se séparent ni du Chef ni entre eux. Jésus a voulu nous donner l’exemple de cette piété qu’on appelle, de nos jours, liturgique, et que nous appellerons simplement piété chrétienne au sens le plus parfait du mot. D’abord dans sa sainte Famille, puis avec le groupe de ses apôtres, II prenait part aux solennités liturgiques des synagogues. Aux temps prescrits, II montait au temple pour y célébrer la Pâque, la solennité de la Dédicace, celle des Tabernacles. Bien plus, l’on peut dire, conformément à ce dont les saints nous ont donné l’assurance, que sa vie était une prière ininterrompue, parce qu’après les nuits consacrées à l’oraison, il passait les journées, soit à Jérusalem, soit ailleurs, dans le Temple ou dans les synagogues, assistant ponctuellement aux psalmodies quotidiennes et aux sacrifices que l’on y célébrait.

Après la prière litanique vient la collecte, qui, autrefois, en était considérée comme la conclusion normale.

Dans la prière qui met fin à la prostration et à l’oraison privée de toute l’assemblée, le prêtre rappelle que notre fragile nature, viciée par la faute originelle, succombe sous le poids des maux qui sont comme le triste héritage du péché. Sur cette nature accablée et humiliée qui, ayant déposé l’ancienne jactance — la superbia vitae comme dit saint Jean — expérimente maintenant tout l’abîme de sa honte, le prêtre invoque, comme l’unique voie du salut, l’ineffable et divine miséricorde.

Suit la réconfortante lecture d’Amos (9, 13-15) oh, en couleurs vives, est décrite la fécondité de la terre promise, si fertile que la moisson se prolonge jusqu’au temps de la vendange et que celle-ci dure jusqu’à la saison des semailles. Non seulement ces divines prophéties ont une signification spirituelle, mais elles promettent aussi la prospérité matérielle aux nations qui observent les divins commandements. Si maintenant les campagnes semblent devenues stériles, et si les maladies des champs, des arbres et du bétail rappellent le souvenir des plaies d’Égypte, la vraie raison s’en trouve dans les péchés des peuples, dans leur apostasie collective- de Dieu et de son Église, dans la sensualité, dans l’anarchie, dans la profanation des fêtes et dans les nombreux blasphèmes par lesquels, encore plus qu’avec les grains de froment, se font les semailles dans nos champs.

Le premier graduel est tiré du psaume 112, où est exaltée la transcendance de Dieu, pour qui non seulement la terre, mais même les sommets des cieux ne sont rien autre que de profonds abîmes de bassesse. Toutefois, si haut que Dieu trône, l’humilité a la force de l’attirer jusqu’à elle. Du haut des cieux, Dieu écoute la voix du pauvre, de l’humble, il descend vite à son secours, le prend entre ses bras et vole, vole dans les hauteurs, jusqu’à ce qu’il l’ait placé sur les cimes les plus élevées de son royaume.

Comme conclusion de la lecture et du psaume responsorial, le président de l’assemblée récite la collecte, où l’on implore la grâce divine afin que l’abstinence de nourriture concorde avec la vie immaculée du chrétien, lequel se prive de tout ce qui pourrait servir d’amorce aux passions. Voici le texte de cette belle oraison. Prière : « Nous vous prions, Seigneur, d’accorder à votre famille appliquée à l’observance du jeûne sacré que, tandis qu’elle s’abstient des aliments matériels, son esprit aussi s’éloigne des péchés. Par notre Seigneur. »

La lecture du Livre d’Esdras (II, 8, 1-10) traite de la solennelle promulgation de la Loi accomplie par le Prophète après le retour de l’exil de Babylone, le premier jour du septième mois. L’invitation finale à célébrer une solennité d’action de grâces au Seigneur, bien qu’élevée dans le Missel à un sens purement spirituel et symbolique, révèle toutefois le caractère primitif de ces antiques fêtes romaines marquées de l’empreinte de la joie la plus vive et de la reconnaissance envers le Seigneur, dispensateur magnifique des fruits de la terre.

Le second graduel est le même que celui du dimanche précédent. Bienheureux ce peuple qui a le Seigneur pour Dieu, car, tandis que tous les autres dominateurs exercent l’empire à leur avantage, Dieu seul crée et gouverne parce qu’il aime, c’est-à-dire parce qu’il veut du bien, ce qui est l’immédiate conséquence de l’amour. S’il nous veut ce bien, il nous le donnera assurément puisqu’il est la source de ce bien diffusivum sui ; contrairement à l’amour inconstant et inefficace de toutes les créatures qui souvent ou ne veulent ou ne peuvent nous donner le bien parce qu’elles n’en disposent pas.

Le passage évangélique de saint Marc (9, 16-28) traite de la guérison du lunatique et de la nécessité de la prière et du jeûne pour triompher des esprits immondes. De fait, rien n’abaisse autant l’homme qu’une vie adonnée aux plaisirs des sens ; et le démon, sentant toute la supériorité de sa propre nature sur ces caractères sensuels, se plaît à les avilir par les chutes les plus honteuses. Au contraire, l’humble prière et le jeûne spiritualisent notre nature élevée en outre à l’état surnaturel, et la rendent inébranlable devant les coups funestes de Satan.

Le verset de l’offertoire est tiré du psaume 118 ; il est commun au second dimanche (vacat) de Carême. « Je méditerai vos commandements, dans lesquels je me délecte tant, et, avec mon bras, je me mettrai joyeusement en mesure de les observer. » C’est précisément là le but des synaxes liturgiques, spécialement de celles qui, autrefois, se prolongeaient jusqu’à l’heure de none : nous apprendre la sainte loi de Dieu, non pour satisfaire une simple curiosité de l’intelligence, mais pour former à nouveau la conscience, selon une règle plus pure, la volonté même de Dieu. Un poète célèbre le disait naguère, quand il écrivait qu’un nouveau livre est moins que rien, si ce livre n’améliore pas le monde.

La secrète est commune au IIIe dimanche après l’Épiphanie : « Regardez favorablement, Seigneur, cette offrande. » La formule est au singulier, car, bien qu’on déposât autrefois, sur l’autel, outre les nombreux pains, plusieurs calices anses destinés à la Communion de l’évêque, du clergé et du peuple, ces offrandes présentées par chacun des fidèles constituaient pourtant une unique oblation sociale et collective, par laquelle la communauté chrétienne tout entière consacrait la solennité du Seigneur. — L’effet de ce regard de Dieu qu’on demande ici, est la purification des consciences, pour que soient saints les corps, et plus saints encore les cœurs de tous ceux qui prennent part à l’offrande du Sacrifice eucharistique.

La seule pureté intérieure ne suffit donc pas, surtout pour les prêtres destinés à toucher de leurs mains les redoutables Mystères de nos autels. Nous dirons donc avec l’auteur de l’Imitation de Jésus-Christ : combien simples doivent être ces yeux qui ont coutume de contempler le Corps du Christ ; combien plus pures encore que le rayon du soleil ces mains qui, alors que les anges, autour de la table sacrée, adorent en tremblant, brisent les saintes Espèces pour signifier la séparation violente de l’âme et du corps de Jésus au moment de sa mort, et les divisent pour la Communion des fidèles.

Le verset pour la Communion est emprunté au texte d’Esdras mentionné plus haut. Il semblerait à la vérité peu indiqué pour un jour de jeûne ; mais il faut penser au caractère festif qu’avait primitivement cette messe, et plus encore au fait que, anciennement, la messe, retardée jusqu’à l’heure de none, selon la règle des jours de jeûne, mettait fin à l’abstinence, en sorte qu’après la sainte Communion, les fidèles pouvaient librement préparer la table et se refaire du long jeûne soutenu jusqu’au soir.

De plus, les joies et les récompenses matérielles octroyées aux Israélites sont un symbole des grâces spirituelles qui sont accordées dans la Loi nouvelle à ceux qui croient au Christ. La vie chrétienne, avec ses multiples mortifications, est comme une longue période de jeûne. Quand elle prendra fin, Dieu préparera dans le ciel un banquet — Isaïe l’appelle le banquet de la vendange — et il nourrira ses saints, rassasiant, selon la promesse évangélique, tous ceux qui, ici-bas, furent tourmentés par la faim et la soif de la justice, c’est-à-dire de la sainteté. Alors s’accomplira la prophétie d’Esdras dans son sens le plus vaste et le plus vrai : « Mangez les animaux engraissés et buvez le lait nouvellement trait ; envoyez-en aussi une partie à ceux qui ne se sont rien préparé. Aujourd’hui est le jour consacré au Seigneur, et il ne convient pas d’être affligés. Notre force réside dans la sainte joie de Dieu. ».

Dans la collecte d’action de grâces, on souhaite que l’action liturgique et le divin Sacrifice, au moyen desquels nous affirmons extérieurement notre servitude dévouée envers le Seigneur, soient accompagnés des dispositions intimes de notre cœur. C’est seulement ainsi que la participation sacramentelle au Mystère du Corps et du Sang du Christ devient, comme l’explique si bien saint Augustin, une participation à l’Esprit et à la Vie. L’effet sûr mais suave de la divine grâce dans l’âme, nous est décrit aujourd’hui par Amos, quand il la compare à une rosée silencieuse qui descend dans le calice des fleurs, féconde les lis et leur fait répandre alentour le doux parfum de la sainteté.

Dans le verset de psaume chanté aujourd’hui à la Communion, l’Église nous demande avec insistance de faire fête, ajoutant que cette sainte joie dans le Seigneur est ce qui alimente notre force spirituelle. En effet, la tristesse dans le chemin de la perfection dénote le plus souvent du découragement ou un manque de foi. Dans les luttes de l’esprit, quand l’âme se confie en l’aide de Dieu, elle a tout à espérer et rien à craindre, même s’il en résulte pour elle des pertes matérielles, car celles-ci pèsent fort peu dans les balances de l’éternité.

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Saint Thomas de Villeneuve évêque et confesseur mémoire des Saints Maurice et ses Compagnons martyrs

22 Septembre 2020 , Rédigé par Ludovicus

 Saint Thomas de Villeneuve évêque et confesseur mémoire des Saints Maurice et ses Compagnons martyrs

Collecte

O Dieu, qui avez enrichi et illustré le bienheureux Pontife Thomas d’une insigne compassion envers les pauvres, faites, nous vous en prions, que son intercession obtienne de votre bonté, pour tous ceux qui vous implorent, l’effusion des trésors de votre miséricorde.

Office

Quatrième leçon. Thomas naquit en Espagne dans la ville de Font-Plain (Fuenllana), au diocèse de Tolède, l’an du Seigneur mil quatre cent quatre-vingt-huit, d’une famille très distinguée. Dès l’âge le plus tendre, il conçut pour les pauvres des sentiments tout particuliers d’affection et de miséricorde, et tout jeune encore, il en donna bon nombre de preuves ; celle-ci, entre autres, que plus d’une fois il se dépouilla de ses vêtements pour couvrir ceux qui n’en avaient pas. Au sortir de l’enfance, il fut envoyé à Alcala pour y étudier les lettres, comme élève du grand collège de saint Ildefonse. Rappelé par la mort de son père, il consacra toute sa fortune à l’entretien de jeunes filles indigentes ; puis, sans tarder, il revint à Alcala pour achever son cours de théologie et il se fit tellement remarquer par sa science, qu’on l’obligea d’occuper l’une des chaires de l’Université ; il y traita avec un très grand succès les questions de philosophie et de théologie. En même temps, il ne cessait de demander à Dieu avec beaucoup d’instance dans ses prières, de lui révéler la science des saints et de lui faire connaître une règle de conduite pour diriger sagement sa vie et ses mœurs. Ce fut donc sur l’inspiration de Dieu, qu’il embrassa l’institut des Ermites de saint Augustin.
Cinquième leçon. Devenu profès, il excella dans toutes les vertus, dans tout ce qui t’ait l’ornement de la vie religieuse ; il se fit surtout remarquer par son humilité, sa patience, sa continence et sa très ardente charité, Au milieu d’occupations variées et multiples, il tenait son esprit fortement appliqué à l’oraison et à la méditation des choses de Dieu. Forcé d’accepter le fardeau de la prédication, qu’on lui imposa à cause de l’éminence de sa sainteté et de sa doctrine, il retira, la grâce divine aidant, quantité de pécheurs de la fange du vice pour les faire entrer dans la voie du salut. Placé comme supérieur à la tête de ses frères, il sut allier, dans une juste mesure, la prudence, la justice et la douceur à la sollicitude et la sévérité, si bien qu’il raffermit ou rétablit l’ancienne discipline de son Ordre dans un grand nombre de maisons.
Sixième leçon. Désigné pour occuper le siège archiépiscopal de Grenade, il rejeta cette dignité avec une humilité et une persistance admirables. Peu après cependant, sur l’ordre de ses supérieurs, il accepta le gouvernement de l’Église de Valence Pendant onze années environ, il l’administra avec tant de soin, qu’il accomplit tous les devoirs d’un très saint et très vigilant pasteur, sans rien changer à son genre de vie habituel. Son inépuisable charité s’exerça plus généreusement encore, prodiguant aux pauvres les revenus considérables de son Église et ne gardant même pas un lit en sa possession ; car celui sur lequel il était couché au moment où le Christ l’appela au ciel, lui fut prêté par l’indigent à qui il l’avait donné peu auparavant à titre d’aumône. Il s’endormit dans le Seigneur le six des ides de septembre, à l’âge de soixante-huit ans. Pendant sa vie et après sa mort, Dieu voulut manifester par des miracles la sainteté de son serviteur. Ainsi un grenier dont tout le froment avait été distribué aux pauvres, se trouva tout à coup rempli ; et un enfant mort revint à la vie auprès de son tombeau. En raison de ces miracles et de beaucoup d’autres encore qui le glorifièrent, il fut inscrit au nombre des Saints par le souverain Pontife Alexandre III.

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Saint Matthieu apôtre et évangéliste

21 Septembre 2020 , Rédigé par Ludovicus

Saint Matthieu apôtre et évangéliste

Collecte

Que les prières du bienheureux Apôtre et Évangéliste Matthieu nous viennent en aide, Seigneur, afin que les grâces que notre insuffisance ne peut obtenir nous soient accordées grâce à son intercession.

Lecture Ez. 1, 10-14

Voici l’apparence des visages des quatre animaux : ils avaient tous les quatre une face d’homme, une face de lion à leur droite, et une face de bœuf à leur gauche, et une face d’aigle au-dessus d’eux quatre. Leurs faces et leurs ailes s’étendaient en haut ; deux de leurs ailes se joignaient, et deux couvraient leurs corps. Chacun d’eux marchait devant soi ; ils allaient où l’Esprit les poussait, et ils ne se retournaient point en marchant. Et l’aspect des animaux ressemblait à celui de charbons de feu ardents et à celui de lampes allumées. On voyait courir au milieu des animaux des flammes de feu, et de ce feu sortaient des éclairs. Et les animaux allaient et revenaient comme des éclairs flamboyants.

Évangile Mt. 9, 9-13

En ce temps-là : Jésus vit un homme, appelé Matthieu, assis au bureau des impôts. Et il lui dit : Suis-moi. Et se levant, il le suivit. Or, il arriva que, Jésus étant à table dans la maison, beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent se mettre à table avec lui et ses disciples. Et voyant cela, les pharisiens disaient à ses disciples : Pourquoi votre Maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? Mais Jésus les ayant entendus, dit : Ce ne sont pas ceux qui se portent bien, mais les malades, qui ont besoin de médecin. Allez, et apprenez ce que signifie cette parole : Je veux la miséricorde et non le sacrifice. Car Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs.

Office

AU DEUXIÈME NOCTURNE.
Quatrième leçon. L’apôtre et Évangéliste Matthieu, appelé aussi Lévi, était assis à son comptoir, lorsque le Christ lui fit entendre son appel. Il le suivit sans tarder et le reçut à sa table, lui et les autres disciples. Après la résurrection du Christ, avant de quitter la Judée pour la contrée qui lui était échue à évangéliser, il écrivit le premier, en hébreu, l’Évangile de Jésus-Christ, pour les Juifs convertis. Puis il partit pour l’Éthiopie, où il prêcha la bonne nouvelle, confirmant sa doctrine par de nombreux miracles.
Cinquième leçon. On doit citer en première ligne le miracle qu’il opéra en ressuscitant la fille du roi ; ce prodige convertit à la foi du Christ le roi, père de la jeune fille, la reine, et toute la contrée. A la mort du roi, Hirtacus, son successeur, voulut épouser la princesse Iphigénie, de race royale. Mais comme celle-ci avait voué à Dieu sa virginité, sur le conseil de Matthieu, et qu’elle persistait dans son pieux dessein, Hirtacus donna l’ordre de tuer l’Apôtre, tandis qu’il célébrait à l’autel les saints Mystères. La gloire du martyre couronna sa carrière apostolique, le onze des calendes d’octobre. Son corps fut transporté à Salerne, et déposé peu après, Grégoire VII étant souverain Pontife, dans l’église consacrée sous son vocable, et il y reçoit de la part de nombreux fidèles, un culte de pieuse vénération.
On lit pour 6ème Leçon, la 4ème Leçon du Commun.
AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Jérôme, Prêtre.
Septième leçon. Les autres Évangélistes, par respect et honneur pour Matthieu, se sont abstenus de lui donner son nom populaire et ils l’ont appelé Lévi ; il eut en effet ces deux noms. Quant à lui, suivant ce que dit Salomon : « Le juste est le premier accusateur de lui-même ; » et : « Confesse tes péchés, afin d’être justifié, » il s’appelle Matthieu et se déclare publicain, pour montrer à ceux qui le liront que nul ne doit désespérer du salut, pourvu qu’il embrasse une vie meilleure, puisqu’on voit en sa personne un publicain tout à coup changé en Apôtre.
Huitième leçon. Porphyre et l’empereur Julien relèvent ici sous forme d’accusation, ou l’ignorance d’un historien inexact ou la folie de ceux qui suivirent immédiatement le Sauveur, comme s’ils avaient inconsidérément obéi à l’appel du premier venu ; tandis qu’au contraire, Jésus avait déjà opéré beaucoup de miracles et de grands prodiges, que les Apôtres avaient certainement vus avant de croire. D’ailleurs l’éclat et la majesté de la divinité cachée en lui reflétés jusque sur sa face, pouvaient dès le premier aspect, attirer à lui ceux qui le voyaient ; car si l’on dit que l’aimant et l’ambre ont la propriété d’attirer les anneaux de fer, les tiges de blé, les brins de paille, combien plus le Seigneur de toutes choses pouvait-il attirer à lui ceux qu’il appelait ?
Neuvième leçon. « Or il arriva que Jésus étant à table dans la maison, beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent s’y asseoir avec lui. » Ils voient que ce publicain, passé d’un état de péché à une vie meilleure, avait été admis à la pénitence ; et c’est pour cela qu’eux-mêmes ne désespèrent pas de leur salut. Mais ce n’est pas en demeurant dans leurs mauvaises habitudes qu’ils viennent à Jésus, ainsi que les Pharisiens et les Scribes le disent avec murmure. C’est en faisant pénitence, comme le marque le Seigneur dans la réponse qui suit : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice ; car je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. » Aussi le Seigneur allait-il aux repas des pécheurs, pour avoir l’occasion de les instruire et de servir à ceux qui l’invitaient, des aliments spirituels.

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XVIème Dimanche après la Pentecôte

20 Septembre 2020 , Rédigé par Ludovicus

XVIème Dimanche après la Pentecôte
Introït

Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que j’ai crié vers vous durant tout le jour, et parce vous, Seigneur, vous êtes bienveillant et doux, et répandez vos miséricordes avec abondance sur tous ceux qui vous invoquent. Inclinez votre oreille vers moi, Seigneur, et exaucez-moi car je suis faible et pauvre.

Collecte

Nous vous en prions, Seigneur, que votre grâce nous prévienne et nous accompagne toujours, et qu’elle nous donne d’être sans cesse appliqués aux bonnes œuvres.

Épitre Ep. 3, 13-21

Mes frères, je vous demande de ne pas perdre courage, à cause de mes tribulations pour vous, car elles sont votre gloire. A cause de cela je fléchis les genoux devant le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, duquel toute famille dans les cieux et sur la terre tire son nom, pour qu’il vous donne, selon les richesses de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur ; qu’il fasse que le Christ habite par la foi dans vos cœurs, afin qu’étant enracinés et fondés dans la charité, vous puissiez comprendre, avec tous les saints, quelle est la largeur, et la longueur, et la hauteur, et la profondeur, et connaître l’amour du Christ, qui surpasse toute connaissance, de sorte que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu. A celui qui, par sa puissance qui opère en nous, peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et tout ce que nous pensons, à lui soit la gloire dans l’Église et en Jésus-Christ, dans la succession de tous les âges et de tous les siècles. Ainsi soit-il.

Évangile Lc. 14, 1-11

En ce temps-là, Jésus entra, un jour de sabbat, dans la maison d’un des principaux pharisiens, pour y manger du pain ; et ceux-ci l’observaient. Et voici qu’un homme hydropique était devant lui. Et Jésus, prenant la parole, dit aux docteurs de la loi et aux pharisiens : Est-il permis de guérir le jour du sabbat ? Mais ils gardèrent le silence. Alors lui, prenant cet homme par la main, le guérit et le renvoya. Puis, s’adressant à eux, il dit : Qui de vous, si son âne ou son bœuf tombe dans un puits, ne l’en retirera pas aussitôt, le jour du sabbat ? Et ils ne pouvaient rien répondre à cela. Il dit aussi aux invités cette parabole, considérant comment ils choisissaient les premières places. Il leur dit : Quand tu seras invité à des noces, ne te mets pas à la première place, de peur qu’il n’y ait parmi les invités une personne plus considérable que toi, et que celui qui vous a conviés, toi et lui, ne vienne te dire : Cède la place à celui-ci, et qu’alors tu n’ailles, en rougissant, occuper la dernière place. Mais, quand tu auras été invité, va, mets-toi à la dernière place, afin que, lorsque celui qui t’a invité sera venu, il te dise : Mon ami, monte plus haut. Et alors ce sera une gloire pour toi devant ceux qui seront à table avec toi. Car quiconque s’élève sera humilié, et quiconque s’humilie sera élevé.

Offertoire

Seigneur, voyez à me venir en aide. Que ceux qui cherchent à m’ôter la vie soient confondus et craignent. Seigneur, jetez un regard pour porter secours.

Communion

Seigneur, je me souviendrai de votre justice à vous seul ; ô Dieu, vous m’avez instruit dès ma jeunesse, jusque dans ma vieillesse et jusqu’au déclin de mes forces, ô Dieu, ne m’abandonnez pas.

Postcommunion

Nous vous en supplions, Seigneur, daignez, dans votre bonté, purifier et renouveler nos âmes par vos célestes sacrements, en sorte que nous en retirions pour nos corps aussi un secours qui nous serve à la fois pour le présent et l’avenir.

Office

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Septième leçon. Voici d’abord la guérison d’un hydropique, en qui le poids de la chair accablait l’âme et éteignait l’ardeur de l’esprit. Puis vient une leçon d’humilité, quand le Seigneur condamne ceux qui, dans le banquet nuptial, choisissent les premières places : il le fait néanmoins avec douceur, voulant qu’une bonté persuasive tempère la sévérité de la réprimande, que la raison serve à la persuasion, et que la correction réprime la convoitise. Cette leçon d’humilité est accompagnée d’une leçon de miséricorde, et les paroles du Seigneur nous prouvent que la miséricorde doit se pratiquer envers les pauvres et les faibles ; car être hospitalier pour ceux qui en récompenseront, c’est plutôt de l’avarice que de la charité.

Huitième leçon. Enfin, à l’un des convives, comme à un vétéran qui a fourni ses années de service, Jésus-Christ donne pour récompense le précepte du mépris des richesses ; puisque le royaume des cieux ne peut être acquis, ni par celui qui, tout aux choses d’ici-bas, s’est acheté des possessions terrestres, le Seigneur ayant dit : « Vends ce que tu as et suis-moi ; » ni par celui qui s’est acheté des bœufs (Élisée ayant égorgé et distribué ceux qu’il avait) ; ni enfin par ceux qui, ayant pris femme, pensent aux choses de ce monde, et non à celles de Dieu. Certes, l’état conjugal n’est point blâmé ; seulement la virginité est appelée à un plus grand honneur. « Car la femme non mariée et la veuve pensent aux choses qui sont du Seigneur, afin d’être saintes de corps et d’esprit. »

Neuvième leçon. Mais, pour rentrer maintenant en grâce avec les gens mariés, comme plus haut nous nous sommes concilié les personnes veuves, disons que nous ne nous refusons point à l’opinion de plusieurs interprètes, estimant que les trois genres d’hommes exclus de la participation au grand festin sont : les païens, les Juifs et les hérétiques. L’Apôtre nous dit de fuir l’avarice, de crainte qu’embarrassés, comme les Gentils, dans l’iniquité, la malice, l’impudicité et l’avarice, nous ne puissions arriver au royaume du Christ. « Car aucun impudique, ou avare, ce qui est une idolâtrie, n’a d’héritage dans le royaume du Christ et de Dieu. »

ÉPÎTRE.

Mon cœur a proféré une parole excellente ; c’est au Roi que je dédie mes œuvres . L’enthousiasme du Psalmiste chantant l’épithalame sacré est passé dans l’âme du Docteur des nations, et lui inspire cette lettre merveilleuse qui résume les sublimités de son enseignement comme un hymne d’amour. Devenu le prisonnier de Néron, Paul montre bien que la parole de Dieu n’est pas arrêtée sous les liens qui retiennent l’apôtre captif .

L’Épître aux Éphésiens n’est pas, de beaucoup, la plus longue de ses lettres ; il n’en est point pourtant auxquelles soient faits de plus nombreux emprunts dans toute la série des Dimanches après la Pentecôte : nous devons en conclure qu’elle présente, mieux qu’aucune autre, la pensée dominante à laquelle l’Église voudrait ramener ses fils dans cette partie de l’Année liturgique. Apprenons donc le mystère de l’Évangile, en écoutant le héraut qui reçut pour mission spéciale d’annoncer aux nations ce trésor resté caché en Dieu depuis les siècles éternels. C’est comme ambassadeur qu’il vient vers nous ; les chaînes qui chargent ses bras, loin d’affaiblir l’autorité de son message, sont l’insigne glorieux qui l’accrédite auprès des disciples du Dieu du Calvaire.

Dieu seul au reste, il le déclare, peut fortifier suffisamment en nous les sens de l’homme intérieur pour nous permettre de connaître, avec les saints, les dimensions du grand mystère du Christ habitant l’homme afin de le remplir de la plénitude de Dieu. C’est pourquoi, fléchissant les genoux devant Celui de qui découle tout don parfait et qui nous a engendrés dans la vérité par son amour, il lui demande d’ouvrir par la foi et la charité les yeux de notre cœur, afin que nous comprenions les richesses glorieuses de l’héritage qu’il réserve à ses fils et le déploiement de puissance dont sont l’objet nos âmes ici-bas même.

Mais si la sainteté est nécessaire pour obtenir l’épanouissement complet de la vie divine dont parle l’Apôtre, observons également que le désir de saint Paul et sa prière étant pour tous, il s’en suit que personne n’est exclu de cette vocation sublime. Et par le fait, selon la remarque de saint Jean Chrysostome, les chrétiens auxquels il s’adresse vivent au milieu du monde, ayant femme, enfants et serviteurs, puisqu’il leur trace des règles de conduite sur tous ces points. Les saints d’Éphèse, comme de partout, ne sont autres que les fidèles du Christ Jésus, c’est-à-dire ceux qui suivent fidèlement l’impulsion du Seigneur dans la condition qui leur est propre. Or il ne tient qu’à nous de suivre la grâce ; nos résistances seules empêchent l’Esprit de faire de nous des saints. L’accès des régions supérieures où le mouvement progressif de la sainte Liturgie, depuis la Pentecôte, introduit l’Église est ouvert à tous. Si, peut-être, le nouvel ordre d’idées amené par ce mouvement a semblé plus d’une fois dépasser nos forces, peut-être aussi ne pourrions-nous point nous rendre le témoignage d’avoir mis à profit comme il convenait, depuis l’Avent et Noël, les enseignements, les grâces de tout genre, qui devaient développer en nous concurremment la vie chrétienne et la lumière. L’Église s’est mise à la portée de tous au commencement du Cycle ; mais elle ne pouvait rester stationnaire, et, par égard pour nos tiédeurs, négliger de conduire les hommes de bonne volonté à cette union divine qu’on leur avait annoncée comme devant « couronner à la fois le Cycle et l’âme sanctifiée par le Cycle. » Gardons-nous cependant de perdre courage. Le Cycle de la Liturgie ne se déroule pas une fois seulement au ciel de la sainte Église. Bientôt, revenant à son point de départ, il adaptera de nouveau la puissance de ses rayons à notre faiblesse. Si alors, instruits par l’expérience, nous ne nous contentons pas d’admirer comme à distance la gracieuse poésie, la douceur et les charmes de ses débuts ; si nous voulons sérieusement grandir avec cette lumière qui n’est autre que le Christ, en profitant des grâces de croissance qu’elle répandra de nouveau dans les âmes : l’œuvre de notre sanctification, déjà ébauchée, « pourra recevoir le complément que l’infirmité humaine avait suspendu. »

Dès maintenant, si peu complètes que puissent être nos dispositions, l’Esprit de miséricorde, qui règne sur cette partie du Cycle, ne refusera pas à notre humble prière de suppléer en quelque chose à ce qui nous manque. C’est déjà beaucoup, d’ailleurs, que l’œil de notre foi ait vu s’élargir devant lui les horizons surnaturels, qu’il ait pénétré dans les régions sereines où, loin du regard hébété de l’homme animal, la Sagesse révèle aux parfaits ce secret de l’amour que ne connaissent point les puissants et les sages de ce monde, que l’œil n’avait point vu, ni l’oreille entendu, ni le cœur même soupçonné ou compris. Nous comprendrons mieux désormais les divines réalités qui remplissent la vie des serviteurs de Dieu ; elles nous apparaîtront comme dépassant mille fois, par leur importance et leur grandeur, les vaines futilités ou les occupations au sein desquelles s’écoule l’existence prétendue positive des hommes de plaisirs ou d’affaires. Méditons sans fin le bienfait de cette élection divine qui nous a désignés, avant les siècles, pour être comblés de toutes les bénédictions spirituelles, dont les bénédictions temporelles de l’ancien peuple étaient la figure. Le monde n’était point encore, et déjà Dieu nous voyait dans son Verbe ; il assignait à chacun de nous la place qu’il devait occuper dans le corps de son Christ ; par avance, son regard paternel nous contemplait revêtus de cette grâce qui lui fait trouver dans l’Homme-Dieu ses complaisances, et il nous prédestinait, comme étant les membres de ce Fils bien-aimé, à nous asseoir avec lui à sa droite au plus haut des cieux.

Combien grandes ne sont pas nos obligations envers le Père souverain dont la bienveillance a décrété d’accorder de tels dons à la terre ! Sa volonté est son seul conseil, l’unique règle de ses actes ; et sa volonté n’est qu’amour. C’est de la mort coupable du péché qu’il nous appelle à cette vie qui n’est autre que la sienne à lui-même ; c’est de l’abîme ignominieux des vices, qu’après nous avoir lavés dans le sang de son Fils, il nous élève à cette gloire dont le spectacle étonne les anges et les plonge dans un saint tremblement .

Soyons donc saints à l’honneur de sa grâce. Le Christ est, dans sa divinité, la splendeur substantielle du Père et sa louange éternelle ; s’il a pris un corps, s’il s’est fait notre chef, ce n’a été que pour chanter sur un rythme nouveau le cantique des cieux : non content de présenter dans son humanité sainte aux regards de son Père le rayonnement créé des perfections infinies, il a voulu que la création entière renvoyât à l’adorable Trinité l’écho des divines harmonies. C’est pourquoi, rompant dans sa chair l’ancienne inimitié du gentil et du juif et rassemblant les hommes ennemis, il fait d’eux tous un même esprit, un seul corps, dont les mille voix s’unissent par lui dans l’unité de l’amour aux concerts angéliques, pour entourer sans fin le trône de Dieu d’une harmonie en accord avec le Verbe infini. Ainsi serons-nous à jamais pour Dieu, comme ce Verbe divin, la louange de sa gloire, selon l’expression qu’affectionne l’Apôtre dans le début de cette Épître aux Éphésiens ; ainsi doit être consommé le mystère qui fut, dès avant tous les temps, l’objet des desseins éternels : le mystère de l’union divine réalisée par le Christ Jésus rassemblant en lui, dans l’amour, et la terre et les deux.

 

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