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Vendredi de Pâques

5 Avril 2024 , Rédigé par Ludovicus

Vendredi de Pâques

Collecte

Dieu tout-puissant et éternel, qui, par le mystère pascal, avez formé un pacte de réconciliation avec l’humanité : donnez à nos âmes de reproduire dans nos actes les vérités que nous professons en célébrant ce mystère.

Épitre 1. P 3, 18-22

Mes bien-aimés, le Christ est mort une fois pour nos péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous offrir à Dieu, ayant été mis à mort quant à la chair, mais rendu à la vie quant à l’esprit ; par lequel aussi il est allé prêcher aux esprits qui étaient en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsqu’au temps de Noé ils s’attendaient à la patience de Dieu, pendant qu’était préparée l’arche, dans laquelle peu de personnes, savoir huit seulement, jurent sauvées à travers l’eau. Figure à laquelle correspond le baptême, qui nous sauve maintenant, non pas en enlevant tes souillures de la chair, mais par l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu, grâce à la résurrection de Jésus-Christ, qui est assis à la droite de Dieu.

Évangile Mt. 28, 16-20

En ce temps-là : les onze disciples s’en allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus leur avait indiquée. Et le voyant, ils L’adorèrent. Cependant, quelques-uns eurent des doutes. Et Jésus s’approchant, leur parla ainsi : Toute puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et leur enseignant à observer tout ce que je vous ai commandé. Et voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles.

Il y a huit jours, nous entourions la croix sur laquelle « l’homme des douleurs » expirait abandonné de son Père, et repoussé comme un faux Messie par le jugement solennel de la Synagogue, et voici que le soleil se lève aujourd’hui pour la sixième fois, depuis que le cri de l’Ange, proclamant la Résurrection de l’adorable victime, s’est fait entendre. L’Épouse qui naguère, le front dans la poussière, tremblait devant cette justice d’un Dieu qui se montre ennemi du péché, jusqu’à « ne pas épargner même son propre Fils », parce que ce Fils divin en portait la ressemblance, a relevé tout à coup la tète pour contempler le triomphe subit et éclatant de son Époux qui la convie lui-même a la joie. Mais s’il est un jour dans cette Octave où elle doive exalter le triomphe d’un tel vainqueur, c’est assurément le Vendredi, où elle avait vu expirer, « rassasié d’opprobres », celui-là même dont la victoire retentit présentement dans le monde entier.

Arrêtons-nous donc aujourd’hui à considérer la Résurrection de notre Sauveur comme l’apogée de sa gloire personnelle, comme l’argument principal sur lequel repose notre foi en sa divinité. Si le Christ n’est pas ressuscité, nous dit l’Apôtre, notre foi est vaine » ; mais parce qu’il est ressuscité, notre foi est assurée. Jésus nous devait donc d’élever sur ce point notre certitude au plus haut degré ; voyez s’il a manqué de le faire ; voyez si, au contraire, il n’a pas porté en nous la conviction de cette vérité capitale jusqu’à la plus souveraine évidence de fait. Pour cela deux choses étaient nécessaires : que sa mort fût la plus réelle, la mieux constatée, et que le témoignage qui atteste sa Résurrection fût le plus irréfragable à notre raison. Le Fils de Dieu n’a manqué à aucune de ces conditions ; il les a remplies avec un divin scrupule : aussi le souvenir du triomphe qu’il a remporté sur la mort ne saurait-il s’effacer de la pensée des hommes ; et de là vient que nous éprouvons encore aujourd’hui, après dix-neuf siècles, quelque chose de ce frisson de terreur et d’admiration que ressentirent les témoins qui eurent à constater ce passage subit de la mort à la vie.

Certes, il était bien réellement devenu la proie de la mort, celui que, vers la dixième heure du jour, Joseph d’Arimathie et Nicodème descendaient de la croix, et dont ils déposaient les membres roidis et sanglants entre les bras de la plus désolée des mères. L’affreuse agonie de la veille, lorsqu’il luttait avec les répugnances de son humanité, à la vue du calice qu’il était appelé à épuiser ; le brisement qu’avait éprouvé son cœur par suite de la trahison de l’un des siens et de l’abandon des autres ; les outrages et les violences dont il fut assailli durant de longues heures ; l’effroyable flagellation que Pilate lui fit subir, dans le but d’apitoyer un peuple altéré de meurtre ; la croix, avec ses clous ouvrant quatre sources d’où le sang s’échappait à grands flots ; les angoisses du cœur de l’agonisant, à la vue de sa mère éplorée à ses pieds ; une soif ardente qui consumait rapidement les dernières ressources de la vie ; enfin le coup de lance traversant la poitrine, et allant atteindre le cœur et faire sortir de son enveloppe les dernières gouttes de sang et d’eau : tels furent les titres de la mort pour revendiquer une si noble victime. C’est afin de vous glorifier, ô Christ, que nous les rappelons aujourd’hui : pardonnez à ceux pour lesquels vous avez daigné mourir, de n’oublier aucune des circonstances d’une mort si chère. Ne sont-elles pas aujourd’hui les plus solides assises du monument de votre résurrection ?

Il avait donc véritablement conquis la mort, ce vainqueur d’une nouvelle espèce qui s’était montré à la terre. Un fait surtout restait acquis à son histoire : c’est que sa carrière, passée tout entière dans une obscure contrée, s’était terminée par un trépas violent, au milieu des acclamations de ses indignes concitoyens. Pilate adressa à Tibère les actes du jugement et du supplice du prétendu Roi des Juifs ; et dès ce moment l’injure fut toute prête pour les sectateurs de Jésus. Les philosophes, les beaux esprits, les esclaves de la chair et du monde, se les montreront du doigt, en disant : « Voila ces gens étranges qui adorent un Dieu mort sur une croix ». Mais si pourtant ce Dieu mort s’est ressuscité, que devient sa mort, sinon la base inébranlable sur laquelle s’appuie l’évidence de sa divinité ? Il était mort et il s’est ressuscité ; il avait annoncé qu’il mourrait et qu’il ressusciterait ; quel autre qu’un Dieu peut tenir entre ses mains « les clefs de la mort et du tombeau »  ?

Or il est ainsi. Jésus mort est sorti vivant du tombeau. Comment le savons-nous ? — Par le témoignage de ses Apôtres, qui L’ont vu vivant après sa mort, auxquels il s’est donné à toucher, avec Lesquels il a conversé durant quarante jours. Mais ces Apôtres, devons-nous les en croire ? — Et qui pourrait douter du témoignage le plus sincère que le monde entendit jamais ? Car quel intérêt auraient ces hommes à publier la gloire du maître auquel ils s’étaient donnés, et qui leur avait promis qu’après sa mort il ressusciterait, s’ils savaient qu’après avoir péri dans un supplice ignominieux pour eux aussi bien que pour lui, il n’a pas rempli sa promesse ? Que les princes des Juifs, pour décrier le témoignage de ces hommes, soudoient les gardes du tombeau, afin de leur faire dire que, pendant qu’ils dormaient, ces pauvres disciples que la frayeur avait dispersés, sont venus durant la nuit enlever le corps ; on est en droit de leur répondre par cet éloquent sarcasme de saint Augustin : « Ainsi donc les témoins que vous produisez sont des témoins qui dormaient ! Mais n’est-ce pas vous-mêmes qui dormez, quand vous vous épuisez à chercher une telle défaite ? » Mais où les Apôtres auraient-ils pris le motif de prêcher une résurrection qu’ils auraient su n’être pas arrivée ? « A leurs yeux, remarque saint Jean Chrysostome, leur maître ne doit plus être qu’un faux prophète et un imposteur ; et ils iront défendre sa mémoire contre une nation tout entière ! Ils se dévoueront à tous les mauvais traitements pour un homme qui les aurait trompés ! Serait-ce dans l’espérance des promesses qu’il leur avait faites ? Mais s’ils savent qu’il n’a pas rempli sa promesse de ressusciter, quel fond peuvent-ils faire sur les autres ? » Non, il faut nier la nature humaine, ou reconnaître que le témoignage des Apôtres est un témoignage sincère.

Ajoutons maintenant que ce témoignage fut le plus indépendant de tous : car il ne procurait d’autres avantages aux témoins que les supplices et la mort ; qu’il révélait dans ceux qui l’émettaient une assistance divine : car il faisait voir en eux, si timides la veille, une fermeté que rien ne fit jamais faiblir, et dans des hommes du peuple une assurance humainement inexplicable, et qui les accompagna jusqu’au sein des capitales les plus civilisées, où ils firent de nombreuses conquêtes. Disons encore que les prodiges les plus frappants venaient confirmer leur témoignage, et réunir autour d’eux dans la foi de la Résurrection de leur maître des multitudes de toute langue et de toute nation ; qu’enfin, lorsqu’ils disparurent de la terre, après avoir scellé de leur sang le grand fait dont ils étaient dépositaires, ils avaient répandu dans toutes les régions du monde, et bien au-delà des frontières de l’Empire romain, la semence de leur doctrine, qui germa promptement et produisit une moisson dont la terre entière se vit bientôt couverte. Tout ceci n’engendre-t-il pas la plus ferme de toutes les certitudes sur le fait étonnant dont ces hommes étaient porteurs ? Les récuser, ne serait-ce pas récuser en même temps les lois de la raison ? O Christ ! Votre résurrection est certaine comme votre mort ; la vérité a pu seule faire parler vos Apôtres ; seule elle peut expliquer le succès de leur prédication.

Mais le témoignage des Apôtres a cessé ; et un autre témoignage non moins imposant, celui de l’Église, est venu continuer le premier, et il proclame avec non moins d’autorité que Jésus n’est plus parmi les morts. L’Église attestant la résurrection de Jésus, c’est la voix de toutes ces centaines de millions d’hommes qui, chaque année depuis dix-huit siècles, ont fêté la Pâque. En face de ces milliards de témoignages de foi, y a-t-il place pour le doute ? Qui ne se sent écrasé sous le poids de cette acclamation qui n’a pas fait défaut une seule année, depuis que la parole des Apôtres est venue l’ouvrir ? Et dans cette acclamation, il est juste de distinguer la voix de tant de milliers d’hommes doctes et profonds qui ont aimé à sonder toute vérité, et n’ont donne leur adhésion à la foi qu’après avoir tout pesé dans leur raison ; de tant de millions d’autres qui n’ont accepté le joug d’une croyance si peu favorable aux passions humaines, que parce qu’ils ont vu clairement que nulle sécurité après cette vie n’était possible en dehors des devoirs qu’elle impose ; enfin, de tant de millions d’autres qui ont soutenu et protégé la société humaine par leurs vertus, et qui ont été la gloire de notre race, uniquement parce qu’ils ont fait profession de croire au Dieu mort et ressuscité pour les hommes.

Ainsi s’enchaîne d’une façon sublime l’incessant témoignage de l’Église, c’est-à-dire de la portion la plus éclairée et la plus morale de l’humanité, à celui des premiers témoins que le Christ daigna se choisir lui-même : en sorte que ces deux témoignages n’en font qu’un seul. Les Apôtres attestèrent ce qu’ils avaient vu ; nous, nous attestons, et nous attesterons jusqu’à la dernière génération, ce que les Apôtres ont prêché. Les Apôtres s’assurèrent par eux-mêmes du fait qu’ils avaient à annoncer ; nous nous assurons de la véracité de leur parole. Après expérience, ils crurent ; et après expérience, nous aussi nous croyons. Ils ont été assez heureux pour voir, dès ce monde, le Verbe de vie, pour l’entendre, pour le toucher de leurs mains ; nous, nous voyons et nous entendons l’Église qu’ils avaient établie en tous lieux, mais qui ne faisait encore que sortir du berceau, lorsqu’ils furent enlevés de la terre. L’Église est le complément du Christ, qui l’avait annoncée aux Apôtres comme devant couvrir le monde, bien que sortie du faible grain de sénevé. Sur ce sujet, saint Augustin, dans un de ses Sermons sur la Pâque, dit ces admirables paroles : « Nous ne voyons pas encore le Christ ; mais nous voyons l’Église ; croyons donc au Christ. Les Apôtres, au contraire, virent le Christ ; mais ils ne voyaient l’Église que par la foi. L’une des deux choses leur était montrée, et l’autre était l’objet de leur croyance ; il en est de même pour nous. Croyons au Christ que nous ne voyons pas encore ; et en nous tenant attachés à l’Église que nous voyons, nous arriverons à celui dont la vue ne nous est que différée. »

Ayant donc, ô Christ, par une si magnifique attestation, la certitude de votre Résurrection glorieuse, comme nous avons celle de votre mort sur l’arbre de la croix, nous confessons que vous êtes le grand Dieu, l’auteur et le souverain Seigneur de toutes choses. Votre mort vous a abaissé, et votre résurrection vous a élevé ; et c’est vous-même qui avez été l’auteur de votre abaissement et de votre élévation. Vous aviez dit devant vos ennemis : « Personne ne m’ôte la vie ; c’est moi-même qui la dépose ; j’ai le pouvoir de la quitter, et j’ai aussi celui de la reprendre » ; un Dieu pouvait seul réaliser cette parole : vous l’avez accomplie dans toute son étendue ; en confessant votre Résurrection, nous confessons donc votre Divinité : rendez digne de vous l’humble et heureux hommage de notre foi.

ÉPÎTRE.

C’est encore l’Apôtre saint Pierre que nous entendons aujourd’hui dans l’Épître ; et ses enseignements sont d’une haute importance pour nos néophytes. L’Apôtre leur rappelle d’abord la visite que fit naguère l’âme du Rédempteur à ceux qui étaient captifs dans les régions inférieures de la terre, et parmi lesquels elle rencontra plusieurs de ceux qui autrefois avaient été victimes des eaux du déluge, et qui avaient trouvé leur salut sous ces vagues vengeresses ; parce que ces hommes, incrédules d’abord aux menaces de Noé, mais bientôt abattus par l’imminence du fléau, regrettèrent leur faute, et en implorèrent sincèrement le pardon. De là l’Apôtre élève la pensée des auditeurs vers les heureux habitants de l’Arche, qui représentent nos néophytes, auxquels nous avons vu traverser l’eau, non pour périr sous cet élément, mais pour devenir, ainsi que les fils de Noé, les pères d’une nouvelle génération d’enfants de Dieu. Le Baptême n’est donc pas, ajoute l’Apôtre, un bain vulgaire ; il est la purification des âmes, à la condition que ces âmes auront été sincères dans rengagement solennel qu’elles ont pris, sur les bords de la fontaine sacrée, d’être fidèles au Christ qui les sauve, et de renoncer à Satan et à tout ce qui est de lui. L’Apôtre termine en nous montrant le mystère de la Résurrection de Jésus-Christ comme la source de la grâce du Baptême, dont l’Église a, pour cette raison, attaché l’administration solennelle à la célébration même de la Pâque.

ÉVANGILE.

Dans ce passage de l’Évangile, saint Matthieu, celui des Évangélistes qui a raconté le plus brièvement la Résurrection du Sauveur, résume en quelques mots les relations de Jésus ressuscité avec ses disciples en Galilée. Ce fut là qu’il daigna se faire voir non seulement aux Apôtres, mais encore à beaucoup d’autres personnes. L’Évangéliste ne manque pas de remarquer qu’il y en eut plusieurs qui d’avance étaient disposés à croire, et quelques-uns qui passèrent d’abord par le doute. Il nous montre ensuite le Sauveur donnant à ses Apôtres la mission d’aller prêcher sa doctrine dans le monde entier ; et comme il ne doit plus mourir, il s’engage à demeurer avec eux jusqu’à la fin des temps. Mais les Apôtres ne vivront pas jusqu’au dernier jour du monde : comment donc s’accomplira la promesse ? C’est que les Apôtres, ainsi que nous l’avons dit tout à l’heure, se continuent dans l’Église ; le témoignage des Apôtres et celui de l’Église s’enchaînent l’un à l’autre d’une manière indissoluble ; et Jésus-Christ veille à ce que ce témoignage unique soit aussi fidèle qu’il est incessant. Nous avons aujourd’hui même sous les yeux un monument de sa force invincible. Pierre, Paul. Jean, ont prêché dans Rome la Résurrection de leur maître, et ils y ont jeté les fondements du christianisme ; et cinq siècles après, l’Église, qui n’a cessé de continuer leurs conquêtes, recevait en hommage des mains d’un empereur le temple vide et dépouillé de tous les faux dieux, et le successeur de Pierre le dédiait à Marie, Mère de Dieu, et à toute cette légion de témoins de la Résurrection que l’on appelle les Martyrs. L’enceinte de ce vaste temple réunit en ce jour l’assemblée des fidèles. A la vue de ce superbe édifice qui a vu le feu des sacrifices païens s’éteindre faute d’aliment, et qui, après trois siècles d’abandon, comme pour expier son passé impie, maintenant purifié par l’Église, reçoit dans ses murs le peuple chrétien, comment nos néophytes ne diraient-ils pas : « Il est vraiment ressuscité, le Christ qui, après être mort sur une croix, triomphe ainsi des Césars et des dieux de l’Olympe ? »

 

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Jeudi de Pâques

4 Avril 2024 , Rédigé par Ludovicus

Jeudi de Pâques

Collecte

Dieu, qui avez réuni la diversité des nations dans la confession de votre nom : faites que, pour ceux qui ont eu la grâce de renaître dans la fontaine baptismale, la foi de l’esprit et la piété des œuvres soient une même chose.

Lecture Ac. 8, 26-40

En ce temps-là, un Ange du Seigneur parla à Philippe, et lui dit : Lève-toi et va vers le midi, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza ; cette route est déserte. Et se levant, il partit. Et voici qu’un Éthiopien, eunuque, officier de Candace, reine d’Éthiopie, et intendant de tous ses trésors, était venu adorer à Jérusalem. Il s’en retournait, assis sur son char, et lisait le prophète Isaïe. Alors l’Esprit dit à Philippe : Approche-toi et rejoins ce char. Et Philippe, accourant, l’entendit lire le prophète Isaïe, et lui dit : Crois-tu comprendre ce que tu lis ? Il répondit : Et comment le pourrais-je, si quelqu’un ne me dirige ? Et il pria Philippe de monter et de s’asseoir auprès de lui. Or le passage de l’Écriture qu’il lisait était celui-ci : Comme une brebis il a été mené à la boucherie, et comme un agneau muet devant celui qui le tond, il n’a point ouvert la bouche. Dans son abaissement son jugement a été aboli. Qui racontera sa génération, car sa vie sera retranchée de la terre ? L’eunuque, répondant à Philippe, lui dit : Je t’en prie, de qui le prophète dit-il cela ? de lui-même ou de quelque autre ? Alors Philippe, ouvrant la bouche et commençant par ce passage de l’Écriture, lui annonça Jésus. Et chemin faisant, ils rencontrèrent de l’eau ; et l’eunuque dit : Voici de l’eau ; qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ? Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible. Il répondit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. Il fit arrêter le char, et ils descendirent tous deux dans l’eau, et Philippe baptisa l’eunuque. Lorsqu’ils furent remontés hors de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l’eunuque ne le vit plus ; mais il continua son chemin, plein de joie. Quant à Philippe, il se trouva dans Azot, et il annonçait la bonne nouvelle au nom de Jésus-Christ à toutes les villes par où il passait, (jusqu’à ce qu’il fût arrivé à Césarée).

Évangile

En ce temps-là : Marie se tenait dehors, près du sépulcre, pleurant. Et tout en pleurant elle se baissa, et regarda dans le sépulcre. Et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête, et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait été déposé le corps du Christ. Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur dit : Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et que je ne sais où ils l’ont mis. Ayant dit cela, elle se retourna, et vit Jésus debout ; mais elle ne savait pas que ce fut Jésus. Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? qui cherches-tu ? Pensant que c’était le jardinier, elle lui dit ; Seigneur, si c’est toi qui l’as enlevé, dis-moi où tu l’as mis, et je l’emporterai. Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna, et lui dit : Rabboni (c’est-à-dire, Maître) ! Jésus lui dit : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Marie-Madeleine vint annoncer aux disciples : J’ai vu te Seigneur, et voici ce qu’il m’a dit.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

ÉPÎTRE.

Ce passage des Actes des Apôtres était destiné à rappeler aux néophytes la sublimité de la grâce qu’ils avaient reçue dans le baptême, et la condition à laquelle ils avaient été régénérés. Dieu avait placé sur leur chemin l’occasion du salut, comme il envoya Philippe sur la route que devait parcourir l’eunuque. Il leur avait inspiré le désir de connaître la vérité, comme il mit dans le cœur de cet officier de la reine d’Éthiopie l’heureuse curiosité qui le conduisit à entendre parler de Jésus-Christ. Mais tout n’était pas consommé encore. Ce païen aurait pu n’écouter qu’avec défiance et sécheresse d’âme les explications de l’envoyé de Dieu, et fermer la porte à cette grâce qui le cherchait ; loin de là, il ouvrait son cœur, et la foi le remplissait. De même ont fait nos néophytes ; ils ont été dociles, et la parole de Dieu les a éclairés ; d’une lumière ils sont montés à une autre, jusqu’à ce que l’Église ait reconnu en eux de véritables disciples de la foi. Alors sont venus les jours de la Pâque, et cette mère des âmes s’est dit à elle-même : « Voici de l’eau, l’eau qui purifie, l’eau qui est sortie du côté de l’Époux ouvert par la lance sur la croix ; qui empêche de les baptiser ? » Et quand ils ont eu confessé que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, ils ont été plongés, comme notre Éthiopien, dans la fontaine du salut ; maintenant, à son exemple, ils vont continuer à marcher dans le chemin de la vie, tout remplis de joie ; car ils sont ressuscites avec le Christ, qui a daigné associer les joies de leur nouvelle naissance à celles de son propre triomphe.

ÉVANGILE.

Nous sommes dans la Basilique des Apôtres ; et la sainte Église, au lieu de nous faire entendre aujourd’hui quelqu’un des récits du saint Évangile où sont rapportées les diverses apparitions du Sauveur ressuscité à ses Apôtres, nous lit celui dans lequel est relatée la faveur que Jésus fit à Madeleine. Pourquoi cet oubli apparent du caractère et de la mission qui furent conférés à ces ambassadeurs de la nouvelle loi ? La raison en est aisée à saisir. En honorant aujourd’hui dans ce Sanctuaire la mémoire de celle que Jésus-Christ choisit pour être l’Apôtre de ses Apôtres, l’Église achève d’exprimer dans toute leur adorable vérité les circonstances du jour de la Résurrection. C’est par Madeleine et ses compagnes qu’a commencé l’Apostolat du plus grand des mystères du Rédempteur ; elles ont donc un droit véritable à recevoir aujourd’hui l’honneur dans cette Basilique dédiée aux saints Apôtres.

Comme il est tout-puissant, Dieu aime à se manifester dans ce qu’il y a de plus faible ; de même que, dans sa bonté, il se fait gloire de reconnaître l’amour dont il est l’objet : voilà pourquoi le Rédempteur prodigua d’abord toutes les preuves de sa résurrection et tous les trésors de sa tendresse à Madeleine et à ses compagnes. Elles étaient plus faibles encore que les bergers de Bethléhem : elles eurent donc la préférence ; les Apôtres eux-mêmes étaient plus faibles que la moindre des puissances du monde qu’ils devaient soumettre : voilà pourquoi ils furent initiés à leur tour. Mais Madeleine et ses compagnes avaient aimé leur Maître jusqu’à la croix et jusqu’au tombeau, tandis que les Apôtres l’avaient abandonné : c’était donc aux premières, et non aux seconds, que Jésus devait les premières faveurs de sa bonté.

Sublime spectacle de l’Église, à ce moment où elle s’élève sur la foi de la Résurrection qui est sa base ! Après Marie, la Mère de Dieu, en qui la lumière ne vacilla jamais, et à qui était due, comme Mère et comme toute parfaite, la première manifestation, qui voyons-nous illuminées de cette foi par laquelle vit et respire l’Église ? Madeleine et ses compagnes. Pendant plusieurs heures, Jésus se complaît à la vue de son œuvre, si faible à l’œil humain, mais en réalité si grande. Encore un peu de temps, et ce petit troupeau d’âmes choisies va s’assimiler les Apôtres eux-mêmes ; que dis-je ? Le monde entier viendra à elles. Par toute la terre, en ces jours, l’Église chante ces paroles : « Qu’avez-vous vu au tombeau, Marie ? Dites-le-nous. » Et Marie Madeleine répond à la sainte Église : « J’ai vu le tombeau du Christ qui était vivant ; j’ai vu la gloire du Christ ressuscité. »

Et ne nous étonnons pas que des femmes aient seules formé autour du Fils de Dieu ce premier groupe de croyants, cette Église véritablement primitive qui resplendit des premiers rayons de la résurrection ; car c’est ici la continuation de l’œuvre divine sur le plan irrévocable et sublime dont nous avons déjà reconnu le début. Par la prévarication de la femme, l’œuvre de Dieu fut renversée au commencement ; c’est dans la femme qu’elle sera d’abord relevée. Au jour de l’Annonciation, nous nous sommes inclinés devant la nouvelle Ève qui réparait par son obéissance la désobéissance de la première ; mais dans la crainte que Satan ne s’y trompât, et ne voulût voir en Marie que l’exaltation de la personne, et non la réhabilitation du sexe, Dieu veut qu’aujourd’hui les faits mêmes déclarent sa suprême volonté. « La femme, nous dit saint Ambroise, avait goûté la première le breuvage de la mort ; ce sera donc elle qui, la première, contemplera la résurrection. En prêchant ce mystère, elle compensera sa faute ; et c’est avec raison qu’elle est envoyée pour annoncer aux hommes la nouvelle du salut, pour manifester la grâce qui vient du Seigneur, celle qui autrefois avait annoncé le péché à l’homme. » Les autres Pères relèvent avec non moins d’éloquence ce plan divin qui donne à la femme la primauté dans la distribution des dons de la grâce, et ils nous y font reconnaître non seulement un acte du pouvoir du maître souverain, mais en même temps la légitime récompense de l’amour que Jésus trouva dans le cœur de ces humbles créatures, et qu’il n’avait pas rencontré dans celui de ses Apôtres, auxquels, durant trois ans, il avait prodigué les plus tendres soins, et de la part desquels il était en droit d’attendre un plus mâle courage.

Au milieu de ses heureuses compagnes, Madeleine s’élève comme une reine dont les autres forment la cour. Elle est la bien-aimée de Jésus, celle qui aime le plus, celle dont le cœur a été le plus brisé par la douloureuse Passion, celle qui insiste avec plus de force pour revoir et embaumer de ses larmes et de ses parfums le corps de son cher maître. Quel délire dans ses paroles, tant qu’elle le cherche ! Quel élan de tendresse, quand elle le reconnaît vivant et toujours rempli d’amour pour Madeleine ! Jésus cependant se dérobe aux démonstrations d’une joie trop terrestre : « Ne me touche pas, lui dit-il ; car je ne suis pas monté encore vers mon Père ».

Jésus n’est plus dans les conditions de la vie mortelle ; en lui l’humanité demeurera éternellement unie à la divinité ; mais sa résurrection avertit l’âme fidèle que les relations qu’elle aura désormais avec lui ne sont plus les mêmes. Dans la première période, on l’approchait comme on approche un homme ; sa divinité paraissait à peine ; maintenant c’est le Fils de Dieu, dont l’éclat éternel se révèle, et dont les rayons jaillissent à travers même son humanité. C’est donc le cœur qui doit le chercher désormais plus que l’œil, l’affection respectueuse plus que la tendresse sensible. Il s’est laissé toucher à Madeleine, lorsqu’elle était faible et que lui-même était encore mortel ; il faut maintenant qu’elle aspire à ce souverain bien spirituel qui est la vie de l’âme, Jésus au sein du Père. Madeleine, dans le premier état, a fait assez pour servir de modèle à l’âme qui commence à chercher Jésus ; mais qui ne voit que son amour a besoin d’une transformation ? A force d’être ardent, il la rend aveugle ; elle s’obstine à « chercher parmi les morts celui qui est vivant ».

Le moment est venu où elle doit s’élever à une voie supérieure, et chercher enfin par l’esprit celui qui est esprit.

« Je ne suis pas monté encore vers mon Père », dit le Sauveur à cette heureuse femme ; comme s’il lui disait : « Retiens pour le moment ces caresses trop sensibles qui t’arrêteraient à mon humanité. Laisse-moi d’abord monter dans ma gloire ; un jour tu y seras admise près de moi ; alors il te sera donné de me prodiguer toutes les marques de ton amour, parce qu’alors il ne sera plus possible que mon humanité te dérobe la vue de ma nature divine. » Madeleine a compris la leçon de son maître tant aimé ; un renouvellement s’opère en elle ; et bientôt, sur les rochers arides de la Sainte-Baume, seule avec ses souvenirs qui s’étendent depuis la première parole de Jésus qui fondit son cœur et l’enleva aux amours terrestres, jusqu’à la faveur dont il l’honore aujourd’hui en la préférant aux Apôtres, elle s’élancera chaque jour vers son souverain bien, jusqu’à ce que, épurée par l’attente, devenue l’émule des Anges qui la visitent et consolent son exil, elle monte enfin pour toujours vers Jésus, et saisisse dans un embrassement éternel ces pieds sacrés où elle retrouve la trace ineffaçable de ses premiers baisers.

 

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Mercredi de Pâques

3 Avril 2024 , Rédigé par Ludovicus

Mercredi de Pâques

Collecte

Dieu, qui chaque année, nous réjouissez en la solennité de la résurrection du Seigneur : faites, dans votre bonté ; qu’au moyen de ces fêtes que nous célébrons dans le temps, nous méritions d’arriver aux joies éternelles.

Lecture Ac. 3, 13-15 et 17-19

En ces jours-là, Pierre prenant la parole, dit : Hommes d’Israël, et vous qui craignez Dieu, écoutez : Le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob, le Dieu de nos pères a glorifié son fils Jésus, que vous avez livré et renié devant Pilate, quand il jugeait qu’il fallait le relâcher. Mais vous, vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accordât la grâce d’un meurtrier ; et vous avez fait mourir l’auteur de la vie, que Dieu a ressuscité d’entre les morts ; ce dont nous sommes témoins. Et maintenant, mes frères, je sais que vous avez agi par ignorance aussi bien que vos chefs. Mais Dieu, qui avait prédit par la bouche de tous les prophètes que son Christ devait souffrir, l’a ainsi accompli. Faites donc pénitence, et convertissez-vous, afin que vos péchés soient effacés.

Évangile Jn. 21, 1-14

En ce temps-là : Jésus se manifesta de nouveau à ses disciples, près de la mer de Tibériade. Il se manifesta ainsi. Simon Pierre, et Thomas, appelé Didyme, et Nathanaël, qui était de Cana, en Galilée, et les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples, étaient ensemble. Simon-Pierre leur dit : Je vais pêcher. Ils lui dirent : Nous y allons aussi avec toi. Ils sortirent donc, et montèrent dans une barque ; et cette nuit-là, ils ne prirent rien. Le matin étant venu, Jésus parut sur le rivage ; mais les disciples ne reconnurent pas que c’était Jésus. Jésus leur dit donc : Enfants, n’avez-vous rien à manger ? Ils lui dirent : Non. Il leur dit : Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils ne pouvaient plus le retirer, à cause de la multitude des poissons. Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : C’est le Seigneur. Dès que Simon-Pierre eut entendu que c’était le Seigneur, il se ceignit de sa tunique, car il était nu, et il se jeta à la mer. Les autres disciples vinrent avec la barque, car ils étaient peu éloignés de la terre (environ de deux cents coudées), tirant le filet plein de poissons. Lorsqu’ils furent descendus à terre, ils virent des charbons allumés, et du poisson placé dessus, et du pain. Jésus leur dit : Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre. Simon-Pierre monta dans la barque, et tira à terre le filet, plein de cent cinquante-trois gros poissons. Et quoiqu’il y en eût tant, le filet ne fut pas rompu. Jésus leur dit : Venez, mangez. Et aucun de ceux qui prenaient part au repas n’osait lui demander : Qui êtes-vous ? Car ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus vint, prit le pain, et le leur donna, ainsi que du poisson. C’était la troisième fois que Jésus se manifestait à ses disciples, depuis qu’il était ressuscité d’entre les morts.

Le nom de la Pâque signifie en hébreu passage, et nous avons exposé hier comment ce grand jour est d’abord devenu sacré, à cause du Passage du Seigneur ; mais le terme hébraïque n’épuise pas là toute sa signification. Les anciens Pères, d’accord avec les docteurs juifs, nous enseignent que la Pâque est aussi pour le peuple de Dieu le Passage de l’Égypte dans la terre promise. En effet, ces trois grands faits s’unissent dans une même nuit : le festin religieux de l’agneau, l’extermination des premiers-nés des Égyptiens, et la sortie d’Égypte. Aujourd’hui reconnaissons une nouvelle figure de notre Pâque dans ce troisième fait qui continue le développement du mystère.

Le moment où Israël sort de l’Égypte pour s’avancer vers la terre qui est pour lui la patrie prédestinée, est le plus solennel de son histoire ; mais ce départ et toutes les circonstances qui l’accompagnent forment un ensemble de figures qui ne se dévoile et ne s’épanouit que dans la Pâque chrétienne. Le peuple élu se retire du milieu d’un peuple idolâtre et oppresseur du faible ; dans notre Pâque, nous avons vu ceux qui sont maintenant nos néophytes sortir courageusement de l’empire de Satan qui les tenait captifs, et renoncer solennellement à cet orgueilleux Pharaon, à ses pompes et à ses œuvres.

Sur la route qui conduit à la terre promise, Israël a rencontré l’eau ; et il lui a fallu traverser cet élément, tant pour se soustraire à la poursuite de l’armée de Pharaon, que pour pénétrer dans l’heureuse patrie où coulent le lait et le miel. Nos néophytes, après avoir renoncé au tyran qui les tenait asservis, se sont trouvés aussi en face de l’eau ; et ils ne pouvaient non plus échapper à la rage de leurs ennemis qu’en traversant cet élément protecteur, ni pénétrer dans la région de leurs espérances qu’après avoir mis derrière eux les flots comme un rempart inexpugnable. Par la divine bonté, l’eau, qui arrête toujours la course de l’homme, devint pour Israël un allié secourable, et elle reçut ordre de suspendre ses lois et de servir à la délivrance du peuple de Dieu. De même aussi la fontaine sacrée, devenue l’auxiliaire de la divine grâce, comme l’Église nous l’a enseigné dans la solennité de l’Épiphanie, a été le refuge, le sûr asile de nos heureux transfuges, qui dans ses ondes n’ont plus eu à craindre les droits que Satan revendiquait sur eux.

Debout et tranquille sur l’autre rive, Israël contemple les cadavres flottants de Pharaon et de ses guerriers, les chariots et les boucliers devenus le jouet des vagues. Sortis de la fontaine baptismale, nos néophytes ont plongé leur regard sur cette eau purifiante, et ils y ont vu leurs péchés, ennemis plus redoutables que Pharaon et son peuple, submergés pour jamais. Alors Israël s’est avancé joyeux vers cette terre bénie que Dieu a résolu de lui donner en héritage. Sur la route, il entendra la voix du Seigneur qui lui donnera lui-même sa loi ; il se désaltérera aux eaux pures et rafraîchissantes qui couleront du rocher à travers les sables du désert, et il recueillera pour se nourrir la manne que le ciel lui enverra chaque jour. De même, nos néophytes vont marcher d’un pas libre vers la patrie céleste qui est leur Terre promise. Le désert de ce monde qu’ils ont à traverser sera pour eux sans ennuis et sans périls ; car le divin Législateur les instruira lui-même de sa loi, non plus au bruit du tonnerre et à la lueur des éclairs, comme il fit pour Israël, mais cœur à cœur et d’une voix douce et compatissante, comme celle qui ravit les deux disciples sur le chemin d’Emmaüs. Les eaux jaillissantes ne leur manqueront pas non plus ; il y a quelques semaines, nous entendions le Maître, parlant à la Samaritaine, promettre qu’il ouvrirait une source vive à ceux qui l’adoreraient en esprit et en vérité. Enfin une manne céleste, bien supérieure à celle d’Israël, car elle assure l’immortalité à ceux qui s en nourrissent, sera leur aliment délectable et fortifiant.

C’est donc ici encore notre Pâque, le Passage à travers l’eau dans la Terre promise ; mais avec une réalité et une vérité que l’ancien Israël, sous ses grandes figures, n’a pas connue. Fêtons donc notre Passage de la mort originelle à la vie de la grâce par le saint Baptême ; et si l’anniversaire de notre régénération n’est pas aujourd’hui même, ne laissons pas pour cela de célébrer cette heureuse migration que nous avons faite de l’Égypte du monde dans l’Église chrétienne ; ratifions avec joie et reconnaissance notre renoncement solennel à Satan, à ses pompes et à ses œuvres, en échange duquel la bonté de Dieu nous a octroyé de tels bienfaits.

L’Apôtre des Gentils nous révèle un autre mystère de l’eau baptismale qui complète celui-ci, et vient se fondre pareillement dans le mystère de la Pâque. Il nous enseigne que dans cette eau nous avons disparu comme le Christ dans son sépulcre, étant morts et ensevelis avec lui. C’était notre vie d’hommes pécheurs qui prenait fin ; pour vivre à Dieu, il nous fallait mourir au péché. En contemplant les fonts sacrés sur lesquels nous avons été régénérés, pensons qu’ils sont le tombeau où nous avons laissé le vieil homme qui n’en doit plus remonter. Le baptême par immersion, qui fut longtemps en usage dans nos contrées, et qui s’administre encore en tant de lieux, était l’image sensible de cet ensevelissement ; le néophyte disparaissait complètement sous l’eau ; il paraissait mort à sa vie antérieure, comme le Christ à sa vie mortelle. Mais de même que le Rédempteur n’est pas demeuré dans le tombeau, et qu’il est ressuscité à une vie nouvelle ; de même aussi, selon la doctrine de l’Apôtre, les baptisés ressuscitent avec lui, au moment où ils sortent de l’eau, ayant les arrhes de l’immortalité et de la gloire, étant les membres vivants et véritables de ce Chef qui n’a plus rien de commun avec la mort. Et c’est encore ici la Pâque, c’est-à-dire le Passage de la mort à la vie.

 

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Mardi de Pâques

2 Avril 2024 , Rédigé par Ludovicus

Mardi de Pâques

Collecte

O Dieu, qui agrandissez sans cesse votre Église par une nouvelle génération : accordez à vos serviteurs de garder dans leur vie le sacrement qu’il ont reçu par la foi.

Lecture Ac. 13, 16 et 26-33

En ces jours-là, Paul se levant, faisant le silence d’un signe de la main, dit : Mes Frères, fils de la race d’Abraham et ceux d’entre vous qui craignent Dieu, c’est à vous que cette parole de salut a été envoyée. Car les habitants de Jérusalem et leurs chefs, ayant méconnu Jésus, ont accompli sans le savoir les paroles des prophètes qu’on lit chaque sabbat en le condamnant ; et n’ayant trouvé en lui aucune cause de mort, ils ont demandé à Pilate de le faire périr. Et quand ils eurent accompli tout ce qui est écrit de lui, ils le descendirent du bois et le déposèrent dans un sépulcre. Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts le troisième jour ; et il a été vu pendant bon nombre de jours par ceux qui étaient montés avec lui de la Galilée à Jérusalem, et qui maintenant sont ses témoins auprès du peuple. Et nous vous annonçons que la promesse faite à nos pères a été accomplie : car Dieu l’a accomplie pour nos fils, en ressuscitant Jésus-Christ, Notre-Seigneur.

Évangile Lc. 24, 36-47

En ce temps-là : Jésus se tint au milieu de ses disciples et leur dit : "La paix soit avec vous ! C’est moi, n’ayez pas peur". Mais saisis de stupeur et d’effroi, ils croyaient voir un esprit. Et il leur dit : " Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi des pensées s’élèvent-elles dans vos cœurs ? Voyez mes mains et mes pieds ; c’est bien moi. Touchez-moi et voyez : car un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai.". Et ce disant, il leur montra ses mains et ses pieds. Comme ils ne croyaient pas encore et qu’ils étaient dans l’étonnement à cause de leur joie, il leur dit : "Avez-vous ici quelque chose à manger ?" Ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé et un gâteau de miel. Et après qu’il eut mangé devant eux, prenant les restes, il les leur donna. Puis il leur dit : "Telles sont bien les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : il faut que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes." Alors il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre des Ecritures ; et il leur dit : "Ainsi il est écrit que le Christ devait souffrir et ressusciter des morts le troisième jour, et que le repentir pour la rémission des péchés doit être prêché en son nom à toutes les nation

L’Agneau est notre Pâque ; nous l’avons reconnu hier ; mais le mystère de la Pâque est loin d’être épuisé. Voici d’autres merveilles qui réclament notre attention. Le livre sacré nous dit : « La Pâque, c’est le passage du Seigneur » ; et le Seigneur, parlant lui-même, ajoute : « Je passerai cette nuit-là par la terre d’Égypte ; je frapperai tous les premiers-nés dans l’Égypte, depuis l’homme jusqu’à la bête ; et j’exercerai mon jugement sur tous les dieux de l’Égypte, moi le Seigneur. » La Pâque est donc un jour de justice, un jour terrible pour les ennemis du Seigneur ; mais il est en même temps et par là même le jour de la délivrance pour Israël. L’Agneau vient d’être immolé ; mais son immolation est le prélude de l’affranchissement du peuple saint.

Israël est soumis à la plus affreuse captivité sous Pharaon. Un odieux esclavage pèse sur lui ; ses enfants mâles sont dévoués à la mort ; c’en est fait de la race d’Abraham, sur laquelle reposent les promesses du salut universel ; il est temps que le Seigneur intervienne ; il est temps qu’il se montre, le Lion de la tribu de Juda, à qui rien ne saurait résister.

Mais Israël représente ici un peuple plus nombreux que lui. C’est le genre humain tout entier qui gémit captif sous la tyrannie de Satan, le plus cruel des Pharaons. Sa servitude est montée au comble ; courbé sous les plus abominables superstitions, il prodigue à la matière ses ignobles adorations. Dieu est chassé de la terre, où tout est devenu dieu, excepté Dieu ; le gouffre béant de l’enfer engloutit les générations presque entières. Dieu aura-t-il donc travaillé contre lui-même, en créant le genre humain ? Non ; mais il est temps que le Seigneur passe, et qu’il fasse sentir la force de son bras.

Le vrai Israël, l’Homme véritable descendu du ciel, est captif à son tour. Ses ennemis ont prévalu contre lui ; et sa dépouille sanglante et inanimée a été enfermée dans le tombeau. Les meurtriers du Juste ont été jusqu’à sceller la pierre de son sépulcre ; ils y ont établi une garde. N’est-il pas temps que le Seigneur passe, et qu’il confonde ses ennemis par la rapidité victorieuse de son passage ?

Et d’abord, au sein de la profane Égypte, chaque famille israélite ayant immolé et mangé l’agneau pascal, lorsque le milieu de la nuit fut venu, le Seigneur, selon sa promesse, passa comme un vengeur redoutable à travers toute cette nation au cœur endurci. L’ange exterminateur le suivait, et frappa de son glaive tous les premiers-nés de ce vaste empire, « depuis le premier-né de Pharaon qui s’asseyait sur le trône, jusqu’au premier-né de la captive qui était en prison, et jusqu’au premier-né de tous les animaux. » Un cri de douleur retentit de toutes parts dans Mesraïm ; mais le Seigneur est juste, et son peuple fut délivré.

La même victoire s’est renouvelée en ces jours, lorsque le Seigneur, à l’heure où les ténèbres luttaient encore avec les premiers rayons du soleil, a passé, à travers la pierre scellée du tombeau, à travers les gardes, frappant à mort le peuple premier-né, qui n’avait pas voulu « connaître le temps de sa visite ». La synagogue avait hérité de la dureté de cœur de Pharaon ; elle voulait retenir captif celui dont le prophète avait dit qu’il serait « libre entre les morts ». A ce coup, les cris d’une rage impuissante se sont fait entendre dans les conseils de Jérusalem ; mais le Seigneur est juste, et Jésus s’est délivré lui-même.

Et le genre humain que Satan foulait aux pieds, combien a été heureux pour lui le passage du Seigneur ! Ce généreux triomphateur n’a pas voulu sortir seul de sa prison : il nous avait tous adoptés pour ses frères, et nous a tous ramenés à la lumière avec lui. Tous les premiers-nés de Satan sont abattus du coup, toute la force de l’enfer est brisée. Encore un peu de temps, et les autels des faux dieux seront renversés de toutes parts ; encore un peu de temps, et l’homme, régénéré par la prédication évangélique, reconnaîtra son créateur et abjurera les infâmes idoles. Car « c’est aujourd’hui la Pâque, c’est-à-dire le Passage du Seigneur. »

Mais voyez l’alliance qui réunit dans une même Pâque le mystère de l’Agneau au mystère du Passage. Le Seigneur passe, et il commande à l’Ange exterminateur de frapper le premier-né dans toute maison dont le seuil ne porte pas l’empreinte du sang de l’Agneau. C’est ce sang protecteur qui détourne le glaive ; c’est à cause de lui que la divine justice passe à côté de nous et ne nous touche pas.

Pharaon et son peuple ne sont pas protégés par le sang de l’Agneau ; cependant ils ont vu de rares merveilles, ils ont éprouvé des châtiments inouïs ; ils ont pu voir que le Dieu d’Israël n’est pas sans force comme leurs dieux ; mais leur cœur est plus dur que la pierre, et les œuvres de Moïse pas plus que sa parole n’ont pu l’amollir. Le Seigneur les frappe donc, et délivre son peuple.

L’ingrat Israël s’obstine à son tour ; et, passionné pour ses ombres grossières, il ne veut pas d’autre Agneau que l’agneau matériel. En vain ses Prophètes lui ont annoncé qu’un « Agneau roi du monde viendra du désert à la montagne de Sion ». Israël ne consent pas à voir son Messie dans cet Agneau ; il l’égorge avec haine et fureur ; et il continue de mettre toute sa confiance dans le sang grossier d’une victime impuissante à le protéger désormais. Qu’il sera terrible le Passage du Seigneur dans Jérusalem, lorsque l’épée romaine le suivra, exterminant à droite et à gauche un peuple tout entier !

Et les esprits de malice qui s’étaient joués de l’Agneau, qui l’avaient méprisé à cause de sa douceur et de son humilité, qui avaient rugi de leur joie infernale, en le voyant épuiser tout le sang de ses veines sur l’arbre de la croix, quelle déception pour leur orgueil de l’avoir vu, cet Agneau, descendre dans toute sa majesté de Lion jusqu’aux enfers, en arracher les justes de quatre mille ans, captifs sous les ombres ; ensuite, sur la terre, appeler toute créature vivante à la liberté des enfants de Dieu !

Que votre Passage est dur à vos ennemis, ô Christ ! Mais qu’il est salutaire à vos fidèles ! Le premier Israël n’eut point à le redouter ; car il était protégé par le signe du sang figuratif qui marquait la porte de ses demeures. Notre sort est plus beau ; notre Agneau est l’Agneau de Dieu même ; et ce ne sont point nos portes qui sont marquées de son sang ; ce sont nos âmes qui en sont toutes teintes. Votre Prophète, expliquant plus clairement le mystère, annonça dans la suite que ceux-là seraient épargnés, au jour de votre juste vengeance sur Jérusalem, qui auraient au front la marque du Tau. Israël n’a pas voulu comprendre. Le signe du Tau est le signe de votre Croix ; c’est lui qui nous couvre, qui nous protège, qui nous transporte de joie, dans cette Pâque de votre Passage, où tous vos coups sont pour nos ennemis et toutes vos bénédictions pour nous.

ÉPÎTRE.

Ce discours que le grand Apôtre fit entendre à Antioche de Pisidie, dans la synagogue des Juifs, nous montre que le Docteur des Gentils suivait dans son enseignement la même méthode que le Prince des Apôtres. Le point capital de leur prédication était la Résurrection de Jésus-Christ : vérité fondamentale, fait suprême, qui garantit toute la mission du Fils de Dieu sur la terre. Il ne suffit pas de croire en Jésus-Christ crucifié, si l’on ne croit en Jésus-Christ ressuscité ; c’est dans ce dernier dogme qu’est contenue toute l’énergie du christianisme, de même que, sur ce fait, le plus incontestable de tous, repose la certitude tout entière de notre foi. Aussi nul événement accompli ici-bas n’est-il comparable à celui-ci sous le rapport de l’impression qu’il a produite. Voyez le monde entier ébranlé en ces jours, la Pâque réunissant tant de millions d’hommes de toute race et sous tous les climats. Voilà dix-huit siècles que Paul repose sur la Voie d’Ostie ; que de choses se sont effacées de la mémoire des hommes, et qui cependant ont fait grand bruit en leur temps, depuis que cette tombe reçut pour la première fois la dépouille de l’Apôtre. Le flot des persécutions submergea Rome chrétienne pendant plus de deux cents ans ; il devint même nécessaire, au IIIe siècle, de déplacer un moment ces ossements et de les enfouir aux Catacombes. Vint ensuite Constantin, qui éleva cette Basilique, et érigea cet arc triomphal près de l’autel sous lequel repose le corps de l’Apôtre. A partir de cette époque, que de changements, que de bouleversements, que de dynasties, que de formes de gouvernement se sont succédé dans notre monde civilisé et au-delà ! Rien n’est demeuré immobile, si ce n’est l’Église éternelle. Chaque année, depuis au moins quinze cents ans, elle est allée lire dans la Basilique de Saint-Paul, près de sa tombe, ce même discours dans lequel l’Apôtre annonce aux Juifs la Résurrection du Christ. A l’aspect de cette durée, de cette immobilité jusque dans des détails si secondaires, disons, nous aussi : Le Christ est véritablement ressuscité ; il est le Fils de Dieu ; car nul homme n’a jamais empreint si profondément sa main dans les choses de ce monde visible. A elle seule la Pâque proclame ce qu’il est ; et quand nous reconnaissons ce frappant caractère de perpétuité jusque dans les moindres rites, nous sommes en droit d’affirmer que si notre divin ressuscité est sublime dans l’éclatant soleil de sa gloire, il se laisse reconnaître encore jusque dans les moindres rayons qu’il réfléchit sur la Liturgie.

ÉVANGILE.

Jésus se montre à ses disciples rassemblés, le soir même de sa résurrection ; et il les aborde en leur souhaitant la paix. C’est le souhait qu’il nous adresse à nous-mêmes dans la Pâque. En ces jours il rétablit partout la paix : la paix de l’homme avec Dieu, la paix dans la conscience du pécheur réconcilié, la paix fraternelle des hommes entre eux par le pardon et l’oubli des injures. Recevons ce souhait de notre divin ressuscité, et gardons chèrement cette paix qu’il daigne nous apporter lui-même. Au moment de sa naissance en Bethléem, les Anges annoncèrent cette paix aux hommes de bonne volonté ; aujourd’hui Jésus lui-même, ayant accompli son œuvre de pacification, vient en personne nous en apporter la conclusion. La Paix : c’est sa première parole à ces hommes qui nous représentaient tous. Acceptons avec amour cette heureuse parole, et montrons-nous désormais, en toutes choses, les enfants de la paix. L’attitude des Apôtres dans cette grande scène doit aussi exciter notre attention. Ils connaissent la résurrection de leur maître ; ils se sont empressés de la proclamer à l’arrivée des deux disciples d’Emmaüs ; que leur foi est faible cependant ! La présence soudaine de Jésus les trouble ; s’il daigne leur donner ses membres à toucher, afin de les convaincre, cette expérience les émeut, les remplit de joie ; mais il reste encore en eux je ne sais quel fond d’incrédulité. Il faut que le Sauveur pousse la bonté jusqu’à manger devant eux, afin de les convaincre tout à fait que c’est bien lui et non un fantôme. Cependant ces hommes, avant la visite de Jésus, croyaient déjà et confessaient sa résurrection ! Quelle leçon nous donne ce fait de notre Évangile ! Il en est donc qui croient, mais d’une foi si faible que le moindre choc la ferait chanceler ; qui pensent avoir la foi, et qui l’ont à peine effleurée. Sans la foi cependant, sans une foi vive et énergique, que pouvons-nous faire, au milieu de cette lutte que nous avons à soutenir constamment contre les démons, contre le monde et contre nous-mêmes ? Pour lutter, la première condition est d’être sur un sol résistant ; l’athlète dont les pieds posent sur le sable mouvant ne tardera pas d’être renversé. Rien de plus commun aujourd’hui que cette foi vacillante, qui croit jusqu’à ce qu’arrive l’épreuve de cette foi constamment minée en dessous par un naturalisme subtil, qu’il est si difficile de ne pas aspirer plus ou moins, dans l’atmosphère malheureuse qui nous entoure. Demandons avec instance la foi, une foi invincible, surnaturelle, qui devienne le grand ressort de notre vie tout entière, qui ne cède jamais, qui triomphe toujours au dedans de nous-mêmes comme à l’extérieur ; afin que nous puissions nous approprier en toute vérité cette forte parole de l’Apôtre saint Jean : « La victoire qui met le monde tout entier sous nos pieds, c’est notre foi » 

 

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Lundi de Pâques

1 Avril 2024 , Rédigé par Ludovicus

Lundi de Pâques

Collecte

O Dieu, qui avez apporté au monde dans la solennité pascale la guérison : nous vous en supplions, continuez de répandre votre don céleste sur votre peuple ; qu’il soit digne de jouir de la liberté parfaite et qu’il s’avance vers la vie éternelle.

Lecture Ac. 10, 37-43

En ces jours-là, Pierre debout au milieu du peuple dit : Mes frères, Vous savez ce qui s’est passé dans toute la Judée : Jésus de Nazareth, commençant par en Galilée, après le baptême que Jean a prêché ; comment Dieu l’a oint de l’Esprit-Saint et de puissance, lui qui a passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable ; car Dieu était avec lui. Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem, lui qu’ils ont fait mourir en le pendant au bois. Dieu l’a ressuscité le troisième jour et lui a donné de se manifester, non à tout le peuple, mais à des témoins choisis d’avance par Dieu :à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. Et il nous a commandé de prêcher au peuple et d’attester que c’est lui que Dieu a constitué juge des vivants et des morts. A lui tous les prophètes rendent ce témoignage, que quiconque croit en lui recevra, par son nom, la rémission de ses péchés."

Évangile Lc. 24, 13-35

En ce temps-là : ce même jour, deux des disciples de Jésus faisaient route vers un village du nom d’Emmaüs, distant de Jérusalem de soixante stades. Et ils conversaient entre eux de tout ce qui était arrivé. Et il advint, comme ils conversaient et discutaient ensemble : Jésus en personne s’approcha, et il faisait route avec eux ; mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. ET il leurs dit : "Quels sont donc ces propos que vous échangez en marchant et qui vous font tristes ?". Et lui répondant, l’un d’eux, nommé Cléophas, lui dit : "Tu es bien le seul qui, de passage à Jérusalem, ne sache pas ce qui s’y est passé ces jours-ci !". Il leur dit : "Quoi ?". Et ils lui dirent : "Ce qui concerne Jésus de Nazareth, qui fut un prophète puissant en œuvres et en parole devant Dieu et tout le peuple ; et comment nos grands prêtres et nos chefs l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont crucifié. Quant à nous, nous espérions que ce serait lui qui rachèterait Israël ; mais, en plus de tout cela, on est au troisième jour depuis que cela s’est passé. Mais quelques femmes, des nôtres, nous ont jetés dans la stupeur : étant allées de grand matin au sépulcre, et n’ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire même qu’elles avaient vu une apparition d’anges qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau et ont trouvé les choses tout comme les femmes avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu !". Et lui leur dit : "O cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrit cela pour entrer dans sa gloire ?". Et commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur interpréta, dans toutes les Écritures, ce qui le concernait. Ils approchèrent du bourg où ils se rendaient, et lui feignit de se rendre plus loin. Mais ils le forcèrent, disant : "Reste avec nous, car on est au soir et déjà le jour est sur son déclin." Et il entra avec eux. Et il advint, comme il était à table avec eux, qu’il prit le pain, le bénit et le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent ; et il disparut de leur vue. Et ils se dirent l’un à l’autre : "Est-ce que notre cœur n’était pas brûlant en nous, lorsqu’il nous parlait sur le chemin, tandis qu’il nous dévoilait les Écritures ?" Sur l’heure même, ils partirent et retournèrent à Jérusalem ; et ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons, qui disaient : "Réellement le Seigneur est ressuscité, et il est apparu à Simon." Et eux de raconter ce qui s’était passé en chemin, et comment ils l’avaient reconnu à la fraction du pain.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

ÉPÎTRE.

Saint Pierre adressa ce discours au centurion Corneille, et aux parents et amis de ce gentil, qui les avait rassemblés au tour de lui pour recevoir l’Apôtre que Dieu lui envoyait. Il s’agissait de disposer tout cet auditoire à recevoir le Baptême et à devenir les prémices de la gentilité ; car jusque-là l’Évangile n’avait été annoncé qu’aux Juifs. Remarquons que c’est saint Pierre, et non un autre Apôtre, qui nous ouvre aujourd’hui, à nous gentils, les portes de l’Église que le Fils de Dieu a établie sur lui comme sur le roc inébranlable. Voilà pourquoi ce passage du livre des Actes des Apôtres se lit aujourd’hui, dans la Basilique de Saint-Pierre, près de sa glorieuse Confession, et en présence des néophytes qui sont autant de conquêtes de la foi sur les derniers sectateurs de l’idolâtrie païenne Observons ensuite la méthode qu’emploie l’Apôtre pour inculquer à Corneille et aux autres gentils la vérité du christianisme. Il commence par leur parler de Jésus-Christ ; il rappelle les prodiges qui ont accompagné sa mission ; puis ayant raconté sa mort ignominieuse sur la croix, il montre le fait de la Résurrection de l’Homme-Dieu comme la plus haute garantie de la vérité de son divin caractère. Vient ensuite la mission des Apôtres qu’il faut accepter, ainsi que leur témoignage si solennel et si désintéressé, puisqu’il ne leur a valu que des persécutions. Celui-là donc qui confesse le Fils de Dieu revêtu de la chair, passant en ce monde en faisant le bien, opérant toutes sortes de prodiges, mourant sur la croix, ressuscité du tombeau, et confiant aux hommes qu’il a choisis la mission de continuer sur la terre le ministère qu’il y a commencé ; celui qui confesse toute cette doctrine est prêt à recevoir, dans le saint Baptême, la rémission de ses péchés ; tel fut l’heureux sort de Corneille et de ses compagnons ; tel a été celui de nos néophytes.

ÉVANGILE.

Contemplons ces trois pèlerins qui conversent sur la route d’Emmaüs, et joignons-les par le cœur et par la pensée. Deux d’entre eux sont des hommes fragiles comme nous, qui tremblent devant la tribulation, que la croix a déconcertés, à qui il faut de la gloire et des prospérités, pour qu’ils puissent continuer à croire, « O insensés et cœurs tardifs, » leur dit le troisième voyageur ; « vous ne saviez donc pas qu’il fallait que le Christ souffrît, et qu’il n’entrât dans sa gloire que par cette voie ? » Jusqu’ici, nous avons trop ressemblé à ces deux hommes ; le Juif s’est montré en nous plus que le chrétien ; et c’est pour cela que l’amour des choses terrestres qui nous entraînait nous a rendus insensibles à l’attrait céleste, et par là même exposés au péché. Nous ne pouvons plus désormais penser ainsi. Les splendeurs de la Résurrection de notre Maître nous montrent assez vivement quel est le but de la tribulation, lorsque Dieu nous l’envoie. Quelles que soient nos épreuves, il n’y a pas d’apparence que nous soyons cloués à un gibet, ni crucifiés entre deux scélérats. Le Fils de Dieu a éprouvé ce sort ; et voyez aujourd’hui si les supplices du Vendredi ont arrêté l’essor qu’il devait prendre le Dimanche vers sa royauté immortelle. Sa gloire n’est-elle pas d’autant plus éclatante que son humiliation avait été plus profonde ?

Ne tremblons donc plus tant à la vue du sacrifice ; pensons à la félicité éternelle qui le paiera. Jésus, que les deux disciples ne reconnaissaient pas, n’a eu qu’à leur faire entendre sa voix, qu’à déduire devant eux les plans de la sagesse et de la bonté divines, et le jour se faisait à mesure dans leurs esprits. Que dis-je ? Leur cœur s’échauffait et brûlait dans leur poitrine, en l’entendant discourir à propos de la croix qui conduit à la gloire ; et si déjà ils ne l’avaient pas découvert, c’est qu’il retenait leurs yeux, afin qu’ils ne le reconnussent pas. De même en sera-t-il pour nous, si nous laissons, comme eux, parler Jésus. Nous comprendrons alors que « le disciple n’est pas au-dessus du maître » ; et en voyant l’éclat immortel dont ce Maître resplendit aujourd’hui , nous nous sentirons inclinés à dire aussi à notre tour : « Non, les souffrances de ce monde passager n’ont rien de comparable avec la gloire qui doit plus tard se manifester en nous. ».

En ces jours où les efforts du chrétien pour sa régénération sont payés par l’honneur de s’asseoir, avec la robe nuptiale, à la table du festin du Christ, nous ne manquerons pas de remarquer que ce fut au moment de la fraction du pain que les yeux des deux disciples s’ouvrirent, et qu’ils reconnurent leur maître. La nourriture céleste, dont toute la vertu procède de la parole du Christ, donne la lumière aux âmes ; et elles voient alors ce qu’elles ne voyaient pas avant de s’en être nourries. Il en sera ainsi de nous, par l’effet merveilleux du divin sacrement de la Pâque ; mais considérons ce que nous dit à ce sujet le pieux auteur de l’Imitation : « Ceux-là connaissent véritablement le Seigneur au moment de la fraction du pain, dont le cœur était ardent lorsque Jésus cheminait avec eux sur la route. ».

Livrons-nous donc à notre divin ressuscité ; désormais nous sommes à lui plus que jamais, non plus seulement en vertu de sa mort pour nous, mais à cause de sa résurrection, qui est aussi pour nous. Devenons semblables aux disciples d’Emmaüs, fidèles comme eux, joyeux comme eux, empressés, à leur exemple, de montrer dans nos œuvres cette nouveauté de vie que nous recommande l’Apôtre, et qui seule convient à ceux que le Christ a aimés jusqu’à ne vouloir ressusciter qu’avec eux.

La sainte Église a placé en ce jour ce passage de l’Évangile préférablement à tout autre, à raison de la Station qui se tient dans la Basilique de Saint-Pierre. Saint Luc y raconte, en effet, que les deux disciples trouvèrent les Apôtres déjà instruits de la résurrection de leur Maître ; « car, disaient-ils, il a apparu à Simon. » Nous avons parle hier de cette faveur faite au prince des Apôtres, et que l’Église romaine proclame avec tant de raison aujourd’hui.

 

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Dimanche de Pâques

31 Mars 2024 , Rédigé par Ludovicus

Dimanche de Pâques

Introït

Je suis ressuscité, et je suis encore avec Vous, Alléluia : Vous avez posé votre main sur moi, alléluia ; Votre sagesse a fait des merveilles, alléluia, alléluia. Seigneur, Vous m’avez éprouvé et vous me connaissez : vous avez été témoin de ma mort et de ma résurrection.

Collecte

O Dieu, qui avez en ce jour, par la victoire de votre Fils unique sur la mort, ouvert pour nous l’entrée de l’éternité : secondez de votre secours les vœux que vous nous inspirez, en nous prévenant au moyen de votre grâce.

Épitre 1. Cor. 5, 7-8

Mes Frères : purifiez-vous du vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, comme vous êtes des pains sans levain. Car le Christ, notre Pâque, a été immolé. Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain, ni avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains de levains de la sincérité et de la vérité.

Évangile Mc. 16, 1-7

En ce temps-là : Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates pour aller oindre Jésus. Et de grand matin, le premier jour de la semaine, elles vont à la tombe, le soleil s’étant déjà levé. Elles se disaient entre elles : "Qui nous roulera la pierre de l’entrée du sépulcre ?" Et ayant levé les yeux, elles virent que la pierre avait été roulée : or elle était fort grande. Entrant dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis à droite, vêtu d’une robe blanche, et elles furent saisies de frayeur. Mais il leur dit : "Ne vous effrayez pas. Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié : il est ressuscité, il n’est pas ici. Voici le lieu où on l’avait mis. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre, qu’il vous précède en Galilée : là que vous le verrez, comme il vous l’a dit."

 

 

Secrète

Recevez, nous vous en supplions, Seigneur, les prières de votre peuple avec l’oblation de ce sacrifice : qu’inauguré par les mystères de Pâques, il nous serve par votre action de remède pour l’éternité.

Communion

Le Christ, notre Pâque, a été immolé, alléluia : ainsi mangeons-Le avec les azymes de la sincérité et de la vérité, alléluia, alléluia.

Postcommunion

Répandez sur nous, Seigneur, l’Esprit de votre charité : et par votre bonté, unissez dans la concorde ceux que vous avez rassasiés de ces mystères de Pâques.

Office

1ère leçon

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Vous venez d’entendre lire, mes très chers frères, que les saintes femmes qui avaient suivi le Seigneur, vinrent au tombeau avec des parfums, ayant ainsi, dans leur zèle plein d’humanité, des égards, même après sa mort, pour celui qu’elles avaient aimé vivant. Or, l’action qu’elles accomplirent nous signale quelque chose qui doit se pratiquer dans la sainte Église. Il est donc nécessaire d’écouter le récit de ce qu’elles ont fait, afin de méditer sur ce que nous avons à faire à leur imitation. Nous aussi qui croyons en celui qui est mort, nous viendrons véritablement avec des parfums à son tombeau, si, embaumés de l’odeur des vertus, nous cherchons le Seigneur avec la recommandation des bonnes œuvres. Ces femmes qui voient les Anges, ce sont celles qui sont venues avec des aromates, car les âmes qui voient les habitants de la cité céleste, ce sont celles qui se dirigent vers le Seigneur par de saints désirs et avec le parfum des vertus.

2e leçon

Il faut remarquer de plus pourquoi l’Ange fut aperçu assis à droite. Que signifie la gauche, sinon la vie présente ? Que désigne la droite, sinon la vie éternelle ? De là vient qu’il est écrit dans le Cantique des cantiques : « Sa main gauche est sous ma tête et sa main droite m’embrassera. » Comme notre Rédempteur avait déjà dépassé la vie présente qui est corruptible, c’est avec raison que l’Ange ayant mission d’annoncer son entrée dans la vie éternelle, se montrait assis à droite. Il apparut couvert d’une robe blanche, parce qu’il venait proclamer la joie de notre grande fête. La blancheur de son vêtement exprime en effet la splendeur de notre solennité. L’appellerons-nous nôtre ou sienne ? Disons mieux : cette solennité est sienne et elle est nôtre. Car si la résurrection de notre Rédempteur a été notre bonheur, en ce qu’elle nous a ramenés à l’immortalité ; elle a fait aussi la joie des Anges, puisque, en nous rappelant au Ciel, elle complète leur nombre.

3e leçon

Dans cette fête dont l’allégresse est commune et à lui et à nous, l’Ange apparut donc avec des vêtements blancs, parce que la résurrection du Seigneur, en nous rouvrant l’entrée du Ciel, réparait les pertes éprouvées par la patrie céleste. Mais écoutons ce que l’Ange dit aux femmes qui arrivent au sépulcre. « Ne craignez point. » C’est comme s’il leur disait ouvertement : Qu’ils craignent, ceux qui n’aiment pas l’arrivée des habitants du Ciel ; qu’ils soient effrayés ceux qui, tout, appesantis par les désirs charnels, désespèrent de pouvoir parvenir à jouir de la société de ces esprits bienheureux. Mais pourquoi craindre, vous qui, dans les Anges, reconnaissez déjà vos concitoyens ? C’est pour cela que saint Matthieu, décrivant aussi l’arrivée de l’Ange, nous dit : « Son visage était comme un éclair, et son vêtement comme la neige. » L’éclair, il est vrai, inspire la terreur ; mais la blancheur de la neige suggère de douces pensées.

 

 

Dimanche de Pâques
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Samedi Saint

30 Mars 2024 , Rédigé par Ludovicus

Samedi Saint

La description des pompes baptismales nous a distraits de la pensée du Christ renfermé dans le tombeau ; cependant l’heure de sa résurrection n’est pas arrivée ; et il nous est utile de méditer quelques instants encore sur le mystère des trois jours durant lesquels l’âme du Rédempteur demeura séparée de son corps. Ce matin nous sommes allés visiter le sépulcre au sein duquel repose la dépouille mortelle du Fils de Dieu ; nous avons adoré ce sacré corps, auquel Madeleine et ses compagnes se préparent à aller rendre demain, dès le grand matin, de nouveaux devoirs. En ce moment, il convient d’offrir nos hommages à l’âme sainte de Jésus. Elle n’habite point le tombeau où son corps est étendu ; suivons-la dans les lieux où elle réside, en attendant qu’elle vienne ranimer les membres sacrés dont la mort l’a séparée pour un temps. Au centre de la terre s’étendent quatre vastes régions où nul homme vivant ne pénétrera jamais ; la révélation divine nous a seule renseignés sur leur existence. La plus éloignée de nous est l’enfer des damnés, séjour épouvantable où Satan et ses anges sont voués, avec les réprouvés de la race humaine, aux flammes vengeresses de l’éternité. C’est l’affreuse cour du prince des ténèbres, au sein de laquelle il ne cesse de former contre Dieu et contre son œuvre des plans pervers et sans cesse déjoués. Plus près de nous est le limbe où sont détenues les âmes des enfants qui sortirent de ce monde avant d’avoir été régénérés. Selon la doctrine la plus autorisée dans l’Église, les hôtes de ce séjour ne souffrent aucun tourment, et quoiqu’ils ne soient point appelés à voir jamais l’essence divine, ils ne sont pas incapables d’un bonheur naturel et proportionné à leurs désirs. Une troisième région au-dessus de celle qu’habitent les âmes de ces enfants, est le lieu des expiations où les âmes sorties de ce monde avec le don de la grâce achèvent de purifier leurs souillures, pour être admises à la récompense éternelle. Enfin, plus près de nous encore, est le limbe où le peuple entier des saints qui sont morts depuis le juste Abel jusqu’au moment où le Christ a expiré sur la croix, est retenu captif sous les ombres. Là sont nos premiers parents, Noé, Abraham, Moïse, David, les Prophètes anciens ; Job, le saint Arabe, et les autres justes de la gentilité ; les saints personnages dont la vie tient déjà à celle du Christ : Joachim, père de Marie, et Anne sa mère ; Joseph, l’Époux de la Vierge et le Père nourricier de Jésus ; Jean, son précurseur, avec ses vertueux parents Zacharie et Élisabeth.

Jusqu’à ce que la porte du ciel ait été ouverte par le sang rédempteur, aucun juste ne peut monter vers Dieu. Au sortir de ce monde, les âmes les plus saintes ont dû descendre dans les entrailles de la terre. Mille endroits de l’Ancien Testament désignent les enfers comme le séjour des justes qui ont le mieux servi et honoré Dieu ; et c’est seulement dans le Nouveau qu’il est parlé du Royaume des Cieux. Cette demeure temporaire ne connaît cependant pas d’autres peines que celles de l’attente et de la captivité. Les âmes qui l’habitent sont pour toujours dans la grâce, assurées d’un bonheur sans fin ; elles supportent avec résignation cette relégation sévère, suite du péché ; mais elles voient avec une joie toujours croissante approcher le moment de leur délivrance.

Le Fils de Dieu ayant accepté toutes les conditions de l’humanité, et ne devant triompher que par sa résurrection, et n’ouvrir les portes du ciel que par son Ascension, son âme, séparée du corps par le glaive de la mort, devait descendre aussi dans ces lieux bas de la terre, et partager un moment le séjour des justes exilés. « Le Fils de l’homme, avait-il dit, sera trois jours dans le cœur de la terre. » Mais autant son entrée dans ces lieux sombres devait être saluée par les acclamations du peuple saint, autant devait-elle déployer de majesté, et montrer la force et la gloire de l’Emmanuel. Au moment où Jésus a rendu sur la croix son dernier soupir, le limbe des justes s’est vu tout à coup illuminé des splendeurs du ciel. L’âme du Rédempteur unie à la divinité du Verbe est descendue en un instant au milieu de ces ombres, et du lieu de l’exil elle a fait un paradis. C’est la promesse du Christ mourant au voleur repentant : « Aujourd’hui tu seras avec moi en Paradis. »

Qui pourrait dire le bonheur des justes, à ce moment attendu depuis tant de siècles ; leur admiration et leur amour à la vue de cette âme divine qui vient à la fois partager et dissiper leur exil ? Quels regards de bonté l’âme de Jésus arrête sur cet immense troupeau d’élus que quarante siècles lui ont fourni, sur cette portion de son Église qu’il a acquise par son sang, et à qui les mérites de ce sang divin furent appliqués par la miséricorde du Père, avant même qu’il fût verse ! Nous qui, au sortir de ce monde, avons l’espoir de monter vers celui qui est allé nous préparer une place dans les cieux, unissons-nous aux joies de nos pères, et adorons la condescendance de notre Emmanuel, qui daigne s’arrêter trois jours dans ces demeures souterraines, pour ne laisser rien dans les destinées, même passagères, de l’humanité, qu’il n’ait accepté et sanctifié.

Mais, dans cette visite aux lieux infernaux, le Fils de Dieu vient aussi manifester son pouvoir. Sans descendre substantiellement au séjour de Satan, il y fait sentir sa présence ; et il faut à ce moment que le superbe prince de ce monde fléchisse le genou et s’humilie. Dans ce Jésus qu’il a fait crucifier par les Juifs, il reconnaît maintenant le propre Fils de Dieu. L’homme est sauvé, la mort est détruite, le péché est effacé ; désormais ce n’est plus au sein d’Abraham que descendront les âmes des justes : c’est au ciel, avec les Anges fidèles, qu’elles s’élèveront pour y régner avec le Christ, leur divin Chef. Le règne de l’idolâtrie va succomber ; les autels sur lesquels Satan recevait l’encens de la terre sont ébranlés et crouleront partout. La maison du fort armé est forcée par son adversaire divin ; ses dépouilles lui sont enlevées ; la cédille de notre condamnation est arrachée au serpent, et la croix qu’il avait vu s’élever pour le Juste, avec tant de joie, a été pour lui, selon l’énergique expression de saint Antoine, comme un hameçon meurtrier que l’on présente sous un appât au monstre marin qui meurt en se débattant, après l’avoir avale.

L’âme de Jésus fait sentir aussi sa présence aux justes qui soupirent dans les feux de l’expiation. Sa miséricorde allège leurs souffrances et abrège le temps de leur épreuve. Plusieurs d’entre eux voient finir leurs peines durant ces trois jours, et se joignent à la foule des saints, pour entourer de leurs vœux et de leur amour celui qui ouvre les portes du ciel. Il n’est pas contraire à la foi chrétienne de penser, avec de doctes théologiens, que le séjour de l’Homme-Dieu dans la région voisine du limbe des enfants leur apporta aussi quelque consolation ; et qu’ils connurent alors qu’un jour ils reprendront leurs corps, et verront s’ouvrir pour eux une demeure moins sombre et plus riante que celle où la divine justice les retient captifs jusqu’au jour du grand jugement.

Nous vous saluons et nous vous adorons, âme de notre Rédempteur, durant ces heures que vous daignez passer avec nos pères, dans les entrailles de la terre. Nous glorifions votre bonté ; nous admirons votre tendresse envers vos élus dont vous avez daigné faire vos frères. Nous vous rendons grâces d’avoir humilié notre redoutable ennemi ; daignez l’abattre toujours sous nos pieds. Mais, ô Emmanuel, assez longtemps vous avez habité la tombe, il est temps de réunir votre âme à son corps. Le ciel et la terre attendent votre résurrection, et déjà votre Église impatiente de revoir son Époux a prononcé l’Alléluia ! Sortez du sépulcre, auteur de la vie ! Triomphez de la mort et régnez à jamais.

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Vendredi Saint

29 Mars 2024 , Rédigé par Ludovicus

Vendredi Saint

Oraison

O Dieu, vous avez détruit par la passion de votre Christ, notre Seigneur, la mort que nous valait de père en fils le péché originel, et par où passaient toutes les générations : accordez-nous de nous identifier à votre Fils ; et de même que notre origine terrestre nous avait fatalement marqués de l’empreinte de la terre, de même votre grâce céleste nous marquera de son action sanctifiante.

Lecture Os. 6, 1-6

Voici ce que dit le Seigneur : Dans leur affliction, ils se lèveront de grand matin pour venir à moi : Venez, et retournons au Seigneur ; car il nous a fait captifs, et il nous délivrera ; il a blessé, et il nous guérira. Il nous rendra la vie après deux jours ; le troisième jour il nous ressuscitera, et nous vivrons en sa présence. Nous saurons, et nous suivrons le Seigneur, afin de le connaître. Son lever sera semblable à l’aurore, et il descendra sur nous comme les pluies de l’automne et du printemps sur la terre. Que te ferai-je, Ephraïm ? Que te ferai-je Juda ? Votre miséricorde est comme la nuée matinale, et comme la rosée qui se dissipe le matin. C’est pourquoi je les ai frappés par les prophètes, je les ai tués par les paroles de ma bouche, et tes jugements éclateront comme la lumière. Car je veux la miséricorde et non le sacrifice, et la connaissance de Dieu plutôt que des holocaustes.

Oraison

O Dieu, qui avez puni la perfidie de Judas et récompensé la confession du larron, faites-nous ressentir l’effet de votre miséricorde, afin que Notre Seigneur Jésus-Christ, qui, dans sa Passion, les a traités tous deux selon leur mérite, détruise en nous les traces du vieil homme et nous accorde la grâce de sa résurrection.

Lecture Ex 12, 1-11

En ces jours-là : Le Seigneur dit à Moïse et à Aaron sur la terre d’Égypte : Ce mois-ci sera pour vous le commencement des mois ; ce sera le premier des mois de l’année. Parlez à toute l’assemblée des enfants d’Israël, et dites-leur : Qu’au dixième jour de ce mois, chacun prenne un agneau pour sa famille et pour sa maison. Que s’il n’y a pas dans la maison assez de personnes pour pouvoir manger l’agneau, il en prendra de chez son voisin dont la maison tient à la sienne, autant qu’il en faut pour pouvoir manger l’agneau. Cet agneau sera sans tache ; ce sera un mâle, et il n’aura qu’un an. Vous pourrez prendre un chevreau qui ait ces mêmes conditions. Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour de ce mois, et toute la multitude des enfants d’Israël l’immolera au soir. Ils prendront de son sang, et ils en mettront sur l’un et l’autre poteau et sur le haut des portes des maisons où ils le mangeront. Et cette même nuit ils en mangeront la chair rôtie au feu, et des pains sans levain avec des laitues sauvages. Vous n’en mangerez rien qui soit cru ou qui ait été cuit dans l’eau, mais il sera rôti au feu. Vous en mangerez la tête avec les pieds et les intestins. Et il n’en demeurera rien jusqu’au matin. S’il en reste quelque chose, vous le brûlerez au feu. Voici comment vous le mangerez : Vous vous ceindrez les reins, vous aurez aux pieds des sandales et un bâton à la main, et vous mangerez à la hâte ; car c’est la Pâque (c’est-à-dire le passage) du Seigneur.

Passion selon saint Jean

En ce temps-là : Jésus se rendit, accompagné de ses disciples, au-delà du torrent de Cédron, où il y avait un jardin, dans lequel il entra, lui et ses disciples. Judas, qui le trahissait, connaissait aussi ce lieu, parce que Jésus y était souvent allé avec ses disciples. Ayant donc pris la cohorte et des satellites fournis par les Pontifes et les Pharisiens, Judas y vint avec des lanternes, des torches et des armes. Alors Jésus, sachant tout ce qui devait lui arriver, s’avança et leur dit : "Qui cherchez-vous ?". Ils lui répondirent : "Jésus de Nazareth." Il leur dit : "C’est moi." Or, Judas, qui le trahissait, était là avec eux. Lors donc que Jésus leur eut dit : "C’est moi," ils reculèrent et tombèrent par terre. Il leur demanda encore une fois : "Qui cherchez-vous ?" Et ils dirent : "Jésus de Nazareth.". Jésus répondit : "Je vous l’ai dit, c’est moi. Si donc c’est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci.". Il dit cela afin que fût accomplie la parole qu’il avait dite : "Je n’ai perdu aucun de ceux que vous m’avez donnés.". Alors, Simon-Pierre, qui avait une épée, la tira, et, frappant le serviteur du grand prêtre, il lui coupa l’oreille droite : ce serviteur s’appelait Malchus. Mais Jésus dit à Pierre : "Remets ton épée dans le fourreau. Ne boirai-je donc pas le calice que mon Père m’a donné ?". Alors la cohorte, le tribun et les satellites des Juifs se saisirent de Jésus et le lièrent. Ils l’emmenèrent d’abord chez Anne parce qu’il était beau-père de Caïphe, lequel était grand-prêtre cette année-là. Or, Caïphe était celui qui avait donné ce conseil aux Juifs : "Il est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple.". Cependant Simon-Pierre suivait Jésus avec un autre disciple. Ce disciple, étant connu du grand-prêtre, entra avec Jésus dans la cour du grand-prêtre,. Mais Pierre était resté près de la porte, en dehors. L’autre disciple, qui était connu du grand-prêtre sortit donc, parla à la portière, et fit entrer Pierre. Cette servante, qui gardait la porte, dit à Pierre : "N’es-tu pas, toi aussi, des disciples de cet homme ?" Il dit : "Je n’en suis point.". Les serviteurs et les satellites étaient rangés autour d’un brasier, parce qu’il faisait froid, et ils se chauffaient. Pierre se tenait aussi avec eux, et se chauffait. Le grand-prêtre interrogea Jésus sur ses disciples et sur sa doctrine. Jésus lui répondit : "J’ai parlé ouvertement au monde ; j’ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s’assemblent, et je n’ai rien dit en secret. Pourquoi m’interroges-tu ? Demande à ceux qui m’ont entendu, ce que je leur ai dit ; eux ils savent ce que j’ai enseigné.". A ces mots, un des satellites qui se trouvait là, donna un soufflet à Jésus, en disant : "Est-ce ainsi que tu réponds au grand-prêtre ?". Jésus lui répondit : "Si j’ai mal parlé, fais voir ce que j’ai dit de mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?". Anne avait envoyé Jésus lié à Caïphe, le grand-prêtre. Or, Simon-Pierre était là, se chauffant. Ils lui dirent : "N’es-tu pas, toi aussi, de ses disciples ?". Un des serviteurs du grand-prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, lui dit : "Ne t’ai-je pas vu avec lui dans le jardin ?". Pierre nia de nouveau et aussitôt le coq chanta. Ils conduisirent Jésus de chez Caïphe au prétoire : c’était le matin. Mais ils n’entrèrent pas eux-mêmes dans le prétoire, pour ne pas se souiller et afin de pouvoir manger la Pâque. Pilate sortit donc vers eux, et dit : "Quelle accusation portez-vous contre cet homme ?". Ils lui répondirent : "Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré.". Pilate leur dit : "Prenez-le vous-mêmes, et jugez-le selon votre loi." Les Juifs lui répondirent : "Il ne nous est pas permis de mettre personne à mort." :. Afin que s’accomplît la parole que Jésus avait dite, lorsqu’il avait indiqué de quelle mort il devait mourir. Pilate donc, étant rentré dans le prétoire, appela Jésus, et lui dit : "Es-tu le roi des Juifs ?". Jésus répondit : "Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ?". Pilate répondit : "Est-ce que je suis Juif ? Ta nation et les chefs des prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu fait ?". Jésus répondit : "Mon royaume n’est pas de ce monde ; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour que je ne fusse pas livré aux Juifs, mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas.". Pilate lui dit : "Tu es donc roi ?" Jésus répondit : "Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité : quiconque est de la vérité écoute ma voix.". Pilate lui dit : "Qu’est-ce que la vérité ?" Ayant dit cela, il sortit de nouveau pour aller vers les Juifs, et il leur dit :. "Pour moi, je ne trouve aucun crime en lui. Mais c’est la coutume qu’à la fête de Pâque je vous délivre quelqu’un. Voulez-vous que je vous délivre le roi des Juifs ?". Alors tous crièrent de nouveau : "Non, pas lui, mais Barabbas." Or, Barabbas était un brigand. Alors Pilate prit Jésus et le fit flageller. Et les soldats ayant tressé une couronne d’épines, la mirent sur sa tête, et le revêtirent d’un manteau de pourpre ;. Puis s’approchant de lui, ils disaient : "Salut, roi des Juifs !" et ils le souffletaient. Pilate sortit encore une fois et dit aux Juifs : "Voici que je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime.". Jésus sortit donc, portant la couronne d’épines et le manteau d’écarlate, et Pilate leur dit : "Voici l’homme.". Lorsque les Princes des prêtres et les satellites le virent, ils s’écrièrent : "Crucifie-le, crucifie-le !" Pilate leur dit : "Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le ; car pour moi, je ne trouve aucun crime en lui.". Les Juifs lui répondirent : "Nous avons une loi, et d’après notre loi, il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu". Ayant entendu ces paroles, Pilate fut encore plus effrayé. Et rentrant dans le prétoire, il dit à Jésus : "D’où es-tu ?" Mais Jésus ne lui fit aucune réponse. Pilate lui dit : "C’est à moi que tu ne parles pas ? Ignores-tu que j’ai le pouvoir de te délivrer et le pouvoir de te crucifier ?". Jésus répondit : "Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait pas été donné d’en haut. C’est pourquoi celui qui m’a livré à toi a un plus grand péché.". Dès ce moment, Pilate cherchait à le délivrer. Mais les Juifs criaient, disant : "Si tu le délivres, tu n’es point ami de César ; quiconque se fait roi, se déclare contre César.". Pilate, ayant entendu ces paroles, fit conduire Jésus dehors, et il s’assit sur son tribunal, au lieu appelé Lithostrotos, et en hébreu Gabbatha. C’était la Préparation de la Pâque, et environ la sixième heure. Pilate dit aux Juifs : "Voici votre roi.". Mais ils se mirent à crier : "Qu’il meure ! Qu’il meure ! Crucifie-le." Pilate leur dit : "Crucifierai-je votre roi ?" les Princes des prêtres répondirent : "Nous n’avons de roi que César.". Alors il le leur livra pour être crucifié. Et ils prirent Jésus et l’emmenèrent. Jésus, portant sa croix, arriva hors de la ville au lieu nommé Calvaire, en Hébreu Golgotha ;. C’est là qu’ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. Pilate fit aussi une inscription, et la fit mettre au haut de la croix ; Elle portait ces mots : "Jésus de Nazareth, le roi des Juifs.". Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, car le lieu où Jésus avait été crucifié était près de la ville, et l’inscription était en hébreu, en grec et en latin. Or les princes des prêtres des Juifs dirent à Pilate : "Ne mets pas : Le roi des Juifs, mais que lui-même a dit : Je suis le roi des Juifs.". Pilate répondit : "Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit.". Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses vêtements, et ils en firent quatre parts, une pour chacun d’eux. Ils prirent aussi sa tunique : c’était une tunique sans couture, d’un seul tissu depuis le haut jusqu’en bas. Ils se dirent donc entre eux : "Ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui elle sera." ; afin que s’accomplît cette parole de l’Écriture : "Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré ma robe au sort." C’est ce que firent les soldats. Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie-Madeleine. Jésus ayant vu sa mère, et auprès d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : "Femme, voilà votre fils.". Ensuite il dit au disciple : "Voilà votre mère." Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui. Après cela, Jésus sachant que tout était maintenant consommé, afin que l’Écriture s’accomplît, dit : "J’ai soif.". Il y avait là un vase plein de vinaigre ; les soldats en remplirent une éponge, et l’ayant fixée au bout d’une tige d’hysope, ils l’approchèrent de sa bouche. Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : "Tout est consommé", et baissant la tête il rendit l’esprit (Ici, on se met à genoux et on fait une pause). Or, comme c’était la Préparation, de peur que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, car le jour de ce sabbat était très solennel, les Juifs demandèrent à Pilate qu’on rompît les jambes aux crucifiés et qu’on les détachât. Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes du premier, puis de l’autre qui avait été crucifié avec lui. Mais quand ils vinrent à Jésus, le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes. Mais un des soldats lui transperça le côté avec sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. Et celui qui l’a vu en rend témoignage, et son témoignage est vrai ; et il sait qu’il dit vrai, afin que vous aussi vous croyiez. Car ces choses sont arrivées afin que l’Écriture fut accomplie : "Aucun de ses os ne sera rompu.". Et il est encore écrit ailleurs : "Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé.".

Après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate d’enlever le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc, et prit le corps de Jésus. Nicodème, qui était venu la première fois trouver Jésus de nuit, vint aussi, apportant un mélange de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres. Ils prirent donc le corps de Jésus, et l’enveloppèrent dans des linges, avec les aromates, selon la manière d’ensevelir en usage chez les Juifs. Or, au lieu où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans le jardin un sépulcre neuf, où personne n’avait encore été mis. C’est là, à cause de la Préparation des Juifs, qu’ils déposèrent Jésus, parce que le sépulcre était proche.

 

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Jeudi saint en la Cène du Seigneur

28 Mars 2024 , Rédigé par Ludovicus

Jeudi saint en la Cène du Seigneur

Collecte

O Dieu, qui avez puni la perfidie de Judas et récompensé la confession du larron, faites-nous ressentir l’effet de votre miséricorde, afin que Notre Seigneur Jésus-Christ, qui, dans sa Passion, les a traités tous deux selon leur mérite, détruise en nous les traces du vieil homme et nous accorde la grâce de sa résurrection.

Épitre

Mes frères, lorsque vous vous assemblez comme vous faites, ce n’est plus manger le souper du Seigneur. Car chacun se hâte de prendre son repas à part. Et ainsi l’un n’a rien à manger tandis que l’autre fait des excès. N’avez-vous donc pas vos maisons pour y boire et pour y manger ? ou méprisez-vous l’Église de Dieu et voulez-vous faire honte à ceux qui n’ont rien ? Que vous dirai-je à ce sujet ? Faut-il vous louer ? Non, je ne vous en loue point. C’est du Seigneur même que j’ai appris ce que je vous ai enseigné à mon tour : à savoir, que le Seigneur Jésus, dans la nuit même où il fut livré, prit du pain et, ayant rendu grâces, le rompit et dit : Prenez et mangez, ceci est mon corps, qui sera livré pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. Il prit de même le calice, après avoir soupe, et il dit : Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois que vous le boirez. En effet, toutes les fois que vous mangerez de ce pain et que vous boirez de ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. Or, quiconque mangera de ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement sera coupable du corps et du sang du Seigneur. Que l’homme donc s’éprouve soi-même et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de ce calice. Car celui qui le mange et le boit indignement, mange et boit sa propre condamnation, ne faisant pas le discernement qu’il doit du corps du Seigneur. C’est pour cela que parmi vous beaucoup sont débiles et languissants et que plusieurs sont morts. Si nous nous examinions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés de Dieu. Mais le Seigneur nous juge et nous châtie, afin que nous ne soyons pas condamnés avec ce monde.

Évangile Jn. 13, 1-15

Avant la fête de Pâque, Jésus sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à l’excès. Et après le souper, le démon ayant déjà mis dans le cœur de Judas Iscariote, fils de Simon, le dessein de le trahir, Jésus, qui savait que son Père lui avait donné tout pouvoir, qu’il était sorti de Dieu et qu’il retournait à Dieu, se leva de table, ôta son manteau et, ayant pris un linge, il s’en ceignit. Puis il versa de l’eau dans un bassin, il se mit à laver les pieds de ses disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait attaché autour de lui. Il vint donc à Simon-Pierre. Mais Pierre lui dit : « Quoi, Seigneur, vous me laveriez les pieds ! » Jésus lui répondit : « Vous ne comprenez pas maintenant ce que je fais, mais vous le saurez bientôt. » Pierre lui dit : « Jamais vous ne me laverez les pieds. » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi. » Simon Pierre lui dit : « Seigneur, non seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête. » Jésus lui dit : « Celui que le bain a déjà purifié n’a besoin que de se laver les pieds ; il est pur dans tout son corps ; pour vous, vous êtes purs, mais non pas tous. » Il connaissait celui qui le devait trahir, c’est pourquoi il dit : Vous n’êtes pas tous purs. Après donc qu’il leur eut lavé les pieds et qu’il eut repris son manteau, il se remit à table et leur dit : « Savez-vous ce que je viens de faire ? Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez, vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres. Car je vous ai donné l’exemple, afin que, comme je vous ai fait, vous fassiez aussi.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

La Messe du Jeudi saint est une des plus solennelles de l’année ; et quoique l’institution de la fête du Très-Saint-Sacrement ait pour objet d’honorer avec plus de pompe le même mystère, l’Église, en l’établissant, n’a pas voulu que l’anniversaire de la Cène du Seigneur perdît rien des honneurs auxquels il a droit. La couleur adoptée à cette Messe pour les vêtements sacrés est le blanc, comme aux jours mêmes de Noël et de Pâques ; tout l’appareil du deuil a disparu.

Cependant plusieurs rites extraordinaires annoncent que l’Église craint encore pour son Époux, et qu’elle ne fait que suspendre un moment les douleurs qui l’oppressent. A l’autel, le Prêtre a entonné avec transport l’Hymne angélique : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! » Tout à coup les cloches ont retenti en joyeuse volée, accompagnant jusqu’à la fin le céleste cantique ; mais à partir de ce moment elles vont demeurer muettes, et leur silence durant de longues heures va faire planer sur la cité une impression de terreur et d’abandon. La sainte Église, en nous sevrant ainsi du grave et mélodieux accent de ces voix aériennes, qui chaque jour parcourent les airs et vont jusqu’à notre cœur, veut nous faire sentir que ce monde, témoin des souffrances et de la mort de son divin Auteur, a perdu toute mélodie, qu’il est devenu morne et désert ; et joignant un souvenir plus précis à cette impression générale, elle nous rappelle que les Apôtres, qui sont la voix éclatante du Christ, et sont figurés par les cloches dont le son appelle les fidèles à la maison de Dieu, se sont enfuis et ont laissé leur Maître en proie à ses ennemis.

Le Sacrifice poursuit son cours ; mais au moment où le Prêtre élève l’Hostie sainte et le Calice du salut, la cloche reste déjà dans son silence, et rien n’annonce plus au dehors du temple l’arrivée du Fils de Dieu. La communion générale est proche, et le Prêtre ne donne pas le baiser de paix au Diacre, qui, selon la tradition apostolique, doit le transmettre aux communiants par le Sous-Diacre. La pensée se reporte alors sur l’infâme Judas, qui, aujourd’hui même, a profané le signe de l’amitié, et en a fait l’instrument du meurtre. C’est pour cela que l’Église, en exécration du traître, et comme si elle craignait de renouveler un si fatal souvenir en un tel moment, s’abstient aujourd’hui de ce témoignage de la fraternité chrétienne qui fait partie essentielle des rites delà Messe solennelle.

Mais un rite non moins insolite s’est accompli à l’autel, dans l’action même du Sacrifice. Le Prêtre a consacré deux hosties, et, après en avoir consommé une, il a réservé l’autre, et l’a placée dans un calice qu’il a soigneusement enveloppé. C’est que l’Église a résolu d’interrompre demain le cours du Sacrifice perpétuel dont l’offrande sanctifie chaque journée. Telle est l’impression que lui fait éprouver ce cruel anniversaire, qu’elle n’osera renouveler sur l’autel, en ce jour terrible, l’immolation qui eut lieu sur le Calvaire. Elle restera sous le coup de ses souvenirs, et se contentera de participer au Sacrifice d’aujourd’hui, dont elle aura réservé une seconde hostie. Ce rite s’appelle la Messe des Présanctifiés, parce que le Prêtre n’y consacre pas, mais consomme seulement l’hostie consacrée le jour précédent. Autrefois, comme nous le dirons plus tard, la journée du Samedi saint se passait aussi sans qu’on offrît le saint Sacrifice ; mais on n’y célébrait pas, comme le Vendredi, la Messe des Présanctifiés.

Toutefois, si l’Église suspend durant quelques heures l’offrande du Sacrifice éternel, elle ne veut pas cependant que son divin Époux y perde quelque chose des hommages qui lui sont dus dans le Sacrement de son amour. La piété catholique a trouvé le moyen de transformer en un triomphe pour l’auguste Eucharistie ces instants où l’Hostie sainte semble devenue inaccessible à notre indignité. Elle prépare dans chaque temple un reposoir pompeux. C’est là qu’après la Messe d’aujourd’hui l’Église transportera le corps de son Époux ; et bien qu’il y doive reposer sous des voiles, ses fidèles l’assiégeront de leurs vœux et de leurs adorations. Tous viendront honorer le repos de l’Homme-Dieu ; « là où sera le corps, les aigles s’assembleront » ; et de tous les points du monde catholique un concert de prières vives et plus affectueuses qu’en tout autre temps de l’année, se dirigera vers Jésus, comme une heureuse compensation des outrages qu’il reçut en ces mêmes heures de la part des Juifs. Près de ce tombeau anticipé se réuniront et les âmes ferventes en qui Jésus vit déjà, et les pécheurs convertis par la grâce et déjà en voie de réconciliation.

ÉPÎTRE.

Le grand Apôtre, après avoir repris les chrétiens de Corinthe des abus auxquels donnaient lieu ces repas nommés Agapes, que l’esprit de fraternité avait fait instituer, et qui ne tardèrent pas à être abolis, raconte la dernière Cène du Sauveur. Il appuie son récit, conforme en tout à celui des Évangélistes, sur le propre témoignage du Sauveur lui-même, qui daigna lui apparaître et l’instruire en personne après sa conversion. L’Apôtre insiste sur le pouvoir que le Sauveur donna à ses disciples de renouveler l’action qu’il venait de faire, et il nous enseigne en particulier que chaque fois que le Prêtre consacre le corps et le sang de Jésus-Christ, « il annonce la mort du Seigneur », exprimant par ces paroles l’unité de sacrifice sur la croix et sur l’autel. Nous avons expliqué cette doctrine fondamentale de la sainte Eucharistie au chapitre VI, en tête de ce volume. La conséquence d’un tel enseignement est facile à déduire. L’Apôtre nous la propose lui-même : « Que l’homme donc s’éprouve, dit-il, et qu’ensuite il mange de ce pain et boive de ce calice. » En effet, pour être initié d’une manière si intime au sublime mystère de la Rédemption, pour contracter une telle union avec la divine Victime, nous devons bannir de nous tout ce qui est du péché et de l’affection au péché. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui », dit le Sauveur. Se peut-il rien de plus intime ? Dieu devient l’homme, et l’homme devient Dieu, dans cet heureux moment. Avec quel soin devons-nous purifier notre âme, unir notre volonté à celle de Jésus, avant de nous asseoir à cette table qu’il a dressée pour nous, à laquelle il nous convie ! Demandons-lui de nous préparer lui-même, comme il prépara ses Apôtres, en leur lavant les pieds. Il le fera aujourd’hui et toujours, si nous savons nous prêter à sa grâce et à son amour.

ÉVANGILE.

L’action du Sauveur lavant les pieds à ses disciples avant de les admettre à la participation de son divin mystère, renferme une leçon pour nous. Tout à l’heure l’Apôtre nous disait : « Que l’homme s’éprouve lui-même » ; Jésus dit à ses disciples : « Pour vous, vous êtes purs ». Il est vrai qu’il ajoute : « mais non pas tous ». De même l’Apôtre nous dit « qu’il en est qui se rendent coupables du corps et du sang du Seigneur ». Craignons le sort de ceux-là, et éprouvons-nous nous-mêmes ; sondons notre conscience avant d’approcher de la table sacrée. Le péché mortel, l’affection au péché mortel, transformeraient pour nous en poison l’aliment qui donne la vie à l’âme.

Mais si nous devons respecter assez la table du Seigneur, pour ne pas nous y présenter avec la souillure qui fait perdre à l’âme la ressemblance de Dieu et lui donne les traits hideux de Satan, nous devons aussi, par respect pour la sainteté divine qui va descendre en nous, purifier les taches légères qui la blesseraient. « Celui qui est déjà lavé, dit le Seigneur, n’a besoin que de laver ses pieds. » Les pieds sont les attaches terrestres dans lesquelles nous sommes si souvent exposés à pécher. Veillons sur nos sens, sur les mouvements de notre âme. Purifions ces taches par une confession sincère, par la pénitence, par le regret et l’humiliation ; afin que le divin Sacrement, entrant en nous, soit reçu dignement, et qu’il opère dans toute la plénitude de sa vertu.

Jeudi saint en la Cène du Seigneur
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Mercredi Saint

27 Mars 2024 , Rédigé par Ludovicus

Mercredi Saint

Collecte

Faites, nous vous en prions, Dieu tout-puissant, que sans cesse affligés par nos débordements, nous soyons libérés par la passion de votre Fils.

Lecture Is. 62. 11 ; 63, 1-7

Voici ce que le Seigneur Dieu a dit : Dites à la fille de Sion : "Voici que ton Sauveur vient ; voici que sa récompense est avec lui." Qui est celui-là qui vient d’Edom, de Bosra en habits écarlates ? Il est magnifique dans son vêtement, il se redresse dans la grandeur de sa force. C’est moi, qui parle avec justice, et qui suis puissant pour sauver. Pourquoi y a-t-il du rouge à ton vêtement, et tes habits sont-ils comme ceux du pressureur ?Au pressoir j’ai foulé seul, et, parmi les peuples, personne n’a été avec moi. Et je les ai foulés dans ma colère, piétinés dans ma fureur ; le jus en a jailli sur mes habits, et j’ai souillé tout mon vêtement. Car un jour de vengeance était dans mon cœur, et l’année de ma rédemption était venue. J’ai regardé, et personne pour m’aider ; j’étais étonné, et personne pour me soutenir. Alors mon bras m’a sauvé, et ma fureur m’a soutenu. J’ai écrasé les peuples dans ma colère, et je les ai enivrés de ma fureur, et j’ai fait couler leur sang à terre." Je célébrerai les miséricordes du Seigneur, les louanges du Seigneur, selon tout ce que le Seigneur a fait pour nous, lui notre Dieu

Lecture Is. 53, 1-12

En ces jours-là, Isaïe dit : Qui a cru ce que nous avons entendu, et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ? Il s’est élevé devant lui comme un frêle arbrisseau ; comme un rejeton gui sort d’une terre desséchée ; il n’avait ni forme ni beauté pour attirer nos regards, ni apparence pour exciter notre amour. Il était méprise et abandonné des hommes, homme de douleurs et familier de la souffrance, comme un objet devant lequel on se voile la face ; en butte au mépris, nous n’en faisions aucun cas. Vraiment c’était nos maladies qu’il portait, et nos douleurs dont il s’était chargé ; et nous, nous le regardions comme un puni, frappé de Dieu et humilié. Mais lui, il a été transpercé à cause de nos péchés, broyé à cause de nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix a été sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun de nous suivait sa propre voie ; et le Seigneur a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous. On le maltraite, et lui se soumet et n’ouvre pas la bouche, semblable à l’agneau qu’on mène à la tuerie, et à la brebis muette devant ceux qui la tondent ; il n’ouvre point la bouche. l a été enlevé par l’oppression et le jugement, et, parmi ses contemporains, qui a pensé qu’il était retranché de la terre des vivants, que la plaie le frappait à cause des péchés de mon peuple ? On lui a donné son sépulcre avec les méchants, et dans sa mort il est avec le riche, alors qu’il n’a pas commis d’injustice, et qu’il n’y a pas de fraude dans sa bouche. Il a plu au Seigneur de le briser par la souffrance ; mais quand son âme aura offert le sacrifice expiatoire, il verra une postérité, il prolongera ses jours, et le dessein du Seigneur prospérera dans ses mains. A cause des souffrances de son âme, il verra et se rassasiera. Par sa connaissance le juste, mon Serviteur, justifiera beaucoup d’hommes, et lui-même se chargera de leurs iniquités. C’est pourquoi je lui donnerai sa part parmi les grands ; il partagera le butin avec les forts. Parce qu’il a livré son âme à la mort et qu’il a été compté parmi les malfaiteurs ; et lui-même a porté la faute de beaucoup, et il intercédera pour les pécheurs.

Passion selon sain Luc

En ce temps-là : Étant sorti, Jésus s’en alla, comme de coutume, vers le mont des Oliviers ; les disciples aussi l’accompagnèrent. Lorsqu’il fut à l’endroit, il leur dit : "Priez afin de ne pas entrer en tentation." Et il s’éloigna d’eux environ d’un jet de pierre ; et, s’étant mis à genoux, il priait, disant : "Père, si vous voulez, détournez de moi ce calice. Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la vôtre qui soit faite." Et lui apparut, (venant) du ciel, un ange qui le réconfortait. Et, se trouvant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des gouttes de sang, qui tombaient sur la terre. S’étant relevé de (sa) prière, il vint vers les disciples, qu’il trouva plongés dans le sommeil à cause de la tristesse. Et il leur dit : "Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez, afin que vous n’entriez point en tentation." Comme il parlait encore, voici (venir) une foule, et le nommé Judas, l’un des Douze, les précédait. Il s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser. Et Jésus lui dit : "Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme !" Ceux qui étaient autour de lui, voyant ce qui allait arriver, dirent : "Seigneur, si nous frappions du glaive ?" Et l’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui emporta l’oreille droite. Jésus répondit : "Laissez (faire) jusque là !" Et touchant l’oreille, il le guérit. Et Jésus dit à ceux qui étaient venus contre lui, grands prêtres, commandants du temple et anciens : "Comme contre un brigand, vous êtes sortis avec des glaives et des bâtons ! Alors que chaque jour j’étais avec vous dans le temple, vous n’avez pas porté les mains sur moi. Mais c’est (maintenant) votre heure et la puissance des Ténèbres." S’étant saisis de lui, ils l’emmenèrent et le firent entrer dans la maison du grand prêtre. Or Pierre suivait de loin. Ayant allumé du feu au milieu de la cour, ils s’assirent autour, et Pierre s’assit parmi eux. Une servante, qui le vit assis près de la flamme, le dévisagea et dit : "Celui-là aussi était avec lui." Mais il nia, en disant : "Femme, je ne le connais point." Un peu après, un autre, l’ayant vu, dit : "Toi aussi, tu en es." Mais Pierre dit : "Homme, je n’en suis point." Et une heure environ s’étant écoulée, un autre affirma avec force : " Pour sûr, celui-là aussi était avec lui ; aussi bien, il est Galiléen." Pierre dit : "Homme, je ne sais ce que tu dis." Et à l’instant, comme il parlait encore, un coq chanta. Et le Seigneur, s’étant retourné, arrêta son regard sur Pierre, et Pierre se souvint de la parole du Seigneur, comme il lui avait dit : "Avant que le coq ait chanté aujourd’hui, tu me renieras trois fois." Et étant sorti, il pleura amèrement. Et ceux qui le tenaient se moquaient de lui et le frappaient. Et lui ayant voilé (le visage), ils l’interrogeaient, disant : "Prophétise ! Quel est celui qui t’a frappé ?" Et ils proféraient contre lui beaucoup d’autres injures. Quand il fit jour, se réunit le conseil des anciens du peuple, grands prêtres et scribes ; et ils l’amenèrent à leur tribunal. Ils dirent : "Si tu es le Christ, dis-le-nous." Il leur dit : "Si je vous le dis, vous ne le croirez pas ; et si je vous interroge, vous ne répondrez pas. Mais dès maintenant le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu." Ils dirent tous : "Tu es donc le Fils de Dieu ?" Il leur répondit : "Vous le dites : je le suis." Et ils dirent : "Qu’avons-nous encore besoin de témoignage ? Car nous l’avons nous-mêmes entendu de sa bouche." Alors toute l’assemblée s’étant levée, ils le menèrent à Pilate ; et ils se mirent à l’accuser, en disant : "Nous avons trouvé que cet homme détourne notre nation en l’empêchant de payer les impôts à César et en disant de lui-même qu’il est Christ-roi." Pilate l’interrogea, disant : "Es-tu le roi des Juifs ?" Jésus lui répondit : "Tu le dis." Pilate dit aux grands prêtres et aux foules : "Je ne trouve rien de coupable en cet homme." Mais eux insistaient avec force, disant : "Il soulève le peuple, enseignant par toute la Judée, depuis la Galilée, où il a commencé, jusqu’ici." A ces mots, Pilate demanda si l’homme était Galiléen ; et apprenant qu’il était de la juridiction d’Hérode, il le renvoya à Hérode, qui, lui aussi, était à Jérusalem en ces jours-là. Hérode, en voyant Jésus, se réjouit fort, car depuis longtemps il avait le désir de le voir, pour ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire quelque miracle. Il lui adressa beaucoup de questions, mais lui ne répondit rien. Or les grands prêtres et les scribes se trouvaient là, l’accusant avec force. Hérode le traita avec mépris, ainsi que ses hommes d’armes, se moqua de lui et, après l’avoir revêtu d’un vêtement de couleur éclatante, il le renvoya à Pilate. En ce jour même, Hérode et Pilate devinrent amis, eux qui auparavant étaient en inimitié entre eux. Pilate, ayant convoqué les grands prêtres, les chefs et le peuple, leur dit : "Vous m’avez amené cet homme comme détournant le peuple ; or j’ai instruit l’affaire devant vous et je n’ai rien trouvé de coupable en cet homme quant aux choses dont vous l’accusez ; ni Hérode non plus, car il nous l’a renvoyé ; c’est bien qu’il n’a rien fait qui mérite la mort. Je le relâcherai donc après l’avoir fait châtier." Or il était obligé, à chaque fête, de leur relâcher quelqu’un. Mais tous ensemble ils crièrent : "Fais mourir celui-ci, et relâche-nous Barabbas !" lequel était en prison à cause d’une sédition qui avait eu lieu dans la ville et d’un meurtre. Et de nouveau Pilate, qui désirait relâcher Jésus, s’adressa à eux ; mais ils clamaient, disant : "Crucifie ! crucifie-le !" Pour la troisième fois, il leur dit : "Qu’a-t-il donc fait de mal ? Je n’ai rien trouvé en lui qui mérite la mort. Donc, après l’avoir fait châtier, je le relâcherai." Mais ils insistaient avec de grands cris, demandant qu’il fût crucifié, et leurs cris allaient grandissant. Alors Pilate décréta qu’il serait fait selon leur demande. Il relâcha celui qui avait été mis en prison pour sédition et meurtre, qu’ils demandaient, et il livra Jésus à leur volonté. Comme ils l’emmenaient, ils saisirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait de la campagne, et ils le chargèrent de la croix, pour qu’il la portât derrière Jésus. Or, il était suivi d’une grande masse du peuple et de femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui. Se tournant vers elles, Jésus dit : "Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants, car voici venir des jours où l’on dira : Heureuses les stériles, et les entrailles qui n’ont point enfanté et les mamelles qui n’ont point allaité ! Alors on se mettra à dire aux montagnes : Tombez sur nous ! et aux collines : Recouvrez-nous ! Car, si l’on traite ainsi le bois vert, qu’en sera-t-il du sec ?" On menait aussi deux autres, des malfaiteurs, pour être exécutés avec lui. Lorsqu’ils furent arrivés au lieu appelé Calvaire, ils l’y crucifièrent, ainsi que les malfaiteurs, l’un à droite, l’autre à gauche. Et Jésus disait : "Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font." Et se partageant ses vêtements, ils les tirèrent au sort. Le peuple se tenait là et regardait. Même les chefs raillaient, disant : "Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ de Dieu, l’Élu !" Les soldats aussi se moquèrent de lui, s’avançant pour lui présenter du vinaigre, et disant : "Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !" Il y avait aussi au-dessus de lui une inscription en caractères grecs, latins et hébraïques : "Celui-ci est le roi des Juifs." Or, l’un des malfaiteurs, mis en croix l’injuriait, disant : "N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même et sauve-nous !" Mais l’autre le reprenait, disant : "Tu n’as pas même la crainte de Dieu, toi qui subis la même condamnation ! Pour nous, c’est justice, car nous recevons ce que méritent les choses que nous avons faites ; mais lui n’a rien fait de mal." Et il dit : "Jésus, souvenez-vous de moi, quand vous reviendrez avec votre royauté." Et il lui dit : "Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis." Il était alors environ la sixième heure, et il se fit des ténèbres sur la terre entière jusqu’à la neuvième heure, le soleil s’étant éclipsé, et le voile du sanctuaire se fendit par le milieu. Et Jésus clama d’une voix forte : "Père, je remets mon esprit entre vos mains." Et, ce disant, il expira. (Ici, on fléchit le genou, et on fait une pause.)Le centurion, ayant vu ce qui s’était passé, glorifia Dieu, disant : "Réellement, cet homme était un juste." Et toutes les foules rassemblées à ce spectacle, après voir regardé ce qui s’était passé, s’en retournaient en se frappant la poitrine. Tous ceux de sa connaissance se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui l’avaient suivi depuis la Galilée, pour voir (tout) cela.

Et alors un homme, nommé Joseph, qui était membre du conseil, homme bon et juste, il n’avait donné son assentiment à leur résolution ni à leur acte, d’Arimathie, ville juive, qui attendait le royaume de Dieu, cet (homme) alla trouver Pilate pour lui demander le corps de Jésus ; il le descendit, l’enveloppa d’un linceul, et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne n’avait encore été mis.

Postcommunion

Dieu tout-puissant, donnez-nous de croire en toute assurance que par la mort temporelle de votre Fils, dont témoignent ces augustes mystères, vous nous avez donné la vie éternelle. Par le même Jésus-Christ votre Fils, notre Seigneur.

Aujourd’hui les princes des prêtres et les anciens du peuple se sont réunis dans une des salles du Temple, pour délibérer une dernière fois sur les moyens de se défaire de Jésus On a discuté divers projets. Est-il prudent de mettre la main sur lui, en ce moment où la fête de Pâques retient dans la ville tant d’étrangers qui ne connaissent le Nazaréen que par l’ovation solennelle dont il a été l’objet il y a seulement trois jours ? Parmi les habitants de Jérusalem, n’en est-il pas aussi un grand nombre qui ont applaudi à ce triomphe, et dont l’enthousiasme pour Jésus serait à redouter ? Non : il ne faut pas songer, pour le moment, aux mesures violentes : une sédition pourrait éclater au milieu même des solennités de la Pâque. Ceux qui en auraient été les moteurs seraient aisément compromis vis-à-vis de Ponce-Pilate, et ils auraient à craindre peut-être la vengeance du peuple. Il vaut donc mieux laisser passer la fête, et chercher quelque moyen de se saisir sans bruit de la personne de Jésus.

Mais ces hommes de sang se faisaient illusion en croyant retarder au gré de leur politique la mort du juste. Ils ajournaient un meurtre ; mais les décrets divins qui, de toute éternité, ont préparé un sacrifice pour le salut du genre humain, ont fixé précisément ce sacrifice à cette même fête de Pâques que la trompette sacrée doit annoncer dès demain dans la ville sainte. Assez longtemps l’agneau mystérieux a été offert en figure de l’Agneau véritable ; elle va s’ouvrir, cette Pâque qui doit voir les ombres s’évanouir devant la réalité ; et le sang rédempteur versé par la main des pontifes aveuglés va se mêler à celui de ces victimes grossières que Dieu n’agréera plus désormais. Le sacerdoce judaïque se portera tout à l’heure à lui-même le coup de la mort, en immolant celui dont le sang doit abroger l’ancienne alliance et sceller pour jamais la nouvelle.

Mais comment les ennemis du Sauveur se mettront-ils en possession de l’auguste victime que convoitent leurs désirs sanguinaires, eux qui veulent éviter l’éclat et le bruit ? Ils ont compté sans la trahison ; mais voici que la trahison vient à leur secours. Un disciple du Sauveur demande à être introduit près d’eux ; il a une proposition a leur l’aire : « Que me donnerez-vous, leur dit-il, et je vous le livrerai ? » Quelle joie pour ces misérables ! Ils sont docteurs de la loi, et ils ne se souviennent pas du Psaume CVIIIe, dans lequel David a prédit toutes les circonstances de cet infâme marché ; ni de l’oracle de Jérémie, qui va jusqu’à exprimer le prix de trente pièces d’argent comme la rançon du Juste. Cette même somme, Judas vient la leur demander ; ils la lui comptent sur l’heure. Tout est convenu. Demain Jésus sera dans Jérusalem ; il fera la Pâque. Sur le soir, il se rendra, selon son habitude, dans un jardin situé sur le penchant de la montagne des Oliviers. Mais, au milieu des ténèbres de la nuit, comment les gens chargés de l’arrêter le distingueront-ils de ses disciples ? Judas a tout prévu. Les soldats pourront en toute sûreté mettre la main sur celui auquel il aura donné un baiser.

Tel est l’horrible forfait qui s’accomplit aujourd’hui à l’ombre du Temple de Jérusalem. Pour en témoigner son exécration, et pour faire amende honorable au Fils de Dieu si indignement outragé par ce pacte monstrueux, la sainte Église, dès les premiers siècles, a consacré le jour du Mercredi à la pénitence. En nos temps encore, la sainte Quarantaine s’ouvre par un Mercredi ; et lorsque l’Église, quatre fois dans l’année, nous impose les jeûnes qui marquent chaque saison, le Mercredi est l’un des trois jours que nous devons consacrer à la mortification de notre corps.

ÉPÎTRE.

C’est encore Isaïe que nous entendons dans cette prophétie ; mais ce n’est plus le poète sublime qui chantait tout à l’heure les vengeances de l’Emmanuel. Le fils d’Amos soupire sur le ton de l’élégie les angoisses de l’Homme-Dieu, « du dernier des hommes, de l’homme de douleurs et voué à la souffrance ». C’est bien ici que le plus éloquent des Prophètes mérite d’être appelé le cinquième Évangéliste, comme parlent les Pères. Ne résume-t-il pas par avance le récit de la Passion, en nous montrant le Fils de Dieu « semblable à un lépreux, à un homme frappé de Dieu et humilié sous ses coups » ? Mais nous, à qui la sainte Église lit ces pages inspirées, et qui voyons se réunir l’Ancien et le Nouveau Testament pour nous donner tous les traits de la Victime universelle, comment reconnaîtrons-nous l’amour que Jésus nous témoigne en assumant sur lui seul toutes les vengeances que nous avions méritées ?

« Nous avons été guéris par ses meurtrissures. » O médecin céleste, qui prend sur lui les maladies de ceux qu’il veut guérir ! Mais il n’a pas seulement été « meurtri » pour nous ; il a encore été égorgé comme l’agneau à la boucherie. Mais peut-être n’a-t-il fait que se soumettre à l’inflexible justice du Père, a qui a mis sur lui l’iniquité de nous tous » ? Écoutez le Prophète : « S’il a été sacrifié, c’est parce que lui-même l’a voulu. » Son amour pour nous est égal à sa soumission envers son Père. Voyez comme il se garde de parler devant Pilate, qui pourrait d’un seul mot l’arracher à ses ennemis. « Il demeure dans le silence, sans ouvrir la bouche, semblable à l’agneau devant celui qui le tond. » Adorons ce divin silence qui nous sauve ; recueillons tous ces détails d’un dévouement que l’homme n’eut jamais pour l’homme, et qui ne pouvait se rencontrer que dans le cœur d’un Dieu. Comme il nous aime, nous « sa race », les fils de son sang, le salaire de son sacrifice ! Église sainte, postérité de Jésus mourant, tu lui es chère ; il t’a achetée d’un grand prix, et il se complaît en toi. Âmes fidèles, rendez-lui amour pour amour ; âmes pécheresses, redevenez fidèles, puisez la vie dans son sang, et souvenez-vous que si « nous nous étions tous égarés comme des brebis errantes », le Seigneur « a mis sur lui l’iniquité de nous tous ». Il n’est pas de pécheur si coupable, pas de païen, pas d’infidèle, qui n’ait sa part dans ce sang précieux, dont la vertu infinie est telle qu’elle pourrait racheter des millions de mondes plus criminels encore que le nôtre.

 


Litanies de la Sainte Passion du Christ

Seigneur, ayez pitié de nous. Seigneur, ayez pitié de nous.
Christ, ayez pitié de nous. Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous. Seigneur, ayez pitié de nous.
Christ, écoutez-nous. Christ, écoutez-nous.
Christ, exaucez-nous. Christ, exaucez-nous.

Père céleste qui êtes Dieu ayez pitié de nous.
Fils Rédempteur du monde qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit Saint qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité sainte qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Jésus, Roi de gloire faisant votre entrée à Jérusalem pour y achever l’œuvre de notre rédemption, ayez pitié de nous.
Jésus, prosterné devant votre Père au jardin des Oliviers et chargé des crimes du monde entier, ayez pitié de nous.
Jésus, saisi de frayeur, accablé de tristesse, réduit à l’agonie, couvert d’une sueur de sang et abandonné de tous, ayez pitié de nous.
Jésus, trahi par l’un de vos tout proches et vendu à vil prix comme un esclave, ayez pitié de nous.
Jésus, lié, frappé, outragé, traîné chez Anne et chez Caïphe, traité d’impie et de blasphémateur, ayez pitié de nous.
Jésus, conduit chez Pilate et accusé d’être un agitateur et un dangereux rebelle, ayez pitié de nous.
Jésus, paraissant devant Hérode, traité comme un fou et revêtu par dérision d’un manteau de couleur pourpre royal, ayez pitié de nous.
Jésus, cruellement frappé des 39 coups du triple fouet romain bardé de plomb et déchirant votre corps en plus de 120 endroits, ayez pitié de nous.
Jésus, couronné d’épines, couvert du manteau de pourpre, outragé et ridiculisé de diverses manières, ensuite exposé aux regards de tout un peuple, ayez pitié de nous.
Jésus, mis en parallèle avec un séditieux criminel qui vous fut préféré, ayez pitié de nous.
Jésus, lâchement condamné par Pilate et abandonné à la rage de vos ennemis, ayez pitié de nous.
Jésus, épuisé de souffrances et marchant au Calvaire chargé du fardeau de votre croix, ayez pitié de nous.
Jésus, dépouillé de tous vos vêtements, couché au sol et étiré violemment sur le bois de la croix, ayez pitié de nous.
Jésus, cloué sans pitié sur le bois d’infamie et placé au rang des plus grands pécheurs, ayez pitié de nous.
Jésus, plein de douceur pour ceux qui veulent vous abreuver de vin mêlé de myrrhe, ayez pitié de nous.
Jésus, priant votre Père et demandant grâce pour vos persécuteurs et vos bourreaux, ayez pitié de nous.
Jésus, vous montrant jusqu’à la mort obéissant à votre Père et lui remettant votre âme entre les mains, ayez pitié de nous.
Jésus, baissant la tête et expirant par l’ardeur de votre amour pour nous, ayez pitié de nous.
Jésus, mort pour nous et laissant s’ouvrir votre Cœur par le coup de lance pour mieux nous manifester votre miséricorde toujours offerte, ayez pitié de nous.

Agneau de Dieu qui enlevez le péché du monde, pardonnez nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui enlevez le péché du monde, exaucez nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui enlevez le péché du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.

PRIONS : O Jésus qui nous avez rachetés en mourant par amour sur la croix, appliquez nous les mérites de votre sainte Passion et de votre mort, et que par ces mérites nous obtenions la grâce insigne que nous sollicitons de votre miséricorde.
Nous vous en prions instamment en vous demandant de prendre en compte, également, les douleurs et les prières de votre sainte Mère au pied de votre Croix.
Amen.

 

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