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Saint Tite évêque et confesseur mémoire de Sainte Dorothée Vierge et Martyre

6 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Saint Tite évêque et confesseur mémoire de Sainte Dorothée Vierge et Martyre

Collecte

O Dieu, qui avez orné des vertus apostoliques le bienheureux Tite, votre Confesseur et Pontife, accordez-nous, par ses mérites et par son intercession, que, vivant justement et pieusement en ce monde, nous méritions de parvenir à la céleste patrie.

Office

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Tite, Évêque de Crète, à peine initié aux mystères de la foi chrétienne et aux sacrements, par les enseignements de l’Apôtre saint Paul, répandit une telle lumière de sainteté sur l’Église alors encore au berceau, qu’il mérita d’être admis parmi les disciples du Docteur des Gentils. Appelé à partager le fardeau de la prédication, son ardeur à publier l’Évangile et sa fidélité le rendirent tellement cher à saint Paul que celui-ci, venu à Troade pour l’Évangile du Christ, déclare qu’il n’eut point de repos en son esprit, parce qu’il n’y avait pas trouvé Tite, son frère. Et peu après, s’étant rendu en Macédoine, il exprime encore son affection pour ce disciple par ces paroles : « Celui qui console les humbles, Dieu nous a consolés par l’arrivée de Tite. »

Cinquième leçon. Envoyé à Corinthe par l’Apôtre, Tite s’acquitta avec tant de sagesse et de douceur de cette mission, qui consistait principalement à recueillir les aumônes offertes par la piété des fidèles pour soulager la pauvreté de l’Église des Hébreux, que non seulement il maintint les fidèles de Corinthe dans la foi du Christ, mais qu’il excita en eux des désirs accompagnés de larmes, et du zèle pour Paul, qui les avait d’abord instruits. Après avoir enduré les fatigues de nombreux et lointains voyages sur terre et sur mer pour aller jeter la semence de la divine parole chez des nations répandues en diverses contrées et parlant différentes langues, après beaucoup de soucis et d’épreuves qu’il supporta avec une grande fermeté d’âme pour le triomphe de la Croix, il aborda à l’île de Crète avec Paul, son maître. Choisi par l’Apôtre comme Évêque de cette Église, il se conduisit certainement dans cette charge de manière à se montrer lui-même, selon le conseil de Paul, qui l’avait instruit, « un modèle de bonnes œuvres, dans la doctrine, dans l’intégrité, dans la gravité. »

Sixième leçon. Tite, semblable à un flambeau, répandit donc les clartés de la religion sur ceux qui étaient assis comme à l’ombre de la mort, dans les ténèbres de l’idolâtrie et du mensonge. On rapporte qu’au prix de grandes peines vaillamment surmontées, il déploya l’étendard de la Croix chez les Dalmates. Enfin, plein de jours et de mérites, âgé de plus de quatre-vingt-quatorze ans, il s’endormit dans le Seigneur de la mort précieuse des justes, la veille des nones de janvier ; il fut enseveli dans l’Église où l’Apôtre l’avait établi Prêtre. Son nom, comblé de louanges par saint Jean Chrysostome et par saint Jérôme, se lit en ce même jour au Martyrologe romain ; le souverain Pontife Pie IX a ordonné que sa fête soit célébrée par l’Église universelle.

 

Un saint Évêque de l’âge apostolique, un disciple du grand Paul, s’offre aujourd’hui à notre vénération. Ses actions nous sont peu connues ; mais en lui adressant une de ses Lettres inspirées, le Docteur des Gentils l’a rendu immortel. Partout où la foi du Christ a été et sera portée, Tite, ainsi que Timothée, sera connu des fidèles ; jusqu’à la fin des temps, la sainte Église consultera, avec un souverain respect, cette Épître adressée à un simple évêque de l’île de Crète, mais dictée par l’Esprit-Saint, et par là même destinée à faire partie du corps des Écritures sacrées qui contiennent la pure Parole de Dieu. Les conseils et les directions que renferme cette admirable lettre, furent la règle souveraine du saint Évêque à qui Paul avait voué une si affectueuse tendresse. Tite eut la gloire d’établir le Christianisme dans cette île fameuse où le paganisme avait un de ses principaux centres. Il survécut à son maître immolé dans Rome par le glaive de Néron ; et comme saint Jean, à Éphèse, il s’endormit paisiblement dans une heureuse vieillesse, entouré des respects de la chrétienté qu’il avait fondée. Sa vie a laissé peu de traces ; mais les quelques traits qui nous restent à son sujet donnent l’idée d’un de ces hommes de vertu supérieure que Dieu choisit au commencement, pour en faire les premières assises de son Église.

Heureux disciple du grand Paul, la sainte Église a voulu qu’un jour dans l’année fût employé à célébrer vos vertus et à implorer votre suffrage ; soyez propice aux fidèles qui glorifient le divin Esprit pour les dons qu’il a répandus en vous. Vous avez rempli avec zèle et constance la charge pastorale ; tous les traits que Paul énumère dans l’Épître qu’il vous a adressée comme devant former le caractère de l’Évêque, se sont trouvés réunis en votre personne ; et vous brillez sur la couronne du Christ, le Prince des Pasteurs, comme l’un de ses plus riches diamants. Souvenez-vous de l’Église de la terre dont vous avez soutenu les premiers pas. Depuis le jour où vous lui fûtes ravi, dix-huit siècles ont achevé leur cours. Souvent ses jours ont été mauvais ; mais elle a triomphé de tous les obstacles, et elle chemine dans la voie, recueillant les âmes et les dirigeant vers son céleste Époux, jusqu’à l’heure où il viendra arrêter le temps, et ouvrir les portes de l’éternité. Tant que cette heure n’a pas sonné, nous comptons, ô Tite, sur votre puissant suffrage ; du haut du ciel, sauvez les âmes par votre intercession, comme vous les sauviez ici-bas au moyen de vos saintes fatigues. Demandez pour nous à Jésus des Pasteurs qui vous soient semblables. Relevez la Croix dans cette île que vous aviez conquise à la vraie foi, et sur laquelle s’étendent aujourd’hui les ombres de l’infidélité et les ravages du schisme ; que par vous la chrétienté d’Orient se ranime, et qu’elle aspire enfin à l’unité, qui, seule, peut la préserver d’une dissolution complète. Exaucez, ô Tite, les vœux du Pontife qui a voulu que votre culte s’étendît à l’univers entier, afin d’accélérer par votre suffrage les jours de paix et de miséricorde que le monde attend.

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Sainte Agathe vierge et martyre

5 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Sainte Agathe vierge et martyre

Collecte

O Dieu, qui, entre autres merveilles de votre puissance, avez fait remporter la victoire du martyre même par le sexe le plus faible ; faites, dans votre bonté, qu’honorant la naissance au ciel de la Bienheureuse Agathe, votre Vierge et Martyre, nous tendions vers vous par l’imitation de ses exemples.

Office

Au premier nocturne.

Du livre de l’Ecclésiastique. Cap. 51, 1-17.

Première leçon. Je vous glorifierai, Seigneur Roi, et je vous louerai, vous qui êtes Dieu, mon Sauveur. Je glorifierai votre nom, parce que vous m’êtes devenu un aide et un protecteur. Et vous avez délivré mon corps de la perdition, du piège de la langue inique et des lèvres de ceux qui commettent le mensonge, et en présence de ceux qui se tenaient debout (près de moi), vous m’êtes devenu un aide. Et vous m’avez délivré, selon la multitude des miséricordes de votre nom, des lions rugissants prêts à me dévorer ; des mains de ceux qui recherchaient mon âme et des portes des tribulations qui m’ont environné ; de la violence de la flamme qui m’a environné, et au milieu du feu, je n’en ai pas senti la chaleur ; de la profondeur des entrailles de l’enfer, et de la langue souillée et de la parole du mensonge ; d’un roi inique et de la langue injuste.
Deuxième leçon. Jusqu’à la mort mon âme louera le Seigneur ; car ma vie s’approchait de l’enfer, en bas. Ils m’ont environné de tous côtés, et il n’y avait personne qui me secourût. Je tournais mes regards vers le secours des hommes, et il n’en était point. Je me suis souvenu, Seigneur, de votre miséricorde et de votre œuvre, qui sont dès le commencement du monde ;• parce que vous délivrez, Seigneur, ceux qui vous attendent avec patience et vous les sauvez des mains des nations.
Troisième leçon. Vous avez élevé sur la terre mon habitation ; et à cause de la mort qui découlait (sur moi), j’ai fait des supplications. J’ai invoqué le Seigneur, père de mon Seigneur, afin .qu’il ne me laisse point sans secours au jour de ma tribulation et au temps des superbes. Je louerai votre nom sans cesse et je le glorifierai dans mes louanges, car ma prière a été exaucée. Et vous m’avez délivré de la perdition, et vous m’avez arraché au temps de l’iniquité. C’est pourquoi je vous glorifierai, et je vous dirai une louange et je bénirai le nom du Seigneur.
 

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. La vierge Agathe naquit en Sicile, de parents nobles ; Palerme et Catane se disputent l’honneur d’avoir été le lieu de sa naissance. C’est à Catane qu’elle obtint la couronne d’un glorieux martyre pendant la persécution de l’empereur Dèce. Comme elle était également renommée pour sa beauté et sa chasteté, Quintianus, gouverneur de Sicile, s’éprit d’amour pour elle. Après avoir cherché par tous les moyens à la faire consentir à ce qu’il désirait, ne pouvant y parvenir, il la fit arrêter comme étant engagée dans la superstition chrétienne, et il la livra pour la corrompre, à une femme nommée Aphrodise. Les relations d’Agathe avec cette femme n’ayant pu ébranler sa fermeté dans sa foi, ni sa résolution de garder la virginité, Aphrodise annonça à Quintianus que tous ses efforts étaient inutiles. Alors le gouverneur ordonne qu’on lui amène la vierge : « N’as-tu pas honte, lui dit-il, étant d’une naissance illustre, de mener la vie humble et servile des chrétiens ? » Mais Agathe répond : « L’humilité et la servitude chrétienne sont préférables aux trésors et à l’élévation des rois ».

Cinquième leçon. Irrité par cette réponse, le gouverneur lui donne le choix, ou d’honorer les dieux ou de subir la violence des tourments. Comme la Sainte demeure constante dans la foi, il la fait souffleter, puis conduire en prison. Le lendemain, elle en est tirée, et comme elle n’a pas changé de sentiment, on la tourmente sur le chevalet par l’application de lames ardentes ; ensuite, on lui coupe la mamelle. Pendant ce supplice, la vierge, s’adressant à Quintianus : « Cruel tyran, lui dit-elle, n’as-tu pas honte de mutiler dans une femme, ce que tu as sucé dans ta mère ? » Jetée de nouveau en prison, elle fut guérie la nuit suivante par un vieillard qui se disait être Apôtre du Christ. Appelée encore une fois devant le gouverneur et persévérant à confesser le Christ, on la roula sur des fragments de pots cassés et sur des charbons ardents.
Sixième leçon. Au même moment un grand tremblement de terre ébranla toute la ville, et deux murailles en s’écroulant écrasèrent Sylvain et Falconius, familiers du gouverneur. Aussi la ville étant en proie à une vive émotion, Quintianus, qui craignait une sédition dans le peuple, commande de ramener secrètement dans sa prison Agathe à demi morte. Elle pria Dieu en ces termes : « Seigneur, qui m’avez gardée dès mon enfance, qui avez enlevé de mon cœur l’amour du siècle et qui m’avez rendue victorieuse des tourments des bourreaux, recevez mon âme ». Achevant cette prière, elle s’en alla au ciel le jour des nones de février ; son corps fut enseveli par les chrétiens.

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Jean Chrysostome.

Septième leçon. Comme il n’était point à propos d’aborder directement ce sujet, notre Seigneur cherche à amener ses disciples à l’amour de la virginité en leur parlant de l’obligation imposée par la loi, de ne point dissoudre un mariage. Après cela, pour leur montrer qu’il est possible de garder la continence, il ajoute : Il y a des eunuques sortis tels du sein de leur mère ; il y en a qui ont été rendus tels par la main des hommes, et il y en a qui se sont eux-mêmes voués à la chasteté à cause du royaume des cieux. Par ce langage, il les exhorte secrètement à faire choix de la virginité, tout en leur prouvant qu’il est possible de garder cette vertu.
Huitième leçon. Songez, semble-t-il leur dire, à ce que vous feriez si vous étiez venus au monde dans des conditions vous interdisant le mariage, ou si vous étiez victime d’une injuste violence ayant le même résultat ? Que feriez-vous, obligés de renoncer aux joies des noces, et n’ayant droit à nulle récompense du fait de cette privation involontaire ? Rendez maintenant grâces à Dieu, car votre sacrifice aura sa récompense et ses couronnes tandis que ceux-là souffrent sans s’attirer ni couronnes ni récompense. De plus votre fardeau n’est pas le même que le leur, il est bien plus léger, tant en raison de l’espérance qui vous soulève et de la conscience de bien faire, que parce que vous ne serez pas comme eux roulés dans les flots des mauvais désirs.
Neuvième leçon. Après que Jésus-Christ a parlé des personnes chastes, qui le seraient en vain si elles ne réglaient en même temps tous les mouvements de leur âme, et de celles qui gardent la continence dans le but de, gagner le royaume des cieux il ajoute : « Qui peut comprendre ceci le comprenne. » Il dit ces paroles pour animer encore davantage les hommes à la recherche de cette vertu, en leur représentant combien elle est élevée. Dans son ineffable bonté il ne veut pas nous faire une loi de la virginité ; mais, en nous en parlant ainsi, le Seigneur nous démontre davantage encore qu’elle est possible, afin d’augmenter l’ardeur de nos désirs.

Déjà deux de ces quatre illustres Vierges dont le souvenir est associé aux mérites de l’Agneau, dans la célébration du Sacrifice, ont passé devant nous dans leur marche triomphale sur le Cycle de la sainte Église ; la troisième se lève aujourd’hui sur nous, comme un astre aux plus doux rayons. Après Lucie et Agnès, Agathe vient nous consoler par sa gracieuse visite. La quatrième, l’immortelle Cécile, se lèvera en son temps, lorsque l’année inclinant à sa fin, le ciel de l’Église paraîtra tout à coup resplendissant de la plus magnifique constellation. Aujourd’hui fêtons Agathe, la Vierge de Sicile la sœur de Lucie. Que les saintes tristesses du temps où nous sommes n’enlèvent rien à la plénitude des hommages qui sont dus à Agathe. En chantant sa gloire, nous contemplerons ses exemples ; du haut du ciel elle daignera nous sourire, et nous encourager dans la voie qui seule peut nous ramener à celui qu’elle a suivi noblement jusqu’à la fin, et auquel elle est réunie pour jamais.

Les anciens Livres liturgiques sont remplis de compositions poétiques en l’honneur de sainte Agathe ; mais elles sont généralement assez faibles. Nous nous bornerons donc à donner ici la belle Hymne que lui a consacrée le Pape saint Damase.

HYMNE.
Voici le jour de la Martyre Agathe, le jour illuminé par cette illustre Vierge ; c’est aujourd’hui qu’elle s’unit au Christ, et qu’un double diadème orne son front.
Noble de race et remarquable en beauté, elle brillait plus encore par ses œuvres et par sa foi ; le bonheur de la terre ne fut rien à ses yeux ; elle fixa sur son cœur les préceptes de Dieu.
Plus indomptable que le bras des bourreaux, elle livre à leurs fouets ses membres délicats ; sa mamelle arrachée de sa poitrine montre combien invincible est son courage.
Le cachot est pour elle un séjour de délices ; c’est là que Pierre le Pasteur vient guérir sa brebis ; pleine de joie et toujours plus enflammée, elle court avec une nouvelle ardeur au-devant des tourments.
Une cité païenne en proie à l’incendie l’implore et obtient son secours ; qu’elle daigne bien plus encore éteindre les feux impurs en ceux qu’honore le titre de chrétien.
O toi qui resplendis au ciel comme l’Épouse, supplie le Seigneur pour les pauvres pécheurs ; que leur zèle à célébrer ta fête attire sur eux tes faveurs.
Gloire soit au Père, au Fils et à l’Esprit divin ; daigne le Dieu unique et tout-puissant nous accorder l’intercession d’Agathe. Amen.

Que vos palmes sont belles, ô Agathe ! Mais que les combats dans lesquels vous les avez obtenues furent longs et cruels ! Vous avez vaincu ; vous avez sauvé en vous la foi et la virginité ; mais votre sang a rougi l’arène, et vos glorieuses blessures témoignent, aux yeux des Anges, du courage indomptable avec lequel vous avez gardé fidélité à l’Époux immortel. Après les labeurs des combats, vous vous tournez vers lui, et bientôt votre âme bénie s’élance dans son sein, pour aller jouir de ses embrassements éternels. Toute l’Église vous salue aujourd’hui, ô Vierge, ô Martyre ! Elle sait que vous ne l’oubliez jamais, et que votre inénarrable félicité ne vous rend point indifférente à ses besoins. Vous êtes notre sœur ; soyez aussi pour nous une mère. De longs siècles se sont écoulés depuis le jour où votre âme brisa son enveloppe mortelle, après l’avoir sanctifiée par la pureté et la souffrance ; mais, hélas ! jusqu’aujourd’hui et toujours, sur cette terre, la guerre existe entre l’esprit et la chair. Assistez vos frères dans leurs combats ; ranimez dans leurs cœurs l’étincelle du feu sacré que le monde et les passions voudraient éteindre.

En ces jours, où tout chrétien doit songer à se retremper dans les eaux salutaires de la componction, ranimez partout la crainte de Dieu qui veille sur les envahissements d’une nature corrompue, l’esprit de pénitence qui répare les faiblesses coupables, l’amour qui adoucit le joug et assure la persévérance. Plus d’une fois, votre voile virginal, présenté aux torrents enflammés des laves qui descendaient des flancs de l’Etna, les arrêta dans leur cours, aux yeux d’un peuple tout entier : opposez, il en est temps, la puissante influence de vos innocentes prières à ce torrent de corruption qui déborde de plus en plus sur nous, et menace d’abaisser nos mœurs au niveau de celles du paganisme. Le temps presse, ô Agathe ! Secourez les nations infectées des poisons d’une littérature infâme ; détournez cette coupe vénéneuse des lèvres de ceux qui n’y ont pas goûté encore ; arrachez-la des mains de ceux qui déjà y ont puisé la mort. Épargnez-nous la honte de voir le triomphe de l’odieux sensualisme qui s’apprête à dévorer l’Europe, et déjouez les projets que l’enfer a conçus.

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Dimanche de la Sexagésime

4 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Dimanche de la Sexagésime

Introït

Levez-vous ; pourquoi dormez-vous, Seigneur ? Levez-vous, et ne nous repoussez pas à jamais. Pourquoi détournez-vous votre visage et oubliez-vous notre tribulation ? Notre corps est attaché à la terre. Levez-vous, Seigneur, secourez-nous et délivrez-nous. O Dieu, nous avons entendu de nos oreilles ; nos pères nous ont annoncé votre œuvre.

Collecte

O Dieu, qui voyez que nous ne nous confions en aucune de nos œuvres, accordez-nous, dans votre bonté, d’être fortifiés contre tous les maux, grâce à la protection du Docteur des Gentils.

Épitre 2 Cor. 11, 19-33 ; 12, 1-9

Mes Frères : vous qui êtes sensés, vous supportez volontiers les insensés. Vous supportez bien qu’on vous asservisse, qu’on vous dévore, qu’on vous pille, qu’on vous traite avec arrogance, qu’on vous frappe au visage. Je le dis à ma honte, nous avons été bien faibles ! Cependant, de quoi que ce soit qu’on ose se vanter, — je parle en insensé, moi aussi je l’ose. Sont-ils Hébreux ? Moi aussi, je le suis. Sont-ils Israélites ? Moi aussi. Sont-ils de la postérité d’Abraham ? Moi aussi. Sont-ils ministres du Christ ? — Ah ! je vais parler en homme hors de sens : — je le suis plus qu’eux : bien plus qu’eux par les travaux, biens plus par les coups, infiniment plus par les emprisonnements ; souvent j’ai vu de près la mort ; cinq fois j’ai reçu des Juifs quarante coups de fouet moins un ; trois fois, j’ai été battu de verges ; une fois j’ai été lapidé ; trois fois j’ai fait naufrage ; j’ai passé un jour et une nuit dans l’abîme. Et mes voyages sans nombre, les périls sur les fleuves, les périls de la part des brigands, les périls de la part de ceux de ma nation, les périls de la part des Gentils, les périls dans les villes, les périls dans les déserts, les périls sur la mer, les périls de la part des faux frères, les labeurs et les peines, les nombreuses veilles, la faim, la soif, les jeûnes multipliés, le froid, la nudité ! Et sans parler de tant d’autres choses, rappellerai-je mes soucis de chaque jour, la sollicitude de toutes les Églises ? Qui est faible que je ne sois faible aussi ? Qui vient à tomber sans qu’un feu me dévore ? S’il faut se glorifier, c’est de ma faiblesse que je me glorifierai. Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et qui est béni éternellement, sait que je ne mens point. A Damas, l’ethnarque du roi Arétas faisait garder la ville pour se saisir de moi ; mais on me descendit par une fenêtre, dans une corbeille, le long de la muraille, et j’échappai ainsi de ses mains. Faut-il se glorifier ? Cela n’est pas utile ; j’en viendrai néanmoins à des visions et à des révélations du Seigneur. Je connais un homme dans le Christ qui, il y a quatorze ans, fut ravi jusqu’au troisième ciel (si ce fut dans son corps, je ne sais ; si ce fut hors de son corps, je ne sais : Dieu le sait). 3 Et je sais que cet homme (si ce fut dans son corps ou sans son corps, je ne sais, Dieu le sait) fut enlevé dans le paradis, et qu’il a entendu des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à un homme de révéler. C’est pour cet homme-là que je me glorifierai ; mais pour ce qui est de ma personne, je ne me ferai gloire que de mes faiblesses. Certes, si je voulais me glorifier, je ne serais pas un insensé, car je dirais la vérité ; mais je m’en abstiens afin que personne ne se fasse de moi une idée supérieure à ce qu’il voit en moi ou à ce qu’il entend de moi. Et de crainte que l’excellence de ces révélations ne vînt à m’enfler d’orgueil, il m’a été mis une écharde dans ma chair, un ange de Satan pour me souffleter. A son sujet, trois fois j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi, et il m’a dit : "Ma grâce te suffit, car c’est dans la faiblesse que ma puissance se montre tout entière." Je préfère donc bien volontiers me glorifier de mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi.

Évangile Lc. 8, 4-15

En ce temps là : Comme une foule nombreuse s’amassait et que de toutes les villes on venait vers lui, il dit par parabole : "Le semeur sortit pour semer sa semence ; et, pendant qu’il semait, du (grain) tomba le long du chemin ; il fut foulé aux pieds, et les oiseaux du ciel le mangèrent. D’autre tomba sur de la pierre, et, après avoir poussé, se dessécha, parce qu’il n’avait pas d’humidité. D’autre tomba dans les épines, et les épines poussant avec, l’étouffèrent. D’autre tomba dans la bonne terre, et, après avoir poussé, donna du fruit au centuple." Parlant ainsi, il clamait : "Qui a des oreilles pour entendre, entende !" Ses disciples lui demandèrent ce que signifiait cette parabole : "A vous, leur dit-il, il a été donné de connaître les mystères du royaume de Dieu ; mais pour les autres, (c’est) en paraboles, pour que regardant ils ne voient point, et qu’écoutant ils ne comprennent point. Voici ce que signifie la parabole : La semence, c’est la parole de Dieu. Ceux qui sont le long du chemin sont creux qui ont entendu ; ensuite le diable vient, et il enlève la parole de leur cœur, de peur qu’ils ne croient et ne se sauvent. Ceux qui sont sur de la pierre sont ceux qui, en entendant la parole, l’accueillent avec joie ; mais ils n’ont point de racine : ils croient pour un temps, et ils se retirent à l’heure de l’épreuve. Ce qui est tombé dans les épines, ce sont ceux qui ont entendu, mais vont et se laissent étouffer par les sollicitudes, les richesses et les plaisirs de la vie, et ils n’arrivent point à maturité. Ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui, après avoir entendu la parole avec un cœur noble et bon, la gardent et portent du fruit grâce à la constance.

Offertoire

Affermissez mes pas dans vos sentiers, afin que mes pieds ne soient pas ébranlés. Inclinez vers moi votre oreille et exaucez mes paroles. Faites éclater vos miséricordes, vous qui sauvez ceux qui espèrent en vous, Seigneur.

Communion

Je m’avancerai à l’autel de Dieu, du Dieu qui réjouis ma jeunesse.

Office

4e leçon

Du livre de saint Ambroise, Évêque, de Noé et de l’Arche.

Tu lis que le Seigneur s’est irrité. Sans doute pensait-il, c’est-à-dire, savait-il que l’homme placé en ce monde, chargé du poids de la chair, ne peut être sans péché. En effet, la terre est comme un lieu de tentation et la chair, comme un appât de péché. Toutefois, les hommes ont un esprit doué de raison, une force spirituelle anime leur corps, ils devaient donc avoir perdu tout leur sens pour se précipiter dans une déchéance d’où ils ne voulaient pas se relever. Dieu ne pense pas à la manière des hommes, chez qui sans cesse une opinion fait place à une autre. Il ne s’irrite pas comme le ferait un être sujet au changement. Ces expressions sont employées pour souligner la malice de nos péchés, qui mérite la disgrâce divine, comme si la faute avait atteint un degré tel que Dieu, incapable de par sa nature d’éprouver l’emportement, la haine ou toute autre passion, soit pour ainsi dire provoqué à la colère.

5e leçon

De plus, Dieu menace d’exterminer l’homme. « Je vais effacer de la surface du sol, dit-il, depuis les hommes jusqu’au bétail et depuis les reptiles jusqu’aux oiseaux du ciel. » En quoi les créatures dépourvues de raison avaient-elles donc offensé Dieu ? C’est qu’elles ont été faites pour l’homme et, une fois anéanti l’homme pour qui elles ont été faites, il était logique qu’elles aussi soient détruites, puisqu’il n’existait plus d’être qui pût s’en servir. Mais on peut donner aussi une explication plus profonde : l’homme est esprit, capable de raison. L’homme, en effet, se définit comme un animal vivant, mortel, raisonnable. Si donc on supprime le principal de ces éléments, tout sens disparaît du même coup, car alors il ne reste plus rien à sauver puisque la vertu, qui est le fondement du salut, fait défaut.

6e leçon

Pour condamner tous les autres et pour exprimer la miséricorde divine, il est dit que Noé trouva grâce auprès du Seigneur. L’on voit en même temps que l’homme juste n’est pas souillé par les crimes d’autrui puisque Noé garde la vie sauve pour devenir la souche de tout le genre humain. Il est loué, non pour la noblesse de sa naissance, mais pour le mérite de sa justice et de sa dignité morale. Car la noblesse de l’homme de bien, c’est son passé de vertu. Comme les hommes font la noblesse humaine, les vertus font la noblesse des âmes. Les familles humaines, en effet, se distinguent par l’éclat de la race, mais la beauté des âmes tire sa gloire de l’éclat de la vertu.

7e leçon

Homélie de saint Grégoire, Pape.

La lecture du saint Évangile que vous venez d’entendre, très, chers frères, n’appelle pas une explication, mais une exhortation. Ce que la Vérité elle-même a expliqué, que la fragilité humaine n’ait pas l’audace de le mettre en question. Mais il y a dans cette explication du Seigneur une chose à laquelle nous devons attentivement réfléchir. Si nous vous avions dit que la semence signifie la parole, le champ le monde, les oiseaux le démon, les épines les richesses, peut-être votre esprit aurait-il hésité à nous croire. C’est pourquoi le Seigneur a bien voulu expliquer lui-même ce qu’il disait afin que vous puissiez rechercher aussi la signification de ce qu’il ne lui a pas plu d’exposer lui-même.

8e leçon

En donnant la clé de ce qu’il dit, il souligne qu’il parle en figure de sorte qu’il rassure notre fragilité quand elle vous découvre la signification de ses paroles. Qui, en effet, me croirait jamais si j’avais voulu interpréter les épines par les richesses ? D’autant que les unes piquent, les autres charment. Et pourtant ce sont des épines, car l’âme se déchire aux piqûres de leurs tracas : et quand elles entraînent jusqu’au péché elles font saigner comme si elles infligeaient une blessure. Avec raison, à cet endroit, un autre évangéliste en témoigne, le Seigneur ne parle aucunement de richesses, mais des illusions de la richesse.

9e leçon

Oui ! Elles sont illusions, ces richesses qui ne peuvent demeurer longtemps avec nous : elles sont illusions, celles qui ne bannissent point l’indigence de notre âme. Seules sont véritables, celles qui nous enrichissent de vertus. Si donc, frères très chers, vous désirez être riches, aimez les véritables richesses. Si vous cherchez le sommet de l’honneur véritable, tendez au Royaume des Cieux. Si vous aimez la gloire des dignités, hâtez-vous de vous faire inscrire à cette cour céleste des Anges. Les paroles du Seigneur perçues par l’oreille, gardez-les dans l’âme. Car la parole de Dieu est la nourriture de l’âme ; et quand la parole entendue n’est pas retenue au creux de la mémoire, elle est comme la nourriture prise que refuse un estomac malade : or, si quelqu’un ne garde pas les aliments, on désespère, bien sûr, de sa vie.

 

 

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Super Col., cap. 3 l. 2

3 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Super Col., cap. 3 l. 2

Lectio 2

Super Col., cap. 3 l. 2 Supra apostolus monuit fideles contra vitia carnalia, hic monet eos contra vitia spiritualia. Et primo ponit universalem admonitionem; secundo per partes distinguit. Dicit ergo: aliquando ambulastis in illis, sed nunc deponite et vos omnia, non solum carnalia, sed omnia. I P. II, 1: deponentes omnem malitiam, et omnem dolum, et simulationes, et invidias, et detractiones, et cetera. Distinguit autem vitia spiritualia in duo. Primo in peccatum cordis; secundo oris, ibi blasphemiam, et cetera. Et primo ponit iram. Ira enim viri iustitiam Dei non operatur Jc. I, 20, et haec est deponenda. Secundo indignationem, quae oritur ex ira, quae est quando quis reputat aliquem indignum eorum quae habet, vel ut comparetur alii. Is. XXVII, 4: indignatio non est mihi. Malitiam, quae consequitur ad haec duo, scilicet quando quis molitur malum proximo inferre. Jc. I, 21: abiicientes omnem immunditiam, et abundantiam malitiae, in mansuetudine, et cetera. Deinde ponit peccata pertinentia ad peccatum oris: et sunt tria genera peccatorum oris. Per hoc enim peccatum designatur inordinatio mentis, et primo in comparatione ad Deum, et haec est blasphemia. Lv. XXIV, 14: educ blasphemum extra castra, et ponant omnes qui audierunt, manus suas super caput eius, et lapidet eum populus universus. Et sic quaecumque blasphemia est peccatum mortale. Sed quid si sit subito? Respondeo. Dicendum est quod si sit subito, ita quod non percipit se blasphemare, non peccat mortaliter. Sed credo quod, quantumcumque subito, si tamen percipit quod dicit verba blasphemiae, peccat mortaliter. Secundo designat inordinationem circa concupiscentiam, dicens turpem sermonem de ore vestro. Ep. IV, 29: omnis sermo malus ex ore vestro non procedat, et cetera. Tertio inordinationem contra proximum, et hoc est mendacium. Pr. XIX, 5: qui loquitur mendacium, non effugiet. Deinde cum dicit expoliantes, etc., ostendit rationem quare sunt vitanda praedicta vitia, quia scilicet deposita vetustate, debet indui novitas. Mt. IX, 16: nemo mittit commissuram panni rudis in vestimentum vetus, et cetera. Et primo ponit depositionem vetustatis; secundo assumptionem novitatis, ibi et induentes. Dicit ergo: deponite, hoc expoliantes, et cetera. Nam hoc inveteratur per peccatum. He. VIII, 13: quod autem antiquatur et senescit, prope interitum est. Haec vetustas propinquat corruptioni, quia peccatum est via ad corruptionem. Item per peccatum perditur virtus et decor spiritualis, quae quidem vetustas est introducta per peccatum primi parentis. Rm. V, 12: sicut enim per unum hominem peccatum in hunc mundum intravit, et per peccatum mors, ita et in omnes homines mors pertransiit, in quo omnes peccaverunt. Hunc ergo veterem hominem, id est vetustatem peccati. Rm. VI, 6: vetus homo noster simul crucifixus est, ut destruatur corpus peccati, ut ultra non serviamus peccato, et cetera. Exuite cum actibus suis. Ep. IV, 22: deponite vos secundum pristinam conversationem veterem hominem, qui corrumpitur secundum desideria erroris, et cetera. Novus homo est animus interius renovatus, quia homo, ante gratiam, habet mentem interiorem peccato subiectam, et quando reparatur per gratiam, habet novitatem. Ps. CII, 5: renovabitur ut aquilae iuventus tua. Ga. ult. 15: in Christo Iesu neque circumcisio, neque praeputium aliquid valet, sed nova creatura. Nova creatura est gratia innovans, sed adhuc vetustas remanet in carne. Sed si sequaris iudicium novi hominis, tunc induis novum hominem; si vero concupiscis secundum desideria carnis, induis vetustatem. Ep. IV, 24: induite novum hominem, qui secundum Deum creatus est in iustitia, et sanctitate veritatis. Deinde cum dicit et induentes, etc., describit novum hominem. Et primo ostendit renovationis modum, secundo ubi renovetur, tertio secundum quid renovatur. Ostendit ergo quod interior homo vetus per ignorantiam Dei, renovatur per fidem et agnitionem Dei. II Cor. III, 18: in eamdem imaginem transformamur a claritate in claritatem, tamquam a Domini spiritu. Sed ubi est haec renovatio? Ibi, scilicet ubi est imago Dei, quae non est in potentiis sensitivae partis, sed in mente. Unde dicit secundum imaginem, id est, ipsa Dei imago [ie Jésus-Christ], quae est in nobis renovata, et hoc secundum imaginem eius, scilicet Dei, qui creavit eum. Dicitur autem novus creatus, quia anima rationalis non est ex traduce, sed a Deo creata. Deinde cum dicit ubi non est, etc., ostendit hanc innovationem esse omnibus communem, alias non pertineret ad hominem inquantum homo. Et hoc quia facta est secundum aliquid quod convenit omnibus. Quintuplex autem hic cadit distinctio inter homines: una secundum sexum corporeum, et hanc excludit, dicens ubi non est masculus et foemina, quia non differunt mente, sed secundum sexum corporeum. Secunda per nationes, et hanc excludit, ibi gentilis et Iudaeus. Isti enim ex fidelibus, illi ex infidelibus, et tamen utrique mente rationales. Rm. III, 29: an Iudaeorum Deus tantum? Nonne et gentium? Tertia secundum ritum certum et proprium, quia quidam legis professionem, et quidam ritum eumdem non habebant. Rm. X, 12: idem Dominus omnium, et cetera. Alia secundum linguam, ibi barbarus et Scytha. Scytha est versus Septentrionem, barbarietas autem extraneitatem dicit; unde barbari quasi extranei. Et simpliciter est barbarus qui extraneus est ab homine inquantum homo, et hoc est inquantum rationalis. Et ideo illi barbari sunt, qui non reguntur ratione et legibus, et ideo barbari naturaliter sunt servi, et in Christo non differunt, quia et si ius civile non habent, tamen legem habent Christi. Alia secundum conditiones, quia quidam servi, quidam liberi: in Christo autem sunt omnes similes. Jb III, 19: parvus et magnus ibi sunt, et cetera. Ergo non sunt hae differentiae in Christo, sed est omnia et in omnibus Christus. Non enim est circumcisio nisi per Christum, et libertas per Christum; si non es liber, libertas tua est Christus. Si non es circumcisus, circumcisio tua est Christus, et sic de aliis. Et in omnibus, quia omnibus beneficia sua dat.

 

Lectio 3

Super Col., cap. 3 l. 3 Supra apostolus induxit fideles ad vitandum mala, hic inducit eos ad operandum bona, et primo ad opera particularium virtutum; secundo ad opera virtutum principalium perficientium animas, ibi super omnia. Et primo commemorat eorum conditionem; secundo subdit virtutum connumerationem, ibi viscera misericordiae. Dicit ergo: si induistis novum hominem, debetis induere novi hominis partes, scilicet virtutes. Rm. XIII, 12: abiiciamus ergo opera tenebrarum, et induamur arma lucis, quibus induimur, quando quicquid exterius apparet, est virtutibus ornatum. Sed quibus virtutibus? Aliter induuntur milites, aliter sacerdotes. Ergo induite vobis convenientia vestimenta, sicut electi Dei sancti. Et quod dicit electi, pertinet ad remotionem a malo; quod dicit sancti, ad donum gratiae. I Cor. VI, 11: abluti estis, sed sanctificati estis. Lv. XI, 44 et XIX, 2: sancti estote, quia ego sanctus sum Dominus Deus vester. Quod dicit dilecti, pertinet ad praeparationem futurae gloriae. Jn. XIII, 1: in finem dilexit eos, scilicet vitae aeternae. Et describit hic vestimenta quae protegunt nos in adversis et prosperis, II Cor. VI, 7: per arma iustitiae a dextris et a sinistris. Et primo quae habenda in prosperis; secundo quae in adversis, ibi patientiam. In prosperis aliquid debemus, et, primo, proximo misericordiam. Et ideo dicit viscera misericordiae. Lc. I, 78: per viscera misericordiae Dei nostri, et cetera. Ph. II, 1: si qua viscera miserationis, etc., id est, misericordiam ex affectu procedentem. Ad omnes vero consequenter est habenda benignitas, quae est quasi bona igneitas. Ignis enim liquefacit et effluere facit humida. Si in te est bonus ignis, liquefacit quicquid humiditatis habes, et dissolvet. Hanc facit Spiritus Sanctus. Sg. I, 6: benignus est spiritus sapientiae. Ep. IV, 32: estote autem invicem benigni, misericordes et cetera. In corde debes habere humilitatem. Eccli. III, 20: quanto magnus es, humilia te in omnibus, et cetera. In exterioribus debes modestiam, quae ponit modum ne in prosperis excedas. Ph. III: gaudete in Domino semper, iterum dico, gaudete; modestia vestra nota sit omnibus hominibus. In adversis tria sunt arma habenda, scilicet patientia, quae facit quod animus propter adversa non amoveatur ab amore Dei et rectitudine iustitiae. Lc. XXI, 19: in patientia vestra possidebitis animas vestras. Sed quia quandoque contingit quod aliquis a iustitia non declinat quantum est de se, tamen aliorum mores sunt ei importabiles, ideo dicit supportantes invicem. II P. II, 8: habitans apud eos qui de die in diem iustam animam iniquis operibus cruciabant. Rm. XV, 1: debemus nos firmiores imbecillitates infirmorum sustinere. Tertio condonationem, ibi et donantes, etc., id est parcentes. II Cor. II, 10: nam et ego quod donavi, si quid donavi, propter vos in persona Christi. Condonat autem quis iniuriam, quando non habet rancorem ad eum, nec malum contra ipsum procurat. Sed quando necessitas puniendi est, tunc puniendus est. Et addit rationem sicut et Dominus donavit vobis. Eccli. XXVIII, 3: homo homini servat iram, et a Deo quaerit medelam, et cetera. Mt. XVIII, 32: omne debitum dimisi tibi, etc.; et post: nonne ergo oportuit et te misereri conservi tui, sicut, et cetera. Deinde cum dicit super omnia, etc., inducit ad principales virtutes perficientes alias. Et principalior est charitas inter virtutes, sapientia vero inter dona. Charitas quidem informat omnes virtutes, sapientia vero dirigit. Primo igitur inducit ad primum; secundo ad secundum, ibi verbum Christi. Primo inducit ad charitatem habendam, secundo ad charitatis effectus, ibi et pax. Dicit ergo: super omnia induatis charitatem, quae omnibus praedictis maior est, ut dicitur I Cor. XIII, 13. Super omnia, id est, magis quam omnia, quia est finis omnium virtutum. I Tm. I, 5: finis autem praecepti est charitas, et cetera. Vel super omnia debemus habere charitatem, quia est super omnia alia. I Cor. XI: adhuc excellentiorem viam vobis demonstro, et cetera. Et hoc quia sine ipsa nihil valent alia. Et haec charitas figuratur per tunicam inconsutilem Jn. XIX, 23. Et ratio huius quare est habenda, subditur, scilicet quia est vinculum. Secundum Glossam per omnes virtutes homo perficitur, sed charitas connectit eas ad invicem, et facit eas perseverantes, et ideo dicitur vinculum. Vel ex natura sua est vinculum, quia est amor, qui est uniens amatum amanti. Os. XI, 4: in funiculis Adam traham eos, in vinculis charitatis, et cetera. Sed addit perfectionis, quia est unumquodque perfectum, quando adhaeret fini ultimo, scilicet Deo, quod facit charitas. Deinde cum dicit et pax, etc., monet ad actus charitatis. Et ponit duos actus, scilicet pacem et gratitudinem, et tertium innuit, scilicet gaudium. Dicit ergo et pax Christi, et cetera. Ex charitate mox oritur pax quae est, secundum Augustinum, tranquillitas ordinis, sibi a Deo instituti, quod facit charitas. Qui enim aliquem diligit, concordat cum eo in voluntate. Ps. CXVIII, 165: pax multa diligentibus legem tuam. Exultet, quia charitatis effectus est gaudium, quod sequitur ex pace. Pr. XII, 20: qui pacis ineunt consilia, sequitur eos gaudium. Sed non dicit simpliciter pax, quia est pax mundi, quam Deus non venit facere, sed Christi, quam fecit inter Deum et hominem. Mc. IX, 49: pacem habete inter vos; quam annuntiavit Lc. ult. stetit Iesus in medio eorum, et dixit eis: pax vobis. Et debetis habere, quia in ista vocati estis. I Cor. VIII: in pace vocavit nos Deus. Et hoc est quod subdit in uno corpore, id est, ut sitis in uno corpore. Effectus alius est ut sitis grati; ideo sequitur et grati estote. Sg. XVI, 29: ingrati spes tamquam hybernalis glacies tabescet, et disperiet tamquam aqua supervacua. Deinde cum dicit verbum Christi monet ad sapientiam, et primo docet sapientiae originem; secundo sapientiae usum, ibi docentes. Ad hoc etiam quod quis habeat sapientiam veram, oportet considerare unde oriatur. Ideo dicit verbum Christi. Eccli. I, 5: fons sapientiae verbum Dei in excelsis. Ergo ex verbo Christi hauriatis eam. Dt. IV, 6: haec est sapientia vestra et intellectus coram populis, et cetera. I Cor. I, 30: qui factus est nobis sapientia a Deo, et cetera. Sed aliqui non habent verbum, ideo nec sapientiam. Et ideo dicit habitet. Pr. III, 3: circumda eas gutturi tuo, et describe in tabulis cordis tui, et cetera. Aliquibus sufficit modicum quid de verbo Christi, sed apostolus vult quod habeamus multum. Et ideo dicit abundanter. II Cor. IX, 8: potens est Deus omnem gratiam abundare facere in vobis, ut in omnibus semper omnem sufficientiam habentes, abundetis in omne opus bonum. Pr. II, 4: sicut thesauros effoderis eam, et cetera. Et addit in omni sapientia, id est, in omnibus pertinentibus ad sapientiam Christi debetis studere scire. Ac. XX, 27: non subterfugi, quo minus annuntiarem vobis omne consilium Dei. Eccli. XXI, 17: cor fatui quasi vas confractum, et omnem sapientiam non tenebit, et cetera. Triplex autem est usus huius sapientiae, scilicet instructionis, devotionis et directionis. Instructio duplex, scilicet ad cognoscendum vera. Unde dicit docentes, quasi dicat: habitet ita abundanter in vobis, ut de omnibus sitis instructi per ipsum. II Tm. III, 16: omnis Scriptura divinitus inspirata utilis est ad docendum, ad arguendum, et cetera. Item ad cognoscendum bona; ideo dicit et commonentes vosmetipsos, id est, exhortantes vos ad bona opera. II P. I, 13: suscitare vos in commonitione, et cetera. Secundo ponit usum devotionis. Unde dicit in Psalmis et hymnis. In Psalmis, qui designant iucunditatem bonae operationis. Ps. CXLVIII: laudate eum in voce exultationis, et cetera. Hymnus est laus cum cantico. Ps. CXLVIII, 14: hymnus omnibus sanctis eius, et cetera. Et canticis spiritualibus, etc., quia quicquid nos facimus, debemus referre ad bona spiritualia, ad promissa aeterna, et ad reverentiam Dei. Et ideo dicit in cordibus, et non in labiis tantum. I Cor. XIV, 15: psallam spiritu, psallam et mente. Is. XXIII, 13: populus hic labiis me honorat, cor autem eorum longe est a me. Et addit in gratia, scilicet recognoscentes gratiam Christi et beneficia Dei. Sunt autem cantica Ecclesiae cordis principaliter; sed oris sunt ut excitetur canticum cordis et pro simplicibus et rudibus. Tertio ponit usum directionis in opere, dicens omne quodcumque facitis, etc., quia etiam locutio opus quoddam est. I Cor. X, 31: sive manducatis, sive bibitis, vel aliud quid facitis, omnia in gloriam Dei facite, et cetera. Sed contra: aut hoc est praeceptum, aut consilium: si praeceptum, peccat quicumque hoc non facit; sed peccat venialiter, quando quis hoc non facit; ergo quicumque peccat venialiter, peccat mortaliter. Respondeo. Quidam dicunt quod hoc est consilium, sed hoc non est verum. Sed dicendum est quod non est necessarium quod omnia in Deum referantur actu, sed habitu; qui enim facit contra gloriam Dei et praecepta eius, facit contra hoc praeceptum. Venialiter autem peccans, non facit contra hoc praeceptum simpliciter, quia licet non actualiter, tamen habitualiter refert omnia in Deum.

 

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Purification de la Très Sainte Vierge

2 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Purification de la Très Sainte Vierge

Collecte

Dieu tout-puissant et éternel, nous supplions humblement votre majesté, de faire que, comme votre Fils unique revêtu de la substance de notre chair a été en ce jour présenté dans le temple, ainsi nous vous soyons présentés avec des cœurs purifiés.

Office

Au premier nocturne.

Du Livre de l’Exode. Cap. 13, 1-3, 11-13.

Première leçon. Le Seigneur parla à Moïse, disant : Consacre-moi tout premier-né parmi les enfants d’Israël, tant d’entre les hommes que d’entre les bêtes, car à moi sont toutes choses. Et Moïse dit au peuple : Quand le Seigneur t’aura introduit dans la terre du Chananéen, comme il l’a juré à toi et à tes pères, et qu’il te l’aura donnée, tu sépareras pour le Seigneur tout ce qui ouvre un sein, et ce qui est primitif dans tes troupeaux tout ce que tu auras du sexe masculin, tu le consacreras au Seigneur. Tu échangeras le premier-né de l’âne pour une brebis : que si tu ne le rachètes point, tu le tueras. Mais tout premier-né de l’homme d’entre tes fils, c’est avec de l’argent que tu le rachèteras.

Du livre du Lévitique. Cap. 12, 1-8.

Deuxième leçon. Le Seigneur parla à Moïse, disant : Parle aux enfants d’Israël et tu leur diras : Si une femme, après avoir conçu, enfante un enfant mâle, elle sera impure pendant sept jours, et au huitième jour le petit enfant sera circoncis : mais elle demeurera elle-même pendant trente-trois jours dans sa purification. Elle ne touchera aucune chose sainte, et elle n’entrera pas dans le sanctuaire, jusqu’à ce que soient accomplis les jours de sa purification. Que si elle enfante une fille, elle sera impure pendant deux semaines, et pendant soixante-six jours, elle demeurera dans sa purification.
Troisième leçon. Et lorsque seront accomplis les jours de sa purification pour un fils ou pour une tille, elle portera un agneau d’un an pour l’holocauste, et le petit d’une colombe ou bien une tourterelle pour le péché, à la porte du tabernacle de témoignage, et elle les donnera au prêtre, qui les offrira devant le Seigneur et priera pouf elle, et c’est ainsi qu’elle sera purifiée. Telle est la loi de celle qui enfante un enfant maie ou une fille. Que si sa main ne trouve et ne peut offrir un agneau, elle prendra deux tourterelles ou deux petits de colombes, l’un pour l’holocauste et l’autre pour le péché : et le prêtre priera pour elle, et c’est ainsi qu’elle sera purifiée.
 

Au deuxième nocturne.

Sermon de saint Augustin, Évêque.

Quatrième leçon. C’est ainsi qu’autrefois il a été prophétisé : Un homme appelle Sion du nom de mère : « Car il a été fait homme en elle, et c’est le Très-Haut lui-même qui l’a fondée ». O toute-puissance d’un enfant qui naît ! ô magnificence d’un Dieu qui vient du ciel en terre ! Il était encore au sein qui l’avait conçu, et Jean-Baptiste le saluait déjà du sein d’Élisabeth. On le présentait dans le temple, et il était reconnu par Siméon, vieillard aussi vénéré pour sa réputation que pour son âge, d’une vertu éprouvée, couronné de mérites. C’est alors que ce saint homme le reconnut et l’adora, et c’est alors qu’il dit : « Maintenant Seigneur, vous laissez partir en paix votre serviteur, parce que mes yeux ont contemplé votre Salut ».
Cinquième leçon. Dieu avait différé de le retirer du monde pour qu’il pût voir, né parmi nous, celui qui a fait le monde. Le vieillard reconnut l’enfant, et avec lui devint enfant, la piété dont il était rempli lui donnant une seconde jeunesse. Le vieux Siméon portait le Christ enfant, et Jésus guidait la vieillesse de Siméon. Dieu avait promis au saint vieillard de ne pas le laisser mourir, qu’il n’eût contemplé l’Oint du Seigneur, né parmi les hommes. Le Christ naquit donc, et le désir du vieillard fut accompli dans la vieillesse du monde. Parce qu’il trouve le monde dans la vieillesse du péché, le Christ est venu à un homme avancé en âge.
Sixième leçon. Siméon voulait pas rester long temps en ce monde ; il désirait y voir le Christ, et répétait ces paroles du Prophète : « Seigneur, manifestez-nous votre miséricorde, et donnez-nous votre Salut ». Et pour que vous sachiez que c’était là sa consolation et sa joie, il dit à la fin : « Maintenant, vous laissez partir en paix votre serviteur, parce que mes yeux ont contemplé votre Salut ». Les Prophètes avaient annoncé que le Créateur du ciel et de la terre habiterait sur terre avec les hommes. Un Ange apporta la nouvelle que le Créateur de la chair et de l’esprit allait se revêtir d’un corps. Du sein d’Élisabeth, Jean-Baptiste a salué le Sauveur dans le sein de Marie. Enfin le vieillard Siméon reconnaît pour Dieu cet enfant.
 

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Septième leçon. « Or il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon, et cet homme était juste et craignant Dieu, attendant la consolation d’Israël ». Non seulement les Anges, les Prophètes et les bergers, mais encore les vieillards et les justes, rendent témoignage à la naissance du Seigneur. Des personnes de tout âge et de tout sexe, des événements miraculeux en confirment la vérité. Une vierge enfante, une femme stérile devient féconde, un muet parle, Élisabeth est inspirée, les Mages viennent adorer, un enfant tressaille dans le sein de sa mère, une veuve loue et bénit, un juste est dans l’attente.
Huitième leçon. Et certes il mérite bien d’être appelé juste, ce vieillard qui avait moins en vue son avantage que celui de la nation. Car tout en désirant d’être dégagé des liens d'un corps fragile, il ne perdit pas l’espoir de contempler le Sauveur promis, estimant heureux les yeux qui le verraient. Il le prit lui-même entre ses bras, et bénissant Dieu, il dit : « C’est maintenant, Seigneur, que, selon votre parole, vous laissez votre serviteur s’en aller en paix ». Vois comme ce juste pour qui la masse de son corps est une prison, souhaite d’en être délivré, afin de pouvoir commencer d’être avec Jésus-Christ ; car se voir dégagé des liens du corps et être avec Jésus-Christ est beaucoup plus avantageux.
Neuvième leçon. Mais celui qui veut partir ainsi doit venir au temple, venir à Jérusalem, attendre l’Oint du Seigneur, recevoir dans ses mains le Verbe de Dieu, l’embrasser par es bonnes œuvres qui sont comme les bras de la foi. Alors il s’en ira paisiblement, et ne verra point la mort éternelle, puisqu’il aura vu la Vie. Tu vois que la naissance du Seigneur répand la grâce avec abondance sur toute sorte de personnes, et que le don de prophétie est refusé aux incrédules, mais non aux justes. Voici donc Siméon prophétisant que le Seigneur Jésus-Christ est venu pour la ruine et pour la résurrection d’un grand nombre, pour discerner ce que méritent les bons et les méchants, et pour décerner, juge infaillible, juge équitable, des supplices ou des récompenses, selon la qualité de nos actes.

Enfin les quarante jours de la Purification de Marie sont écoulés, et le moment est venu où elle doit monter au Temple du Seigneur pour y présenter Jésus. Avant de suivre le Fils et la Mère dans ce voyage mystérieux à Jérusalem, arrêtons-nous encore un instant à Bethléem, et pénétrons avec amour et docilité les mystères qui vont s’accomplir.

La Loi du Seigneur ordonnait aux femmes d’Israël, après leur enfantement, de demeurer quarante jours sans approcher du tabernacle ; après l’expiration de ce terme, elles devaient, pour être purifiées, offrir un sacrifice. Ce sacrifice consistait en un agneau, pour être consumé en holocauste ; on devait y joindre une tourterelle ou une colombe, destinées à être offertes selon le rite du sacrifice pour le péché. Que si la mère était trop pauvre pour fournir l’agneau, le Seigneur avait permis de le remplacer par une autre tourterelle, ou une autre colombe.

Un second commandement divin déclarait tous les premiers-nés propriété du Seigneur, et prescrivait la manière de les racheter. Le prix de ce rachat était de cinq sicles, qui, au poids du sanctuaire, représentaient chacun vingt oboles. Marie, fille d’Israël, avait enfanté ; Jésus était son premier-né. Le respect dû à un tel enfantement, à un tel premier-né, permettait-il l’accomplissement de la loi ?

Si Marie considérait les raisons qui avaient porté le Seigneur à obliger les mères à la purification, elle voyait clairement que cette loi n’avait point été faite pour elle. Quel rapport pouvait avoir avec les épouses des hommes, celle qui était le très pur sanctuaire de l’Esprit-Saint, Vierge dans la conception de son Fils, Vierge dans son ineffable enfantement ; toujours chaste, mais plus chaste encore après avoir porté dans son sein et mis au monde le Dieu de toute sainteté ? Si elle considérait la qualité sublime de son Fils, cette majesté du Créateur et du souverain Seigneur de toutes choses, qui avait daigné prendre naissance en elle, comment aurait-elle pu penser qu’un tel Fils était soumis à l’humiliation du rachat, comme un esclave qui ne s’appartient pas à lui-même ?

Cependant, l’Esprit qui résidait en Marie lui révèle qu’elle doit accomplir cette double loi. Malgré son auguste qualité de Mère de Dieu, il faut qu’elle se mêle à la foule des mères des hommes, qui se rendent de toutes parts au Temple, pour y recouvrer, par un sacrifice, la pureté qu’elles ont perdue. En outre, ce Fils de Dieu et Fils de l’Homme doit être considéré en toutes choses comme un serviteur ; il faut qu’il soit racheté en cette humble qualité comme le dernier des enfants d’Israël. Marie adore profondément cette volonté suprême, et s’y soumet de toute la plénitude de son cœur.

Les conseils du Très-Haut avaient arrêté que le Fils de Dieu ne serait déclaré à son peuple que par degrés. Après trente années de vie cachée à Nazareth, où, comme le dit l’Évangéliste, il était réputé le fils de Joseph, un grand Prophète devait l’annoncer mystérieusement aux Juifs accourus au Jourdain, pour y recevoir le baptême de la pénitence. Bientôt ses propres œuvres, ses éclatants miracles, rendraient témoignage de lui. Après les ignominies de sa Passion, il ressusciterait glorieux, confirmant ainsi la vérité de ses prophéties, l’efficacité de son Sacrifice, enfin sa divinité. Jusque-là presque tous les hommes ignoreraient que la terre possédait son Sauveur et son Dieu. Les bergers de Bethléem n’avaient point reçu l’ordre, comme plus tard les pêcheurs de Génésareth, d’aller porter la Parole jusqu’aux extrémités du monde ; les Mages, qui avaient paru tout à coup au milieu de Jérusalem, étaient retournés dans l’Orient, sans revoir cette ville qui s’était émue un instant de leur arrivée. Ces prodiges, d’une si sublime portée aux yeux de l’Église, depuis l’accomplissement de la mission de son divin Roi, n’avaient trouvé d’écho et de mémoire fidèle que dans le cœur de quelques vrais Israélites qui attendaient le salut d’un Messie humble et pauvre ; la naissance même de Jésus à Bethléem devait demeurer ignorée du plus grand nombre des Juifs ; car les Prophètes avaient prédit qu’il serait appelé Nazaréen.

Le même plan divin qui avait exigé que Marie fût l’épouse de Joseph, pour protéger, aux yeux du peuple, sa virginité féconde, demandait donc que cette très chaste Mère vînt comme les autres femmes d’Israël offrir le sacrifice de purification, pour la naissance du Fils qu’elle avait conçu par l’opération de l’Esprit-Saint, mais qui devait être présenté au temple comme le fils de Marie, épouse de Joseph. Ainsi, la souveraine Sagesse aime à montrer que ses pensées ne sont point nos pensées, à déconcerter nos faibles conceptions, en attendant le jour où elle déchire les voiles et se montre à découvert à nos yeux éblouis.

La volonté divine fut chère à Marie, en cette circonstance comme en toutes les autres. La Vierge ne pensa point agir contre l’honneur de son fils, ni contre le mérite glorieux de sa propre intégrité, en venant chercher une purification extérieure dont elle n’avait nul besoin. Elle fut, au Temple, la servante du Seigneur, comme elle l’avait été dans la maison de Nazareth, lors de la visite de l’Ange. Elle obéit à la loi, parce que les apparences la déclaraient sujette à la loi. Son Dieu et son Fils se soumettait au rachat comme le dernier des hommes ; il avait obéi à l’édit d’Auguste pour le dénombrement universel ; il devait « être obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » : la Mère et l’Enfant s’humilièrent ensemble ; et l’orgueil de l’homme reçut en ce jour une des plus grandes leçons qui lui aient jamais été données.

Quel admirable voyage que celui de Marie et de Joseph allant de Bethléem à Jérusalem ! L’Enfant divin est dans les bras de sa mère ; elle le tient sur son cœur durant tout le cours de cette route fortunée. Le ciel, la terre, la nature tout entière, sont sanctifiés par la douce présence de leur miséricordieux créateur. Les hommes au milieu desquels passe cette mère chargée de son tendre fruit la considèrent, les uns avec indifférence, les autres avec intérêt ; mais nul d’entre eux ne pénètre encore le mystère qui doit les sauver tous.

Joseph est porteur de l’humble offrande que la mère doit présenter au prêtre. Leur pauvreté ne leur permet pas d’acheter un agneau ; et d’ailleurs n’est-il pas l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde, ce céleste Enfant que Marie tient dans ses bras ? La loi a désigné la tourterelle ou la colombe pour suppléer l’offrande qu’une mère indigente ne pourrait présenter : innocents oiseaux, dont le premier figure la chasteté et la fidélité, et dont le second est le symbole de la simplicité et de l’innocence. Joseph porte aussi les cinq sicles, prix du rachat du premier-né ; car il est vraiment le Premier-né, cet unique fils de Marie, qui a daigné faire de nous ses frères, et nous rendre participants de la nature divine, en adoptant la nôtre.

Enfin, cette sainte et sublime famille est entrée dans Jérusalem. Le nom de cette ville sacrée signifie vision de paix ; et le Sauveur vient par sa présence lui offrir la paix. Admirons une magnifique progression dans les noms des trois villes auxquelles se rattache la vie mortelle du Rédempteur. Il est conçu à Nazareth, qui signifie la fleur ; car il est, comme il le dit au Cantique, la fleur des champs et le lis des vallons ; et sa divine odeur nous réjouit. Il naît à Bethléem, la maison du pain, afin d’être la nourriture de nos âmes. Il est offert en sacrifice sur la croix à Jérusalem, et par son sang, il rétablit la paix entre le ciel et la terre, la paix entre les hommes, la paix dans nos âmes. Dans cette journée, comme nous le verrons bientôt, il va donner les arrhes de cette paix.

Pendant que Marie portant son divin fardeau monte, Arche vivante, les degrés du Temple, soyons attentifs ; car une des plus fameuses prophéties s’accomplit, un des principaux caractères du Messie se déclare. Conçu d’une Vierge, né en Bethléem, ainsi qu’il était prédit, Jésus, en franchissant le seuil du Temple, acquiert un nouveau titre à nos adorations. Cet édifice n’est plus le célèbre Temple de Salomon, qui devint la proie des flammes aux jours de la captivité de Juda. C’est le second Temple bâti au retour de Babylone, et dont la splendeur n’a point atteint la magnificence de l’ancien. Avant la fin du siècle, il doit être renversé pour la seconde fois ; et la parole du Seigneur sera engagée à ce qu’il n’y demeure pas pierre sur pierre. Or, le Prophète Aggée, pour consoler les Juifs revenus de l’exil, qui se lamentaient sur leur impuissance à élever au Seigneur une maison comparable à celle qu’avait édifiée Salomon, leur a dit ces paroles, et elles doivent servir à fixer l’époque de la venue du Messie : « Prends courage, Zorobabel, dit le Seigneur ; prends courage, Jésus, fils de Josedec, souverain Prêtre ; prends courage, peuple de cette contrée ; car voici ce que dit le Seigneur : Encore un peu de temps et j’ébranlerai le ciel et la terre, et j’ébranlerai toutes les nations ; et le Désiré de toutes les nations viendra ; et je remplirai de gloire cette maison. La gloire de cette seconde maison sera plus grande que ne le fut celle de la première ; et dans ce lieu je donnerai la paix, dit le Seigneur des armées. »

L’heure est arrivée de l’accomplissement de cet oracle. L’Emmanuel est sorti de son repos de Bethléem, il s’est produit au grand jour, il est venu prendre possession de sa maison terrestre ; et par sa seule présence dans l’enceinte du second Temple, il en élève tout d’un coup la gloire au-dessus de la gloire dont avait paru environné celui de Salomon. Il doit le visiter plusieurs fois encore ; mais cette entrée qu’il y fait aujourd’hui, porté sur les bras de sa mère, suffit à accomplir la prophétie ; dès maintenant, les ombres et les figures que renfermait ce Temple commencent à s’évanouir aux rayons du Soleil de la vérité et de la justice. Le sang des victimes teindra encore, quelques années, les cornes de l’autel ; mais au milieu de toutes ces victimes égorgées, hosties impuissantes, s’avance déjà l’Enfant qui porte dans ses veines le sang de la Rédemption du monde. Parmi ce concours de sacrificateurs, au sein de cette foule d’enfants d’Israël qui se presse dans les diverses enceintes du Temple, plusieurs attendent le Libérateur, et savent que l’heure de sa manifestation approche ; mais aucun d’eux ne sait encore qu’en ce moment même le Messie attendu vient d’entrer dans la maison de Dieu.

Cependant un si grand événement ne devait pas s’accomplir sans que l’Éternel opérât une nouvelle merveille. Les bergers avaient été appelés par l’Ange, l’étoile avait attiré les Mages d’Orient en Bethléem ; l’Esprit-Saint suscite lui-même à l’Enfant divin un témoignage nouveau et inattendu.

Un vieillard vivait à Jérusalem, et sa vie touchait au dernier terme ; mais cet homme de désirs, nommé Siméon, n’avait point laissé languir dans son cœur l’attente du Messie. Il sentait que les temps étaient accomplis ; et pour prix de son espérance, l’Esprit-Saint lui avait fait connaître que ses yeux ne se fermeraient pas avant qu’ils eussent vu la Lumière divine se lever sur le monde. Au moment où Marie et Joseph montaient les degrés du Temple, portant vers l’autel l’Enfant de la promesse, Siméon se sent poussé intérieurement par la force irrésistible de l’Esprit divin ; il sort de sa maison, il dirige vers la demeure sacrée ses pas chancelants, mais soutenus par l’ardeur de ses désirs. Sur le seuil de la maison de Dieu, parmi les mères qui s’y pressent chargées de leurs enfants, ses yeux inspirés ont bientôt reconnu la Vierge féconde prophétisée par Isaïe ; et son cœur vole vers l’Enfant qu’elle tient dans ses bras.

Marie, instruite par le même Esprit, laisse approcher le vieillard ; elle dépose dans ses bras tremblants le cher objet de son amour, l’espoir du salut de la terre. Heureux Siméon, figure de l’ancien monde vieilli dans l’attente et près de succomber ! A peine a-t-il reçu le doux fruit de la vie, que sa jeunesse se renouvelle comme celle de l’aigle ; en lui s’accomplit la transformation qui doit se réaliser dans la race humaine. Sa bouche s’ouvre, sa voix retentit, il rend témoignage comme les bergers dans la région de Bethléem, comme les Mages au sein de l’Orient. « O Dieu ! dit-il, mes yeux ont donc vu le Sauveur que vous prépariez ! Elle luit enfin, cette Lumière qui doit éclairer les Gentils, et faire la gloire de votre peuple d’Israël. »

Tout à coup survient, attirée aussi par le mouvement du divin Esprit, la pieuse Anne, fille de Phanuel, illustre par sa piété et vénérable à tout le peuple par son grand âge. Les deux vieillards, représentants de la société antique, unissent leurs voix, et célèbrent l’avènement fortuné de l’Enfant qui vient renouveler la face de la terre, et la miséricorde de Jéhovah qui, selon la prophétie d’Aggée, dans ce lieu, au sein même du second Temple, donne enfin la paix au monde.

C’est dans cette paix tant désirée que va s’endormir Siméon. Vous laisserez donc partir dans la paix votre serviteur, selon votre parole, Seigneur ! dit le vieillard ; et bientôt son âme, dégagée des liens du corps, va porter aux élus qui reposent dans le sein d’Abraham la nouvelle de la paix qui apparaît sur la terre, et leur ouvrira bientôt les cieux. Anne survivra quelques jours encore à cette grande scène ; elle doit, comme nous l’apprend l’Évangéliste, annoncer l’accomplissement des promesses aux Juifs spirituels qui attendaient la Rédemption d’Israël. Une semence devait être confiée à la terre ; les bergers, les Mages, Siméon, Anne, l’ont jetée ; elle lèvera en son temps : et quand les années d’obscurité que le Messie doit passer dans Nazareth seront écoulées, quand il viendra pour la moisson, il dira à ses disciples : Voyez comme le froment blanchit à maturité sur les guérets : priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour la récolte.

Le fortuné vieillard rend donc aux bras de la très pure Mère le Fils qu’elle va offrir au Seigneur. Les oiseaux mystérieux sont présentés au prêtre qui les sacrifie sur l’autel, le prix du rachat est versé, l’obéissance parfaite est accomplie ; et après avoir rendu ses hommages au Seigneur dans cet asile sacré à l’ombre duquel s’écoulèrent ses premières années, Marie toujours Vierge, pressant sur son cœur le divin Emmanuel, et accompagnée de son fidèle époux, descend les degrés du Temple.

Tel est le mystère du quarantième jour, qui ferme la série des jours du Temps de Noël, par cette admirable fête de la Purification de la très sainte Vierge. De savants hommes, au nombre desquels on compte le docte Henschenius, dont Benoît XIV partage le sentiment, inclinent à donner une origine apostolique à cette solennité ; il est certain du moins qu’elle était déjà ancienne au cinquième siècle.

LA PROCESSION DES CIERGES.

Remplie d’allégresse, illuminée de ces feux mystérieux, entraînée, comme Siméon, par le mouvement de l’Esprit-Saint, la sainte Église se met en marche pour aller à la rencontre de l’Emmanuel. C’est cette rencontre sublime que l’Église Grecque, dans sa Liturgie, désigne sous le nom d’Hypapante, et dont elle a fait l’appellation de la fête d’aujourd’hui. L’Église veut imiter la merveilleuse procession qui eut lieu en ce moment même dans le Temple de Jérusalem, et que saint Bernard célèbre ainsi, dans son premier Sermon pour la Fête de la Purification de Notre-Dame : « Aujourd’hui la Vierge-mère introduit le Seigneur du Temple dans le Temple du Seigneur ; Joseph présente au Seigneur, non un fils qui soit le sien, mais le Fils bien-aimé du Seigneur, dans lequel il a mis ses complaisances. Le juste reconnaît Celui qu’il attendait ; la veuve-Anne l’exalte dans ses louanges. Ces quatre personnes ont célébré pour la première fois la Procession d’aujourd’hui, qui, dans la suite, devait être solennisée dans l’allégresse de la terre entière, en tous lieux, et par toutes les nations. Ne nous a étonnons pas que cette Procession ait été si petite ; car Celui qu’on y recevait s’était fait petit. Aucun pécheur n’y parut : tous étaient justes, saints et parfaits. »

Marchons néanmoins sur leurs traces. Allons au-devant de l’Époux, comme les Vierges sages, portant dans nos mains des lampes allumées au feu de la charité. Souvenons-nous du conseil que nous donne le Sauveur lui-même : « Que vos reins soient ceints comme ceux des voyageurs ; tenez dans vos mains des flambeaux allumés et soyez semblables à ceux qui attendent leur Seigneur. » (Luc. XII, 35). Conduits par la foi, éclairés par l’amour, nous le rencontrerons, nous le reconnaîtrons, et il se donnera à nous.

La sainte Église ouvre les chants de cette Procession par l’Antienne suivante, qui se trouve mot à mot dans la Liturgie Grecque, en cette même Fête : « Décore ta chambre nuptiale, ô Sion ! et reçois le Christ Roi : accueille avec amour Marie, qui est la porte du ciel ; car elle tient dans ses bras le Roi de gloire, Celui qui est la Lumière nouvelle. La Vierge s’arrête, présentant son Fils engendré avant l’aurore ; Siméon le reçoit dans ses bras, et annonce aux peuples qu’il est le maître de la vie et de la mort, et le Sauveur du monde. »

On ajoute l’Antienne suivante, tirée de l’Évangile, et dans laquelle est racontée la mystérieuse rencontre du vieillard Siméon : « Siméon avait appris de l’Esprit-Saint qu’il ne mourrait pas sans voir le Christ du Seigneur ; et au moment où l’Enfant était introduit dans le Temple, il le prit dans ses bras, et bénissant Dieu, il dit : C’est maintenant, Seigneur, que vous laisserez aller en paix votre serviteur. »

La Procession étant terminée, le Célébrant et les ministres déposent les ornements violets, et en revêtent de blancs pour la Messe solennelle de la Purification de Notre-Dame. Si cependant on était à l’un des trois Dimanches de Septuagésime, de Sexagésime ou de Quinquagésime, la Messe de la fête serait, comme nous l’avons dit, remise au lendemain.

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Super Col., cap. 3 l. 1

1 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Super Col., cap. 3 l. 1

Caput 3

Lectio 1

Super Col., cap. 3 l. 1 Supra apostolus monuit fideles contra seducentes, hic instruit eos contra perversitatem morum. Et primo proponit generalem doctrinam; secundo specialem, ibi mulieres subditae. Circa primum duo facit, quia primo instruit eos de habenda recta intentione finis; secundo de rectitudine humanae actionis, ibi mortificate. Iterum prima dividitur in duas partes, quia primo ponit modum instructionis; secundo assignat rationem, ibi mortui enim. Circa primum, primo ponit susceptum beneficium; secundo ex hoc concludit instructionis documentum, ibi quae sursum. Beneficium est, quod surreximus cum Christo resurgentes, sed hoc dupliciter: uno modo per spem corporalis resurrectionis. I Cor. XV, 12: si autem Christus praedicatur quod resurrexit a mortuis, quomodo quidam dicunt in vobis quoniam resurrectio mortuorum non est? Item cum eo resurgente reparamur ad vitam iustitiae. Rm. IV, 25: traditus est propter delicta nostra, et resurrexit propter iustificationem nostram. Quasi dicat: si Christo resurgente et vos resurrexistis. II Cor. IV, 14: qui suscitavit Dominum Iesum, et nos cum Iesu suscitabit. Deinde cum dicit quae sursum, etc., concludit documentum debitum fini. Et primo per comparationem ad finem, et ut finem principaliter aliquis intendat; secundo ut secundum finem de aliis iudicet. Dicit ergo si consurrexistis cum Christo, quae sursum sunt quaerite. Mt. VI, 33: primum quaerite regnum Dei et iustitiam eius, et cetera. Hic enim est finis. Ps. XXVI, 4: unam petii a Domino, et cetera. Et ideo hoc quaerite, ubi Christus sedet in dextera. Mc. ult.: Dominus quidem Iesus postquam locutus est eis, assumptus est in caelum, et sedet a dextris Dei. Ps. CIX, 1: sede a dextris meis. Et intelligenda est dextra, non pars aliqua corporalis, sed similitudinaria. Dextra enim est potior pars hominis. Christus ergo sedet ad dextram, quia secundum quod homo, in potioribus bonis Patris est, sed secundum quod Deus, in aequalitate eius est. Et sic sit ordo in vobis, ut quia Christus est mortuus, et surrexit, et sic est assumptus a dextris Dei, ita et vos moriamini peccato, ut postea vivatis vita iustitiae, et sic assumamini ad gloriam. Vel nos resurreximus per Christum; ipse autem ibi sedet, ergo desiderium nostrum debet esse ad ipsum. Mt. XXIV, 28: ubi fuerit corpus, illuc congregabuntur et aquilae, et cetera. Mt. VI, 21: ubi est thesaurus tuus, ibi est et cor tuum. Item debemus iudicare de aliis secundum ipsum. Et ideo dicit quae sursum sunt sapite, et cetera. Astruit unum, et aliud negat. Sapit autem quae sursum sunt, qui secundum supernas rationes ordinat vitam suam, et de omnibus iudicat secundum eam. Jc. III, 15: haec est sapientia de sursum descendens. Sapit autem quae sunt super terram, qui secundum terrena bona omnia ordinat et iudicat, iudicans ea summa bona. Ph. III, 19: et gloria in confusione eorum, qui terrena sapiunt. Deinde cum dicit mortui enim, etc., ponit rationem monitionis. Et primo commemorat quandam mortem; secundo innuit occultationem cuiusdam vitae, ibi et vita; tertio docet huius vitae manifestationem, ibi cum autem Christus. Prius enim unum prohibuit, et aliud astruxit, et nunc ad haec duo redit. Primo sic: non sapite quae sunt terrena, quia mortui estis terrenae conversationi. Mortuus enim huic vitae non sapit ea quae sunt huius mundi, ita et vos, si mortui estis cum Christo, ab elementis huius mundi. Rm. VI, 11: existimate vos mortuos quidem esse peccato, viventes autem Deo. Is. XXVI, 14: morientes non vivant, gigantes non resurgant, et cetera. Cum autem dixit existimate, etc., subdit: viventes. Et ideo alia vita est occulta, unde etiam hic dicit et vita vestra, et cetera. Et hanc vitam acquirimus nobis per Christum. I P. III, 18: Christus pro peccatis nostris mortuus est, iustus pro iniustis, et cetera. Quia vero haec vita est per Christum, Christus autem est occultus a nobis, quia est in gloria Dei Patris. Et similiter vita, quae per eum nobis datur, est in occulto, ubi scilicet Christus est in gloria Dei Patris. Pr. III, 16: longitudo dierum in dextra eius, et in sinistra eius divitiae et gloria. Ps. XXX, 20: quam magna multitudo dulcedinis tuae, quam abscondisti timentibus te, et cetera. Ap. II, 17: vincenti dabo manna absconditum, et cetera. Ideo cum dicit cum autem Christus, etc., ostendit quomodo manifestatur, scilicet sicut et Christus, quia dicitur in Ps. XLIX, 3: Deus manifeste veniet. Et ideo dicit cum autem apparuerit Christus, vita vestra, quia ipse est auctor vitae vestrae, et quia in amore eius et cognitione consistit vita vestra. Ga. II, 20: vivo ego iam non ego, vivit vero in me Christus. Tunc et vos apparebitis. I Jn. III, 2: cum apparuerit, similes ei erimus, scilicet in gloria. Ha. III, 3: ab Austro veniet et sanctus de monte Pharan, et cetera. Deinde cum dicit mortificate ergo, ordinat humanam actionem. Primo per cohibitionem peccatorum; secundo per instructionem bonorum morum, ibi induite vos. Circa primum duo facit, quia primo praemittit monitionem; secundo eius rationem exponit, ibi expoliantes vos. Iterum prima in duas, quia primo prohibet vitia carnalia, secundo rationem assignat, ibi propter quae. Circa primum duo facit; quia primo ponit generalem prohibitionem; secundo explicat in speciali, ibi quae sunt. Dicit ergo. Non debetis sapere quae sunt super terram, sed mortificate quicquid terrenum et specialiter membra quae sunt, et cetera. Quod potest exponi similitudinarie, quia conversatio nostra est continens multos actus, sicut corpus multa membra, et in conversatione bona, prudentia est sicut oculus dirigens, fortitudo autem sicut pes portans. In mala vero, astutia sicut oculus, pertinacia vero sicut pes. Haec ergo membra sunt mortificanda. Vel aliter. De membris corporis carnalibus dixit: mortui estis, etc., scilicet terrenae conversationi. Quomodo? Et respondens dicit mortificate, et cetera. In tantum ergo morimur culpae, inquantum vivificamur per gratiam. Vita enim gratiae reparat nos quantum ad mentem, non totaliter quantum ad corpus propter fomitem. Rm. VII, 25: ego ipse mente servio legi Dei; carne autem, legi peccati. Et paulo ante: video aliam legem in membris meis repugnantem legi mentis meae, et cetera. Qui ergo mortui estis quantum ad mentem, mortificate concupiscentiam in membris, quae sunt super terram, inquantum sunt super terram, et terrena corpora. I Cor. VI: castigo corpus meum et in servitutem redigo, etc., id est, non permittendo ei se pertrahi ad carnalia. Et ideo ponit peccata in speciali. Et primo pure carnalia; secundo media, ibi et avaritiam. Inter carnalia maxime concupiscentia inclinat ad luxuriam, ubi est actus turpis. Et hoc vel secundum naturam animalis, non dicam rationis, quia omne peccatum est contrarium rationi. Et ideo dicit fornicationem. Tb. IV, 13: attende tibi ab omni fornicatione, et cetera. Vel contra naturam, et sic dicit immunditiam. Item delectatio est immunda, unde dicit libidinem. Item concupiscentia prava, unde dicit concupiscentiam malam. Secundo ponit peccata media; et primo avaritiam, cuius obiectum est corporale, scilicet pecunia, et completur in delectatione spirituali, scilicet dominio talium. Et ideo communicat cum carnalibus peccatis. Et subdit quae est idolorum servitus. Ep. V, 5: aut avarus, quod est idolorum servitus. Sed numquid avaritia ex suo genere est species idololatriae, et avarus peccat tamquam idololatra? Respondeo. Dicendum est non secundum speciem, sed secundum similitudinem, quia avarus ponit vitam suam in pecunia. Idololatra est quando quis exhibet alicui imagini honorem debitum Deo. Avarus autem honorem debitum Deo exhibet pecuniae, quia tota sua vita circa hoc est. Quia vero avarus non intendit circa pecuniam se habere ut ad Deum, sicut idololatra, ideo est minus peccatum. Deinde cum dicit propter quae venit ira Dei, ostendit rationem quare vitanda sunt haec peccata, et est duplex. Una quae movet omnes, et alia quae specialiter istos. Prima est vindicta Dei, quia propter carnalia venit ira, id est vindicta Dei, in filios diffidentiae, id est peccatores qui diffidunt de Deo, quia luxuria est filia desperationis, quia multi ex desperatione spiritualium dant se totaliter carnalibus. Vel diffidentiae, quia quantum est de se, non est confidendum ut corrigantur, et ideo venit ira Dei, sicut in Gn. VI, 17 et VII in diluvio, et XVIII, 26 et XIX, 24 de Sodomitis. Alia ratio est, quia illi aliquando fuerunt tales. Unde dicit in quibus et vos ambulastis aliquando, scilicet de malo in peius. Et ponit hanc rationem propter duo, scilicet et propter id quod Petrus dicit I P. IV, 3: sufficit praeteritum tempus ad voluntatem gentium consummandam, qui ambulaverunt in luxuriis, etc.; et quia experti estis quod in eis non est utilitas, sed confusio. Rm. VI, 21: quem ergo fructum habuistis tunc in illis, in quibus nunc erubescitis?

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Saint Ignace d’Antioch, évêque et martyr

1 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Saint Ignace d’Antioch, évêque et martyr

Collecte

Dieu tout-puissant, regardez notre faiblesse ; et parce que le poids de nos péchés nous accable, fortifiez-nous par la glorieuse intercession du bienheureux Ignace, votre Martyr et Pontife.

Office

Au deuxième nocturne.

Du Livre de saint Jérôme, Prêtre : Des Écrivains Ecclésiastiques.

Quatrième leçon. Ignace, troisième Évêque d’Antioche après l’Apôtre Pierre, ayant été condamné aux bêtes, alors que sévissait la persécution, de Trajan, fut envoyé à Rome chargé de liens. Pendant qu’on l’y transportait par mer le navire aborda à Smyrne, où Polycarpe, disciple de Jean, était Évêque. Il y écrivit une lettre aux Éphésiens, une autre aux Magnésiens, une troisième aux Tralliens, une quatrième aux Romains. C’est en quittant cette ville qu’il écrivit aux Philadelphiens et aux Smyrniens, et qu’il adressa à Polycarpe une lettre particulière, dans laquelle il lui recommande l’Église d’Antioche, et où il rapporte sur la personne du Christ un témoignage de l’Évangile que j’ai traduit naguère.
Cinquième leçon. Il semble juste, puisque nous parlons d’un si grand homme, de citer quelques lignes de l’épître qu’il écrivit aux Romains : « Depuis la Syrie jusqu’à Rome, je lutte contre les bêtes, sur mer et sur terre, nuit et jour, lié que je suis à dix léopards, c’est-à-dire à dix soldats qui me gardent et dont mes bienfaits augmentent encore la méchanceté. Leur iniquité sert à m’instruire, mais je ne suis pas pour cela justifié. Plaise à Dieu que j’aie la jouissance d’être livré aux bêtes qui me sont préparées ; je demande qu’elles soient promptes à me faire souffrir les supplices et la mort et excitées à’ me dévorer, de peur qu’elles n’osent toucher à mon corps, comme il est arrivé pour d’autres Martyrs. Si elles ne veulent pas venir à moi, je leur ferai violence, je me jetterai devant elles pour être dévoré. Pardonnez-moi, mes petits enfants ; je sais ce qui m’est avantageux.
Sixième leçon. C’est maintenant que je commence à être disciple du Christ, ne désirant plus rien de ce qui est visible, afin de trouver Jésus-Christ. Que le feu, la croix, les bêtes, le brisement des os, la mutilation des membres, le broiement de tout le corps et tous les tourments du diable fondent sur moi, mais seulement que je jouisse de Jésus-Christ ! » Comme il était déjà exposé aux bêtes et qu’il entendait les rugissements des lions, il dit, dans son ardeur de souffrir : « Je suis le froment du Christ : que je sois broyé par les dents des bêtes, afin que je devienne un pain vraiment pur ! » Il souffrit le martyre la onzième année de Trajan. Les restes de son corps reposent à Antioche, dans le cimetière, hors de la porte de Daphné.

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Augustin, Évêque.

Septième leçon. Le Seigneur Jésus était lui-même ce grain qui devait mourir et se multiplier : mourir victime de l’infidélité des Juifs, se multiplier par la foi des peuples. Or, exhortant déjà à suivre les traces de sa passion : « Celui, dit-il, qui aime son âme, la perdra ». Ces paroles peuvent s’entendre de deux manières. « Celui qui l’aime, la perdra », c’est-à-dire : Si tu l’aimes, perds-la. Si tu désires conserver la vie dans le Christ, ne crains pas de mourir pour le Christ. On peut les entendre également d’une autre façon : « Celui qui aime son âme, la perdra » ; ne l’aime pas, de peur que tu ne la perdes ; ne l’aime pas en cette vie, pour ne pas la perdre dans la vie éternelle.

Huitième leçon. La dernière explication que j’ai donnée semble être davantage le sens de l’Évangile. Car on y lit ensuite : « Et celui qui hait son âme en ce monde, la conserve pour la vie éternelle ». Donc, quand il est dit plus haut : « Celui qui aime son âme », (il est sous-entendu : en ce monde), celui-là la perdra assurément : mais celui qui hait son âme en ce monde, assurément celui-là la garde pour la vie éternelle. Grande et étonnante sentence : d’où il ressort que l’homme a pour son âme un amour qui cause sa perte, et une haine qui l’empêche de périr. Si vous l’aimez mal, vous la haïssez ; si vous la haïssez bien, vous l’aimez. Heureux ceux qui haïssent pour conserver, de crainte de perdre en aimant.

Neuvième leçon. Mais veille à ce qu’il ne s’insinue pas dans ton esprit la pensée de vouloir te tuer, en comprenant ainsi le devoir de haïr ton âme en ce mondé : de là vient que certains hommes méchants et pervers, cruels et impies, homicides d’eux-mêmes, se livrent aux flammes, se noient, se jettent dans les précipices, et périssent. Ce n’est pas là ce que le Christ a enseigné : au contraire, il a même répondu au diable qui lui suggérait de se précipiter du haut du temple : « Retire-toi, Satan, car il est écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu ». De même le Seigneur dit à Pierre, indiquant par quelle mort il devait glorifier Dieu :» Quand tu étais jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, un autre te ceindra et te conduira où tu ne voudras pas ». Paroles qui nous enseignent assez clairement que celui qui marche à la suite de Jésus-Christ doit, non point se donner la mort mais la recevoir d’un autre.

La veille du jour où va expirer notre heureuse quarantaine, c’est un des plus fameux martyrs du Christ qui paraît sur le Cycle : Ignace le Théophore, Évêque d’Antioche. Une antique tradition nous dit que ce vieillard, qui confessa si généreusement le Crucifié devant Trajan, avait été cet enfant que Jésus présenta un jour à ses disciples comme le modèle de la simplicité que nous devons posséder pour parvenir au Royaume des cieux. Aujourd’hui, il se montre à nous, tout près du berceau dans lequel ce même Dieu nous donne les leçons de l’humilité et de l’enfance.

Ignace, à la Cour de l’Emmanuel, s’appuie sur Pierre dont nous avons glorifié la Chaire ; car le Prince des Apôtres l’a établi son second successeur sur son premier Siège à Antioche. Ignace a puisé dans cette mission éclatante la fermeté qui lui a donné de résister en face à un puissant empereur, de défier les bêtes de l’amphithéâtre, de triompher par le plus glorieux martyre. Comme pour marquer la dignité incommunicable du Siège de Rome, la providence de Dieu a voulu que, sous les chaînes de sa captivité, il vînt aussi voir Pierre, et terminât sa course dans la Ville sainte, mêlant son sang avec celui des Apôtres. Il eût manqué à Rome quelque chose, si elle n’eût hérité de la gloire d’Ignace. Le souvenir du combat de ce héros est le plus noble souvenir du Colisée, baigné du sang de tant de milliers de Martyrs.

Le caractère d’Ignace est l’impétuosité de l’amour ; il ne craint qu’une chose, c’est que les prières des Romains n’enchaînent la férocité des lions, et qu’il ne soit frustré de son désir d’être uni au Christ. Admirons cette force surhumaine qui se révèle tout à coup au milieu de l’ancien monde, et reconnaissons qu’un si ardent amour pour Dieu, un si brûlant désir de le voir n’ont pu naître qu’à la suite des événements divins qui nous ont appris jusqu’à quel excès l’homme était aimé de Dieu. Le sacrifice sanglant du Calvaire n’eût-il pas été offert, la Crèche de Bethléem suffirait à tout expliquer. Dieu descend du ciel pour l’homme ; il se fait homme, il se fait enfant, il naît dans une crèche. De telles merveilles d’amour auraient suffi pour sauver le monde coupable ; comment ne solliciteraient-elles pas le cœur de l’homme à s’immoler à son tour ? Et qu’est-ce que la vie terrestre à sacrifier, quand il ne s’agirait que de reconnaître l’amour de Jésus, dans sa naissance parmi nous ?

La sainte Église nous donne, dans les Leçons de l’Office de saint Ignace, la courte notice que saint Jérôme a insérée dans son livre de Scriptoribus ecclesiasticis. Le saint Docteur a eu l’heureuse pensée d’y insérer quelques traits brûlants de l’admirable lettre du Martyr aux fidèles de Rome. Nous l’eussions donnée tout entière, sans son extrême longueur ; et il nous en coûterait de la mutiler. Au reste, les passages cités par saint Jérôme représentent les plus sublimes traits qu’elle contient.

O pain glorieux et pur du Christ votre Maître ! Vous avez donc obtenu l’effet de vos désirs ! Rome tout entière, assise sur les degrés du superbe amphithéâtre, applaudissait, avec une joie féroce, au déchirement de vos membres ; mais tandis que vos ossements sacrés étaient broyés sous la dent des lions, votre âme, heureuse de rendre au Christ vie pour vie, s’élançait d’un trait jusqu’à lui. Votre félicité suprême était de souffrir, parce que la souffrance vous semblait une dette contractée envers le Crucifié ; et vous ne désiriez son Royaume qu’après avoir donné en retour de sa Passion les tourments de votre chair. Que votre gloire est éclatante, dans la compagnie d’Étienne, de Sébastien, de Vincent, d’Agnès, et que votre palme est belle auprès du berceau de l’Emmanuel ! Prenez pitié de notre faiblesse, ô Martyr ! Obtenez-nous d’être du moins fidèles à notre Sauveur, en face du démon, de la chair et du monde ; de donner notre cœur à son amour, si nous ne sommes appelés à donner notre corps aux tourments pour son Nom. Choisi dans vos premières années par ce Sauveur, pour servir de modèle au chrétien par l’innocence de votre enfance, vous avez conservé cette candeur si précieuse sous vos cheveux blancs ; demandez au Christ, le Roi des enfants, que cette heureuse simplicité demeure toujours en nous, comme le fruit des mystères que nous célébrons.

Successeur de Pierre à Antioche, priez pour les Églises de votre Patriarcat ; rappelez-les à la vraie foi et à l’unité catholique. Soutenez l’Église Romaine que vous avez arrosée de votre sang, et qui est rentrée en possession de vos reliques sacrées, de ces ossements que la dent des lions n’avait pu broyer entièrement. Veillez sur le maintien de la discipline et de la subordination ecclésiastiques, dont vous avez tracé de si belles règles dans vos immortelles Épîtres ; resserrez, par le sentiment du devoir et de la charité, les liens qui doivent unir tous les degrés de la hiérarchie, afin que l’Église de Dieu soit belle d’unité, et terrible aux ennemis de Dieu, comme une armée rangée en bataille.

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Saint Jean Bosco confesseur

31 Janvier 2024 , Rédigé par Ludovicus

Saint Jean Bosco confesseur

Collecte

O Dieu, qui avez appelé saint Jean votre Confesseur pour qu’il soit le père et l’éducateur des adolescents, et par lui, sous le patronage de Marie-auxiliatrice, vous avez voulu que fleurissent de nouvelles familles dans votre Église : accordez-nous, nous vous en prions, qu’enflammés du même feu de la charité, nous puissions nous mettre à la recherche des âmes et nous consacrer à votre seul service.

Office

Troisième leçon. Jean Bosco naquit d’une humble famille ; après une enfance éprouvée et pure, il fit ses études à Chieri et fut estimé pendant ce temps pour son intelligence et pour ses vertus. Ordonné prêtre, il vint à Turin, où il se fit tout à tous ; mais c’est surtout à aider les adolescents pauvres et abandonnés qu’il consacra ses efforts. Par une éducation libérale, des écoles professionnelles, des patronages il s’employa de toutes ses forces à préserver l’enfance des poisons de l’erreur et du vice : à cette fin, il suscita dans l’Église deux instituts, l’un d’hommes, l’autre de vierges. Il publia de nombreux livres, riches de sagesse chrétienne. Il contribua aussi au salut des infidèles en envoyant ses religieux en mission. L’âme constamment élevée vers Dieu, cet homme très saint ne semblait être ni effrayé par les menaces, ni fatigué par les labeurs, ni accablé par les soucis, ni troublé par l’adversité. Il mourut en 1888, dans sa soixante-treizième année. Il fut inscrit au nombre des saints par le Souverain Pontife Pie XI.

 

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Super Col., cap. 2 l. 2

30 Janvier 2024 , Rédigé par Ludovicus

Super Col., cap. 2 l. 2

Lectio 2

Super Col., cap. 2 l. 2 Supra monuit ne per aliquam fallaciam sermonis decidant a fide, hic ponit rationem monitionis, quae sumitur ex bonis quae in istis erant, quae non debebant perdere, sed proficere in eis. Et primo commemorat bona habita; secundo ostendit quomodo in eis proficiant, ibi sicut ergo. Circa primum duo facit; quia primo ostendit qualiter sunt sibi nota bona eorum; secundo quae bona in eis sunt, ibi gaudens. Dicit ergo nam et si, etc.; quasi dicat: licet non praedicaverim vobis, nec vestra facta oculis videam, tamen spiritus vobis intersum per affectionem gaudens de bonis vestris. I Cor. V, 3: absens quidem corpore, praesens vero spiritu. Pr. X, 1: filius sapiens laetificat patrem, et cetera. Et hoc quia revelabatur sibi per Spiritum Sanctum, et ideo dicit sed Spiritu vobiscum sum. IV R. V, 26: nonne cor meum in praesenti erat, quando reversus est homo de curru in occursum tui, et cetera. Gaudens, inquam, sum, quia videns sum ordinem, id est, ordinatam vestram conversationem. I Cor. XIV, 40: omnia honeste et secundum ordinem fiant in vobis. Jd. V, 20: stellae manentes in ordine et cursu suo, et cetera. Et firmamentum, et cetera. II Tm. II, 19: firmum fundamentum Dei stat, et cetera. Et hoc in Christo. Ep. III, 17: habitare Christum per fidem in cordibus vestris, et cetera. Ecclesia enim est spirituale aedificium. Ep. II, 21: in quo omnis aedificatio constructa crescit in templum sanctum in domino. Huius autem bonitas consistit in debito fundamento, quod est fides, et in debita superaedificatione. Et ideo haec duo posuit. Deinde cum dicit sicut ergo, etc., monet eos ad haec servanda. Et primo ad proficiendum, secundo ad persistendum, tertio ad gratias agendum. Dicit ergo sicut accepistis Christum Dominum nostrum, non pervertendo, in ipso ambulate. Rm. XII, 9: adhaerentes bono. Ecclesia quandoque comparatur spirituali aedificio. I Cor. III, 17: templum Dei sanctum est, quod estis vos. Quandoque arbori, quia fert fructum. Et eadem est comparatio fundamenti ad domum, et radicis ad arborem, quia utriusque firmitas est radix et fundamentum: Christus. Is. XI, 10: erit radix Iesse quae stat in signum populorum. I Cor. III, 11: fundamentum aliud nemo potest ponere praeter id quod positum est, quod est Christus Iesus. Ideo dicit radicati, scilicet sicut boni rami, et superaedificati in ipso, et confirmati, scilicet sicut boni lapides, hoc est si perstiteritis in fide eius. I P. ult.: adversarius vester, etc., et post: cui resistite fortes in fide, et cetera. Et hoc sicut didicistis, scilicet in vera fide. Ga. I, 9: si quis vobis evangelizaverit praeter id quod accepistis, anathema sit, et cetera. Abundantes in illo in gratiarum actione, id est, gratias agentes abundanter. I Th. ult.: in omnibus gratias agite. II M. I, 11: de magnis periculis a Deo liberati, magnifice gratias agimus ipsi, et cetera. Deinde cum dicit videte, monet ne decipiantur per vanam sapientiam. Et primo ponit monitionem, secundo rationem, ibi in ipso. Circa primum, primo docet vitare quod potest decipere; secundo ostendit quare illud decipiat, ibi secundum traditionem. Sed quod aliquis decipiatur per sapientiam saecularem, dupliciter contingit, scilicet quandoque per principia realia philosophiae, quandoque per sophisticas rationes. Et utrasque docet cavere. Unde dicit ne quis, etc., id est, per philosophica documenta. Is. XLVII, 10: sapientia tua et scientia haec decepit te. Multi enim sunt propter philosophiam decepti a fide deviantes. Jr. X, 14: stultus est factus omnis homo a scientia sua. Quantum ad secundum dicit et inanem fallaciam, quae non fundatur nisi super apparenti involutione verborum. Ep. V, 6: nemo vos seducat inanibus verbis. Sed quomodo seducens? Qui seducit, oportet habere aliquid apparens, et aliquid non existens. Ideo primo ponit principium apparentiae; secundo defectum existentiae. Principium apparentiae est duplex, id est, auctoritas philosophorum et quantum ad hoc dicit secundum traditionem hominum, id est, secundum ea quae aliqui tradiderunt propria ratione. Ps. XCIII, 11: Dominus scit cogitationes hominum, quoniam vanae sunt. Aliud est adinventio rationis, quando scilicet aliquis vult metiri ea quae sunt fidei, secundum principia rerum et non secundum sapientiam divinam. Ex hoc enim multi decipiuntur. Et ideo dicit secundum elementa mundi, et cetera. Sg. XIII, 1: neque operibus attendentes cognoverunt quis esset artifex, et cetera. Quanto enim causa est altior, tanto habet superiorem effectum. Unde qui voluerit considerare effectus superiores secundum causas inferiores, decipitur; ut si quis consideret motum aquae secundum virtutem aquae, non potest scire causam refluxus maris, sed sic, si consideret eum secundum virtutem lunae. Unde multo magis decipitur qui considerat proprios Dei effectus secundum elementa mundi. Et haec est causa apparentiae. Sed numquid sunt semper respuendae traditiones hominum et rationes? Respondeo: non, sed tunc quando procedit physica ratio secundum illas, et non secundum Christum. Infra eodem: non tenentes caput ex quo totum corpus per nexus et coniunctiones subministratum et constructum crescit in augmentum Dei. Vel potest exponi secundum elementa mundi, mensurando scilicet veritatem fidei secundum veritatem creaturarum. Vel hoc dicit propter idololatras colentes idola, et dicentes Iovem caelum. Vel secundum Iudaeos, ut sit sensus per philosophiam, id est, per rationem volentium trahere ad legalia, secundum elementa mundi, id est secundum observationes corporales. Ga. IV, 3: sub elementis mundi eramus servientes. Sed prima expositio est melior. Deinde cum dicit quia in ipso, etc., ponit rationem praedictorum, dicens: quidquid non est secundum Christum, respuendum est. Sed numquid est Christus tantus, ut pro eo omnia respui debeant? Et respondet quod ita: quod ostendit tripliciter. Primo per comparationem ad divinitatem; secundo per comparationem ad fideles, ibi et estis; tertio per comparationem ad Angelos, ibi qui est caput. Dicit ergo: ideo respuendum est quod est contra eum, quia ipse est Deus. Unde plus est ei standum quam omnibus, quia in ipso habitat, et cetera. Deus enim est in omnibus, sed in quibusdam per participationem similitudinis suae bonitatis, ut in lapide et aliis huiusmodi. Et talia non sunt Deus, sed habent in se aliquid Dei; non eius substantiam, sed similitudinem eius bonitatis. Et ideo non habitat in eis plenitudo divinitatis, quia non est ibi secundum substantiam. Item est in mentibus sanctis per operationem, quae per amorem et cognitionem attingunt Deum. Et ideo Deus est in eis secundum gratiam, sed non corporaliter, sed secundum effectum gratiae; nec est plenitudo, sed secundum aliquos effectus terminatos. Sed in Christo est corporaliter, quod exponitur tripliciter. Corpus enim dividitur contra umbram. Infra eodem: quae sunt umbra futurorum, et cetera. Et sic Deum contingit dupliciter inhabitare, vel secundum umbram, vel corporaliter, id est realiter. Primo modo inhabitabat in veteri lege, sed in Christo inhabitabat corporaliter, id est realiter et secundum veritatem. Secundo modo exponitur, quia alii sancti inhabitantur solum secundum animam, non secundum corpus. Rom. VII, 18: scio quod non habitat in me, id est in carne mea, bonum; sed in Christo divinitas inhabitat corporaliter: quia inhabitatio Dei, qua sanctos inhabitat, est per operationem, idest per amorem et cognitionem, quod est opus solius mentis rationalis; sed in Christo inhabitat per assumptionem hominis in unitatem personae. Unde quidquid pertinet ad hominem, totum inhabitatur a Deo: et ideo caro et mens inhabitatur, quia ambo sunt unita verbo. Io. c. I, 14: et, verbum caro factum est. Sed tertio modo est sensus. Tribus enim modis est Deus in rebus. Unus est communis per potentiam, praesentiam, et essentiam; alius per gratiam in sanctis; tertius modus est singularis in Christo per unionem. Corpus autem tres dimensiones habet. Et plenitudo divinitatis his modis in Christo superabundat; ideo corporaliter dicitur in eo esse. Et primus quidem modus est quasi longitudo, quia se extendit ad omnia; item latitudo est per charitatem; item quantum ad profundum, incomprehensibilis. Sed ex hoc Nestorius errat, dicens unionem factam per inhabitationem tantum, dicens verbum inhabitasse carnem. Sed contra hoc est quod apostolus dicit, Phil. II, 7: exinanivit semetipsum, et cetera. Habitare autem hominem non est exinanire, sed hominem fieri, et subdit: in similitudinem hominum factus, et ideo habitabilis dicitur Christus, non quasi alius sit qui habitat et qui inhabitatur, sed ipse est et homo et Deus, in quo habitat plenitudo divinitatis. Deinde cum dicit et estis in illo, etc., ostendit idem per comparationem ad alios. Quasi dicat: omnia accepistis. Io. I, v. 16: de plenitudine eius, et cetera. Sciendum est autem quod Platonici dicunt, quod divina dona perveniunt ad homines mediantibus substantiis separatis. Et hoc est verum etiam secundum Dionysium, sed hoc est quoddam speciale, quia ab eo immediate qui replet Angelos. Io. I, 18: unigenitus Dei filius, qui est in sinu patris, ipse enarravit, et cetera. Hebr. II, 3: cum initium accepisset enarrari per dominum ab his qui audierunt, et cetera. Et ideo dicit qui est caput omnis principatus et potestatis, inquantum est rex eorum et dominus, non per conformitatem naturae, quia sic caput est hominum. Et tangit istos ordines, qui videntur habere quamdam praeeminentiam.

 

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Sainte Martine vierge et martyre

30 Janvier 2024 , Rédigé par Ludovicus

Sainte Martine vierge et martyre

Office

Quatrième leçon. Martine, vierge romaine, fille d’un consulaire, était de race illustre. Privée de ses parents dès ses plus tendres années, et embrasée de l’ardeur de la piété chrétienne, elle distribua aux pauvres, avec une admirable libéralité, les richesses qu’elle possédait en abondance. Sous l’empire d’Alexandre, comme on lui ordonnait d’adorer les faux dieux, elle repoussa avec une grande liberté la proposition de ce crime énorme. C’est pourquoi elle fut frappée de verges à diverses reprises, déchirée avec des crochets, des ongles de fer et des têts de port cassés ; on lui lacéra tous les membres avec des glaives très aigus, on l’arrosa de graisse bouillante, enfin on la condamna aux bêtes de l’amphithéâtre ; mais, par un effet de la puissance divine, elle échappa sans blessure à ce nouveau danger, et, jetée sur un bûcher ardent, elle en sortit saine et sauve par un prodige semblable au premier.

Cinquième leçon. Quelques-uns de ses bourreaux, frappés de la nouveauté de ce miracle et sollicités par la grâce de Dieu, embrassèrent la foi de Jésus-Christ ; après plusieurs tourments, ils eurent la tête tranchée et remportèrent ainsi la palme glorieuse du martyre. Aux prières de la Sainte, des tremblements de terre se produisirent, des feux tombèrent du ciel avec un bruit de tonnerre, renversèrent les temples des faux dieux et consumèrent leurs statues. Il coulait des blessures de Martine du lait avec du sang, et une clarté très brillante ainsi qu’une très suave odeur émanaient de son corps ; parfois elle paraissait élevée sur un trône royal, chantant les louanges de Dieu avec les habitants du ciel.

Sixième leçon. Exaspéré par ces prodiges et surtout par la constance de la vierge, le juge ordonna de lui trancher la tête. Dès que Martine eut reçu le coup de la mort, l’on entendit une voix du ciel qui l’appelait au séjour des bienheureux ; toute la ville trembla fortement, et beaucoup d’adorateurs des idoles se convertirent à la foi chrétienne. Le corps sacré de Martine, martyrisée pendant que saint Urbain 1er siégeait à Rome, fut trouvé sous le pontificat d’Urbain VIII avec les corps des saints Martyrs Concorde, Épiphane et leurs compagnons, dans une antique église, près de la prison Mamertine, sur le penchant du mont Capitolin. Cette église ayant été reconstruite sur un meilleur plan et très bien ornée, on y replaça le corps ; de la Sainte, avec une pompe solennelle, en présence d’un grand concours de peuple et à la joie de la Ville entière.

Une troisième Vierge romaine, le front ceint de la couronne du martyre, vient partager les honneurs d’Agnès et d’Émérentienne, et offrir sa palme à l’Agneau. C’est Martine, dont le nom rappelle le dieu païen qui présidait aux combats, et dont le corps glorieux repose au pied du mont Capitolin, dans un ancien temple de Mars, devenu aujourd’hui la somptueuse Église de Sainte-Martine. Le désir de se rendre digne de l’Époux divin que son cœur avait choisi, Fa rendue forte contre les tourments et la mort, et sa blanche robe a été aussi lavée dans son sang. L’Emmanuel est le Dieu fort, puissant dans les combats ; mais comme le faux dieu Mars, il n’a pas besoin de fer pour vaincre. La douceur, la patience, l’innocence d’une vierge lui suffisent pour terrasser ses ennemis ; et Martine a vaincu d’une victoire plus durable que les plus grands capitaines de Rome.

Cette illustre Vierge, l’une des patronnes de Rome, a eu l’honneur d’être chantée par un Pape. Urbain VIII est l’auteur des Hymnes du bréviaire.

C’est par ces chants, ô Vierge magnanime, que Rome chrétienne continue de remettre entre vos mains le soin de sa défense. Elle est captive ; si vous la protégez, elle reprendra possession d’elle-même et reposera dans la sécurité. Écoutez ses prières, et repoussez loin de la ville sainte les ennemis qui l’oppriment. Mais souvenez-vous qu’elle n’a pas seulement à craindre les bataillons qui lancent la foudre et renversent les remparts ; même dans la paix, des attaques ténébreuses n’ont jamais cessé d’être dirigées contre sa liberté. Déjouez, ô Martine, ces plans perfides ; et souvenez-vous que vous fûtes la fille de l’Église romaine, avant d’en être la protectrice. Détruisez de plus en plus la puissance du Croissant ; affranchissez Jérusalem, amenez l’Europe à sentir enfin ses entrailles émues pour les Églises de Syrie.

Demandez pour nous à l’Agneau votre Époux la force nécessaire pour enlever de notre cœur les idoles auxquelles il pourrait encore être tenté de sacrifier. Dans les attaques que les ennemis de notre salut dirigent contre nous, prêtez-nous l’appui de votre bras. Il a ébranlé les idoles au sein même de Rome païenne ; il ne sera pas moins puissant contre le monde qui cherche à nous envahir. Pour prix de vos victoires, vous brillez auprès du berceau de notre Rédempteur ; si, comme vous, nous savons combattre et vaincre, ce Dieu fort daignera nous accueillir aussi. Il est venu pour soumettre nos ennemis ; mais il exige que nous prenions part à la lutte. Fortifiez-nous, ô Martine, afin que nous ne reculions jamais, et que notre confiance en Dieu soit toujours accompagnée de la défiance de nous-mêmes.

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