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Regnum Galliae Regnum Mariae

Saint Jérôme confesseur et docteur

30 Septembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saint Jérôme confesseur et docteur

Collecte

O Dieu, qui avez ménagé à votre Église pour expliquer les saintes Écritures, un éminent Docteur dans la personne du bienheureux Jérôme, votre Confesseur, faites nous vous en prions, que, secondés par ses mérites, nous puissions, votre grâce aidant, pratiquer ce qu’il a enseigné tout à la fois au moyen de la parole et de l’action.

Office

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. Jérôme, fils d’Eusèbe, né à Stridon en Dalmatie, sous le règne de Constance, reçut le baptême à Rome, pendant son adolescence, et y fut instruit des sciences libérales à l’école de Donat et d’autres savants très distingués. Poussé par le désir d’apprendre davantage, il parcourut la Gaule, où il entretient des relations avec quelques hommes pieux et versés dans les saintes Écritures, et transcrivit de sa main plusieurs livres sacrés. Bientôt après, Jérôme se dirigea vers la Grèce ; il y arriva déjà instruit de la philosophie et de la rhétorique, et ses talents ne firent que se développer dans un commerce intime avec les plus fameux théologiens. Mais il fut surtout le disciple assidu de Grégoire de Nazianze à Constantinople, et lui-même déclare qu’il doit à ce docteur sa science des saintes Lettres. Puis, il visita par dévotion le berceau de notre Seigneur Jésus-Christ, et parcourut toute la Palestine. Il affirme que ce pèlerinage, en le mettant en relation avec des Hébreux très érudits, lui profita beaucoup pour saisir le sens de l’Écriture sacrée.

Cinquième leçon. Il se retira ensuite dans une vaste solitude de la Syrie, et s’y livra pendant quatre années à l’étude des saints Livres et à la méditation de la béatitude céleste, se mortifiant par une abstinence perpétuelle, par les macérations de la chair, et versant des larmes abondantes. Paulin, Évêque d’Antioche, l’ayant ordonné Prêtre, Jérôme partit pour Rome, afin d’y conférer avec le Pape Damase, au sujet des controverses de certains Évêques avec Paulin et Épiphane, et aida le souverain Pontife dans la rédaction de ses lettres aux Églises. Mais comme le désir de regagner son ancienne solitude ne le quittait pas, il retourna en Palestine, et adopta un genre de vie tout céleste, dans le monastère fondé par Paule, dame romaine, à Bethléem, près de la crèche où naquit le Seigneur Jésus-Christ. Bien qu’éprouvé par diverses maladies et souffrances, il dominait les infirmités du corps, en se livrant à de pieux labeurs et en s’adonnant sans relâche à la lecture et à la composition de ses écrits.

Sixième leçon. De toutes les contrées de la terre, on recourait à lui comme à un oracle, pour l’explication des questions relatives aux divines Écritures. Le Pape Damase et saint Augustin le consultèrent souvent sur les passages les plus difficiles des Livres saints, parce qu’il était d’une doctrine suréminente et qu’il connaissait, non seulement le latin et le grec, mais aussi les langues hébraïque et chaldaïque, et qu’en outre, selon le témoignage du même saint Augustin, il avait lu les ouvrages de presque tous les écrivains. Il poursuivit les hérétiques dans des écrits pleins de vigueur et s’attira toujours la faveur des fervents orthodoxes. Il traduisit l’Ancien Testament de l’hébreu en latin, corrigea le Nouveau, sur l’ordre de Damase, d’après les manuscrits grecs, et en commenta une partie importante. De plus, il traduisit en latin un grand nombre d’ouvrages d’hommes instruits, et, par d’autres monuments de son génie, jeta la lumière sur certains points de la discipline chrétienne. Parvenu à un âge très avancé, illustre par sa sainteté et sa doctrine, il partit pour le ciel, sous le règne d’Honorius. Son corps, enseveli d’abord à Bethléem, fut ensuite transporté à Rome, dans la basilique de Sainte-Marie-de-la-Crèche.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Jérôme, Prêtre.

Septième leçon. Les Apôtres et les docteurs sont appelés sel, parce que leur doctrine est le condiment de tout le genre humain. « Que si le sel perd sa vertu, avec quoi le salera-t-on ? » Si le docteur s’égare, par quel autre docteur sera-t-il redressé ? « Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. » La comparaison est tirée de l’agriculture. En effet, si le sel est nécessaire pour assaisonner les aliments et empêcher les viandes de se corrompre, il n’a point d’autre utilité. Du moins, nous lisons dans les écrits qu’il y eut des villes où la vengeance des vainqueurs fit répandre du sel, afin qu’il ne sortit plus du sol aucune végétation.

Huitième leçon. Que les docteurs et les Évêques se tiennent donc sur leurs gardes et qu’ils considèrent « que les puissants seront puissamment tourmentés, » que s’ils se perdent, il n’y a pas de remède, et que la chute des grands entraîne aux enfers. « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur un chandelier, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. » C’est la hardiesse de la prédication qu’il enseigne : il veut que ses Apôtres, au lieu de se cacher par crainte, et de ressembler à une lampe sous le boisseau, se produisent avec une entière liberté et prêchent sur les toits ce qu’ils ont ouï dans le secret.

Neuvième leçon. « Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir. » Soit qu’il ait accompli ce que d’autres avaient prophétisé de sa personne, soit que, faisant porter sa prédication sur les points laissés avant lui à l’état d’ébauche et d’imperfection, à cause de la faiblesse même des auditeurs, il les ait perfectionnés. C’est ainsi qu’il réprouve toute colère, qu’il supprime la peine du talion et condamne la concupiscence cachée au fond du cœur. « Jusqu’à ce que le ciel et la terre passent. » Il nous est promis de nouveaux cieux et une terre nouvelle que fera le Seigneur Dieu. Si donc des choses nouvelles sont à créer, c’est que les anciennes doivent passer.

« Vital m’est inconnu, je ne veux point de Mélèce, et Paulin, je l’ignore ; celui-là est mien qui adhère à la chaire de Pierre. » Ainsi, vers l’an 376, des solitudes de Syrie troublées par les compétitions épiscopales qui d’Antioche agitaient tout l’Orient, un moine inconnu s’adressait au pontife Damase, implorant lumière pour son âme rachetée du sang du Seigneur. C’était Jérôme, originaire de Dalmatie.

Loin de Stridon, terre à demi barbare de sa naissance, dont il gardait l’âpreté comme la sève vigoureuse ; loin de Rome, où l’étude des belles-lettres et de la philosophie s’était montrée impuissante à le préserver des plus tristes chutes : la crainte des jugements de Dieu l’avait conduit au désert de Chalcis. Sous un ciel de feu, en la compagnie des fauves, il y devait, quatre années durant, mater son corps par d’effrayantes macérations ; remède plus efficace, plus méritante austérité pour son âme passionnée des beautés classiques, il entreprit d’y sacrifier ses goûts cicéroniens à l’étude de la langue primitive des saints Livres. Labeur autrement dur que de nos jours, en lesquels lexiques, grammaires, travaux de toute sorte, ont aplani les voies de la science. Que de fois, rebuté, Jérôme désespéra du succès ! Mais il avait éprouvé la vérité de cette sentence qu’il formulait plus tard : « Aimez la science des Écritures, et vous n’aimerez pas les vices de la chair. » Revenant donc à l’alphabet hébreu, il épelait sans fin ces syllabes sifflantes et haletantes dont l’héroïque conquête rappela toujours le prix qu’elles lui avaient coûté, par la rugosité imprimée depuis lors, disait-il, à sa prononciation du latin lui-même. Toute l’énergie de sa fougueuse nature était passée dans cette œuvre ; elle s’y consacra, s’y endigua pour la vie.

Dieu reconnut magnifiquement l’hommage ainsi rendu à sa divine parole : du simple assainissement moral que Jérôme en avait espéré, il était parvenu à la sainteté supérieure que nous honorons aujourd’hui en lui ; de ces luttes du désert, en apparence stériles pour d’autres, sortait un de ceux auxquels il est dit : Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde. Et cette lumière, Dieu la plaçait sur le chandelier à son heure, pour éclairer tous ceux qui sont dans la maison. Rome revoyait, mais combien transformé, le brillant étudiant d’autrefois ; sainteté, science, humilité le faisaient proclamer par tous digne du suprême sacerdoce]. Damase, docteur vierge de l’Église vierge, le chargeait de répondre en son nom aux consultations de l’Orient comme de l’Occident, et obtenait qu’il commençât par la révision du Nouveau Testament latin, sur le texte grec original, les grands travaux scripturaires qui devaient immortaliser son nom dans la reconnaissance du peuple chrétien. Sur ces entrefaites, la réfutation d’Helvidius, qui osait mettre en doute la perpétuelle virginité de la Mère de Dieu, révéla en Jérôme le polémiste incomparable dont Jovinien, Vigilance, Pelage, d’autres encore, par la suite, auraient à éprouver la vigueur. Récompense cependant de son honneur vengé, Marie amenait à lui toutes les nobles âmes : il les conduirait dans la voie des vertus qui sont l’honneur de la terre ; par le sel des Écritures, il les préserverait de la corruption dont mourait l’empire.

Étrange phénomène pour l’historien sans foi : voici qu’autour de ce Dalmate, à l’heure où la Rome des Césars agonise, rayonnent soudain les plus beaux noms de Rome antique. On les croyait éteints depuis le jour où s’assombrit entre les mains des parvenus la gloire de la cité reine ; au temps critique où, purifiée par les flammes qu’allumeront les Barbares, la capitale qu’ils donnèrent au monde va reprendre ses destinées, ils reparaissent comme par le droit de leur naissance pour la fonder à nouveau dans sa véritable éternité. Autre est devenue la lutte ; mais leur place demeure en tête de l’armée qui sauvera le monde. Rares sont parmi nous les sages, les puissants, les nobles, disait l’Apôtre quatre siècles plus tôt : nombreux ils sont en nos temps, proteste Jérôme, nombreux parmi les moines.

La phalange patricienne constitue le meilleur de l’armée monastique en ces temps de son origine occidentale ; elle lui laissera pour toujours son caractère d’antique grandeur ; mais dans ses rangs, à titre égal à celui de leurs pères et de leurs frères, se voient aussi la vierge et la veuve, parfois l’épouse en même temps que l’époux. C’est Marcella, qui la première, de son palais de l’Aventin, lève l’étendard monastique sur les sept collines, et en retour obtient que la direction de Jérôme ne soit pas refusée au sexe qu’honore pareille initiative ; Marcella qui, le maître disparu, sera, quoi qu’en ait son humilité, l’oracle consulté par tous dans les difficultés des Écritures. C’est comme elle Furia, Fabiola, Paula, rappelant leurs grands aïeux les Camille, les Fabii, les Scipions. C’en est trop pour le prince du monde, Satan, qui croyait siennes à jamais les gloires de la vieille cité de Romulus ; les heures du Saint à Rome sont comptées. Fille de Paula, Eustochium a mérité de se voir adresser le manifeste sublime, mais plein de tempêtes, où Jérôme, exaltant la virginité, ne craint pas de soulever contre lui par sa verve mordante la conjuration des faux moines, des vierges folles et des clercs indignes. Vainement la prudente Marcella prédit l’orage ; Jérôme écarte le doigt filial qui voudrait se poser sur sa bouche, et prétend oser dire ce que d’autres peuvent bien oser faire. Il a compté sans la mort de Damase survenue à l’heure même, sans la faction des ignorants jaloux qui, pareillement, n’attendaient que cette mort pour changer en morsures de vipères leurs hypocrites démonstrations d’autrefois.

Emporté par le tourbillon, le justicier retourne au désert : non plus Chalcis, mais la paisible Bethléem, où les souvenirs de l’enfance du Sauveur attirent ce fort entre les forts ; où Paula et sa fille viennent elles-mêmes se fixer pour ne point perdre ses leçons qu’elles préfèrent à tout le reste au monde, pour adoucir son amertume, panser les blessures du lion dont la puissante voix ne cessera point de tenir en éveil les échos de l’Occident. Honneur à ces vaillantes ! leur fidélité, leur ambition de savoir, leurs pieuses importunités vaudront au monde un trésor sans prix : la traduction authentique des Livres saints, que l’imperfection de l’ancienne version Italique, et ses variantes devenues sans nombre, ont nécessitée en face des Juifs traitant l’Église de faussaire.

« Paula et Eustochium, puisse le travail de ma pauvre vie vous être agréable, utile aussi à l’Église, et digne de la postérité ; quant aux contemporains, leur jugement me touche peu. » Ainsi disait le solitaire ; mais les attaques envieuses d’irréductibles ennemis l’émeuvent plus qu’il ne se l’avoue : « Servantes du Christ, insiste-t-il, opposez le bouclier de vos prières à mes aboyeurs. »

Or, chaque livre nouvellement traduit amenait critique nouvelle, et non toujours haineuse : réserves des craintifs, qui s’alarmaient pour l’autorité des Septante, si grande dans la Synagogue et dans l’Église ; retours intéressés des possesseurs de manuscrits aux pages de pourpre, aux splendides onciales, aux lettres d’argent et d’or, qu’il faudrait donc voir déprécier maintenant. « Eh ! qu’ils gardent leur métallurgie, et nous laissent nos pauvres cahiers, » s’écrie Jérôme exaspéré. « C’est pourtant vous qui me forcez à subir tant d’inepties comme tant d’injures, dit-il aux inspiratrices de ses travaux ; pour couper court au mal, mieux vaudrait m’imposer silence. »

Ni la mère, ni la fille ne l’entendaient ainsi ; et Jérôme se laissait contraindre. Ayant observé qu’une première révision faite par lui du Psautier sur le grec des Septante n’avait pas suffi à fixer le texte, elles en obtinrent une seconde, celle-là même que devait adopter notre Vulgate, au même titre que sa version des autres livres de l’Ancien Testament sur l’hébreu ou le chaldéen. Nobles auxiliaires, à la science desquelles lui-même en appelait comme garantie de son exactitude, et qu’il priait de collationner ses traductions mot par mot avec l’original.

Toutes les saintes amitiés de jadis gardaient de loin leur part dans ce commerce studieux. Jérôme ne refusait à personne le concours de sa science, et il s’excusait agréablement de ce qu’une moitié du genre humain y semblât plus privilégiée : « Principia, ma fille en Jésus-Christ, je sais que plusieurs trouvent mauvais qu’il m’arrive parfois d’écrire aux femmes ; qu’on me laisse donc dire à mes détracteurs : Si les hommes m’interrogeaient sur l’Écriture, ce n’est pointa celles-là que je répondrais. »

Mais voici qu’un message d’allégresse fait tressaillir les monastères fondés en Ephrata : d’un frère d’Eustochium, et de Lœta, fille chrétienne du pontife des faux dieux Albinus, une autre Paule est née dans Rome. Vouée à l’Époux dès avant sa naissance, elle balbutie au cou du prêtre de Jupiter l’Alléluia des chrétiens ; elle sait que par delà les monts et les flots, elle a une autre aïeule, une tante elle aussi toute à Dieu ; de sa mutine voix la promise du Seigneur menace d’aller les trouver bientôt. « Envoyez-la, écrit Jérôme à la mère dans son ravissement ; je me ferai son maître et son nourricier. Je la porterai sur mes vieilles épaules ; j’aiderai sa bouche bégayante à former ses mots, plus fier en cela qu’Aristote ; car lui n’élevait qu’un roi de Macédoine ; mais moi je préparerai au Christ une servante, une épouse, une reine destinée à siéger dans les cieux. »

Bethléem vit, en effet, la douce enfant. Elle devait, bien jeune encore, assumer la responsabilité d’y continuer l’œuvre des siens. Elle fut, près du vieillard mourant, l’ange du passage de ce monde à l’éternité.

L’heure des profonds déchirements avait précédé pour lui le moment suprême. Ce fut Paula l’ancienne qui partit la première, chantant : J’ai mieux aimé être humble en la maison de Dieu, que d’habiter les pavillons des pécheurs. Devant l’affaissement mortel où Jérôme parut devoir s’annihiler pour toujours, Eustochium brisée refoula ses larmes. Sur les instances de la fille, il se reprit à vivre afin de dégager ses promesses à la mère. C’est ainsi que nous le voyons achever alors ses traductions reprendre aussi ses commentaires du texte ; il va passer d’Isaïe au prophète Ézéchiel, quand fond soudain sur le monde et sur lui l’inexprimable douleur de ces temps : « Rome est tombée ; elle est éteinte la lumière de la terre ; dans une seule ville, tout l’univers a succombé. Que faire, que se taire et penser aux morts ? »

Il fallait penser de plus aux innombrables fugitifs qui affluaient, dénués de tout, vers les saints Lieux ; et Jérôme, l’implacable lutteur, ne savait refuser à aucun malheureux son cœur et ses larmes. Aimant encore mieux pratiquer qu’enseigner l’Écriture, il donnait aux devoirs de l’hospitalité ses journées. La nuit seule restait pour l’étude à ses yeux presque aveugles. Études pourtant demeurées bien chères, où il oubliait les misères du jour, et se réjouissait de répondre aux désirs de la fille que Dieu lui avait donnée. Qu’on lise l’avant-propos de chacun des quatorze Livres sur Ézéchiel, et l’on verra quelle part fut celle de la vierge du Christ en cette œuvre disputée aux angoisses du temps, aux infirmités de Jérôme, à ses luttes dernières contre l’hérésie.

Car on eût dit que l’hérésie prenait du bouleversement du monde l’occasion de nouvelles audaces. Forts de l’appui que leur prêtait l’évêque Jean de Jérusalem, les Pélagiens s’armèrent une nuit de la torche et du glaive ; ils se jetèrent, promenant le meurtre et l’incendie, sur le monastère de Jérôme et sur ceux des vierges qui, depuis la mort de Paula, reconnaissaient Eustochium pour mère. Virilement secondée par sa nièce Paule la jeune, la sainte rallia ses filles et parvint à se frayer passage au milieu des flammes. Mais l’anxiété de cette nuit terrible avait achevé de consumer ses forces épuisées. Jérôme l’ensevelit près de la crèche de l’Enfant-Dieu comme il avait fait la mère, et, laissant inachevé son commentaire sur Jérémie, se disposa lui-même à mourir.

Vous complétez, illustre Saint, la brillante constellation des Docteurs au ciel de la sainte Église. Voici que se lèvent, au Cycle sacré, les derniers astres manquant encore à sa gloire. Déjà s’annonce l’aurore du jour éternel ; le Soleil de justice apparaîtra bientôt sur la vallée du jugement. Modèle de pénitence, enseignez-nous la crainte qui préserve ou répare, dirigez-nous dans les voies austères de l’expiation. Moine, historien de grands moines père des solitaires attirés comme vous en Ephrata par les parfums de la divine Enfance, maintenez l’esprit de travail et de prière en cet Ordre monastique dont plusieurs familles ont pris de vous leur nom. Fléau des hérétiques, attachez-nous à la foi Romaine ; zélateur du troupeau, préservez-nous des loups et des mercenaires ; vengeur de Marie, obtenez que fleurisse toujours plus sur terre l’angélique vertu.

O Jérôme, votre gloire participe surtout de la gloire de l’Agneau ouvrant pour les habitants des cieux le livre plein de mystères. La clef de David vous fut aussi donnée pour ouvrir les sceaux multiples des Écritures, et nous montrer Jésus enfermé sous la lettre. C’est pourquoi l’Église de la terre chante aujourd’hui vos louanges, et vous présente à ses fils comme l’interprète officiel du Livre inspiré qui la conduit à ses destinées. En même temps que l’hommage de l’Épouse et de la Mère, daignez agréer notre personnelle gratitude. Puisse le Seigneur, à votre prière, nous renouveler dans le respect et l’amour que mérite sa divine parole. Par vos mérites, puissent, autour du dépôt sacré, se multiplier les doctes et leurs recherches savantes. Mais que nul ne l’oublie : c’est à genoux qu’on doit écouter Dieu, si l’on veut le comprendre. Il s’impose, et ne se discute pas : bien qu’entre les interprétations diverses auxquelles peuvent donner lieu ses divins messages, il soit permis de chercher, sous le contrôle de son Église, à dégager la vraie ; bien qu’il soit louable d’en scruter sans fin les augustes profondeurs. Heureux qui vous suit dans ces études saintes ! Vous le disiez : « vivre au milieu de pareils trésors, s’y absorber, ne savoir, ne chercher rien autre, n’est-ce pas habiter déjà plus aux cieux qu’en terre ? Apprenons dans le temps ce dont la science doit nous demeurer toujours. »

 

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Dédicace de St Michel, archange

29 Septembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Dédicace de St Michel, archange

Collecte

O Dieu, qui dispensez avec un ordre admirable les ministères des Anges et des hommes, accordez-nous dans votre bonté, d’avoir pour protecteurs de notre vie sur la terre, ceux qui sans cesse, dans le ciel, vous entourent et vous servent.

Office

AU PREMIER NOCTURNE.

Du Prophète Daniel.

Première leçon. Je regardais jusqu’à ce que des trônes furent placés, et un vieillard s’assit ; son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête blancs comme une laine pure ; son trône comme des flammes de feu ; ses roues, un feu brûlant. Un fleuve de feu et rapide sortait de sa face ; des milliers de milliers d’Anges le servaient, et dix milliers de centaines de milliers d’Anges assistaient devant lui ; le jugement se tint, et des livres furent ouverts. Je regardais à cause de la voix des grandes paroles que cette corne prononçait ; et je vis que la bête fut tuée et que son corps périt, et qu’il fut livré pour être brûlé par le feu.
Deuxième leçon. Le vingt quatrième jour du premier mois, j’étais près du grand fleuve qui est le Tigre. Et je levai mes yeux, et je vis ; et voici un homme vêtu de lin, et ses reins ceints d’un or très pur ; et son corps était comme une chrysolithe, et sa face comme l’aspect de la foudre, et ses yeux comme une lampe ardente ; et ses bras et ses parties basses jusqu’aux pieds, comme une apparence d’airain étincelant, et la voix de ses paroles, comme la voix d’une multitude. Or, moi Daniel, je vis seul la vision, et les hommes qui étaient avec moi ne la virent pas ; mais une terreur extraordinaire se saisit d’eux, et ils s’enfuirent dans un lieu caché. Mais moi, étant demeuré seul, je vis cette grande vision ; et il ne resta pas en moi de force ; mais même mon visage fut changé en moi, et je séchai, et je n’eus aucune force.
Troisième leçon. Et j’entendis la voix de ses paroles ; et, en l’entendant, j’étais couché tout consterné sur ma face, et mon visage était collé à la terre. Et voici qu’une main me toucha, et me dressa sur mes genoux et sur le plat de mes mains. Et la voix me dit : Daniel, homme de désirs, entends les paroles que je te dis, et tiens-toi sur tes pieds ; car je suis maintenant envoyé vers toi. Et lorsqu’il m’eut dit ces paroles, je me tins debout, tremblant. Et il me dit : Ne crains pas, Daniel, parce que dès le premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre, afin de t’affliger en présence de ton Dieu, tes paroles ont été entendues ; et je suis venu à cause de tes discours. Or le prince du royaume des Perses m’a résisté durant vingt et un jours : et voilà que Michel, un des premiers princes, est venu à mon secours, et moi, je suis demeuré là près du roi des Perses. Mais je suis venu afin de t’apprendre ce qui doit arriver à ton peuple dans les derniers jours, parce que la vision est encore pour ces jours.
 

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Sermon de saint Grégoire, Pape.

Quatrième leçon. Nous disons qu’il y a neuf ordres d’Anges. En effet, nous savons positivement par le témoignage de la sainte Écriture, qu’il y a : des Anges, des Archanges, des Vertus, des Puissances, des Principautés, des Dominations, des Trônes, des Chérubins et des Séraphins. Qu’il y ait des Anges et des Archanges, presque toutes les pages sacrées l’attestent ; quant aux Chérubins et aux Séraphins, il en est souvent question, comme on le sait, au livre des Prophètes. De plus, l’Apôtre saint Paul énumère les noms de quatre ordres dans ce passage de son Épître aux Éphésiens : « Au-dessus de toute Principauté, de toute Puissance, de toute Vertu, de toute Domination. » Il dit encore en écrivant aux Colossiens : « Soit les Trônes, soit les Puissances, soit les Principautés, soit les Dominations. » En joignant donc les Trônes aux quatre ordres dont il a parlé aux Éphésiens, on a cinq ordres ; et si l’on y ajoute les Anges et les Archanges, les Chérubins et les Séraphins, on trouve qu’il existe réellement neuf ordres d’Anges.
Cinquième leçon. Or, il faut savoir que cette dénomination d’Anges désigne leur fonction et non leur nature ; car si ces bienheureux esprits de la céleste patrie sont toujours des esprits, ils ne peuvent pas toujours être appelés des Anges ; ils sont Anges seulement lorsqu’ils annoncent quelque chose. C’est pour cela qu’un Psaume dit en parlant de Dieu : « Lui qui, des esprits, fait ses Anges. » Comme s’il disait explicitement : ceux qu’il a toujours comme esprits, il en fait ses Anges quand il veut. Or, ceux qui portent les messages les moins importants sont appelés simplement du nom d’Anges, et on nomme Archanges ceux qui annoncent les plus grands mystères. Et voilà pourquoi ce n’est pas un Ange quelconque, mais bien l’Archange Gabriel, que Dieu envoya à la Vierge Marie. Comme il s’agissait du plus grand de tous les messages, il convenait que le plus grand des Anges remplît ce ministère. En outre, ces Archanges reçoivent des noms particuliers, qui expriment les effets de leur opération. Ainsi Michel signifie : Qui est semblable à Dieu ? Gabriel, Force de Dieu ; Raphaël, Remède de Dieu.
Sixième leçon. Toutes les fois qu’il s’agit d’une chose où il faut une puissance extraordinaire, c’est Michel que l’Écriture cite comme envoyé, afin que son nom aussi bien que l’acte même, donne à comprendre que nul ne peut faire ce que Dieu fait par son incomparable puissance. Aussi l’antique ennemi qui disait, dans son orgueilleuse ambition de s’égaler à Dieu : « Je monterai jusqu’aux cieux, j’élèverai mon trône au-dessus des astres du ciel, je serai semblable au Très-Haut ; » cet ancien ennemi, dis-je, lorsqu’à la fin du monde il sera laissé dans toute sa force, pour être ensuite écrasé dans l’éternel supplice, est-il mentionné comme devant combattre contre l’Archange Michel, d’après cette parole de saint Jean : « Et un combat s’est engagé avec l’Archange Michel. » De même, l’Archange envoyé à Marie, c’est Gabriel, dont le nom signifie : Force de Dieu. Il venait effectivement annoncer celui qui, pour faire sentir sa force aux puissances de l’air, a daigné paraître dans l’humiliation. Enfin, comme nous avons dit plus haut, Raphaël signifie : Remède de Dieu ; et en effet, cet Archange, en touchant les yeux de Tobie comme pour le guérir, dissipa les ténèbres de sa cécité.
AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Jérôme, Prêtre.

Septième leçon. Le statère vient d’être trouvé et le tribut payé, pourquoi cette question inopinée des Apôtres : « Qui, pensez-vous, est le plus grand dans le royaume des cieux ? » Parce qu’ils avaient vu payer un même tribut pour Pierre et le Seigneur, de cette égalité dans le prix, ils concluaient que Pierre était élevé au-dessus de tous les Apôtres, lui qui, pour la reddition du tribut, semblait être comparé au Seigneur ; et voilà pourquoi ils demandent : « Qui est le plus grand dans le royaume des cieux ? » Jésus, connaissant leurs pensées et discernant la cause de leur méprise, veut guérir en eux le désir de la gloire, en leur inspirant une généreuse émulation pour l’humilité.
Huitième leçon. « Si donc ta main ou ton pied te scandalise, coupe-le et jette-le loin de toi. » Il faut, à-la vérité, que les scandales arrivent ; cependant, malheur à l’homme qui, par sa faute, est la cause de ce qui ne peut manquer de se produire dans le monde. En conséquence, toute affection est à briser, toute parenté est à rompre, quand il y a lieu de craindre que les croyants, dans leurs rapports de piété filiale ou de fidélité, ne soient exposés à des scandales. S’il y a quelqu’un, semble dire le Sauveur, qui vous soit aussi étroitement uni que la main, le pied, ou l’œil est uni au corps ; quelqu’un qui vous soit utile et dévoué, qui mette à votre service sa clairvoyance et sa pénétration, mais qui vous soit en même temps un sujet de scandale, et qui, par l’opposition des mœurs, vous entraîne dans l’enfer, il vaut mieux vous priver de son intimité et des avantages temporels qui en résultent, de peur qu’en voulant gagner vos proches et vos amis, vous n’ayez auprès d’eux des occasions de vous perdre.
Neuvième leçon. « Je vous dis que leurs Anges voient sans cesse, dans le ciel, la face de mon Père. » Plus haut, sous l’image de la main, du pied et de l’œil dont il faut se défaire, il avait dit qu’on doit se séparer des parents et des amis, qui peuvent être des sujets de scandale Voici maintenant qu’il tempère la rigueur de ce principe, par cette recommandation qu’il ajoute à la suite. « Prenez garde de mépriser un seul de ces petits. » Comme s’il disait : Je ne commande pas la sévérité de conduite, sans apprendre en même temps qu’il y faut mêler de la douceur : « Car leurs Anges voient sans cesse, dans les deux, la face du Père. » Grandeur et dignité des âmes, en ce que chacun des hommes a, dès le moment de sa naissance, un Ange préposé à sa garde. Aussi lisons-nous dans l’Apocalypse de saint Jean : « Écris ceci à l’Ange d’Éphèse, et .aux Anges des autres Églises. » Comme aussi l’Apôtre veut que, dans les églises, les femmes aient la tête voilée, à cause des Anges.

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Saint Wenceslas martyr

28 Septembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saint Wenceslas martyr

Collecte

O Dieu, qui, par le triomphe du martyre, avez fait passer le bienheureux Wenceslas d’une principauté terrestre à la gloire du ciel, accordez-nous, grâce à l’intercession de ses prières, d’être préservés de toute adversité et de partager son sort glorieux.

Office

Quatrième leçon. Wenceslas, duc de Bohême, eut pour père Wratislas, qui était chrétien, et pour mère Drahomire, qui était païenne. Élevé pieusement par son aïeule Ludmille, femme d’une très grande sainteté, il se signala dans la pratique de toutes les vertus. Toute sa vie, il conserva avec le plus grand soin sa virginité sans tache. Sa mère parvenue à l’administration du royaume par le meurtre odieux de Ludmille, et vivant dans l’impiété ainsi que son plus jeune fils Boleslas, excita contre elle l’indignation des nobles,et ceux-ci, fatigués d’un règne tyrannique et impie, secouèrent le joug de la mère et du fils. Assemblés dans la ville de Prague, ils se choisirent pour roi Wenceslas.

Cinquième leçon. Celui-ci gouverna son royaume plus par sa bonté que par l’exercice de son autorité. Il secourait les orphelins, les veuves et les pauvres avec tant de charité, qu’on le vit parfois, durant la nuit, porter sur ses épaules du bois destiné aux indigents, assister fréquemment à leurs inhumations, délivrer les captifs, visiter les prisonniers par des nuits affreuses, et bien souvent les consoler par ses aumônes et ses conseils. Telle:tait la mansuétude de ce prince, qu’il déplorait amèrement d’avoir à prononcer la sentence de mort contre un coupable. Il avait pour les Prêtres une très grande vénération, et, de ses mains, il semait le froment et pressait les raisins qui devaient fournir la matière au saint Sacrifice de la Messe. La nuit, marchant pieds nus sur la neige et sur la glace, il faisait le tour des églises, ses pas restant marqués sur la terre par des empreintes chaudes et sanglantes.

Sixième leçon. Les Anges se constituèrent les gardiens de son corps. Un jour, en effet, qu’il s’apprêtait à engager un combat singulier avec Radislas, duc de Gurime, dans le but de pourvoir au salut des siens, on vit des Anges lui apporter des armes, et on les entendit adresser à son adversaire ces paroles : « Ne le frappe pas. » Saisi de terreur, son ennemi se jeta humblement à ses pieds et lui demanda grâce. Un autre jour qu’il faisait un voyage en Germanie, l’empereur, à l’approche de Wenceslas, vit des Anges décorer ce Saint d’une croix d’or. Se levant alors aussitôt de son trône, il alla le recevoir dans ses bras, le revêtit des insignes royaux et lui fit don du bras de saint Vite. Cependant l’impie Boleslas, à l’instigation de sa mère, après l’avoir reçu à sa table, s’en alla, avec des complices le tuer dans l’église où il était en prière, car le Saint prévoyait bien la mort qu’on lui préparait. Son sang jaillit sur la muraille et l’on en voit encore aujourd’hui les traces. Dieu vengea ce meurtre : la terre engloutit cette mère dénaturée, et les meurtriers périrent misérablement de diverses manières.

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Saints Côme et Damien martyrs

27 Septembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saints Côme et Damien martyrs

Collecte

Accordez-nous, s’il vous plaît, ô Dieu tout-puissant, que, célébrant la naissance au ciel de vos bienheureux Martyrs Côme et Damien, nous soyons délivrés, grâce à leur intercession, de tous les maux qui nous menacent.

Office

Quatrième leçon. Les deux frères Côme et Damien, originaires d’Egée, ville d’Arabie, étaient des médecins distingués, sous le règne de Dioclétien et de Maximien. Ils guérissaient, par la vertu du Christ autant que par leur science médicale, jusqu’aux maladies réputées incurables. Le préfet Lysias, ayant appris quelle était leur religion, se les fit amener et les interrogea sur leur genre de vie et sur leur foi. Et comme ils se déclaraient hardiment Chrétiens, ajoutant que la foi chrétienne est nécessaire au salut, il leur enjoignit de sacrifier aux dieux, les menaçant, en cas de refus, de leur faire subir des tortures et une mort très cruelle.
Cinquième leçon. Mais voyant que les injonctions et les menaces restaient vaines : « Liez-leur les mains et les pieds, dit-il, et torturez-les par les supplices les plus affreux. » On exécuta ses ordres ; cependant Côme et Damien n’en persistèrent pas moins dans leur refus. On les jeta enchaînés dans la mer ; ils en sortirent sains et saufs et dégagés de leurs liens ; le préfet, attribuant ce prodige à des artifices magiques, les fit mettre en prison. Il les en fit sortit le lendemain et ordonna de les jeter dans un brasier ardent, dont la flamme s’éloigna d’eux. Après divers autres cruels tourments, il les condamna à être frappés de la hache, et ainsi tous deux reçurent la palme du martyre, en confessant Jésus-Christ.

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XVIIIème Dimanche après la Pentecôte

26 Septembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

XVIIIème Dimanche après la Pentecôte

Introït

Donnez la paix, Seigneur, à ceux qui vous attendent afin que vos prophètes soient trouvés fidèles : exaucez les prières de votre serviteur, et celles d’Israël votre peuple. Je me suis réjoui de ces mots qui m’ont été dits : Nous irons dans la maison du Seigneur.

Collecte

Seigneur, nous vous en supplions, que l’opération de votre grâce dirige nos cœurs, puisque sans vous nous ne pouvons vous plaire.

Épitre 1. Cor. 1, 4-8

Mes frères, je rends grâces continuellement à mon Dieu pour vous, à cause de la grâce de Dieu, qui vous a été donnée dans le Christ Jésus ; car en lui, vous êtes devenus riches en toutes choses, en toute parole et en toute science, le témoignage du Christ ayant été aussi confirmé parmi vous, de sorte qu’il ne vous manque aucune grâce, à vous qui attendez la manifestation de notre Seigneur Jésus-Christ, lequel vous affermira encore jusqu’à la fin, pour que vous soyez irréprochables au jour de l’avènement de Jésus-Christ notre Seigneur.

Évangile Mt. 9, 1-8

En ce temps-là, Jésus étant monté dans une barque, repassa le lac et vint dans sa ville. Et voici qu’on lui présenta un paralytique couché sur un lit. Et Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Aie confiance, mon fils ; tes péchés te sont remis. Et voici que quelques-uns des scribes dirent en eux-mêmes : Cet homme blasphème. Et Jésus, ayant vu leurs pensées, dit : Pourquoi pensez-vous le mal dans vos cœurs ? Lequel est le plus aisé, de dire : Tes péchés te sont remis ; ou de dire : Lève-toi et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés : Lève-toi, dit-il alors au paralytique ; prends ton lit, et va dans ta maison. Et il se leva, et s’en alla dans sa maison. Les foules, voyant cela, furent remplies de crainte, et glorifièrent Dieu, qui avait donné un tel pouvoir aux hommes.

Secrète

O Dieu, qui par les échanges admirables s’accomplissant en ce sacrifice, nous rendez participants de votre souveraine et unique divinité, faites, nous vous en supplions, que comme nous connaissons votre vérité, nous la suivions en ayant une conduite digne de notre foi.

Postcommunion

Nourris de votre don sacré, nous vous rendons grâces, Seigneur, en suppliant votre miséricorde de nous rendre dignes de cette participation.

Office

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Pierre Chrysologue.

Septième leçon. Le Christ accomplit des mystères divins, en ses actions humaines et sous des apparences visibles, il opère des œuvres invisibles : la lecture de ce jour nous le montre. « Il monta dans une barque, dit l’Évangile, et il passa sur l’autre rive. Il vint dans sa ville. » N’est-ce pas celui-là même qui, après avoir repoussé les flots, met à nu les tréfonds de la mer, de sorte que le peuple d’Israël passe à pied sec au milieu des eaux figées d’étonnement, comme dans un creux entre des montagnes ? N’est-ce pas lui qui incline les vagues de la mer sous les pieds de Pierre si bien qu’une route d’eau offre aux pas d’un homme un sillage solide ?

Huitième leçon. Alors, pourquoi refuse-t-il pour lui-même les services de la mer, et recourt-il à ceux d’un batelier pour traverser un si petit lac ? « Il monta dans une barque, dit l’Évangile, et il passa sur l’autre rive. » Et quoi d’étonnant, frères ? Le Christ est venu se charger de nos faiblesses et nous donner sa force, chercher ce qui est humain, accorder ce qui est divin, accepter des injures, rendre des dignités, porter des maux, apporter la guérison ; car le médecin qui ne porte pas l’infirmité ne sait pas guérir, et celui qui n’a pas été malade avec le malade ne peut pas apporter au malade la guérison.

Neuvième leçon. Le Christ donc, s’il était demeuré dans sa puissance, n’aurait rien eu de commun avec les hommes ; et s’il n’avait pas assumé la condition de la nature charnelle, c’est en vain qu’il aurait revêtu la chair. « Il monta dans une barque, dit l’Évangile, et il passa sur l’autre rive. Il vint dans sa ville. » Le Créateur des choses, le Seigneur de l’univers, après s’être mis à l’étroit pour nous dans notre chair, commence par avoir une patrie humaine, commence par être citoyen d’une ville de Judée, commence par avoir des parents, lui qui est le père de tous les parents. N’est-ce pas l’amour qui invite, la charité qui attire, l’affection qui triomphe, la bonté qui persuade ceux que la tyrannie a chassés, que la crainte a dispersés, que la contrainte a bannis ?

ÉPÎTRE

Le dernier avènement du Fils de Dieu n’est plus éloigné. L’approche du dénouement qui doit donner la pleine possession de l’Époux à l’Église redouble ses espérances ; mais le jugement final, qui doit consommer en même temps la réprobation d’un grand nombre de ses fils, joint chez elle la crainte au désir, et ces deux sentiments vont se faire jour plus souvent désormais dans la sainte Liturgie.

L’attente sans doute n’a point cessé d’être pour l’Église comme le fonds même de son existence. Séparée de l’Époux quant à la vision de ses charmes divins, elle n’eût fait depuis sa naissance que soupirer dans la vallée de l’exil, si l’amour qui la pousse ne l’eût pressée de se dépenser, sans retour sur elle-même, pour celui à qui allait tout son cœur. Sans compter donc, elle s’est donnée par le travail, la souffrance, la prière et les larmes. Mais son dévouement, tout généreux qu’il fût, ne lui a point fait oublier l’espérance. Un amour sans désir n’est point la vertu de l’Église ; elle le condamne, dans ses fils, comme une injure à l’Époux.

Si légitimes et si véhémentes à la fois étaient dès l’origine ses aspirations, que l’éternelle Sagesse voulut ménager l’Épouse, en lui cachant la durée de l’exil. L’heure de son retour est le seul point sur lequel Jésus, interrogé par les Apôtres, ait refusé de renseigner son Église. Un tel secret entrait dans les vues générales du gouvernement divin sur le monde ; mais c’était aussi, de la part de l’Homme-Dieu, compassion et tendresse : l’épreuve eût été trop cruelle ; et mieux valait laisser l’Église à la pensée, véritable d’ailleurs, de la proximité de la fin devant Dieu, pour qui mille ans sont comme un jour. C’est ce qui nous explique la complaisance avec laquelle les Apôtres, interprètes des aspirations de la sainte Église, reviennent sans cesse, dans leurs paroles, sur l’affirmation de l’avènement prochain du Seigneur. Le chrétien, saint Paul vient de nous le dire jusqu’à deux fois en une même phrase, est celui qui attend la manifestation de notre Seigneur Jésus-Christ au jour qu’il viendra. Appliquant au second avènement, dans sa lettre aux Hébreux, les soupirs enflammés des Prophètes aspirant au premier : Encore un peu, un très peu de temps, dit-il, et celui qui doit venir viendra, et il ne tardera point. C’est qu’en effet, sous la nouvelle comme dans l’ancienne alliance, l’Homme-Dieu s’appelle, en raison de sa manifestation finale attendue, celui qui vient, celui qui doit venir. Le cri qui terminera l’histoire du monde sera l’annonce de son arrivée : Voici l’époux qui vient !

« Ceignant donc spirituellement vos reins, dit saint Pierre à son tour, pensez à la gloire du jour où se révélera le Seigneur ; attendez-le, espérez-le d’une parfaite espérance. » Le Vicaire de l’Homme-Dieu prévoyait cependant le parti que les docteurs de mensonge allaient tirer d’une attente si longtemps prolongée. « Où donc est la promesse ? devaient-ils dire ; à quand son arrivée ? Nos pères se sont endormis du grand sommeil, et toutes choses demeurent comme au commencement

». Or le chef du collège apostolique reprenait par avance, contre eux, la réponse que Paul son frère avait déjà faite : « Ce n’est point, comme quelques-uns pensent, que le Seigneur retarde sa promesse ; mais il agit ainsi dans sa patience, à cause de vous, ne voulant pas, s’il était possible, qu’aucun pérît, mais que tous revinssent à lui par la pénitence. Le jour du Seigneur n’en arrivera pas moins comme un voleur, et alors, dans une effroyable tempête, les cieux passeront, les éléments se dissoudront embrasés, la terre et ses ouvrages seront consumés. Puis donc que tout cela doit périr, quels ne devez-vous pas être par la sainteté de votre vie et vos œuvres pieuses, attendant, hâtant de vos désirs l’arrivée de ce jour du Seigneur où le feu dissoudra les éléments et les cieux ? Car nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre où habite la justice. C’est pourquoi, mes bien-aimés, faites en sorte que le Seigneur, quand il viendra, vous trouve dans la paix, sans reproche et sans tache... Instruits ainsi de toutes choses à l’avance, veillez sur vous, de peur que, vous laissant emporter aux égarements des insensés, vous ne tombiez de l’état si ferme qui est aujourd’hui le vôtre. »

Si, en effet, le péril doit être grand dans ces derniers jours où les vertus des cieux seront ébranlées, le Seigneur, ainsi que le dit notre Épître, a pris soin de confirmer en nous son témoignage, d’affermir notre foi par les multiples manifestations de sa puissance. Et comme pour vérifier cette autre parole de la même Épître, qu’il confirmera de la sorte jusqu’à la fin ceux qui croient en lui, ses prodiges redoublent en nos temps précurseurs de la fin. Partout le miracle s’affirme à la face du monde ; les mille voix de la publicité moderne en portent les échos jusqu’aux extrémités de la terre. Au nom de Jésus, au nom de ses Saints, au nom surtout de sa Mère immaculée qui prépare le dernier triomphe de l’Église, les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent, les maux du corps et de l’âme perdent soudain leur empire. La manifestation de la puissance surnaturelle est devenue si intense, que les services publics, hostiles ou non, doivent en tenir compte ; le tracé des voies ferrées elles-mêmes se plie à la nécessité de porter les peuples aux lieux bénis où Marie s’est montrée. La terre catholique n’est point la seule où éclate le divin pouvoir. Naguère encore, au cœur de l’infidélité musulmane, n’a-t-on pas vu la ville des sultans tressaillir au bruit des merveilles accomplies par la Reine du ciel en ses murs ? L’eau de sa fontaine miraculeuse a pénétré jusqu’en cette cité de la Mecque ouest fixé le tombeau du fondateur de l’Islam, et dans laquelle jadis un chrétien ne pouvait entrer sans mourir.

L’impie a beau dire en son cœur : Il n’y a point de Dieu ! S’il n’entend pas le témoignage divin, c’est que la corruption ou l’orgueil prévaut chez lui sur l’intelligence, comme autrefois sur l’intelligence des ennemis de Jésus durant les jours de sa vie mortelle. Pareil est-il à l’aspic du Psaume, qui se rend sourd ; il se bouche les oreilles, pour ne point ouïr la voix de l’enchanteur divin qui veut nous sauver. Sa conduite n’est que rage et folie ; il aura bien mérité la vengeance.

Ne l’imitons point ; mais, avec l’Apôtre, remercions Dieu pour la profusion miséricordieuse dont il fait preuve envers nous. Jamais ses dons gratuits ne furent plus nécessaires qu’en nos temps misérables. Il ne s’agit plus sans doute, chez nous, de promulguer l’Évangile ; mais les efforts de l’enfer sont devenus tels contre lui, qu’il ne faut rien moins, pour le soutenir, qu’un déploiement de la vertu d’en haut pareil, en quelque chose, à celui dont l’histoire des origines de l’Église nous retrace le tableau. Demandons au Seigneur des hommes puissants en paroles et en œuvres. Obtenons que l’imposition des mains produise plus que jamais, dans les élus du sacerdoce, son plein résultat ; qu’elle les fasse riches en toutes choses, et spécialement dans la parole et dans la science. Que nos jours, où tout s’éteint, voient du moins la lumière du salut briller vive et pure par les soins des guides du troupeau du Christ. Puissent les compromis et les lâchetés de générations où tout s’étiole et s’amoindrit, ne jamais amener ces nouveaux christs à décroître eux-mêmes, ni à laisser tronquer en leurs mains la mesure de l’homme parfait  qui leur fut confiée pour l’appliquer, jusqu’à la fin, atout chrétien soucieux d’observer l’Évangile ! Puisse leur voix, en dépit des vaines menaces, et dominant toujours le tumulte des passions déchaînées, retentir partout aussi ferme et vibrante qu’il convient à l’écho du Verbe !

ÉVANGILE.

Au XIIe siècle, dans plusieurs Églises d’Occident, on lisait aujourd’hui, comme Évangile, le passage du livre sacré où Jésus parle des Scribes et des Pharisiens assis sur la chaire de Moïse. L’Abbé Rupert, qui nous fait connaître cette particularité dans son livre Des divins Offices, rapproche heureusement cet ancien Évangile et l’Antienne de l’Offertoire toujours en usage, où il est aussi question de Moïse. « L’Office de ce Dimanche, dit-il, montre éloquemment à celui qui préside dans la maison du Seigneur et qui a reçu la charge des âmes, la manière dont il doit se comporter dans le rang supérieur où l’a placé la vocation divine. Qu’il ne ressemble pas à ces hommes assis indignement sur la chaire de Moïse ; mais qu’il soit comme Moïse lui-même, lequel présente dans l’Offertoire et ses Versets un beau modèle aux chefs de l’Église. Les pasteurs des âmes ne doivent pas ignorer, en effet, pour quelle cause ils occupent un lieu plus élevé : à savoir, non tant pour gouverner que pour servir. » L’Homme-Dieu disait des docteurs juifs : Ce qu’ils disent, faites-le ; ce qu’ils font, gardez-vous de le faire ; car ils disent bien ce qu’il faut faire, mais ne font rien de ce qu’ils disent. A l’encontre de ces indignes dépositaires de la Loi, ceux qui sont assis dans la chaire de la doctrine « doivent enseigner et agir conformément à leur enseignement, dit Rupert ; ou plutôt, qu’ils fassent d’abord ce qu’il convient de faire, afin de l’enseigner ensuite avec autorité ; qu’ils ne recherchent pas les honneurs et les titres, mais tendent à cet unique but de porter sur eux mêmes les péchés du peuple, et de parvenir à détourner de ceux qui leur sont soumis la colère de Dieu, comme fit Moïse, ainsi que le dit l’Offertoire. »

L’Évangile des Scribes et des Pharisiens établis sur la chaire de Moïse a été réservé, depuis, pour le mardi de la deuxième semaine de Carême. Mais celui qui est maintenant partout en usage, n’éloigne point nos pensées de la considération des pouvoirs suréminents du sacerdoce, qui sont le bien commun de l’humanité régénérée. Les fidèles dont l’attention, en ce jour, était autrefois attirée sur le droit d’enseigner confié aux pasteurs, méditent maintenant sur la prérogative qu’ont ces mêmes hommes de pardonner les péchés et de guérir les âmes. De même qu’une conduite en contradiction avec leur enseignement n’enlèverait rien à l’autorité de la chaire sacrée, d’où ils dispensent pour l’Église et en son nom le pain de la doctrine à ses fils, l’indignité de leur âme sacerdotale ne diminuerait pas non plus, dans leurs mains, la puissance des clefs augustes qui ouvrent le ciel et ferment l’enfer. Car, c’est le Fils de l’homme, c’est Jésus qui par eux, indignes ou non, relève de leurs fautes les hommes ses frères et ses créatures, dont il a pris sur lui les misères et racheté les crimes dans son sang.

L’épisode de la guérison du paralytique, qui fut pour Jésus l’occasion d’affirmer son pouvoir de remettre les péchés en tant que fils de l’homme, a toujours été particulièrement cher à l’Église. Outre le récit que nous en fait aujourd’hui saint Matthieu, elle a placé la narration qu’en donne aussi saint Luc au vendredi des Quatre-Temps de la Pentecôte. Les fresques des catacombes, parvenues jusqu’à nous, attestent encore la prédilection qu’elle inspira pour ce sujet aux artistes chrétiens du premier âge. C’est qu’en effet, dès l’origine du christianisme, on vit l’hérésie dénier à l’Église le pouvoir de pardonner au nom de Dieu, qu’elle tient de son divin Chef ; c’était condamner irrémissiblement à la mort un nombre incalculable de chrétiens, malheureusement tombés après leur baptême, et que guérit le sacrement de Pénitence. Or quel trésor une mère peut-elle défendre avec plus d’énergie, que le remède auquel la vie de ses enfants est attachée ? L’Église donc frappa de ses anathèmes et chassa de son sein ces Pharisiens de la loi nouvelle, qui, comme leurs pères du judaïsme, méconnaissaient la miséricorde infinie et l’étendue du grand mystère de la Rédemption. Elle-même, comme Jésus sous les yeux des scribes ses contradicteurs, avait produit, en garantie de ses affirmations, un miracle visible à la face des sectaires, sans arriver plus que l’Homme-Dieu à les convaincre de la réalité du miracle de grâce opéré invisiblement par ses paroles de rémission et de pardon. La guérison extérieure du paralytique fut tout ensemble, en effet, l’image et la preuve de la guérison de son âme réduite auparavant à l’impuissance ; mais lui-même représentait un bien autre malade : le genre humain, gisant immobile en son péché depuis des siècles. L’Homme-Dieu avait déjà quitté la terre, quand la foi des Apôtres opéra ce premier prodige de transporter aux pieds de l’Église le monde vieilli dans son infirmité. L’Église donc, voyant le genre humain docile à l’impulsion des messagers du ciel et partageant déjà leur foi, avait retrouvé pour lui dans son cœur de mère la parole de l’Époux : Mon fils, aie confiance, tes péchés sont remis. Soudain, aux yeux étonnés de la philosophie sceptique, et confondant la rage de l’enfer, le monde s’était levé ostensiblement de sa couche ignominieuse ; montrant bien que ses forces lui étaient rendues, on l’avait vu charger sur ses épaules, par le travail de la pénitence et de la répression des passions, le lit de ses langueurs et de son impuissance, où l’avaient retenu si longtemps l’orgueil, la chair et la cupidité. Depuis lors, fidèle à la parole du Seigneur qui lui a été répétée par l’Église, il est en marche pour retourner dans sa maison, le paradis, où l’attendent les joies fécondes de l’éternité ! Et la multitude des cohortes angéliques, voyant sur la terre un pareil spectacle de rénovation et de sainteté, est saisie de stupeur, et elle glorifie Dieu qui a donné aux hommes une telle puissance.

Nous aussi, rendons grâces à l’Époux dont la dot merveilleuse, qui est son sang versé pour l’Épouse, suffit jusqu’à la fin à solder les droits de la justice éternelle. Dans les jours de la Pâque, nous avons contemplé l’Homme-Dieu établissant le sacrement précieux qui rend ainsi, en un instant, vie et forces au pécheur. Mais combien sa vertu n’apparaît-elle pas plus merveilleuse encore, en nos temps d’affaissement et de ruine universelle ! L’iniquité abonde, les crimes se multiplient ; et toujours la piscine réparatrice, alimentée par les flots qui s’échappent du côté de Jésus entr’ouvert, absorbe et dissout, quand on le veut, sans laisser trace aucune, ces montagnes de péchés, ces hideux trésors de l’enfer entassés durant toute une vie par la complicité du démon, du monde et de l’homme même !

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Samedi des Quatre-Temps de Septembre

25 Septembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Samedi des Quatre-Temps de Septembre

Collecte

Dieu tout-puissant et éternel, qui guérissez les corps et les âmes par le remède salutaire de l’abstinence, nous supplions humblement votre majesté, afin qu’apaisé par la prière pieuse de ceux qui jeûnent, vous nous donniez des secours pour le présent et pour l’avenir.

Lecture Lv. 23, 26-32

En ces jours-là : le Seigneur parla à Moïse et lui dit : Le dixième jour de ce septième mois sera le jour des expiations ; il sera très solennel et il s’appellera saint ; vous affligerez vos âmes en ce jour-là, et vous offrirez un holocauste au Seigneur. Vous ne ferez aucune œuvre servile dans tout ce jour, parce que c’est un jour de propitiation, afin que le Seigneur votre Dieu vous devienne favorable. Tout homme qui ne se sera point affligé en ce jour-là périra au milieu de son peuple. J’exterminerai encore du milieu de son peuple celui qui en ce jour fera quelque ouvrage. Vous ne ferez donc aucun ouvrage en ce jour-là ; et cette ordonnance sera éternellement observée dans toute votre postérité et dans tous les lieux où vous demeurerez. Ce jour-là vous sera un repos de sabbat, et vous affligerez vos âmes le neuvième jour du mois. Vous célébrerez vos fêtes d’un soir jusqu’à un autre soir, vous observerez votre sabbat, dit le Seigneur tout-puissant.

Lecture Lv. 23, 39-43

En ces jours-là : le Seigneur parla à Moïse et lui dit : Depuis le quinzième jour du septième mois, lorsque vous aurez recueilli tous les fruits de votre terre, vous célébrerez une fête en l’honneur du Seigneur pendant sept jours ; le premier jour et le huitième vous seront des jours de sabbat, c’est-à-dire de repos. Vous prendrez au premier jour des fruits d’un très bel arbre, des branches de palmier, des rameaux d’arbres touffus, et des saules de rivière ; vous vous réjouirez devant le Seigneur votre Dieu, et vous célébrerez chaque année cette fête solennelle pendant sept jours ; cette ordonnance sera observée éternellement dans toute votre postérité. Vous célébrerez cette fête au septième mois, et vous demeurerez sous des tentes de feuillage pendant sept jours ; tout homme qui est de la race d’Israël demeurera sous les tentes, afin que vos descendants apprennent que j’ai fait demeurer les enfants d’Israël sous des tentes, lorsque je les ai tirés de l’Égypte, moi qui suis le Seigneur votre Dieu.

Lecture Mi. 7, 14, 16 et 18-20

O Seigneur notre Dieu, paissez votre peuple avec votre bâton, le troupeau de votre héritage, qui habite solitaire dans la forêt comme aux jours anciens. Les nations verront, et elles seront confondues avec toute leur puissance. O Dieu, qui est semblable à vous, qui enlevez l’iniquité et qui oubliez les péchés des restes de votre héritage ? Il ne lancera plus sa fureur, parce qu’il aime la miséricorde. Il aura encore compassion de nous ; il mettra à ses pieds nos iniquités, et il jettera tous nos péchés au fond de la mer, Vous donnerez la vérité à Jacob, la miséricorde à Abraham, comme vous l’avez juré à nos pères depuis les jours anciens, ô Seigneur notre Dieu.

Lecture Za. 8, 14-19

En ces jours-là : la parole du Seigneur me fut adressée en ces termes : Ainsi parle le Seigneur des armées : Comme j’ai pensé à vous affliger, lorsque vos pères ont provoqué ma colère, dit le Seigneur, et que je n’ai pas eu de pitié, ainsi j’ai pensé, au contraire, en ces jours, à faire du bien à la maison de Juda et à la maison de Jérusalem. Ne craignez, point. Voici donc ce que vous ferez : Dites la vérité chacun à son prochain ; jugez à vos portes selon la vérité et selon la paix. Que nul ne pense dans son cœur le mal contre son ami, et n’aimez pas les faux serments ; car ce sont là toutes choses que je hais, dit le Seigneur. La parole du Seigneur des armées me fut adressée en ces termes : Ainsi parle le Seigneur des armées : Les jeûnes du quatrième, du cinquième, du septième et du dixième mois deviendront pour la maison de Juda des jours de joie et d’allégresse, et de belles solennités. Seulement, aimez la vérité et la paix, dit le Seigneur des armées.

Épitre He. 9, 2-12

Mes frères : on a construit un tabernacle dans a première partie duquel étaient e chandelier, la table et les pains de proposition, et cette partie s’appelait le Saint. Puis, derrière le second voile était la partie du tabernacle appelée le Saint des saints, renfermant un encensoir d’or, et l’arche d’alliance toute couverte d’or, dans laquelle était une urne d’or contenant la manne, la verge d’Aaron, qui avait fleuri, et les tables de l’alliance. Au-dessus de l’arche étaient les chérubins de la gloire, qui couvraient de leur ombre le propitiatoire. Mais ce n’est pas le moment de parler de cela en détail. Or, ces choses étant ainsi disposées, les prêtres entraient en tout temps dans la première partie du tabernacle, lorsqu’ils exerçaient des fonctions sacerdotales ; mais, dans la seconde, n’entre qu’une fois par an le seul grand-prêtre, non sans y porter du sang, qu’il offre pour son ignorance et pour celle du peuple. L’Esprit-Saint montre par là que le chemin du sanctuaire n’était pas encore ouvert, tant que le premier tabernacle subsistait. C’est une figure pour le temps présent, où l’on offre des dons et des victimes, qui ne peuvent rendre parfait selon la conscience celui qui rend ce culte ; puisqu’ils ne consistaient qu’en diverses ablutions, et en des cérémonies charnelles, imposées seulement jusqu’à une époque de réforme. Mais le Christ étant venu comme pontife des biens futurs, a traversé un tabernacle plus grand et plus parfait, qui n’a pas été fait de main d’homme, c’est-à-dire, qui n’appartient point à cette création, et il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire, non avec le sang des boucs ou des veaux, mais avec son propre sang, ayant obtenu une rédemption éternelle.

Évangile Lc. 13, 6-17

En ce temps-là, Jésus dit à la foule cette parabole : Un homme avait un figuier planté dans sa vigne ; et il vint y chercher du fruit, et n’en trouva point. Alors il dit au vigneron : Voilà trois ans que je viens chercher des fruits sur ce figuier, et je n’en trouve pas ; coupe-le donc : pourquoi occupe-t-il encore le sol ? Le vigneron, répondant, lui dit : Seigneur, laisse-le encore cette année, jusqu’à ce que je creuse tout autour et que j’y mette du fumier ; peut-être portera-t-il du fruit : sinon, tu le couperas ensuite. Or Jésus enseignait dans leur synagogue les jours de sabbat. Et voici qu’il y vint une femme, possédée d’un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; et elle était courbée, et ne pouvait pas du tout regarder en haut. Jésus, la voyant, l’appela auprès de lui et lui dit : Femme, tu es délivrée de ton infirmité. Et il lui imposa les mains ; et aussitôt elle redevint droite, et elle glorifiait Dieu. Mais le chef de la synagogue prit la parole, indigné de ce que Jésus avait opéré cette guérison un jour de sabbat ; et il disait à la foule : Il y a six jours pendant lesquels on doit travailler ; venez donc en ces jours-là, et faites-vous guérir, et non pas le jour du sabbat. Le Seigneur lui répondit, en disant : Hypocrites, est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat, ne délie pas son bœuf ou son âne de la crèche, et ne les mène pas boire ? Et cette fille d’Abraham, que Satan avait liée voilà dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat ? Tandis qu’il parlait ainsi, tous ses adversaires rougissaient ; et tout le peuple se réjouissait de toutes les choses glorieuses qu’il accomplissait.

Office

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Première leçon. Notre Seigneur et Rédempteur, dans son Évangile, s’adresse à nous tantôt par des paroles, tantôt par des faits ; quelquefois il parle d’une façon en paroles, d’une autre, en actions ; parfois il exprime la même chose en paroles qu’en actions. Vous avez en effet, mes frères, entendu parler de deux choses dans- la lecture de l’Évangile : d’un figuier stérile, et d’une femme courbée : au sujet de l’un et de l’autre, notre piété doit s’exercer. Le Sauveur cite le figuier en forme de comparaison, il guérit la femme par un miracle visible aux yeux. Mais le figuier stérile signifie la même chose que la femme courbée, et le figuier qui obtient un délai la même chose que la femme redressée.

Deuxième leçon.Que signifie le figuier, sinon la nature humaine ? Que signifie, que montre la femme courbée, si ce n’est la même nature ? Cette nature a été, et bien plantée comme le figuier, et bien créée comme la femme : mais tombée de son plein gré dans la faute, .elle ne conserve pas le fruit des soins de son maître ni l’état de rectitude. Se jetant en effet vers le péché de sa volonté, elle a perdu la droiture parce qu’elle n’a pas voulu porter les fruits de l’obéissance. Elle, créée à l’image de Dieu, en ne persistant pas dans sa dignité, a dédaigné de conserver l’état dans lequel elle avait été plantée ou créée. C’est pour la troisième fois que le maître de la vigne vient au figuier, parce qu’il a recherché le genre humain avant la loi, sous la loi, sous le règne de la grâce : en l’attendant, en l’avertissant, en le visitant.

Troisième leçon. Il est venu avant la loi, parce que chacun, par son intelligence naturelle, a appris comment il devait agir à l’égard de son prochain. Il est venu sous la loi, parce qu’il a enseigné par des préceptes. Il est venu après la loi, par la grâce, parce qu’il a montré, en la faisant paraître, la présence de sa bonté. Et cependant il se plaint de n’avoir pas, en trois ans, trouvé de fruit, parce que la loi naturelle, qui nous est innée, ne corrige pas les esprits de certains hommes pervers, que les préceptes ne les instruisent pas, que les miracles de son incarnation ne les convertissent pas. Qu’est-ce qui est signifié par celui qui cultive la vigne, sinon l’ordre des supérieurs ? Eux qui, en dirigeant l’Église, s’occupent assurément de la vigne du Seigneur.

L’Église commence à pratiquer en ce jour le jeûne appelé des Quatre-Temps, lequel s’étend aussi au Vendredi et au Samedi suivants. Cette observance n’appartient point à l’économie de la commémoraison de notre Salut dans l’année liturgique : elle est une des institutions générales de l’Année Ecclésiastique. On peut la ranger au nombre des usages qui ont été imités de la Synagogue par l’Église ; car le prophète Zacharie parle du Jeûne du quatrième, du cinquième, du septième et du dixième mois. L’introduction de cette pratique dans l’Église chrétienne semble remonter aux temps apostoliques ; c’est du moins le sentiment de saint Léon, de saint Isidore de Séville, de Rhaban Maur et de plusieurs autres écrivains de l’antiquité chrétienne : néanmoins, il est remarquable que les Orientaux n’observent pas ce jeûne.

Dès les premiers siècles, les Quatre-Temps ont été fixés, dans l’Église Romaine, aux époques où on les garde encore présentement ; et si l’on trouve plusieurs témoignages des temps anciens dans lesquels il est parlé de Trois Temps et non de Quatre, c’est parce que les Quatre-Temps du printemps, arrivant toujours dans le cours de la première Semaine de Carême, n’ajoutent rien aux observances de la sainte Quarantaine déjà consacrée à une abstinence et à un jeûne plus rigoureux que ceux qui se pratiquent dans tout autre temps de l’année. Les intentions du jeûne des Quatre-Temps sont les mêmes dans l’Église que dans la Synagogue : c’est-à-dire de consacrer par la pénitence chacune des saisons de l’année.

L’hiver, le printemps et l’été, marqués à leur début par l’abstinence et le jeûne, ont vu tour à tour la bénédiction du ciel descendre sur les mois dont ils se composent ; l’automne recueille les fruits que la miséricorde divine, apaisée par les satisfactions des hommes pécheurs, a daigné faire germer du sein de la terre maudite. La semence précieuse confiée au sol dans le temps des frimas, a percé la glèbe dès les premiers beaux jours ; quand Pâque s’est annoncé, elle a donné aux champs la gracieuse parure d’émeraude qui leur convenait pour s’associer au triomphe du Seigneur ; bientôt, image fidèle de ce qu’au même temps devaient être nos âmes sous les feux de l’Esprit-Saint, sa tige a grandi sous l’action de l’ardent soleil, l’épi jaunissant a promis cent pour un au laboureur, la moisson s’est accomplie dans la joie ; et maintenant les gerbes entassées dans les greniers du père de famille invitent l’homme à faire monter sa pensée vers le Dieu de qui lui sont venus tous ces biens. Qu’il ne se dise pas, comme fit ce riche de l’Évangile après une récolte abondante : « Mon âme, te voilà beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années ; repose-toi, mange, bois, fais bonne chère ! » Et Dieu lui dit, ajoute l’Évangile : « Insensé ! Cette nuit on va te redemander ton âme ; ce que tu as amassé, pour qui sera-ce ? » Pour nous, si nous voulons être véritablement riches selon Dieu et mériter son aide dans la conservation, non moins que dans la production des fruits de la terre, employons, au commencement de cette nouvelle saison, les mêmes moyens de pénitence qui nous ont été par trois fois déjà si utiles. C’est au reste un commandement formel de l’Église, obligeant, sous peine de péché grave, quiconque n’est pas dispensé légitimement de l’abstinence et du jeûne en ces trois jours.

Nous avons démontré précédemment la nécessité de l’initiative privée qui s’impose, sur le terrain de la pénitence, au chrétien désireux d’avancer dans les voies du salut. En cette matière pourtant, comme dans toutes les autres, l’œuvre privée n’atteint jamais au mérite et à l’efficacité de l’action publique ; car l’Église revêt de sa dignité même, et de la puissance de propitiation qui s’attache aux démarches de l’Épouse, les actes de pénitence accomplis en son nom dans l’unité du corps social. Saint Léon aime à revenir sur cette donnée fondamentale de l’ascétisme chrétien, dans les discours qu’il adressait au peuple de Rome, à l’occasion de ce jeûne du septième mois. « Bien, dit-il, qu’il soit loisible à chacun de nous d’affliger son corps par des peines volontaires, et de refréner, tantôt plus doucement, tantôt plus sévèrement, les convoitises charnelles qui luttent contre l’esprit : il faut, néanmoins, qu’à certains jours, soit célébré par tous un jeûne général. La dévotion est plus efficace et plus sainte, alors que, dans les œuvres de la piété, l’Église entière s’unit d’un seul esprit et d’une seule âme. Tout ce qui revêt le caractère public est en effet préférable au privé, et l’on doit comprendre qu’un plus grand intérêt est en cause là où s’applique le zèle de tous. Que l’observance particulière du chrétien ne relâche donc rien de sa diligence ; que chacun, implorant le secours de la protection divine, se munisse, à part soi, de la céleste armure contre les embûches des esprits de malice. Mais le soldat de l’Église, bien qu’il puisse se comporter vaillamment dans les combats singuliers, luttera toutefois plus sûrement et plus heureusement à son rang officiel dans l’armée du salut ; qu’il soutienne donc, en la compagnie de ses frères, et sous le commandement de l’invincible roi, la guerre universelle. »

Une autre année, en ces mêmes jours, le saint pape et docteur insistait plus énergiquement encore et plus longuement sur ces considérations, qu’on ne saurait trop rappeler aux tendances individualistes de la piété moderne. Nous ne pouvons lui emprunter que quelques-unes de ses pensées, renvoyant le lecteur au recueil de ses admirables discours. « L’observance réglée d’en haut, déclare-t-il, l’emporte toujours sur les pratiques d’initiative privée, quelles qu’elles puissent être ; la loi publique rend l’action plus sacrée que ne peut faire un règlement particulier. L’exercice de mortification que chacun s’impose d’après son propre arbitre, ne regarde, en effet, que l’utilité d’une partie et d’un membre ; le jeûne qu’entreprend l’Église universelle, au contraire, ne laisse personne à part de la purification générale ; et c’est alors que le peuple de Dieu devient tout-puissant, lorsque les cœurs de tous les fidèles se rassemblent dans l’unité de la sainte obéissance, et que, dans le camp de l’armée chrétienne, les dispositions sont pareilles de tous côtés et la défense la même en tous lieux. Voici donc qu’aujourd’hui, mes bien-aimés, le jeûne solennel du septième mois nous invite à nous ranger sous la puissance de cette invincible unité. Élevons vers Dieu nos cœurs ; dérobons quelque chose de la vie présente pour accroître nos biens éternels. La rémission plénière des péchés s’obtient sans peine, quand toute l’Église se réunit dans une seule prière et une seule confession. Si le Seigneur promet d’octroyer toute demande au pieux accord de deux ou trois, que refusera-t-il à tout un peuple innombrable, poursuivant à la fois une même observance et priant dans l’accord d’un même esprit ? C’est une grande chose devant le Seigneur, un spectacle infiniment précieux, quand tout le peuple de Jésus-Christ s’applique ensemble aux mêmes offices, et que, sans distinction de sexe et de conditions, tous les ordres agissent d’un même cœur. S’éloigner du mal et faire le bien, apparaît comme l’unique pensée de tous également ; Dieu est glorifié dans les œuvres de ses serviteurs ; l’aumône abonde ; personne ne cherche que les intérêts d’autrui, non les siens. Par cette grâce de Dieu qui fait tout en tous  le fruit est commun et commun le mérite ; car l’affection de tous peut être la même, malgré la disproportion des facultés, et ceux qui ont moins à donner s’égalent aux plus riches par l’allégresse qu’ils ressentent des largesses d’autrui. Rien de désordonné dans un tel peuple ; aucune dissemblance, là où tous les membres du corps entier ne conspirent qu’à faire preuve d’une même vigueur d’amour. Alors l’excellence des parties rejaillit sur le tout et fait sa beauté. Embrassons donc, mes bien-aimés, cette bienheureuse solidité de l’unité sacrée, et entrons dans ce jeûne solennel avec la ferme résolution d’une volonté concordante »

N’oublions point dans nos prières et nos jeûnes, en ces jours, les nouveaux prêtres et les autres ministres de l’Église qui vont recevoir samedi l’imposition des mains. L’Ordination de septembre n’est pas généralement la plus nombreuse de celles que le Pontife accomplit dans le cours de l’année. L’auguste fonction à laquelle le peuple chrétien doit ses pères et ses guides dans les sentiers de la vie, offre cependant un intérêt particulier à cette époque de l’année, qui répond mieux qu’aucune autre à l’état présent du monde, incliné comme il l’est vers sa ruine. L’année penche, elle aussi, à son déclin. L’astre vainqueur, que nous avions vu s’élever au temps de Noël comme un géant, pour triompher des frimas et restreindre l’empire des ténèbres, s’abaisse maintenant, comme épuisé, vers l’horizon ; chaque jour le voit s’éloigner du zénith glorieux où nous admirâmes son éclat incomparable, à l’heure de l’Ascension de notre Emmanuel ; ses feux ont perdu leur ardeur ; et si le temps pendant lequel il répand sa lumière égale encore la durée des ombres, son disque déjà pâlissant annonce l’arrivée des longues nuits où la nature, dépouillée de ses derniers ornements sous l’effort des tempêtes, paraît s’ensevelir pour jamais dans le linceul glacé qui l’étreint. Ainsi le monde, illuminé jadis par l’Homme-Dieu et réchauffé par l’Esprit-Saint, voit en nos temps se refroidir la charité, diminuer la lumière et les feux du Soleil de justice. Chaque révolution arrache à l’Église des joyaux qu’elle ne retrouve plus après l’orage ; les bourrasques se multiplient cependant, et la tempête devient l’état normal des sociétés. L’erreur domine, et fait la loi ; l’iniquité abonde. Quand viendra le fils de l’homme, disait le Seigneur, pensez-vous qu’il trouve encore de la foi sur la terre ?

Levez donc vos têtes, enfants de Dieu ; car votre rédemption est proche. Mais d’ici l’heure pourtant où les cieux et la terre, renouvelés pour le règne éternel, s’épanouiront dans l’enivrante lumière de l’Agneau victorieux, des jours plus mauvais encore doivent s’écouler où les élus eux-mêmes seraient séduits, s’il était possible. Combien il importe qu’en ces temps malheureux, les pasteurs du troupeau soient à la hauteur de leur vocation dangereuse et sublime ! Jeûnons donc et prions ; si multipliées que soient déjà les pertes subies dans les rangs des chrétiens autrefois fidèles aux pratiques de la pénitence, ne défaillons pas. Serrés dans notre petit nombre autour de l’Église, implorons l’Époux : qu’il daigne multiplier ses dons sur ceux qu’il appelle à l’honneur plus redoutable que jamais du sacerdoce ; qu’il leur infuse sa divine prudence pour déjouer les embûches, son zèle indompté à la poursuite des âmes ingrates, sa persévérance jusqu’à la mort à maintenir, sans réticence et sans compromis, la plénitude de la vérité confiée par lui au monde et dont la garde intacte doit être, au dernier jour, le témoignage de la fidélité de l’Épouse.

 

 

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Controverse

25 Septembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Controverse

DES ARGUMENTS PSYCHOLOGIQUES POUR DÉPRÉCIER L'ADVERSAIRE PLUS QUE DES ARGUMENTS THÉOLOGIQUES.

Un pape peut être hérétique et rester pape, il peut être excommunié et élu pape, il peut être libéral, tête de l’Église, et la démolir, il peut ordinairement prêcher une autre religion.....

S'il y a une obsession c'est celle de conserver la foi catholique, intègre et intégrale, et cela ne peut se faire en considérant un hérétique comme le Vicaire de Jésus-Christ.

Sans vouloir résoudre le problème refuser de le considérer est plus que périlleux.

Il n'y a aucun subjectivisme à constater la vacance d'un pape parfaitement catholique sur le Siège de Pierre, Mgr Lefebvre l'avait lui-même fait. Contra factum non fit argumentum.

Les schismatiques et les hérétiques sont ceux qui adhèrent au concile « pastoral » et dans l'exacte mesure de leur adhésion, là encore, c'est Mgr Lefebvre qui le dit.

Une erreur fondamentale nous sommes pas face à des hérésies mais à une autre religion.

Prier POUR la conversion du pape est peu catholique, on prie en communion pour montrer que l'on est pas schismatique et que l'on respecte la hiérarchie des autels.

 

Chers lecteurs:

Sur ce grave sujet Mgr Lefebvre, écrivit l’article suivant, le 8 Novembre 1979, pour Cor Unum, le bulletin intérieur de la Fraternité St. Pie X:«Au cours de ces dix dernières années J'ai eu l'occasion de répondre maintes fois a ces questions qui sont très graves. Je me suis toujours efforce de demeurer dans l'esprit de l’Église, conformément à ses principes théologiques qui expriment sa foi et à sa prudence pastorale exprimée dans la théologie morale et dans l'expérience de son histoire. Je crois pouvoir dire que je n'ai pas varié d'opinion sur ces sujets et que cette pensée est heureusement celle de la grande majorité des prêtres et des fidèles attachés à la Tradition indéfectible de l'Église. II est clair que ces quelques lignes sont insuffisantes pour faire une étude exhaustive de ces problèmes. Mais il s’agit plutôt d'exposer les conclusions nettement de telle sorte qu'on ne se trompe pas sur les orientations et les pensées de la Fraternité Sacerdotale St. Pie X.»

A l’occasion du 25e anniversaire de cette déclaration, je voudrais apporter à nos fidèles quelques outils qui les aideront à une meilleure compréhension de la position officielle de la Fraternité St. Pie X, exprimée de la bouche de son fondateur. Bien des événements se sont passés au cours des vingt dernières années, et il nous semble que la situation de l'Église aujourd'hui est bien pire qu'en 1979.  Au fur et à mesure que les années passent, le nombre d'événements inouïs et choquants s'est multiplié à grande vitesse. Qu'on me permette d'en mentionner quelques uns: la réunion interreligieuse d'Assise en 1986, qui fut renouvelée en 2002; en 1993 l'accord de Balamand par lequel l'Église Catholique renonça officiellement à l'apostolat de conversion des Orthodoxes; en 1999 le document sur la justification Catholico Luthérien; et plus récemment, en mai 2004, la profanation de la basilique de Fatima par un groupe Hindou. A la vue de ces événements choquants, quelques uns d'entre nous pourraient se demander si Mgr. Lefebvre aurait gardé en 2004 la même position qu'il avait en 1979.

Revenons aux paroles de Mgr. Lefebvre: «Passons au deuxième sujet non moins important: avons-nous vraiment un Pape ou un intrus assis sur la Siège de Pierre? Bienheureux ceux qui ont vécu et sont morts sans avoir à se poser une semblable question! Il faut reconnaître que le Pape Paul VI a posé et pose encore un sérieux problème à la conscience des catholiques. Sans rechercher ni connaître sa culpabilité dans l'affreuse démolition de l'Ég1ise sous son Pontificat, on ne peut pas ne pas reconnaître qu'il en a accéléré les causes dans tous les domaines. Comment un successeur de Pierre a-t-il pu en si peu de temps causer plus de dommages à l'Église que la Révolution de 89? On peut se le demander.[Donc question légitime, 42 ans après toujours d'actualité]

Des faits précis comme les signatures apposées a l'article VII de l'Instruction concernant le Nouvel Ordo Missae, ainsi qu'au document de la "Liberté Religieuse" sont scandaleux et sont l'occasion pour certains d'affirmer que ce Pape était hérétique et que du fait de son hérésie il n'était plus Pape. Les conséquences de ce fait seraient que la plupart des Cardinaux actuels ne le seraient pas et sont donc inaptes à élire un autre pape. Les papes Jean-Paul Ier et Jean-Paul II ne seraient donc pas élus légitimement. I1 est donc inadmissible de prier pour un Pape qui ne l'est pas et de converser avec celui qui n'aurait aucun titre a siéger sur la chaire de Pierre.»


1. Exposé de la thèse sédévacantiste: Qu’on me permette d’abord de citer un auteur sédévacantiste: «Le Sédévacantisme est une position théologique soutenue par un certain nombre de Catholiques traditionnels qui reconnaissent certainement la papauté, l’infaillibilité du pape, et la primauté du Pontife Romain, mais qui ne reconnaissent plus Jean-Paul II comme un vrai pape. Le mot sédévacantisme est composé de deux mots latins qui signifient que ‘la Chaire est vacante’.»1 Le sédévacantisme apparaît alors être une position théologique [Constat] ou une théorie tenue par quelques Catholiques traditionnels qui pensent que les papes les plus récents, ceux du Concile Vatican II, ont perdu leur autorité pontificale à cause des hérésies graves qu’ils ont répandues, et de la crise qui s’en est suivie.

1.1. Argument théologique des sédévacantistes: Il consiste à dire: «Un hérétique ne peut pas être à la tête de l’Église, or Jean-Paul II est un hérétique, donc il ne peut pas être Pape.»Un sédévacantiste notoire, le Frère Michael Diamond, O.S.B., du Monastère de la Sainte Famille, NY, USA, a établi une liste des ‘202 hérésies de Vatican II’ et des ‘101 hérésies de Jean-Paul II’. Soit dit en passant, le Frère Michael Diamond pense que la FSSPX, la FSSPV (Fraternité Facerdotale St Pie V) et la CMRI (Congregatio Mariae Reginae Immaculatae) sont hérétiques parce qu'ils croient au baptême de désir qui, selon lui, est une négation du dogme ‘hors de l’Église, point de salut’. Le Frère Michael Diamond a une réputation établie pour ses positions extrêmes dans plusieurs domaines. De fait, il s'attribue une autorité quasi-magistérielle qui lui permet de faire des jugements infaillibles où il a raison et tous les autres ont tort. Il agit comme un pape. [Il est facile d'éviter d'argumenter en discréditant l'adversaire sur d'autres points]

1.2. Arguments canoniques des sédévacantistes: Il s'agit de considérer que les lois de l'Église invalident l'élection d'un hérétique, et que le Cardinal Wojtyla était un hérétique lors de son élection, donc il ne peut pas être pape. Les sédévacantistes citent la Bulle Papale Cum ex Apostolatus Officio du Pape Paul IV qui dit que si quelqu'un était hérétique avant l'élection Papale, il ne pouvait pas devenir un pape valide, même s'il était élu à l'unanimité par les cardinaux. Ils basent aussi leur argumentation sur le Droit Canon2, Canon 188 §4: «Tout office devient vacant ipso facto et sans aucune déclaration par tacite résignation reconnue par la loi elle-même et, dans le cas d’un clerc… §4: s’il renonce publiquement à la foi Catholique.»

2. Sommaire des opinions théologiques sur le pape hérétique: Pour cette étude, je suivrai le travail d'Arnaldo Xavier de Silveira dans son livre «La Nouvelle Messe de Paul VI, Qu’en penser?» (ci-après: LNM) 3 Après avoir exposé comment la Nouvelle Messe s’écarte de l’enseignement traditionnel de l’Église, cet auteur fait une étude approfondie de l’hypothèse théologique d’un pape hérétique. Une telle étude était très appréciée de Mgr. Lefebvre qui la qualifia «d’étude très objective de Xavier de Silveira». A ma connaissance, c'est l'étude la plus complète et la plus claire sur le sujet. Elle fut d'abord publiée dans une série d'articles du magasine Catolicismo au Brésil, de 1969 à 1971. Cette publication était sous le contrôle du mouvement TFP4 (Tradition, Famille, Propriété).  Une traduction française fut publiée en 1975. Puis la TFP interdit toute autre publication ou traduction de ce livre. Le fait que LNM fait un inventaire de 136 auteurs qui parlent de la possibilité d'un pape hérétique, ajouté au sens théologique raffiné de Xavier de Silveira, rend cette étude inappréciable et inégalée.

 

2.1 Les cinq opinions de [exposées par] St. Robert Bellarmin:

Opinions Rapportées Dans LNM

Leur Rang Selon St. Robert Bellarmin

Principaux Défenseurs

1. Le pape ne peut jamais tomber dans l’hérésie.

1e. Opinion selon St. Robert Bellarmin

Pighi, SuarezSt. Robert BellarminMatthaeucci, Bouix, Billot

2. Théologiquement, on ne peut exclure l’hypothèse du pape hérétique (voir ci-dessous)

 

 

2.1. En raison de son hérésie, le pape ne perd jamais le pontificat.

3e Opinion selon St. Robert Bellarmin

Bouix

2.2. Le pape hérétique perd le pontificat (voir ci-dessous)

 

 

2.2.1. La perte du pontificat arrive au moment même où le pape tomberait dans l’hérésie interne, c’est à dire avant sa manifestation extérieure.

2e Opinion selon St. Robert Bellarmin

Torquemada

2.2.2. Il perd le pontificat lorsque son hérésie devient manifeste.

5e Opinion selon St. Robert Bellarmin

St. Robert Bellarmin
Billot, Cano

2.2.3. Il perd le pontificat seulement sur déclaration d’hérésie par un concile, les cardinaux, des groupes d’évêques, etc.

 

 

2.2.3.1. Cette déclaration serait réellement une déposition.

 

Cette opinion est condamnée par l’Église comme hérétique

2.2.3.2. Cette déclaration ne serait pas réellement une déposition, mais simplement un acte constatant la perte du pontificat par le pape hérétique

4e Opinion selon St. Robert Bellarmin

Cajetan, Suarez

 

2.2 Valeur des opinions de [exposées par] St. Robert Bellarmin:

1ère Opinion: "Dieu ne permettrait jamais qu'un pape tombe dans l'hérésie". Les défenseurs de cette opinion prouvent que Notre Seigneur ne permettrait jamais à un pape de tomber dans l'hérésie.  Pour le Cardinal Billot, la possibilité théologique d'un pape de tomber dans l'hérésie ne deviendrait jamais une réalité, selon la promesse de Notre Seigneur: "Et le Seigneur dit: 'Simon, Simon, voici que Satan t’a réclamé pour te cribler comme le froment; mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point; et toi quant tu seras converti, affermis tes frères'" (Lc XXII, 31-32). Pour Billot, cette promesse s'appliquerait non seulement à St. Pierre, mais aussi à ses successeurs, comme cela a toujours été compris par la Tradition. A l'encontre de cette opinion, nous avons le cas du pape Honorius (625-638), qui a été condamné en 680 par le 3e Concile de Constantinople à cause de ses lettres au Patriarche Sergius, lesquelles étaient favorables à l'hérésie Monothélite5 Qu'on me permette de citer ce concile: "Ayant trouvé que (les lettres d'Honorius) sont en complet désaccord avec les dogmes apostoliques et les définitions des saints conciles, et de tous les Pères de renom; et que, au contraire, ils conduisent aux fausses doctrines des hérétiques, nous les rejetons et les condamnons comme étant un poison pour les âmes… Nous affirmons aussi qu'Honorius, qui fut pape de l'ancienne Rome, a aussi été rejeté de la Sainte Église Catholique de Dieu.et est anathématisé à cause des lettres qu'il envoya à Sergius, où il adopta ses idées pernicieuses et réaffirma ses principes impies."6 Il faut remarquer qu'une telle condamnation arrive 42 ans après la mort d'Honorius. Par ailleurs, peu importe quelle sorte de jugement est porté sur le Pape Honorius, c'est un fait établi que nous avons un document pontifical officiel qui admet qu'un pape peut tomber dans l'hérésie. Il s'agit d'un document du Pape Adrien II, daté de plus de 200 ans après la mort d'Honorius: "Après sa mort, Honorius a été anathématisé par l'Église d'Orient; mais nous ne devons pas oublier qu'il était accusé d'hérésie, le seul crime qui rendait légitime la résistance des inférieurs aux ordres de leurs supérieurs et le refus de leurs doctrines malicieuses." Comme nous le voyons, la 1ère opinion de St. Robert Bellarmin a des raisons en sa faveur et d'autres contre elle. Nous devons donc affirmer que cette 1e opinion est seulement probable.

2e opinion: "S'il tombe dans l'hérésie, même interne, le pape perdrait son pontificat ipso facto." Cette opinion est maintenant abandonnée par les théologiens. Parce que l'Église est visible, il est nécessaire que son gouvernement soit visible et ne dépende pas d'actes internes.

3e opinion: "même s'il tombe dans une hérésie notoire, le pape ne perd jamais son pontificat." Xavier de Silveira commente ainsi: "parmi les 136 auteurs que nous avons consultés (pour le livre LNM), Bouix est le seul à défendre cette opinion." Nous pouvons dire comme St. Robert Bellarmin que cette opinion est très improbable, car elle va contre le consentement unanime de la Tradition de l'Église.

4e opinion: "le pape hérétique perdrait effectivement son pontificat seulement sur une déclaration officielle d'hérésie." Il est clair qu'une telle déclaration ne peut être juridique, car le pape n'a pas de supérieur sur la terre qui soit capable de le juger. Ce serait seulement un acte non juridique par lequel Jésus-Christ Lui-même démettrait le pape de ses fonctions. Même si une telle opinion est défendue par de sérieux théologiens comme Cajetan et Suarez, elle n'est pas retenue par St. Robert Bellarmin. Je vois deux dangers potentiels dans cette opinion: le risque de tomber dans l'hérésie du Conciliarisme - qui a été condamnée par l'Église - ou, du moins, de tomber dans le subjectivisme. Qui pourra nous dire, pour sûr, qu'une déclaration d'hérésie venant d'un groupe d'évêques n'est pas une tentative de déposition?

5e opinion: "S'il tombait dans l'hérésie le pape perdrait son pontificat ipso facto." Quelques auteurs disent que le pape perdrait son pontificat ipso facto au moment précis où son hérésie deviendrait externe; d'autres maintiennent que le pape hérétique perdrait son pontificat seulement quand son hérésie deviendrait notoire et répandue publiquement. Parmi les cinq opinions étudiées par St. Robert Bellarmin, cette 5e opinion apparaît la plus probable.

3. Conséquences de l'hérésie d'un pape:

3.1. Est-ce qu'un pape peut être hérétique? Plusieurs papes ont enseigné qu'un pape peut enseigner des hérésies contre la foi. Le pape Adrien VI († 1523) dit que: "Si dans l'Église Romaine, on considère la tête ou le pontife, il est hors de question qu'un Pape peut errer dans les domaines touchant à la foi. Il le fait quand il enseigne une hérésie par son jugement propre ou par ses décrets. En vérité, beaucoup de Pontifes Romains ont été hérétiques. Le dernier en date était le Pape Jean XXII (†1334)." Le Bienheureux Pape Pie IX (†1878) a reconnu le danger qu'un pape soit hérétique et "enseigne (…) contrairement à la foi Catholique", et il a ordonné: "ne le suivez pas". Il dit encore: "si, dans le futur, un pape enseigne quoi que ce soit contre la foi Catholique, ne le suivez pas." (Lettre à Mgr. Brizen).[Les Pères du IVe concile de Constantinople, suivant les traces de leurs ancêtres, émirent cette solennelle profession de foi : " La condition première du salut est de garder la règle de la foi orthodoxe... On ne peut, en effet, négliger la parole de notre Seigneur Jésus-Christ qui dit : 'Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église' [Mt 16, 18]. Cette affirmation se vérifie dans les faits, car la religion catholique a toujours été gardée sans tache dans le Siège apostolique. Désireux de ne nous séparer en rien de sa foi et de sa doctrine... nous espérons mériter de demeurer unis en cette communion que prêche le Siège apostolique, en qui réside, entière et vraie, la solidité de la religion chrétienne ". Concile Vatican I Pastor Aeternus c4]

3.2. Incompatibilité entre l'hérésie et la juridiction ecclésiastique: L'Écriture Sainte et la Tradition enseignent clairement qu'il y a une profonde incompatibilité in radice (dans la racine) entre la condition d'hérétique et la possession d'un titre de juridiction ecclésiastique, parce qu'un hérétique cesse d'être un membre de l'Église. Cependant une telle incompatibilité n'est pas absolue, c'est pourquoi les théologiens utilisent l'expression in radice (à la racine). De la même manière qu'une plante peut rester verte un certain temps après avoir été déracinée, de même la juridiction peut être maintenue, quoique de manière précaire après que le clerc soit tombé dans l'hérésie (cf. Suarez). Les théologiens basent leur argumentation sur le Droit Canon, Can. 2314: "Tous les apostats de la foi Chrétienne, et chaque véritable hérétique et schismatique encourent l'excommunication ipso facto. S'ils ne respectent pas les avertissements, ils seront privés de leur bénéfice, dignité, office… et, s'ils sont clercs, après les avertissements nécessaires, ils seront déposés." Puis, le Can. 2264 déclare illicite, mais pas automatiquement invalide, les actes de juridiction posés par quelqu'un qui a été excommunié: "Un acte de juridiction posé par une personne excommuniée, que ce soit au for interne ou au for interne, est illicite; cependant si une sentence condamnatoire a été prononcée, il devient invalide, sans porter préjudice aux prescriptions du Can. 2261; sinon il est valide." Donc le clerc hérétique ne perd pas automatiquement ses fonctions, mais doit être déposé en bonne et due forme par l'autorité légitime. Nous pouvons en conclure que l'hérésie, même externe, n'enlève pas automatiquement la juridiction. A l'encontre de notre thèse, certains pourraient utiliser le Can. 188 §4: "Tout office devient vacant par le fait même et sans déclaration, dans le cas d'une résignation tacite reconnue par la loi elle-même, si le clerc… (§4): abandonne publiquement la foi Catholique." Les sédévacantistes utilisent ce canon comme une preuve de poids pour leurs thèses, cependant ce canon ne peut être considéré comme une preuve finale que le pape a perdu son office.[Mais, la preuve c'est de fait pour le pape de prier dans les mosquées, synagogues...] On doit se rappeler que le pape est toujours au-dessus de la loi positive,[Là, il s'agit de la loi divine le premier et le plus grand des commandements] comme celle du Can. 188. Un tel argument serait décisif seulement s'il pouvait être prouvé que les dispositions canoniques du Can. 188 appartiennent au droit divin positif de l'Église. Il devrait ensuite être prouvé que cette loi divine positive s'applique en bonne et due forme au cas spécifique du pape. Mais, c'est précisément sur cette question que les plus grands théologiens sont en désaccord depuis des siècles.

3.3. Juridiction de l'hérétique: Étant coupée à la racine, la juridiction de l'hérétique ne disparaît pas automatiquement, mais elle restera aussi longtemps qu'elle sera maintenue par l'autorité supérieure. Un tel cas se produira si le pape maintient la juridiction d'un évêque hérétique qui n'a pas encore été puni selon les dispositions des Canons 2264 et 2314. Mais, que se passe t'il si le pape lui-même tombe dans l'hérésie?  Qui a le pouvoir de le maintenir dans sa juridiction? Ce n'est pas l'Église, ou même un groupe d'évêques, car le pape est toujours supérieur à l'Église, et n'est pas lié par la loi ecclésiastique. Selon LNM7, le Christ lui-même pourrait, au moins pour un temps, maintenir la juridiction d'un pape hérétique.[Mais pas de papes qui depuis 60 ans enseignent autre chose que le catholicisme] Quelle pourrait être la raison qui pourrait justifier le maintien d'un pape hérétique dans ses fonctions? Les théologiens ont considéré différentes réponses à cette question. La réponse la plus sérieuse à cette question capitale serait de dire que le Christ pourrait maintenir la pape hérétique dans sa juridiction aussi longtemps que son hérésie n'est pas assez notoire et divulguée de façon large. Entre-temps, tous les actes de juridiction d'un tel pape seraient valides et, s'il devait prononcer une définition dogmatique, cette définition serait de même valide. Dans ce cas, le Saint Esprit parlerait par la bouche du pape, comme il a parlé par la bouche de l'ânesse de Balaam (Nombres XXII, 28-30).[Or actuellement c'est l'ânesse qui braie] Cette conclusion de Xavier de Silveira est tout à fait en accord avec la pensée de St. Robert Bellarmin. Le fameux père dominicain Garrigou-Lagrange8 parvient à la même conclusion. Basant son raisonnement sur Billuart, il explique dans son traité De Verbo Incarnato qu'un pape hérétique, bien qu'il ne soit plus membre de l'Église, peut cependant en rester à la tête. [Donc on nie le principe de contradiction]En effet, ce qui est impossible dans le cas d'une tête physique est possible, quoique anormal, pour une tête morale secondaire. La raison en est que, alors qu'une tête physique ne peut pas influencer les membres sans recevoir l'influx vital de l'âme, une tête morale, comme l'est le Pontife Romain, peut exercer sa juridiction sur l'Église même si elle ne reçoit pas de l'âme de l'Église un influx de foi intérieure ou de charité. [Quel influx peut procurer l'hérétique?] En bref, le pape est constitué comme membre de l'Église par sa foi personnelle qu'il peut perdre, mais il est tête de l'Église par la juridiction et l'autorité qu'il a reçues, et celles-ci peuvent co-exister avec sa propre hérésie. [Mais là nous ne sommes pas face à une hérésie privée, et la prière de NSJC ne saurait être vaine]

3.4. Hérésie publique et notoire: Ces concepts doivent être compris selon les principes du Droit Canon. Selon la loi de l'Église, un crime Public n'est pas nécessairement quelque chose qui est fait en public et rapporté par les caméras de télévision, comme le pensent la plupart des gens.   Voici ce qu'en dit le fameux canoniste Bouscaren: "Classification selon la publicité: Un crime est 1. public, s'il est déjà connu du commun, ou si les circonstances sont telles qu'elles conduisent à conclure qu'il peut le devenir facilement; (…) 'Connu de façon publique' signifie qu'il est connu de la majorité des habitants ou de la communauté. Cependant cela ne doit pas être compris de façon mathématique, mais selon une estimation morale prudente. Un crime peu rester occulte  même s'il était connu d'un certain nombre de personnes discrètes; mais il peut devenir public s'il parvient à la connaissance d'un petit nombre de personnes qui s'empressent de le divulguer."9 Comme le pape est le Pasteur universel de l'Église entière, comment peut-on appliquer ces principes au cas de son hérésie? Selon les canonistes, un acte d'hérésie du pape devient Public si sa connaissance en aura été répandue de façon large au milieu des fidèles de l'Église Universelle; de telle sorte qu'il soit connu de la plupart d'entre eux, ou au moins qu'il soit pratiquement impossible d'en empêcher la divulgation. [Assise a été retransmis par les médias dans le monde entier]Cette hérésie devra être Publiée de façon large, et aussi être Notoire - de telle sorte qu'elle devienne Publique selon les termes canoniques. Pour que l'hérésie d'un pape soit Notoire, non seulement l'acte hérétique doit être connu de façon publique, comme nous l'avons vu, mais encore il doit être compris comme un acte dont la responsabilité criminelle a été reconnue de façon légale. En autres termes, pour reconnaître la responsabilité criminelle du pape hérétique de façon légale - de telle sorte que son hérésie puisse être déclarée canoniquement Notoire - non seulement la connaissance de son hérésie devra être répandue de façon large dans l'Église, comme nous l'avons vu ci-dessus, mais encore elle devra être reconnue partout comme un crime moralement imputable.[Pas de réaction pour la Pachamama, cela prouve seulement l'apostasie des masses et de la hiérarchie, cela ne minimise nullement le crime de lèse divinité]

 

3.5. Notoriété de droit et notoriété de fait:

3.5.1. Notoriété de droit: Un crime devient Notoire d'une notoriété de droit seulement quand une sentence judiciaire a été rendue par un juge compétent - mais le pape n'a pas de supérieurs et nul n'a compétence juridique pour le juger: "Le premier Siège ne peut être jugé par personne."10 - Donc nul acte hérétique de Jean-Paul II ne peut être considéré comme Notoire d'une notoriété de droit.[Mais son hérésie le fait déchoir ce qui permet le jugement]

3.5.2. Notoriété de fait: Pouvons-nous dire la même chose au sujet de la notoriété de fait de l'hérésie du pape? Pour que ce soit le cas, il faudrait qu'elle soit reconnue partout comme hérétique et moralement imputable - comme Pertinace (persistant et déterminé jusqu'à l'entêtement) [60 ans d’œcuménisme, cela commence à faire]. Ce qui veut dire que l'acte doit être non seulement notoire matériellement, en étant connu de façon large; mais encore notoire formellement, l'acte étant largement reconnu comme imputable moralement au crime d'hérésie formelle. Voyons ce qu'en disent les canonistes: "Une offense est Notoire d'une notoriété de fait, si elle est connue publiquement et a été commise selon des circonstances qui ne permettent pas d'envisager qu'elle puisse être cachée par quelque subterfuge que ce soit, ou excusée par une excuse reconnue par la loi; c'est-à-dire le fait de l'offense et l'imputabilité ou la responsabilité criminelle doivent être connues publiquement."11 Ainsi, un acte d'hérésie papale serait notoire d'une notoriété de fait seulement s'il était 'connu publiquement' - et si son 'imputabilité ou responsabilité criminelle' étaient 'connues publiquement'. Vu qu'il n'y pas de juge qui soit compétent pour juger que le pape est coupable, il s'en suit que la faute serait Notoire seulement si elle était connue du grand public - il est aussi requis que le grand public sache que l'acte était imputable moralement.[Personne ne saurait qu'il est interdit à un catholique de prier dans les mosquées ? De qui se moque-t-on.] Il est aussi requis que l'acte ne puisse être excusé par un appel à un quelconque 'accident', à une sorte de 'légitime défense', ou n'importe quelle autre excuse admise par la loi; il est aussi nécessaire qu'on ne puisse l'excuser par n'importe quel 'subterfuge' que ce soit.

.6. Est-il possible de déclarer que Jean-Paul II est un hérétique Notoire et Pertinace?  Même si les concepts de Notoire et de Pertinace sont clairs en théorie, néanmoins leur application concrète est extrêmement difficile, surtout dans le cas du pape.[Il suffit d'ouvrir les yeux de ne pas faire l'autruche] La raison principale en est qu'une telle pertinacité est déterminée par la reconnaissance de l'hérésie par l'autorité légitime. Il serait nécessaire que la connaissance que Jean-Paul II a commis une hérésie se soit répandue à travers l'Église universelle - ce qui manifestement n'est pas le cas, car seulement une minorité très infime de l'Église, moins de un pour mille, l'affirme - mais il serait aussi nécessaire que la connaissance de la faute d'hérésie formelle et pertinace du pape, se soit aussi répandue partout dans L'Église.[Il y a justement le problème de la hiérarchie complice des chiens muets] Il serait aussi requis qu'aucun recours ne puisse receler l'acte ou la faute: aucune excuse provenant de traductions trafiquées du texte original ou de jeux de caméras; aucune excuse provenant d'écrivains malhonnêtes; aucune excuse provenant du vieil âge; aucune excuse par faute d'ignorance, ou de confusion sur la doctrine en question; aucune excuse en raison d'une erreur d'écriture ou de discours; aucune excuse du fait que ces paroles étaient 'en quelque sorte compatibles avec la doctrine de la Foi, à condition que l'on comprenne son discours dans le cadre de la philosophie moderne'; aucune excuse basée sur une sorte de légitime défense ecclésiale dans un contexte social et ecclésial qui se trouve libéral et hostile.[Hostile à la vérité] Même s'il était impossible de cacher le crime et s'il n'y avait aucune défense ou excuse qui ne puisse être prise de façon légale, néanmoins la majeure partie de l'Église devrait être capable de reconnaître la faute morale et le fait que l'acte n'avait pas d'excuse légale.[D'où la culpabilité et la complicité de l'église enseignante des cardinaux muets, si Saint Paul avait laissé Saint Pierre faire nous serions tous en train de judaïser enfermés, asservis aux prescriptions obsolètes de la loi qui ne sauve pas] Il serait nécessaire que le crime ne puisse être caché aux gens de n'importe quelle manière, ou par n'importe quel stratagème, que ce soit par les prêtres ou par la presse Catholique. C'est un fait que l'Église a de nombreuses ressources et que les fidèles sont très dociles et respectueux et que pratiquement personne n'a reconnu l'hérésie du pape, sans parler de sa culpabilité morale et de son inexcusabilité légale. De fait, les prêtres et les fidèles ont embrassé les mêmes hérésies que Jean-Paul II [C'est ce que l'on a appeler l'apostasie silencieuse] et ne voient rien de mal à cela, ou encore disent qu'il est 'le meilleur pape' qui ait jamais existé, des choses qu'on entend dire fréquemment. Même la vaste majorité de la minorité qui n'a pas embrassé les mêmes hérésies que lui, ne voit pas ou n'accepte pas que le pape soit dans l'hérésie - et la portion infime qui voit clair a tendance à l'excuser comme n'ayant pas la pertinacité requise, mais essaye d'expliquer son attitude par la situation générale dans l'Église, surtout depuis 'Vatican II', qui a aveuglé presque tout le monde sur un certain nombre de vraies doctrines de la Foi. Il est évident que l'hérésie de Jean-Paul II est formellement secrète selon les critères canoniques, [??!!] peu importe si elle apparaît claire à certains 'traditionalistes'; ses actes n'ont pas été reconnus comme moralement imputables et légalement inexcusables. Donc, son hérésie ne peut être reconnue d'une notoriété de fait et, en conséquence elle n'est pas Notoire; et les conditions légales par lesquelles les canonistes ont montré la possibilité pour un pape de perdre son office pour cause d'hérésie, n'ont pas été remplies.

3.7. Pourrait-on présumer la pertinacité de Jean-Paul II? A la vue de l'insistance du Pape à promouvoir les voies nouvelles, qui vont à l'encontre de la tradition et de ses témoins actuels, pourrait-on avancer cette opinion? En soi, peut-être, mais certainement pas de manière sociale, de telle sorte que cela puisse conduire à la perte de l'office, etc…, qui ne peut être présumée, mais doit être prouvée, autrement les sociétés ne pourraient survivre. On peut comprendre qu'une réponse trop rapide et imprudente à cette question difficile pourrait facilement entraîner quelqu'un à s'enliser dans les sables du sédévacantisme. Si Jean-Paul II fait souvent des affirmations ou des déclarations qui conduisent à l'hérésie, il est néanmoins difficile de prouver qu'il se rend compte qu'il rejette un dogme de l'Église. Il apparaît que, dans sa conduite, Jean-Paul II est profondément convaincu qu'il rend le meilleur service à l'Église12.[Donc le sincérisme excuse de l'hérésie, nous sommes en plein subjectivisme] Comment est il possible pour des sujets de prouver avec une certitude morale que le Pape, au plus profond de son cœur (c.a.d. en lui-même),[On ne juge pas le for interne mais les actes tout comme l’Église] espère et travaille sciemment pour le mal de ses sujets, et que c'est pour cette raison qu'il a promulgué des lois mauvaises?[Luther pensait sincèrement faire une réforme nécessaire] Ce n'est pas possible. Comme un libéral typique, Jean-Paul II multiplie les déclarations ambiguës, et fait des concessions pour plaire au monde. Il peut se produire qu'il prononce des déclarations hérétiques sans même s'en rendre compte: donc, il ne peut être considéré comme un hérétique formel.13 En conséquence, aussi longtemps qu'il nous est impossible de conclure avec une preuve sûre, il est plus prudent de s'abstenir de juger. Ce fut l'attitude prudente de Mgr Lefebvre.

4. Problèmes avec la thèse sédévacantiste: Après l'étude le la possibilité théologique et canonique pour un pape de tomber dans l'hérésie, je voudrais couvrir un sujet qui nous touche de près: ce que nous devons penser au sujet des théories sédévacantistes qui se répandent autour de nous.

4.1. Au sujet des qualités de l'Église: Visibilité et Indéfectibilité: La difficulté majeure du sédévacantisme est de pouvoir expliquer comment l'Église peut continuer d'exister d'une manière visible, alors qu'elle a été dépouillée de sa tête. St. Robert Bellarmin expose la croyance universelle et constante dans la visibilité de l'Église. Il dit que c'est prouvé par la nécessité d'obéir à la tête visible de l'Église, sous peine de damnation éternelle14. La visibilité de l'Église est directement liée au Pontife Romain. Le Concile Vatican I a enseigné que la permanence et la source de l'unité de l'Église dépendent de l'existence perpétuelle du Pontife Romain: "Pour que l'épiscopat fût un et non-divisé, pour que, grâce à l'union étroite et réciproque des pontifes, la multitude entière des croyants soit gardée dans l'unité de la foi et de la communion, plaçant le bienheureux Pierre au-dessus des autres Apôtres, Il établit en sa personne le principe durable et le fondement visible de cette double unité (...) Parce que les portes de l'enfer se dressent de toutes parts avec une haine de jour en jour croissante contre ce fondement établi par Dieu, pour renverser, s'il se pouvait, l'Église, Nous jugeons nécessaire pour la protection, la sauvegarde et l'accroissement du troupeau catholique, avec l'approbation du saint concile, de proposer à tous les fidèles la doctrine qu'ils doivent croire et tenir sur l'institution, la perpétuité et la nature de la primauté du Siège apostolique, sur lequel reposent la force et la solidité de l'Église, conformément à la foi antique et constante de l'Église universelle, et aussi de proscrire et de condamner les erreurs contraires, si pernicieuses pour le troupeau du Seigneur."15 Dom Gréa utilise des termes très forts pour expliquer la perpétuité du Siège de Pierre: "Si l'institution de Saint Pierre est telle que par lui, et par lui seulement, Jésus-Christ, chef de l'Église, soit rendu visible…. Il est manifeste qu'une pareille institution doit durer autant que l'Église, puisque l'Église ne peut être un seul instant privée de la communication de vie qui lui vient de son chef. Si donc l'Église ne peut se passer un seul jour de la présence manifestée et du gouvernement extérieur et visible de son divin époux, il a bien fallu pourvoir à la succession de Saint Pierre."16[D'où « l'obsession » légitime, mais sans oublier la vacance de trois années qui n'a pas rendue l’Église invisible] Cette citation de Dom Gréa doit être comprise correctement. Entre la mort d'un pape et l'élection du suivant, il y a une période d'interrègne où le gouvernement visible de l'Église au jour le jour est assuré par les offices du Saint Siège. Voici comment la permanence de l'institution de St. Pierre se continue d'un pape à son successeur. Les Papes St. Pie X, Pie XI, Pie XII, Jean XXIII, Paul VI et Jean-Paul II établirent des règles précises pour le temps de la vacance du Siège Apostolique, entre la mort d'un pape et l'élection de son successeur. Ces règles précisent les pouvoirs de cardinaux et de la curie romaine durant l'interrègne. Le plus long interrègne de l'histoire de l'Église ne fut que de trois ans. Maintenant, pour ceux qui suivent la théorie des sédévacantistes, l'Église serait sans pape pour au moins quarante ans. Les sédévacantistes17 prétendent qu'ils ne rejettent pas la papauté, la primauté et l'indéfectibilité de l'Église, mais c'est un fait qu'ils ne peuvent pas nous dire de façon objective qui sera le prochain pape, et par qui il sera élu. [Parce que vous vous pouvez le dire ? Il y a eut le pacte de catacombes, la mafia de Saint Gall....quel prophète pourra nous dire ce qui nous attends après les deux papes?] Voilà la difficulté principale de leur thèse.

.2. Élection des papes récents: Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul I & II: La Constitution Apostolique Cum ex Apostolatus du Pape Paul IV (1555 - 1559) déclare invalide l'élection d'un hérétique à n'importe quelle fonction ecclésiastique, y compris le pontificat suprême. Cependant, cette bulle ne peut pas être utilisée pour prouver l'invalidité de l'élection de Paul VI et de Jean-Paul II. Tout d'abord, il faut rappeler que cette bulle était simplement disciplinaire, et non pas doctrinale. Depuis ce temps, l'Église a jugé qu'il serait préférable pour elle d'être gouvernée validement par un hérétique; que de se retrouver dans une situation où elle serait gouvernée invalidement par un hérétique, dont tous les actes seraient nuls et non avenus. La loi gouvernant les élections papales qui était en vigueur au moment des élections des Papes Jean XXIII et Paul VI est celle publiée par ordre du Pape Pie XII, le 8 décembre 1945: "Aucun cardinal - sous aucun prétexte ou raison d'excommunication, suspense ou interdit, ou sous aucun autre empêchement ecclésiastique - ne peut être exclu de l'élection active et passive du Souverain Pontife. En conséquence, nous suspendons l'effet de telles censures seulement pour les raisons de la dite élection; en toute autre occasion, elles (les censures) restent en vigueur."18[Il ne s'agit évidemment pas d'excommunication pour hérésies ] Maintenant, la participation 'active' à une élection signifie le vote, et la participation 'passive' signifie la possibilité d'être élu, en devenant le sujet 'passif' de l'élection. Donc, aucun cardinal sujet de 'n'importe quelle excommunication' n'était 'exclu de l'élection active et passive du Souverain Pontife', et n'importe lequel d'entre eux aurait pu devenir pape. Donc, même si Jean XXIII et Paul VI avaient pu être excommuniés pour quelque raison que ce soit, ils auraient néanmoins été élus validement à la papauté. La même conclusion peut être appliquée à Jean-Paul I et Jean-Paul II, qui ont été élus sous une législation substantiellement identique, publiée le 1er octobre 1975 par le Pape Paul VI. Eux aussi ont été élus validement. Le Père Brian W. Harrison commente: "Si la loi de l'Église exigeait qu'un cardinal soit libre de toute censure ecclésiastique pour être éligible à la papauté, les électeurs ne pourraient avoir aucune garantie qu'un candidat n'était de fait pas éligible à cause d'un crime secret par lequel il aurait encouru l'excommunication. Sans le réaliser, ils auraient contribué à une élection invalide, dans laquelle le 'pape' qu'ils auraient élu ne serait pas vraiment pape. L'invalidité de ses actes serait alors une sorte de cancer spirituel, qui détruirait lentement de l'intérieur les structures vitales de l'Église:[Parce que les papes conciliaires édifient?] les évêques nommés par lui n'auraient pas de droit véritable à gouverner leurs diocèse respectifs; aucune législation passée par lui n'aurait force de loi; et, en particulier, les cardinaux nommés par lui ne pourraient validement élire un futur pape. Comment donc pourrait-on avoir à nouveau un vrai pape?[Et comment faire avec un collège de cardinaux modernistes et libéraux ?] Qui serait compétent pour trancher la situation? Au moment où le fait de cette excommunication occulte serait révélé au grand jour, le chaos qui s'en suivrait serait inimaginable.[Parce qu'avec François et Benoît l'émérite c'est l'ordre?] Personne ne pourrait savoir de façon certaine qui aurait encore une autorité réelle dans l'Église, et un schisme - probablement une série de schismes - seraient presque inévitables. Pour cette situation catastrophique, les lois de l'Église ont donc prévu que, s'il est élu pape, même un hérétique secret ou même un apostat pourrait effectivement monter sur la Chaire de Pierre avec tous les droits de juridiction sur l'Église universelle sur la terre."19 Mgr. Lefebvre fit aussi allusion au sujet d'un autre problème qui aurait pu affecter l'élection des papes récents: "L'éloignement des cardinaux de plus de 80 ans, et les conventicules qui ont préparé les deux derniers Conclaves ne rendent-ils pas invalide l'élection de ces Papes: invalide, c'est trop affirmer, mais éventuellement douteux. Toutefois l'acceptation de fait postérieure à l'élection, et unanime de la part des cardinaux et du clergé romain suffit à valider l'élection. C'est l'opinion des Théologiens."20 [Donc tout va bien et il est toujours excommunié]

4.3. Le cas du Cardinal Siri: Certains sédévacantistes arguent que plusieurs défauts sérieux ont affecté les Conclaves qui ont élu les Papes Jean XXIII, Paul VI et, par voie de conséquence, Jean-Paul I et Jean-Paul II. Il est prétendu que le Cardinal Giuseppe Siri, l'ancien Archevêque de Gênes en Italie, aurait été élu pape au cours des Conclaves de 1958, 1963 et, peut-être 1978. Le Cardinal Siri était extrêmement populaire en Italie, surtout en raison de ses importantes réalisations dans le domaine social à Gênes. Il était aussi considéré comme un conservateur affermi, bien qu'il ne se soit pas levé pour défendre publiquement la Tradition durant le Concile Vatican II. Donc, apparemment, le Cardinal Siri aurait été élu pape durant le Conclave qui a suivi la mort du Pape Pie XII. D'aucuns vont même jusqu'à affirmer qu'il aurait accepté l'élection de ses frères cardinaux, et aurait pris le nom de Grégoire XVII. Peu de temps avant que l'élection ne soit rendue publique au monde, un groupe de cardinaux se serait révolté contre lui, et l'aurait forcé à renoncer au pontificat suprême. Puis le Cardinal Roncalli fut choisi et apparut au monde sous le nom de Jean XXIII. Certains sédévacantistes disent avoir trouvé un rapport du FBI qui étaye cette hypothèse. Ils ajoutent que le 'Pape Siri' a créé secrètement des cardinaux pour pouvoir lui succéder dans le futur. Franchement, cette hypothèse n'a pas de sens, pour un certain nombre de raisons. Tout d'abord, il y a une loi de l'Église qui lie sous le sceau du secret tous les participants à un conclave, sous peine d'excommunication envers quiconque brisera un tel sceau. Même si le Cardinal Siri avait été élu correctement comme pape, c'est un fait qu'il ne le montra jamais en public. Il était parmi les cardinaux qui rendirent allégeance aux Papes Jean XXIII et Paul VI. Après les Conclaves de 1968 et de 1963, il retourna à son diocèse de Gênes. En 1969, quoique à contrecoeur, il adopta le Novus Ordo Missae. Entre-temps, un prêtre français, M. l'abbé Guérin, avait établi une communauté 'conservatrice' de prêtres à Gênes. Dans les années 70, M. l'abbé Guérin vivait à Paris, en France, où il célébrait une messe Novus Ordo toute en Latin, avec barrette et encens à laquelle j'ai assisté quelques fois. Je connais personnellement deux membres de la communauté de M. l'abbé Guérin qui ont été ordonnés prêtres par le Cardinal Siri. Ils ont maintenant un apostolat en France, et disent la Nouvelle Messe. Leur ordination eut lieu avec le Nouvelle Messe, quoique de façon plus traditionnelle. Finalement, le Cardinal Siri est mort en 1989. Mais la raison la plus importante pour laquelle nous devons écarter la thèse du 'Pape Siri', c'est le principe fondamental selon lequel une acceptation paisible d'un pape par l'Église Universelle est le signe infaillible et l'effet d'une élection valide.[Donc tout va bien] Tous les théologiens sont d'accord sur ce point. Le Cardinal Billot dit: "Dieu peut permettre qu'une vacance du Siège Apostolique dure un certain temps. Il peut aussi permettre que quelque doute s'élève sur la légitimité de telle ou telle élection. Cependant, Dieu ne permettra jamais que l'Église toute entière reconnaisse comme pape quelqu'un qui ne l'est pas réellement et légalement. De telle sorte que, dès qu'un pape est accepté par l'Église et qu'il est uni avec elle comme la tête est unie au corps, on ne peut plus élever le moindre doute que l'élection aurait été viciée… Car l'acceptation universelle de L'Église guérit à la racine n'importe quelle élection viciée."21 Maintenant, la preuve par l'absurde: imaginons que j'aie complètement tort et que, en réalité, le Cardinal Siri fut bel et bien le vrai pape qui est sorti des Conclaves de 1958 et 1963. Allons plus loin: imaginons pour un moment que le 'Pape Siri' nomma secrètement des cardinaux pour pouvoir lui succéder après sa mort.  De tels cardinaux nommés secrètement sont appelés cardinaux in pectore (près du cœur). Il arriva un certain nombre de fois dans l'histoire de l'Église que des papes créèrent des cardinaux in pectore. Pour différentes raisons, les papes n'ont pas voulu rendre public leurs noms, au moins pour un certain temps. Habituellement, la raison invoquée était pour protéger la vie de tels cardinaux, vivant dans des pays où l'Église est persécutée. Ce fut le cas du Cardinal Slipyj, tête de l'Église Ukrainienne de 1944 à 1984. Il y a cependant une règle qui dit que le nom de tout cardinal créé in pectore doit être rendu public par le pape qui l'a nommé. Donc, tous les cardinaux créés en secret dont le nom n'a pas été rendu public avant la mort du pape qui les a nommés perdraient automatiquement leur titre22. Ce fut le cas du Cardinal Slipyj, qui avait été nommé Cardinal in pectore par Jean XXIII en 1960. Vu que Jean XXIII ne révéla jamais son nom, le Cardinal Slipyj ne put participer au Conclave de 1963. Cependant, en 1965, le Pape Paul VI restaura officiellement le titre du Cardinal Slipyj, lui donnant ainsi tous les droits et privilèges d'un cardinal de la Sainte Église Romaine. En conséquence, tous et chacun des cardinaux qui auraient été nommés secrètement par le 'Pape Siri' perdirent leur titre en 1989, à la mort du Cardinal Siri, et perdirent aussi automatiquement le droit de participer à l'élection du successeur du 'Pape Siri'. Un tel argument n'est peut être pas concluant pour certains. Ils peuvent essayer de nous dire que le 'Pape Siri' changea la loi de l'élection pontificale de façon à permettre aux cardinaux in pectore d'y participer, et ainsi d'assurer l'élection de son successeur. Quand on va si loin, la seule chose que nous pouvons dire est que ces malades de la conspiration ont perdu complètement contact avec la réalité.

.4. Le cas de Mgr. Thuc: Peu importe les divisions du monde sédévacantiste, c'est un fait établi qu'il survit sacramentellement grâce aux consécrations épiscopales de Mgr. Martin Ngo-Dihn-Thuc (1897-1984). Mgr. Thuc était l'ancien Archevêque Catholique Romain de Hué, au Vietnam. À l'époque de la chute du Vietnam au communisme en 1975, il dût s'exiler en dehors du pays, et fut plus ou moins abandonné par les autorités romaines. En 1976, il consacra évêque Clemente Dominguez, le fondateur de la secte de Palmar de Troya, en Espagne. Mgr. Thuc fut alors excommunié par le Vatican à cause de cette consécration, mais fut " réconcilié " par Paul VI au cours de la même année. En 1977, il consacra évêque Mgr. Laborie, le fondateur de la secte appelée Église Latine de Toulouse. Puis, en 1981-1982, il consacra évêque Mgr. Guérard des Lauriers, ainsi que trois autres évêques, en différentes cérémonies tenues en secret dans son appartement de Toulon, en France. En 1982, il publia un document appelé la Déclaration de Munich par lequel il déclara Vacant le Siège de Pierre, autrement dit que Jean-Paul II avait perdu sa charge. Puis, Mgr. Thuc fut finalement " réconcilié " par le Vatican peu avant sa mort, en 1984. Ainsi, de 1976 à sa mort, Mgr. Thuc a oscillé entre le sédévacantisme et la réconciliation avec le Vatican. Ce fait est suffisant pour qu'on s'interroge sur le sérieux de la Déclaration de Munich. Je pense que c'était un homme bon, qui fut abusé par beaucoup en raison sa disponibilité à consacrer des évêques; mais il ne pourrait pas être considéré comme celui que Dieu a choisi comme instrument de sa Providence, quoique son action apparut providentielle aux sédévacantistes!23 N'oublions pas que les évêques sédévacantistes, et les prêtres qu'ils ont ordonnés viennent tous de la lignée épiscopale de Mgr. Thuc.

5. Attitude sédévacantiste:

5.1. Messe Una Cum: Mgr. Guérard des Lauriers24 avait l'habitude de dire que: "citer le nom de Jean-Paul II au Te Igitur de la Sainte Messe est objectivement et inéluctablement un double crime de sacrilège et de schisme capital." Au contraire, l'expression Una Cum du Canon de la Messe ne signifie pas qu'on affirme qu'on soit 'en communion' avec les opinions erronées du pape, amis plutôt qu'on veut prier pour l'Église et 'pour' le pape, sa tête visible.[Non, Lebrun le dit très bien cela signifie la communion avec le Pape, l'unité. Pourrait-on être en communion avec Luther au canonc de la messe, ou avec un de ses admirateurs?] Pour être certain de cette interprétation, signalons la rubrique du missel pour la célébration de la messe par un évêque. Dans ce cas, l'évêque doit prier pour l'Église 'Una cum… me indigno famulo tuo', ce qui ne signifie pas qu'il prie 'en communion avec… moi-même, votre indigne serviteur' (ce qui n'aurait pas de sens!), mais qu'il prie 'et pour…moi-même, votre indigne serviteur.' On peut donc dire que ceux qui refusent de nommer le pape durant le canon de la messe pensent que l'Église a perdu sa tête visible. Cette attitude est schismatique! [On ne peut être en communion avec un hérétique, avec un Arius, séparé de la Sainte Église]

5.2. Validité des nouveaux Sacrements: Beaucoup de sédévacantistes soutiennent que la Nouvelle Messe et les nouveaux sacrements sont toujours invalides. Ils considèrent que tous les prêtres ordonnés dans le nouveau rite, après 1969, ne sont pas prêtres.[Tous leurs sacrements sont douteux disait avec raison Mgr Lefebvre] A ce sujet, qu'on me permette de citer Mgr. Lefebvre: "Or il est aisé de démontrer que la Messe nouvelle … manifeste un rapprochement inexplicable avec la théologie et le culte protestants. Les dogmes fondamentaux de la Sainte Messe n'apparaissent plus clairement et sont même contredits… Doit-on pour autant dire que toutes ces Messes sont invalides? Des lors que les conditions essentielles existent pour la validité, c'est-à-dire la matière, la forme, l'intention et le prêtre validement ordonné, on ne voit pas comment on pourrait l'affirmer. Les prières de l'offertoire, du Canon et de la communion du Prêtre qui entourent la Consécration sont nécessaires à l'intégrité du Sacrifice et du Sacrement mais non à sa validité…Qu'il y ait toujours moins de Messes valides à mesure que la foi des prêtres se corrompt et qu'ils n'aient plus l'intention de faire ce qu'a toujours fait l'Église, car 1'Église ne peut changer d'intention, c'est évident. La formation actuelle de ceux qui sont dits séminaristes ne les prépare pas à accomplir des Messes valides."25

5.3. Confusion sur la vraie nature de l'Église: A ce point, je voudrais pouvoir donner un diagnostic de l'attitude sédévacantiste. "Les sédévacantistes sont vraiment obsédés par la question de la papauté.[C'est la principale question de foi] On peut se demander si chez beaucoup d'entre eux, cela n'est pas dû à une sorte de traumatisme psychologique. Leur vénération ancestrale pour le pape semble avoir déclenché une véritable panique à la vue du contraste qu'il existe entre - leur image idéalisée et chérie de la papauté - et la réalité des Papes Paul VI et Jean-Paul II. Le sédévacantisme apparaît davantage comme un problème psychologique que théologique… Nous voyons donc trop bien les effets que ces considérations théologiques peuvent produire sur des Catholiques passionnés. Ils sont devenus leur propre pape [Mais que fait la FSPX?]. Ils jugent leurs prêtres. Beaucoup d'entre eux n'ont plus recours au sacrement de pénitence. Ils ne prêtent plus l'oreille aux enseignements infaillibles de l'Église. De façon générale, ils apportent la ruine morale sur leurs familles."26 Leur image chérie et idéaliste de la papauté les conduit à agir en pratique comme si l'Église était seulement une institution divine. Au contraire, l'Église fondée par Jésus-Christ, est à la fois divine et humaine. Elle est divine dans son origine, dans la personne de son fondateur et dans sa tête invisible… mais elle est humaine dans ses membres, en particulier dans sa tête visible, le pape.[Mais pour cela il faut qu'il est la foi] En tant que divine, l'Église est l'épouse du Christ sans tache et sans souillure… mais, en tant qu'humaine, l'Église est composée d'hommes qui, comme vous et moi, sont des pécheurs [Mais pas hérétiques]. Ainsi donc, nous ne devrions pas être surpris si le présent pape peut trahir son maître, comme le fit St. Pierre. Avec le sédévacantisme, nous voyons revivre les vielles erreurs de Jean Wycliffe et Jean Hus, qui prétendaient que les pécheurs avaient cessé d'être membres de l'Église.[Les hérétiques et non les pécheurs, la caricature vous décrédibilise] Voici quelques propositions condamnées au Concile de Constance (1414-1418): "Si le pape est réprouvé et mauvais, et par conséquent, un membre du diable, personne ne lui a donné de pouvoir sur les fidèles, sauf peut-être César."27 et: "Si le pape est mauvais et surtout s'il est réprouvé, comme Judas l'apôtre, il est du diable… et il n'est pas la tête de la Sainte Église militante, car il ne lui appartient pas."28

5.4. Subjectivisme: Peu importe comment ils essayent de justifier leur position, il nous faut admettre que la thèse sédévacantiste n'est pas basée sur des faits objectifs, mais plutôt sur du subjectivisme.[Sur des faits objectifs] Le critère objectif requis par la théologie Catholique pour la reconnaissance d'un vrai pape est la reconnaissance de l'élu par les cardinaux, les évêques et par toute l'Église. Dans le cerveau des sédévacantistes, ce critère ne peut plus être objectif, mais devra nécessairement faire appel à une source qui est fondamentalement subjective, même si on essayera de se justifier en la faisant apparaître comme objective.  Parce que l'attitude sédévacantiste n'est pas basée sur les principes sûrs et objectifs de la théologie Catholique, on ne doit pas être surpris de voir certains renversements et retournements pour le moins surprenants: dans les années 80, le P. Olivier de Blignières, qui était un ardent défendeur de la thèse sédévacantiste du P. Guérard des Lauriers, avait fondé en France une communauté.  Puis, en 1988, dans la foulée du Motu Proprio Ecclesia Dei Afflicta du Pape Jean-Paul II, le même P. de Blignières fit un retournement complet, et se mit entre les mains de la commission Ecclesia Dei. Sa communauté, sous le nom de Fraternité St. Vincent Ferrier, fut immédiatement reconnue par les autorités romaines, et obtint le statut de droit pontifical. Au cours des années 80, dans le domaine doctrinal, le P. de Blignières pensait que la liberté religieuse était hérétique.  Maintenant, il écrit des livres pour justifier la liberté religieuse de Vatican II.

6. Jugement sur le sédévacantisme: Pourrions-nous dire que la thèse sédévacantiste est simplement une thèse erronée, mais que nous devrions tolérer dans un esprit de charité?  Non, je pense que le sédévacantisme est très dangereux.  Il conduit à une attitude qui n'est pas Catholique, mais schismatique.

6.1. Schisme: "En conséquence, il est vrai qu'il peut y avoir quelque discussion théologique de savoir si les sédévacantistes sont formellement schismatiques ou non. La réponse à cela dépend du degré de sédévacantisme. Il y a des sédévacantistes radicaux, qui disent que nous sommes hérétiques puisque nous sommes en communion avec un hérétique (Wojtyla). Ceux-ci sont certainement schismatiques, car ils rejettent clairement la communion avec les vrais Catholiques, qui ne sont aucunement modernistes. En faisant de leur sédévacantisme quasiment un article de foi, ils tombent certainement dans la catégorie de personnes visées par le Canon 1325§ 2 qui déclare schismatique: "Est schismatique celui qui rejette la communion avec les membres de l'Église qui lui (le Souverain Pontife) sont soumises." C'est en conséquence par leur refus d'être une partie de l'Église, et parce qu'ils font de fait une 'église' selon leurs idées, que les sédévacantistes sont certainement schismatiques."29  C'est exactement les cas du CMRI (Mont St. Michel, à Spokane), qui dit: "Est-ce que les Catholiques traditionnels sont sujets de la hiérarchie locale, et ultimement de Rome?... Il (le sédévacantiste) reconnaît que, de fait, il n'est point sujet et sous l'obéissance de Jean-Paul II."30  D'autres sédévacantistes disent que, compte tenu de la défaillance de la hiérarchie de Vatican II, ils peuvent maintenant élire leur pape. Une telle théorie est appelée Conclavisme.  C'est la catégorie la plus radicale du sédévacantisme, mais de fait la plus logique.  Il y a maintenant une vingtaine de 'papes' dans le monde, par exemple 'Grégoire XVII', de St. Jovite au Québec; 'Pie XIII' aux Etats-Unis… Certainement, le Conclavisme est schismatique. Cela veut-il dire que tout et chacun sédévacantiste est un schismatique formel? Je n'irai pas jusque là.  Parmi les gens qui suivent les théories sédévacantistes, il y a un certain nombre de Catholiques perplexes qui sont attirés par les réponses 'simples' et 'claires' des maîtres sédévacantistes aux problèmes de la situation dans l'Église.  C'est principalement à ces Catholiques perplexes que cette étude est adressée: méfiez vous des mirages du sédévacantisme, ils vont vous éloigner de l'Église et des sacrements!

6.2. Maladie spirituelle des sédévacantistes:

6.2.1. Désolation spirituelle: Est-il possible de comprendre l'état d'un esprit sédévacantiste? Je dirais qu'il est caractérisé par une idée fixe, qui est presque une obsession. Apparemment, leur esprit s'est figé sur le problème du pape, qui leur apparaît comme étant très sérieux et très urgent. C'est un cas typique de Désolation Spirituelle, [C'est juste une question de foi] par laquelle leur âme est troublée aussi longtemps qu'une 'réponse claire' n'a pas été trouvée à ce problème sérieux. Les sédévacantistes affirment qu'il y a un besoin urgent de faire un jugement sur les papes de Vatican II.[Parce pour vous il n'y a pas urgence, la perte de millions d'âmes ne vous trouble pas?] Pour eux, c'est LE problème fondamental sur lequel tous les Catholiques traditionnels devraient s'appliquer. Par exemple, voici une citation de Mgr. Pivarunas: "Aussi déplaisant que ce soit, les Catholiques traditionnels sont confrontés au problèmes terribles et aux questions brûlantes: Est-ce que l'Église Conciliaire est l'Église Catholique? Est-ce que Jean-Paul II, en tant que tête de l'Église Conciliaire, est un vrai pape?... Le moins qu'on puisse dire, c'est que la question du pape est une question difficile, et qui n'est pas plaisante; mais c'est une question nécessaire et d'importance qui ne peut être ignorée."31Résumons l'approche sédévacantiste du problème du pape: #1: c'est une question qui leur tient à cœur; #2: ils réclament une réponse finale avec une certitude absolue;[Ce qui est parfaitement catholique] #3: ce problème est tellement urgent qu'il devient le centre le leur attention, au point de perdre de vue le reste. Ainsi, ce n'est pas tant contre l'Église Moderne - dont il ne font pas grand cas - qu'ils dirigent leurs flèches, mais contre leurs frères Catholiques traditionalistes qui ne partagent pas leurs conclusions.[Ne serait-on pas là face à une inversion accusatoire ?] St. François de Sales a souffert une Désolation Spirituelle très semblable. C'était au sujet de la prédestination. Son intelligence était engluée dans ce problème et l'angoisse d'être réprouvé quoi qu'il fasse ne le quittait jamais. Plus il étudiait, plus des questions nouvelles apparaissaient, et plus il désespérait. Comment St. François a-t-il été capable de sortir de cette prison intellectuelle? Un jour, il tomba à genoux devant une statue de Notre-Dame et dit: "O Sainte Vierge, je sens que je vais être damné. Si je dois maudire Dieu pour toute éternité, je voudrais au moins vous offrir cette journée pour rendre gloire à Dieu." Il se releva guéri. Il était parvenu à mettre son obsession au second plan au profit de l'humble accomplissement du devoir quotidien. Appliquons cet exemple au parasite sédévacantiste: "Qui sait si Jean-Paul II est pape? Qui sait si la Fraternité St. Pie X est schismatique, car elle reconnaît le pape et ne lui obéit pas?" Dans un cerveau sédévacantiste, de telles questions produisent des réactions émotives profondes, qui conduisent à la colère et à la panique: le sédévacantiste exige une réponse complète tout de suite. Cette sorte de Désolation Spirituelle est très dangereuse. Elle menace des âmes pieuses, qui se sont convaincues qu'elles trahiraient leur conscience, si elles oseraient ignorer ces problèmes fondamentaux. Ce problème afflige les personnes qui sont tentées par l'orgueil intellectuel, et qui ont une tendance à rechercher les solutions les plus extrêmes et les plus désespérées, comme le Frère Michael Diamond, du Monastère de la Très Sainte Famille.

6.2.2. Remède: Dans le livre des Exercices Spirituels, St. Ignace de Loyola donne les règles du Discernement des Esprits. Voici celles qui devraient être appliquées au cas de Désolation Spirituelle des sédévacantistes: ne faire aucun changement aux résolutions précédentes (5e règle); contre-attaquer la tentation par la prière et la pénitence (6e règle); poser un acte de volonté par lequel on refuse de se laisser enfermer dans une controverse qu’on est pas qualifié pour résoudre (12e règle). Pour atteindre ce but, il faut pratiquer une stricte discipline intellectuelle et une mortification de la volonté propre, autrement dit l'humilité. Dans notre vie de tous les jours, il y a beaucoup de problèmes que nous sommes incapables de résoudre, car nous ne sommes pas qualifiés pour. Il nous faut savoir le reconnaître avec humilité. Plus encore, je pense qu'il est nécessaire de calmer et de dédramatiser le problème du pape: quand vous allez apparaître devant St. Pierre, ne pensez pas qu'il vous demandera quelle opinion vous avez eu au sujet de l'un de ses successeurs.[Êtes-vous encore catholique?] Soyons clair: je ne prétend pas vouloir évacuer le problème réel de l'Église depuis Vatican II, mais simplement donner quelques règles simples de discipline intellectuelle pour dédramatiser la question sédévacantiste, qui apparaît clairement comme un cas de Désolation Intellectuelle.[Et avec, François et Benoît l'émérite, la désolation continue, surtout ne rien changer et ne pas réfléchir, cela fait mal à la tête] Souvenez-vous toujours que le démon est un menteur. Il se sert du parasite sédévacantiste pour détourner certaines âmes pieuses des moyens de sanctification, la messe et les sacrements. Soyez sur vos gardes!

7. La vraie nature du Magistère Infaillible:

7.1. Est-il concevable qu'on puisse trouver une hérésie dans un document du Magistère? Une étude superficielle des théologiens qui ont parlé au sujet du pape hérétique conduirait à une réponse négative à cette question. Examinée avec des lunettes sédévacantistes, on en viendrait à la conclusion que l'existence d'hérésies dans le magistère de Jean-Paul II est une preuve de plus qu'il ne serait pas pape, et donc que tout son magistère serait nul et non avenu. Cependant, il est un fait que tous les auteurs qui ont étudié la possibilité d'un pape hérétique ont seulement considéré la possibilité du pape hérétique en tant que personne privée32, et ont considéré la possibilité d'une hérésie dans un document officiel comme étant hors de question, comme le rapporte Xavier de Silveira33 En conséquence, dans son article sur l'infaillibilité du pape, Dublanchy dit qu'il ne peut être conclu que, par raison de son infaillibilité, le pape ne peut jamais tomber dans l'hérésie en tant que docteur privé.34

7.2. Faillible ou Infaillible? Seulement récemment, après la définition de l'infaillibilité à Vatican I, le sujet de l'infaillibilité du Magistère Ordinaire est rentré dans le débat théologique. Il est très important d'avoir des idées claires sur la nature du magistère infaillible du pape. Je voudrais recommander le livre “Pope or Church?” (35) qui contient deux essais sur l'infaillibilité du Magistère Ordinaire. Ce livre a été résumé dans un article publié dans le numéro de Janvier 2002 de la revue Si,Si No,No (version anglaise): "La chose qui donne le plus de souci aux Catholiques dans la crise présente de l'Église, c'est précisément le 'problème du pape'. Il nous faut des idées claires à ce sujet. Nous devons éviter le naufrage à droite et à gauche, d'un côté par l'esprit de rébellion, de l'autre par une obéissance inadéquate et servile. L'erreur magistrale sous-jacente à beaucoup de catastrophes actuelles, c'est de croire que le 'Magistère Authentique' n'est rien d'autre que le 'Magistère Ordinaire'." Il est très important de bien comprendre ce qui est et ce qui n'est pas infaillible dans le magistère du pape. Xavier de Silveira affirme qu'on ne peut pas exclure la possibilité de l'existence d'une hérésie dans un document pontifical non infaillible36. Le R. P. Le Floch, supérieur du séminaire français de Rome, prédit en 1926: "L'hérésie qui est en train de naître sera la plus dangereuse de toutes: l'exagération du respect dû au pape et l'extension illégitime de son infaillibilité." L'un de ses étudiants n'était rien d'autre que le futur Archevêque Marcel Lefebvre.

7.3. Le cas du Magistère Conciliaire: Je voudrais mentionner un article très fouillé de M. l'abbé Alvaro Calderon, FSSPX, publié dans Le Sel de la Terre.37 Dans cet article, M. l'abbé Calderon analyse les conditions requises pour l'infaillibilité du Magistère Ordinaire. Il en conclut que le magistère conciliaire (Vatican II et post-conciliaire) n'est pas couvert par le charisme de l'infaillibilité: "Il existe deux manières d'exercer le charisme de l'infaillibilité, l'une extraordinaire, l'autre ordinaire et universelle. Or, gagnées par le libéralisme, les autorités conciliaires n'ont pas voulu enseigner avec infaillibilité sur le mode extraordinaire; et pour cette raison même, elles ont empêché le magistère ordinaire d'atteindre l'universel.  C'est pourquoi le magistère conciliaire n'est pas infaillible et ne pourra le devenir d'aucune manière tant que les autorités ecclésiastiques ne se départiront pas de leur libéralisme."38 [Le Magistère moderniste n'existe pas car il ne définit pas de vérités et ne condamne pas l'erreur] N'oublions pas que les deux papes Jean XXIII et Paul VI n'ont pas voulu que le Concile Vatican II soit un concile dogmatique, mais un concile pastoral [Depuis quand la pastorale ne s'appuie plus sur le doctrinal?] en vue de pourvoir aux nécessités du monde moderne. La peur à utiliser le charisme d'infaillibilité est typique des libéraux. Mgr. Lefebvre parla du libéralisme de Paul VI: "Le libéralisme de Paul VI, reconnu par son ami le Cardinal Daniélou, est suffisant pour expliquer les désastres de son Pontificat. Le Pape Pie IX en particulier a beaucoup parlé du Catholique libéral, qu'il considérait comme le destructeur de l'Église. Le Catholique libéral est une personne à double visage, dans la contradiction continuelle. II veut demeurer catholique et est possédé par la soif de plaire au monde. II affirme sa foi avec crainte de paraître trop dogmatique et il agit en fait comme les ennemis de la foi catholique. Un Pape peut-il être libéral et demeurer Pape ?[Là est la question] L'Église a toujours réprimandé sévèrement les catholiques libéraux. Elle ne les a pas tous excommuniés."39

8. Une attitude Catholique pour notre temps:

8.1. Reconnaissance: Comme Catholiques, nous sommes tenus de croire tout ce que l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique croit et enseigne et nous désirons de tout notre cœur mourir dans cette foi, car hors de l'Église il n'y a pas de salut. Nous professons aussi une communion parfaite avec Pierre et avec son successeur légitime, et pour rien au monde nous ne nous séparerons de Pierre, le Rocher sur lequel Jésus-Christ a fondé son Église. [Or les « saints » papes conciliaires sont condamnés par leurs prédécesseurs. Mgr L. parlait de pape imparfaitement catholique ce qui est absurde] Nous croyons fermement à l'infaillibilité pontificale telle qu'elle a été définie par le Premier Concile du Vatican. Nous reconnaissons que le pouvoir du pape n'est pas absolu, mais qu'il est délimité par la Sainte Écriture et la Tradition. A Dieu seul nous rendons une obéissance illimitée et inconditionnelle.[Mais QUI gouverne l’Église? QUI a le pouvoir des clefs?]

 

8.2. Résistance: Nous résistons aux autorités ecclésiastiques quand elles s'écartent de la Tradition. Soyons clairs: ce n'est pas par un jugement particulier que nous choisissons ce que nous voulons suivre dans les enseignements du Pape Jean-Paul II, mais c'est en vertu du critère objectif qu'est la Tradition.[Mais c'est vous alors qui choisissez, c'est vous le « pape »] La Fraternité St. Pie X a pris un engagement clair et définitif en faveur de la Tradition. De ce fait, nous avons le droit de refuser les documents officiels qui s'écartent des 2000 ans de Tradition. Citons quelques théologiens de renom. St. Thomas d'Aquin enseigne que, dans des situations extrêmes, il est licite de s'opposer publiquement à une décision papale,[comportement] comme St. Paul résista à St. Pierre (Ga II, 14): "Cependant, on doit observer que, si la foi est en danger, un sujet pourrait réprimander son prélat, même publiquement. C'est ainsi que Paul, qui était sujet de Pierre, réprimanda celui-ci en public suite au danger imminent de scandale concernant la foi et, comme le dit St. Augustin dans son commentaire sur Ga II, 11: "Pierre donna un exemple à ses supérieurs que, si à n'importe quel moment, ils devaient sortir de la voie droite, ils devraient s'attendre à être repris par leurs sujets."" (Somme théologique IIa IIae, Qu. 33, article 4, ad2). [Quand la FSSPX a-t-elle eut la charité de reprendre Pierre pour ses hérésies, ses actes sacrilèges? Quand Pierre s'est-il corrigé] St. Robert Bellarmin dit: "Il est licite de résister à un Souverain Pontife qui essaye de détruire l'Église. Je dis qu'il est licite de lui résister en ne suivant pas ses ordres, et en empêchant l'exécution de sa volonté" (De Romano Pontifice, Lib. II, c.29). Le Pape Léon XIII dit: "Mais, dès que le droit de commander fait défaut, ou que le commandement est contraire à la raison, à la loi éternelle, à l'autorité de Dieu, alors il est légitime de désobéir, nous voulons dire aux hommes, afin d'obéir à Dieu." (Encyclique Libertas #13).  Dom Guéranger: "Quand le pasteur se change en loup, c'est au troupeau de se défendre tout d'abord. Régulièrement sans doute la doctrine descend des évêques au peuple fidèle, et les sujets, dans l'ordre de la foi, n'ont point à juger leurs chefs. Mais il est dans le trésor de la révélation des points essentiels, dont tout chrétien, par le fait même de son titre de chrétien, a la connaissance nécessaire et la garde obligée. Le principe ne change pas, qu'il s'agisse de croyance ou de conduite, de morale ou de dogme. Les trahisons pareilles à celle de Nestorius sont rares dans l'Église; mais il peut arriver que des pasteurs restent silencieux, pour une cause ou pour l'autre, en certaines circonstances ou la religion même serait engagée. Les vrais fidèles sont les hommes qui puisent dans leur seul baptême, en de telles conjonctures, l'inspiration d'une ligne de conduite; non les pusillanimes qui, sous le prétexte spécieux de la soumission aux pouvoirs établis, attendent pour courir à l'ennemi, ou s'opposer a ses entreprises, un programme qui n'est pas nécessaire et qu'on ne doit point leur donner."40 Mgr Marcel Lefebvre: "Aucune autorité, même la plus élevée dans la hiérarchie, ne peut nous contraindre à abandonner ou à diminuer notre foi catholique [Mais il est impossible que Pierre le fasse, donc il faut conclure et dénoncé l'hérétique]clairement exprimée et professée par le magistère de l'Église depuis dix-neuf siècles."S'il arrivait, dit saint Paul, que NOUS-MÊMES ou un Ange venu du ciel vous enseigne autre chose que ce que je vous ai enseigné, qu'il soit anathème." (Ga. 1, 8.) N'est-ce pas ce que nous répète le Saint-Père aujourd'hui , Et si une certaine contradiction se manifestait dans ses paroles et ses actes ainsi que dans les actes des dicastères, alors nous choisissons ce qui a toujours été enseigné et nous faisons la sourde oreille aux nouveautés destructrices de l'Église."41

8.3. Prière pour le pape ET pour l' Église: Ne pourrions nous pas dire que, en raison des enseignements hérétiques du Pape Jean-Paul II, les Catholiques traditionnels ne sont pas tenus de prier pour lui? [Tout catholique prie pour le pape et même pour la conversiond es hérétiques] Avant toute autre considération, je dirais que le refus de prier pour le pape n'est pas un comportement Catholique. Quand St. Pierre a été jeté en prison par Hérode, toute l'Église priait pour lui: "L'Église ne cessait d'adresser pour lui des prières à Dieu." (Ac XII, 5). Nous sommes maintenant dans une situation différente, bien que nous puissions dire que les papes de Vatican II sont en quelque sorte prisonniers de leurs idées fausses.[Comme Arius, Luther étaient aussi prisonniers?] Leur libéralisme les empêche d'accomplir pleinement leur mission de confirmer leurs frères dans la foi: "et toi, quand tu seras converti, affermis tes frères." (Lc XXII, 32). Nous avons besoin de prier pour le pape pour qu'il ait la force de remplir sa mission de successeur de St. Pierre telle que définie au Concile Vatican I: "Car le Saint Esprit n'a pas été promis aux successeurs de Pierre pour qu'ils fassent connaître, sous sa révélation, une nouvelle doctrine, mais pour qu'avec son assistance ils gardent saintement et exposent fidèlement la révélation transmise par les Apôtres, c'est-à-dire le dépôt de la foi."42[Or s'il ne remplit pas sa mission, s''il démolit l’Église, comment peut-il rester pape ?] Par ailleurs, si nous voulons gagner des indulgences, nous sommes tenus de prier pour les intentions du pape. Si nous refusions de prier pour le pape, nous ne serions pas capables de gagner la plupart des indulgences, et nous devrions rôtir pendant longtemps en purgatoire pour cette raison. Le Canon 934 §1 dit: "Si pour gagner une indulgence une prière générale aux intentions du Souverain Pontife est prescrite, une prière simplement mentale ne suffit pas: une prière vocale au choix des fidèles est acceptable, à moins qu'une prière particulière soit assignée."

8.4. Attitude de Mgr. Lefebvre: "Là encore nous devons demeurer dans l'esprit de l'Église. Nous devons refuser le libéralisme d'où qu'il vienne parce que l'Église l'a toujours condamné sévèrement, parce qu'il est contraire à la Royauté de Notre Seigneur et en particulier à Sa Royauté sociale. Comme pour le problème de l'invalidité de la Nouvelle Messe, ceux qui affirment qu'il n'y a pas de Pape simplifient trop les problèmes. La réalité est plus complexe. Si l'on se penche sur la question de savoir si un pape peut être hérétique on s'aperçoit que le problème n'est pas aussi simple qu'on le croirait. L'étude très objective sur ce sujet par Xavier de Silveira, montre qu'un bon nombre de théologiens pensent que le Pape peut être hérétique comme docteur privé mais non comme docteur de l'Église universelle. Il faudrait donc examiner dans quelle mesure le Pape Paul VI a voulu engager son infaillibilité dans ces divers cas où il a signé des textes proches de l'hérésie sinon hérétiques."43

9. Conclusion:

.1. Notre Seigneur était-il sédévacantiste?  Quand il prêchait en Palestine, et jusqu'au moment où il fut arrêté et condamné à mort, Notre Seigneur continuait à reconnaître l'autorité du sacerdoce mosaïque. [Rien à voir, ils prêchaient la bonne doctrine mais ne la pratiquaient pas] "Alors Jésus, s'adressant au peuple et à ses disciples, parla ainsi: "Les scribes et les Pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse. Faites donc et observez tout ce qu'ils vous disent; mais n'imitez pas leurs œuvres, car ils disent et ne font pas."  (Mt XXIII, 1-3). Plus encore, Notre Seigneur ne renvoya pas St. Pierre après son triple reniement durant la nuit de la Passion, mais le confirma dans ses fonctions après que Pierre eut fait réparation pour son péché (Jn XXI, 15-17). [Mais c'est hors sujet]

9.2. Notre Dame était-elle sédévacantiste? Quand elle apparut à Fatima, Notre Dame demanda que la consécration de la Russie soit faite par le pape en union avec les évêques du monde entier.  Comme nous le savons, une telle consécration n'a pas encore eu lieu. S'il n'y avait plus de pape, cela voudrait dire que Notre Dame se serait trompée quand elle avait prédit que la consécration aurait bien lieu, mais tard.

9.3. Mots de sagesse: A la fin de cette étude, je voudrais citer le grand Dom Marmion: "Quand nous paraîtrons devant le Christ au dernier jour, il ne nous demandera pas si nous avons beaucoup jeûné, si nous avons vécu dans la pénitence, si nous avons passé de nombreuses heures en oraison; non, mais si nous avons aimé nos frères. Est-ce donc que les autres commandements seront laissés de côté ? Non certes; mais leur accomplissement n'aura servi à rien si nous n'avons pas observé le précepte de l'amour fraternel, si cher à Notre-Seigneur puisque c'est son commandement que nous nous aimions les uns les autres." (44) Permettez-moi une paraphrase: quand nous apparaîtrons devant le Christ, il ne nous demandera pas notre opinion sur la légitimité du pontificat de Jean-Paul II. Il nous demandera plutôt si nous avons gardé la foi,[Qui détient les clefs du Royaume des cieux, à qui doit-on être soumis pour le salut?] et si nous l'avons nourrie en assistant à des messes valides et en recevant des sacrements valides. Telle est la mission de la Fraternité St. Pie X, de fournir aux âmes ces moyens nécessaires de sanctification.

 


Références:

1.  Sedevacantism, par Mgr. Mark A. Pivarunas, Cmri. Mgr. Pivarunas est le supérieur de la Congregatio Mariae Reginae Immaculatae (Congrégation de Marie Reine Immaculée).  Mgr. Pivarunas a reçu son épiscopat d'évêques de la lignée de Mgr. Thuc.  Les prêtres de la CMRI sont en charge de l'école du Mont St. Michel, à Spokane, WA, USA.

2.  Toutes mes références au droit canon sont basées sur le Code de Droit Canon publié en 1917 sous le Pape Benoît XV.

3. LNM: j'utiliserai cette abréviation pour le livre La Nouvelle Messe de Paul VI: Qu'en penser?

4. TFP (Tradition, Famille, Propriété) est un mouvement qui a été fondé au Brésil dans les années trente par Professeur Plinio Correa de Oliviera qui, pour 40 ans, a été un ami proche de Mgr. Antonio de Castro Mayer.  Plinio a écrit un livre fameux sur la réforme agraire au Brésil, où il défendit avec succès les principes Catholiques.  Cependant, au début des années 80, Mgr. Antonio de Castro Mayer se sépara publiquement de la TFP quand il fut convaincu que la TFP était devenue une secte basée sur le culte de la personnalité, et ayant pour but la glorification du fondateur brésilien, Dr. Plinio Correa de Oliveira.  Des jeunes de tendance idéaliste et religieuse ont été attirés par ce programme très convainquant.  Ces appels à la tradition morale dogmatique et liturgique, très attirants en nos temps difficiles, sont malheureusement utilisés comme appâts pour attirer des individus dans la secte.

5. L'hérésie Monothélite prétend qu'il n'y a seulement une volonté chez Notre Seigneur, niant par là l'existence de ses volontés humaines et divines.

6.   LNM, p 246

7. LNM, p 276- 279

8. R.P. Réginald Garrigou-Lagrange o.p. (†1964): Il fut l'un des plus talentueux théologiens du XXe siècle. Il était particulièrement réputé pour sa capacité extraordinaire de faire une synthèse de la pensée de St. Thomas d' Aquin. Dans ses nombreux ouvrages, il s'est montré comme un théologien thomiste et romain accompli. cf Pour La Sainte Église Romaine, V.A. Berto, Cèdre, 1976.

9. Canon Law: A Text and Commentary, Bouscaren, 1951

10. Canon 1556

11. A Practical Commentary on the Code of Canon Law, Woywod Smith, 1943

12. Récemment, à nouveau, le Pape Jean-Paul II a fait les louanges de son prédécesseur Paul VI, et du Concile Vatican II qui "a marqué un vrai renouveau de l'Église.". Il a ajouté: "L'Église est vivante aujourd'hui plus que jamais! Mais: quand on y pense, il reste encore beaucoup à faire le travail commence aujourd'hui et e finit jamais." Angelus, Castelgandolfo, le 9 août 2004.

13. Le Sel de la Terre, #49 (2004), p. 28. Revue trimestrielle d'études théologiques de qualité, publiée par les pères dominicains traditionnels d'Avrillé, France.  Cette revue est dans l'esprit de Mgr. Marcel Lefebvre et de la FSSPX dans le combat pour la Tradition.

14. DTC (Dictionnaire de Théologie Catholique), Dublanchy, article Église, col. 2143

15. Constitution Pastor Aeternus, 18 Juillet 1870

16. De L'Église et de sa Divine Constitution, Dom Gréa, Paris, 1885, p. 153. Cet ouvrage donne un commentaire de la constitution dogmatique Pastor Aeternus du Concile Vatican I.  Il contient aussi une section très intéressante au sujet de "l'action extraordinaire de l'épiscopat", qui donne une justification doctrinale aux actions des évêques Catholiques en temps de crise.  Dom Gréa énumère trois raisons: 1. Un état de nécessité tel que l'existence même de la religion serait en danger; 2. Si le ministère des pasteurs ordinaires est annihilé ou est rendu impuissant; 3. Quand il n'y a pas d'espoir de recours possible au Saint Siège.

17. Sedevacantism, par Mgr. Mark A. Pivarunas, Cmri, op. cit.

18. Constitution Apostolique, Vacantis Apostolicae Sedis, 8 décembre 1945

19. A Heretical Pope Would Govern The Church Illicitly But Validly, Living Tradition, Mai 2000

20. La Nouvelle Messe et le Pape, Mgr. Lefebvre, le 8 novembre 1979

21. Billot, Tractatus de Ecclesia Christi, Vol. I, pp. 612-613.  Avec le Père Garrigou-Lagrange o.p., Louis Card. Billot s.j. était l'un des plus grands et plus qualifiés théologiens du XXe siècle.  Il était un ami proche du P. Henri Le Floch C.S. Sp., supérieur du séminaire français de Rome, où Mgr. Lefebvre fit ses études.  Citons M. l'abbé Berto, qui étudia aussi dans le même séminaire sous le P. Le Floch, et qui fut le théologien personnel de Mgr. Lefebvre pendant le Concile Vatican II: "Le génie du Cardinal Billot fut d'avoir retrouvé, séparé, dilaté, renouvelé la doctrine de l'Ange de l'École (St. Thomas d'Aquin); de l'avoir enseigné dans sa pureté avec un accent personnel et une maîtrise incomparable." Pour La Sainte Église Romaine, V.A. Berto, Cèdre, 1976. p. 110

22. Canon 233 #2: "Si, cependant, le Pontife Romain annonce la création de (quelque) cardinal en Consistoire, (mais) garde son nom réservé dans son Coeur, celui qui a été promu entre-temps ne reçoit aucun des droits et privilèges d'un Cardinal, mais, quand le Pontife Romain rend son nom public par la suite, il bénéficiera alors de ces privilèges depuis le jour de la publication, mais avec le droit de préséance depuis (le temps) de la réservation dans le coeur."

23. Sedevacantism - A False Solution to a Real Problem, pp. 51-57, Angelus Press, 2003

24. R.P. (ensuite Mgr.) Michel Guérard des Lauriers o.p. (+1988).  Dans les années 70, le P. Guérard avait été appelé par Mgr. Lefebvre pour enseigner au séminaire d'Ecône.  Plus tard, Mgr. Lefebvre dût renvoyer le P. Guérard des Lauriers à cause de ses thèses sédévacantistes.  Vers la fin des années 70, le P. Guérard des Lauriers avait élaboré sa thèse du pape matériel, connue sous le nom de thèse de Cassiciacum.  En 1981, il fut consacré évêque par Mgr. Thuc.

25. La Nouvelle Messe et le Pape, Mgr. Lefebvre, le 8 novembre 1979

26. Concerning a sedevacantist Thesis, SiSiNoNo, édition anglaise, Novembre 1998

27. Concile de Constance, Session VIII: erreur #8 de Jean Wycliffe

28. Concile de Constance, Session XV: erreur #20 de Jean Hus

29. Is a Sedevacantist to be considered a non-Catholic? Questions/Answers, Fr. Peter Scott, Angelus magazine www.sspx.org

30. Sedevacantism, par Mgr. Mark A. Pivarunas, Cmri

31. Sedevacantism, par Mgr. Mark A. Pivarunas, Cmri

32. Le Sel de la Terre, #47 (2003), p.73

33. LNM, p 317

34. DTC (Dictionnaire de Théologie Catholique), Dublanchy, article Infaillibilité du Pape, col. 1716

35. Pope or Church?  Angelus Press, 1998.  Voici le titre français original de ces études: Le Magistère pontifical ordinaire, lieu théologique, par Dom Paul Nau, et L'infaillibilité du Magistère Ordinaire de l'Église, par le P. René-Marie (Chanoine Berthod).  Malheureusement, la version française n'est pas actuellement disponible en librairie.

36. LNM, p 318

37. Le Sel de la Terre, #47 (2003)

38. Le Sel de la Terre, #47 (2003), p. 47

39. La Nouvelle Messe et le Pape, Mgr. Lefebvre, le 8 novembre 1979

40. L'Année Liturgique, Le Temps de la Septuagésime, Volume 4, fête de St. Cyrille d'Alexandrie, Dom Guéranger, p. 321-322.

41. Déclaration du 21 novembre 1974

42. Constitution Pastor Aeternus, le 18 juillet 1870

43. La Nouvelle Messe et le Pape, Mgr. Lefebvre, le 8 novembre 1979

44. Le Christ, vie de l'âme, Dom Marmion, p. 433

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Vendredi des Quatre-Temps de Septembre mémoire de Notre Dame de la Merci

24 Septembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Vendredi des Quatre-Temps de Septembre mémoire de Notre Dame de la Merci

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Faites-nous la grâce, nous vous en prions, Dieu tout-puissant, qu’en observant religieusement chaque année ces saintes pratiques, nous vous soyons agréables, et dans nos corps et dans nos âmes.

Lecture Os 14, 2-10

Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Convertis-toi, Israël, au Seigneur ton Dieu, puisque tu es tombé par ton iniquité. Apportez avec vous des paroles, et convertissez-vous au Seigneur ; dites-lui : Enlevez toutes les iniquités, recevez le bien et nous vous offrirons, au lieu de taureaux, l’hommage de nos lèvres. Assur ne nous sauvera pas, nous ne monterons pas sur des chevaux, et nous ne dirons plus : Les œuvres de nos mains sont nos dieux ; parce que vous aurez pitié de l’orphelin, qui est chez vous. Je guérirai leurs brisures, je les aimerai par une pure bonté, car ma fureur s’est détournée d’eux. Je serai comme la rosée ; Israël germera comme le lis, et sa racine s’élancera comme celle du Liban. Ses branches s’étendront, sa gloire sera semblable à l’olivier, et son parfum comme celui du Liban. Ils reviendront s’asseoir sous son ombre ; ils vivront de froment et ils germeront comme la vigne ; leur renommée sera comme celle du vin du Liban. Ephraïm, qu’ai-je à faire encore avec les idoles ? C’est moi qui l’exaucerai et qui le ferai croître comme un sapin verdoyant ; c’est moi qui te ferai porter ton fruit. Qui est sage, pour comprendre ces choses ? Qui a l’intelligence, pour les connaître ? Car les voies du Seigneur sont droites, et les justes y marcheront ; mais les prévaricateurs y périront

Évangile Lc. 7, 36-50

En ce temps-là, un pharisien pria Jésus de manger avec lui. Et étant entré dans la maison du pharisien, il se mit à table. Et voici qu’une femme, qui était une pécheresse dans la ville, ayant su qu’il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d’albâtre, rempli de parfum ; et se tenant derrière lui, à ses pieds, elle se mit à arroser ses pieds de ses larmes, et elle les essuyait avec les cheveux de sa tête, et elle baisait ses pieds et les oignait de parfum. Voyant cela, le pharisien qui l’avait invité dit en lui-même : Si cet homme était prophète, il saurait certainement qui et de quelle espèce est la femme qui le touche ; car c’est une pécheresse. Et Jésus, prenant la parole, lui dit : Simon, j’ai quelque chose à te dire. Il répondit : Maître, dites. Un créancier avait deux débiteurs, l’un devait cinq cents deniers, et l’autre cinquante. Comme ils n’avaient pas de quoi les rendre, il leur remit à tous deux leur dette. Lequel donc l’aimera davantage ? Simon répondit : Je pense que c’est celui auquel il a remis davantage. Jésus lui dit : Tu as bien jugé. Et se tournant vers la femme, il dit à Simon : Tu vois là cette femme ? Je suis entré dans ta maison : tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds ; mais elle a arrosé mes pieds de ses larmes, et elle les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas donné de baiser ; mais elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé de baiser mes pieds. Tu n’as pas oint ma tête d’huile ; mais elle, elle a oint mes pieds de parfum. C’est pourquoi, je te le dis, beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on remet moins, aime moins. Alors il dit à cette femme : Tes péchés te sont remis. Et ceux qui étaient à table avec lui commencèrent à dire en eux-mêmes : Quel est celui-ci, qui remet les péchés ? Et il dit à la femme : Ta foi t’a sauvée ; va en paix.

Office

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Première leçon. Quel est donc celui que représente le Pharisien présumant de sa fausse justice, si ce n’est le peuple juif ; quelle est celle que désigne la femme pécheresse, suivant les pas du Seigneur et pleurant, si ce n’est la Gentilité convertie ? Elle vint avec un vase d’albâtre, répandit le parfum, se tint en arrière aux pieds du Seigneur, inonda ses pieds de ses larmes, les essuya avec ses cheveux, et elle ne cessa de baiser ces mêmes pieds qu’elle inondait et essuyait. C’est donc nous que cette femme représente, si, après nos péchés, nous retournons au Seigneur de tout cœur, si nous imitons les pleurs de sa pénitence. Que veut en effet dire ce parfum, si ce n’est la bonne odeur de notre réputation ? C’est pourquoi saint Paul dit : « Nous sommes en tout lieu pour Dieu la bonne odeur du Christ. »

Deuxième leçon.Si donc nous faisons des œuvres bonnes, qui répandent dans l’Église l’odeur d’une bonne réputation, que faisons-nous en ce qui concerne le corps du Seigneur, sinon de l’inonder de parfum ? Mais la femme se tint aux pieds de Jésus : nous nous mettons devant les pieds du Seigneur quand nous nous opposons à ses voies par nos péchés ; mais si nous nous convertissons après nos fautes et embrassons une pénitence sincère, alors nous nous tenons en arrière, à ses pieds, car nous voulons suivre ses pas au lieu de les arrêter. La femme arrose ses pieds de ses larmes : ce que nous faisons aussi vraiment si, par un sentiment de compassion, nous nous inclinons vers le moindre des membres du Seigneur, si nous prenons part à la souffrance de ses saints dans la tribulation ; si, leur tristesse, nous la considérons comme notre tristesse.

Troisième leçon.Nous essuyons donc de nos cheveux les pieds du Seigneur, lorsque nous montrons notre pitié pour ses saints, auxquels nous compatissons par charité, même au moyen de notre superflu : de telle façon que notre esprit souffre dans sa compassion, au point qu’une main généreuse montre le sentiment vif de la douleur. Celui-là en effet mouille de ses larmes les pieds du Rédempteur, mais ne les essuie pas de ses cheveux, qui compatit, il est vrai, à la douleur de son prochain, mais ne lui vient pas en aide de son superflu. Il pleure, mais il n’essuie pas, celui qui lui présente les paroles de la douleur, mais qui, ne lui présentant pas ce qui lui manque, n’enlève pas du tout la force de la douleur. La femme baise les pieds qu’elle essuie ; ce que nous aussi nous faisons véritablement, si nous aimons ardemment ceux que nous soutenons de notre libéra- ;lité, de façon que le besoin du prochain ne nous soit pas à charge ; que son indigence, que nous soulageons, ne nous soit pas un fardeau et que, alors que la main présente le nécessaire, notre esprit ne soit pas engourdi loin de l’affection.

 

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Saint Lin pape et martyr mémoire de Sainte Thècle Vierge et Martyre

23 Septembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saint Lin pape et martyr mémoire de Sainte Thècle Vierge et Martyre

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Pasteur éternel de l’Église, regardez avec bienveillance votre troupeau, protégez-le et gardez-le toujours. Nous vous le demandons par le bienheureux Pape Lin votre Martyr que vous avez placé comme berger à la tête de l’Église.

Office

Quatrième leçon. Le Pape saint Lin, né à Volterra en Toscane, gouverna l’Église immédiatement après saint Pierre. Telles étaient sa foi et sa sainteté, qu’il chassait les démons, et que même il ressuscitait les morts. Il a relaté par écrit les actions de saint Pierre, et principalement sa conduite à l’égard de Simon le magicien. II décréta qu’aucune femme n’entrerait dans une église sans avoir la tête couverte d’un voile. A cause de sa constance dans la foi chrétienne, ce Pontife eut la tête tranchée, sur l’ordre du consulaire Saturnin, monstre d’impiété et d’ingratitude, dont il avait délivré la fille des démons qui l’obsédaient. Lin fut enseveli au Vatican, près du tombeau du prince des Apôtres, le neuf des calendes d’octobre. Il avait occupé le Siège pontifical onze ans, deux mois et vingt-trois jours, et, en deux fois, au mois de décembre, consacré quinze Évêques et ordonné dix-huit Prêtres.

 

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Mercredi des Quatre-Temps de Septembre

22 Septembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Mercredi des Quatre-Temps de Septembre

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Faites, nous vous en supplions, Seigneur, que notre faiblesse ait pour se soutenir les remèdes de votre miséricorde en sorte que si elle est entraînée vers la terre du fait de sa condition propre, elle soit relevée grâce à votre clémence.

Lecture Am 9, 13-15

Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Voici, les jours viennent, où le laboureur suivra de près le moissonneur, où celui qui foule les raisins suivra celui qui répand la semence ; les montagnes feront couler la douceur, et toutes les collines seront cultivées. Je ramènerai les captifs de mon peuple Israël ; ils rebâtiront les villes désertes, et ils les habiteront ; ils planteront des vignes, et ils en boiront le vin ; ils feront des jardins, et ils en mangeront les fruits. Je les planterai dans leur terre, et je ne les arracherai plus à l’avenir du pays que je leur ai donné, dit le Seigneur ton Dieu.

Lecture Neh. vel 2 Esdr. 8, 1-10

En ces jours-là, tout le peuple s’assembla comme un seul homme sur la place qui est devant la porte des Eaux. Et ils prièrent Esdras, le scribe, d’apporter le livre de la loi de Moïse, que le Seigneur avait prescrite à Israël. Et le prêtre Esdras apporta la loi devant l’assemblée des hommes et des femmes, et de tous ceux qui pouvaient l’entendre, le premier jour du septième mois. Et il lut distinctement dans ce livre sur la place qui était devant la porte des Eaux, depuis le matin jusqu’à midi, en présence des hommes, des femmes et de ceux qui étaient capables de l’entendre, et tout le peuple avait les oreilles attentives à la lecture de ce livre. Esdras, le scribe, se tint debout sur une estrade de bois qu’il avait faite pour parler au peuple. Esdras ouvrit le livre devant tout le peuple, car il était élevé au-dessus de tous ; et après qu’il l’eut ouvert, tout le peuple se tint debout. Et Esdras bénit le Seigneur, le grand Dieu ; et tout le peuple, levant les mains, répondit : Ainsi soit-il, ainsi soit-il. Et ils s’inclinèrent, et adorèrent Dieu prosternés jusqu’à terre. Cependant les lévites faisaient faire silence au peuple, afin qu’il écoutât la loi. Or le peuple se tenait debout, chacun à sa place. Et ils lurent dans le livre de la loi de Dieu distinctement et d’une manière très intelligible, et le peuple entendit ce qu’on lui lisait. Or Néhémie, Esdras, prêtre et scribe, et les lévites qui interprétaient la loi dirent à tout le peuple : Ce jour est consacré au Seigneur notre Dieu ; ne vous attristez point et ne pleurez pas. Et il leur dit : Allez, mangez des viandes grasses et buvez de douces liqueurs, et faites-en part à ceux qui n’ont rien préparé, car ce jour est consacré au Seigneur ; et ne vous attristez point, car la joie du Seigneur est notre force.

Évangile Mc. 9, 16-28

En ce temps-là, un homme de la foule, prenant la parole, dit : Maître, je vous ai amené mon fils, qui est possédé d’un esprit muet ; et en quelque lieu qu’il le saisisse, il le jette à terre, et l’enfant écume, grince des dents et se dessèche. J’ai dit à vos disciples de le chasser, mais ils ne l’ont pu. Jésus leur répondit : O génération incrédule, jusques à quand serai-je avec vous ? Jusques à quand vous souffrirai-je ? Amenez-le-moi. Ils l’emmenèrent ; et aussitôt qu’il eut vu Jésus, l’esprit l’agita avec violence, et, jeté à terre, il se roulait en écumant. Jésus demanda au père de l’enfant : Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive ? Il répondit : Depuis son enfance, et l’esprit l’a souvent jeté dans le feu et dans l’eau, pour le faire périr. Mais, si vous pouvez quelque chose, secourez-nous, ayez pitié de nous. Jésus lui dit : Si tu peux croire, tout est possible à celui qui croit. Et aussitôt le père de l’enfant s’écria avec larmes : Je crois, Seigneur ; aidez mon incrédulité. Et Jésus, voyant accourir la foule, menaça l’esprit impur, et lui dit : Esprit sourd et muet, je te l’ordonne, sors de cet enfant, et ne rentre plus en lui. Alors l’esprit, poussant des cris et l’agitant avec violence, sortit, et l’enfant devint comme mort, de sorte que beaucoup disaient : Il est mort. Mais Jésus, l’ayant pris par la main, le souleva, et il se leva. Lorsque Jésus fut entré dans la maison, ses disciples lui demandaient en secret : Pourquoi n’avons-nous pas pu le chasser ? Il leur répondit : Cette sorte de démon ne peut se chasser que par la prière et par le jeûne.

Office

Homélie de saint Bède le Vénérable, Prêtre.

Première leçon. Ce démoniaque, que le Seigneur guérit en descendant de la montagne, saint Marc dit qu’il était sourd et muet ; saint Matthieu, qu’il était lunatique. Il nous paraît l’image de ces hommes dont il est écrit : « L’insensé est changeant comme la lune ; » de ceux qui, ne demeurant jamais dans le même état, portés tantôt à tels vices et tantôt à tels autres, semblent croître et décroître. Ils sont muets, ne confessant pas la foi ; sourds, n’entendant pas, jusqu’à un certain point, la parole même de la vérité. Ils écument, quand leur sottise les rend sans consistance, comme l’eau. C’est en effet le propre des fous, des malades énervés et des gens hébétés, de laisser échapper de leur bouche l’écume salivaire. Ils grincent des dents, lorsqu’ils sont enflammés par la fureur de la colère ; ils se dessèchent, lorsqu’ils languissent dans la torpeur de l’oisiveté, et ils vivent sans énergie, n’étant soutenus par aucune des forces de la vertu.

Deuxième leçon. Cette parole [du père du possédé] : « J’ai dit à vos disciples de la chasser, [ce démon,] et ils ne l’ont pu », accuse indirectement les Apôtres, quoique l’impossibilité de guérir soit rapportée parfois, non point à la faiblesse de ceux qui sont appelés à procurer la guérison, mais à l’état de la foi en ceux qui demandent à être guéris, le Seigneur ayant prononcé cette parole : « Qu’il te soit fait selon ta foi. » Jésus s’adressant à la foule, s’écria : « O race incrédule, jusqu’à quand serai-je avec vous ? Jusqu’à quand vous supporterai-je ? » [La patience du divin Maître] n’était ni lassée ni vaincue, car il est plein de bonté et de douceur lui qui, « semblable à l’agneau devant celui qui le tond, n’ouvrit pas la bouche, » et n’éclata pas en paroles de colère ; mais, à la façon d’un médecin qui verrait son malade se conduire contrairement à ses prescriptions, le Sauveur semble dire : Jusqu’à quand viendrai-je en ta maison ? jusqu’à quel point perdrai-je les soins de mon art, car j’ordonne une chose et tu en fais une autre ?

Troisième leçon. « Il leur dit : Ce genre [de démons] ne peut se chasser que par la prière et le jeûne. » En instruisant les Apôtres sur la manière dont le démon le plus méchant doit être chassé, Jésus-Christ nous donne à tous une règle de vie, afin que nous sachions que les tentations les plus fortes, provenant soit des esprits immondes, soit des hommes, doivent être vaincues par les jeûnes et les prières, et que la colère du Seigneur aussi, lorsqu’elle s’est allumée pour venger nos crimes, peut être apaisée par ce remède spécial. Or, le jeûne, en un sens général, consiste à s’abstenir non seulement des aliments, mais de tous les plaisirs charnels ; bien plus, à se défendre de toute affection au mal. Pareillement, la prière, en un sens général, ne s’entend pas seulement des paroles par lesquelles nous invoquons la clémence divine, mais aussi de tous l !es actes que nous accomplissons avec la dévotion de la foi pour servir notre Créateur.

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