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Regnum Galliae Regnum Mariae

VIIème jour dans l’Octave de la Nativité mémoire Saint Silvestre Ier Pape et Confesseur

31 Décembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

VIIème jour dans l’Octave de la Nativité mémoire Saint Silvestre Ier Pape et Confesseur

Collecte

Faites, nous vous en prions, Dieu tout-puissant, que la solennité vénérable du bienheureux Silvestre, votre Confesseur et Pontife, augmente en nous la dévotion, et nous aide pour notre salut.

Office

Au premier nocturne.

De l’Épître aux Romains. Cap. 3, 19-31

Première leçon. Or nous savons que tout ce que dit la loi, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, de sorte que toute bouche soit fermée, et que tout le monde devienne soumis à Dieu ; parce que nulle chair ne sera justifiée devant lui par les œuvres de la loi. Car, par la loi, on n’a que la connaissance du péché. Tandis que maintenant, sans la loi, la justice de Dieu a été manifestée, étant confirmée par te témoignage de la loi et des prophètes. Or la justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ est pour tous ceux et sur tous ceux qui croient en lui, car il n’y a point de distinction.
Deuxième leçon. Parce que tous ont péché et ont besoin de la gloire de Dieu. Étant justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus, que Dieu a établi propitiation par la foi en son sang, pour montrer sa justice par la rémission des péchés précédents, que Dieu a supportés pour montrer sa justice en ce temps, afin qu’il soit juste lui-même, et qu’il justifie celui qui a la foi en Jésus-Christ.
Troisième leçon. Où donc est le sujet de ta gloire ? Il est exclu. Par quelle loi ? Des œuvres ? Non, mais par la loi de la foi. Car nous reconnaissons que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi. Dieu est-il le Dieu des Juifs seulement ? Ne l’est-il pas aussi des Gentils ? Oui, certes, des Gentils aussi, puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu qui justifie les circoncis par la foi, et les incirconcis par la foi. Nous détruisons donc la loi par la foi ? Loin de là ; car nous établissons la loi.
 

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Silvestre était romain, et son père se nommait Rufin. Dès sa jeunesse, il eut pour maître le Prêtre Cyrinus, dont il imita parfaitement la science et les mœurs. Tant que sévit la persécution, il demeura caché sur le mont Soracte ; mais à l’âge de trente ans, il fut ordonné Prêtre de la sainte Église romaine, par le Pontife Marcellin. Comme il s’acquittait de cet office d’une manière digne de toute louange, surpassant tous les autres clercs, il fut, dans la suite, choisi pour succéder au Pape Melchiade, sous l’empereur Constantin, qui venait d’accorder, par une loi la paix à l’Église du Christ. Dès qu’il eut pris en main le gouvernement de l’Église, il encouragea fortement Constantin (illustre déjà par l’apparition d’une croix dans le ciel et par sa victoire sur le tyran Maxence), à protéger et à propager la religion chrétienne. Comme une vieille tradition de l’Église romaine le rapporte, il lui fit reconnaître les portraits des Apôtres, le lava dans les eaux du saint baptême et le purifia de la lèpre de l’infidélité.
Cinquième leçon. Aussi le pieux empereur, à l’instigation de Silvestre, auquel il avait accordé la faculté de construire des temples publics pour les fidèles du Christ, confirma cette faculté de son propre exemple. Il érigea, en effet, beaucoup de basiliques : celle de Latran, dédiée au Christ Sauveur, de saint Pierre au Vatican, de saint Paul sur la voie d’Ostie, de saint Laurent dans l’Agro Verano, de la sainte Croix dans le palais Sessorianus, des saints Pierre et Marcellin et de sainte Agnès sur les voies Lavicane et Nomentane, et d’autres encore. L’empereur les orna avec splendeur d’images saintes, et les enrichit avec magnificence par les dons et les domaines qu’il leur assigna. Sous le pontificat de Silvestre fut tenu le premier concile de Nicée, où ses légats présidèrent et où Constantin assista. La sainte foi catholique y fut expliquée par trois cent dix-huit Évêques ; Arius et ses sectateurs furent condamnés. A la demande des Pères, Silvestre confirma encore ce concile dans un synode tenu à Rome, où Arius fut de nouveau condamné. Silvestre rendit beaucoup de décrets utiles à l’Église de Dieu, et qui restent connus sous son nom : à savoir, que l’Évêque seul consacrerait le Chrême ; que, dans l’administration du baptême, le Prêtre oindrait avec du Chrême le sommet de la tête du baptisé ; que les Diacres porteraient la dalmatique à l’église, qu’ils auraient sur le bras gauche le manipule de lin ; enfin que le sacrifice de l’autel ne serait offert que sur un voile de lin.

Sixième leçon. On rapporte que saint Silvestre fixa aussi, pour tous ceux qui entreraient dans les ordres, un certain temps, durant lequel ils devraient exercer successivement leur ordre dans l’Église, avant d’être élevés au degré supérieur. Il statua encore qu’un laïque ne pourrait porter d’accusation contre un ecclésiastique, et qu’un clerc ne plaiderait pas sa cause devant un tribunal séculier. Il voulut qu’à l’exception du Samedi et du Dimanche, les jours de la semaine fussent désignés sous le nom de Féries, comme on avait déjà commencé à le faire auparavant dans l’Église, pour signifier que les clercs doivent ne s’occuper absolument que de Dieu seul, se dégageant de tout ce qui est étranger à son service. La grande sainteté de Silvestre, et sa bonté envers les pauvres, répondirent constamment à cette sagesse céleste avec laquelle il gouvernait l’Église. Il pourvut à ce que les ecclésiastiques dans le besoin vécussent en commun avec ceux qui étaient riches, et à ce que l’on procurât aux vierges consacrées les ressources nécessaires pour leur subsistance. Il vécut dans le pontificat vingt et un ans, dix mois et un jour. Il fut enterré dans le cimetière de Priscille, sur la voie Salaria. En sept ordinations du mois de décembre, il ordonna quarante-deux Prêtres et vingt-cinq Diacres et consacra soixante-cinq Évêques pour divers lieux.

Jusqu’ici, nous avons contemplé les Martyrs au berceau de l’Emmanuel. Étienne, qui a succombé sous les cailloux du torrent ; Jean, Martyr de désir, qui a passé par le feu ; les Innocents immolés par le glaive ; Thomas, égorgé sur le pavé de sa cathédrale : tels sont les champions qui font la garde auprès du nouveau Roi. Cependant, si nombreuse que soit la troupe des Martyrs, tous les fidèles du Christ ne sont pas appelés à faire partie de ce bataillon d’élite ; le corps de l’armée céleste se compose aussi des Confesseurs qui ont vaincu le monde, mais dans une victoire non sanglante. Si la place d’honneur n’est pas pour eux, ils ne doivent pas cependant être déshérités de l’avantage de servir leur Roi. La palme, il est vrai, n’est pas dans leurs mains ; mais la couronne de justice ceint leurs têtes. Celui qui les a couronnés se glorifie aussi de les voir à ses côtés.

Il était donc juste que la sainte Église, pour réunir, dans cette triomphante Octave, toutes les gloires du ciel et de la terre, inscrivît en ces jours, sur le Cycle, le nom d’un saint Confesseur qui dût représenter tous les autres. Ce Confesseur est Silvestre, Époux de la sainte Église Romaine, et par elle de l’Église universelle, un Pontife au règne long et pacifique, un serviteur du Christ orné de toutes les vertus, et donné au monde le lendemain de ces combats furieux qui avaient duré trois siècles, dans lesquels avaient triomphé, par le martyre, des millions de chrétiens, sous la conduite de nombreux Papes Martyrs, prédécesseurs de Silvestre.

Silvestre annonce aussi la Paix que le Christ est venu apporter au monde, et que les Anges ont chantée en Bethléem. Il est l’ami de Constantin, il confirme le Concile de Nicée, il organise la discipline ecclésiastique pour l’ère de la Paix. Ses prédécesseurs ont représenté le Christ souffrant : il figure le Christ dans son triomphe. Il complète, dans cette Octave, le caractère du divin Enfant qui vient dans l’humilité des langes, exposé à la persécution d’Hérode, et cependant Prince de la Paix, et Père du siècle futur.

D’anciens livres liturgiques de l’Italie avaient un Office propre de saint Silvestre. Nous avons trouvé dans le Bréviaire de l’antique Église abbatiale, aujourd’hui collégiale de Sainte-Barbe, à Mantoue, le bel Office auquel nous empruntons les traits suivants, pris dans les Antiennes et les Répons dont il est composé.

Les flots des persécutions étant tombés, sous le bienheureux Silvestre, la religion du Seigneur Christ se propage dans toute l’étendue de l’empire romain.
Silvestre a pieusement administré toutes choses ; il a propagé la foi, et assuré liberté et confiance à la prédication évangélique dans cette ville à qui obéissent les royaumes.
Il a supporté beaucoup de tribulations, qui ont accru le mérite de sa vie ; il a établi beaucoup de règlements dans lesquels éclate sa science.
Silvestre était un homme saint : sa vie sur la terre était céleste ; et comme sa sainteté était insigne, il administra l’Église de Dieu avec une prudence digne du ciel.
Élu Pontife de Dieu, pour fuir la cruauté du tyran Maxence, il chercha une retraite sur le Soracte ; et de là, il priait le Seigneur de donner enfin la paix à son Église.
Pendant qu’il est ainsi caché, l’empereur Constantin, sur l’avertissement des Apôtres Pierre et Paul, le fait appeler ; Silvestre soulage et guérit dans le bain salutaire du baptême ce prince affligé de la lèpre.
Il instruit pleinement le César Constantin dans la foi du Christ, et, le premier, consacre publiquement en Église, sous le nom du Sauveur, la basilique de cet Auguste.
Tout occupé de la gloire de Dieu et du salut des hommes, Silvestre instruit le peuple des préceptes de la doctrine du salut ; il le délivre, par une merveilleuse doctrine, des atteintes du serpent plein d’artifices.
Convoquant le Synode universel de Nicée, où figure un nombre mystique de Pontifes, il renverse les machinations des hérétiques par la vertu de l’Esprit-Saint.
C’est là le saint Pontife dans les jours duquel le Christ a donné la paix à l’Église ; et l’empire romain a incliné, sous les pieds d’un prêtre, le faite sublime de son antique gloire.
O bienheureux Pontife ! Pasteur admirable de l’Église universelle, vous que le Seigneur a glorifié en présence de toutes les nations, et a élevé au-dessus du César de Rome, maintenant triomphant dans la gloire céleste, priez pour nous le Seigneur.
O lumière et splendeur éclatante ! très saint et bienheureux Silvestre, aux jours duquel la nuée des persécutions, qui menaçait le peuple fidèle, s’est dissipée, et la tranquillité de la paix a apparu, aidez-nous par vos prières ; que par elles nous jouissions éternellement du bienfait du repos.

Pontife suprême de l’Église de Jésus-Christ, vous avez donc été choisi entre tous vos frères pour décorer de vos glorieux mérites la sainte Octave de la Naissance de l’Emmanuel. Vous y représentez dignement le chœur immense des Confesseurs, vous qui avez tenu, avec tant de vigueur et de fidélité, le gouvernail de l’Église après la tempête. Le diadème pontifical orne votre front ; et la splendeur du ciel se réfléchit sur les pierres précieuses dont il est semé. Les clefs du Royaume des cieux sont entre vos mains : et vous l’ouvrez pour y faire entrer les restes de la gentilité qui passent à la foi du Christ ; et vous le fermez aux Ariens, dans cet auguste Concile de Nicée, où vous présidez par vos Légats, et auquel vous donnez autorité, en le confirmant de votre suffrage apostolique. Bientôt des tempêtes furieuses se déchaîneront de nouveau contre l’Église ; les vagues de l’hérésie viendront battre la barque de Pierre ; vous serez déjà rendu au sein de Dieu ; mais vous veillerez, avec Pierre, sur la pureté de la Foi Romaine. Vous soutiendrez Jules, vous sauverez Libère ; et, par vos prières, l’Église Romaine sera le port où Athanase trouvera enfin quelques heures de paix.

Sous votre règne pacifique, Rome chrétienne reçoit le prix de son long martyre. Elle est reconnue Reine de l’humanité chrétienne, et son empire le seul empire universel. Le fils de votre zèle, Constantin, s’éloigne de cette ville de Romulus, aujourd’hui la cité de Pierre ; la seconde majesté ne veut pas être éclipsée par la première ; et, Byzance fondée, Rome demeure eux mains de son Pontife. Les temples des faux dieux croulent, et font place aux basiliques chrétiennes qui reçoivent la dépouille triomphale des saints Apôtres et des Martyrs. Enfin, la victoire de l’Église sur le Prince de ce monde est marquée, ô Silvestre, par la défaite de ce dragon qui infectait les hommes de son haleine empoisonnée, et que votre bras enchaîna pour jamais.

Étant honoré de dons si merveilleux, ô Vicaire du Christ, souvenez-vous de ce peuple chrétien qui a été le vôtre. Dans ces jours, il vous demande de l’initier au divin mystère du Christ Enfant. Par le sublime symbole qui contient la foi de Nicée, et que vous avez confirmé et promulgué dans toute l’Église, vous nous apprenez à le reconnaître Dieu de Dieu, Lumière de Lumière, engendré et non fait, consubstantiel au Père. Vous nous conviez à venir adorer cet Enfant, comme Celui par qui toutes choses ont été faites. Confesseur du Christ, daignez nous présenter à lui, comme l’ont daigné faire les Martyrs qui vous ont précédé. Demandez-lui de bénir nos désirs de vertu, de nous conserver dans son amour, de nous donner la victoire sur le monde et nos passions, de nous garder cette couronne de justice à laquelle nous osons aspirer, pour prix de notre Confession.

Pontife de la Paix, du séjour tranquille où vous vous reposez, considérez l’Église de Dieu agitée par les plus affreuses tourmentes, et sollicitez Jésus, le Prince de la Paix, de mettre fin à de si cruelles agitations. Abaissez vos regards sur cette Rome que vous aimez et qui garde si chèrement votre mémoire ; protégez, dirigez son Pontife. Qu’elle triomphe de l’astuce des politiques, de la violence des tyrans, des embûches des hérétiques, de la perfidie des schismatiques, de l’indifférence des mondains, de la mollesse des chrétiens. Qu’elle soit honorée, qu’elle soit aimée, qu’elle soit obéie. Que la majesté du sacerdoce se relève ; que la puissance spirituelle s’affranchisse, que la force et la charité se donnent la main ; que le règne de Dieu commence enfin sur la terre, et qu’il n’y ait plus qu’un troupeau et qu’un Pasteur.

Veillez, ô Silvestre, sur le sacré dépôt de la foi que vous avez conservé avec tant d’intégrité ; que sa lumière triomphe de tous ces faux et audacieux systèmes qui s’élèvent de toutes parts, comme les rêves de l’homme dans son orgueil. Que toute intelligence créée s’abaisse sous le joug des mystères, sans lesquels la sagesse humaine n’est que ténèbres ; que Jésus, Fils de Dieu, Fils de Marie, règne enfin, par son Église, sur les esprits et sur les cœurs.

Priez pour Byzance, autrefois appelée la nouvelle Rome, et devenue sitôt la capitale des hérésies, le triste théâtre de la dégradation du Christianisme. Obtenez que les temps de son humiliation soient abrégés. Qu’elle revoie les jours de l’unité ; qu’elle consente enfin à honorer le Christ dans son Vicaire ; qu’elle obéisse, afin d’être sauvée. Que les races égarées et perdues par son influence, recouvrent cette dignité humaine que la pureté de la foi seule maintient, que seule elle peut régénérer.

Enfin, ô vainqueur de Satan, retenez le Dragon infernal dans la prison où vous l’avez enfermé ; brisez son orgueil, déjouez ses plans ; veillez à ce qu’il ne séduise plus les peuples ; mais que tous les enfants de l’Église, selon la parole de Pierre, votre prédécesseur, lui résistent par la force de leur foi

 

Méditation

Rejetez donc toute méchanceté, toute ruse, les hypocrisies, les jalousies et toutes les médisances ;
comme des enfants nouveau-nés, soyez avides du lait non dénaturé de la Parole qui vous fera grandir pour arriver au salut, puisque vous avez goûté combien le Seigneur est bon.

Approchez-vous de Lui : il est la pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu.
Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus Christ.

En effet, il y a ceci dans l'Écriture : Je vais poser en Sion une pierre angulaire, une pierre choisie, précieuse ; celui qui met en elle sa foi ne saurait connaître la honte.

Ainsi donc, honneur à vous les croyants, mais, pour ceux qui refusent de croire, il est écrit : La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle, une pierre d'achoppement, un rocher sur lequel on trébuche. Ils achoppent, ceux qui refusent d'obéir à la Parole, et c'est bien ce qui devait leur arriver.
Mais vous, vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple, pour que vous annonciez les merveilles de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière.

Autrefois vous n'étiez pas un peuple, mais maintenant vous êtes le peuple de Dieu ; vous n'aviez pas obtenu miséricorde, mais maintenant vous avez obtenu miséricorde.

Bien-aimés, puisque vous êtes comme des étrangers résidents ou de passage, je vous exhorte à vous abstenir des convoitises nées de la chair, qui combattent contre l'âme.

Ayez une belle conduite parmi les gens des nations ; ainsi, sur le point même où ils disent du mal de vous en vous traitant de malfaiteurs, ils ouvriront les yeux devant vos belles actions et rendront gloire à Dieu, le jour de sa visite.

Soyez soumis à toute institution humaine à cause du Seigneur, soit à l'empereur, qui est le souverain, soit aux gouverneurs, qui sont ses délégués pour punir les malfaiteurs et reconnaître les mérites des gens de bien.
Car la volonté de Dieu, c'est qu'en faisant le bien, vous fermiez la bouche aux insensés qui parlent sans savoir.
Soyez des hommes libres, sans toutefois utiliser la liberté pour voiler votre méchanceté : mais soyez plutôt les esclaves de Dieu.

Honorez tout le monde, aimez la communauté des frères, craignez Dieu, honorez l'empereur.

Vous les domestiques, soyez soumis en tout respect à vos maîtres, non seulement à ceux qui sont bons et bienveillants, mais aussi à ceux qui sont difficiles.

En effet, c'est une grâce de supporter, par motif de conscience devant Dieu, des peines que l'on souffre injustement.
En effet, si vous supportez des coups pour avoir commis une faute, quel honneur en attendre ? Mais si vous supportez la souffrance pour avoir fait le bien, c'est une grâce aux yeux de Dieu.

C'est bien à cela que vous avez été appelés, car C'est pour vous que le Christ, lui aussi, a souffert ; Il vous a laissé un modèle afin que vous suiviez ses traces.

Lui n'a pas commis de péché ; dans sa bouche, on n'a pas trouvé de mensonge.

Insulté, il ne rendait pas l'insulte, dans la souffrance, il ne menaçait pas, mais il s'abandonnait à Celui qui juge avec justice.

Lui-même a porté nos péchés, dans son corps, sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris.

Car vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes. 1 P. 2

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Vème jour dans l’Octave de la Nativité mémoire de Saint Thomas Becket

29 Décembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Vème jour dans l’Octave de la Nativité  mémoire de Saint Thomas Becket

Collecte

O Dieu, pour l’Église de qui le glorieux Pontife Thomas est tombé sous le glaive des impies ; accordez-nous, nous vous en supplions, que tous ceux qui implorent son assistance, éprouvent l’effet salutaire de leurs supplications.

Office

Au deuxième nocturne.

 

Quatrième leçon. Thomas, né à Londres, en Angleterre, succéda à Théobald, Évêque de Cantorbéry. Il avait exercé auparavant, et avec honneur, la charge de chancelier et il se montra fort et invincible dans les devoirs de l’épiscopat. Henri II, roi d’Angleterre, ayant voulu, dans une assemblée des prélats et des grands de son royaume, porter des lois contraires à l’intérêt et à la dignité de l'Église, Thomas s’opposa à la cupidité du roi avec tant de constance, que, n’ayant voulu fléchir, ni devant les promesses ni devant les menaces, il se vit obligé de se retirer secrètement, parce qu’il allait être emprisonné. Bientôt tous ses parents, ses amis et ses partisans furent chassés du royaume, après qu’on eut fait jurer à tous ceux dont l’âge le permettait, d’aller trouver Thomas, afin d’ébranler, par la vue de l’état pitoyable des siens, cette sainte résolution, dont ne l’avaient nullement détourné ses propres souffrances. Il n’eut égard ni à la chair ni au sang, et aucun sentiment trop humain n’ébranla sa constance pastorale.
Cinquième leçon. Il se rendit auprès du Pape Alexandre III, qui le reçut avec bonté et le recommanda aux moines du monastère de Pontigny, de l’Ordre de Cîteaux, vers lequel il se dirigea. Dès qu’Henri l’eut appris, il envoya des lettres menaçantes au Chapitre de Cîteaux, dans le but de faire chasser Thomas du monastère de Pontigny. Le saint homme, craignant que cet Ordre ne souffrît quelque persécution à cause de lui, se retira spontanément, et sur l’invitation de Louis, roi de France, il alla demeurer auprès de lui. Il y resta jusqu’à ce que, par l’intervention du Souverain Pontife et du roi, il fut rappelé de l’exil, et rentra en Angleterre à la grande satisfaction du royaume entier. Comme il s’appliquait, sans rien craindre, à remplir les devoirs d’un bon pasteur, des calomniateurs vinrent rapporter au roi qu’il entreprenait beaucoup de choses contre le royaume et la tranquillité publique : en sorte que ce prince se plaignait souvent de ce que, dans son royaume, il y avait un Évêque avec lequel il ne pouvait avoir la paix.

Sixième leçon. Ces paroles du roi ayant fait croire à quelques détestables satellites qu’ils lui causeraient un grand plaisir s’ils faisaient mourir Thomas, ils se rendirent secrètement à Cantorbéry, et allèrent attaquer l’Évêque, dans l’église même où il célébrait l’Office des Vêpres. Les clercs voulant leur fermer l’entrée du temple, Thomas accourut aussitôt, et ouvrit lui-même la porte, en disant aux siens : « L’église de Dieu ne doit pas être gardée comme un camp ; pour moi, je souffrirai volontiers la mort pour l’Église de Dieu. » Puis, s’adressant aux soldats : « De la part de Dieu, dit-il, je vous défends de toucher à aucun des miens. » Il se mit ensuite à genoux, et après avoir recommandé l’Église et son âme à Dieu, à la bienheureuse Marie, à saint Denys et aux autres patrons de sa cathédrale, il présenta sa tête au fer sacrilège, avec la même constance qu’il avait mise à résister aux lois très injustes du roi. Ceci arriva le quatre des Calendes de janvier, l’an du Seigneur onze cent soixante et onze ; et la cervelle du Martyr jaillit sur le pavé du temple. Dieu l’ayant bientôt illustré par un grand nombre de miracles, le même Pape Alexandre l’inscrivit au nombre des Saints.

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Jean Chrysostome.

Septième leçon. Elle est grande, mes très chers frères, elle est grande, dis-je, la dignité de prélat dans l’Église, et elle exige beaucoup de sagesse et de force en celui qui en est revêtu ! Notre courage doit selon l’exemple proposé par Jésus-Christ, être tel que nous donnions notre vie pour nos brebis, que jamais nous ne les abandonnions, et que nous résistions généreusement au loup. C’est en cela que le pasteur diffère du mercenaire. L’un s’inquiète peu de ses brebis, et n’a de vigilance .que pour ses propres intérêts ; mais l’autre s’oublie lui-même et veille constamment au salut de son troupeau. Jésus-Christ donc, après avoir caractérisé le pasteur, signale deux sortes de personnes qui nuisent au troupeau : le voleur, qui ravit et égorge les brebis, et le mercenaire, qui ne repousse pas le voleur et ne défend pas les brebis confiées à sa garde.

Huitième leçon. C’est là ce qui arrachait autrefois à Ézéchiel ces invectives : « Malheur aux pasteurs d’Israël ! Ne se paissaient-ils pas eux-mêmes ? N’est-ce pas les troupeaux que les pasteurs font paître ? » Mais eux, ils faisaient le contraire : conduite des plus criminelles, et source de calamités nombreuses. Ainsi, ajoute le Prophète : « Ils ne ramenaient pas (au bercail les brebis) égarées ; celles qui étaient perdues, ils ne les cherchaient pas ; ils ne bandaient point les plaies de celles qui étaient blessées ; ils ne fortifiaient pas celles qui étaient faibles ou malades, parce qu’ils le paissaient eux-mêmes et non leur troupeau. » Saint Paul exprime la même vérité en d’autres termes : « Tous cherchent leurs propres intérêts et non ceux de Jésus-Christ. »

Neuvième leçon. Le Christ il se fait voir bien différent du voleur et du mercenaire : différent d’abord de ceux qui viennent pour la perte des autres, quand il dit « être venu pour qu’ils aient la vie, et l’aient très abondamment » ; différent ensuite des pasteurs négligents qui ne se souciaient pas de voir des loups ravir les brebis, en disant qu’il « donne sa vie pour ses brebis, afin qu’elles ne périssent pas ». En effet, bien que les Juifs cherchassent à le faire mourir, il continuait à répandre sa doctrine ; il n’a point abandonné ni trahi ceux qui croyaient en lui, mais il est demeuré ferme et il a souffert la mort. C’est pourquoi souvent il dit : « Je suis le bon pasteur. » Comme on ne voyait pas de preuve de ce qu’il avançait (car cette parole : « Je donne ma vie », n’eut son accomplissement que peu de temps après, et celle-ci : « afin qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient très abondamment », ne devait se réaliser qu’au siècle futur), que fait-il ? Il confirme une des assertions par l’autre.

 Un nouveau Martyr vient réclamer sa place auprès du berceau de l’Enfant-Dieu. Il n’appartient point au premier âge de l’Église ; son nom n’est point écrit dans les livres du Nouveau Testament, comme ceux d’Étienne, de Jean, et des enfants de Bethléem. Néanmoins, il occupe un des premiers rangs dans cette légion de Martyrs qui n’a cessé de se recruter à chaque siècle, et qui atteste la fécondité de l’Église et la force immortelle dont l’a douée son divin auteur. Ce glorieux Martyr n’a pas versé son sang pour la foi ; il n’a point été amené devant les païens, ou les hérétiques, pour confesser les dogmes révélés par Jésus-Christ et proclamés par l’Église. Des mains chrétiennes l’ont immolé ; un roi catholique a prononcé son arrêt de mort ; il a été abandonné et maudit par le grand nombre de ses frères, dans son propre pays : comment donc est-il Martyr ? Comment a-t-il mérité la palme d’Étienne ? C’est qu’il a été le Martyr de la Liberté de l’Église.

En effet, tous les fidèles de Jésus-Christ sont appelés à l’honneur du martyre, pour confesser les dogmes dont ils ont reçu l’initiation au Baptême. Les droits du Christ qui les a adoptés pour ses frères s’étendent jusque-là. Ce témoignage n’est pas exigé de tous ; mais tous doivent être prêts de rendre, sous peine de la mort éternelle dont la grâce du Sauveur les a rachetés. Un tel devoir est, à plus forte raison, imposé aux pasteurs de l’Église ; il est la garantie de l’enseignement qu’ils donnent à leur propre troupeau : aussi, les annales de l’Église sont-elles couvertes, à chaque page, des noms triomphants de tant de saints Évêques qui ont, pour dernier dévouement, arrosé de leur sang le champ que leurs mains avaient fécondé, et donné, en cette manière, le suprême degré d’autorité à leur parole.

Mais si les simples fidèles sont tenus d’acquitter la grande dette de la foi par l’effusion de leur sang ; s’ils doivent à l’Église de confesser, à travers toute sorte de périls, les liens sacrés qui les unissent à elle, et par elle, à Jésus-Christ, les pasteurs ont un devoir de plus à remplir, le devoir de confesser la Liberté de l’Église. Ce mot de Liberté de l’Église sonne mal aux oreilles des politiques. Ils y voient tout aussitôt l’annonce d’une conspiration ; le monde, de son côté, y trouve un sujet de scandale, et répète les grands mots d’ambition sacerdotale ; les gens timides commencent à trembler, et vous disent que tant que la foi n’est pas attaquée, rien n’est en péril. Malgré tout cela, l’Église place sur ses autels et associe à saint Étienne, à saint Jean, aux saints Innocents, cet Archevêque anglais du XIIe siècle, égorgé dans sa Cathédrale pour la défense des droits extérieurs du sacerdoce. Elle chérit la belle maxime de saint Anselme, l’un des prédécesseurs de saint Thomas, que Dieu n’aime rien tant en ce monde que la Liberté de son Église ; et au XIXe siècle, comme au XIIe, le Siège Apostolique s’écrie, par la bouche de Pie VIII, comme elle l’eût fait par celle de saint Grégoire VII : C’est par l’institution même de Dieu que l’Église, Épouse sans tache de l’Agneau immaculé Jésus-Christ, est LIBRE, et qu’elle n’est soumise à aucune puissance terrestre.

Or, cette Liberté sacrée consiste en la complète indépendance de l’Église à l’égard de toute puissance séculière, dans le ministère de la Parole, qu’elle doit pouvoir prêcher, comme parle l’Apôtre, à temps et à contre-temps, à toute espèce de personnes, sans distinction de nations, de races, d’âge, ni de sexe ; dans l’administration de ses Sacrements, auxquels elle doit appeler tous les hommes sans exception, pour les sauver tous ; dans la pratique, sans contrôle étranger, des conseils aussi bien que des préceptes évangéliques ; dans les relations, dégagées de toute entrave, entre les divers degrés de sa divine hiérarchie ; dans la publication et l’application des ordonnances de sa discipline ; dans le maintien et le développement des institutions qu’elle a créées ; dans la conservation et l’administration de son patrimoine temporel ; enfin dans la défense des privilèges que l’autorité séculière elle-même lui a reconnus, pour assurer l’aisance et la considération de son ministère de paix et de charité sur les peuples.

Telle est la Liberté de l’Église : et qui ne voit qu’elle est le boulevard du sanctuaire lui-même ; que toute atteinte qui lui serait portée peut mettre à découvert la hiérarchie, et jusqu’au dogme lui-même ? Le Pasteur doit donc la défendre d’office, cette sainte Liberté : il ne doit ni fuir, comme le mercenaire ; ni se taire, comme ces chiens muets qui ne savent pas aboyer, dont parle Isaïe. Il est la sentinelle d’Israël ; il ne doit pas attendre que l’ennemi soit entré dans la place pour jeter le cri d’alarme, et pour offrir ses mains aux chaînes, et sa tête au glaive. Le devoir de donner sa vie pour son troupeau commence pour lui du moment où l’ennemi assiège ces postes avancés, dont la franchise assure le repos de la cité tout entière. Que si cette résistance entraîne de graves conséquences, c’est alors qu’il faut se rappeler ces belles paroles de Bossuet, dans son sublime Panégyrique de saint Thomas de Cantorbéry, que nous voudrions pouvoir ici citer tout entier : « C’est une loi établie, dit-il, que l’Église ne peut jouir d’aucun avantage qui ne lui coûte la mort de ses enfants, et que, pour affermir ses droits, il faut qu’elle répande du sang. Son Époux l’a rachetée par le sang qu’il averse pour elle, et il veut qu’elle achète par un prix semblable les grâces qu’il lui accorde. C’est par le sang des Martyrs qu’elle a étendu ses conquêtes bien loin au delà de l’empire romain ; son sang lui a procuré et la paix dont elle a joui sous les empereurs chrétiens, et la victoire qu’elle a remportée sur les empereurs infidèles. Il paraît donc qu’elle devait du sang à l’affermissement de son autorité, comme elle en avait donné à l’établissement de sa doctrine ; et ainsi la discipline, aussi bien que la foi de l’Église, a dû avoir ses Martyrs. »

Il ne s’est donc pas agi, pour saint Thomas et pourtant d’autres Martyrs de la Liberté ecclésiastique, de considérer la faiblesse des moyens qu’on pourrait opposer aux envahissements des droits de l’Église. L’élément du martyre est la simplicité unie à la force ; et n’est-ce pas pour cela que de si belles palmes ont été cueillies par de simples fidèles, par de jeunes vierges, par des enfants ? Dieu a mis au cœur du chrétien un élément de résistance humble et inflexible qui brise toujours toute autre force. Quelle inviolable fidélité l’Esprit-Saint n’inspire-t-il pas à l’âme de ses pasteurs qu’il établit comme les Époux de son Église, et comme autant de murs imprenables de sa chère Jérusalem ? « Thomas, dit encore l’Évêque de Meaux, ne cède pas à l’iniquité, sous prétexte qu’elle est armée et soutenue d’une main royale ; au contraire, lui voyant prendre son cours d’un lieu éminent, d’où elle peut se répandre avec plus de force, il se croit plus obligé de s’élever contre, comme une digue que l’on élève à mesure que l’on voit les ondes enflées. »

Mais, dans cette lutte, le Pasteur périra peut-être ? Et, sans doute, il pourra obtenir cet insigne honneur. Dans sa lutte contre le monde, dans cette victoire que le Christ a remportée pour nous, il a versé son sang, il est mort sur une croix ; et les Martyrs sont morts aussi ; mais l’Église, arrosée du sang de Jésus-Christ, cimentée parle sang des Martyrs, peut-elle se passer toujours de ce bain salutaire qui ranime sa vigueur, et forme sa pourpre royale ? Thomas l’a compris ; et cet homme, dont les sens sont mortifiés par une pénitence assidue, dont les affections en ce monde sont crucifiées par toutes les privations et toutes les adversités, a dans son cœur ce courage plein de calme, cette patience inouïe qui préparent au martyre. En un mot, il a reçu l’Esprit de force, et il lui a été fidèle.

« Selon le langage ecclésiastique, continue Bossuet, la force a une autre signification que dans le langage du monde. La force selon le monde s’étend jusqu’à entreprendre ; la force selon l’Église ne va pas plus loin que de tout souffrir : voilà les bornes qui lui sont prescrites. Écoutez l’Apôtre saint Paul : Nondum usque ad sanguinem restitistis ; comme s’il disait : Vous n’avez pas tenu jusqu’au bout, parce que vous ne vous êtes pas défendus jusqu’au sang. Il ne dit pas jusqu’à attaquer, jusqu’à verser le sang de vos ennemis, mais jusqu’à répandre le vôtre. _ « Au reste, saint Thomas n’abuse point de ces maximes vigoureuses. Il ne prend pas par fierté ces armes apostoliques, pour se faire valoir dans le monde : il s’en sert comme d’un bouclier nécessaire dans l’extrême besoin de l’Église. La force du saint Évêque ne dépend donc pas du concours de ses amis, ni d’une intrigue finement menée. Il ne sait point étaler au monde a sa patience, pour rendre son persécuteur plus odieux, ni faire jouer de secrets ressorts pour soulever les esprits. Il n’a pour lui que les prières des pauvres, les gémissements des veuves et des orphelins. Voilà, disait saint Ambroise, les défenseurs des Évêques ; voilà leurs gardes, voilà leur armée. Il est fort, parce qu il a un esprit également incapable et de crainte et de murmure. Il peut dire véritablement à Henri, roi d’Angleterre, ce que disait Tertullien, au nom de toute l’Église, à un magistrat de l’Empire, grand persécuteur de l’Église : Non te terremus, qui nec timemus. Apprends à connaître quels nous sommes, et vois quel homme c’est qu’un chrétien : Nous ne pensons pas à te faire peur, et nous sommes incapables de te craindre. Nous ne sommes ni redoutables ni lâches : nous ne sommes pas redoutables, parce que nous ne savons pas cabaler ; et nous ne sommes pas lâches, parce que nous savons mourir. »

Mais laissons encore la parole à l’éloquent prêtre de l’Église de France, qui fut lui-même appelé aux honneurs de l’épiscopat dans l’année qui suivit celle où il prononça ce discours ; écoutons-le nous raconter la victoire de l’Église par saint Thomas de Cantorbéry :
« Chrétiens, soyez attentifs : s’il y eut jamais un martyre qui ressemblât parfaitement à un sacrifice, c’est celui que je dois vous représenter. Voyez les préparatifs : l’Évêque est à l’église avec son clergé, et ils sont déjà revêtus. Il ne faut pas chercher bien loin la victime : le saint Pontife est préparé, et c’est la victime que Dieu a choisie. Ainsi tout est prêt pour le sacrifice, et je vois entrer dans l’église ceux qui doivent donner le coup. Le saint homme va au-devant d’eux, à l’imitation de Jésus-Christ ; et pour a imiter en tout ce divin modèle, il défend à son clergé toute résistance, et se contente de demander sûreté pour les siens. Si c’est moi que vous » cherchez, laissez, dit Jésus, retirer ceux-ci. Ces choses étant accomplies, et l’heure du sacrifice étant arrivée, voyez comme saint Thomas en commence la cérémonie. Victime et Pontife tout ensemble, il présente sa tête et fait sa prière. Voici les vœux solennels et les paroles mystiques de ce sacrifice : Et ego pro Deo mori paratus sum, et pro assertione justitiœ, et pro Ecclesiae libertate ; dummodo effusione sanguinis mei pacem et libertatem consequatur. Je suis prêt à mourir, dit-il, pour la cause de Dieu et de son Église ; et toute la grâce que je demande, c’est que mon sang lui rende la paix et la liberté qu’on veut lui ravir. Il se prosterne devant Dieu ; et comme dans le Sacrifice solennel nous appelons les Saints nos intercesseurs, il n’omet pas une partie si considérable de cette cérémonie sacrée : il appelle les saints Martyrs et la sainte Vierge au secours de l’Église opprimée ; il ne parle que de l’Église ; il n’a que l’Église dans le cœur et dans la bouche ; et, abattu par le coup, sa langue froide et inanimée semble encore nommer l’Église. »

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Saints Innocents mémoire de l’Octave de la Nativité

28 Décembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saints Innocents mémoire de l’Octave de la Nativité

Collecte

Dieu, dont en ce jour les Innocents Martyrs ont confessé la gloire, non en parlant mais en mourant, faites mourir en nous tous les penchants au vice, afin que votre foi, que notre langue proclame, notre vie en témoigne aussi dans notre conduite.

Lecture Ap. 14, 1-5

En ces jours là : Je vis l’Agneau qui se tenait sur la montagne de Sion, et avec lui cent quarante-quatre mille personnes, qui avaient son nom et le nom de son Père écrits sur le front. Et j’entendis un son qui venait du ciel, pareil au bruit de grandes eaux et à la vois d’un puissant tonnerre ; et le son que j’entendis ressemblait à un concert de harpistes jouant de leurs instruments. Et ils chantaient comme un cantique nouveau devant le trône, et devant les quatre animaux et les vieillards ; et nul ne pouvait apprendre ce cantique, si ce n’est les cent quarante-quatre mille qui ont été rachetés de la terre. Ce sont ceux qui ne se sont pas souillés avec des femmes, car ils sont vierges. Ce sont eux qui accompagnent l’Agneau partout où il va. Ils ont été rachetés d’entre les hommes, comme des prémices pour Dieu et pour l’Agneau ; et il ne s’est point trouvé de mensonge dans leur bouche, car ils sont irréprochables.

Office

Au premier nocturne.

Du prophète Jérémie. Cap. 31, 15-23.

Première leçon. Voici ce que dit le Seigneur : Une voix a été entendue sur une hauteur, (voix) de lamentation, de deuil et de pleur, la voix de Rachel déplorant (la perte de) ses enfants, et ne voulant pas en être consolée, parce qu’ils ne sont plus. Voici ce que dit le Seigneur : Que ta voix cesse ses gémissements, et tes yeux leurs larmes ; parce qu’il est une récompense à tes œuvres, dit le Seigneur, et ils reviendront de la terre de l’ennemi. Et il est un espoir pour tes derniers moments, dit le Seigneur, et tes fils reviendront dans tes confins.
Deuxième leçon. Entendant, j’ai entendu Éphraïm dans sa transmigration : Vous m’avez châtié et j’ai été instruit, comme un jeune taureau indompté ; convertissez-moi et je serai converti, parce que vous êtes le Seigneur mon Dieu. Car, après que vous m’avez converti, j’ai fait pénitence, et après que vous m’avez montré (mon état), j’ai frappé ma cuisse. J’ai été confondu, et j’ai rougi, parce que j’ai supporté l’opprobre de ma jeunesse. Est-ce qu’il n’est pas un fils honorable pour moi, Éphraïm, n’est-il pas un enfant de délices ? parce que, depuis que j’ai parlé de lui, je me souviendrai encore de lui.

2. Troisième leçon. Établis-toi un lieu d’observation, abandonne-toi à l’amertume, dirige ton cœur vers la voie droite, dans laquelle tu as marché : retourne, vierge d’Israël, retourne vers ces cités tiennes. Jusques à quand seras-tu énervée par les délices, fille vagabonde ? parce que le Seigneur a créé un nouveau prodige sur la terre : Une femme environnera un homme. Voici ce que dit le Seigneur, Dieu d’Israël : Ils diront encore cette parole dans la terre de Juda et dans ses villes, lorsque j’aurai ramené leurs captifs : Que le Seigneur te bénisse, beauté de justice, montagne sainte.
 

Au deuxième nocturne.

Sermon de saint Augustin, Évêque.

Quatrième leçon. Nous célébrons aujourd’hui, mes très chers frères, la fête de ces enfants que l’Évangile nous dit avoir été tués par l’ordre du cruel roi Hérode. Que la terre se livre donc aux transports de la joie, elle qui est la mère féconde de ces célestes soldats et qui enfante de tels prodiges. Certes, ce tyran impie n’aurait jamais pu être aussi utile à ces bienheureux enfants par son affection, qu’il leur a été utile par sa haine. Car, comme le manifeste la sainte solennité de ce jour, autant l’iniquité a abondé contre ces bienheureux enfants, autant se sont répandues sur eux les grâces et les bénédictions célestes.
Cinquième leçon. Tu es heureuse, ô Bethléem, terre de Juda, toi qui as subi la cruauté du roi Hérode dans le meurtre de tes fils, car tu as en même temps mérité d’offrir à Dieu une blanche multitude de paisibles enfants. C’est avec raison que nous célébrons la fête de ces Martyrs. Le monde, en les faisant naître à la vie éternelle, les a rendus plus heureux que n’avaient fait leurs mères en les enfantant pour la terre ; puisqu’ils ont été trouvés dignes d’une vie sans fin, presque avant d’avoir pu faire usage de la vie présente.
Sixième leçon. Les autres Martyrs ont eu une mort précieuse : leur gloire est dans la confession du nom de Jésus-Christ ; mais la gloire de ceux-ci est dans la consommation même de leur vie. Car, dès les prémices de leur jeune existence, la mort qui a mis fin à leur vie présente, leur a valu d’entrer aussitôt en possession de la gloire. Ceux que l’impiété d’Hérode a arrachés du sein de leurs mères les allaitant encore, sont appelés à juste titre les fleurs des Martyrs : fleurs écloses au milieu du froid de l’infidélité, premiers tendres bourgeons de l’Église, que le frimas de la persécution est venu dessécher.
 

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Jérôme, Prêtre.

Septième leçon. Quand il prit l’enfant et sa mère pour passer en Égypte, c’était pendant la nuit et dans les ténèbres, car il laissa dans la nuit de l’ignorance les incrédules dont il s’éloigna ; mais quand il revient dans la Judée, il n’est question dans l’Évangile ni de nuit, ni de ténèbres : parce qu’à la fin du monde, les Juifs, recevant la foi figurée par le Christ revenant d’Égypte, seront dans la lumière.
Huitième leçon. Afin que fût accomplie cette parole, que le Seigneur a dite par un Prophète : « J’ai rappelé mon Fils de l’Égypte. » Que ceux qui nient la vérité des livres hébreux, disent en quel endroit de la version des Septante, on lit cela ; mais comme ils ne l’y trouveront pas, nous leur dirons que cela est écrit dans le Prophète Osée, comme nous l’attestent les exemplaires que nous avons tout récemment publiés.
Neuvième leçon. Ce.fut alors que s’accomplit la parole du Prophète Jérémie, disant : « Une voix a été entendue dans Rama, des pleurs et des cris déchirants répétés, c’était Rachel, pleurant ses fils. » De Rachel est né Benjamin, dans la tribu duquel ne se trouve pas Bethléem. On demande donc pourquoi Rachel pleure les enfants de Juda c’est à dire de Bethléem, comme si c’étaient ses propres enfants ? Nous répondrons brièvement que Rachel fut ensevelie près de Bethléem, en Ephrata ; et que sa sépulture en cet endroit lui a fait donner le nom de mère de Bethléem et de ses habitants. Ou bien encore, c’est parce que Juda et Benjamin étaient deux tribus limitrophes ; et qu’Hérode avait ordonné de tuer les enfants, non seulement dans Bethléem, mais encore dans tous les environs.

 La fête du Disciple bien-aimé succède la solennité des saints Innocents ; et le berceau de l’Emmanuel, auprès duquel nous avons vénéré le Prince des Martyrs et l’Aigle de Pathmos, nous apparaît aujourd’hui environné d’une troupe gracieuse de petits enfants, vêtus de robes blanches comme la neige, et tenant en main des palmes verdoyantes. Le divin Enfant leur sourit ; il est leur Roi, et toute cette petite cour sourit aussi à l’Église de Dieu. La force et la fidélité nous ont introduits auprès du Rédempteur ; l’innocence aujourd’hui nous convie à rester près de la crèche.

Hérode a voulu envelopper le Fils de Dieu même dans un immense massacre d’enfants ; Bethléem a entendu les lamentations des mères ; le sang des nouveau-nés a inondé toute la contrée ; mais tous ces efforts de la tyrannie n’ont pu atteindre l’Emmanuel ; ils n’ont fait que préparer pour l’armée du ciel une nombreuse recrue de Martyrs. Ces enfants ont eu l’insigne honneur d’être immolés pour le Sauveur du monde ; mais le moment qui a suivi leur immolation leur a révélé tout à coup des joies futures et prochaines, bien au-dessus de celles d’un monde qu’ils ont traversé sans le connaître. Le Dieu riche en miséricordes n’a pas demandé d’eux autre chose qu’une souffrance de quelques instants ; et ils se sont réveillés au sein d’Abraham, francs et libres de toute autre épreuve, purs de toute souillure mondaine, appelés au triomphe comme le guerrier qui a donné sa vie pour sauver celle de son chef.

Leur mort est donc un Martyre, et c’est pourquoi l’Église les honore du beau nom de Fleurs des Martyrs, à cause de leur âge tendre et de leur innocence. Ils ont donc droit de figurer aujourd’hui sur le Cycle, à la suite des deux vaillants champions du Christ que nous avons célébrés. Saint Bernard, dans son Sermon sur cette fête, explique admirablement l’enchaînement de ces trois solennités : « Nous avons, dit-il, dans le bienheureux Étienne, l’œuvre et la volonté du Martyre ; dans le bienheureux Jean, nous remarquons seulement la volonté du Martyre ; et dans les bienheureux Innocents, l’œuvre seule du Martyre. Mais qui doutera, néanmoins, de la couronne obtenue par ces enfants ? Demanderez-vous où sont leurs mérites pour cette couronne ? Demandez plutôt à Hérode le crime qu’ils ont commis pour être ainsi moissonnés ? La bonté du Christ sera-t-elle vaincue par la cruauté d’Hérode ? Ce roi impie a pu mettre à mort des enfants innocents ; et le Christ ne pourrait couronner ceux qui ne sont morts qu’à cause de lui ?

« Étienne aura donc été Martyr aux yeux des hommes qui ont été témoins de sa Passion subie volontairement, jusque-là qu’il priait pour ses persécuteurs, se montrant plus sensible à leur crime qu’à ses propres blessures. Jean aura donc été Martyr aux yeux des Anges qui, étant créatures spirituelles, ont vu les dispositions de son âme. Certes, ceux-là aussi auront été vos Martyrs, ô Dieu ! dans lesquels ni l’homme, ni l’Ange n’ont pu, il est vrai, découvrir de mérite, mais que la faveur singulière de votre grâce s’est chargée d’enrichir. C’est de la bouche des nouveau-nés et des enfants à la mamelle que vous vous êtes plu à faire sortir votre louange. Quelle est cette louange ? Les Anges ont chanté : Gloire à Dieu, au plus haut des deux ; et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté ! C’est là, sans doute, une louange sublime ; mais elle ne sera complète que lorsque Celui qui doit venir aura dit : Laissez venir à moi les petits enfants ; car le Royaume des deux est à ceux qui leur ressemblent ; paix aux hommes, même à ceux qui n’ont pas l’usage de leur volonté : tel est le mystère de ma miséricorde. »

Dieu a daigné faire pour les Innocents immolés à cause de son Fils ce qu’il fait tous les jours par le sacrement de la régénération, si souvent appliqué à des enfants que la mort enlève dès les premières heures de la vie ; et nous, baptisés dans l’eau, nous devons rendre gloire à ces nouveau-nés, baptisés dans leur sang, et associés à tous les mystères de l’enfance de Jésus-Christ. Nous devons aussi les féliciter, avec l’Église, de l’innocence que cette mort glorieuse et prématurée leur a conservée. Purifiés d’abord parie rite sacré qui, avant l’institution du Baptême, enlevait la tache originelle, visités antérieurement par une grâce spéciale qui les prépara à l’immolation glorieuse pour laquelle ils étaient destinés, ils ont habité cette terre, et ils ne s’y sont point souillés. Que la société de ces tendres agneaux soit donc à jamais avec l’Agneau sans tache ! et que ce monde, vieilli dans le péché, mérite miséricorde en s’associant, par ses acclamations, au triomphe de ces élus de la terre qui, semblables à la colombe de l’arche, n’y ont pas trouvé où poser leurs pieds !

Néanmoins, dans cette allégresse du ciel et de la ferre, la sainte Église Romaine ne perd pas de vue la désolation des mères qui virent ainsi arracher de leur sein, et immoler par le glaive des soldats ces gages chéris de leur tendresse. Elle a recueilli le cri de Rachel, et ne cherche point à la consoler, si c n’est en compatissant à son affliction. Pour honorer cette maternelle douleur, elle consent à suspendre aujourd’hui une partie des manifestations de la joie qui inonde son cœur durant cette Octave du Christ naissant. Elle n’ose revêtir dans ses vêtements sacrés la couleur de pourpre des Martyrs, pour ne pas rappeler trop vivement ce sang qui jaillit jusque sur le sein des mères ; elle s’interdit même la couleur blanche, qui marque l’allégresse et va mal à de si poignantes douleurs. Elle revêt la couleur violette, qui est celle du deuil et des regrets. Aujourd’hui même, si la fête ne tombe pas le Dimanche, elle va jusqu’à suspendre le chant du Gloria in excelsis, qui pourtant lui est si cher en ces jours où les Anges l’ont entonné sur la terre ; elle renonce au joyeux Alleluia, dans la célébration du Sacrifice ; enfin elle se montre, comme toujours, inspirée par cette délicatesse sublime et chrétienne dont la sainte Liturgie est une si merveilleuse école.

Mais, après cet hommage rendu à la tendresse maternelle de Rachel, et qui répand sur tout l’Office des saints Innocents une touchante mélancolie, elle ne perd pas de vue la gloire dont jouissent ces bienheureux enfants ; et elle consacre à leur solennelle mémoire une Octave entière, comme elle l’a fait pour saint Étienne et pour saint Jean. Dans ses Cathédrales et ses Collégiales, elle honore aussi, en ce jour, les enfants qu’elle appelle à joindre leurs voix innocentes à celles des prêtres et des autres ministres sacrés. Elle leur accorde de gracieuses distinctions, jusque dans le chœur même ; elle jouit de l’allégresse naïve de ces jeunes coopérateurs qu’elle emploie à rehausser ses pompes mystérieuses ; en eux, elle rend gloire au Christ Enfant, et à l’innocente cohorte des tendres rejetons de Rachel.

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St Jean Apôtre et Evangéliste mémoire de l’Octave de la Nativité

27 Décembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

St Jean Apôtre et Evangéliste mémoire de l’Octave de la Nativité

Collecte

Dans votre bonté, Seigneur, accordez la lumière à votre Église, afin qu’éclairée par les enseignements de saint Jean, votre Apôtre et Évangéliste, elle parvienne aux grâces éternelles.

Lecture Ec. 15, 1-6

Voilà ce que fait celui qui craint le Seigneur, et celui qui s’attache à la loi obtiendra la sagesse. Elle viendra au-devant de lui comme une mère, Elle le nourrira du pain de l’intelligence, et lui donnera à boire l’eau de la sagesse. Il s’appuiera sur elle et ne fléchira pas, Il s’attachera à elle et ne sera pas confondu. Elle l’élèvera devant ses compagnons, et lui ouvrira la bouche au milieu de l’assemblée. Elle le remplira d’un esprit de sagesse et d’intelligence et le revêtira d’un vêtement de gloire. La joie, une couronne d’allégresse, et un nom éternel seront son partage.

Évangile Jn. 21, 19-24.

En ce temps là : Jésus dit à Pierre : "Suis-moi". Pierre, s’étant retourné, vit venir derrière lui, le disciple que Jésus aimait, celui qui, pendant la cène, s’était penché sur son sein, et lui avait dit : "Seigneur, qui est celui qui vous trahit ?" Pierre donc, l’ayant vu, dit à Jésus : "Seigneur, et celui-ci que deviendra-t-il ?" Jésus lui dit : " Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi !" Le bruit courut donc parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Pourtant Jésus ne lui avait pas dit qu’il ne mourrait pas, mais "Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ?" C’est ce même disciple qui rend témoignage de ces choses et qui les a écrites ; et nous savons que son témoignage est vrai.

Office

Au premier nocturne.

Commencement de la première Épître de l’Apôtre S. Jean. Cap. 1, 1-10 ; 2, 1-5.

Première leçon. Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et touché par nos mains, du Verbe de la vie (car la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, nous l’attestons, et nous vous l’annonçons, cette vie éternelle qui était dans le Père et nous est apparue) ; ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous entriez vous-mêmes en société avec nous ; et que notre société soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Et nous vous écrivons ceci, afin que vous vous réjouissiez, et que votre joie soit complète. Or ce que nous vous annonçons, après l’avoir entendu de lui, c’est que Dieu est lumière, et qu’il n’y a point en lui de ténèbres.
Deuxième leçon. Si nous disons que nous sommes en société avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne suivons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière, nous sommes ensemble dans la même société, et le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché. Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous remettre nos péchés et pour nous purifier de toute iniquité. Si nous disons que nous n’avons point péché, nous le faisons menteur, et sa parole n’est point en nous.
Troisième leçon. Mes petits enfants, je vous écris ceci pour que vous ne péchiez point. Cependant, si quelqu’un pèche, nous avons pour avocat auprès du Père, Jésus-Christ le Juste2. Et il est lui-même propitiation pour nos péchés ; non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde. Or, ce qui nous assure que nous le connaissons, c’est si nous gardons ses commandements. Celui qui dit le connaître et ne garde pas ses commandements est un menteur, et la vérité n’est pas en lui. Mais celui qui garde sa parole a vraiment en lui l’amour parfait de Dieu.
 

Au deuxième nocturne.

Du livre de saint Jérôme, Prêtre : des Écrivains Ecclésiastiques.

Quatrième leçon. Jean, l’Apôtre bien-aimé de Jésus, fils de Zébédée et frère de l’Apôtre Jacques, qu’Hérode fit décapiter après la passion du Seigneur, entreprit le dernier d’écrire l’Évangile. Il le fit à la demande des évêques d’Asie, pour combattre Cérinthe et les autres hérétiques, et surtout la doctrine commençant alors à surgir des Ébionites, qui prétendent que le Christ n’a pas existé avant Marie. Cela le détermina à nous faire connaître sa génération divine.
Cinquième leçon. La quatorzième année de Domitien, dans la persécution excitée par ce prince, la seconde après celle de Néron, saint Jean fut relégué dans l’île de Pathmos, où il composa l’Apocalypse, qui fut interprétée par saint Justin, martyr, et saint Irénée. Après la mort de Domitien, le sénat s’empressa d’annuler les actes de ce prince, marqués au coin d’une trop grande cruauté. Aussi, sous Nerva, saint Jean put-il revenir à Éphèse, et y demeurer jusqu’au règne de Trajan. Il fonda et gouverna toutes les Églises de l’Asie ; enfin, accablé de vieillesse, il mourut soixante-huit ans après la passion du Sauveur et il fut enseveli dans la même ville d’Éphèse.
 

Des Commentaires du même Saint sur l’Épître aux Galates.

Sixième leçon. Saint Jean l’Évangéliste demeura à Éphèse jusqu’à sa dernière vieillesse. Comme il pouvait à peine être porté à l’église par les disciples, et qu’il lui était impossible de leur faire un discours suivi, il ne leur adressait à chaque réunion que ces mots : Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres. Enfin ses disciples et les fidèles présents, fatigués d’entendre toujours la même chose, lui dirent : Maître, pourquoi donc nous faire toujours cette recommandation ? Alors il leur fit cette réponse digne de Jean : Parce que c’est le précepte du Seigneur ; et si vous accomplissez ce seul commandement, cela suffit.
 

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Augustin, évêque.

Septième leçon. L’Église sait qu’il existe deux vies, parce que Dieu lui en a parlé et les lui a fait connaître : l’une qui consiste dans la foi, l’autre dans la vue ; l’une qui s’écoule en ce pèlerinage temporaire, l’autre qui demeurera pendant l’éternité : l’une qui se passe dans la peine et l’effort, l’autre où l’on se reposera ; l’une qui est propre à notre voyage ici-bas, l’autre dont on jouira dans la patrie ; l’une occupée par le travail, l’autre récompensée parla contemplation de Dieu. Dan ? l’une on évite le mal et on fait le bien ; dans l’autre il n’y a aucun mal à éviter et l’on jouit d’un bonheur sans limites : l’une nous donne de lutter contre l’ennemi, l’autre de régner sans rencontrer d’adversaire.
Huitième leçon. Dans l’une, on vient au secours des indigents ; dans le séjour de l’autre, on ne trouve aucun infortuné ; ici, l’on pardonne au prochain ses péchés, afin d’obtenir de l’indulgence pour les siens ; là, on ne souffre de rien qui soit à pardonner, on ne fait rien qui exige l’indulgence d’autrui. Dans l’une, on est accablé de maux, pour que la prospérité n’engendre point l’orgueil ; dans l’autre, on est comblé d’une telle abondance de grâces qu’on est à l’abri de tout mal, et qu’on s’attache au souverain bien, sans éprouver la moindre tentation d’orgueil.
Neuvième leçon. L’une est donc bonne, mais encore pleine de misères : l’autre est meilleure et bienheureuse. La première a été signifiée par l’Apôtre Pierre, la seconde par Jean. L’une s’écoule tout entière ici-bas, elle s’étendra jusqu’à la fin des temps et y trouvera son terme ; l’autre ne recevra sa perfection qu’à la consommation des siècles, mais dans le siècle futur, elle n’aura pas de fin ; aussi dit-on à celui-ci :« Suis-moi » ; mais de l’autre : « Si je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ce que je vienne ; que t’importe ? suis-moi. » Que veulent dire ces paroles ? Autant que j’en puis juger, quel sens peuvent-elles avoir si ce n’est celui-ci : Suis-moi en m’imitant, en supportant comme moi les épreuves de la vie ; pour lui, qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne donner les biens éternels.

 Après Étienne, le premier des Martyrs, Jean, l’Apôtre et l’Évangéliste, assiste le plus près à la crèche du Seigneur. Il était juste que la première place fût réservée à celui qui a aimé l’Emmanuel jusqu’à verser son sang pour son service ; car, comme le dit le Sauveur lui-même, il n’est point de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ; et le Martyre a toujours été considéré par l’Église comme le dernier effort de la charité, ayant même la vertu de justifier le pécheur dans un second Baptême. Mais après le sacrifice du sang, le plus noble, le plus courageux, celui qui gagne par-dessus tout le cœur de l’Époux des âmes, c’est le sacrifice de la virginité. Or, de même que saint Étienne est reconnu pour le type des Martyrs, saint Jean nous apparaît comme le Prince des Vierges. Le Martyre a valu à Étienne la couronne et la palme ; la Virginité a mérité à Jean des prérogatives sublimes, qui, en même temps qu’elles démontrent le prix de la chasteté, placent aussi ce Disciple parmi les principaux membres de l’humanité.

Jean eut l’honneur de naître du sang de David, dans la famille même de la très pure Marie ; il fut donc parent de notre Seigneur, selon la chair. Un tel honneur lui fut commun avec saint Jacques le Majeur, son frère, fils de Zébédée comme lui ; avec saint Jacques le Mineur et saint Jude, fils d’Alphée ; mais, dans la fleur de sa jeunesse, Jean laissa, non seulement sa barque et ses filets, non seulement son père, mais sa fiancée, au moment de célébrer de chastes noces. Il suivit le Christ et ne regarda pas en arrière ; c’est pourquoi la tendresse particulière du cœur de Jésus lui fut acquise ; et tandis que les autres étaient Disciples et Apôtres, il fut l’Ami du Fils de Dieu. La raison de cette rare prédilection fut donc, ainsi que le proclame l’Église, le sacrifice de virginité que Jean offrit à l’Homme-Dieu. Or, il convient de relever ici, au jour de sa fête, les grâces et les prérogatives qui ont découlé pour lui de l’heureux avantage de cette amitié céleste.

Ce seul mot du saint Évangile : Le Disciple que Jésus aimait, en dit plus, dans son admirable concision, que tous les commentaires. Pierre, sans doute, a été choisi pour être le Chef des autres Apôtres et le fondement de l’Église ; il a été plus honoré ; mais Jean a été plus aimé. Pierre a reçu l’ordre d’aimer plus que les autres ; il a pu répondre au Christ, par trois fois, qu’il en était ainsi ; cependant, Jean a été plus aimé du Christ que Pierre lui-même, parce qu’il convenait que la virginité fût honorée.

La chasteté des sens et du cœur a la vertu d’approcher de Dieu l’homme qui la conserve, et d’attirer Dieu vers lui ; c’est pourquoi, dans le moment solennel de la dernière Cène, de cette Cène féconde qui devait se renouveler sur l’autel jusqu’à la fin des temps, pour ranimer la vie dans les âmes et guérir leurs blessures, Jean fut placé auprès de Jésus lui-même, et non seulement il eut cet honneur insigne, mais dans ces derniers épanchements de l’amour du Rédempteur, ce fils de sa tendresse osa reposer sa tête sur la poitrine de l’Homme-Dieu. Ce fut alors qu’il puisa, à leur source divine, la lumière et l’amour ; et cette faveur, qui était déjà une récompense, devint le principe de deux grâces signalées qui recommandent spécialement saint Jean à l’admiration de toute l’Église.  En effet, la Sagesse divine ayant voulu manifester le mystère du Verbe, et confier à l’écriture des secrets que jusqu’alors aucune plume humaine n’avait été appelée à raconter, Jean fut choisi pour ce grand œuvre. Pierre était mort sur la croix, Paul avait livré sa tête au glaive, les autres Apôtres avaient successivement scellé leur témoignage de leur sang ; Jean restait seul debout, au milieu de l’Église ; et déjà l’hérésie, blasphémant l’enseignement apostolique, cherchait à anéantir le Verbe divin, et ne voulait plus le reconnaître pour le Fils de Dieu, consubstantiel au Père. Jean fut invité par les Églises à parler, et il le fit dans un langage tout du ciel. Son divin Maître lui avait réservé, à lui, pur de toute souillure, d’écrire de sa main mortelle des mystères que ses frères n’avaient été appelés qu’à enseigner : le Verbe, Dieu éternel, et ce même Verbe fait chair pour le salut de l’homme. Par là il s’éleva, comme l’Aigle, jusqu’au divin Soleil ; il le contempla sans en être ébloui, parce que la pureté de son âme et de ses sens l’avait rendu digne d’entrer en rapport avec la Lumière incréée. Si Moïse, après avoir conversé avec le Seigneur dans la nuée, se retira de ces divins entretiens le font orné de merveilleux rayons, combien radieuse devait être la face vénérable de Jean, qui s’était appuyée sur le Cœur même de Jésus, où, comme parle l’Apôtre, sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science ! combien lumineux ses écrits ! combien divin son enseignement ! Aussi, ce type sublime de l’Aigle montré par Ézéchiel, et confirmé par saint Jean lui-même dans sa Révélation, lui a-t-il été appliqué par l’Église, avec le beau nom de Théologien que lui donne toute la tradition.

A cette première récompense qui consiste dans la pénétration des mystères, le Sauveur joignit pour son bien-aimé Disciple une effusion d’amour inaccoutumée, parce que la chasteté, en désintéressant l’homme des affections grossières et égoïstes, l’élève à un amour plus pur et plus généreux. Jean avait recueilli dans son cœur les discours de Jésus : il en fit part à l’Église, et surtout il révéla le divin Sermon de la Cène, où s’épanche l’âme du Rédempteur, qui, ayant aimé les siens, les aima jusqu’à la fin. Il écrivit des Épîtres, et ce fut pour dire aux hommes que Dieu est amour ; que celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu ; que la charité bannit la crainte. Jusqu’à la fin de sa vie, jusque dans les jours de son extrême vieillesse, il insista sur l’amour que les hommes se doivent les uns aux autres, à l’exemple du Dieu qui les a aimés ; et de même qu’il avait annoncé plus clairement que les autres la divinité et la splendeur du Verbe, ainsi plus que les autres se montra-t-il l’Apôtre de cette infinie charité que l’Emmanuel est venu allumer sur la terre.

Mais le Seigneur lui réservait un don véritablement digne du Disciple vierge et bien-aimé. En mourant sur la croix, Jésus laissait Marie sur la terre ; déjà, depuis plusieurs années, Joseph avait rendu son âme au Seigneur. Qui veillerait donc sur un si sacré dépôt ? qui serait digne de le recevoir ? Jésus enverrait-il ses Anges pour garder et consoler sa Mère : car quel homme sur la terre mériterait un tel honneur ? Du haut de sa croix, le Sauveur aperçoit le disciple vierge : tout est fixé. Jean sera un fils pour Marie, Marie sera une mère pour Jean ; la chasteté du disciple Ta rendu digne de recevoir un legs si glorieux. Ainsi, suivant la belle remarque de saint Pierre Damien, Pierre recevra en dépôt l’Église, Mère des hommes ; mais Jean recevra Marie, Mère de Dieu. Il la gardera comme son bien, il remplacera auprès d’elle son divin Ami ; il l’aimera comme sa propre mère ; il en sera aimé comme un fils.  Environné de tant de lumière, réchauffé par tant d’amour, nous étonnerons-nous que Jean soit devenu l’ornement de la terre, la gloire de l’Église ? Aussi, comptez, si vous pouvez, ses titres ; énumérez ses qualités. Parent du Christ par Marie, Apôtre, Vierge, Ami de l’Époux, Aigle divin, Théologien sacré, Docteur de la Charité, fils de Marie, il est encore Évangéliste par le récit qu’il nous a laissé de la vie de son Maître et Ami ; Écrivain sacré par ses trois Épîtres inspirées de l’Esprit-Saint ; Prophète par sa mystérieuse Apocalypse, qui renferme les secrets du temps et de l’éternité. Que lui a-t-il donc manqué ? la palme du Martyre ? On ne le saurait dire ; car, s’il n’a pas consommé son sacrifice, il a néanmoins bu le calice de son Maître lorsque, après une cruelle flagellation, il fut plongé dans l’huile bouillante, devant la Porte-Latine, à Rome. Jean fut donc Martyr de désir et d’intention, sinon d’effet ; et si le Seigneur, qui le voulait conserver dans son Église comme un monument de son estime pour la chasteté et des honneurs qu’il réserve à cette vertu arrêta miraculeusement l’effet d’un affreux supplice, le cœur de Jean n’en avait pas moins accepté le Martyre dans toute son étendue.

Tel est le compagnon d’Étienne, près du berceau dans lequel nous honorons l’Enfant divin. Si le Protomartyr éclate par la pourpre de son sang, la blancheur virginale du fils adoptif de Marie n’est-elle pas éblouissante au-dessus de celle de la neige ? Les lis de Jean ne peuvent-ils pas marier leur innocent éclat à la vermeille splendeur des roses de la couronne d’Étienne ? Chantons donc gloire au Roi nouveau-né, dont la cour brille de si riantes et de si fraîches couleurs. Cette céleste compagnie s’est formée sous nos yeux. D’abord nous avons vu Marie et Joseph seuls dans l’étable auprès de la crèche ; l’armée des Anges a bientôt paru avec ses mélodieuses cohortes ; les bergers sont venus ensuite avec leurs cœurs humbles et simples ; puis, voici Étienne le Couronné, Jean le Disciple chéri ; et en attendant les Mages, d’autres viendront bientôt accroître l’éclat de la pompe, et réjouir de plus en plus nos cœurs. Quelle Naissance que celle de notre Dieu ! Si humble qu’elle paraisse, combien elle est divine ! et quel Roi de la terre, quel Empereur a jamais eu autour de son splendide berceau des honneurs pareils à ceux de l’Enfant de Bethléem ? Unissons nos hommages à ceux qu’il reçoit de tous ces heureux membres de sa cour ; et si nous avons hier ranimé notre foi, à la vue des palmes sanglantes d’Étienne, aujourd’hui réveillons en nous l’amour de la chasteté, à l’odeur des célestes parfums que nous envoient les fleurs de la virginale couronne de l’Ami du Christ.

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Dimanche dans l’Octave de la Nativité

26 Décembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Dimanche dans l’Octave de la Nativité

Introït

Tandis que tout reposait dans le silence, et que la nuit, dans sa course, était au milieu de son chemin, votre parole toute-puissante, Seigneur, vint des cieux du trône royal. Le Seigneur a régné et a été revêtu de gloire ; le Seigneur a été revêtu et s’est ceint de force.

Collecte

Dieu tout-puissant et éternel, imprimez à nos actes une direction conforme à votre bon plaisir, afin qu’au nom de votre Fils bien-aimé, nous méritions de produire en abondance les fruits des bonnes œuvres.

Épitre Ga. 4, 1-7

Mes frères : Aussi longtemps que l’héritier est enfant, il ne diffère en rien d’un esclave, quoiqu’il soit le maître de tout ; mais il est soumis à des tuteurs et à des curateurs jusqu’au temps marqué par le père. De même, nous aussi, quand nous étions enfants, nous étions sous l’esclavage des rudiments du monde. Mais lorsque est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, formé d’une femme, né sous la Loi, pour affranchir ceux qui sont sous la Loi, afin de nous conférer l’adoption. Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de son Fils, lequel crie : Abba ! Père ! Ainsi tu n’es plus esclave, tu es fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier grâce à Dieu.

Évangile Lc. 2, 33-40

En ce temps là : Joseph et Marie, la mère de Jésus, étaient dans l’étonnement pour les choses que l’on disait de lui. Et Siméon les bénit, et il dit à Marie, sa mère : "Voici qu’il est placé pour la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël, et pour être un signe en butte à la contradiction, — vous-même, un glaive transpercera votre âme, — afin que soient révélées les pensées d’un grand nombre de cœurs." Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanouel, de la tribu d’Aser ; elle était fort avancée en âge, ayant vécu, depuis sa virginité, sept ans avec son mari, et veuve jusqu’à quatre-vingt-quatre ans. Elle ne quittait point le temple, servant Dieu nuit et jour par des jeûnes et des prières. Survenant à cette heure, elle se mit à louer Dieu et à parler de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. Lorsqu’ils eurent accompli tout ce qui était selon la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. L’enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

Secrète

Accordez-nous, Dieu tout-puissant, que ce don mis sous les yeux de votre majesté, nous obtienne la grâce d’une fervente piété et nous acquière la possession de la béatitude éternelle.

Postcommunion

Faites, ô Seigneur, que par la vertu de ce mystère sacré, nos fautes soient effacées et nos justes désirs accomplis.

Office

Au deuxième nocturne.

Sermon de saint Léon, Pape.

Quatrième leçon. La grandeur des œuvres divines est, mes très chers frères, bien au-dessus des ressources de l’éloquence humaine, et la difficulté de s’exprimer vient ici de la raison même qui nous défend de garder le silence ; car ces paroles du Prophète : « Qui racontera sa génération ? » se doivent entendre non seulement de la divine essence de Jésus-Christ, mais aussi de la nature humaine qui est en lui. Si la foi ne croit que ces deux natures sont unies dans une seule personne, la parole ne peut l’expliquer. Aussi ce sujet de louanges est-il intarissable, parce que le talent de celui qui loue reste toujours insuffisant.
Cinquième leçon. Réjouissons-nous de l’impuissance où nous sommes de parler dignement de ce grand mystère de miséricorde ; et, si nous ne pouvons bien pénétrer la profondeur des mystères de notre rédemption, estimons-nous heureux d’être vaincus par l’immensité d’un tel bienfait. Personne, en effet, n’approche plus de la connaissance de la vérité que celui qui comprend que, dans les choses divines, lors même qu’on avance beaucoup, il reste toujours beaucoup à chercher. Car celui qui a la présomption de croire être parvenu où il tendait, n’a pas trouvé ce qu’il cherchait : il n’a fait que s’arrêter dans ses recherches.
Sixième leçon. Cependant, ne nous laissons pas troubler à la pensée des limites étroites dans lesquelles nous resserre notre faiblesse. Les paroles de l’Évangile et des Prophètes viennent à notre secours : éclairés par leur lumière, nous apprenons à considérer la Nativité du Seigneur, ce mystère du Verbe fait chair, moins comme le souvenir d’un événement passé, que comme un fait qui se passe sous nos yeux. En effet, ce que l’Ange vint annoncer aux pasteurs qui veillaient à la garde de leurs troupeaux, nous l’avons entendu nous-mêmes. Nous sommes en ce moment à la tête des ouailles du Seigneur, parce que nous conservons au fond de notre cœur les paroles qui ont été dites de la part de Dieu ; c’est comme si l’on nous disait encore, en la solennité d’aujourd’hui : « Je vous apporte la bonne nouvelle d’une grande joie pour tout le peuple : c’est qu’il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ et le Seigneur. »

Homélie de saint Ambroise, Évêque.
Septième leçon. Vous voyez que la grâce du Seigneur est abondamment communiquée à tous par la naissance du Sauveur, et que la prophétie est refusée aux incrédules, mais non pas aux justes. Car voilà Siméon qui prophétise que notre Seigneur Jésus-Christ est venu pour la ruine et la résurrection d’un grand nombre ; pour discerner les mérites des justes et des impies ; puis, en juge juste et véritable, nous décerner des récompenses ou nous infliger des supplices, selon nos œuvres.
Huitième leçon. « Et un glaive traversera votre âme. » Ni l’écriture, ni l’histoire ne nous enseignent que Marie soit morte de mort violente. De plus, ce n’est pas l’âme, mais le corps, que peut transpercer une épée matérielle. Aussi, cela prouve que la sagesse de Marie n’ignorait pas le mystère céleste. « Car la parole de Dieu est vivante, efficace et plus pénétrante que le glaive le plus tranchant ; elle atteint jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, et elle scrute les pensées du cœur, et les secrets des âmes ; car tout est à nu et à découvert devant le Fils de Dieu », à qui les secrets des consciences n’échappent pas.
Neuvième leçon. Ainsi donc Siméon prophétisa ; une vierge avait déjà prophétisé ; une femme unie à un époux avait aussi prophétisé ; il fallait encore qu’une veuve prophétisât, afin que toute profession, et tout sexe rendît témoignage à Jésus-Christ. Et c’est pourquoi Anne qui, par l’usage qu’elle fait de sa viduité et par la sainteté de ses mœurs, nous apparaît comme une personne tout à fait digne de foi, annonce que le Rédempteur de tous est venu. Mais comme nous avons parlé de ses vertus dans notre exhortation aux veuves, nous ne croyons pas devoir recommencer, car nous avons hâte d’arriver à un autre sujet.

ÉPÎTRE.

L’enfant, né de Marie, couché dans la crèche de Bethléem, élève sa faible voix vers le Père des siècles, et il l’appelle mon Père ! Il se tourne vers nous, et il nous appelle mes Frères ! Nous pouvons donc aussi, en nous adressant à son Père éternel, le nommer notre Père. Tel est le mystère de l’adoption divine, déclarée en ces jours. Toutes choses sont changées au ciel et sur la terre : Dieu n’a plus seulement un Fils, mais plusieurs fils ; nous ne sommes plus désormais, en sa présence, des créatures qu’il a tirées du néant, mais des enfants de sa tendresse. Le ciel n’est plus seulement le trône de sa gloire ; il est devenu notre héritage ; et une part nous y est assurée à côté de celle de notre frère Jésus, fils de Marie, fils d’Ève, fils d’Adam selon l’humanité, comme il est, dans l’unité de personne, Fils de Dieu selon la divinité. Considérons tour à tour l’Enfant béni qui nous a valu tous ces biens, et l’héritage auquel nous avons droit par lui. Que notre esprit s’étonne d’une si haute destinée pour des créatures ; que notre cœur rende grâces pour un bienfait si incompréhensible.

ÉVANGILE. 

La marche des récits du saint Évangile contraint l’Église à nous présenter déjà le divin Enfant entre les bras de Siméon, qui prophétise à Marie les destinées de l’homme qu’elle amis au jour. Ce cœur de mère, tout inondé des joies d’un si merveilleux enfantement, sent déjà le glaive annoncé par le vieillard du temple. Le fils de ses entrailles ne sera donc, sur la terre, qu’un signe de contradiction ; et le mystère de l’adoption du genre humain ne devra s’accomplir que par l’immolation de cet Enfant devenu un homme. Pour nous, rachetés par ce sang, n’anticipons pas trop sur l’avenir. Nous aurons le temps de le considérer, cet Emmanuel, dans ses labeurs et dans ses souffrances ; aujourd’hui, il nous est permis de ne voir encore que l’Enfant qui nous est né, et de nous réjouir dans sa venue. Écoutons Anne, qui nous parlera de la rédemption d’Israël. Voyons la terre régénérée par l’enfantement de son Sauveur ; admirons et étudions, dans un humble amour, ce Jésus plein de sagesse et de grâce qui vient de naître sous nos yeux.

 

Méditation
Saint Jean Chrysostome
HOMÉLIE XIV. TOUT CE QUE NOUS VENONS DE DIRE SE RÉDUIT A CECI : LE PONTIFE QUE NOUS AVONS EST SI GRAND, QU'IL EST ASSIS DANS LE CIEL A LA DROITE DU TRÔNE DE LA SOUVERAINE MAJESTÉ. CHAPITRE VIII EN ENTIER.

1. Saint Paul mêle dans son discours les humiliations et les grandeurs; il imite en cela son divin Maître. Les choses humbles et basses préparent la voie aux choses sublimes et divines. La vue de celles-ci nous apprend que celles-là étaient un effet de la bonté de Dieu qui voulait condescendre à notre faiblesse. C'est ce plan général qu'il suit en particulier dans ce passage. Il a commencé par dire que Jésus s'est offert, et puis, nous l'ayant montré comme Pontife, il ajoute . « Voici maintenant le comble et le couronnement de tout ce qui a été dit jusqu'ici, nous avons un Pontife si grand qu'il s'est assis dans le ciel à la droite du trône de la Majesté souveraine ». Or, être assis n'est pas le propre d'un pontife, mais de celui à qui le sacrifice est offert par le pontife. — « Étant le ministre du sanctuaire », non pas simplement « ministre », mais ministre du sanctuaire, « et du vrai tabernacle que Dieu a fixé et non pas un homme ». Voyez-vous ici l'abaissement volontaire ? Car l'apôtre n'a-t-il pas établi, au début de son épître, cette différence en faveur du Fils de Dieu, que les anges « sont tous des esprits ministres », et que pour cette raison la parole : « Asseyez-vous à ma droite », ne leur sera jamais adressée ? Il affirme donc que celui qui s'assied n'est pas un ministre, un simple serviteur. Comment donc ici est-il appelé ministre, et ministre du sanctuaire ? C'est donc comme homme que cette affirmation lui convient.

Quant au « tabernacle », ici, c'est le ciel. Et pour montrer la différence entre ce tabernacle et celui des juifs, il dit que c'est non pas un homme mais Dieu qui l'a fixé. Remarquez comment il élève les âmes des juifs qui ont cru en Jésus-Christ. Vraisemblablement, ils s'imaginaient que nous n'avions point de tabernacle. Voici, leur dit-il, le prêtre, le prêtre vraiment grand, bien plus grand que les pontifes d'Israël, et qui a offert un sacrifice plus admirable. Mais ne va-t-on pas voir ici un vain étalage de mots pour séduire les esprits ? Non, car il leur rend ses affirmations dignes de foi, en les prouvant et par le serment divin, et par le tabernacle nouveau. Sur ce dernier point la différence était déjà éclatante; il leur en fait encore considérer une toute particulière : « Il a été fixé », dit-il, « non de main d'homme, mais par Dieu même ». Où sont maintenant ceux qui affirment le mouvement du ciel ? Où sont ceux qui disent que sa forme est sphérique ? L'une et l'autre idée sont détruites par ce seul texte : « Or voici le comble de tout ce qui a été dit ». Le comble, la tête, c'est tout ce qu'il y a de plus élevé. Mais il va rabaisser son langage, et après avoir parlé des grandeurs du Christ, il peut sans crainte parler des abaissements. Pour que vous sachiez donc que ce mot : « ministre », qu'il écrit ensuite, se rapporte à l'humanité de Notre-Seigneur, écoutez comme de nouveau il va le déclarer.

« Car tout pontife », dit-il, « est établi pour offrir à Dieu des dons et des victimes, c'est pourquoi il est nécessaire que celui-ci ait aussi quelque chose qu'il puisse offrir ». En m'entendant dire qu'il est assis, n'allez pas croire qu'il n'ait pas été appelé sérieusement pontife. On dit qu'il est assis pour marquer sa divinité, on dit qu'il est pontife pour montrer sa miséricorde envers nous. L'apôtre insiste avec complaisance sur ce dernier point, il s'y étend davantage. Il craignait que l'idée de la divinité de Jésus-Christ n'empêchât de croire à ses miséricordieux abaissements. Il y revient donc, et comme quelques-uns demandaient : Pourquoi est-il mort? Parce qu'il était prêtre, répond-il, pas de prêtre sans sacrifice, il lui faut donc un sacrifice, à lui aussi. Saint Paul, qui a déclaré d'ailleurs que Jésus est dans le ciel, dit donc et montre de toute manière qu'il est prêtre, rappelant et Melchisédech, et le tabernacle, et le sacrifice offert par Notre-Seigneur. Et, toujours dans le but de prouver le sacerdoce de Jésus-Christ, il construit un nouveau raisonnement

« S'il avait été prêtre sur la terre », dit-il, « il ne serait pas prêtre, puisqu'il y avait déjà des prêtres pour offrir des dons selon la loi ». Si donc il est prêtre, et il l'est certainement, il faut qu'il le soit ailleurs qu'ici-bas. Car s'il était prêtre sur la terre, il ne serait pas prêtre, et pourquoi? parce qu'il n'a jamais offert de sacrifice, et qu'il n'a pas rempli de fonction sacerdotale, et cela se comprend, puisqu'il y avait des prêtres chargés de ces sacrifices. L'apôtre prouve qu'il était même impossible à Jésus-Christ d'être prêtre sur la terre, comment, en effet, dit-il, l'aurait-il pu avant la résurrection ?

Maintenant, mes frères, il vous faut élever vos âmes, et contempler la science apostolique de Paul, car voici une nouvelle différence de sacerdoce qu'il nous dévoile. — « Dont le ministère a pour objet la figure et l'ombre des choses du ciel». Que sont ici les choses du ciel? Les choses spirituelles. Car bien que les saints mystères s'accomplissent en ce bas monde, ils sont néanmoins dignes du ciel. En effet, quand on nous met devant les yeux Jésus-Christ tué et immolé, quand l'Esprit-Saint descend, quand ici se rend présent Celui qui est assis à la droite du Père, quand le bain sacré engendre des enfants de Dieu, quand ceux-ci deviennent concitoyens des habitants du ciel, puisque nous avons là-haut droit de patrie, de cité, puisque désormais ici-bas nous sommes étrangers et voyageurs, comment tous ces mystères ne sont-ils point célestes? Et quoi encore? Nos hymnes ne sont-elles point célestes? Les mêmes chants que font entendre au ciel les chœurs des puissances incorporelles, n'en avons-nous pas l'écho, nous qui sommes sur cette humble terre? Et notre autel n'est-il pas céleste aussi? Comment? C'est qu'il n'a rien de charnel, toutes les offrandes qui s'y font, sont spirituelles. Notre sacrifice ne s'évanouit pas en cendre, en graisse, en fumée, mais il ennoblit et glorifie les dons qu'on y présente. N'est-il pas céleste le sacrement qui s'accomplit en vertu de ces paroles adressées aux ministres de tous les temps: « Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez? » (Jn, XX, 23.) N'exercent-ils pas un pouvoir céleste, ceux qui possèdent même les clefs du royaume des cieux?

2. «Leur ministère a pour objet »,dit-il, «la figure et l'ombre des choses du ciel, comme il fut répondu à Moïse lorsqu'il construisait le tabernacle. « Voyez », disait le Seigneur, « et faites tout selon le modèle qui vous a été montré sur la montagne»; c'est qu'en effet, l'ouïe est un moyen plus lent que la vue pour apprendre une chose, ce que nous entendons ne se grave pas dans notre esprit comme ce que nous voyons. « Dieu lui montre toutes choses », peut-être ne les lui montre-t-il qu'en modèle et en ombre, peut-être veut-il ici parler du temple. Car il a dit d'abord : « Voyez et faites tout selon le modèle qui vous a été montré sur la montagne ». N'a-t-il vu que ce qui avait trait à la construction du temple, ou aussi ce qui se rapportait aux sacrifices et à tout en général? Ce second sentiment peut être soutenu sans erreur. Car l'Église est céleste, elle n'est rien moins qu'un ciel.

« Au lieu que Jésus a reçu une sacrificature d'autant plus excellente, qu'il est le médiateur d'une meilleure alliance ».Voyez combien, dit l'apôtre, le second sacerdoce l'emporte sur le premier, puisque l'ancien n'est que copies et figures, et que le nouveau est la vérité même. Mais cette assertion était peu consolante pour les Hébreux, et ne pouvait leur causer du plaisir, l'apôtre s'empresse donc d'ajouter quelque chose qui devait les combler de joie : « L'alliance nouvelle est établie sur de meilleures promesses ». Après l'avoir déjà montrée plus grande par le lieu, le prêtre et le sacrifice, il établit maintenant la différence d'alliance. Il avait déclaré plus haut que l'ancienne était faible et inutile, et toutefois remarquez les précautions qu'il prend avant d'en venir à lui faire son procès. Plus haut (VII) avant de prononcer la réprobation du sacerdoce antique, il avait eu soin de parler de l'immortalité du nouveau pontife, à qui ensuite il attribuait cette haute prérogative que « par lui nous approchons de Dieu ». Ici, ce n'est qu'après nous avoir élevés jusqu'aux cieux, après nous avoir montré que le ciel remplace pour nous le temple, et que le lévitisme ne possédait que les figures de nos saintes réalités, c'est après avoir ainsi relevé le culte nouveau qu'à bon droit dès lors il relève aussi le sacerdoce. — Mais, je l’ai dit, il établit spécialement ce qui doit causer aux Hébreux une joie incomparable, à savoir : « Que notre alliance repose sur des promesses meilleures ». Et qui le prouve? Ce fait même que l'antique alliance est rejetée, et qu'une autre est introduite à sa place. Si désormais celle-ci a l'empire, c'est parce qu'elle est meilleure; car de même qu'il disait : Si par le sacerdoce lévitique la perfection était atteinte, pourquoi y a-t-il eu besoin qu'un autre prêtre se levât selon l'ordre de Melchisédech, ainsi employant ici le même argument, il dit : « Car s'il n'y avait rien de défectueux dans la première alliance, il n'y aurait pas lieu d'en substituer une seconde. Et cependant Dieu leur adresse une parole de blâme (7, 8), c'est-à-dire, si l'alliance n'avait pas eu quelque défaut, si elle avait délivré les hommes de tout péché. Car pour vous convaincre que tel est le sens de ces paroles, écoutez la suite : « Leur adressant un blâme », aux juifs, non à l'alliance, le Seigneur dit : « Il viendra un temps où je ferai une nouvelle alliance avec la maison d'Israël et la maison de Juda. Non selon l'alliance que j'ai faite avec leurs pères au jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir d'Égypte, car ils ne sont point demeurés dans cette alliance que j'avais faite avec eux, et c'est pourquoi je les ai méprisés, dit le Seigneur. Soit, dira-t-on, et où est la preuve que cette alliance soit finie? Il l'a déjà fait voir par le prêtre, mais maintenant, il démontre plus clairement et en termes exprès, qu'elle est rejetée. Comment? « Par des promesses meilleures ». Où est, en effet, je vous prie, l'égalité entre le ciel et la terre? Considérez ce terme : Meilleures promesses, il est mis pour calmer les susceptibilités. Il a dit plus haut dans la même intention : « Par cette espérance nous approchons de Dieu, espérance meilleure», dit-il. (Hé. VII, 19.) En effet, dire meilleures promesses, meilleure espérance, c'est donner à entendre que l'ancienne alliance avait déjà ses promesses et son espérance. Mais ce peuple l'accusant toujours : « Voici », ajoute-t-il, « voici que des jours viendront, dit le Seigneur, où je consommerai une alliance nouvelle avec la maison d'Israël et la maison de Juda ». Il ne s'agit pas d'une ancienne alliance quelconque, car, pour qu'on ne pût s'y tromper, il a marqué la date même. Il ne dit pas absolument : Non pas selon l'alliance que j'ai faite avec leurs pères, parce que vous auriez pu répondre qu'il s'agit de celle que Dieu fit avec Abraham ou même avec Noé. Laquelle désigne-t-il donc? Écoutez : « Non pas selon l'alliance que j'ai faite avec leurs pères qui assistaient à la sortie », et Dieu même ajoute : « En ce jour où je les pris par la main pour les tirer de la terre d'Égypte, car ils ne sont point demeurés dans cette alliance que j'ai faite avec eux, et c'est pourquoi je les ai méprisés, dit le Seigneur ». Voyez-vous que le mal commence par nous? Ce sont eux qui n'ont point persévéré, dit-il, ainsi la négligence est notre fait. Le bien, je veux dire tous les bienfaits, viennent de Dieu. Ici, il semble lui-même faire son apologie, et il dit pour quelle raison il les abandonne.

8. «Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël, après que ce temps-là sera venu, dit le Seigneur, j'imprimerai mes lois dans leur esprit et je les écrirai dans leur cœur, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple (10) ». Dieu parle évidemment de la nouvelle alliance, puisqu'il a dit : Ce n'est plus selon l'alliance que j'ai faite jadis. Telle est la grande différence des deux alliances; la dernière est écrite dans les cœurs. La différence n'est pas tant dans les commandements que dans la manière de les donner et de les graver. « Mon alliance ne sera plus écrite en lettres », dit-il, « mais dans les cœurs ». Que le juif nous montre la réalisation de cette prophétie à une époque quelconque, mais non, il ne la trouvera pas, car la loi fut de nouveau reproduite en caractères écrits après le retour de la captivité de Babylone. Moi, au contraire, je leur montre que les apôtres n'ont rien reçu par écrit, mais que l'Esprit-Saint a gravé tout dans leur cœur. Aussi Jésus-Christ disait-il : « Quand il sera venu, il vous remettra toutes choses en mémoire et vous enseignera ».

« Et chacun d'eux n'aura plus besoin d'enseigner son prochain et son frère, en disant : Connaissez le Seigneur; parce que tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, car je leur pardonnerai leurs iniquités, et je ne me souviendrai plus de leurs péchés ( 11, 12) ». Voici un autre signe : Du petit au grand, dit-il, on me connaîtra; on ne dira plus : Connaissez le Seigneur. Quand donc s'est réalisée cette prédiction, sinon maintenant? Car notre grande révélation chrétienne a éclaté partout, et la leur, loin d'être ainsi manifeste, est enfermée dans un étroit recoin. On dit qu'une chose est nouvelle, quand elle est tout autre, ou quand elle montre ce que n'avait pas celle qui l'a précédée. Une chose encore devient nouvelle quand on en retranche une forte partie sans toucher au reste. Par exemple, que quelqu'un répare une maison qui menace ruine, et que sans toucher à l'ensemble de la construction, il en refasse les fondations, nous dirons aussitôt Il a fait une maison neuve, parce qu'il a enlevé certaines parties qu'il a remplacées par d'autres. Nous disons aussi que le ciel est nouveau, quand, cessant d'être d'airain, il nous verse la pluie, ainsi encore parlons-nous d'une terre qui cesse d'être stérile, sans avoir été changée autrement, ainsi appelons-nous édifice meilleur celui dont on retire certaines parties en respectant les autres. Saint Paul a donc eu raison d'appeler nouvelle notre alliance, pour montrer que la précédente a vieilli, étant devenue absolument inféconde. Pour vous en convaincre, lisez les reproches d'Aggée, de Zacharie, de l'ange, lisez spécialement les griefs d'Esdras contre le peuple, comment il fut reçu, lorsqu'ils étaient transgresseurs, et qu'ils ne s'en doutaient même pas. — Voyez-vous comment votre alliance a été violée et supprimée, comment l'a mienne mérite à bon droit le titre de nouvelle?

Je n'admets pas d'ailleurs que ce texte : «Il y aura un ciel nouveau » (Is. LXV, 17), ait été dit dans le sens indiqué tout à l'heure. En effet, lorsque Dieu, dans le Deutéronome, annonce que le ciel serait d'airain, il n'a pas ajouté cette antithèse : Si au contraire vous obéissez, le ciel sera nouveau; mais il déclare que c'est parce que les juifs n'ont point gardé la première alliance qu'il en donnera une nouvelle. Je la prouve par ces paroles de l'apôtre lui-même : « Car ce qui était impossible à la loi, qui était affaiblie parla chair », et ailleurs : « Pourquoi tentez-vous Dieu, en imposant sur le cou des disciples un joug que ni nos pères, ni nous-mêmes n'avons pu porter?» (Rm. VIII, 3; Ac. XV, 10 ) Puisqu'ils n'ont pas persévéré, dit-il. Ceci montre que nous sommes honorés de faveurs plus grandes et plus spirituelles. « Car », dit-il, « leur voix a retenti par toute la terre, et leurs paroles jusqu'aux extrémités du monde ». C'est l'explication du texte : « Chacun ne dira plus à soit prochain : Connaissez le Seigneur », et ailleurs: « La terre sera remplie de la connaissance du Seigneur, comme la mer jadis l'a couverte de ses flots» : (Ha. II, 14.)

« Or, en appelant cette alliance une alliance nouvelle, il a mis la première au rang des choses « vieillies et passées. Or, ce qui passe et vieillit, est proche de sa fin (13) ». Voyez comme il a dévoilé ce qu'il a de plus caché, la pensée même du Prophète. Il a honoré la loi, et n'a pas voulu l'appeler vieille en toutes lettres, mais il a dit qu'elle l'était cependant. Car si elle était nouvelle, il ne donnerait pas cette qualification de nouvelle à la nôtre. Ainsi Dieu donnant davantage, dit-il, par là même a mis la précédente alliance au rang des choses antiques. Donc elle se dissout et s'éteint, elle n'est déjà plus. Encouragé par le Prophète, il poursuit utilement ce thème, montrant que notre religion est florissante, par cela seul que l'autre alliance est usée. Prenant ensuite ce terme de chose antique, il en ajoute un autre encore, celui de chose vieillie, et le coup de grâce se déduit aussitôt des qualifications susdites : « Elle est », dit-il, « proche de sa fin ». Ce n'est donc pas, à proprement parler, la nouvelle alliance qui a détruit l'ancienne, c'est que celle-ci vieillit, c'est qu'elle est devenue inutile. Voilà pourquoi il disait: A raison de son impuissance et de son inutilité, et encore : La loi n'a rien mené à la perfection, et : Si la première alliance avait été sans défaut, on ne chercherait pas la place d'une seconde. Qu'est-ce qu'être sans défaut? C'est être utile, puissant. Il parle ainsi, non que la loi doive être accusée positivement, mais, la voyant insuffisante, il s'exprime plus simplement, comme si l'on disait : Votre maison n'est pas sans défaut, c'est-à-dire, elle a quelque vice de construction, elle n'est c'est-à-dire, ferme ni solide, votre vêtement n'est pas sans défaut, c'est-à-dire il s'en va. Il ne dit donc pas que l'alliance antique fut mauvaise, mais qu'elle laissait prise au blâme, aux accusations.

4. Ainsi nous sommes nouveaux, ou plutôt, nous l'avons été, car maintenant nous avons vieilli, et partant nous sommes près de la mort. Toutefois, si nous le voulons, nous pouvons conjurer, réparer cette caducité honteuse. Nous ne le pouvons plus par le baptême, mais nous le pouvons par la pénitence. Si nous avons quelque symptôme de vieillesse, rejetons-le, si déjà nous comptons quelque ride, quelque tache, quelque souillure, sachons tout effacer et recouvrons notre beauté première, afin que le Roi nous aime dans cette beauté renouvelée. Bien, que tombés peut-être dans une laideur extrême, il nous est permis de retrouver ce charme et cette grâce dont parle ainsi David : « Écoutez, ô ma fille, voyez, prêtez l'oreille, oubliez votre peuple et la maison de votre père, et le roi sera épris dé votre beauté ». Ce n'est pas l'oubli qui fait la beauté de l'âme. Quel oubli est donc ici désigné? L'oubli des péchés. Car le Prophète s'adresse à l’Église appelée du milieu des nations païennes, et lui conseille de ne pas se souvenir de ses pères, de ceux sans doute qui sacrifiaient aux idoles, c'est parmi eux, en effet, qu'elle a été choisie. Et il ne lui dit pas: N'en approchez point; mais ce qui est bien autrement fort : N'en concevez plus même la pensée! Ce qui s'accorde avec cet autre passage : « Je ne me souviendrai plus même de leurs noms sur mes lèvres », et ailleurs. « Puisse ma bouche ne pas parler des oeuvres de ces hommes ! » (Ps. XV, 4 et XVI, 4.) Ceci n'est pas, encore d'une grande vertu, ou plutôt c'est une vertu déjà grande, mais non parfaite. Car que dit-il ici? Il ne s'arrête pas à cet avis : Ne parlez pas le langage de vos pères, il poursuit : Ne leur gardez pas même un souvenir, n'en conservez pas même l'idée. Vous voyez à quelle distance il veut nous éloigner du Vice, En effet, qui ne se souvient plus d'une chose, n'y pense pas; qui n'y pense pas, n'en parle pas, qui n'en parle pas, est bien loin de la commettre. Comprenez-vous combien d'étapes il jette entre nous et le péché, combien de haltes, d'intervalles, doivent nous en éloigner ?

Écoutons donc, nous aussi, oublions nos maux, et non pourtant les péchés que nous avons commis. Car, souvenez-vous-en le premier, dit le Seigneur, et moi, je ne m'en souviendrai plus. Prenons un exemple : Loin d'avoir un souvenir de vol, rendons le bien volé. C'est oublier le vice que de chasser ainsi toute pensée de rapacité sans jamais plus l'accueillir, ayant même souci d'effacer la trace de nos péchés.

Mais comment ainsi oublier le mal? Par le souvenir des bienfaits de Dieu. Si nous avions constamment mémoire de ce grand Dieu, nous pourrions aussi nous rappeler ses bontés. « Heureux », dit le Prophète, « si je me suis souvenu de vous sur ma couche même, si je méditais alors sur vous dès le matin ! » (Ps. LXII, 7.) Car toujours sans doute il faut se souvenir de Dieu, mais plus que jamais il le faut à l'heure où notre pensée est dans le silence et le calme, à l'heure où par ce souvenir elle peut se condamner, à l'heure où la mémoire est plus fidèle. Quand ce souvenir nous revient pendant le jour, bientôt d'autres soucis tumultueux chassent la bonne pensée. Durant la nuit, au contraire, nous pouvons nous souvenir toujours, dès que notre âme jouit de la tranquillité, du repos, qu'elle est au port et dans une atmosphère sereine. « Ce que vous dites dans vos cœurs », ajoute le Prophète, « repassez-le avec amertume dans votre lit ». (Ps. IV, 5) Il faudrait sans doute, même durant le jour, conserver ces souvenirs, mais parce qu'alors vous êtes sans cesse inquiets et distraits par les affaires de la vie présente, au moins alors et dans votre lit, souvenez-vous de Dieu et méditez sur lui dès les heures matinales. Si telle est, dès le matin, notre action, nous irons ensuite à nos affaires avec une sécurité heureuse, si par la prière tout d'abord nous gagnons l'amitié de Dieu, nous marcherons dès lors sans rencontrer d'ennemi, ou, s'il s'en présente, nous en rirons, ayant Dieu pour nous. La guerre est sur la place publique, les embarras de chaque jour sont autant de combats, de vagues, de tempêtes. Nous avons besoin d'armes, les prières sont des armes puissantes. C'est quand les vents sont favorables qu'il faut tout étudier, pour que la longue journée s'achève sans naufrage ni blessure, car chaque jour voit surgir de nombreux écueils, et trop souvent contre eux la barque se brise et s'engloutit.

Voilà pourquoi nous avons besoin de prière, surtout le matin et le soir. Plusieurs d'entre vous souvent ont vu les jeux Olympiques, et non contents d'en être témoins, se sont portés fauteurs et admirateurs de ceux qui concourent, prenant parti l'un pour celui-ci, l'autre pour celui-là. Vous savez que pendant ces jours et ces nuits de combats, le héraut n'a toute la nuit même qu'une pensée, qu'un souci, c'est qu'aucun des combattants ne se conduise d'une manière indigne. Ceux qui patronnent un joueur de trompette, lui conseillent de ne dire mot à qui que ce soit, de peur d'épuiser son haleine et de prêter à rire. Si donc celui qui va lutter en face des hommes y met un soin pareil, bien plus convient-il que nous soyons constamment sur nos gardes et toujours réfléchis, nous dont la vie entière est nu combat. Que la nuit donc tout entière soit pour nous une longue veille, une continuelle précaution, de peur que nos démarches de la journée ne prêtent au ridicule; et plut à Dieu que nous ne fussions jamais que ridicules !

Or sachons qu'à la droite du Père siège le Juge du combat, il écoute attentivement s'il nous échappera quelque accent discordant et qui blesse l'harmonie, car il n'est pas seulement juge des faits, mais aussi des paroles. Veillons toute la nuit, ô bien-aimés frères, et nous aussi, si nous voulons, nous aurons des partisans. Près de chacun de nous siège un ange, tandis que nous dormons profondément toute la nuit. Et encore si nous ne faisions que dormir, mais plusieurs alors commettent des turpitudes, les uns courent aux mauvais lieux, les autres prostituent leurs maisons mêmes, en y admettant des courtisanes. Je me tais, car ceux-là n'ont aucun souci de bien combattre. D'autres s'abandonnent à l'ivresse et aux grossières conversations, d'autres aiment le bruit et le trouble, d'autres passent toute la nuit dans une veille criminelle et méditent contre ceux qui dorment des complots détestables, d'autres comptent leurs profits usuraires, d'autres sont rongés de soucis et font tout excepté ce qui convient au bon combat. Aussi je vous prie d'abandonner toute pensée semblable et de d'avoir qu'un but, c'est de recevoir la récompense, d'ambitionner pour nos fronts la couronne, de tout faire enfin pour pouvoir atteindre les biens promis. Puisse-t-il nous être donné d'en jouir par la grâce et bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ!

 


 

 

 

 

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Nativité du Seigneur

25 Décembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Nativité du Seigneur
Messe de la nuit

Introït

Le Seigneur m’a dit : « tu es mon Fils. C’est moi qui t’engendre aujourd’hui » Pourquoi les nations ont-elles frémi ? Pourquoi les peuples ont-ils tramé de vains complots ?

Collecte

Seigneur Dieu, vous avez illuminé cette nuit sainte de l’éclat de la vraie lumière : nous vous en prions, faites que cette lumière dont le mystère nous est révélé sur la terre nous fasse goûter dans le ciel la plénitude de la joie.

ÉpitreTt. 2, 11-15

Très cher ami : La grâce de Dieu notre sauveur s’est manifestée à tous les hommes ; nous enseignant à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, pour que nous vivions sobrement, et justement, et pieusement dans ce siècle, attendant la bienheureuse espérance et l’avènement de la gloire du grand Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ, qui s’est livré lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire de nous un peuple purifié, agréable, et zélé pour les bonnes œuvres. Dis ces choses, et exhorte : dans le Christ Jésus, Notre-Seigneur.

Évangile Lc. 2, 1-14

En ce temps-là : Un édit de César Auguste fut publié , pour le recensement de toute la terre. Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville. Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s’appelle Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David, pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter s’accomplit, et elle mit au monde son fils premier-né, l’emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie. Il y avait dans la même région des bergers qui vivaient aux champs et qui veillaient la nuit sur leur troupeau. Un ange du Seigneur parut auprès d’eux et la gloire du Seigneur les enveloppa de clarté, et ils furent saisis d’une grande crainte. Mais l’ange leur dit : « Ne craignez point, car je vous annonce une nouvelle qui sera pour tout le peuple une grande joie : il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ Seigneur. Et voici ce qui vous en sera le signe : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une crèche. » Tout à coup se joignit à l’ange une troupe de la milice céleste, louant Dieu et disant : « Gloire, dans les hauteurs, à Dieu ! Et, sur terre, paix chez les hommes de bonne volonté ! »

Secrète

En ce jour de fête, Seigneur, rendez notre offrande digne de vous. Et dans l’échange infiniment saint que réalise ce sacrifice, accordez-nous la grâce de ressembler au Christ Jésus, en qui notre nature humaine se trouve unie à vous.

Postcommunion

Nous avons la joie, Seigneur notre Dieu, de célébrer tous ensemble dans ces saints mystères la naissance de Notre Seigneur Jésus Christ : faites, nous vous en prions, qu’au terme d’une vie sainte, nous méritions de partager sa gloire.

Messe de l’aurore Mémoire de Sainte Anastasie Martyre

Introït

La lumière va resplendir aujourd’hui sur nous : car le Seigneur nous est né : et on l’appellera l’Admirable, le Dieu fort, prince de la paix, Père du siècle à venir : car son règne n’aura pas de fin. Le Seigneur est roi, il est revêtu de gloire : le Seigneur est revêtu de force, il s’arme de puissance.

Collecte

Dieu tout puissant, l’incarnation de votre Verbe vient de nous inonder d’une lumière nouvelle : faites, s’il vous plaît, resplendir dans nos vies cette lumière qui brille par la foi en nos intelligences.

Épitre Tt. 3, 4-7

Très cher ami : Lorsque la bonté de Dieu, notre Sauveur, et son amour pour les hommes ont paru, il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais en vertu de sa miséricorde, par le bain de la régénération et du renouvellement de l’Esprit-Saint, qu’il a répandu sur nous abondamment par Jésus-Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par sa grâce, nous devinssions héritiers, conformément à l’espérance de la vie éternelle : dans le Christ Jésus, Notre-Seigneur.

Évangile Lc. 2, 15-20

En ce temps là : les bergers se dirent entre eux : « Passons donc jusqu’à Bethléem, et voyons cet événement qui est arrivé, et que le Seigneur nous a fait connaître. » Ils s’y rendirent en toute hâte, et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche. Après avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui les entendirent furent dans l’admiration de ce que leur avaient dit les bergers. Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant dans son cœur. Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été dit.

Offertoire

Dieu a établi un univers inébranlable : c’est un trône dressé pour vous depuis toujours, ô Dieu éternel.

Messe du jour

Introït

Un enfant nous est né, un fils nous est donné : la souveraineté repose sur son épaule : et on l’appellera le Messager d’en haut. Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles.

Collecte

Nous vous en prions, Dieu tout puissant, que votre Fils éternel, par sa nouvelle naissance en notre chair, vienne nous délivrer de l’ancien esclavage qui nous maintient sous le joug du péché.

Épitre He. 1, 1-12

Après avoir, à plusieurs reprises et en diverses manières, parlé autrefois à nos pères par les Prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, et par lequel il a aussi créé le monde. Ce Fils, qui est le rayonnement de sa gloire, l’empreinte de sa substance, et qui soutient toutes choses par sa puissante parole, après nous avoir purifiés de nos péchés, s’est assis à la droite de la majesté divine au plus haut des cieux, d’autant plus grand que les anges, que le nom qu’il possède est plus excellent que le leur. Auquel des anges en effet Dieu a-t-il jamais dit : "Tu es mon Fils, aujourd’hui je t’ai engendré" ? Et encore "Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un Fils" ? Et lorsqu’il introduit de nouveau dans le monde le Premier-né, il dit : "Que tous les anges de Dieu l’adorent !" De plus, tandis qu’il est dit des anges : "Celui qui fait de ses anges des vents, et de ses serviteurs une flamme de feu," il dit au Fils : "Ton trône, ô Dieu, est éternel ; le sceptre de ta royauté est un sceptre de droiture. Tu as aimé la justice et haï l’iniquité ; c’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile d’allégresse au-dessus de tous tes compagnons." Et encore : "C’est toi, Seigneur, qui as au commencement fondé la terre, et les cieux sont l’ouvrage de tes mains ; ils périront, mais tu demeures ; ils vieilliront tous comme un vêtement ; comme un manteau tu les rouleras, et ils seront changés ; mais toi, tu restes le même, et tes années ne s’épuiseront point."

Évangile Jn, 1, 1-14

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement en Dieu. Tout par lui a été fait, et sans lui n’a été fait rien de ce qui existe. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue. Il y eut un homme, envoyé de Dieu ; son nom était Jean. Celui-ci vint en témoignage, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui : non que celui-ci fût la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière. La lumière, la vraie, celle qui éclaire tout homme, venait dans le monde. Il était dans le monde, et le monde par lui a été fait, et le monde ne l’a pas connu. Il vint chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais quant à tous ceux qui l’ont reçu, Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, qui non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu sont nés. (ici on fléchit le genou) Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, gloire comme celle qu’un fils unique tient de son Père, tout plein de grâce et de vérité.

Offertoire

A vous sont les cieux, à vous la terre : c’est vous qui avez posé les fondations de l’univers, et créé ce qu’il renferme : votre trône repose sur le droit et la justice.

Postcommunion

Dieu tout puissant, le Sauveur du monde, qui est né aujourd’hui, nous a fait naître à la vie divine. Faites, nous vous en prions, qu’il nous accorde aussi le don de l’immortalité.

 

Office

Au deuxième nocturne.

Sermon de saint Léon, Pape.

Quatrième leçon. Notre Sauveur, mes bien-aimés, est né aujourd’hui : réjouissons-nous. Il ne peut y avoir de tristesse au jour où naît la vie, qui, dissipant la crainte de la mort, répand en nos âmes la joie, par la promesse de l’éternité. Il n’y a personne qui n’ait sa part de cette allégresse. Tous ont un même motif de se réjouir, car notre Seigneur, destructeur du péché et de la mort, nous trouvant tous assujettis au péché, est venu pour nous affranchir tous. Qu’il tressaille, celui qui est saint : car la palme approche pour lui. Que le pécheur se réjouisse : voici qu’on l’invite au pardon. Que le Gentil prenne courage : car il est convié à la vie. En effet, le Fils de Dieu, dans la plénitude des temps fixée par les impénétrables profondeurs du conseil divin, a pris la nature humaine, pour la réconcilier avec son auteur, afin que l’inventeur de la mort, le diable, fût vaincu par où il avait triomphé.
Cinquième leçon. En ce combat livré pour nous, c’est avec une grande et admirable loyauté qu’on a combattu, puisque le Seigneur tout-puissant a lutté contre ce cruel ennemi, non dans sa majesté, mais dans l’infirmité de notre chair, et lui a opposé la même forme, la même nature, celle de notre mortalité, mais exempte de tout péché. Car ce qu’on lit de tous les hommes : « Nul n’est pur de souillure, pas même l’enfant dont la vie n’est encore que d’un jour sur la terre », ne peut être appliqué à cette nativité. Rien de la concupiscence de la chair ne s’est rencontré dans cette naissance merveilleuse ; rien n’y est provenu de la loi du péché. Une vierge est élue de la tige de David ; une vierge royale qui, devant porter dans son sein le rejeton sacré, conçut spirituellement l’Homme-Dieu par la foi, avant de le concevoir corporellement. Afin que Marie, dans son ignorance du dessein céleste, ne soit pas troublée à une si étonnante nouvelle, elle apprend de son entretien avec l’Ange ce que l’Esprit-Saint doit opérer en elle ; et celle qui va devenir la Mère d’un Dieu, n’a rien à craindre pour sa pudeur.
Sixième leçon. C’est pourquoi, mes bien-aimés, rendons grâces à Dieu le Père, par son Fils, dans le Saint-Esprit : de ce que, « nous ayant aimés dans son infinie charité, il a eu pitié de nous, et comme nous étions morts par les péchés, il nous a vivifiés tous en Jésus-Christ », afin que nous fussions en lui une nouvelle créature et un ouvrage nouveau. « Dépouillons donc le vieil homme avec ses œuvres »  ; et, admis à participer à la naissance du Christ, renonçons aux œuvres de la chair. Reconnais, ô Chrétien, ta dignité, et, « devenu participant de la nature divine », garde-toi de retomber, par une conduite indigne de cette grandeur, dans ta bassesse première. Souviens-toi de quel chef et de quel corps tu es membre. N’oublie jamais, « qu’arraché à la puissance des ténèbres », tu as été transporté à la lumière et au royaume de Dieu.
 

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Septième leçon. Comme nous avons aujourd’hui, grâce à la bonté du Seigneur, à célébrer trois fois les solennels mystères de la Messe, nous ne pouvons vous parler longtemps de la lecture de l’Évangile ; mais nous devons au moins en dire brièvement quelque chose : la nativité de notre Rédempteur nous y oblige. Pourquoi donc, au moment de la naissance du Seigneur, ce dénombrement du monde, si ce n’est pour nous faire comprendre que dans la chair, apparaissait celui qui devait enregistrer les élus dans l’éternité ? D’autre part le Prophète dit des réprouvés : « Qu’ils soient rayés du livre des vivants, et ne soient point inscrits avec les justes. » De plus, il convient que le Seigneur naisse à Bethléem, d’autant que Bethléem est interprété, Maison du Pain. Et en effet, c’est lui qui a dit : « Je suis le Pain vivant, descendu du ciel. » Ainsi, le lieu où naît le Seigneur a été auparavant appelé Maison du Pain, parce que là devait apparaître dans la chair celui qui, un jour, rassasierait intérieurement les âmes de ses élus. Il naît hors de la maison de ses parents, en un voyage, pour montrer qu’en prenant l’humanité, il naissait comme en un lieu étranger.

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Huitième leçon. Considérez les commencements de l’Église naissante : le Christ naît, et déjà les pasteurs veillent, comme pour rassembler dans le bercail du Seigneur les nations qui, jusque-là, vivaient comme des brutes, afin de les garantir, au milieu des ombres de la nuit, de l’incursion de bêtes spirituelles. Il est juste que les pasteurs veillent, étant instruits par le bon Pasteur. Ainsi le troupeau, c’est le peuple ; la nuit, c’est le monde ; les bergers sont les prêtres. Sans doute, il faut bien qu’il soit pasteur, celui auquel on a dit : « Sois vigilant, et confirme les autres. » Mais le Seigneur n’a pas seulement établi les Évêques pour défendre le troupeau, il y a encore destiné ses Anges.

Homélie de saint Augustin, Évêque.

Neuvième leçon. Afin que vous n’ayez pas du Verbe une idée basse, comme s’il s’agissait de paroles humaines, écoutez ce qu’il faut en penser : « Le Verbe était Dieu. » Vienne donc je ne sais quel infidèle Arien nous dire : « Le Verbe de Dieu a été fait. » Comment se peut-il que le Verbe de Dieu ait été fait, puisque Dieu a, par le Verbe, fait toutes choses ? Si le Verbe de Dieu, lui aussi, a été fait, par quel autre verbe a-t-il été fait ? Peut-être direz-vous qu’il a été fait par un verbe du Verbe : mais je réponds, moi, que le Verbe est l’unique Fils de Dieu. Si vous n’admettez point un verbe du Verbe, accordez donc qu’il n’a point été fait, celui par qui tout a été fait. Car il n’a pu se faire lui-même, celui par qui tout a été fait. Croyez-en donc l’Évangéliste.

 

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Vigile de la Nativité

24 Décembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Vigile de la Nativité

Collecte

Seigneur Dieu, vous nous donnez chaque année la joie d’attendre notre rédemption. Et puisque c’est dans la joie que nous accueillons votre Fils unique, lorsqu’il viendra nous racheter, accordez-nous de pouvoir encore le regarder sans inquiétude, quand il reviendra pour nous juger.

Épitre Rm. 1, 1–6

Paul, serviteur du Christ-Jésus, apôtre par son appel, mis à part pour annoncer l’Évangile de Dieu, Évangile que Dieu avait promis auparavant par ses prophètes dans les saintes Écritures, touchant son Fils né de la postérité de David selon la chair, et déclaré Fils de Dieu miraculeusement, selon l’Esprit de sainteté, par une résurrection d’entre les morts, Jésus-Christ Notre-Seigneur, par qui nous avons reçu la grâce et l’apostolat, pour amener en son nom à l’obéissance de la foi tous les Gentils, du nombre desquels vous êtes, vous aussi, par appel de Jésus-Christ.

Évangile Mt, 1, 18–21

Marie, la mère de Jésus, ayant été fiancée à Joseph, il se trouva, avant qu’ils eussent habité ensemble, qu’elle avait conçu par la vertu du Saint-Esprit. Joseph, son mari, qui était juste et ne voulait pas la diffamer, se proposa de la répudier secrètement. Comme il était dans cette pensée, voici qu’un ange du Seigneur lui apparut en songe, et lui dit : « Joseph, fils de David, ne craint point de prendre chez toi Marie ton épouse, car ce qui est conçu en elle est du Saint-Esprit. Et elle enfantera un fils, et tu lui donneras pour nom Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés. »

Office

Homélie de saint Jérôme, Prêtre.

Première leçon. Pourquoi n’est-ce pas simplement par une vierge, mais par une vierge fiancée, qu’il est conçu ? D’abord, afin que par la généalogie de Joseph, celle de Marie fût constatée ; en second lieu, de peur qu’elle ne fût lapidée par les Juifs comme adultère ; en troisième lieu, pour que, fugitive en Égypte, elle eût un soutien en la personne de Joseph. Le Martyr saint Ignace ajoute une quatrième raison : s’il est conçu par une fiancée, c’est, dit-il, pour cacher cet enfantement au démon, qui le croira le fruit, non d’une vierge, mais d’une épouse.
Deuxième leçon. « Avant qu’ils vinssent ensemble, il fut découvert qu’elle avait conçu du Saint-Esprit. » Personne ne le découvrit, sinon saint Joseph, aux regards duquel ne pouvait rien échapper de ce qui concernait sa future épouse. Quand il est dit : « Avant qu’ils vinssent ensemble », il ne s’ensuit pas qu’ils se soient unis plus tard ; l’Écriture constate ce qui n’avait pas eu lieu.
Troisième leçon. « Mais Joseph, qui était un homme juste et ne voulait point la dénoncer, songea à la renvoyer sans éclat. » « Si quelqu’un s’unit à une femme de mauvaise vie, il devient un même corps avec elle », et il est marqué dans la Loi que, non seulement ceux qui commettent le crime, mais les complices eux-mêmes du crime, sont coupables. Comment donc Joseph, cachant le crime de son épouse, est-il appelé juste ? Mais c’est un témoignage en faveur de Marie ; car Joseph, connaissant sa chasteté et plein d’admiration pour ce qui se passe, cache sous le voile du silence, l’événement dont il ne comprend point le mystère.

Enfin, dit saint Pierre Damien dans son Sermon pour ce jour,

« nous voici arrivés de la haute mer dans le port, de la promesse à la récompense, du désespoir à l’espérance, du travail au repos, de la voie à la patrie. Les courriers de la divine promesse s’étaient succédé ; mais ils n’apportaient rien avec eux, si ce n’est le renouvellement de cette même promesse. C’est pourquoi notre Psalmiste s’était laissé aller au sommeil, et les derniers accents de sa harpe semblaient accuser les retards du Seigneur. Vous nous avez repoussés, disait-il, vous nous avez dédaignés ; et vous avez différé l’arrivée de votre Christ. Puis, passant de la plainte à l’audace, il s’était écrié d’une voix impérative : Manifestez-vous donc, ô vous qui êtes assis sur les Chérubins ! En repos sur le trône de votre puissance, entouré des bataillons volants de vos Anges, ne daignerez-vous pas abaisser vos regards sur les enfants des hommes, victimes d’un péché commis par Adam, il est vrai, mais permis par vous-même ? Souvenez-vous de ce qu’est notre nature ; c’est à votre ressemblance que vous l’avez créée ; et si tout homme vivant est vanité, ce n’est pas du moins en ce qu’il a été fait à votre image. Abaissez donc vos cieux et descendez ; abaissez les cieux de votre miséricorde sur les misérables qui vous supplient, et du moins ne nous oubliez pas éternellement.

« Isaïe à son tour, dans la violence de ses désirs, disait : A cause de Sion, je ne me tairai pas ; à cause de Jérusalem, je ne me reposerai pas, jusqu’à ce que le Juste quelle attend se lève enfin dans son éclat. Forcez donc les deux et descendez ! Enfin, tous les Prophètes, fatigués d’une trop longue attente, n’ont cessé de faire entendre tour à tour les supplications, les plaintes, et souvent même les cris de l’impatience. Quant à nous, nous les avons assez écoutés ; assez longtemps nous avons répété leurs paroles : qu’ils se retirent maintenant ; il n’est plus pour nous de joie, ni de consolation, jusqu’à ce que le Sauveur, nous honorant du baiser de sa bouche, nous dise lui-même : Vous êtes exaucés.

« Mais que venons-nous d’entendre ? Sanctifiez-vous, enfants d’Israël, et soyez prêts : car demain descendra le Seigneur. Le reste de ce jour, et à peine la moitié de la nuit qui va venir nous séparent de cette entrevue glorieuse, nous cachent encore l’Enfant-Dieu et son admirable Naissance. Courez, heures légères ; achevez rapidement votre cours, pour que nous puissions bientôt voir le Fils de Dieu dans son berceau et rendre nos hommages à cette Nativité qui sauve le monde. Je pense, mes Frères, que vous êtes de vrais enfants d’Israël, purifiés de toutes les souillures de la chair et de l’esprit, tout prêts pour les mystères de demain, pleins d’empressement à témoigner de votre dévotion. C’est du moins ce que je puis juger, d’après la manière dont vous avez passé les jours consacrés à attendre l’Avènement du Fils de Dieu. Mais si pourtant quelques gouttes du fleuve de la mortalité avaient touché votre cœur, hâtez-vous aujourd’hui de les essuyer et de les couvrir du blanc linceul de la Confession. Je puis vous le promettre de la miséricorde de l’Enfant qui va naître : celui qui confessera son péché avec repentir, la Lumière du monde naîtra en lui ; les ténèbres trompeuses s’évanouiront, et la splendeur véritable lui sera donnée. Car comment la miséricorde serait-elle refusée aux mal-ci heureux, en cette nuit même où prend naissance le Seigneur miséricordieux ? Chassez donc l’orgueil de vos regards, la témérité de votre langue, la cruauté de vos mains, la volupté de vos reins ; retirez vos pieds du chemin tortueux, et puis venez et jugez le Seigneur, si, cette nuit, il ne force pas les Cieux, s’il ne descend pas jusqu’à vous, s’il ne jette pas au fond de la mer tous vos péchés. »

Ce saint jour est, en effet, un jour de grâce et d’espérance, et nous devons le passer dans une pieuse allégresse. L’Église, dérogeant à tous ses usages habituels, veut que si la Vigile de Noël vient à tomber au Dimanche, le jeûne seul soit anticipé au samedi ; mais dans ce cas l’Office et la Messe de la Vigile l’emportent sur l’Office et la Messe du quatrième Dimanche de l’Avent : tant ces dernières heures qui précèdent immédiatement la Nativité lui semblent solennelles ! Dans les autres Fêtes, si importantes qu’elles soient, la solennité ne commence qu’aux premières Vêpres ; jusque-là l’Église se tient dans le silence, et célèbre les divins Offices et le Sacrifice suivant le rite quadragésimal. Aujourd’hui, au contraire, dès le point du jour, à l’Office des Laudes, la grande Fête semble déjà commencer. L’intonation solennelle de cet Office matutinal annonce le rite Double ; et les Antiennes sont chantées avec pompe avant et après chaque Psaume ou Cantique. A la Messe, si l’on retient encore la couleur violette, du moins on ne fléchit plus les genoux comme dans les autres Fériés de l’Avent ; et il n’y a plus qu’une seule Collecte, au lieu des trois qui caractérisent une Messe moins solennelle.

Entrons dans l’esprit de la sainte Église, et préparons-nous, dans toute la joie de nos cœurs, à aller au-devant du Sauveur qui vient à nous. Accomplissons fidèlement le jeûne qui doit alléger nos corps et faciliter notre marche ; et, dès le matin, songeons que nous ne nous étendrons plus sur notre couche que nous n’ayons vu naître, à l’heure sacrée, Celui qui vient illuminer toute créature ; car c’est un devoir, pour tout fidèle enfant de l’Église Catholique, de célébrer avec elle cette Nuit heureuse durant laquelle, malgré le refroidissement de la piété, l’univers entier veille encore à l’arrivée de son Sauveur : dernier vestige de la piété des anciens jours, qui ne s’effacerait qu’au grand malheur de la terre.

 

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O Emmanuel

23 Décembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

O Emmanuel

O Emmanuel, Rex et legifer noster, exspectátio Géntium, et Salvator earum : veni ad salvandum nos, Domine, Deus noster.

Méditation

Lectio 2

Super Heb., cap. 7 l. 2 Supra ostendit apostolus quomodo Melchisedech assimilatus est filio Dei, hic ostendit praeeminentiam sacerdotii Melchisedech ad sacerdotium leviticum. Et circa hoc facit duo. Primo enim excitat attentionem; secundo ostendit propositum, ibi et quidem de filiis. Excitat autem ipsos, quia grandia et maxima dicturus erat. Pr. VIII, 6: audite me, quia de rebus magnis locutura sum. Et ideo dicit intuemini, id est diligenter considerate, quantus, id est, quam magnae dignitatis sit hic cui Abraham patriarcha decimas solvit, et hoc de praecipuis. Ml. I, 14: maledictus dolosus, qui habet in grege suo masculum: et votum faciens, immolat domino debile. Dicitur autem Abraham patriarcha, id est, princeps patrum, non quia non habuerit patrem, sed quia sibi facta est promissio de paternitate gentium. Gn. XVII, 4: eris pater multarum gentium. Ec. XLIV, 20: Abraham magnus pater multitudinis gentium. Rm.IV, 17: patrem multarum gentium posui te ante Deum cui credidisti. Deinde cum dicit et quidem de filiis, ostendit praeeminentiam sacerdotii Melchisedech ad leviticum. Et circa hoc facit duo. Primo enim ostendit propositum; secundo ex hoc concludit intentum, scilicet quod sacerdotium Christi praefertur sacerdotio levitico, ibi si ergo consummatio. Iterum prima in duas quia primo ostendit propositum; secundo removet quamdam responsionem, ibi et ut ita dictum. Prima iterum in duas. Primo ostendit praeeminentiam quantum ad id, in quo ipse usus est sacerdotio suo; secundo quantum ad conditionem sacerdotii, ibi et hic quidem decimas. Ad sacerdotem vero duo pertinent, ut dictum est supra, scilicet accipere, et benedicere. Duo ergo facit quia primo ostendit excellentiam quantum ad acceptionem decimarum; secundo quantum ad benedictionem, ibi et hunc qui habebat. Circa primum adhuc duo facit quia primo ostendit de quibus competit accipere decimas; secundo quomodo hoc excellentius faciebat Melchisedech, ibi cuius autem generatio. Dicit ergo et quidem accipientes sacerdotium de filiis levi. In hoc ostendit quibus competit accipere decimas, quia sacerdotibus. Sciendum est autem, quod illi de tribu levi erant deputati divino cultui. Inter ipsos autem soli illi de stirpe Aaron erant sacerdotes. Ex. XXVIII, 1: applica Aaron, et cetera. Et isti quia per Aaron erant de tribu levi, sumebant decimas. Sed contra. Ergo secundum hoc soli sacerdotes accipiebant decimas, quod est contra illud Nb. XVIII, 21: filiis levi dedi omnes decimas Israelis, et cetera. Respondeo. Dicendum est, quod Levitae non accipiebant eas, nisi quia ministrabant sacerdotibus. Et ita non propter se, sed propter sacerdotes dabantur eis. Item, Levitae accipiebant decimas decimatas, sic Nb. XVIII, 26. Et ita soli sacerdotes accipiebant, et non solvebant. Secundo ostendit quo iure accipiebant, quia ex mandato legis. Unde dicit mandatum habent decimas sumere. Contra. Si hoc est mandatum legis, cum servare mandata legis modo sit peccatum, videtur illicitum modo dare, vel accipere decimas. Respondeo. Dicendum est, quod in lege fuerunt quaedam pure caeremonialia, sicut circumcisio, immolare agnum, et huiusmodi. Et ista quia erant figurativa tantum, non licet modo servare. Erant enim figura futuri. Unde qui modo servaret significaret Christum adhuc futurum. Quaedam vero erant pure moralia, et ista modo servanda sunt, et de talibus fuit datio decimarum, sicut supra dictum est. Unde decimatio et in lege data est, et in novo testamento. Mt. X, 10: dignus est operarius cibo suo. Lc. X, 7: dignus est operarius mercede sua. Sed determinatio talis portionis modo est ab Ecclesia, sicut et in veteri testamento fuit ex lege. Alia vero fuerunt partim caeremonialia, et partim moralia, sicut iudicialia: et ista quantum ad id quod caeremonialia sunt, non licet servare; sed quantum ad morale, debent, tamen non est necesse in propria forma servari. Alia obiectio: quia si esset mandatum, et adhuc est, ergo peccat qui non accipit, et peccant ubi non accipiuntur. Respondeo. Dicendum est quod aliqui dicunt quod nulli licet abrenunciare iuri accipiendarum decimarum, sed bene licet dimittere usum accipiendi propter scandalum, et hoc exemplo apostoli, qui sumptus non accipiebat ab aliquibus. Et sic dicunt mandatum esse, quod iuri non renuntient. Melius tamen dici potest, quod non est intelligendum quod eis praeceptum sit sumere, sed pro se habent introductum hoc mandatum, quod accipere possint, et alii teneantur reddere. Tertio ostendit a quibus accipiebant, quia a populo, scilicet a fratribus suis secundum legem, quamquam ipsi, Levitae, exierint de lumbis Abrahae. Quia enim aliquis posset dicere, quod sicut Melchisedech accepit decimas ab Abraham, ita Levitae a filiis eius, ergo non praefertur illud sacerdotium isti. Ideo hoc excludit, et dicit quod ipsimet Levitae erant de semine Abrahae, et sic erant inferiores eo cui decimas solverunt, scilicet Abraham. Deinde cum dicit cuius autem, ostendit quomodo excellentius conveniebat Melchisedech accipere decimas, quia nec ipse erat de genere Abraham; unde generatio eius non annumeratur cum eis, scilicet Levitis. Item ex mandato legis licebat eis sumere decimas, et sic eorum sacerdotium erat subiectum observantiis legis. Sed ille non ex mandato cuiuscumque legis, sed per se sumpsit decimas. Ideo sacerdotium eius erat figura sacerdotii Christi, quod non est subditum legi. Item ipsi accipiebant a populo infimo, scilicet a fratribus, ille autem a summo, scilicet ab Abraham. Deinde cum dicit et hunc qui habebat, etc., ostendit excellentiam eius ex parte benedictionis, et est sua ratio talis: Gn. XIV, 19, dicitur, quod Melchisedech benedixit Abrahae; sed maior est qui benedicit, illo cui benedicitur: ergo, et cetera. Et ideo dicit, quod Melchisedech ipse benedixit Abraham, qui habebat repromissionem. Contra infra XI, 39: non acceperunt repromissionem, et cetera. Respondeo. Dicendum est, quod non accepit Abraham repromissionem, id est, rem promissam, quia non fuit eam consecutus, habuit tamen ipsam in fide et spe, et ad ipsum specialiter facta est repromissio. Deinde cum dicit sine ulla autem contradictione, quod minus est a meliore benedicitur, ponit maiorem suae rationis. Sed hic sunt tres obiectiones. Prima est de hoc quod dicit quod minor a maiore benedicitur. Et ex isto loco pauperes Lugdunenses dicunt quod quicumque iustus maior est peccatore, et sic iustus laicus non benedicitur a malo sacerdote, sed e converso. Unde volunt, quod omnis iustus est sacerdos, et nullus peccator est sacerdos. Respondeo. Dicendum est, quod iste error nimis perniciosus est: quia si bonitas ministri requiratur ad collationem sacramenti, in quo est ipsa salus, sequitur quod nullus sit certus suae salutis, nec sciret se recte baptizatum, quia non potest scire, si sacerdos sit iustus. Nullus etiam poterit esse minister, quia nemo scit utrum odio, vel amore dignus sit, Ec. IX, 1. Et ideo dicendum est quod aliquis potest aliquid facere dupliciter: aut auctoritate propria, aut auctoritate alterius. Quando autem auctoritate propria, tunc requiritur quod sit iustus. Sacerdos autem tantum est minister. Unde non agit nisi in virtute Christi. I Cor.IV, 1: sic nos existimet homo, ut ministros Christi, et dispensatores ministeriorum Dei. Et ideo non nocet sive bonus, sive malus fuerit; quia Christus est, qui in ipso benedicit, et sic sine ulla contradictione, qui benedicit, maior est. Secunda obiectio est, quia cum Christus sit maior omni sacerdote, quomodo potest corpus Christi a sacerdote consecrari? Respondeo. Dicendum est, quod sacerdos benedicit materiam, non autem corpus Christi. Item non agit auctoritate propria, sed auctoritate Christi, qui, inquantum Deus, maior est corpore suo. Item tertia obiectio est, quia non videtur verum, quod maior benedicat semper minorem, quia Papa consecratur ab episcopo, et archiepiscopus a suffraganeo, qui tamen sunt minores. Respondeo. Dicendum est: nec episcopus consecrat Papam, nec suffraganei archiepiscopum, sed hunc hominem, ut sit Papa, vel archiepiscopus. Item facit hoc ut minister Dei, qui maior est, quam Papa. Deinde cum dicit et hic quidem, etc., ostendit praeeminentiam sacerdotii ex parte sacerdotis ex conditione ipsius. Et facit talem rationem: illud est excellentius, quod non corrumpitur, sed in sacerdotio levitico homines morientes, id est, per mortem succedentes, accipiunt decimas, sed ibi, id est, in sacerdotio Melchisedech, contestatur, Scriptura, quia vivit, id est, non facit mentionem de morte eius: non quia non mortuus sit, sed quia significat sacerdotium, quod manet in aeternum. Christus enim resurgens a mortuis, iam non moritur, Rm. VI, 9, et Ap. I, 18: fui mortuus, et ecce sum vivus, et cetera. Consequenter cum dicit et, ut ita dictum sit, etc., respondet cuidam obiectioni. Posset enim dici: verum est quod Melchisedech maior est quam Abraham, qui ei dedit decimas, sed levi maior est quam Melchisedech. Et ideo dicit apostolus, quod hoc non valet, quia, ut ita dictum sit, per Abraham, id est, mediante Abraham, et levi decimatus est, ab eo supple, qui decimas accepit, id est, a Melchisedech. Et sic adhuc est ipse maior quam levi. Sed contra. Si alicuius episcopi pater dat decimas, non tamen propter hoc oportet quod episcopus sit minor illo, qui decimas recipit. Ergo nec similiter in proposito. Respondeo. Dicendum est, quod non est simile, quia tota dignitas illius generis etiam sacerdotum, erat ex Abraham; non autem sic est de episcopo, quia tota dignitas eius ex Christo est, non ex patre suo. Deinde cum dicit adhuc enim in lumbis, etc., manifestat quod dixerat, et dicit, quod levi adhuc erat in lumbis patris Abraham quando dedit decimas Melchisedech, qui occurrit sibi, et sic Abraham decimato, decimatus est etiam levi. Sed contra: quia sic etiam erat Christus in lumbis eius, sicut et levi. Mt. I, 1: filii David, filii Abraham. Et ideo si propter hoc maior est Melchisedech quam levi, quia levi fuit decimatus, non videtur ratio quare Christus non fuerit decimatus: et sic adhuc Melchisedech maior Christo erit. Et eadem difficultas est de peccato originali: quia, ut dicitur Rm. V, 12: in quo omnes peccaverunt, id est, in Adam, et ideo videtur quod Christus, qui eodem modo fuit in ipso sicut nos, ipsum peccatum originale contraxerit. Respondeo. Dicendum est, quod totum hoc intelligitur in his, qui in Abraham sive in Adam fuerunt, secundum rationem seminalem et corpulentam substantiam, quo modo Christus non fuit ibi, sed tantum secundum corpulentam substantiam: Christus enim fuit conceptus quo ad corpus de materia purissima et sanctissima beatae virginis: ut habetur declaratum tertio sententiarum, tertia distinctione.

 

 

 

 

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O Rex Gentium

22 Décembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

O Rex Gentium
Méditation

Caput 7

Lectio 1

Super Heb., cap. 7 l. 1 Supra apostolus, V cap., probavit Christum esse sacerdotem. In VI autem capite interposuit quaedam ad praeparandos animos auditorum; hic redit ad suum propositum. Intendit enim probare excellentiam sacerdotii Christi ad sacerdotium leviticum. Et circa hoc facit duo primo enim ostendit excellentiam sacerdotii Christi ad sacerdotium veteris testamenti; secundo ostendit quod fideles debent sacerdoti Christo reverenter subdi. Et hoc in medio decimi capitis, ibi habentes itaque, fratres, fiduciam. Circa primum duo facit. Primo enim ostendit praerogativam sacerdotii Christi super leviticum ex parte personae ipsius sacerdotis; secundo ex parte ministerii, VIII cap. ibi capitulum autem. Circa primum duo facit quia primo ostendit existentiam sacerdotii Christi ex promissione divina; secundo ostendit necessitatem sacerdotii eius, ibi talis enim decebat. Promissionem vero ostendit per illud Ps. CIX, 5: iuravit dominus, et non poenitebit eum, et cetera. Unde tria ostendit ad propositum suum probandum. Primo illud quod dicitur secundum ordinem Melchisedech; secundo illud quod dicitur iuravit, ibi et quantum est non sine iureiurando; tertio illud quod dicitur tu es sacerdos, ibi et alii quidem plures. Circa primum duo facit quia primo ostendit similitudinem Christi ad Melchisedech; secundo ex hac similitudine praefert sacerdotium Christi levitico, ibi intuemini autem. Circa primum duo facit quia primo describit conditiones Melchisedech; secundo ostendit, quomodo conveniunt Christo, ibi primum quidem. Describit autem Melchisedech primo ex nomine, cum dicit hic autem Melchisedech. Sic enim nominat eum Scriptura, Gn. XIV, 18, ubi habetur historia, quam apostolus hic supponit. Et secundum Glossam, Hebraei dicunt ipsum fuisse Sem primogenitum Noe, et tunc quando Abraham habuit victoriam, erat annorum 390, alias 309. Et occurrit Abrahae nepoti suo. Secundo describit eum a dignitate. Erat enim rex et sacerdos. Quantum ad primum dicitur rex Salem. Et secundum aliquos, Salem dicitur Ierusalem. Sed contra est Hieronymus in quadam epistola, quia, ut ipse dicit, non poterat esse quod ei occurreret a Ierusalem, quod probat ex situ. Alii autem dicunt, quod Salem dicitur ille locus, de quo dicitur Jn. III, 23, quod iuxta illum Ioannes baptizabat, et moenia illius loci erant adhuc tempore Hieronymi. Quantum ad secundum dicit sacerdos Dei summi. Antiquitus enim ille, qui inter filios erat antiquior, erat sacerdos. Sed verum est, quod tempore Abrahae multum invaluerat cultus idolorum. Et ideo ne credant, quod esset sacerdos idolorum, additur Dei summi, scilicet per essentiam, non per participationem, vel nuncupationem. Deus enim est creator omnium eorum, qui dicuntur dii, sive per participationem, sive per errorem. Ps. XCIV, 3: rex magnus super omnes deos. Is. LXI, 6: vos sacerdotes domini vocabimini, et cetera. Tertio describit eum ab officio, ibi qui obviavit, et cetera. Sacerdos enim medius est inter Deum et populum. Debet enim aliquid populo conferre, scilicet spiritualia, et aliquid ab eo accipere, scilicet temporalia. I Cor. IX, 11: si nos vobis spiritualia seminavimus, non magnum est si carnalia vestra metamus. Primo ergo debet exhibere confortationem per bona monita. Unde dicitur Gn. XIV, quod quatuor reges vicerunt quinque reges, et captivum duxerunt Lot nepotem Abrahae. Isti quatuor reges sunt quatuor vitia principalia, opposita quatuor cardinalibus virtutibus, quae captivum detinent affectum nepotem rationis, victis quinque sensibus corporis. Qui enim superat et liberat affectum, debet confortari a sacerdote. Is. XXI, 14: occurrentes sitienti ferte aquam; et Is. XXXV, 3: confortate manus dissolutas, et cetera. Secundo sacerdos debet confortare per sacramentorum administrationem benedicendo. Unde benedixit ei. Ps. CXVII, 25: benediximus vobis in nomine domini. Hoc autem fit impendendo sacramenta, per quae confortatur homo in gratia. Nb. VI, 27: invocabunt nomen meum super filios Israel, et ego benedicam eis, nam Deus benedicit auctoritate, sed sacerdos ministerio. Et decimas, scilicet ad sustentationem, divisit, scilicet Abraham, id est, divisit, scilicet Abraham, id est, recte distribuit. Sed contra: quia, ut patet Nb. XVIII, ex lege est datio decimarum, non ergo sunt ante legem. Respondeo. Dicendum est, quod caeremonialia veteris testamenti sunt quaedam determinationes praeceptorum iuris naturalis et praeceptorum moralium. Et ideo quantum ad hoc, quod habebant de iure naturali, servabantur ante legem tantum pro voto observantium, et sine aliquo praecepto. Quod enim aliquid offeratur Deo in recognitionem creationis et dominii, hoc est naturale; sed quod offeratur vitulus et hoedus, hoc est caeremoniale. Similiter de iure naturali est, quod ministri servientes Deo, sustententur a populo, sicut enim patet Gn. XLVII, 22, hoc servabatur etiam apud gentiles. Unde sacerdotes, quia pascebantur de horreis publicis, non sunt compulsi vendere possessiones suas; et ideo fuerunt ante legem. Sed determinatio huius partis est per legem. Lv. XXVII, 30: omnes decimae domini sunt. Et in huius signum Iacob ante legem, in loco in quo postea fuit aedificatum templum, vovit se daturum decimas. Et hoc specialiter, quia ad hoc Dei cultus proprie exhibetur, ut significetur, quod homo quicquid habet, a Deo accepit: et totam perfectionem suam ab ipso expectat. Numerus enim denarius est perfectus, quia consurgit ex partibus suis aliquotis: quia unum, duo, tria, quatuor faciunt decem. Usque etiam ad ipsum ascendit numerus, et omnes alii non sunt nisi quaedam repetitio et additio super denarium. Omnes ergo sunt imperfecti usque dum pervenitur ad ipsum. Et similiter a Deo est omnis perfectio. Ut ergo significaret, quod a Deo est complementum omnis perfectionis, ideo dedit decimas. Deinde cum dicit primum quidem, ostendit similitudinem Christi et Melchisedech. Et circa hoc facit duo primo enim inducit similitudinem quantum ad conditionem personae; secundo quantum ad sacerdotium, ibi assimilatus autem filio Dei. Prima in duas quia primo ponit similitudinem quantum ad ea, quae in Scriptura commemorantur; secundo quantum ad ea quae in ipsa tacentur, ibi sine patre. In Scriptura autem duo dicuntur de ipso. Primum quidem, nomen, scilicet Melchisedech, qui interpretatur rex iustitiae: et significat Christum, qui fuit rex. Jr. XXIII, 5: et regnabit rex, et sapiens erit, et faciet iudicium et iustitiam in terra. Nec solum dicitur iustus, sed etiam rex iustitiae: quia factus est nobis sapientia et iustitia, I Cor. I, 30. Aliud quod dicitur de ipso, est conditio. Unde dicitur rex Salem, quod est rex pacis. Hoc autem convenit Christo. Ipse enim est pax nostra, Ep. II, 14; Ps. LXXI, 7: orietur in diebus eius iustitia et abundantia pacis. Et in hoc docet apostolus uti interpretatione nominum in praedicationibus. Et bene coniungit iustitiam et pacem, quia nullus facit pacem, qui non servat iustitiam. Is. XXXII, 17: erit opus iustitiae, pax. In mundo isto gubernantur in iustitia, sed in futuro in pace. Is. XXXII, 18: sedebit populus meus in pulchritudine pacis. Deinde cum dicit sine patre, ponit similitudinem quantum ad ea, quae tacentur de ipso, quia in Scriptura non fit mentio de patre, vel matre eius, nec de genealogia ipsius. Unde ex hoc aliqui antiqui assumpserunt materiam erroris: ut quia solus Deus est sine principio et sine fine, dicerent istum Melchisedech fuisse filium Dei. Istud autem damnatum est sicut haereticum. Unde sciendum est, quod in veteri testamento, quandocumque fit mentio de aliqua solemni persona, narrantur pater et mater, et tempus nativitatis et mortis, sicut de Isaac et multis aliis. Hic autem subito introducitur Melchisedech, nulla penitus facta mentione de generatione sua, et pertinentibus ad ipsam. Et hoc utique rationabiliter. Inquantum enim dicitur sine patre, significatur nativitas Christi de virgine, quae fuit sine patre. Mt. I, 20: quod enim in ea natum est, de spiritu sancto est. Illud autem, quod est proprium Dei, non debet attribui creaturae. Solius vero Dei patris est esse patrem Christi. Ergo in nativitate illius, qui ipsum praefigurabat, non debuit fieri mentio de patre carnali. Item quantum ad generationem aeternam dicit sine matre. Et hoc ne intelligas istam generationem esse materialem, sicut mater dat materiam genito, sed est spiritualis; sicut splendor a sole. Supra I, 3: qui cum sit splendor, et cetera. Item quando fit generatio a patre et matre, non totum est a patre, sed materia administratur a matre. Ad excludendum ergo imperfectionem a Christo, et ad designandum, quod totum quod habet, est a patre, non fit aliqua mentio de matre. Unde versus est sine matre Deus, est sine patre caro. Ps. CIX, 4: ex utero ante Luciferum genui te, scilicet ego solus. Sine genealogia. Et duplici de causa non ponitur genealogia eius in Scriptura: una ad designandum, quod generatio Christi est ineffabilis. Is. LIII, 8: generationem eius quis enarrabit? Alia ad designandum, quod Christus, qui introducitur ut sacerdos, non pertinet ad genus leviticum, nec ad genealogiam veteris legis. Et haec est intentio apostoli. Unde subdit neque initium dierum habens, neque finem vitae. Hoc autem dicit, non quia Christus non sit natus in tempore neque mortuus, sed propter aeternam eius generationem, in qua natus est sine initio cuiuscumque temporis. Unde Jn. I, 1: in principio erat verbum, id est, tempore quocumque dato ante erat verbum, ut exponit Basilius. Est enim ante omnes dies, quia per ipsum factus est mundus, cum quo incoeperunt dies. Item nec finem vitae: verum est quantum ad divinitatem, quae est aeterna. Quantum etiam ad humanitatem, iam non habet finem vitae, quia Christus resurgens ex mortuis, iam non moritur, Rm. VI, 9. Et infra XIII, 8: Christus Iesus heri et hodie, ipse et in saecula. Deinde cum dicit assimilatus autem filio Dei, etc., ostendit similitudinem quantum ad sacerdotium. Sciendum est tamen, quod solet dici, quod posteriora assimilantur prioribus, et non e converso. Et ideo ne credatur, quod sacerdotium Christi sit posterius sacerdotio Melchisedech, hoc removet apostolus, quia et si Christus inquantum homo natus sit post eum et ex tempore, tamen inquantum Deus et filius Dei est ab aeterno. Et ideo Melchisedech secundum omnia ista assimilatus est illi, qui est filius Dei, et hoc inquantum manet sacerdos in perpetuum, quod potest dupliciter exponi. Uno modo, quia non fit mentio de fine sacerdotii eius, nec successore ipsius. Os. XII, 10: in manibus prophetarum assimilatus sum. Item est sacerdos in perpetuum, quia figuratum eius, scilicet sacerdotium Christi, in perpetuum est. Unde et in Scriptura pluries repetitur, ritu perpetuo. Ex. XXVII, 21: cultus perpetuus erit. Lv.XXIV, 3: cultu, rituque perpetuo, quia illud quod figurabatur per istud, perpetuum erat. Per hoc enim apostolus continuat sequentia ad praecedentia.

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Saint Thomas apôtre mémoire de la férie

21 Décembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saint Thomas apôtre mémoire de la férie

Collecte

Faites-nous la grâce, nous vous en prions, Seigneur, de célébrer avec joie la solennité de votre bienheureux Apôtre Thomas, afin qu’étant toujours soutenus par sa protection, nous soyons, avec l’ardeur qui convient, les disciples de la foi qu’il a prêchée.

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. L’Apôtre Thomas, appelé aussi Didyme, était galiléen. Après avoir reçu le Saint-Esprit, il alla prêcher l’Évangile dans beaucoup de provinces. Il enseigna les vérités de la foi et les préceptes de la vie chrétienne aux Parthes, aux Mèdes, aux Perses, aux Hircaniens, aux Bactriens. Enfin il se rendit dans les Indes, et instruisit les habitants de ces pays dans la religion chrétienne. La sainteté de sa vie et de sa doctrine et la grandeur de ses miracles ayant excité l’admiration des Indiens pour l’Apôtre, et leur amour pour Jésus-Christ, le roi de la contrée, adorateur zélé des idoles, en fut tout enflammé de colère. Il condamna Thomas à mourir, et celui-ci tomba, percé de traits, à Calamine, rehaussant ainsi par la couronne du martyre, l’honneur de son apostolat.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Septième leçon. Quelles sont vos réflexions, mes très chers frères, en entendant lire ce passage de l’Évangile ? Attribuez-vous à l’effet du hasard qu’un disciple, choisi par le Seigneur, se soit trouvé absent au moment de son apparition ; mais que, venant ensuite, il en ait entendu le récit, que l’entendant il ait douté, qu’ayant douté il ait touché, qu’ayant touché il ait cru ? Non, cela n’est point arrivé par hasard, mais par une disposition de la Providence. La divine bonté à tout, conduit d’une manière admirable, afin que ce disciple, sous l’empire du doute, jusqu’à ce qu’il eût palpé les blessures du corps de son Maître, guérît en nous les plaies de l’infidélité. En effet, l’incrédulité de Thomas a plus servi à l’affermissement de notre foi, que la foi des autres disciples déjà convaincus ; car en voyant que cet Apôtre revient à la foi en touchant le Christ, notre esprit renonce au moindre doute et se sent fortifié dans la foi.
Huitième leçon. Si le Seigneur a permis qu’après sa résurrection, un disciple doutât de la sorte, il ne l’a cependant pas abandonné dans le doute : c’est ainsi qu’avant sa naissance il voulut que Marie eût un époux, sans néanmoins qu’elle cessât d’être vierge. Or, de même que ce disciple, doutant d’abord, puis touchant les plaies de son Maître, devint un témoin de la vérité de la résurrection, ainsi l’époux de la Mère de Dieu avait été le gardien de sa très pure virginité. Thomas palpa les plaies du Sauveur et s’écria : « Mon Seigneur et mon Dieu ! Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, tu as cru. » Puisque l’Apôtre Paul dit : « La foi est le fondement des choses qu’on doit espérer, et la démonstration de celles qu’on ne voit point », il est clair et certain que la foi est la démonstration des vérités qui ne peuvent paraître à nos yeux ; car les vérités apparentes ne sont plus l’objet de la foi, mais de la connaissance.
Neuvième leçon. Pourquoi donc le Seigneur dit-il à Thomas, lorsque cet Apôtre eut vu, lorsqu’il eut palpé : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ? » C’est que, autre chose est ce qu’il a vu, et autre chose, ce qu’il a cru. Car un homme mortel ne peut voir la divinité. Il vit donc Jésus homme et il le confessa Dieu, disant : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » C’est donc en voyant qu’il a cru, c’est en considérant l’humanité véritable du Christ, qu’il a proclamé sa divinité que ses regards ne pouvaient atteindre. Les paroles qui suivent sont pour nous un sujet de joie : « Heureux ceux qui n’ont point vu et qui ont cru ! » Cette sentence s’adresse spécialement à nous qui, ne l’ayant point vu en sa chair, le retenons dans nos âmes par la foi. C’est nous que le Sauveur a désignés ; pourvu toutefois que nos œuvres soient conformes à notre foi. Car celui-là croit véritablement qui pratique ce qu’il croit

Voici la dernière Fête que va célébrer l’Église avant celle de la Nativité de son Seigneur et Époux. Elle interrompt les Féries majeures pour honorer Thomas, Apôtre du Christ, et dont le glorieux martyre, consacrant à jamais ce jour, procura au peuple chrétien un puissant introducteur auprès du divin Messie. Il appartenait à ce grand Apôtre de paraître sur le Cycle dans les jours où nous sommes, afin que sa protection aidât les fidèles à croire et à espérer en ce Dieu qu’ils ne voient pas encore, et qui vient à eux sans bruit et sans éclat, afin d’exercer leur Foi. Saint Thomas douta un jour, et ne comprit le besoin de la Foi qu’après avoir passé parles ombres de l’incrédulité : il est juste qu’il vienne maintenant en aide aux enfants de l’Église, et qu’il les fortifie contre les tentations qui pourraient leur survenir de la part d’une raison orgueilleuse. Adressons-nous donc à lui avec confiance ; et du sein de la lumière où son repentir et son amour l’ont placé, il demandera pour nous la docilité d’esprit et de cœur qui nous est nécessaire pour voir et pour reconnaître Celui qui fait l’attente des nations, et qui, destiné à régner sur elles, n’annoncera son arrivée que par les faibles vagissements d’un enfant, et non par la voix tonnante d’un maître. L’Église a jugé à propos de nous présenter le récit des Actes de notre saint Apôtre aux Matines sous la forme la plus abrégée, dans la crainte de mêler quelques détails fabuleux aux faits incontestables que les sources authentiques nous fournissent.

GRANDE ANTIENNE DE SAINT THOMAS.

O Thomas Didyme ! vous qui avez mérité de voir le Christ, nous faisons monter vers vous nos prières à haute voix ; secourez-nous dans notre misère ; afin que nous ne soyons pas condamnés avec les impies, en l’Avènement du Juge.

L’Église grecque traite avec sa solennité ordinaire la fête de saint Thomas ; mais c’est au six octobre qu’elle la célèbre. Nous allons extraire quelques strophes des chants qu’elle lui a consacrés.

HYMNE DE SAINT THOMAS. (Tirée des Menées des Grecs.)
Quand ta main toucha le côté du Seigneur, tu trouvas le comble de tous les biens ; car ainsi qu’une éponge mystique, tu en exprimas de célestes liqueurs, tu y puisas la vie éternelle, bannissant toute ignorance dans les âmes, et faisant couler comme de source les dogmes divins de la connaissance de Dieu.
Par ton incrédulité et par ta foi tu as rendu stables ceux qui étaient dans la tentation, en proclamant le Dieu et Seigneur de toute créature, incarné pour nous sur cette terre, crucifié, soumis à la mort, percé de clous, et dont le côté fut ouvert par une lance, afin que nous y puisions la vie.
Tu as fais resplendir la terre des Indiens d’un vif éclat, ô très saint Apôtre, contemplateur de la divinité ! Après avoir illuminé ces peuples et les avoir rendus enfants de la lumière et du jour, tu renversas les temples de leurs idoles par la vertu de l’Esprit-Saint, et tu les fis s’élever, ô très prudent, jusqu’à la charité de Dieu, pour la louange et la gloire de l’Église, ô bienheureux intercesseur de nos âmes !
O contemplateur des choses divines, tu fus la coupe mystique de la Sagesse du Christ ! ô Thomas Apôtre, en qui se réjouissent les âmes des fidèles ! tu retiras les peuples de l’abime de l’ignorance avec les filets du divin Esprit : c’est pourquoi, tu as coulé, semblable à un fleuve de charité, répandant sur toute créature comme une source d’eau vive les enseignements divins. Percé aussi de la lance en ton propre côté, tu as imité la Passion du Christ, et tu as revêtu l’immortalité : supplie-le d’avoir pitié de nos âmes.

Glorieux Apôtre Thomas, vous qui avez amené au Christ un si grand nombre de nations infidèles, c’est à vous maintenant que s’adressent les âmes fidèles, pour que vous les introduisiez auprès de ce même Christ qui, dans cinq jours, se sera déjà manifesté à son Église. Pour mériter de paraître en sa divine présence, nous avons besoin, avant toutes choses, d’une lumière qui nous conduise jusqu’à lui. Cette lumière est la Foi : demandez pour nous la Foi. Un jour, le Seigneur daigna condescendre à votre faiblesse, et vous rassurer dans le doute que vous éprouviez sur la vérité de sa Résurrection ; priez, afin qu’il daigne aussi soutenir notre faiblesse, et se faire sentir à notre cœur. Toutefois, ô saint Apôtre, ce n’est pas une claire vision que nous demandons, mais la Foi simple et docile ; car Celui qui vient aussi pour nous vous a dit en se montrant à vous : Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui cependant ont cru ! Nous voulons être du nombre de ceux-là. Obtenez-nous donc cette Foi qui est du cœur et de la volonté, afin qu’en présence du divin Enfant enveloppé de langes et couché dans la crèche, nous puissions nous écrier aussi : Mon Seigneur et mon Dieu ! Priez, ô saint Apôtre, pour ces nations que vous avez évangélisées, et qui sont retombées dans les ombres de la mort. Que le jour vienne bientôt où le Soleil de justice luira une seconde fois pour elles. Bénissez les efforts des hommes apostoliques qui consacrent leurs sueurs et leur sang à l’œuvre des Missions ; obtenez que les jours de ténèbres soient abrégés,, et que les régions arrosées de votre sang voient enfin commencer le règne du Dieu que vous leur avez annoncé et que nous attendons.

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