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Regnum Galliae Regnum Mariae

Dernier Dimanche d’Octobre : le Christ-Roi

31 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Dernier Dimanche d’Octobre : le Christ-Roi

Introït

L’Agneau qui a été égorgé, est digne de recevoir la puissance, la divinité, la sagesse, la force, l’honneur. A Lui la gloire et le pouvoir dans les siècles des siècles. O Dieu, donnez au Roi votre jugement : et au Fils du Roi votre justice.

Collecte

Dieu tout-puissant et éternel, qui avez voulu restaurer tout dans la personne de votre Fils bien-aimé, le Roi de l’univers : accordez dans votre bonté, que toutes les familles des nations, qui vivent en désaccord à cause de la blessure du péché, se soumettent à son très doux pouvoir. Lui qui vit.

Épitre Col. 1, 12-20

Mes Frères : Rendons grâces à Dieu le Père, qui nous a rendus dignes d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière, qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres, et nous a fait passer dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, par son sang et la rémission des péchés ; qui est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute créature. Car c’est par lui que toutes choses ont été créées dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, soit Trônes, soit Dominations, soit Principautés, soit Puissances : tout a été créé par lui, et en lui ; et lui-même est avant tous, et tout subsiste en lui. Et lui-même est le chef du corps de l’Église : if est le principe, le premier-né d’entre les morts, afin qu’en toutes choses il garde la primauté ; parce qu’il a plu au Père que toute plénitude habitât en lui ; et de se réconcilier par lui toutes choses, pacifiant par le sang de sa croix, soit ce qui est sur la terre, soit ce qui est dans les cieux, en Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Évangile Jn. 18, 33-37

En ce temps-là : Pilate dit à Jésus : Es-tu le roi des Juifs ?

Jésus répondit : Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ?

Pilate répondit : Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les princes des prêtres t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ?

Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu, pour que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais mon royaume n’est point d’ici.

Pilate lui dit alors : Tu es donc roi ?

Jésus répondit : Tu le dis, je suis roi. Voici pourquoi je suis né, et pourquoi je suis venu dans le monde : pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité, écoute ma voix.

Secrète

Nous vous offrons, Seigneur, le sacrifice de la réconciliation de l’homme : faites, nous vous prions, que Celui que nous immolons dans ce sacrifice, accorde Lui-même à toutes les nations les dons d’unité et de paix Jésus-Christ votre Fils, notre Seigneur : Qui vit.

Office

AU PREMIER NOCTURNE.

De l’Épître de saint Paul Apôtre aux Colossiens.

Première leçon. Chap. 1, 3-8 Nous ne cessons de rendre grâces à Dieu, Père de notre Seigneur Jésus Christ, en pensant à vous dans nos prières, depuis que nous avons appris votre foi dans le Christ Jésus, et la charité que vous avez à l’égard de tous les Saints, en raison de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux. Cette espérance, vous en avez naguère entendu l’annonce dans la Parole de vérité, la Bonne Nouvelle, qui est parvenue chez vous de même que dans le monde entier elle fructifie et se développe ; chez vous elle fait de même depuis le jour où vous avez appris et compris dans sa vérité la grâce de Dieu. C’est Épaphras, notre cher compagnon de service, qui vous en a instruits ; il nous supplée fidèlement comme ministre du Christ, et c’est lui-même qui nous a fait connaître votre dilection dans l’Esprit.
Deuxième leçon. Chap. 1, 9-17 C’est pourquoi nous aussi, depuis le jour où nous avons reçu ces nouvelles, nous ne cessons de prier pour vous et de demander à Dieu qu’il vous fasse parvenir à la pleine connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle. Vous pourrez ainsi mener une vie digne du Seigneur et qui Lui plaise en tout : vous produirez toutes sortes de bonnes œuvres et grandirez dans la connaissance de Dieu ; animés d’une puissante énergie par la vigueur de sa gloire, vous acquerrez une parfaite constance et endurance ; avec joie vous remercierez le Père qui vous a mis en mesure de partager le sort des Saints dans la lumière. Il nous a en effet arrachés à l’empire des ténèbres et nous a transférés dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés. Il est l’image du Dieu invisible, Premier-Né de toute créature, car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, Trônes, Seigneuries, Principautés, Puissances ; tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses et tout subsiste en lui.
Troisième leçon. Chap. 1, 18-23 Et il est aussi la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église : II est le Principe, Premier-Né d’entre les morts, (il fallait qu’il obtînt en tout la primauté), car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix. Vous-mêmes, qui étiez devenus jadis des étrangers et des ennemis, par vos pensées et vos œuvres mauvaises, voici qu’à présent II vous a réconciliés dans son corps de chair, le livrant à la mort, pour vous faire paraître devant Lui saints, sans tache et sans reproche. Il faut seulement que vous persévériez dans la foi, affermis sur des bases solides, sans vous laisser détourner de l’espérance promise par l’Évangile que vous avez entendu, qui a été prêché à toute créature sous le ciel, et dont moi, Paul, je suis devenu le ministre.

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

De la lettre encyclique du Pape Pie XI.

Quatrième leçon. L’Année sainte ayant offert plus d’une occasion de glorifier la royauté du Christ, Nous agirons, semble-t-il, de manière pleinement conforme à Notre charge apostolique si, répondant aux demandes qui Nous ont été adressées individuellement ou en commun par de très nombreux cardinaux, évêques et fidèles, Nous terminons cette année en introduisant dans la liturgie de l’Église une fête spéciale de Notre-Seigneur Jésus Christ Roi. Que le Christ soit appelé Roi au sens figuré, en raison du degré suprême d’excellence par lequel il surpasse et domine toutes les créatures, c’est là depuis longtemps un usage communément reçu. On dit ainsi de lui qu’il règne "sur les esprits des hommes", non pas tant à cause de la pénétration de son intelligence ou de la profondeur de sa science que parce qu’il est lui-même la Vérité et que les hommes doivent puiser en lui la vérité et l’accepter avec soumission ; il règne de même "sur les volontés des hommes", non seulement parce qu’à la sainteté de la volonté divine correspondent en lui l’intégrité et l’obéissance parfaites de la volonté humaine, mais aussi parce qu’il donne à notre volonté libre les inspirations qui la portent à s’enflammer pour de nobles buts. Le Christ est enfin reconnu "Roi des cœurs" en raison de sa "charité qui surpasse toute connaissance", ainsi que de sa bonté et de sa tendresse qui attirent les âmes : personne n’a jamais eu et personne n’aura jamais à l’avenir le privilège d’être aimé par toutes les nations, comme l’a été le Christ Jésus. Mais, pour entrer plus profondément dans notre sujet, nul ne saurait nier que le titre de roi et le pouvoir royal doivent, au sens propre du mot, être reconnus au Christ Homme ; c’est seulement en tant qu’il est homme qu’il a reçu du Père "la puissance, l’honneur et la royauté" ; en effet, le Verbe de Dieu, qui a la même substance que le Père, possède nécessairement tout en commun avec le Père et il a donc le pouvoir suprême et absolu sur toutes les créatures.
Cinquième leçon. Le fondement sur lequel reposent cette dignité et cette puissance de Notre-Seigneur est bien Indiqué par Cyrille d’Alexandrie en ces termes : "II possède, en résumé, sur toutes les créatures, un pouvoir qui n’a pas été conquis par la violence, ni reçu d’ailleurs, mais il l’a par son essence et sa nature" ; sa souveraineté se fonde en effet sur cette union admirable qu’on appelle hypostatique. Il en résulte non seulement que le Christ doit être adoré comme Dieu par les anges et par les hommes, mais aussi que les anges et les hommes doivent obéir et se soumettre au pouvoir de cet Homme : ainsi, même au seul titre de l’union hypostatique, le Christ possède l’autorité sur toutes les créatures. Si nous voulons maintenant expliquer brièvement la grandeur et la nature de cette dignité, il est à peine nécessaire de dire qu’elle comporte trois pouvoirs, à défaut desquels elle ne peut guère se concevoir. Des témoignages recueillis dans la Sainte Écriture et concernant la suprématie universelle de notre Rédempteur le montrent de manière surabondante et il faut le croire de foi catholique : le Christ Jésus a été donné aux hommes comme le Rédempteur en qui ils doivent avoir confiance, mais aussi comme le législateur à qui ils doivent obéir. Les évangiles ne rapportent pas tant qu’il a établi des lois qu’ils ne le font voir lui-même établissant ces lois : tous ceux qui observeront ces préceptes, déclare le divin Maître en divers endroits et en des termes différents, prouveront leur charité envers lui et demeureront en son amour. Quant au pouvoir judiciaire, Jésus déclare lui-même aux Juifs qu’il lui a été attribué par le Père, lorsque ceux-ci l’accusent d’avoir violé le repos du sabbat en guérissant miraculeusement un malade : "Le Père ne juge personne, mais il a donné tout jugement au Fils". Ce pouvoir comporte également pour lui le droit (car cette prérogative ne peut être séparée du jugement) de décerner aux hommes encore vivants des récompenses et des châtiments. Mais il faut encore reconnaître au Christ le pouvoir qu’on appelle exécutif : la nécessité d’obéir à son commandement s’impose en effet à tous et cela sous la menace faite aux rebelles de supplices auxquels nul ne saurait se soustraire.
Sixième leçon. Il n’en est pas moins vrai que cette royauté est principalement de nature spirituelle et se rapporte aux réalités spirituelles, ainsi que le montrent les textes bibliques que nous avons rappelés et comme le Christ Seigneur le confirme par sa façon d’agir. En plus d’une occasion en effet, comme les Juifs et les Apôtres eux-mêmes croyaient faussement que le Messie allait rendre la liberté au peuple et rétablir le royaume d’Israël, il leur enleva et détruisit cette opinion et cette espérance vaines ; lorsque la foule d’admirateurs qui l’environnaient voulut le proclamer roi, il refusa le nom et l’honneur, en fuyant et en se cachant ; devant le magistrat romain, il déclara que son royaume n’était pas "de ce monde". Le royaume qu’il propose dans les évangiles est tel que les hommes doivent se préparer à y entrer en faisant pénitence, mais qu’ils ne peuvent y entrer que par la foi et par le baptême, lequel, tout en étant un rite extérieur, signifie et opère cependant la régénération intérieure ; il s’oppose uniquement au royaume de Satan et à la puissance des ténèbres et il demande à ses membres non seulement que, détachant leur cœur des richesses et des biens terrestres, ils pratiquent la douceur et aient faim et soif de la justice, mais encore qu’ils renoncent à eux-mêmes et portent leur croix. Comme le Christ Rédempteur a acquis l’Église par son sang et s’est offert et s’offre perpétuellement comme Prêtre en victime pour les péchés, qui ne voit que la fonction royale elle-même revêt le caractère de ces deux fonctions et y participe ? Ce serait d’ailleurs une grossière erreur de refuser au Christ Homme l’autorité sur les choses civiles, puisqu’il reçoit de son Père un pouvoir tellement absolu sur les êtres créés que tout est placé sous sa souveraineté. C’est pourquoi, par Notre autorité apostolique, Nous instituons la fête de Notre-Seigneur Jésus Christ Roi, qui devra être célébrée dans tout l’univers, chaque année, le dernier dimanche d’octobre, c’est-à-dire le dimanche qui précède la fête de Tous les Saints. Nous ordonnons aussi que soit renouvelée chaque année en ce même jour la consécration du genre humain au Sacré-Cœur de Jésus.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Augustin, évêque.

Septième leçon. Quel intérêt pour le Roi des siècles de devenir le roi des hommes ? Le Christ n’est pas roi d’Israël pour lever un tribut, pour équiper une armée ou pour combattre des ennemis visibles, mais pour gouverner les âmes, pour veiller à leur salut éternel, et pour conduire au royaume des cieux ceux qui croient, espèrent et aiment. Pour le Fils de Dieu égal au Père, Verbe "par qui tout fut fait", c’est donc une condescendance de consentir à être roi d’Israël et non une promotion. C’est la marque de sa miséricorde, bien loin d’être un accroissement de pouvoir. II est au ciel le Seigneur des anges celui qui reçoit sur terre le nom de roi des Juifs... Mais le Christ n’est-il que roi des Juifs ? Ne l’est-il pas de toutes les nations ? — Bien sûr que si ! Il l’avait dit prophétiquement : "J’ai été constitué par Dieu roi sur Sion, sa montagne sainte, je publierai le décret du Seigneur." Mais, puisqu’il s’agit de la montagne de Sion, on pourrait dire qu’il a été constitué roi des Juifs seulement, aussi les versets suivants déclarent-ils : "Le Seigneur m’a dit : tu es mon fils, c’est moi qui t’engendre aujourd’hui ; demande et je te donnerai les nations pour héritage et pour ta possession les confins de la terre."
Huitième leçon. Jésus répondit : "Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne fusse pas livré aux Juifs. Mais mon royaume n’est pas d’ici." Voici l’enseignement que notre bon Maître a voulu nous donner ; mais il fallait d’abord nous faire connaître quelle fausse opinion les gens (païens ou juifs de qui Pilate l’avait recueillie) s’étaient faite sur le royaume de Dieu. Gomme si le Christ avait été condamné à mort, pour avoir brigué un règne indu ou comme s’il avait fallu s’opposer prudemment au danger que son royaume aurait fait courir soit aux Romains, soit aux Juifs, étant donné la jalousie réciproque habituelle aux souverains !
Neuvième leçon. Le Seigneur aurait pu répondre : "Mon royaume n’est pas de ce monde", dès la première question du procurateur : "Es-tu le roi des Juifs ?". Mais i ! préféra interroger Pilate à son tour : "Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ?", pour lui prouver d’après sa réponse qu’il s’agissait là d’une accusation jetée par les juifs devant le gouverneur. Ainsi le Christ nous dévoile-t-il les pensées des hommes dans toute leur vanité qu’il connaît fort bien. Après la réponse de Pilate, c’est donc avec plus d’à-propos encore qu’il peut rétorquer, s’adressant à la fois aux Juifs et aux païens : "Mon royaume n’est pas de ce monde."

 

Dernier Dimanche d’Octobre : le Christ-Roi

Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,

Je pense qu’il est inutile d’insister auprès de vous pour vous montrer que cette fête du Christ-Roi est au cœur même du combat que nous menons.

Si nous avons pris la décision de mener ce combat et de résister à toutes les pressions qui sont faites à l’intérieur même de l’Église, pour nous détourner de ce règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, c’est qu’il nous a semblé indispensable pour défendre notre foi de mettre en pratique, le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et n’est-ce pas là même, l’objet de notre foi, de faire régner Notre Seigneur Jésus-Christ sur nous, sur nos familles, sur nos cités : Oportet illum regnare, dit saint Paul : « Il faut qu’il règne ». Il faut que Notre Seigneur Jésus-Christ règne.

Et pourquoi le pape Pie XI a-t-il jugé bon d’ajouter au calendrier liturgique, une fête particulière pour le Christ-Roi ? Était-ce vraiment nécessaire ? Est-ce que la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ n’était pas suffisamment signifiée, dans toutes les fêtes de l’année liturgique ? En effet, si l’on lit les textes liturgiques de la fête de la Nativité, de la fête de l’Épiphanie, des grandes cérémonies de la Semaine Sainte, à plus forte raison de la fête de Pâques et de la fête de l’Ascension, la royauté de Notre Seigneur est constamment affirmée. Ces fêtes ne font que manifester le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ et son royaume. Alors pourquoi ajouter cette fête du Christ-Roi ?

Eh bien, parce que les hommes ont voulu détruire le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Après que pendant de nombreux siècles, les chefs d’État ont reconnu la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ, des disciples de Satan – celui qui poursuit de sa haine Notre Seigneur Jésus-Christ – ont résolu d’en finir avec la chrétienté, avec l’ordre chrétien, avec le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ sur la Société et ils ont fomenté des troubles, jusqu’au moment où ils ont pu détruire en effet ce règne de Notre Seigneur Jésus-Christ sur les Sociétés.

Et ils espéraient bien par là, ruiner l’œuvre de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est ce que dit le pape Léon XIII dans son encyclique Humanum genus, à propos des francs-maçons. Il dit : « leur but c’est de détruire toutes les institutions chrétiennes ». (Monseigneur répète) : toutes les institutions chrétiennes. Voilà leur but. Et ils ne pouvaient pas y arriver, tant que la Société était chrétienne ; tant que les princes et les gouvernants étaient chrétiens. Il leur a fallu donc détruire ces gouvernements, détruire ceux qui défendaient la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Et non seulement ils ont pour dessein de détruire les institutions chrétiennes, mais ils ont voulu par là, détruire le Règne de Notre Seigneur Jésus-Christ dans les âmes et créer ce climat d’apostasie générale. Le fait que les institutions ne soient plus chrétiennes ; le fait que Notre Seigneur Jésus-Christ ne règne plus dans les institutions, crée nécessairement un climat d’apostasie, un climat d’athéisme. Et ce climat d’athéisme atteint alors les familles par l’enseignement, par tous les moyens puissants que l’État a à sa disposition pour ruiner la foi dans les familles chrétiennes.

C’est ainsi que l’on a vu l’apostasie petit à petit s’étendre dans la Société. Et si les familles deviennent elles-mêmes apostates ; si dans les familles ne règne plus Notre Seigneur Jésus-Christ, sa loi et sa grâce, alors les vocations aussi disparaissent. Et c’est bien ce qu’ils espéraient. Ils espéraient atteindre l’Église, par l’intermédiaire des familles chrétiennes. Et atteindre ainsi les séminaires, les noviciats, les congrégations religieuses.

Et hélas, ils y sont arrivés et maintenant, nous pourrions dire en vérité que les autorités de l’Église leur prêtent main et les aident dans cette apostasie, par l’affirmation de cette liberté religieuse. S’il y a la liberté religieuse, il n’est plus assurément nécessaire que Notre Seigneur Jésus-Christ règne sur les âmes, sur les Sociétés. C’est là une chose absolument incroyable, mais vraie.

Non seulement il n’est pas opportun et il n’est pas peut-être possible – comme ils disent – comme l’ont toujours dit les libéraux, que Notre Seigneur Jésus-Christ règne encore sur la Société. C’était possible au Moyen Âge, ce n’est plus possible maintenant.

Non, ce n’est pas suffisant. Désormais on admet comme principe que Notre Seigneur ne doit pas régner sur la Société. Ce serait contraire à la dignité humaine. La dignité humaine qui veut que chaque homme ait la religion de sa conscience. Et par conséquent, imposer dans la Société le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, ce serait violer la conscience et la liberté et par conséquent la dignité humaine. Et c’est pourquoi il faut que les États soient laïques ; que les États n’aient plus de religion. C’est ce qu’affirment les autorités (actuelles) de l’Église.

Le pape à Strasbourg dernièrement, a affirmé : Il faut que les États soient neutres, n’aient pas de religion. Chose inouïe ! Si nos ancêtres entendaient des choses semblables, ils en seraient stupéfaits et épouvantés. Mais de nos jours, l’on est tellement habitué à cette apostasie générale que l’on ne réagit même plus.

C’est pourquoi cette fête du Christ-Roi est plus utile que jamais. Nous chantions, hier, dans l’Épître :

Scelesta turba clamitat : Regnare Christum nolumus : « La foule impie crie : Nous ne voulons pas que le Christ règne sur nous ».

Te nos ovantes omnium Regem supremum dicimus (Hymne des vêpres de la fête du Christ-Roi).

Nous, au contraire, heureux dans nos cœurs de pouvoir dire que vous êtes le Seigneur, le Roi de toutes choses.

Oui, nous opposons à ce cri de la foule impie qui dit : « Nous ne voulons pas que le Christ règne sur nous » – nous disons : Nous voulons que Notre Seigneur règne, parce qu’il est le Roi de toutes choses : Omnium Regem supremum. Le Roi suprême de toutes choses. Nous le proclamons et nous voulons le proclamer. Non seulement pour nous personnellement pour que Jésus règne dans nos âmes, par sa Loi, par sa grâce. Mais nous voulons qu’il règne aussi dans nos familles, dans les familles chrétiennes et dans la Société.

Ce qui est à la racine, voyez-vous, de cette apostasie, c’est la négation du péché originel. Car si Notre Seigneur Jésus-Christ est venu sur terre et veut régner dans toutes les âmes, dans toutes les familles, dans toutes les cités, c’est précisément pour faire disparaître et le péché originel et toutes ses conséquences, conséquences abominables et qui conduisent à l’enfer ; qui conduisent à la mort éternelle. Il est venu pour nous donner la vie éternelle. Si l’on nie le péché originel. Notre Seigneur n’est pas nécessaire. Que vient-Il faire ? Pourquoi vient-Il ? Il vient troubler nos familles. Il vient troubler l’ordre de la liberté humaine.

Mais si nous croyons vraiment qu’il y a eu un péché originel dont tous les hommes sont atteints avec toutes les conséquences de ce péché originel et que seul Notre Seigneur Jésus-Christ est capable de nous guérir, de nous apporter la vie, de nous purifier, dans son Sang et de nous donner sa grâce, de nous donner sa Loi, alors nous nous tournons vers notre Sauveur, vers Notre Seigneur Jésus-Christ. Qu’il soit notre Roi, que sa Loi règne partout, que sa grâce règne dans toutes les âmes. Voilà ce que nous disons ; voilà ce que nous pensons.

On ne croit plus au péché originel. On nie le péché originel. Les hommes sont libres ; les hommes ne sont pas mauvais. Les hommes ne naissent pas mauvais, ne naissent pas sous l’influence de Satan. Ce n’est pas vrai. Les hommes sont bons. Ce qu’ils désirent c’est bien. Chacun peut désirer ce qu’il veut, selon sa liberté, selon sa conscience.

Or nous disions aussi ce matin dans les antiennes : Gens et regnumm quod non servierit tibi peribit : La nation et le royaume qui ne te serviront pas, périront (Fête du Christ-Roi, Laudes, 5ème antienne).

Et c’est vrai. Tous ceux qui n’ont pas Notre Seigneur Jésus-Christ dans leurs lois, dans leur législation et qui n’ont pas la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, vivent dans le désordre complet et sont atteints par toutes les suites du péché originel, qui corrompent les Sociétés, qui corrompent les âmes.

Alors que devons-nous faire, mes bien chers frères, devant cette situation ? Désirer bien sûr, le règne de Notre Seigneur, prier de tout notre cœur, de toute notre âme aujourd’hui particulièrement, demander à Notre Seigneur de régner, qu’il nous aide, qu’il vienne à notre secours. Dieu sait s’il nous a donné tous les moyens pour nous sauver. Mais devant cette situation qui apparemment est insoluble, que pouvons-nous faire ?

Eh bien, nous devons faire ce que Notre Seigneur Jésus-Christ a voulu que nous fassions, c’est-à-dire nous sanctifier, ressusciter la grâce que nous avons reçue au jour de notre baptême, pour effacer le péché originel et pour en guérir toutes les suites. Nous savons très bien que ces suites du péché originel nous les avons encore, que nous les portons en nous et que nous devons constamment lutter par la grâce de Notre Seigneur, par la prière, par la réception digne et fréquente des sacrements, par l’assistance à la Sainte Messe, à la vraie messe. Nous savons que c’est ainsi que nos âmes se purifieront, que nos âmes se sanctifieront et que nos âmes feront régner en elles la loi et la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Mais il ne suffit pas de le faire pour nous. Nous avons des fonctions. Nous avons tous une vocation ici-bas. Nous ne vivons pas seul ; nous ne vivons pas isolé et par conséquent nous avons le devoir de faire régner Notre Seigneur partout dans nos fonctions. Et pas seulement dans nos familles. Le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ n’est pas seulement un règne qui doit se limiter à la famille et que dès que l’on sort de la maison familiale, il n’y a plus de place pour Notre Seigneur Jésus-Christ, que cela ne regarde pas Notre Seigneur. Ce que nous faisons dans notre profession, ce que nous faisons dans la Cité, en dehors de notre famille. Notre Seigneur n’a plus rien à y voir. C’est faux ! Nous devons être soumis à Notre Seigneur toujours, en tout ce que nous faisons, dans tous nos actes et par conséquent dans les actes de notre profession aussi. Et par conséquent dans les actes que nous avons à accomplir et qui regardent le bien de notre commune, le bien de notre village, le bien de notre cité, le bien de notre État. Il est temps, mes bien chers frères, il est temps, plus que temps, que les chrétiens et particulièrement les chrétiens traditionalistes – si l’on peut les appeler ainsi –c’est-à-dire les vrais chrétiens, les vrais catholiques, il est temps qu’ils se rendent compte de la situation qui existe autour d’eux, qui est en train de se dégrader de mois en mois, d’année en année. Nos pays n’ont pas perdu toute foi catholique. Il y a encore des gens qui croient, des gens qui ont encore la foi. Il faudrait les réunir ; il faudrait les réveiller. Et il faudrait que parmi nous, parmi ceux qui ont des convictions profondes, catholiques, qu’ils prennent des responsabilités.

On est stupéfié de voir des pays catholiques – disons comme le Valais – comme tous les pays catholiques de la Suisse, comme la France, comme l’Italie, comme l’Espagne, comme l’Irlande, comme tous ces pays catholiques qui sont à 80 %, 85 % catholiques, qui sont dirigés par des francs-maçons, qui sont dirigés par des ennemis de l’Église. Comment est-ce possible ? Comment ces gens-là ont-ils pu arriver à dominer des pays à grande majorité catholique, des gens qui ne sont pas chrétiens, des gens qui veulent détruire la famille chrétienne ; qui introduisent des lois qui démolissent l’enseignement chrétien, qui démolissent les écoles chrétiennes ; qui introduisent toutes ces initiatives abominables que nous voyons, comme ces discothèques qui se multiplient partout maintenant dans tous les villages. Qui introduisent par conséquent dans la législation, l’avortement, la contraception, qui supportent la drogue, qui ne poursuivent pas la pornographie et qui acceptent ces films abominables contre Notre Seigneur Jésus-Christ. Voilà des petits groupes de gens qui sont contre Notre Seigneur Jésus-Christ et qui dominent des nations chrétiennes.

Est-ce possible ? Comment expliquer cela, comment expliquer que dans un pays à 80 %, 85 % de catholiques, ce soient des gens contre l’Église catholique, qui sont contre Notre Seigneur, qui dominent et dirigent tout le monde ?

Je pense que c’est parce que les catholiques s’imaginent qu’ils ne doivent pas entrer dans les fonctions publiques. Ils ont peur de s’immiscer dans les fonctions publiques. Sans doute ils ont raison dans la mesure où ils devraient participer à des choses qui sont mauvaises et contribuer à des choses qui sont mauvaises. Mais s’ils le font au contraire pour empêcher les choses mauvaises de se réaliser, ils doivent se manifester ; ils doivent prendre des responsabilités pour le bien des âmes, pour faire régner Notre Seigneur Jésus-Christ dans la législation.

Il me semble qu’il y a là une déficience et peut-être une incompréhension du devoir des catholiques, catholiques fidèles. Il faudrait que dans des villages à 80 % catholiques encore et qui ont encore des convictions à 90 %, ce soient de bons catholiques qui dirigent le village, qui prennent des responsabilités communales. La même chose dans les États. Il ne faut pas avoir peur de prendre des responsabilités. Ce n’est pas là faire de la mauvaise politique, ce n’est pas faire de la politique de parti, c’est tout simplement chercher le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, le règne social de Notre Seigneur.

Alors nous devons prier pour cela et encourager tous ceux de nos amis que nous connaissons, toutes nos connaissances qui sont capables de prendre des mandats dans les communes, dans les cités, dans l’État, de se présenter. Et puisque désormais, nous avons vu l’initiative qui a été provoquée par (certains) de nos amis, ce petit journal qui a dernièrement paru et qui s’appelle Controverses, dans lequel nos confrères prêtres, aussi, se sont engagés d’une certaine manière ; eh bien, c’est là, à mon avis, une très bonne initiative qui peut éventuellement servir, au moment d’un vote, pour être distribué dans les familles, partout, pour être encouragé à faire un bon vote, le vote pour Notre Seigneur Jésus-Christ. Sans faire de partis spéciaux, mais qu’ils soient, comme le dit saint Pie X , le parti de Dieu, le parti de Notre Seigneur Jésus-Christ.

C’est là, il me semble, ce que cette fête du Christ-Roi nous rappelle et nous demande d’agir courageusement. Comme le disait Jeanne d’Arc, n’est-ce pas, dans son combat : « Nous combattons, nous prions et Dieu donnera la victoire ».

On dit : Oh, c’est impossible !… On ne pourra pas. C’est trop difficile ; jamais nous n’arriverons à dominer les gens qui actuellement dirigent nos pays. Nous n’arriverons jamais à les renverser.

Mais il faut compter sur la grâce du Bon Dieu. Le Bon Dieu est avec nous. Le Bon Dieu veut régner ; le Bon Dieu veut le bien des âmes. Et si par conséquent, les catholiques s’unissent, prient, font des sacrifices et militent en faveur du règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, il faut compter sur la grâce de Notre Seigneur, sur l’aide de la très Sainte Vierge Marie qui est forte comme une armée rangée en bataille, sur l’aide des saints, de saint Michel Archange, de tous les saints du pays, de saint Nicolas de Flüe, ici de saint Maurice, invoquons-les et demandons-leur de nous aider pour que Notre Seigneur Jésus-Christ règne dans nos pays, pour sauver les âmes des générations futures, sauver nos âmes et remettre notre pays sous le doux règne de Notre Seigneur.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

L'art de la subversion
Une fête réinterprétée à la lumière de l’enseignement du Concile Vatican II

La fête du Christ Roi a donc été l’objet d’une réinterprétation théologique, qui tient compte aussi de l’évolution de la relation entre l’Église et la société au long du XXe siècle. Alors qu’au départ cette fête est une protestation contre la perte du pouvoir de l’Église sur la société, au risque de la présenter comme une force sociale parmi d’autres, les changements d’ordre liturgique soulignent l’orientation pascale de cette fête et le caractère eschatologique de la royauté du Christ.

Dans le Christ, c’est la création toute entière, dans son chemin historique, qui est appelée à entrer dans le Royaume. Montrant combien le rapport entre religion et politique a évolué à travers l’histoire, Christian Ducquoc en refusant pour autant de réduire la royauté du Christ à une notion purement spirituelle, sans prise réelle sur le monde, met bien en lumière les enjeux d’une telle réinterprétation :

« A notre avis, il faut retenir des variations historiques du rapport de la Royauté de Jésus aux réalités politiques, et du maintien de ce titre malgré son équivocité apparente, qu’on ne peut réduire à néant la relation de Jésus au monde politique. S’il est désigné Roi, c’est que précisément le monde politique n’est pas sans lien avec le Royaume dont Jésus est le Roi (…) Proclamer Roi le Christ, c’est, à chaque époque, dans la tension entre les intentions des pouvoirs et leurs actes, rappeler la place de ceux que laissent pour compte le progrès, l’organisation, et agir en sorte que la politique tienne leur existence pour plus importante que le déploiement de sa puissance. Jésus n’a pas prêché l’anarchie, il a, dans sa prédication aux pauvres, rappelé au pouvoir politique quels étaient sa finalité et son jugement ».13

En définitive, il apparaît que la liturgie révisée à la demande du Concile Vatican II transforme en profondeur l’approche en la situant sur l’arrière-fond eschatologique de la célébration du mystère pascal. Alors que la fête du Christ Roi, avait été instituée par Pie XI, pour soutenir un combat en défense contre les évolutions du monde moderne, elle est devenue la charnière de l’année liturgique parce qu’elle désigne un aspect décisif du temps chrétien : si pour nous, qui vivons dans le temps, le cycle liturgique s’achève chaque année, il ne trouvera son véritable achèvement que dans les « derniers temps » dont la Pâque du Christ est l’accomplissement eschatologique. Depuis la résurrection, nous sommes dans « les temps qui sont les derniers » et dans l’attente du dernier avènement.

C’est pourquoi, en contre-point de cette réflexion sur la fête du Christ, Roi de l’univers, il serait intéressant de considérer aussi la célébration des Rameaux. Dans le cadre de la réforme de la semaine sainte réalisée sous Pie XII (1951-1956), cette célébration a fait l’objet d’une réinterprétation comparable à celle de la fête du Christ-Roi : là aussi, les transformations rituelles soulignent la dimension eschatologique de la célébration et avant tout de la procession d’ouverture de la semaine sainte.

En définitive, le triomphe de la croix célébré dans la liturgie (y compris celle du Vendredi Saint) n’est pas à la manière du monde, et il ne peut être seulement compris comme la revanche des oubliés de l’histoire. Mais dans la foi, il est la confession de la victoire eschatologique du Christ sur les forces de la mort : en accomplissant les mystères de notre rédemption, la Pâque du Fils instaure le « règne sans limite et sans fin » que chante la préface. C’est le Peuple de Dieu tout entier qui est ainsi configuré au Christ Roi pour faire du monde, la cité de justice et de paix que tout pouvoir est appelé à édifier. Contre toute idéologisation de la foi, la dimension sociale de la religion chrétienne n’est donc pas oubliée, mais elle est replacée à l’intérieur de l’histoire de la Révélation, à la lumière du mystère pascal du Christ, lui qui, à la fin des temps, remettra au Père toutes choses.

Par fr. Patrick Prétot, Institut Supérieur de Liturgie, Institut Catholique de Paris

Source Service National de la Pastorale Liturgique et Sacramentaire CEF

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Saints Simon et Jude apôtres

28 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saints Simon et Jude apôtres

Collecte

O Dieu, vous nous avez accordé la grâce de parvenir à la connaissance de votre nom par vos bienheureux Apôtres Simon et Jude : faites qu’en progressant nous célébrions leur gloire éternelle et en la célébrant nous progressions.

Office

AU PREMIER NOCTURNE.
Commencement de l’Épître catholique de saint Jude, Apôtre.
Première leçon. Jude, serviteur de Jésus-Christ et frère de Jacques, à ceux qui sont aimés de Dieu le Père, et conservés et appelés en Jésus-Christ. Que la miséricorde, la paix et la charité abondent en vous. Mes bien-aimés, me sentant pressé de vous écrire touchant, votre salut commun, j’ai dû écrire afin de vous exhorter à combattre pour la foi, qui a été déjà transmise aux saints. Car il s’est introduit parmi vous quelques hommes impies (qui depuis longtemps ont été prédestinés à ce jugement), changeant la grâce de notre Dieu en luxure, reniant notre seul Maître et Seigneur, Jésus-Christ.
Deuxième leçon. Or je veux vous rappeler, à vous qui savez déjà toutes ces choses, que Jésus, ayant délivré le peuple de la terre d’Égypte, perdit ensuite ceux qui ne crurent point ; que, quant aux anges qui ne conservèrent pas leur première dignité, mais qui abandonnèrent leur propre demeure, il les mit en réserve pour le jugement du grand jour, dans les chaînes éternelles et de profondes ténèbres. C’est ainsi que Sodome et Gomorrhe, et les villes voisines livrées aux mêmes excès d’impureté, et courant après d’infâmes débauches, sont devenues un exemple, en souffrant la peine d’un feu éternel. Et cependant, c’est de la même manière que ceux-ci se souillent encore, qu’ils méprisent la domination, et qu’ils blasphèment la majesté.
Troisième leçon. Lorsque l’Archange Michel, disputant avec le diable, lui contestait le corps de Moïse, il n’osa pas le condamner avec des paroles de malédiction, mais il dit : Que le Seigneur te commande. Mais ceux-ci blasphèment tout ce qu’ils ignorent. Malheur à eux, parce qu’ils sont rentrés dans la voie de Caïn, et que, s’égarant comme Balaam, ils ont, pour le gain, rompu toute digue, et se sont perdus dans la rébellion de Coré. Ils font le déshonneur de leurs festins, se paissant eux-mêmes ; nuées sans eau que les vents emportent ça et là ; arbres qui ne fleurissent qu’en automne, stériles, deux fois morts, déracinés ; vagues furieuses de la mer, jetant l’écume de leurs infamies ; astres errants auxquels une tempête de ténèbres est réservée pour l’éternité.

AU DEUXIÈME NOCTURNE.
Quatrième leçon. Simon le Chananéen, qui fut nommé aussi le Zélé et Thaddée, appelé encore dans l’Évangile Jude, frère de Jacques, auteur d’une des Épîtres catholiques, ont parcouru, l’un l’Egypte et l’autre la Mésopotamie, en prêchant l’Évangile. Ils se réunirent ensuite en Perse, où ils engendrèrent à Jésus-Christ d’innombrables enfants. Ayant répandu la semence de la foi dans ces vastes régions et parmi des peuples barbares, ils firent resplendir ensemble d’un vif éclat le très saint nom de Jésus-Christ par leur doctrine et leurs miracles, et finalement par un glorieux martyre.
Le reste du deuxième nocturne au commun

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Augustin, Évêque.
Septième leçon. Dans la leçon de l’Évangile qui a précédé celle de ce jour, le Seigneur avait dit : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, pour que vous alliez, et que vous rapportiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le donne. » Et voilà qu’il leur dit à présent « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. » Ceci doit nous faire comprendre que c’est là notre fruit, ce fruit dont il disait : « C’est moi qui vous ai choisis, pour que vous alliez, et que vous rapportiez du fruit, et que votre fruit demeure. » Et quant à la parole ajoutée à la suite : « Afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne ; » le Père nous le donnera certainement, si nous nous aimons les uns les autres ; puisque lui-même, de son côté, nous a donné ce commandement d’amour, en nous choisissant, quoique dépourvus de fruit ; car, sans que nous l’ayons choisi les premiers, il nous a établis pour que nous rapportions du fruit, c’est-à-dire pour que nous nous aimions les uns les autres.
Huitième leçon. Notre fruit, c’est donc la charité, cette charité définie par l’Apôtre, venant « d’un cœur pur, d’une bonne conscience, et d’une foi non feinte. » Par elle, nous nous aimons les uns les autres ; par elle, nous aimons Dieu ; et en effet, nous ne nous aimerions pas mutuellement, si nous n’aimions pas Dieu ; car, on n’aime son prochain comme soi-même qu’autant que l’on aime Dieu, attendu que celui qui n’aime pas Dieu, ne s’aime pas soi-même. « En ces deux commandements » d’amour « se renferment toute la loi et les Prophètes. » Voilà notre fruit, ce fruit que Jésus nous ordonne de porter, quand il dit : « Ce que je vous ordonne, c’est de vous aimer les uns les autres. » De là vient que l’Apôtre saint Paul, voulant recommander les fruits de l’Esprit, en opposition avec les œuvres de la chair, a mis en premier lieu cet amour : « Le fruit de l’Esprit, dit-il, c’est la charité. » Après quoi il énumère tout à la suite les autres biens qui ont la charité pour principe, et qui s’y rattachent ; ce sont : « La joie, la paix, la longanimité, la douceur, la bonté, la foi la mansuétude, la continence, la chasteté. »
Neuvième leçon. Or, a-t-il une joie raisonnable, celui qui n’aime pas le bien dont il se réjouit ? Peut-on avoir une paix véritable avec quelqu’un, si ce n’est avec celui qu’on aime sincèrement ? Est-on longanime, patient à persévérer dans la pratique du bien, si l’on n’a point la ferveur de l’amour ? Est-on bienveillant, à moins d’aimer celui qu’on assiste ? Qui est bon, s’il ne le devient en aimant ? Est-on croyant, d’une foi salutaire, si l’on ne croit de cette foi qui opère ? Quelle mansuétude est utile si la dilection ne la règle ? Comment s’abstenir de ce qui déshonore, à moins d’aimer ce qui honore ? C’est donc avec raison que le bon Maître recommande si fréquemment la dilection, comme s’il n’avait rien à prescrire que cette vertu, sans laquelle ne peuvent servir les autres biens, et qu’on ne peut avoir sans avoir aussi les autres biens, qui rendent l’homme vraiment bon.

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Messe pour la Propagation de la Foi

25 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Messe pour la Propagation de la Foi

Introït

Que Dieu ait pitié de nous, et nous bénisse ; qu’il fasse briller son visage sur nous, et qu’il ait pitié de nous : afin que nous connaissions votre voie sur la terre, et votre salut parmi toutes les nations. Que les peuples vous glorifient, ô Dieu : que tous les peuples vous glorifient !

Collecte

Dieu, qui voulez que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité : envoyez, nous vous en prions, des ouvriers à votre moisson et donnez-leur d’annoncer votre parole avec toute confiance ; afin que votre doctrine se répande et soit honorée, et que toutes les nations vous reconnaissent, vous, le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Notre-Seigneur Jésus-Christ, votre Fils.

Lecture Ec. 36, 1-10 et 17-19

Ayez pitié de nous, ô Dieu de toutes choses ; regardez-nous favorablement, et montrez-nous la lumière de vos miséricordes ; et répandez votre terreur sur les nations qui ne Vous ont pas recherché, afin qu’elles reconnaissent qu’il n’y a pas d’autre Dieu que vous, et qu’elles proclament vos grandeurs. Levez votre main sur les peuples étrangers, afin qu’ils voient Votre puissance. De même qu’à leurs yeux vous avez manifesté votre sainteté parmi nous, de même, à nos yeux, manifestez votre grandeur parmi eux, afin qu’ils vous connaissent, comme nous connaissons nous-mêmes qu’il n’y a pas d’autre Dieu que vous, Seigneur. Renouvelez vos prodiges, et faites des miracles nouveaux. Glorifiez votre main et votre bras droit. Excitez votre fureur, et répandez votre colère. Détruisez l’adversaire, et châtiez l’ennemi. Pressez le temps, et hâtez la fin, afin qu’ils proclament vos grandeurs. Rendez témoignage à ceux qui sont vos créatures depuis le commencement, et vérifiez les prédictions que les anciens prophètes ont prononcées en votre nom. Récompensez ceux qui vous attendent, afin que vos prophètes soient trouvés fidèles, et exaucez les prières de vos serviteurs, selon la bénédiction d’Aaron à votre peuple, et conduisez-nous dans la voie de la justice, afin que tous ceux qui habitent la terre sachent que vous êtes le Dieu qui contemple les siècles.

Évangile Mt. 9, 35-38

En ce temps-là, Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans les synagogues, et prêchant l’évangile du royaume, et guérissant toute langueur et toute infirmité. Et voyant les foules, il en eut compassion ; car elles étaient accablées, et gisaient comme des brebis qui n’ont point de pasteur. Alors il dit à ses disciples : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson.

Secrète

Dieu notre protecteur, regardez et considérez le visage de votre Christ qui s’est donné lui-même en rachat pour tous les hommes : et faites ; que du levant au couchant, votre nom soit glorifié dans les nations, et qu’en tout lieu vous soit sacrifiée et offerte l’oblation pure.

Communion

Nations, louez toutes le Seigneur : peuples, louez-le tous : car sa miséricorde a été affermie sur nous, et la vérité du Seigneur demeure éternellement.

La propagation de l’Évangile constitue, plus encore qu’un besoin, une redoutable responsabilité et un devoir sacré pour l’Église. L’écho de la parole de l’Apôtre : Vae mihi si non evangelizavero ! retentit encore à notre oreille. Car la famille catholique, au moyen surtout de sa hiérarchie sacrée, doit continuer sur la terre la mission rédemptrice de Jésus-Christ. C’est pour cette raison que, en ces dernières années surtout, Pie XI a donné une impulsion plus générale et plus vigoureuse à l’œuvre missionnaire ; et après avoir organisé, dans son palais du Latran, un musée ethnographique se rapportant spécialement à l’évangélisation des infidèles, il a voulu qu’au moyen de journées pour la Propagation de la Foi, de cérémonies, de quêtes et de conférences, la famille chrétienne tout entière soit intéressée au maintien et au développement des diverses œuvres missionnaires.

Parmi ces nombreuses initiatives, tient la première place la fête de la Propagation de la Foi, avec la messe spéciale qu’on dit à cette occasion.

L’antienne d’introït est tirée du psaume 66 (2-3) qui est messianique et annonce l’universalité de l’Église, laquelle communique à tous les peuples les grâces de la Rédemption : « Que Dieu ait pitié de nous et nous bénisse ; qu’il tourne vers nous un visage bienveillant et qu’il ait pitié de nous. Quand on connaîtra vos voies sur la terre, et dans toutes les nations votre salut, ils vous loueront, ô Dieu, les peuples, tous les peuples vous loueront. »

Lorsque, après le péché, le monde tourna le dos à Dieu, le Seigneur se réserva la race d’Abraham pour qu’elle fût la gardienne de la promesse messianique. Et quand, dans la plénitude des temps, le symbole prophétique atteignit en Jésus-Christ la plus splendide réalité, avec la fonction d’avant-coureur du Messie futur cessa aussi le motif du privilège concédé à Israël, et tous les enfants de Dieu, sans distinction de nations ou de civilisations, furent admis à participer au divin héritage. Tel est la magnifique pensée dont s’inspire la composition liturgique de ce jour.

Prière. — « Seigneur, qui voulez que tous se sauvent et arrivent à la lumière de la vérité, envoyez, nous vous en prions, des ouvriers à votre moisson, et faites qu’ils annoncent courageusement votre Verbe ; afin que votre parole se répande rapidement et soit vénérée, et que toutes les nations vous reconnaissent comme le seul vrai Dieu, et Celui que vous avez envoyé au monde, Jésus-Christ votre Fils et notre Seigneur, qui, etc. » : Cette collecte, comme on le voit, est formée de divers passages scripturaires et n’accuse dès lors aucune pensée originale, mais elle est dominée par cette idée exprimée dans les Livres saints, que la vocation missionnaire est une œuvre toute divine. Elle est divine dans son origine, car c’est Dieu qui destine les ouvriers à la moisson ; elle est divine dans sa cause finale, puisqu’elle se propose pour but de glorifier le Seigneur par le salut des âmes ; elle est divine dans son exécution, car les prêtres régénèrent les âmes moyennant la prédication de la parole divine, semence et germe de vie surnaturelle.

La première lecture (Eccli., 46, 1-10 ; 17-19) est en grande partie la même que la quatrième du samedi des Quatre-Temps de Carême, et elle contient une magnifique prière pour le salut d’Israël. A vrai dire, l’inspiration de la solennité de ce jour est différente. Ici, en effet, on veut que le Seigneur lève la main contre les peuples persécuteurs afin qu’eux aussi, sous le bras vengeur de Dieu, reconnaissent la puissance du Seigneur d’Abraham : Hâtez la fin — dit-on à Yahweh — et faites poindre l’heure ; rendez témoignage à la première de vos œuvres, et accomplissez la prophétie formulée en votre nom.

Nous demandons, au contraire, dans la grâce du Nouveau Testament, que tous les peuples trouvent et reconnaissent le vrai Dieu dans le sentier de l’Amour, plutôt que sous les coups de la justice divine.

Le répons-graduel contient les deux versets 6-8 du psaume de l’introït : « Ils vous loueront, ô Dieu, les peuples ; toutes les nations vous loueront. La terre a donné son fruit. Le Seigneur notre Dieu nous bénit ; que Dieu nous bénisse, et que tous le craignent jusqu’aux confins du globe. ». Dieu donne sa bénédiction, et tandis que la terre féconde les plantes et les arbres, le jardin de l’Église s’embellit sans cesse de nouvelles fleurs du paradis céleste.

Nous, prêtres et missionnaires, nous sommes : Dei adiutores, selon le mot de l’Apôtre des Gentils ; cependant l’agriculteur du terrain est unique, lui dont il est écrit : et Pater meus agricola est.

Le verset alléluiatique est tiré du psaume 99, 1, qui, au lever du jour, alors que toute la nature et l’univers entier louent le Créateur, invite le fidèle israélite à se rendre au temple pour adorer Yahweh. « Alléluia. Acclamez joyeusement Dieu, de toute la terre, servez le Seigneur avec joie. Entrez en sa présence avec de joyeux cantiques. »

Durant la période de la Septuagésime, au lieu du verset alléluiatique, le psaume trait annonce l’universalité de la rédemption messianique. Et nous maintenant, après vingt siècles environ de Rédemption, nous sommes familiarisés avec cette pensée du royaume universel de Dieu. Mais imaginons quelle devait être la stupeur et la joie qu’éprouvaient les premières générations chrétiennes, lorsque, en face des Juifs excluant des privilèges de la postérité d’Abraham ceux qui n’avaient pas été circoncis, les premiers fidèles entendaient clairement annoncer, dans l’Évangile et dans la Loi, la vocation des Gentils à la foi. « Narrez parmi les nations la gloire de Dieu, et ses merveilles parmi tous les peuples. Parce que Yahweh est grand et digne d’une immense louange, plus redoutable que tous les autres dieux. En effet, les divinités des Gentils sont des idoles mortes ; au contraire le Seigneur a créé le ciel. »

Durant le cycle pascal, après le premier verset alléluiatique : « Alléluia. Acclamez joyeusement », etc., comme ci-dessus, on ajoute : « Alléluia. Sachez que le Seigneur est notre Dieu ; c’est Lui qui nous a faits, et nous sommes siens. ». Si nous sommes l’œuvre de ses mains, la Providence divine veille amoureusement sur notre sort, car Dieu n’abandonne personne, sinon celui qui le premier se retire de Lui. Non enim diligis et deseris, comme le dit si bien saint Augustin.

La lecture évangélique est tirée de saint Matthieu (9, 35-38). Le Divin Maître parcourt, infatigable, les campagnes et les villages de la Galilée, confirmant sa doctrine par de nombreux miracles en faveur des malades. Son divin Cœur est cependant accablé d’angoisse, parce qu’il voit périr un grand nombre d’âmes, à la rencontre desquelles personne ne va pour leur indiquer les pâturages salutaires. Il s’adresse donc à ses Apôtres, et observant que les moissonneurs sont trop rares pour l’abondante moisson, il leur ordonne de prier le Maître d’envoyer sans cesse à son champ de nouveaux ouvriers.

Il s’agit d’un commandement précis de Jésus-Christ ; et aujourd’hui surtout, en lui offrant le Sacrifice eucharistique pour la propagande missionnaire, nous pouvons dire à bon droit : Praeceptis salutaribus moniti, et divina institutione formati, audemus dicere : mitte operarios in messem tuam. Celui qui nous a commandé de prier pour les vocations ecclésiastiques, s’engage par là même à accueillir favorablement nos vœux.

L’antienne pour l’offrande des oblations est empruntée au psaume 95 (7-9) lequel, comme tout le groupe des chants du IVe livre du Psautier, annonce joyeusement le royaume messianique universel où devront entrer toutes les nations : « Donnez au Seigneur, familles de nations, donnez au Seigneur gloire et honneur ; donnez gloire à son Nom. Apportez les oblations et entrez dans ses parvis, adorez Dieu dans son tabernacle sacré. »
Dans l’ancien temple de Jérusalem, derrière l’atrium des Gentils se trouvait la cour du peuple d’Israël, et au fond de celle-ci était le Saint, où les prêtres seuls pouvaient accéder pour offrir l’encens du soir et les autres sacrifices. Pour le peuple, l’atrium tenait donc lieu de temple, comme en général chez les Grecs et chez les Romains. Dans la cella se trouvait seulement le dieu ; l’autel pour les sacrifices était dehors.

La secrète représente au point de vue littéraire un centon scripturaire qui ne tient compte ni du cursus, ni de la signification particulière de la secrète, qui doit être une simple recommandation des oblations à consacrer. Malgré ces défauts littéraires, la prière liturgique conserve toujours cependant sa beauté et son efficacité, surtout quand elle s’inspire de la sainte Écriture.
Prière. — « Considérez, ô Dieu notre protecteur, et regardez votre Oint, qui s’est donné lui-même pour la rédemption universelle ; d’une extrémité à l’autre de la terre, glorifiez votre Nom parmi les peuples, afin que partout vous soit sacrifiée et offerte une oblation pure. Par Jésus-Christ. »
Lorsque nous montons à l’autel pour offrir les divins Mystères, Dieu agrée ceux-ci parce qu’il voit en nous son Fils bien-aimé, le Pontife de notre foi, en qui il met toutes ses complaisances. Il n’y a que Jésus qui puisse plaire entièrement à Dieu ; aussi, celui qui veut obtenir des grâces et être agréable au Seigneur doit contempler le beau visage du Christ, c’est-à-dire cacher en Jésus ses prières et ses sacrifices, et faire plaider par lui, notre avocat, la cause qu’il a à cœur.

Aujourd’hui, à la place de l’antienne pour la Communion du peuple, on récite tout le psaume 116, qui est le plus court du Psautier : « Toutes les nations, louez le Seigneur ; tous les peuples, louez-le. Parce qu’il a multiplié sur nous sa bonté, et la fidélité du Seigneur dure pour toujours. »

Lorsque l’amitié des hommes fait défaut, Dieu demeure toujours fidèle à l’âme, qui apprend souvent trop tard à se défier un peu plus des pauvres créatures, pour se confier davantage au Créateur fort et constant dans l’amitié et dans l’amour.

La collecte d’action de grâces est empruntée au samedi in albis, et on y demande que par l’efficace du Sacrement de Rédemption, qui est aussi le mystère de foi par excellence, cette sublime vertu développe de plus en plus ses rayons et les étende à toute la terre.

Il existe un lien profond entre l’Eucharistie et la sainte foi. Lorsqu’une âme reçoit Dieu qui se donne à elle, à son tour elle se confie à lui. Or cette entière remise à Dieu, et cette confiance en sa sagesse et en son amour infini constituent la vie de foi, selon ces paroles du prophète Habacuc, auxquelles saint Paul attachait tant d’importance : « Mon juste vit de la foi ; mais s’il se soustrait à cette règle, il ne pourra plus me plaire. »

 

 

 

 

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XXIIème Dimanche après la Pentecôte

24 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

XXIIème Dimanche après la Pentecôte

Introït

Si vous demandez un compte rigoureux des iniquités, Seigneur ; Seigneur, qui pourra soutenir votre jugement ? Mais vous aimez à pardonner, ô Dieu d’Israël. Des profondeurs de ma misère, j’ai crié vers vous, Seigneur ; Seigneur, exaucez ma voix.

Collecte

O Dieu, notre refuge et notre force, écoutez favorablement les pieuses supplications de votre Église, vous l’auteur même de toute pitié, et faites que nous obtenions sûrement ce que nous demandons avec foi.

Épitre Ph, 1, 6-11

Mes frères, j’ai confiance que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la perfectionnera jusqu’au jour du Christ Jésus. Et il est juste que j’aie ce sentiment de vous tous, parce que je vous ai dans mon cœur, vous qui,soit dans mes liens, soit dans la défense et l’affermissement de l’évangile, participez tous à ma joie. Car Dieu m’est témoin combien je vous chéris tous dans les entrailles de Jésus-Christ. Et ce que je demande, c’est que votre charité abonde de plus en plus en connaissance et en toute intelligence, pour apprécier ce qui est meilleur, afin que vous soyez purs et irrépréhensibles pour le jour du Christ, étant remplis du fruit de justice par Jésus-Christ, pour la gloire et la louange de Dieu.

Évangile Mt. 22, 15-21

En ce temps-là, les pharisiens, s’étant retirés, tinrent conseil sur le moyen de surprendre Jésus dans ses paroles. Et ils lui envoyèrent leurs disciples avec les hérodiens, qui lui dirent : Maître, nous savons que vous êtes véridique, et que vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité, sans vous inquiéter de personne, car vous ne regardez pas la condition des hommes. Dites-nous ce qu’il vous en semble : Est-il permis de payer le tribut à César ou non ? Mais Jésus, connaissant leur malice, dit : Pourquoi me tentez-vous, hypocrites ? Montrez-moi la monnaie du tribut. Et ils lui présentèrent un denier. Et Jésus leur dit : De qui est cette image et cette inscription ? Ils lui dirent : De César. Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.

Secrète

Faites, ô Dieu de miséricorde, que cette oblation salutaire nous délivre sans cesse de nos propres fautes et nous protège contre toute adversité.

Postcommunion

Nous avons reçu, Seigneur, les dons propres à ces saints mystères en vous demandant humblement de faire servir de secours à notre faiblesse le sacrifice que vous nous avez prescrit d’offrir en mémoire de vous.

Office

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Hilaire, évêque.

Septième leçon. Souvent les pharisiens s’agitent et ne peuvent tirer des faits passés l’occasion d’incriminer Jésus. Car aucun défaut ne pouvait se glisser ni dans ses actes ni dans ses paroles. Mais dans leur malice, ils s’efforcent de découvrir la moindre faille pour l’accuser. Or Jésus appelait tout le monde à passer des vices du siècle et des superstitions religieuses humaines à l’espérance du Royaume des Cieux. Les pharisiens, par conséquent, tendent un piège subtil dans la façon de formuler leur question : ou bien violer le pouvoir séculier, ou bien admettre évidemment l’obligation de payer le tribut à César.

Huitième leçon. Connaissant le secret de leurs pensées, (car Dieu observe ce qui est caché au plus intime des hommes) Jésus se fait apporter un denier, et il s’informe de qui sont l’inscription et l’effigie. Les pharisiens répondent : « De César. » Il leur dit : « A César il faut rendre ce qui est à César, et à Dieu, ce qui est à Dieu. » Réponse vraiment admirable, et solution parfaite que cette parole céleste ! Le Seigneur équilibre si bien tout entre le mépris du siècle et l’injure blessante pour César, qu’il décharge les âmes consacrées à Dieu de tous les soucis et embarras humains en décrétant qu’il faut rendre à César ce qui lui appartient. Car s’il ne reste rien de lui chez nous nous ne serons pas obligés de lui rendre ce qui lui appartient.

Neuvième leçon. Si au contraire, nous couvons son bien, si nous recourons à son pouvoir, nous nous astreignons aussi comme des mercenaires, à gérer un patrimoine étranger, et il n’y a point à se plaindre d’injustice : il faut rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui lui revient : notre corps, notre âme, notre volonté. C’est de lui en effet que nous les tenons au départ et dans leur accroissement ; il est donc juste qu’ils retournent entièrement à celui dont ils reconnaissent tirer tout ensemble l’origine et le progrès.

D’après Honorius d’Autun, la Messe du jour se rapporte au temps de l’Antéchrist. L’Église jette ses yeux dans l’avenir sur le règne de cet homme de péché et comme déjà sous le coup de la persécution redoutable des derniers jours, elle emprunte l’Introït au psaume CXXIX.

Si, concurremment avec le sens prophétique que revêtent aujourd’hui les paroles de ce psaume, nous en voulons une application présente et toujours pratique, étant donnée notre misère, rappelons-nous l’Évangile de la semaine précédente, qui était autrefois celui du présent Dimanche. Chacun de nous se reconnaîtra dans la personne du débiteur insolvable qui n’a d’espoir qu’en la bonté de son maître ; et nous nous écrierons, dans la confusion de notre âme humiliée : Si vous considérez les iniquités, Seigneur, qui subsistera devant vous ?

Nous venons de ranimer notre confiance, en chantant que la miséricorde est en Dieu. C’est lui-même qui donne leur pieux accent aux prières de son Église, parce qu’il veut l’exaucer. Mais nous ne serons écoutés avec elle qu’à la condition de prier comme elle selon la foi, c’est-à-dire conformément aux enseignements de l’Évangile. Prier selon la foi, c’est donc aujourd’hui remettre à nos compagnons leurs dettes envers nous, si nous demandons à être absous nous-mêmes par le Maître commun.

ÉPÎTRE.

Saint Paul, au nom de l’Église, attire de nouveau notre attention sur l’approche de la fin. Mais ce dernier des jours, qu’il nommait Dimanche le jour mauvais, est appelé aujourd’hui par deux fois, dans le court passage de l’Épître aux Philippiens qu’on vient d’entendre, le jour du Christ Jésus. La lettre aux Philippiens est toute à la confiance, l’allégresse y déborde ; et cependant elle nous montre la persécution sévissant sur l’Église, et l’ennemi mettant à profit la tempête pour exciter les passions mauvaises au sein même du troupeau du Christ. L’Apôtre est enchaîné ; la jalousie et la trahison des faux frères ajoutent à ses maux.

Mais la joie domine sur la souffrance en son cœur, parce qu’il est arrivé à cette plénitude de l’amour où la douleur alimente mieux que toutes délices la divine charité. Pour lui, Jésus-Christ est sa vie, et la mort est un gain : entre la mort qui répondrait au plus intime désir de son cœur en le rendant au Christ, et la vie qui multiplie ses mérites et le fruit de ses œuvres, il ne sait que choisir. Que peuvent, en effet, sur lui les considérations personnelles ? Sa joie présente, sa joie future, est que le Christ soit connu et glorifié, peu lui importe en quelle manière. Son attente ne sera point confondue, puisque la vie et la mort n’aboutiront qu’à glorifier le Christ en sa chair.

De là, dans l’âme de Paul, cette indifférence sublime qui est le sommet de la vie chrétienne, et n’a rien de commun, on le voit, avec l’engourdissement fatal où les faux mystiques prétendirent, au XVIIe siècle, enfermer l’amour. Quelle tendresse prodigue à ses frères le converti de Damas, à cette hauteur où il est parvenu dans le chemin de la perfection ! Dieu m’est témoin, dit-il, combien je vous aime et désire tous dans les entrailles de Jésus-Christ ! L’aspiration qui le remplit et l’absorbe, est que le Dieu qui a commencé en eux l’œuvre bonne par excellence, cette œuvre de la perfection du chrétien arrivée à sa consommation dans l’Apôtre, la poursuive et l’achève en tous pour le jour où le Christ apparaîtra dans sa gloire. Il prie pour que la charité, cette robe nuptiale des bénis du Père qu’il a fiancés à l’unique Époux, les entoure d’un éclat non pareil au grand jour des noces éternelles.

Or le moyen que la charité se développe en eux sûrement, c’est qu’elle y grandisse dans l’intelligence et la science du salut, c’est-à-dire dans la foi. C’est la foi, en effet, qui forme la base de toute justice surnaturelle. Une foi diminuée ne peut, dès lors, porter qu’une charité restreinte. Combien donc ils se trompent, ces hommes pour qui le souci de la vérité révélée ne va pas de pair avec celui de l’amour ! Leur christianisme se résume à ne croire que le moins possible, à prêcher l’inopportunité de nouvelles définitions, à rétrécir savamment et sans fin l’horizon surnaturel par égard pour l’erreur. La charité, disent-ils, est la reine des vertus ; elle leur inspire de ménager même le mensonge ; reconnaître à l’erreur les mêmes droits qu’à la vérité, est pour eux le dernier mot de la civilisation chrétienne établie sur l’amour. Et ils perdent de vue que le premier objet de la charité étant Dieu, qui est la vérité substantielle, n’a pas de pire ennemi que le mensonge ; et ils oublient qu’on ne fait point acte d’amour, en plaçant sur le même pied l’objet aimé et son ennemi mortel.

Ce n’est point ainsi que l’entendaient les Apôtres : pour faire germer la charité dans le monde, ils y semaient la vérité. Tout rayon nouveau dans l’âme de leurs disciples profitait à l’amour ; et ces disciples, devenus lumière eux-mêmes au saint baptême, n’avaient rien tant à cœur que de ne pactiser point avec les ténèbres. Renier la vérité était, dans ces temps, le plus grand des crimes ; s’exposer par mégarde à diminuer quoi que ce fût de ses droits, était la souveraine imprudence.

Le christianisme avait trouvé l’erreur maîtresse du monde ; devant la nuit qui retenait la race humaine immobilisée dans la mort, il ne connut point d’autre procédé de salut que de faire briller la lumière ; il n’eut point d’autre politique que de proclamer la puissance de la seule vérité pour sauver l’homme, et d’affirmer ses droits exclusifs à régner sur le monde. Ce fut le triomphe de l’Évangile, après trois siècles de lutte acharnée et violente du côté des ténèbres, qui se prétendaient souveraines et voulaient rester telles, de lutte sereine et radieuse du côté des chrétiens, dont le sang versé ne faisait qu’augmenter l’allégresse en affermissant sur la terre le règne simultané de l’amour et de la vérité.

Aujourd’hui que par la connivence des baptisés l’erreur reprend ses prétendus droits, la charité d’un grand nombre a diminué du même coup ; la nuit s’étend de nouveau sur un monde agonisant et glacé. La ligne de conduite des fils de lumière reste la même qu’aux premiers jours. Sans terreur et sans trouble, fiers de souffrir pour Jésus-Christ, comme leurs devanciers et comme les Apôtres ils gardent chèrement la parole de vie ; car ils savent que, tant qu’il restera pour le monde une lueur d’espérance, elle sera dans la vérité. Ne se préoccupant que de marcher d’une manière digne de l’Évangile, ils poursuivent, dans la simplicité des enfants de Dieu, leur carrière au milieu d’une génération mauvaise et perverse, comme font les astres au firmament dans la nuit. « Les astres brillent dans la nuit, dit saint Jean Chrysostome, ils éclatent dans les ténèbres ; bien loin de perdre à l’obscurité qui les entoure, ils en apparaissent plus brillants : ainsi en sera-t-il de toi-même, si tu demeures juste au milieu des pervers ; ta lumière en ressortira davantage. » — « Comme les étoiles, dit de même saint Augustin, poursuivent leur course dans les sentiers tracés par Dieu, sans se lasser de projeter leur lumière au sein des ténèbres, sans se troubler des maux qui arrivent sur la terre : ainsi doivent faire les saints, dont la conversation est vraiment au ciel, ne se préoccupant pas plus que les astres eux-mêmes de ce qui se dit ou se fait contre eux. »

ÉVANGILE.

Il faut bien que la diminution des vérités doive être le danger tout spécial des derniers temps, puisque l’Église, en ces semaines qui ont pour objet de représenter les derniers jours du monde, nous ramène sans cesse à la prudence de l’entendement comme à la grande vertu qui doit alors garder ses fils. Dimanche, elle leur remettait comme arme défensive le bouclier de la foi, comme arme offensive la parole de Dieu ; huit jours plus tôt, c’était la circonspection de l’intelligence qui leur était recommandée, pour conserver, dans les jours mauvais, leur sainteté fondée sur la vérité leur richesse consistant dans la science. Aujourd’hui, dans l’Épître, c’était encore l’intelligence et la science qui leur étaient proposées, comme pouvant seules accroître leur amour et parfaire l’œuvre de leur sanctification pour le jour du Christ. L’Évangile vient conclure opportunément ces leçons de l’Apôtre parle récit d’un fait tiré de l’histoire du Sauveur, et leur donner l’autorité qu’apporte avec soi tout exemple emprunté à la vie du divin modèle de l’Église. Jésus-Christ, en effet, s’y montre à nous comme l’exemple des siens dans les embûches tendues à leur bonne foi par les complots des méchants.

C’était le dernier jour des enseignements publics de l’Homme-Dieu, presque à la veille de sa sortie de ce monde. Ses ennemis, tant de fois déjoués dans leurs ruses, essayèrent un suprême effort. Les Pharisiens, qui ne reconnaissaient point la domination de César et son droit au tribut, s’unirent à leurs adversaires, les partisans d’Hérode et de Rome, pour poser à Jésus la question insidieuse : Est-il permis ou non de payer le tribut à César ? Si la réponse du Sauveur était négative, il encourait la colère du prince ; s’il se prononçait pour l’affirmative, il perdait tout crédit dans l’esprit du peuple. Avec sa divine prudence, Jésus déconcerta leurs menées. Les deux partis, si étrangement alliés par la passion, se refusèrent à comprendre l’oracle qui pouvait les unir dans la vérité, et retournèrent bientôt sans doute à leurs querelles. Mais la coalition formée contre le juste était rompue ; l’effort de l’erreur, comme toujours, avait tourné contre elle ; et la parole qu’elle avait suscitée, passant des lèvres de l’Époux à celles de l’Épouse, ne devait plus cesser de retentir en ce monde, où elle forme la base du droit social au sein des nations.

Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu, redisaient les Apôtres ; et s’ils proclamaient bien haut qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes  ils ajoutaient : « Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures ; car il n’y a point de puissance qui ne procède de Dieu, et celles qui existent, c’est Dieu qui les a établies. Celui donc qui résiste à la puissance, résiste à l’ordre établi de Dieu, et s’attire la damnation. Demeurez donc soumis, parce qu’il est nécessaire, soumis non seulement par le sentiment de la crainte, mais aussi parle devoir de la conscience. C’est pour la même raison que vous payez des tributs aux princes, parce qu’ils sont les ministres de Dieu. »

La volonté de Dieu, telle est donc la source comme la vraie grandeur de toute autorité parmi les hommes. L’homme, par lui-même, n’a aucun droit de commander à son semblable. Le nombre ne change rien à cette impuissance des hommes sur ma conscience, puisque, nombreux ou non, je suis l’égal de chacun d’eux par nature, et qu’additionner les droits sur moi de chacun, c’est additionner le néant. Mais Dieu, voulant que les hommes vécussent en société, a voulu par là même qu’il y eût à leur tête un pouvoir chargé de ramener les volontés multiples à l’unité du but social. Il laisse aux événements conduits par sa providence, aux hommes eux-mêmes à l’origine des sociétés, une grande latitude pour déterminer la forme sous laquelle devra s’exercer le pouvoir civil et son mode de transmission. Mais, une fois régulièrement investis, les dépositaires souverains du pouvoir ne relèvent que de Dieu dans la sphère de leurs attributions légitimes, parce que c’est de lui seul que leur vient la puissance, non de leurs peuples qui, n’ayant point cette puissance en eux-mêmes, ne pourraient la donner. Tant qu’ils observent les conditions du pacte social, ou ne tournent pas à la ruine de la société le pouvoir reçu pour son bien, leur droit à l’obéissance est celui de Dieu même : soit qu’ils prélèvent les tributs nécessaires à leur gouvernement ; soit que les lois portées par eux viennent restreindre, dans le commerce ordinaire de la vie, la liberté laissée par le droit naturel, ou que leurs ordres envoient le soldat à une mort certaine pour la défense de la patrie. Dans tous ces cas, c’est Dieu même qui commande par eux et veut être obéi : dès ce monde, il met le glaive en leurs mains pour la punition des rebelles ; il châtiera lui-même dans l’autre éternellement ceux qui ne se seront pas amendés.

Combien grande n’est donc pas cette dignité de la loi humaine, qui fait du législateur le vicaire même de Dieu, en même temps qu’elle épargne au sujet l’humiliation de l’abaissement devant un autre homme ! Mais, pour que la loi oblige et soit vraiment loi, il est clair qu’elle doit avant tout se conformer aux prescriptions et aux défenses de l’Être souverain dont la volonté seule peut lui donner son caractère auguste, en la faisant entrer dans le domaine de la conscience. C’est pour cela qu’il ne peut y avoir de loi contre Dieu, contre son Christ ou son Église. Dès lors que Dieu n’est plus avec l’homme qui commande, la puissance de celui-ci n’est que force brutale. Le prince ou l’assemblée qui prétend réglementer les mœurs d’un pays à l’encontre de Dieu, n’a donc droit qu’à la révolte et au mépris de tous les gens de cœur ; donner le nom sacré de loi à ces tyranniques élucubrations, est une profanation indigne d’un chrétien comme de tout homme libre.

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Saint Antoine-Marie Claret évêque et confesseur

23 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saint Antoine-Marie Claret évêque et confesseur

Collecte

O Dieu, qui avez élevé le bienheureux Antoine-Marie, votre Confesseur et Évêque, par les vertus apostoliques, et qui avez institué par lui dans votre Église de nouvelles familles de clercs et de vierges : faites que, dirigés par son enseignement et soutenus par ses mérites, nous puissions travailler sans cesse à chercher le salut des âmes.

Office

Antoine-Marie Claret, né à Sallent en Espagne de parents pieux et honorables, exerça dans sa jeunesse le métier de tisserand, mais ensuite il devint prêtre, s’adonna d’abord au ministère paroissial, puis vint à Rome pour être envoyé par la Congrégation de la Propagation de la Foi aux missions extérieures. Revenu en Espagne, par une disposition de Dieu, il parcourut comme missionnaire apostolique la Catalogne et les îles Canaries. Auteur fécond de bons livres, il fonda aussi la Congrégation des Fils du Cœur Immaculé de Marie. Élevé au siège archiépiscopal de Santiago de Cuba, il fit briller avec éclat les vertus d’un pasteur plein de zèle ; il rétablit le séminaire, encouragea les études et la formation des clercs, fonda des œuvres sociales et créa pour l’éducation chrétienne des jeunes filles l’Institut des Sœurs enseignantes de Marie Immaculée. Appelé ensuite à Madrid pour y être le confesseur de la reine d’Espagne et son conseiller dans les affaires ecclésiastiques les plus importantes, il donna un magnifique exemple d’austérité et de toutes les vertus. Au concile du Vatican, il se fit l’ardent défenseur de l’infaillibilité du Pontife Romain. Il propagea admirablement la dévotion envers le très Saint Sacrement et envers le cœur immaculé de Marie et son Rosaire. Enfin, il mourut exilé à Fontfroide, en France, en 1870. Il fut glorifié par des miracles ; Pie XI l’inscrivit parmi les bienheureux et Pie XII parmi les saints.

 

Ordonné prêtre en 1835, et voulant devenir missionnaire en Extrême Orient, Antoni Maria Claret i Clarà se rend à Rome à la congrégation de Propaganda fide. Mais le préfet est en vacances. Il tombe sur un jésuite qui le convainc de devenir… jésuite. Mais au bout de quatre mois il tombe malade et il est renvoyé dans sa Catalogne natale. Où il est nommé curé d’un village près de Vich. Peu après son arrivée, il prêche pour l’Assomption une… mission, qui a un tel succès qu’il est demandé partout, et que son évêque le suspend de ses obligations paroissiales. Il parcourt toute la Catalogne pieds nus, prêchant sans cesse. Il fonde une maison d’édition qui va publier près de 3 millions de livres, 2 millions de brochures et plus de 4 millions de dépliants. En 1849 il fonde, au séminaire de Vich, la Congrégation des Missionnaires Fils du Cœur Immaculé de Marie, qui seront ensuite appelés clarétains. En 1850 Pie IX le nomme archevêque de Santiago de Cuba. Il s’efforce de reconstruire une Église en ruines, s’attirant les inimitiés des esclavagistes qui le traitent de révolutionnaire et des autonomistes qui ne veulent pas d’un Espagnol. Il échappe à plusieurs attentats. En 1857 la reine Isabelle II le fait venir pour être son confesseur et l’éducateur de ses enfants. La révolution de 1868 contraignit la reine à l’exil en France, et Antoine-Marie Claret la suivit. En 1869 il se rendit à Rome pour le jubilé sacerdotal de Pie IX, puis il resta pour la préparation de Vatican I, et participa au concile. A l’issue duquel, très malade, il décida d’aller finir ses jours à Prades, où s’étaient réfugiés les clarétains expulsés de leurs six maisons d’Espagne. L’ambassadeur d’Espagne demanda aussitôt son arrestation. Le gouvernement français le fit savoir à l’évêque de Perpignan, qui avertit Mgr Claret, lequel alla se cacher au monastère cistercien de Fontfroide où il mourut quelques semaines plus tard.

Je tenais à cette précision sur les derniers mois de saint Antoine-Marie Claret, car on voit (presque) partout sur internet, sur des sites très pieux bien sûr, que le prélat « se retira au monastère de Fontfroide », comme si c’était une mûre et libre décision… et sans qu’il y ait la moindre allusion à la persécution. Source Daoudal

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Saint Jean de Kenty confesseur

20 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saint Jean de Kenty confesseur

Collecte

Nous vous en prions, Dieu tout-puissant, faites que, progressant dans la science des Saints et montrant de la compassion envers nos frères, à l’exemple du saint Confesseur Jean, nous puissions, grâce à ses mérites, trouver indulgence auprès de vous.

Office

Quatrième leçon. Jean naquit au bourg de Kenty, dans le diocèse de Cracovie, et fut pour cela surnommé Cantius. Ses parents, pieux et honnêtes, se nommaient Stanislas et Anne. Dès son enfance, la gravité, la douceur et l’innocence de ses mœurs firent concevoir l’espérance qu’il parviendrait à un haut degré de vertu. Il étudia la philosophie et la théologie à l’Université de Cracovie et passa par tous les grades académiques. Docteur et professeur pendant plusieurs années, il éclairait l’esprit de ses auditeurs par la doctrine sacrée qu’il leur exposait, et les enflammait d’ardeur pour toute sorte de bien, et cela par ses exemples aussi bien que par son enseignement. Devenu Prêtre, il s’appliqua davantage à la perfection chrétienne, sans négliger aucunement l’étude des lettres. Autant il déplorait avec amertume que Dieu fût partout offensé, autant il s’efforçait de détourner sa colère de lui-même et du peuple, en offrant chaque jour, avec abondance de larmes, le Sacrifice non sanglant de l’autel. Il gouverna parfaitement, pendant quelques années, la paroisse d’Ilkusi ; mais, troublé à la vue du péril des âmes, il quitta cette paroisse et, l’académie le demandant, il se remit à enseigner.
Cinquième leçon. Tout e temps que l’étude lui laissait, il le consacrait, soit à procurer le salut du prochain, surtout par la prédication, soit à prier. On rapporte que, dans l’exercice de l’oraison, il lui arriva quelquefois d’être favorisé de visions et d’entretiens célestes. La passion du Christ le touchait à ce point, qu’il passait parfois des nuits entières à la méditer, et que, pour se la retracer plus vivement, il fit le pèlerinage de Jérusalem. Là, enflammé du désir du martyre, il ne craignit pas de prêcher, aux Turcs eux-mêmes, le Christ crucifié. Il se rendit quatre fois à Rome, au tombeau des saints Apôtres, faisant la route à pied et chargé lui-même de ce qu’il lui fallait pour le voyage. Le saint y allait tant pour honorer le Siège apostolique, auquel il était extrêmement dévoué, que pour diminuer, disait-il, les peines de son purgatoire, grâce à la rémission des péchés offerte là, chaque jour, aux fidèles. Au cours de ce voyage, des voleurs le dévalisèrent et lui demandèrent ensuite s’il avait encore autre chose ; Jean ne se souvint pas de quelques pièces d’or, cousues dans son manteau, et répondit qu’il ne lui restait plus rien. Déjà les voleurs s’enfuyaient, lorsqu’il se mit à crier pour les leur offrir aussi ; mais, admirant sa simplicité et sa bonté, ils lui rendirent spontanément ce qu’ils lui avaient pris. Pour qu’on ne blessât point la réputation du prochain, il fit, à l’exemple de saint Augustin, graver des vers sur la muraille de sa demeure, comme un perpétuel avertissement pour lui-même et pour ceux qui le visitaient. Les pauvres qui souffraient de la faim, il les nourrissait des mets de sa table ; ceux qui n’avaient pas de vêtements, il leur en achetait et il quittait même ses habits et ses chaussures pour les leur donner ; alors il laissait tomber son manteau jusqu’à terre, pour qu’on ne le vît pas rentrer pieds nus chez lui.
Sixième leçon. Il dormait peu, et par terre ; comme vêtement, comme nourriture, il n’avait que ce qu’il faut pour couvrir le corps et soutenir les forces. Un dur cilice, les flagellations et le jeûne, furent les moyens par lesquels il garda sa virginité, comme un lis au milieu des épines. Bien plus, pendant environ les trente-cinq dernières années de sa vie, il s’abstint constamment de l’usage de la viande. Enfin, plein de jours et de mérites, après s’être longtemps et soigneusement préparé à la mort, dont il pressentait l’approche, il distribua aux pauvres tout ce qu’il pouvait encore avoir chez lui, afin qu’aucune chose ne le retînt plus. Puis, saintement muni des sacrements de l’Église, « désirant d’être dissous et d’être avec Jésus-Christ, » il s’envola dans le ciel, en la veille de Noël, et fut illustre par d’éclatants miracles, après sa mort comme pendant sa vie. Dès qu’il eut rendu l’esprit, on le porta dans l’église de Sainte-Anne, voisine de l’Université, et on l’y ensevelit avec honneur. La vénération du peuple et le concours à son tombeau s’étant accrus de jour en jour, on l’honore très religieusement comme un des principaux patrons de la Pologne et de la Lithuanie. De nouveaux miracles ayant ajouté à sa gloire, le souverain Pontife Clément XIII l’a solennellement inscrit au nombre des Saints, le dix-septième jour dés calendes d’août, de l’an mil sept cent soixante-sept.

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Saint Pierre d’Alcantara confesseur

19 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saint Pierre d’Alcantara confesseur

Collecte

O Dieu, qui avez daigné faire briller dans votre Confesseur, le bienheureux Pierre, les dons d’une admirable pénitence et d’une sublime contemplation, faites, s’il vous plaît, qu’aidés de ses mérites et mortifiant notre chair, nous obtenions plus facilement les biens célestes.

Office

Quatrième leçon. Pierre, né de parents nobles, à Alcantara en Espagne, donna, dès ses plus tendres années, des signes de sa sainteté future. Étant entré à seize ans dans l’Ordre des Frères Mineurs, il s’y montra un modèle de toutes les vertus. Ayant eu alors à exercer par obéissance le ministère de la prédication, il amena un nombre incalculable de Chrétiens des désordres du vice à une véritable pénitence. Désirant rétablir dans toute son exactitude l’observance primitive de l’institut franciscain, confiant dans le secours du ciel et appuyé de l’autorité apostolique, il fonda, près de Pédrosa, un couvent très étroit et très pauvre, où il commença pieusement un genre de vie fort austère, qui s’est merveilleusement répandu dans diverses provinces de l’Espagne et jusqu’aux Indes. Il aida sainte Thérèse, dont il avait éprouvé l’esprit, à établir la réforme des Carmélites. Cette Sainte ayant appris de Dieu qu’elle ne lui demanderait rien au nom de Pierre sans être exaucée sur-le-champ, avait coutume de se recommander à ses prières et de lui donner le nom de Saint, quoiqu’il vécût encore.
Cinquième leçon. Il se dérobait avec la plus grande humilité aux faveurs des princes qui le consultaient comme un oracle, et il refusa d’être le confesseur de l’empereur Charles-Quint. Très rigide observateur de la pauvreté, il se contentait d’une seule tunique, la plus mauvaise de toutes. Il était si délicat pour tout ce qui concerne la pureté, qu’il ne permit pas au frère qui le servait dans sa dernière maladie de le toucher tant soit peu. Il réduisit son corps en servitude par une continuité de veilles, de jeûnes, de flagellations ; par le froid, la nudité, par toutes sortes de rigueurs, ayant fait pacte avec lui de ne lui donner aucun repos en ce monde. L’amour de Dieu et du prochain qui remplissait son cœur, y excitait parfois une flamme si vive, qu’il était obligé de sortir brusquement de son étroite cellule pour aller, en pleine campagne, tempérer par la fraîcheur de l’air, l’ardeur qui le brûlait.
Sixième leçon. Il fut élevé à un degré de contemplation si admirable que, comme son esprit en était continuellement nourri, il lui arriva parfois de passer plusieurs jours sans prendre ni nourriture ni boisson. Fréquemment élevé en l’air, on l’a vu briller d’un éclat admirable. Il passa des fleuves rapides à pied sec. Dans une disette extrême, il nourrit ses frères d’un aliment venu du ciel. Un bâton qu’il avait fixé en terre devint bientôt un figuier verdoyant. Une nuit qu’il cheminait, la neige tombant épaisse, il entra dans une maison en ruines toute découverte, et la neige, restant suspendue en l’air, lui servit de toit pour qu’il ne fût pas étouffé par son abondance. Sainte Thérèse atteste qu’il était doué du don de prophétie et de discernement des esprits. Enfin, étant dans sa soixante-troisième année, il s’en alla vers le Seigneur, à l’heure qu’il avait prédite, ayant été fortifié par une merveilleuse vision et par la présence de plusieurs Bienheureux. A ce moment-là même, sainte Thérèse qui se trouvait dans un lieu fort éloigné, le vit porté au ciel. Lui ayant apparu -ensuite, il lui dit : O bienheureuse pénitence, qui m’a valu une si grande gloire ! Beaucoup de miracles l’ont illustré après sa mort et Clément IX l’a inscrit au nombre des Saints.

Méditation sur le ciel
 
Ce jour, vous méditerez sur la gloire des bienheureux, afin d'exciter par là votre cœur au mépris du monde, et d'allumer en vous le désir d'être en leur compagnie.
 Pour vous former quelque idée de la béatitude des saints, vous pourrez considérer cinq choses entre tant d'autres qui se rencontrent dans le divin séjour qu'ils habitent : l'excellence du séjour, la félicité de la compagnie, la vision de Dieu, la gloire des corps, enfin la parfaite réunion de tous les biens.

Considérez en premier lieu l'excellence du séjour, et d'abord quant à l'étendue. Qu'elle est admirable ! Quand l'homme réfléchit à ce fait, qu'il n'est pas une étoile du ciel qui ne soit incomparablement plus grande que toute la terre ; quand après cela, il lève les yeux au ciel, et qu'il y découvre une si étonnante multitude d'étoiles et de si vastes espaces vides qui en pourraient contenir un très grand nombre d'autres, il demeure immobile d'étonnement. Comment, en effet, ne resterait-il pas saisi, ravi hors de lui-même, en considérant l'immensité de ces espaces ? Et comment son ravissement ne redoublerait-il pas, quand il considère que tous ces mondes, que ce grand Dieu tira du néant, ne sont encore rien en comparaison de l'immensité du séjour qu'il nous destine ?

Quant à la beauté de ce séjour, il n'est pas de langage qui puisse la peindre. Si Dieu, dans cette vallée de larmes, dans ce lieu d'exil, créa des choses si admirables et d'une si grande beauté, que n'aura-t-il pas créé dans ce séjour qui est le sanctuaire de sa gloire, le trône de sa grandeur, le palais de sa majesté, la maison de ses élus, le paradis de toutes les délices ?
 
Après l'excellence du séjour, considérez la noblesse de ceux qui y habitent ; leur nombre, leur sainteté, leurs richesses, leur beauté, dépassent tout ce que la pensée peut en concevoir.

Saint Jean dit que la multitude des élus est si grande, que nul ne peut venir à bout de les compter. Saint Denis dit que le nombre des anges est si grand, qu'il dépasse, sans comparaison, celui de toutes les choses matérielles que renferme la terre. Saint Thomas, se conformant au sentiment de saint Denis, dit : De même que la grandeur des cieux l'emporte, sans proportion, sur celle de la terre ; de même la multitude de ces esprits glorieux l'emporte, avec la même supériorité, sur celle de toutes les choses matérielles qui sont renfermées en ce monde. Or, que peut-on concevoir de plus admirable ? Certes, c'est là une chose qui, bien approfondie, suffirait pour jeter tous les hommes dans le ravissement,
 
En outre, chacun de ces bienheureux esprits, même le moindre d'entre eux, est plus beau que tout ce monde visible. Que sera-ce donc de voir un nombre si prodigieux de ces esprits si beaux, de voir les perfections, les offices de chacun d'entre eux ? Là, les Anges portent les messages, les Archanges servent, les Principautés triomphent, les Puissances tressaillent d'allégresse les Dominations exercent l'empire, les Vertus resplendissent, les Trônes jettent des éclairs, les Chérubins envoient leurs lumières, les Séraphins brûlent, et tous chantent des cantiques de louanges à Dieu. Si la compagnie et le commerce des bons a tant de charme et de douceur, que sera-ce de traiter dans le ciel avec tant de saints, de s'entretenir avec les apôtres, de converser avec les prophètes, de communiquer avec les martyrs et tous les élus ? S'il y a tant de gloire à jouir de la compagnie des bons, que sera-ce de jouir de la compagnie et de la présence de Celui que louent les étoiles du matin, dont le soleil et la lune admirent la beauté, et devant qui se courbent de respect et d'amour les anges et tous ces esprits souverains ? Que sera-ce de voir ce bien universel en qui sont tous les biens, et ce monde supérieur en qui sont tous les mondes ? De voir Celui qui, étant un, est cependant toutes choses ; et qui, étant souverainement simple, embrasse toutes les perfections ? Si ce fut une si grande chose d'entendre et de voir le roi Salomon, que la reine de Saba disait : Bienheureux ceux qui vivent en votre présence et qui jouissent de votre sagesse ! Que sera-ce de voir ce grand Dieu dont Salomon ne fut que l'image, de contempler de ses propres yeux cette éternelle sagesse, cette infinie grandeur, cette inestimable beauté, cette bonté immense, et d'en jouir à jamais ? C'est là la gloire essentielle des saints ; c'est là la fin dernière, le terme suprême de tous nos désirs.
 
Considérez ensuite la gloire des corps. Ces quatre qualités feront leur éternel apanage : la subtilité, l'agilité, l'impassibilité, la clarté. Cette clarté sera si grande que le corps de chaque élu resplendira comme le soleil dans ce royaume de la gloire. Or, si un seul soleil placé au centre du ciel suffit pour donner la lumière et l'allégresse à tout cet univers, que feront tant de vivants soleils et tant de lampes inondant de leurs clartés ce divin séjour ?
 
Que dire maintenant de tous les autres biens qui s'y trouvent réunis ? Là, la santé, sans maladie ; la liberté, sans esclavage ; la beauté, sans ombre et sans défauts ; l'immortalité, sans atteinte de corruption ; l'abondance, sans besoins ; le repos, sans trouble ; la sécurité, sans crainte ; les connaissances, sans erreur ; le rassasiement, sans dégoût ; la joie, sans tristesse ; et l'honneur, sans contradiction. Là, nous dit saint Augustin, sera la véritable gloire, où nul ne sera loué par erreur ni par flatterie. Là, le véritable honneur, qui ne sera point refusé au digne, ni accordé à l'indigne. Là sera la véritable paix, où l'on n'aura rien à souffrir ni de soi ni des autres. La récompense de la vertu sera Celui qui donna la vertu, et se promit lui-même comme salaire et comme couronne de la vertu ; il sera éternellement contemplé face à face, il sera aimé d'un amour toujours nouveau et béni avec une ardeur toujours renaissante. Là, un séjour vaste, beau, resplendissant, sûr. Là, une compagnie parfaite et souverainement aimable. Là, un temps à souhait, et toujours le même, sans distinction de soir ni de matin ; c'est la durée simple de l'éternité qui persévère. Là, un perpétuel printemps qui, par la fraîcheur et l'haleine de l'Esprit-Saint, fleurit sans cesse. Là, tous sont dans l'allégresse ; là, tous bénissent et chantent ce souverain Bienfaiteur de qui émanent tous les dons, et par la largesse duquel ils vivent et règnent pour une éternité. Ô cité céleste, séjour sûr, terre, paradis de toutes les délices, peuple heureux, où l'on n'entend jamais aucune plainte, habitants paisibles, mortels fortunés à qui rien ne manque ! Ah ! Que ne puis-je en ce moment voir le terme de mon combat ! Oh ! Si mon exil touchait à sa fin ! Quand arrivera ce jour ? Quand viendrai-je, et quand me sera-t-il donné de paraître devant la face de mon Dieu ?
 

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Saint Luc évangéliste

18 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saint Luc évangéliste

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Nous vous en prions, Seigneur, que votre saint Évangéliste Luc intercède pour nous, lui qui n’a jamais cessé de porter dans son corps la mortification de la croix, pour l’honneur de votre nom.

Office

Du livre de saint Jérôme, Prêtre : Des écrivains ecclésiastiques.
Quatrième leçon. Luc, médecin d’Antioche, instruit, comme ses écrits l’indiquent, dans la langue grecque, fut le disciple de l’apôtre saint Paul, et son compagnon en ses diverses pérégrinations. Il a écrit un Évangile, et c’est de lui que le même Apôtre dit : « Nous avons envoyé avec lui un de nos frères dont on fait l’éloge, à cause de l’Évangile, dans toutes les Églises ; » et aux Colossiens : « Luc, le médecin bien-aimé, vous salue ; » et à Timothée : « Luc est seul avec moi. » Il a aussi laissé un autre livre excellent intitulé : Les Actes des Apôtres, et qui renferme l’histoire de ces temps-là jusqu’à la seconde année du séjour de Paul à Rome, c’est-à-dire la quatrième de Néron : d’où nous inférons que l’ouvrage fut composé dans cette même ville.
Cinquième leçon. Aussi regardons-nous les voyages de Paul, de Thècle et toute la fable du Lion baptisé, comme des livres apocryphes. Car est-il possible que, parmi tant d’autres choses, un compagnon de l’Apôtre n’ait oublié que celles-là ? D’ailleurs Tertullien, peu éloigné de ces temps-là, rapporte qu’en Asie, un certain prêtre, qui affectionnait l’Apôtre, ayant été convaincu par saint Jean d’être l’auteur de l’ouvrage et ayant avoué qu’il l’avait fait par affection pour saint Paul, fut déposé précisément pour ce sujet-là. Au sentiment de quelques-uns, toutes les fois que Paul, en ses Épîtres, écrit ces mots : « selon mon Évangile, » c’est de l’Évangile selon saint Luc qu’il entend parler.
Sixième leçon. Et ce n’est pas seulement de l’Apôtre saint Paul, qui n’avait point été avec le Seigneur au temps de sa vie mortelle, mais encore des autres apôtres, que saint Luc recueillit les récits de son Évangile. C’est ce qu’il déclare lui-même au commencement de son livre, en ces termes : « Suivant que ces choses nous ont été transmises par ceux qui, dès le commencement, les ont eux-mêmes vues, et qui ont été les ministres de la parole. » Ainsi donc, il a rédigé son Évangile sur le rapport d’autrui, et les Actes des Apôtres, d’après ce qu’il avait vu lui-même. Il vécut quatre-vingt-quatre ans et ne fut point marié ; on l’ensevelit à Constantinople, ses ossements y ayant été transportés d’Achaïe, avec les reliques de l’apôtre saint André, l’an vingtième de Constantin.

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XXIème Dimanche après la Pentecôte

17 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

XXIème Dimanche après la Pentecôte

Introït

Tout est soumis à votre volonté, Seigneur, et nul ne peut lui résister, car vous avez tout créé, le ciel et la terre et toutes les choses qui sont comprises dans le cours des cieux ; vous êtes le Seigneur de l’univers. Bienheureux ceux qui sont purs dans leurs voies, qui marchent dans la loi du Seigneur.

Collecte

Nous vous supplions, Seigneur, de garder votre famille par l’assistance continuelle de votre bonté, afin que, par votre protection, elle soit délivrée de toute adversité et qu’elle soit fervente dans la pratique des bonnes œuvres, pour la gloire de votre nom.

Épitre Ep. 6, 10-17

Mes frères : Fortifiez-vous dans le Seigneur, et par sa vertu toute-puissante. Revêtez-vous de l’armure de Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme contre les embûches du diable. Car ce n’est pas contre la chair et le sang que nous avons à lutter, mais contre les principautés et les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits de malice des régions célestes. C’est pourquoi, recevez l’armure de Dieu, afin de pouvoir résister dans le jour mauvais, et rester debout après avoir tout supporté. Tenez ferme, ayant vos reins ceints de la vérité, revêtus de la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de zèle pour l’évangile de la paix, prenant par-dessus tout le bouclier de la foi, au moyen duquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin. Prenez aussi le casque du salut, et l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu.

Évangile Mt. 18, 23-35

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples cette parabole : Le royaume des cieux est semblable à un roi, qui voulut faire rendre leurs comptes à ses serviteurs. Et lorsqu’il eut commencé à faire rendre compte, on lui en présenta un qui lui devait dix mille talents. Mais, comme il n’avait pas de quoi les rendre, son maître ordonna qu’on le vendît, lui, sa femme et ses enfants, et tout ce qu’il avait, pour acquitter la dette. Ce serviteur, se jetant à ses pieds, le priait, en disant : Ayez patience envers moi, et je vous rendrai tout. Touché de compassion, le maître de ce serviteur le laissa aller, et lui remit sa dette. Mais ce serviteur, étant sorti, trouva un de ses compagnons qui lui devait cent deniers ; et le saisissant, il l’étouffait, en disant : Rends-moi ce que tu me dois. Et son compagnon, se jetant à ses pieds, le priait, en disant : Aie patience envers moi, et je te rendrai tout. Mais il ne voulut pas ; et il s’en alla, et le fit mettre en prison, jusqu’à ce qu’il lui rendît ce qu’il devait. Les autres serviteurs, ayant vu ce qui était arrivé, en furent vivement attristés, et ils allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. Alors son maître le fit appeler, et lui dit : Méchant serviteur, je t’ai remis toute ta dette, parce que tu m’en avais prié ; ne fallait-il donc pas avoir pitié, toi aussi, de ton compagnon, comme j’avais eu pitié de toi ? Et son maître, irrité, le livra aux bourreaux, jusqu’à ce qu’il payât tout ce qu’il devait. C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur.

Communion

Mon âme a été dans l’attente de votre salut, j’ai espéré en votre parole ; quand ferez-vous le jugement de ceux qui me persécutent ? Des hommes iniques m’ont persécuté ; aidez-moi, Seigneur, mon Dieu.

Postcommunion

Ayant reçu l’aliment de l’immortalité, nous vous supplions, Seigneur, de faire que nous conservions dans un cœur pur ce que notre bouche a reçu.

Office

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Jérôme, prêtre.

Septième leçon. C’est une habitude, chez les Syriens et surtout les Palestiniens, de toujours mêler à leurs propos quelque parabole ; ainsi, les auditeurs saisissent par des comparaisons et des exemples ce qu’un simple précepte ne peut leur faire entendre. Par la comparaison du roi et maître et du serviteur qui devait 10.000 talents et qui obtint de son maître la remise qu’il implorait, le Seigneur prescrit à Pierre de remettre à ses compagnons de service les péchés moins considérables. Car si ce roi et maître remet si facilement les 10.000 talents que son serviteur lui doit, à combien plus forte raison les serviteurs doivent-ils remettre de moindres dettes à leurs compagnons de service ?

Huitième leçon. Pour plus de clarté, prenons un exemple. Si l’un de nous commet un adultère, un homicide, un sacrilège, eh bien, ces crimes plus importants que la dette de 10.000 talents, sont remis à ceux qui implorent, pour autant qu’eux-mêmes remettent à ceux qui leur doivent beaucoup moins. Mais si pour une injure reçue nous sommes implacables, si pour une parole amère nous gardons rancune sans fin, ne reconnaîtrons-nous pas que nous méritons d’être incarcérés et que par l’exemple de notre action nous nous fermons la possibilité du pardon pour nos fautes plus graves ?

Neuvième leçon. « C’est ainsi que mon Père du Ciel vous traitera si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur. » Redoutable sentence qui soumet et transforme le jugement de Dieu selon les dispositions de notre cœur ! Si nous ne remettons pas à nos frères les petites offenses, Dieu ne nous remettra pas les grandes. Et parce que chacun peut dire : « Je n’ai rien contre lui, il le sait bien, il a Dieu pour juge ; je ne me soucie pas de ce qu’il veut faire, je lui ai pardonné », le Seigneur insiste sur ce qu’il vient d’énoncer et ruine tout semblant de paix fictive par ces mots : « Si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur. »

ÉPÎTRE.

Les commencements de l’union divine sont, d’ordinaire, sous le charme d’une sérénité sans mélange. L’éternelle Sagesse qui, tout d’abord, a conduit l’homme par les épreuves laborieuses de la purification de l’esprit et des sens, le laisse, quand l’alliance est conclue, reposer sur son sein, et achève de se l’attacher par des délices enivrantes qui sont l’avant-goût des joies célestes. Il semble que, selon la prescription du Deutéronome, nulle guerre, nul souci, ne doivent troubler les premiers temps de cette union fortunée. Mais une telle exemption des charges publiques ne se prolonge jamais ; car la guerre est la condition de tout homme ici-bas.

Le Très-Haut se complaît dans la lutte ; il n’est point de nom qui lui soit plus souvent appliqué par les Prophètes que celui de Dieu des armées. Son Fils, qui est l’Époux, se présente à la terre comme le Seigneur puissant dans les combats. L’épithalame sacré nous le montre ceignant l’épée, et se faisant jour par ses flèches aiguës au travers des ennemis, pour arriver dans la valeur et la victoire jusqu’à son Épouse. Pareille à lui, cette Épouse dont il a convoité la beauté, qu’il veut associer à toutes ses gloires, s’avance au-devant de lui dans l’éclat d’une parure de guerre, entourée de chœurs chantant les hauts faits de l’Époux, terrible elle-même comme une armée rangée en bataille. L’armure des forts charge ses bras et sa poitrine ; son cou rappelle la tour de David avec ses remparts et ses mille boucliers.

Dans les délices de son union avec l’Époux, les plus vaillants guerriers l’entourent. Leur titre à cet honneur est la sûreté de leur glaive et leur science des combats ; chacun d’eux a l’épée au côté, dans la crainte des surprises de la nuit. Car d’ici que se lève le jour éternel, et que les ombres de la vie présente s’évanouissent dans la lumière de l’Agneau pleinement vainqueur, la puissance est aux chefs de ce monde de ténèbres, nous dit saint Paul ; et c’est contre eux qu’il nous faut revêtir l’armure de Dieu dont il parle, si nous voulons être en mesure de résister, au jour mauvais.

Les jours mauvais, que signalait l’Apôtre Dimanche dernier déjà, sont nombreux dans la vie de chaque homme et dans l’histoire du monde. Mais, pour chaque homme et pour le monde, il est un jour mauvais entre tous : celui de la fin et du jugement, dont l’Église chante que le malheur et la misère en feront un jour grand d’amertume. Les années ne sont données à l’homme, les siècles ne se suivent pour le monde, que dans le but de préparer le dernier jour. Heureux les combattants du bon combat et les vainqueurs en ce jour terrible, ceux qui, selon le mot du Docteur des nations, apparaîtront alors debout sur les ruines et parfaits en tout ! Ils ne connaîtront point la seconde mort ; couronnés du diadème de la justice, ils régneront avec Dieu sur le trône de son Verbe.La guerre est facile avec l’Homme-Dieu pour chef. Il ne nous demande, par son Apôtre, que de chercher notre force en lui seul et dans la puissance de sa vertu. C’est appuyée sur son Bien-Aimé que l’Église monte du désert ; soutenue ainsi, elle afflue de délices dans les plus mauvais jours. L’âme fidèle se sent émue d’amour à la pensée que les armes qu’elle porte sont celles mêmes de l’Époux. Ce n’est point en vain que les Prophètes nous l’avaient dépeint à l’avance ceignant le premier le baudrier de la foi, prenant le casque du salut, le bouclier, la cuirasse de justice, le glaive de l’esprit qui est la parole de Dieu : l’Évangile nous l’a montré descendu dans la lice pour former les siens, par son exemple, au maniement de ces armes divines.

Armes multiples en raison de leurs multiples effets, et qui toutes cependant, offensives ou défensives, se résument dans la foi. Il est facile de le voir en lisant notre Épître, et c’est ce que notre chef divin a voulu nous apprendre, lorsqu’à la triple attaque dirigée contre lui sur la montagne de la Quarantaine, il se contenta de répondre en invoquant par trois fois l’Écriture. La victoire qui triomphe du monde est celle de notre foi, dit saint Jean ; c’est dans le combat de la foi que Paul, à la fin de sa carrière, résume les luttes de son existence et de toute vie chrétienne. C’est la foi qui, en dépit des conditions désavantageuses signalées par l’Apôtre, assure le triomphe aux hommes de bonne volonté. Si l’on devait, dans la lutte engagée, estimer les espérances de succès des parties adverses à la comparaison de leurs forces respectives, la présomption ne serait certes pas en notre faveur. Car ce n’est point à des êtres de chair et de sang comme nous le sommes, qu’il nous faut tenir tête, mais à des ennemis insaisissables, remplissant l’air et pourtant invisibles, intelligents et forts, connaissant à merveille les tristes secrets de notre pauvre nature déchue, et tournant tous leurs avantages contre l’homme à le tromper, pour le perdre en haine de Dieu. Créés à l’origine pour refléter dans la pureté d’une nature toute spirituelle l’éclat divin de leur auteur, ils montrent, accompli en eux par l’orgueil, ce hideux prodige de pures intelligences dévouées au mal et à la haine de la lumière.

Comment donc nous, qui déjà ne sommes par notre nature qu’obscurité, lutterons-nous avec ces puissances spirituelles mettant leur intelligence au service de la nuit ? « En devenant lumière », dit saint Jean Chrysostome. La face du Père, il est vrai, ne doit point luire directement sur nous avant le grand jour de la révélation des fils de Dieu ; mais d’ici là, pour suppléer à notre cécité, nous avons la parole révélée. Le baptême a ouvert l’ouïe en nous, quoique non encore les yeux ; Dieu parle par l’Écriture et son Église, et la foi nous donne une certitude aussi grande que si déjà nous voyions.

Par sa docilité d’enfant, le juste marche en paix dans la simplicité de l’Évangile. Mieux que le bouclier, mieux que le casque et la cuirasse, la foi le couvre contre les dangers ; elle émousse les traits des passions, et rend impuissantes les ruses ennemies Point n’est besoin avec elle de subtils raisonnements ni de considérations prolongées : pour découvrir les sophismes de l’enfer ou prendre une décision dans un sens ou dans l’autre, ne suffit-il pas, en toute circonstance, de la parole de Dieu qui ne manque jamais ? Satan craint qui s’en contente. Il redoute plus un tel homme que toutes les académies ; il sait qu’en toute rencontre, il sera broyé sous ses pieds avec une rapidité plus grande que celle de la foudre. Ainsi, au jour du grand combat, fut-il précipité des cieux par un seul mot de Michel l’Archange, devenu, comme nous l’avons dit, notre modèle et notre défenseur en ces jours.

ÉVANGILE.

« Juge vengeur et juste, accordez-nous remise avant le jour des comptes ! » C’est le cri qui s’échappe du cœur de l’Église en ces jours, lorsqu’elle songe au sort de ses innombrables fils moissonnés chaque année par la mort ; c’est la supplication qui doit s’élever de toute âme vivante, à la lecture de l’Évangile que nous venons d’entendre. La Prose des morts, d’où est tirée cette exclamation poignante, n’est point seulement une prière sublime pour les trépassés ; elle est également, dans cette partie du Cycle, l’expression de l’attente de nous tous qui vivons encore, qui semblons abandonnés, oubliés sur le soir des siècles, et pourtant ne préviendrons point au pied du redoutable tribunal ceux qui dorment déjà du grand sommeil.

« Combien grande sera la terreur, dit la sainte, Mère Église, quand le juge viendra pour tout scruter rigoureusement ! La trompette éclatante, retentissant par les sépulcres de l’univers, rassemblera tous les humains devant le trône. La mort et la nature seront dans la stupeur, lorsque ressuscitera la créature pour répondre à son juge. On produira le livre écrit renfermant tout l’objet du jugement du monde. Quand donc s’assiéra le juge, tout ce qui se cache apparaîtra, rien ne demeurera sans vengeance. Que dirai-je alors, malheureux ? Quel défenseur implorerai-je, quand à peine rassuré sera le juste ? Roi de majesté redoutable, qui sauvez gratuitement ceux qui doivent l’être, sauvez-moi, source de miséricorde. Souvenez-vous, ô doux Jésus, que je suis la cause de votre venue : ne me perdez pas en ce jour ! »

Sans nul doute, une telle prière a toute chance d’être exaucée, lorsqu’elle s’adresse ainsi à celui qui n’a rien plus à cœur que notre salut, et qui, pour l’obtenir, s’est dévoué aux fatigues, aux tourments, à la mort de la croix. Mais nous serions inexcusables et mériterions doublement la condamnation, en ne profitant pas des avis qu’il nous donne lui-même, pour parer d’avance aux angoisses de « ce jour de larmes où l’homme coupable se lèvera de sa cendre pour être jugé. » Méditons donc la parabole de notre Évangile, qui n’a d’autre but que de nous enseigner un moyen sûr d’apurer dès maintenant nos comptes avec le Roi éternel.

Nous sommes tous, a le bien prendre, ce serviteur négligent, débiteur insolvable, que son maître est en droit de vendre avec tout ce qu’il possède et de livrer aux bourreaux. La dette contractée par nos fautes envers la Majesté souveraine est de telle nature qu’elle requiert, en toute justice, des tourments sans fin, et suppose un enfer éternel où, payant sans cesse, l’homme pourtant ne s’acquitte jamais. Louange donc et reconnaissance infinie au divin créancier ! touché par les prières du malheureux qui le supplie de lui donner le temps de s’acquitter, il va plus loin que sa demande et lui remet dès l’instant toute sa dette. Mais c’est à la condition pour le serviteur, la suite le fait bien voir et la clause est trop juste, d’en user avec ses compagnons comme son maître l’a fait avec lui. Exaucé si grandement par son Seigneur et Roi, délivré gratuitement d’une dette infinie, pourrait-il rejeter, venant d’un égal, cette même prière qui l’a sauvé, et se montrer impitoyable au sujet des obligations contractées envers lui ?

« Tout homme sans doute, dit saint Augustin, a son frère pour débiteur ; car quel est l’homme qui n’ait jamais été offensé par personne ? Mais quel est l’homme aussi qui ne soit le débiteur de Dieu, puisque tous ont péché ? L’homme est donc à la fois débiteur de Dieu, créancier de son frère. C’est pourquoi le Dieu juste t’a posé cette règle d’en agir avec ton débiteur comme il le fait avec le sien.... Tous les jours nous prions, tous les jours nous faisons monter la même supplication aux oreilles divines, tous les jours nous nous prosternons pour dire : Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons nous-mêmes à nos débiteurs. De quelles dettes parles-tu ? de toutes tes dettes, ou seulement d’une partie ? Tu vas dire : De toutes. Remets donc tout toi-même à ton débiteur, puisque c’est la règle posée, la condition acceptée. » « Il est plus grand, dit saint Jean Chrysostome, de remettre au prochain ses torts envers nous qu’une dette d’argent ; car, en lui remettant ses péchés, nous imitons Dieu. » Et qu’est donc, après tout, le tort de l’homme envers l’homme, comparé à l’offense de l’homme envers Dieu ? Cependant, hélas ! celle-ci nous est familière : le juste la connaît sept fois le jour ; plus ou moins donc, elle remplit nos journées. Qu’au moins l’assurance d’être pardonnés chaque soir à la seule condition du désaveu de nos misères, nous rende accessibles à la miséricorde pour autrui. C’est une sainte habitude que celle de ne regagner sa couche qu’à la condition de pouvoir s’endormir sur le sein de Dieu, comme l’enfant d’un jour ; mais si nous éprouvons l’heureux besoin de ne trouver à la fin de nos journées, dans le cœur du Père qui est aux cieux, qu’oubli de nos fautes et tendresse infinie, comment prétendre garder en même temps dans notre cœur à nous de fâcheux souvenirs ou des rancunes, petites ou grandes, contre nos frères qui sont aussi ses fils ? Lors même que nous aurions été de leur part l’objet d’injustes violences ou d’atroces injures, leurs fautes contre nous égaleront-elles jamais nos attentats contre ce Dieu très bon dont nous sommes nés les ennemis, dont nous avons causé la mort ? Il n’est donc point de circonstance où ne s’applique la règle de l’Apôtre : Soyez miséricordieux, pardonnez-vous mutuellement comme Dieu vous a pardonné dans le Christ ; soyez les imitateurs de Dieu comme ses fils très chers. Tu appelles Dieu ton Père, et tu gardes mémoire d’une injure ! « Ce n’est pas là le fait d’un fils de Dieu », dit encore admirablement saint Jean Chrysostome ; « l’œuvre d’un fils de Dieu, c’est de pardonnera ses ennemis, de prier pour ceux qui le crucifient, de répandre son sang pour ceux qui le haïssent. Voilà qui est digne d’un fils de Dieu ; les ennemis, les ingrats, les voleurs, les impudents, les traîtres, en faire ses frères et ses cohéritiers ! ».

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Sainte Hedwige veuve

16 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Sainte Hedwige veuve

Collecte

O Dieu, de qui la bienheureuse Hedwige apprit à passer généreusement du sein des pompes du siècle en l’humble voie de votre croix ; faites que, par ses mérites et à son exemple, nous apprenions à fouler aux pieds les délices périssables du monde et à surmonter, en embrassant votre croix, tout ce qui nous est contraire.

Office

Quatrième leçon. Hedwige, née de famille royale et plus illustre encore par l’innocence de sa vie, était fille de Berthold, duc de Moravie et d’Agnès, son épouse, ainsi que tante maternelle de sainte Elisabeth de Hongrie. Dès ses plus tendres années, elle se fit remarquer par sa sagesse et son éloignement pour les amusements de son âge. Donnée en mariage par ses parents, à l’âge de douze ans, à Henri, duc de Pologne, elle remplit saintement tous ses devoirs de fidèle épouse, et éleva ses enfants dans la crainte du Seigneur. Pour mieux s’appliquer au service de Dieu, elle amena son époux à consentir et à s’engager par vœu, comme elle, à garder la continence. Le duc étant mort, Hedwige, après d’instantes prières et sur l’inspiration divine, prit généreusement l’habit de l’Ordre de Cîteaux, dans le monastère de Trebnitz ; et là, s’appliquant à la contemplation et assistant avec assiduité, du lever du soleil jusqu’à midi, aux divins Offices et à la célébration des Messes, elle se montra courageuse à mépriser l’antique ennemi du genre humain.
Cinquième leçon. Elle ne voulut plus soit parler soit entendre parler des choses du siècle, à moins qu’elles ne se rapportassent à la gloire de Dieu ou au salut des âmes. La prudence brillait dans ses actions, en sorte qu’il ne s’y produisait ni excès quant à la mesure à garder, ni erreur pour l’ordre à suivre ; Hedwige était en outre affable et douce envers le prochain. Macérant son corps par des jeûnes, des veilles, ainsi que par la sévère rudesse de ses vêtements, elle remporta une grande victoire sur elle-même, et dès lors on vit fleurir en elle les plus sublimes vertus du christianisme, et elle devint un rare modèle de piété religieuse, par la gravité de ses conseils, la candeur et la sérénité de son âme. Se mettre volontiers au dessous de toutes ses sœurs, et les devancer toutes pour remplir avec joie les emplois les plus vils, servir les pauvres, même à genoux, laver et baiser les pieds des lépreux, tout cela lui était familier, car elle était assez maîtresse d’elle-même pour ne pas être arrêtée par le dégoût à la vue de la sanie découlant de leurs ulcères.
Sixième leçon. La pieuse duchesse se montra admirable de patience et de force d’âme, principalement à la mort de son fils Henri, duc de Silésie, tué dans une guerre contre les Tartares ; car, au lieu d’accorder des larmes à ce fils qu’elle aimait tendrement, elle rendit grâces à Dieu. Le don des miracles accrut encore sa gloire. Un enfant étant tombé à l’eau, engagé dans les roues d’un moulin et tout broyé, on eut recours à Hedwige, et elle le rendit à la vie. Elle accomplit d’autres prodiges encore, qui, dûment constatés, portèrent Clément IV à l’inscrire au nombre des Saints, et à concéder que la Pologne, qui l’honore comme sa patronne d’une vénération particulière, célébrât sa Fête le quinzième jour d’octobre. Plus tard, Innocent XI a rehaussé la solennité de cette Fête, en décidant qu’on la ferait dans toute l’Église

Sainte Hedwige veuve

Apparition de saint Michel au Mont-Tombe
Dédicace de la Basilique du Mont Saint-Michel


Saint Aubert était évêque d'Avranches lorsque, vers 708, l'Archange Saint Michel lui apparut, un 16 octobre, pour lui donner de bâtir sur le Mont Tombe une église en son honneur. Ce rocher escarpé s'élevait, aride et solitaire, dans une baie formée par la réunion des côtes de la Normandie et de la Bretagne.
Le Prince de la Milice Céleste dit à l'évêque : "Je suis Michel, l'Archange qui assiste en la présence de Dieu ; je suis résolu d'habiter dans ce pays, de le prendre sous ma protection et d'en avoir soin." Saint Aubert, voulant s'assurer de la vérité de cette vision, n'obéit pas aussitôt ; l’Archange saint Michel se montra une seconde fois à l’évêque, et bien qu’il se fît plus sévère et plus pressant, il n’eut pas davantage de succès ; à la troisième apparition, après avoir fait de nouveau reproches et réitéré les ordres du ciel, l'Archange appuya fortement le doigt sur le front de saint Aubert et y laissa une empreinte qui se voit encore sur le crâne du Saint conservé dans l'église Saint-Gervais d'Avranches. Saint Aubert connaissait désormais avec assurance la volonté du Seigneur ; il se rendit donc sur le rocher que l'archange lui avait indiqué où des signes célestes marquèrent le lieu choisi pour la construction de l'église. Une source jaillit pour fournir l'eau qui manquait à cette solitude aride. Ce rocher, que les flots de l'océan séparent de la terre ferme, porta, depuis la dédicace de l'église, le nom de Mont Saint-Michel.
A dater de ce jour mémorable, les pèlerins accoururent de toutes parts et obtinrent en ce lieu de nombreuses guérisons. Charlemagne y vint l'année de son couronnement pour garder le royaume sous la protection du puissant archange.
Les Bénédictins y installèrent l'abbaye dite de Saint-Michel-du-Péril-de-la-Mer.
Deux fois par jour, à la marée basse, la mer se retire pour permettre aux fidèles de venir de la côte sans le secours des bateaux. L'église, le cloître, la salle des Chevaliers, le réfectoire des Moines, l'escalier de cent quatre-vingts marches qui conduit jusqu'au sommet du rocher, excitent l'enthousiasme de tous les pèlerins qui ne peuvent se lasser d'admirer les merveilles de l'architecture chrétienne réunies sur cet îlot.
"Si, d'un côté, les impies de notre temps ont osé mettre en honneur le prince des ténèbres, dont ils se sont faits les fils et les imitateurs, les fidèles se sont, de leur côté, attachés à relever la vénération et la confiance que l’Église Catholique a toujours placées en l'Archange saint Michel, le premier vainqueur de l'esprit maudit." B. Pie IX.
 

Sainte Hedwige veuve
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