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Regnum Galliae Regnum Mariae

De la fin des créatures selon saint Thomas d'Aquin dans la Somme Contre les Gentils

31 Juillet 2015 , Rédigé par Ludovicus

De la fin des créatures selon saint Thomas d'Aquin dans la Somme Contre les Gentils

        Fin des créatures

         En général

                   Tout ce qui agit agit en vue d’une fin.

                   Toute fin est un bien.

                   Le mal ne peut être la fin d’un être.

                   Tout ce qui est agit en vue d’un bien, en vue de Dieu Souverain Bien.

                   Dieu est la fin de tout ce qui est.

                   La fin de toutes choses est de ressembler à Dieu, en imitant :

                                                                  - sa bonté

                                                                  - en étant cause (coopérative)   

 

         En particulier :

                   Fin des créatures spirituelles

                   Ce qu’elle n’est pas :

                                                                  ni les plaisirs du corps

                                                                  ni les honneurs

                                                                  ni la gloire

                                                                  ni les richesses

                                                                  ni la puissance

                                                                  ni un bien corporel quelconque

                                                                  ni quelque opération sensible

                                                                  ni même les actes de vertus morales

                                                                  ni même l’acte de la sagesse pratique

                                                                  ni une opération de l’art

                  Ce quelle est :

                                                                  la contemplation de Dieu

                  Ce qu’elle n’est pas :

                                                                  ni la connaissance confuse commune

                                                                  ni la connaissance par démonstration

                                                                  ni la connaissance par la foi

                                                                  ni la connaissance impossible des substances                                                                    séparées

                                                                  ni la connaissance de l’âme par elle-même

                                                                  ni la vision impossible de Dieu ici-bas

 

                   Donc :                                    RIEN ICI-BAS              

 

        

                Ce qu’elle est, conditions particulières :

 

                                                                  - du point de vue de l’intellect

                                                                                 connaissance de Dieu par son essence

                                                                                  qui requiert un secours de Dieu

                                                                  - du point de vue de l’objet

                                                                                  qui n’est pas Dieu compris parfaitement

                                                                                  qui n’est pas tout ce qui peut être vu en                                                                                    Dieu       

                                                                  - du point de vue de l’acte

                                                                                   qui est possible à tout intellect

                                                                                   qui comporte des degrés

                                                                                   qui est une certaine connaissance de                                                                                     tout        

                                                                                   une certaine connaissance simultanée

 

La contemplation de Dieu fait participer à la vie éternelle, est indéfectible, comble tout   désir, est vraiment Béatitude.

Ayant ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel et dit: "Père, l'heure est venue, glorifiez votre Fils, afin que votre Fils vous glorifie,Puisque vous lui avez donné autorité sur toute chair, afin qu'à tous ceux que vous lui avez donnés, il donne la vie éternelle. Or, la vie éternelle, c'est qu'ils vous connaissent, vous, le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ. Jn 17, 1-3

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QUELQUES PRINCIPES

31 Juillet 2015 , Rédigé par Ludovicus

Mgr de Castro-Mayer

Mgr de Castro-Mayer

Si LE PAPE EST INFAILLIBLE, c’est pour que nous soyons infaillibles; s'il a le pouvoir de ne pas tromper, c'est que NOUS AVONS LE DROIT DE N'ÊTRE PAS TROMPÉS.

Saint Chrysostome appelle saint Pierre Os Christi, parce qu'il s'énonce pour toute l'Église et à toute l'Église en qualité de chef et de pasteur et ce qu'il dit n'est pas tant par une parole humaine que par celle-même de Notre-Seigneur. Ainsi ce que saint Pierre disait et déterminait ne pouvait être faux: et de vrai si le confirmateur était tombé, tout le reste ne serait-il pas renversé? Si le confirmateur biaise et chancelle, qui le confirmera ? Si le confirmateur n'est pas ferme et stable en lui-même, quand les autres s'affaibliront, qui les affermira?

Le Saint-Esprit assiste le Pape non pas pour lui révéler la doctrine, mais seulement pour l'empêcher de se tromper et de tromper les autres.

Donc, un pape ne peut pas être philo-communiste, philo-talmudiste, philo-maçon, hérétique, se prostituer avec les faux dieux, canoniser des faux saints, promouvoir une liturgie qui met en péril la foi,…démolir la Sainte Église.

« ....Cette réforme étant issue du libéralisme, du modernisme, est tout entière empoisonnée ; elle sort de l'hérésie et aboutit à l'hérésie, même si tous ses actes ne sont pas formellement hérétiques. IL EST DONC IMPOSSIBLE À TOUT CATHOLIQUE CONSCIENT ET FIDÈLE D'ADOPTER CETTE RÉFORME ET DE S'Y SOUMETTRE DE QUELQUE MANIÈRE QUE CE SOIT. La seule attitude de fidélité à l'Église et à sa doctrine catholique, pour notre salut, est le refus catégorique d'acceptation de la réforme.» Monseigneur Lefebvre Ecône, 21 novembre 1974

Ce qui implique, le rejet du NOM, des nouveaux sacrements, des nouveaux rites, du nouveau code, de la nouvelle religion, et de ceux qui y adhèrent et la promeuvent.

« À quelle Église avons-nous affaire — moi je voudrais savoir, — si j’ai affaire à l’Église catholique, ou si j’ai affaire à une autre église, à une contre-Église, à une contrefaçon de l’Église ?… Or je crois sincèrement que NOUS AVONS AFFAIRE À UNE CONTREFAÇON DE L’ÉGLISE ET NON PAS À L’ÉGLISE CATHOLIQUE.» (18 juin 1978)

Donc, l’église conciliaire n’est pas l’Église catholique mais la contre-Église qui l’occupe. Tertium non datur, il n’y a pas trois étapes. La nouvelle religion n’est pas la religion catholique.

 

 

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Nouvel Ordre Mondial

31 Juillet 2015 , Rédigé par Ludovicus

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Saint Ignace de Loyola confesseur

31 Juillet 2015 , Rédigé par Ludovicus

Saint Ignace de Loyola confesseur

Epitre

Mon bien-aimé : Souviens-toi que le Seigneur Jésus-Christ, de la race de David, est ressuscité d’entre les morts, selon mon évangile, pour lequel je souffre, jusqu’à porter les chaînes comme un malfaiteur ; mais la parole de Dieu n’est pas enchaînée. C’est pourquoi je supporte tout pour les élus, afin qu’ils obtiennent aussi eux-mêmes le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire du Ciel. Mais toi, tu as suivi mon enseignement, ma conduite, ma résolution, ma foi, ma douceur, ma charité, ma patience, mes persécutions, mes souffrances : celles qui me sont arrivées à Antioche, à Iconium et à Lystres ; tu sais quelles persécutions j’ai endurées, et le Seigneur m’a délivré de toutes. Aussi tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus subiront la persécution.

Evangile

En ce temps-là : le Seigneur désigna encore soixante-dix autres disciples, et il les envoya devant lui, deux à deux, en toute ville et endroit où lui-même devait aller. Il leur disait : La moisson est grande, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. Allez : voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni besace, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. En quelque maison que vous entriez, dites d’abord : "Paix à cette maison !" Et s’il y a là un fils de paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Demeurez dans cette maison, mangeant et buvant de ce qu’il y aura chez eux, car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Et en quelque ville que vous entriez et qu’on vous reçoive, mangez ce qui vous sera servi ; guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : "Le royaume de Dieu est proche de vous."

Bréviaire

Quatrième leçon. Ignace de noble famille espagnole, et né à Loyola au pays des Cantabres, vécut d’abord à la cour du roi catholique, d’où il passa au service militaire. Ayant été grièvement blessé au siège de Pampelune, la lecture de livres pieux, qui lui tombèrent sous la main, l’enflamma d’un vif désir de marcher sur les traces de Jésus-Christ. Parti pour Mont-Serrat, il suspendit ses armes devant l’autel de la bienheureuse Vierge, et consacrant la nuit à veiller, fit ses débuts dans la milice sacrée. Retiré ensuite à Manrèse, couvert d’un sac qui remplaçait les riches habits qu’il avait donnés à un pauvre, il y demeura une année, mendiant le pain et l’eau dont il se nourrissait, jeûnant tous les jours excepté le dimanche, domptant sa chair au moyen d’une rude chaîne et d’un cilice, couchant sur la dure, et se flagellant jusqu’au sang avec des disciplines de fer. C’est alors que Dieu le favorisa de si grandes lumières, que plus tard il avait coutume de dire : « Quand même les saintes Écritures n’existeraient pas, je serais néanmoins prêt à mourir pour la foi, rien qu’en raison des choses que Dieu m’a dévoilées à Manrèse. » C’est alors également que cet homme, tout à fait ignorant dans les lettres, composa le livre des Exercices, livre admirable qui se recommande de l’approbation du Siège apostolique et du bien qu’en retirent les âmes.

Cinquième leçon. Afin de se rendre plus capable de travailler au salut des âmes, Ignace résolut de s’assurer le secours des lettres, et se mêla aux enfants pour commencer l’étude de la grammaire. Cependant il ne négligeait rien par rapport au salut d’autrui, et on ne saurait dire combien de fatigues et d’affronts il eut à subir en tous lieux, souffrant les plus dures épreuves, la prison et les coups, au point presque d’en mourir, ce qui ne l’empêchait pas d’en souhaiter bien davantage pour la gloire de son Maître. S’étant adjoint neuf compagnons de nations diverses, appartenant à l’Université de Paris, tous maîtres es arts et pourvus de leurs grades en théologie, il jeta les premiers fondements de son Ordre à Paris, sur le mont des Martyrs. L’ayant établi ensuite à Rome, ajoutant aux trois vœux ordinaires un quatrième vœu, relatif aux missions, il le mit sous l’étroite dépendance du Saint-Siège. Paul III d’abord l’admit et le confirma ; bientôt après, d’autres Pontifes et le concile de Trente l’approuvèrent. Ayant envoyé saint François Xavier prêcher l’Évangile aux Indes, et disséminé d’autres missionnaires dans les diverses parties du monde pour propager la religion, Ignace déclara lui-même la guerre à la superstition païenne et à l’hérésie. Cette lutte se continua avec un tel succès que, du sentiment universel appuyé sur le témoignage du souverain Pontife, il était évident que Dieu avait opposé Ignace et son institut à Luther et aux hérétiques d’alors, comme il avait suscité d’autres saints personnages à d’autres époques.

Sixième leçon. Ce qu’Ignace eut surtout à cœur, ce fut le renouvellement de la piété chez les catholiques. La beauté des temples, l’enseignement du catéchisme, la fréquentation des assemblées saintes et des sacrements durent beaucoup à son action. Il ouvrit partout des collèges pour former la jeunesse dans les lettres et la piété ; à Rome, il fonda le collège Germanique, des refuges pour les femmes perdues et les jeunes filles exposées à se perdre, des maisons pour recueillir tant les orphelins que les catéchumènes des deux sexes ; il s’appliquait encore avec un zèle infatigable à d’autres bonnes œuvres, afin de gagner des âmes à Dieu. Plus d’une fois on l’a entendu dire : « Si le choix m’était donné, j’aimerais mieux vivre incertain de la béatitude, tout en servant Dieu et en travaillant au salut du prochain, que de mourir immédiatement avec l’assurance de la gloire céleste. » Il exerça sur les démons un empire extraordinaire. Saint Philippe de Néri et plusieurs autres ont vu son visage tout radieux d’une lumière surnaturelle. Enfin, après avoir toujours eu sur les lèvres la plus grande gloire de Dieu, et l’avoir aussi cherchée en toutes choses, il quitta la terre dans sa soixante-cinquième année, pour aller s’unir au Seigneur. Ses grands mérites et ses miracles l’ayant rendu illustre dans l’Église, Grégoire XV ajouta son nom au calendrier des Saints, et Pie XI, accédant aux désirs des saints évêques, le déclara et l’établit céleste protecteur de tous ceux qui suivent les retraites dites exercices spirituels.

Homélie de saint Grégoire, Pape. Homilía 17 in Evangelia

Septième leçon. Notre Seigneur et Sauveur nous instruit, mes bien-aimés frères, tantôt par ses paroles, et tantôt par ses œuvres. Ses œuvres elles-mêmes sont des préceptes, et quand il agit, même sans rien dire, il nous apprend ce que nous avons à faire. Voilà donc que le Seigneur envoie ses disciples prêcher ; il les envoie deux à deux, parce qu’il y a deux préceptes de la charité : l’amour de Dieu et l’amour du prochain, et qu’il faut être au moins deux pour qu’il y ait lieu de pratiquer la charité. Car, à proprement parler, on n’exerce pas la chanté envers soi-même ; mais l’amour, pour devenir charité, doit avoir pour objet une autre personne.

Huitième leçon. Voilà donc que le Seigneur envoie ses disciples deux à deux pour prêcher ; il nous fait ainsi tacitement comprendre que celui qui n’a point de charité envers le prochain ne doit en aucune manière se charger du ministère de la prédication. C’est avec raison que le Seigneur dit qu’il a envoyé ses disciples devant lui, dans toutes les villes et tous les lieux où il devait venir lui-même. Le Seigneur suit ceux qui l’annoncent. La prédication a lieu d’abord ; et le Seigneur vient établir sa demeure dans nos âmes, quand les paroles de ceux qui nous exhortent l’ont devancé, et qu’ainsi la vérité a été reçue par notre esprit.

Neuvième leçon. Voilà pourquoi Isaïe a dit aux mêmes prédicateurs : « Préparez la voie du Seigneur ; rendez droits les sentiers de notre Dieu ». A son tour le Psalmiste dit aux enfants de Dieu : « Faites un chemin à celui qui monte au-dessus du couchant ». Le Seigneur est en effet monté au-dessus du couchant ; car plus il s’est abaissé dans sa passion, plus il a manifesté sa gloire en sa résurrection. Il est vraiment monté au-dessus du couchant : car, en ressuscitant, il a foulé aux pieds la mort qu’il avait endurée. Nous préparons donc le chemin à Celui qui est monté au-dessus du couchant quand nous vous prêchons sa gloire, afin que lui-même, venant ensuite, éclaire vos âmes par sa présence et son amour.

 

La vocation d’Ignace à la sainteté suit pas à pas dans ses développements la défection luthérienne. Au printemps de l’année 1521, Luther, jetant son défi à toutes les puissances, venait à peine de quitter Worms et de gagner la Wartbourg, qu’Ignace, à Pampelune, était frappé du coup qui devait le retirer du monde et bientôt le conduire à Manrèse. Valeureux comme ses nobles ancêtres, il s’était senti pénétrer dès ses premiers ans de l’ardeur belliqueuse qu’on les vit montrer sur les champs de bataille de la terre des Espagnes ; mais la campagne contre le Maure a pris fin dans les jours mêmes de sa naissance ; se pourrait-il qu’il n’eût, pour satisfaire ses chevaleresques instincts, que les querelles mesquines où la politique des rois va toujours plus s’abaisser ? Le seul vrai Roi resté digne de sa grande âme, se révèle à lui dans l’épreuve qui vient d’arrêter ses projets mondains ; une milice nouvelle s’offre, à son ambition ; une autre croisade commence ; et l’an 1522 voit, des monts de Catalogne à ceux de Thuringe, se développer la divine stratégie dont les Anges seuls ont encore le secret.

Admirable campagne, où l’on dirait que le ciel se contente d’observer l’enfer, lui laissant prendre les devants, ne se gardant que le droit de faire surabonder la grâce là où l’iniquité prétend abonder. De même que, l’année d’auparavant, le premier appel d’Ignace avait suivi de trois semaines la rébellion consommée de Luther : à trois semaines également de distance, voici qu’en celle-ci l’enfer et le ciel produisent leurs élus sous l’armure différente qui convient aux deux camps dont ils seront chefs. Dix mois de manifestations étranges et d’ascèse diabolique ont préparé le lieutenant de Satan dans la retraite forcée qu’il nomme sa Pathmos ; et le 5 mars, en rupture de ban, le transfuge du sacerdoce et du cloître quitte la Wartbourg transformé sous la cuirasse et le casque en chevalier de fausse marque. Le 25 du même mois, dans la glorieuse nuit où le Verbe prit chair, le brillant soldat des armées du royaume catholique, le descendant des Ognès et des Loyola, vêtu d’un sac comme de l’insigne de pauvreté qui révèle ses projets nouveaux, passe en prières au Mont-Serrat sa veille des armes ; il suspend à l’autel de Marie sa vaillante épée, et de là s’en va préludant aux combats inconnus qui l’attendent dans une lutte sans merci contre lui-même.

Au drapeau du libre examen, qui partout déjà fait flotter ses plis orgueilleux, il oppose sur le sien pour unique devise : À la plus grande gloire de Dieu ! Bientôt Paris, où Calvin recrute dans le secret les futurs huguenots, le voit enrôler, pour le compte du Dieu des armées, la compagnie d’avant-poste qui doit dans sa pensée couvrir l’armée chrétienne en éclairant sa marche, porter et recevoir les premiers coups. L’Angleterre vient-elle, aux premiers mois de 1534, d’imiter dans leur défection l’Allemagne et les pays du Nord, que, le 15 août de cette année, les premiers soldats d’Ignace scellent à Montmartre avec lui l’engagement définitif qu’ils doivent renouveler solennellement plus tard à Saint-Paul-hors-les-Murs. Car c’est à Rome qu’est fixé le point de ralliement de la petite troupe, qui s’accroîtra bientôt merveilleusement, mais dont la profession spéciale sera d’être toujours prête à se porter, au moindre signe, sur tous les points où le Chef suprême de l’Église militante jugera bon d’utiliser son zèle pour la défense de la foi ou sa propagation, pour le progrès des âmes dans la doctrine et la vie chrétienne.

Une bouche illustre a dit en nos temps] que « ce qui frappe de prime abord dans l’histoire de la société de Jésus, c’est que pour elle l’âge mûr est contemporain de la première formation. Qui connaît les premiers auteurs de la compagnie, connaît la compagnie entière dans son esprit, dans son but, dans ses entreprises, dans ses procédés, dans ses méthodes. Quelle génération que celle qui préside à ses origines ! Quelle union de science et d’activité, de vie intérieure et de vie militante ! On peut dire que ce sont des hommes universels, des hommes de race gigantesque, en comparaison desquels nous ne sommes que des insectes : de genere giganteo, quibus comparati quasi locustae videbamur ».

Combien plus touchante n’en apparaît pas la simplicité si pleine de charmes de ces premiers Pères de la compagnie, faisant la route qui les sépare de Rome à pied et jeûnant, épuisés, mais le cœur débordant d’allégresse et chantant à demi-voix les psaumes de David ! Quand il fallut, pour répondre aux nécessités de l’heure présente, abandonner dans le nouvel institut les grandes traditions de la prière publique, il en coûta à plusieurs de ces âmes ; ce ne fut pas sans lutte que Marie, sur ce point, dut céder à Marthe : tant de siècles durant, la solennelle célébration des divins Offices avait paru l’indispensable tâche de toute famille religieuse, dont elle formait la dette sociale première, comme elle était l’aliment premier de la sainteté individuelle de ses membres !

Mais l’arrivée de temps nouveaux promenant partout la déchéance et la ruine, appelait une exception aussi insolite alors que douloureuse pour la vaillante compagnie qui dévouait son existence à l’instabilité d’alertes sans fin et de sorties perpétuelles sur les terres ennemies. Ignace le comprit ; et il sacrifia au but particulier qui s’imposait à lui l’attrait personnel qu’il ressentit jusqu’à la fin pour le chant sacré, dont les moindres notes parvenant à son oreille faisaient couler de ses yeux des larmes d’extase. Après sa mort, l’Église, qui jusque-là n’avait point connu d’intérêt primant la splendeur à donner au culte de l’Époux, voulut revenir sur une dérogation qui portait une atteinte si profonde aux instincts les plus chers de son cœur d’Épouse ; on vit Paul IV la révoquer absolument ; mais saint Pie V eut beau lui-même longtemps lutter contre elle, il dut enfin la subir.

Avec les derniers siècles et leurs embûches, l’heure des milices spéciales organisées en camps volants avait sonné pour l’Église. Mais autant il devenait plus difficile chaque jour d’exiger de ces troupes méritantes, absorbées dans de continuels combats au dehors, les habitudes de ceux que protégeaient la Cité sainte et ses anciennes tours de défense : autant Ignace répudiait le contre-sens étrange qui eût voulu réformer les mœurs du peuple chrétien d’après la manière de vivre entraînée par le service de reconnaissances et de grand’garde, auquel il se sacrifiait pour tous. La troisième des dix-huit règles qu’il pose, comme couronnement des EXERCICES SPIRITUELS, pour avoir en nous les vrais sentiments de l’Église orthodoxe, est de recommander aux fidèles les chants de l’Église, les psaumes, et les différentes Heures canoniales au temps marqué pour chacune. Et, en tête de ce livre qui est bien le trésor de la Compagnie de Jésus, établissant les conditions qui permettront de retirer le plus grand fruit possible des mêmes Exercices, il détermine, dans son annotation vingtième, que celui qui le peut devra choisir, pour le temps de leur durée, une habitation d’où il lui soit facile de se rendre aux Offices de Matines et des Vêpres ainsi qu’au divin Sacrifice. Que fait du reste en cela notre Saint, sinon conseiller pour la pratique des Exercices le même esprit dans lequel ils furent composés, en cette retraite bénie de Manrèse où l’assistance quotidienne à la Messe solennelle et aux Offices du soir fut pour lui la source de délices du ciel ?

La victoire qui triomphe du monde est notre foi . Une fois de plus vous l’avez montré, ô vous qui fûtes le grand triomphateur du siècle où le Fils de Dieu vous choisit pour relever son drapeau humilié devant l’étendard de Babel. Contre les bataillons sans cesse grossissant des révoltés, vous fûtes longtemps presque seul, laissant au Dieu des armées le soin de choisir son heure pour vous mettre aux prises avec les cohortes de Satan, comme il l’avait choisie pour vous retirer de la milice des hommes. Le monde, instruit alors de vos desseins, n’y eût vu qu’un objet de risée ; et toutefois nul certes aujourd’hui ne saurait le nier : ce fut un moment solennel pour l’histoire du monde, que celui où, pareil dans votre confiance aux plus illustres capitaines concentrant leurs armées, vous donniez ordre à vos neuf compagnons de gagner trois par trois la Ville sainte. Quels résultats durant les quinze années où cette troupe d’élite, que recrutait l’Esprit-Saint, vous eut à sa tête comme premier Général ! L’hérésie refoulée d’Italie, confondue à Trente, enrayée partout, immobilisée jusqu’en son foyer même ; d’immenses conquêtes sur des terres nouvelles, réparant les pertes subies dans notre Occident ; Sion elle-même rajeunissant sa beauté, relevée dans son peuple et ses pasteurs, assurée pour ses fils d’une éducation répondant à leurs célestes destinées : sur toute la ligne enfin où il avait imprudemment crié victoire, Satan rugissant, dompté à nouveau par ce nom de Jésus qui fait fléchir tout genou dans le ciel, sur la terre et dans les enfers ! Quelle gloire pour vous, ô Ignace, eût jamais égalé celle-là dans les armées des rois de la terre ?

Du trône que vous avez conquis par tant de hauts faits, veillez sur ces fruits de vos œuvres, et montrez-vous toujours le soldat de Dieu. Au travers des contradictions qui ne leur manquèrent jamais, soutenez vos fils au poste d’honneur et de vaillance qui fait d’eux les sentinelles avancées de l’Église. Qu’ils soient fidèles à l’esprit de leur glorieux Père, « ayant sans cesse devant les yeux : premièrement Dieu ; ensuite, comme une voie qui conduit à lui, la forme de leur institut, consacrant tout ce qu’ils ont de forces à atteindre ce but que Dieu leur marque ; chacun pourtant suivant la mesure de la grâce qu’il a reçue de l’Esprit-Saint et le degré propre de sa vocation». Enfin, ô chef d’une si noble descendance, étendez votre amour à toutes les familles religieuses, dont le sort en face de .la persécution est devenu si étroitement solidaire aujourd’hui de celui de la vôtre ; bénissez spécialement l’Ordre monastique qui protégea de ses antiques rameaux vos premiers pas dans la vie parfaite, et la naissance de l’illustre Compagnie qui sera votre couronne immortelle dans les cieux. Ayez pitié de la France, de ce Paris dont l’université vous fournit les assises de l’inébranlable édifice élevé par vous à la gloire du Très-Haut. Que tout chrétien apprenne de vous à militer pour le Seigneur, à ne jamais renier son drapeau ; que tout homme, sous votre conduite, revienne à Dieu son principe et sa fin.

 

 

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UNE BÉNÉDICTION RÉCIPROQUE – JEAN-PAUL II ET LE PEUPLE JUIF

29 Juillet 2015 , Rédigé par Ludovicus

La judaïsation de l'Eglise ou la repentance à sens unique

La judaïsation de l'Eglise ou la repentance à sens unique

EXPOSITION AU VATICAN

L’exposition décrit la genèse dans la vie de Karol Wojtyla et le développement des relations entre l’Eglise catholique et le peuple juif sous le pontificat de Jean-Paul II: une bénédiction qui est un antidote à l'antisémitisme.

Dix ans après la mort du pape Jean-Paul II et en ce 50e anniversaire de la déclaration conciliaire sur les rapports de l’Eglise et des religions non-chrétiennes, « Nostra Aetate », une exposition a été inaugurée au Vatican, ce mardi, 28 juillet, dans le « Bras de Charlemagne », sur la gauche de la colonnade du Bernin. On peut la visiter jusqu’au 17 septembre.

L’exposition a parcouru auparavant les États-Unis – Los Angeles, Chicago, Philadelphie -, réunissant plus d’un million de visiteurs.

Elle a été réalisée par James Buchanan et William Madges avec cette idée clef que la dialogue interreligieux est source de progrès pour l’humanité.

Un système multimédia conduit le visiteur, en passant par quatre sections, jusqu’au Mur occidental – le Mur des Lamentations ou Kotel – de Jérusalem, mur de soubassement du Temple d’Hérode.

L’exposition progresse par des vidéos, des panneaux, des photos, et des effets acoustiques avec la voix du pape Jean-Paul II.

La première partie de l’exposition relate les jeunes années de Karol Wojtyla à Wadowice, son amitié avec Jerzy Kluger – renouée de nombreuses années après la Shoah, à Rome -, et les relations entre juifs et catholiques en Pologne dans les années 1920-1930.

La deuxième partie évoque les années d’université et du travail de Karol Wojtyla à Cracovie pendant la seconde guerre mondiale, sous l’Occupation nazie et à l’heure de la Shoah.

La troisième partie de l’exposition est consacrée au ministère sacerdotal de Karol Wojtyla, ordonné prêtre le 1er novembre 1946, à l’époque de la persécution communiste, puis sa nomination comme évêque.

L’exposition évoque « Nostra Aetate », la déclaration du concile Vatican II, promulguée par Paul VI le 28 octobre 1965 et sa mise en œuvre par le jeune archevêque.

Cette section conduit jusqu’à son élection comme Successeur de Pierre le 16 octobre 1978.

La quatrième partie évoque notamment sa visite à la grande synagogue de Rome.

Jean-Paul II a en effet été  le premier pape à se rendre à une synagogue. A la grande synagogue de Rome, il a été accueilli par le regretté grand rabbin Elio Toaff, le 13 avril 1986. C’est alors qu’il a parlé des juifs comme des « frères aînés » des chrétiens. Le pape Wojtyla disait en entre autres : « La prise en considération des conditionnements culturels séculaires ne doit pas toutefois empêcher de reconnaître que les actes de discrimination, de limitation injustifiée de la liberté civile, à l’égard des juifs, ont été objectivement des manifestations gravement déplorables. Oui, encore une fois (cf. NA, 4), par mon intermédiaire, l’Église (...) déplore les haines, les persécutions et toutes les manifestations d’antisémitisme qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les juifs; je répète: quels que soient leurs auteurs ».

Elle évoque aussi le voyage en Israël à l’occasion du Grand jubilé de l’An 2000.

Comme c’est la tradition, le pape Jean-Paul II a glissé une prière dans la fissure entre les pierres, comme le fera ensuite Benoît XVI. Le texte de la prière reprenait la demande de pardon prononcée en la basilique Saint-Pierre quelques semaines auparavant, le 12 mars 2000, condamnant toute forme d'antisémitisme.

Le cardinal Edward Idris Cassidy, alors président du conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens et de la Commission pour les relations religieuses avec le Judaïsme, a prononcé cette demande de pardon pour les fautes commises « contre le peuple de l’Alliance [révolue] » : « Prions pour que, dans le souvenir des souffrances endurées au cours de l’histoire par le peuple d’Israël, les chrétiens sachent reconnaître les péchés commis par nombre des leurs contre le peuple de l’alliance et des bénédictions, et ainsi purifier leur cœur ».

Après un temps de prière silencieuse, Jean-Paul II a proclamé cette oraison qu’il a ensuite déposée à Jérusalem dans une fissure du Mur occidental, le 26 mars 2000: « Dieu de nos pères, tu as choisi Abraham et sa descendance pour que ton Nom soit apporté aux peuples : nous sommes profondément attristés par le comportement de ceux qui, au cours de l’histoire, les ont fait souffrir, eux qui sont tes fils [selon la chair], et, en te demandant pardon, nous voulons nous engager à vivre une fraternité authentique avec le peuple de [l’ancienne] l’alliance [obsolète]. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur ».

Au terme de l’itinéraire, les visiteurs sont invités à formuler une prière à glisser dans une fissure d’un mur fictif, en imitant le geste de Jean-Paul II. Elles ne seront pas lues mais elles seront déposées à au Mur Occidental de Jérusalem. Rome, 28 juillet 2015 ZENIT

Pour mémoire :

LA SOURCE DE TOUTES LES HÉRÉSIES

Déjà le judaïsme s'était introduit dans l'Eglise même pour y porter le trouble, la division et l'hérésie. Ce fut l'oeuvre de Simon le Mage, des Gnostiques, de Manès et de ses adhérents ou de ses émules. Ce fut l'oeuvre de tous les hérésiarques, non pas qu'ils aient été tous de race juive, mais tous ont suivi ses inspirations. Nous en avons pour garant Bernard Lazare, ce juif qui fut l'un, des grands agents de l'affaire Dreyfus et à qui la République en reconnaissance éleva une statue. Dans son livre L'Antisémitisme, son histoire, ses causes, il dit : « Ce sont ces rationalistes et ces philosophes (juifs) qui, du Xe au XVe siècle, jusqu'à la Renaissance, furent les auxiliaires de ce qu'on peut appeler la Révolution générale de l'humanité. » « Les juifs averroïstes furent les ancêtres directs des hommes de la Renaissance. C'est grâce à eux que s'élabora l'esprit de doute et aussi l'esprit d'investigation. Les platoniciens de Florence, les aristotéliciens d'Italie, les humanistes d'Allemagne vinrent d'eux. C'est grâce à eux que Pomporiazzo composa des traités contre l'immortalité de l'âme, grâce à eux encore que chez les penseurs du XVIe siècle, germa ce théisme qui correspondit à une décadence du catholicisme». C'est donc, d'après Bernard Lazare, aux juifs qu'il faut attribuer l'origine et le principe de la civilisation moderne et du conflit qui depuis lors n'a cessé entre elle et la civilisation chrétienne après avoir été préparé par eux durant des siècles. «La Réforme en Allemagne comme en Angleterre, c'est toujours le même juif qui parle, fut un de ces moments où le christianisme se retrempa aux sources juives. C'est l'esprit juif qui triompha avec le protestantisme ». « L'exégèse, le libre examen sont fatalement destructeurs, et ce sont les juifs qui ont créé l'exégèse biblique, ce sont eux qui les premiers ont critiqué le symbole et les croyances chrétiennes. »

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Sainte Marthe vierge

29 Juillet 2015 , Rédigé par Ludovicus

La fête de Ste Marthe apparaît dans le calendrier franciscain en 1263 (réforme de St Bonaventure) au jour octave de Ste Marie-Madeleine. Elle se retrouve dans le Missel de la Chapelle papale d’Avignon et connaît un certain essor aux XIVe et XVe siècles grâces aux récits provençaux. D’abord au rang de fête simple, elle fut élevée comme semidouble par St Pie V.  N’oublions pas qu’à chaque messe d’obsèques, c’est Ste Marthe qui professe la divinité de Notre-Seigneur : « Je crois que tu es la Messie, le Fils du Dieu vivant, celui qui doit venir dans le monde », tandis que le Dies Iræ nous rappelle la miséricorde du Seigneur pour sa sœur : ‘Qui Maríam absolvísti’.

La fête de Ste Marthe apparaît dans le calendrier franciscain en 1263 (réforme de St Bonaventure) au jour octave de Ste Marie-Madeleine. Elle se retrouve dans le Missel de la Chapelle papale d’Avignon et connaît un certain essor aux XIVe et XVe siècles grâces aux récits provençaux. D’abord au rang de fête simple, elle fut élevée comme semidouble par St Pie V. N’oublions pas qu’à chaque messe d’obsèques, c’est Ste Marthe qui professe la divinité de Notre-Seigneur : « Je crois que tu es la Messie, le Fils du Dieu vivant, celui qui doit venir dans le monde », tandis que le Dies Iræ nous rappelle la miséricorde du Seigneur pour sa sœur : ‘Qui Maríam absolvísti’.

Epitre

Mes frères : que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur. Car ce n’est pas celui qui se recommande lui-même qui est approuvé, mais celui que Dieu recommande. Ah ! Si vous pouviez supporter de ma part un peu de folie ! Eh bien, supportez-moi. Car je suis jaloux de vous d’une jalousie de Dieu ; en effet, je vous ai fiancés à un unique époux, au Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge pure.

Evangile

En ce temps-là : Jésus entra dans un certain bourg, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Elle avait une sœur, appelée Marie, qui, s’étant même assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe, qui était occupée par maint service, se présenta, disant : "Seigneur, vous n’avez cure que ma sœur me laissait seule faire le service ? Dites-lui donc de m’aider." Le Seigneur lui répondit : "Marthe, Marthe, vous vous inquiétez et vous agitez pour beaucoup de choses ! Or il n’est besoin que de peu de choses ou d’une seule. Marie en effet a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée."

Bréviaire

Quatrième leçon. Marthe, issue de parents nobles et riches, est célèbre par l’hospitalité qu’elle donna au Seigneur. Après l’ascension de Jésus dans les cieux, les Juifs s’emparèrent d’elle, de son frère, de sa sœur, de Marcelle leur servante et de beaucoup d’autres Chrétiens, parmi lesquels Maximin, l’un des soixante-douze disciples, qui avait baptisé toute cette famille. Marthe fut embarquée sur un vaisseau sans voiles ni rames, et exposée à un naufrage certain sur l’immensité de la mer ; mais la main de Dieu dirigea le navire, qui les conduisit tous sains et saufs à Marseille.

Cinquième leçon. Leur prédication, jointe à ce miracle, convertit à Jésus-Christ les habitants de cette ville, puis ceux d’Aix et les populations voisines. Lazare fut créé Évêque de Marseille, et Maximin, Évêque d’Aix. Madeleine, qui avait eu coutume de se tenir aux pieds du Seigneur et d’écouter sa parole, alla s’enfermer dans une vaste caverne sur une haute montagne, afin de jouir de la meilleure part qu’elle s’était réservée, à savoir la contemplation du bonheur céleste ; elle y vécut trente ans, privée de tout rapport avec les hommes, et chaque jour les Anges relevaient dans les airs pour qu’elle entendît les louanges des esprits célestes.

Sixième leçon. Pour ce qui est de Marthe, dont l’éminente sainteté de vie et la charité provoquèrent l’amour et l’admiration de tous les Marseillais, elle se retira avec quelques femmes d’une haute vertu dans un lieu solitaire ; elle y vécut de longues années avec une grande réputation de piété et de prudence. Enfin, après s’être illustrée par des miracles et avoir prédit longtemps à l’avance le jour de sa mort, elle s’en alla vers le Seigneur, le quatrième jour des calendes d’août. A Tarascon on entoure son corps d’une grande vénération.

Homélie de saint Augustin, Évêque. Sermo 26 de verbis Domini

Septième leçon. Les paroles de notre Seigneur Jésus-Christ qu’on vient de lire dans l’Évangile, nous rappellent qu’il est une seule chose à laquelle nous devons tendre, au milieu des soins multiples de ce monde. Or, nous y tendons comme étrangers et non comme citoyens ; comme étant sur la route et non dans la patrie ; comme aspirants et non comme possesseurs. Tendons-y néanmoins, et tendons-y sans paresse et sans relâche, afin de pouvoir y arriver un jour. Marthe et Marie étaient deux sœurs, sœurs non seulement par la chair, mais par la religion ; toutes deux s’attachèrent au Seigneur ; toutes deux d’un commun accord, servirent le Seigneur pendant les jours de sa vie mortelle.

Huitième leçon. Marthe le reçut comme on reçoit un hôte, mais c’était néanmoins la servante qui recevait son Seigneur, une malade qui recevait son Sauveur, la créature qui recevait son Créateur. Elle le reçut pour lui donner la nourriture du corps, et pour recevoir de lui la nourriture de l’âme. Car le Seigneur a voulu prendre la forme d’esclave, et, dans cette forme d’esclave, être nourri par ses serviteurs, et cela par bonté, non par nécessité. Ce fut en effet de sa part une bonté que de se laisser nourrir. Sans doute, il avait une chair sujette à la faim et à la soif ; mais ignorez-vous que des Anges lui apportèrent à manger, quand il eut faim au désert ? Si donc il a voulu être nourri, ç’a été dans l’intérêt de quiconque le nourrissait. Et quoi d’étonnant, puisqu’il a fait ainsi du bien à une veuve, en nourrissant par elle le saint Prophète Élie, qu’il avait nourri auparavant par le ministère d’un corbeau ? Est-ce qu’il est impuissant à nourrir le Prophète, pour l’envoyer à cette veuve ? Nullement, mais il se proposait de bénir la pieuse veuve, en raison du service rendu à son serviteur.

Neuvième leçon. C’est donc ainsi que le Seigneur fut reçu en qualité d’hôte ; « lui qui est venu chez lui, et les siens ne l’ont point reçu, mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu », adoptant des esclaves et les prenant pour enfants, rachetant des captifs et les faisant ses cohéritiers. Qu’il n’arrive cependant à aucun de vous de dire : ô bienheureux ceux qui ont eu l’honneur de recevoir le Christ dans leur propre maison ! Garde-toi de te plaindre et de murmurer de ce que tu es né à une époque où tu ne vois plus le Seigneur en sa chair. Il ne t’a point privé de cette faveur. « Chaque fois que vous l’avez fait à un de ces plus petits d’entre mes frères, dit-il, c’est à moi que vous l’avez fait ». En voilà assez sur la nourriture corporelle à offrir au Seigneur. Quant à la nourriture spirituelle qu’il nous donne, nous en dirons quelques mots à l’occasion.

 

....« Quiconque, dit saint Grégoire avec son sens si juste toujours, quiconque s’est donné entièrement à Dieu, doit avoir soin de ne pas se répandre seulement dans les œuvres, et tendre aussi aux sommets de la contemplation. Cependant il importe extrêmement ici de savoir qu’il y a une grande variété de tempéraments spirituels. Tel qui pouvait vaquer paisible à la contemplation de Dieu, tombera écrasé sous les œuvres ; tel que l’usuelle occupation des humains eût gardé dans une vie honnête, se blesse mortellement au glaive d’une contemplation qui dépasse ses forces : ou faute de l’amour qui empêche le repos de tourner en torpeur, ou faute de la crainte qui garde des illusions de l’orgueil et des sens. L’homme qui désire être parfait doit à cause de cela s’exercer dans la plaine d’abord, à la pratique des vertus, pour monter plus sûrement aux hauteurs, laissant en bas toute impulsion des sens qui ne peuvent qu’égarer les recherches de l’esprit, toute image dont les contours ne sauraient s’adapter à la lumière sans contours qu’il désire voir. A l’action donc le premier temps, à la contemplation le dernier. L’Évangile loue Marie, mais Marthe n’y est point blâmée, parce que grands sont les mérites de la vie active, quoique meilleurs ceux de la contemplation ».

Et si nous voulons pénétrer plus avant le mystère des deux sœurs, observons que, bien que Marie soit la préférée, ce n’est pourtant point dans sa maison, ni dans celle de Lazare leur frère, mais dans la maison de Marthe, que l’Homme-Dieu nous est montré faisant séjour ici-bas avec ceux qu’il aime. Jésus, dit saint Jean, aimait Marthe, et sa sœur Marie, et Lazare : Lazare, figure des pénitents que sa miséricordieuse toute-puissance appelle chaque jour de la mort du péché à la vie divine ; Marie, s’adonnant dès ce monde aux mœurs de l’éternité ; Marthe enfin, nommée ici la première comme l’aînée de son frère et de sa sœur, la première en date mystiquement selon ce que disait saint Grégoire, mais aussi comme celle de qui l’un et l’autre dépendent en cette demeure dont l’administration est remise à ses soins. Qui ne reconnaîtrait là le type parfait de l’Église, où, dans le dévouement d’un fraternel amour sous l’œil du Père qui est aux cieux, le ministère actif tient la préséance de gouvernement sur tous ceux que la grâce amène à Jésus ? Qui ne comprendrait aussi les préférences du Fils de Dieu pour cette maison bénie ? L’hospitalité qu’il y recevait, toute dévouée qu’elle fût, le reposait moins de sa route laborieuse que la vue si achevée déjà des traits de cette Église qui l’avait attiré du ciel en terre.

Marthe par avance avait donc compris que quiconque a la primauté doit être le serviteur : comme le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir ; comme plus tard le Vicaire de Jésus, le prince des prélats de la sainte Église, s’appellera Serviteur des serviteurs de Dieu. Mais en servant Jésus, comme elle servait avec lui et pour lui son frère et sa sœur, qui pourrait douter que plus que personne elle entrait en part des promesses de cet Homme-Dieu, lorsqu’il disait : « Qui me sert me suit ; et où je serai, là aussi sera mon serviteur ; et mon Père l’honorera ». Et cette règle si belle de l’hospitalité antique, qui créait entre l’hôte et l’étranger admis une fois à son foyer des liens égaux à ceux du sang, croyons-nous que dans la circonstance l’Emmanuel ait pu n’en pas tenir compte, lorsqu’au contraire son Évangéliste nous dit qu’« à tous ceux qui le reçurent il a donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu ». C’est qu’en effet « quiconque le reçoit, déclare-t-il lui-même, ne reçoit pas lui seulement, mais le Père qui l’envoie ».

La paix promise à toute maison qui se montrerait digne de recevoir les envoyés du ciel, la paix qui ne va point sans l’Esprit d’adoption des enfants, s’était reposée sur Marthe avec une incomparable abondance. L’exubérance trop humaine qui d’abord s’était laissée voir dans sa sollicitude empressée, avait été pour l’Homme-Dieu l’occasion de montrer sa divine jalousie pour la perfection de cette âme si dévouée et si pure. Au contact sacré, la vive nature de l’hôtesse du Roi pacifique dépouilla ce qu’il lui restait de fébrile inquiétude ; et servante plus active que jamais, plus agréée qu’aucune autre, elle puisa dans sa foi ardente au Christ Fils du Dieu vivant l’intelligence de l’unique nécessaire et de la meilleure part qui devait un jour être aussi la sienne. Oh ! quel maître de la vie spirituelle, quel modèle ici Jésus n’est il pas de discrète fermeté, de patiente douceur, de sagesse du ciel dans la conduite des âmes aux sommets !

Jusqu’à la fin de sa carrière mortelle, selon le conseil de stabilité que lui-même il donnait aux siens, l’Homme-Dieu resta fidèle à l’hospitalité de Béthanie : c’est de là qu’il partit pour sauver le monde en sa douloureuse Passion ; c’est de Béthanie encore que, quittant le monde, il voulut remonter dans les cieux. Alors cette demeure, paradis de la terre, qui avait abrité Dieu, la divine Mère, le collège entier des Apôtres, parut bien vide à ceux qui l’habitaient. L’Église tout à l’heure nous dira par quelles voies, toutes d’amour pour nous Gentils, l’Esprit de la Pentecôte transporta dans la terre des Gaules la famille bénie des amis de l’Homme-Dieu.

Sur les rives du Rhône, Marthe restée la même apparut comme une mère, compatissant à toutes misères, s’épuisant en bienfaits Jamais sans pauvres, dit l’ancien historien des deux sœurs, elle les nourrissait avec une tendre sollicitude des mets que le ciel fournissait abondamment à sa charité, n’oubliant qu’elle-même, ne se réservant que des herbes ; et en mémoire du glorieux passé, comme elle avait servi le Chef de l’Église en sa propre personne, elle le servait maintenant dans ses membres, toujours aimable pour tous, affable à chacun. Cependant les pratiques d’une effrayante pénitence étaient ses délices. Mille fois martyre, de toutes les puissances de son âme Marthe la très sainte aspirait aux cieux. Son esprit, perdu en Dieu, s’absorbait dans la prière et y passait les nuits. Infatigablement prosternée, elle adorait régnant au ciel Celui qu’elle avait vu sans gloire en sa maison. Souvent aussi elle parcourait les villes et les bourgs, annonçant aux peuples le Christ Sauveur.

Avignon et d’autres villes de la province Viennoise l’eurent pour apôtre. Tarascon fut par elle délivré de l’ancien serpent, qui sous une forme monstrueuse perdait les corps comme au dedans il tyrannisait les âmes. Ce fut là qu’au milieu d’une communauté de vierges qu’elle avait fondée, elle entendit le Seigneur l’appeler en retour de son hospitalité d’autrefois à celle des cieux. C’est là qu’aujourd’hui encore elle repose, protégeant son peuple de Provence, accueillant en souvenir de Jésus l’étranger. La paix des bienheureux qui respire en sa noble image, pénètre le pèlerin admis à baiser ses pieds apostoliques ; et en remontant les degrés de la crypte sacrée pour reprendre sa route dans cette vallée d’exil, il garde, comme un parfum de la patrie, le souvenir de l’unique et touchante épitaphe : SOLLICITA NON TURBATUR ; zélée toujours, elle n’est plus troublée.

Entrée pour jamais comme Madeleine en possession de la meilleure part, votre place, ô Marthe, est belle dans les cieux. Car celui qui sert dignement s’acquiert un rang élevé, dit saint Paul, et sa confiance est grande à juste titre dans la foi du Christ Jésus : le service que les diacres dont parlait l’Apôtre accomplissent pour l’Église, vous l’avez accompli pour son Chef et son Époux ; vous avez bien gouverné votre maison, qui était la figure de cette Église aimée du Fils de Dieu. Or, assure encore le Docteur des nations, « Dieu n’est point injuste, pour oublier vos œuvres et l’amour que vous avez témoigné pour son nom, vous qui avez servi les saints ». Et le Saint des saints, devenu lui-même votre hôte et votre obligé, ne nous laisse-t-il pas déjà entrevoir assez vos grandeurs, lorsque parlant seulement du serviteur fidèle établi sur sa famille pour distribuer à chacun la nourriture au temps voulu, il s’écrie : « Heureux ce serviteur que le Maître, quand il viendra, trouvera agissant de la sorte ! en vérité, je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens ». O Marthe, l’Église tressaille en ce jour où le Seigneur vous trouva, sur notre terre des Gaules, continuant de l’accueillir en ces plus petits où il déclare que nous devons maintenant le chercher. Il est donc venu le moment de la rencontre éternelle ! Assise désormais, dans la maison de cet hôte fidèle plus qu’aucun aux lois de l’hospitalité, vous le voyez faire de sa table votre table, et se ceignant à son tour, vous servir comme vous l’avez servi.

Du sein de votre repos, protégez ceux qui continuent de gérer les intérêts du Christ ici-bas, dans son corps mystique qui est toute l’Église, dans ses membres fatigués ou souffrants qui sont les pauvres et les affligés de toutes sortes. Multipliez et bénissez les œuvres de la sainte hospitalité ; que le vaste champ de la miséricorde et de la charité voie ses prodigieuses moissons s’accroître encore en nos jours. Puisse rien ne se perdre de l’activité si louable où se dépense le zèle de tant d’âmes généreuses ! et dans ce but, ô sœur de Madeleine, apprenez à tous, comme vous-même l’avez appris du Seigneur, à mettre au-dessus de tout l’unique nécessaire, à estimer à son prix la meilleure part. Après la parole qui vous fut dite moins pour vous que pour tous, quiconque voudrait troubler Madeleine aux pieds de Jésus, ou l’empêcher de s’y rendre, verrait à bon droit le ciel froissé stériliser ses œuvres.

 

 

 

 

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Saints Nazaire et Celse martyrs Victor pape et martyr et Innocent Ier pape

28 Juillet 2015 , Rédigé par Ludovicus

Saints Nazaire et Celse martyrs Victor pape et martyr et Innocent Ier pape

Le même jour, l’Église célèbre deux martyrs du Bas Empire ainsi que deux Papes, dont seul St Victor est martyr. La messe est celle de plusieurs Martyrs I, sauf les oraisons et la première lecture.

Les saints Nazaire et Celse sont deux martyrs milanais, dont le culte fut mis en honneur par saint Ambroise, mais il n’est pas certain que quelque lien ait existé entre eux leur vivant. Le martyrologe hiéronymien les mentionne au 28 juillet, qui est le jour de leur fête à Milan. Dès le Ve siècle, les reliques de saint Nazaire furent partagées entre de nombreuses églises. On en trouve à Brescia, à Ravenne, à Rome où une basilique avait été érigée sous le titre des saint Nabor et Nazaire, mais aussi à Nole, en Sardaigne, à Constantinople, en Afrique et même in vico quodam du territoire de Nantes, qui ne saurait être que l’actuel port de Saint-Nazaire. Bien que le nom de Nazaire soit inscrit au IXe siècle dans le calendrier de Naples et les noms de Nazaire et de Celse dans tous les martyrologes francs à partir de Florus, il faut attendre le XIe siècle pour voir la fête des deux martyrs milanais connaître une certaine extension. Celle-ci atteint surtout la France et l’Italie du nord, elle touche moins les Pays germaniques et n’atteint guère l’Angleterre. C’est précisément au XIe siècle que sa célébration est attestée à Rome. Elle s’y développe au XIIe, époque où elle est reçue au Latran et au Vatican.

Lecture

La Sagesse a rendu aux saints le salaire de leurs travaux, elle les conduisit par une route semée de merveilles, et fut pour eux un ombrage pendant le jour, et comme la lumière des étoiles pendant la nuit. Elle leur fit traverser la mer Rouge, et les conduisit à travers les grandes eaux. Elle submergea leurs ennemis, puis des profondeurs de l’abîme elle les rejeta. C’est pourquoi les justes enlevèrent les dépouilles des impies, et chantèrent votre saint nom, Seigneur, et louèrent de concert votre main qui combattait pour eux, Seigneur notre Dieu.

Evangile

En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Lorsque vous entendrez parler de guerres et de séditions, ne soyez pas effrayés ; car il faut que ces choses arrivent d’abord, mais ce ne sera pas encore aussitôt la fin. Alors il leur dit : Nation se soulèvera contre nation, et royaume contre royaume. Et il y aura de grands tremblements de terre en divers lieux, et des pestes, et des famines, et des choses effrayantes dans le ciel, et de grands signes. Mais, avant tout cela, on mettra les mains sur vous, et on vous persécutera, vous livrant aux synagogues et aux prisons, vous traînant devant les rois et les gouverneurs, à cause de mon nom ; et cela vous arrivera pour que vous rendiez témoignage. Mettez donc dans vos cœurs que vous n’aurez pas a méditer d’avance comment vous répondrez ; car je vous donnerai une bouche et une sagesse auxquelles tous vos adversaires ne pourront résister et contredire. Vous serez livrés par vos parents, et par vos frères, et par vos proches, et par vos amis, et l’on fera mourir plusieurs d’entre vous ; et vous serez haïs de tous à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne périra. C’est par votre patience que vous sauverez vos vies.

Bréviaire

Quatrième leçon. Nazaire, baptisé par le Pape saint Lin, passa en Gaule et y baptisa le jeune Celse, qu’il avait pieusement instruit des préceptes chrétiens : ils allèrent ensemble à Trêves, et pendant la persécution de Néron, ils furent jetés tous les deux à la mer, mais ils en sortirent miraculeusement. Ils vinrent ensuite à Milan ; comme ils répandaient la foi du Christ, et confessaient sa divinité avec la plus grande constance, le préfet Anolinus leur fit trancher la tête ; leurs corps, ensevelis en dehors de la porte Romaine, y restèrent longtemps, mais, sur une indication céleste, saint Ambroise les découvrit, portant les traces d’un sang aussi vermeil que s’ils avaient souffert le martyre tout récemment ; ils furent transportés à Rome et renfermés dans un sépulcre honorable.

Cinquième leçon. Victor, né en Afrique, gouverna l’Église sous l’empereur Sévère. Il confirma le décret de Pie Ier, réglant que Pâques serait célébrée le dimanche ; dans le but de faire passer cette loi dans la pratique, il se tint des conciles en beaucoup de lieux ; le premier synode de Nicée décréta enfin qu’on célébrerait la fête de Pâques après la quatorzième lune, afin que les Chrétiens ne parussent pas imiter les Juifs. Le Pape Victor décida qu’on pourrait baptiser en cas de nécessité avec n’importe quelle eau, pourvu qu’elle fût naturelle. Il rejeta du sein de l’Église le corroyeur byzantin Théodote, qui prétendait que le Christ n’avait été qu’un homme, écrivit un traité sur la solennité pascale et quelques autres opuscules. En deux ordinations faites au mois de décembre, il ordonna quatre Prêtres, sept Diacres et sacra douze Évêques pour divers lieux. Ayant reçu la couronne du martyre, il fut enseveli au Vatican, le cinq des calendes d’août, après avoir siégé neuf ans, un mois et vingt-huit jours.

Sixième leçon. Innocent, d’Albano, vécut au temps de saint Augustin et de saint Jérôme. Celui-ci, écrivant à la vierge Démétriade, disait de lui : « Gardez la foi de saint Innocent, qui siège sur la chaire apostolique, et qui est le successeur et le fils spirituel d’Anastase, d’heureuse mémoire ; ne recevez pas une autre doctrine, si sage et si séduisante qu’elle paraisse. » L’écrivain Orose, comparant Innocent au juste Lot que la divine Providence a préservé, dit que ce Pape fut amené à Ravenne pour qu’il eût la vie sauve et ne vît pas la ruine du peuple romain. Après la condamnation de Pelage et de Célestius, il porta ce décret au sujet de leurs hérésies : qu’il fallait régénérer par le baptême les petits enfants, fussent-ils nés d’une mère chrétienne, afin de purifier en eux au moyen de cette régénération spirituelle, la souillure contractée par la génération naturelle. Il approuva aussi le jeûne du samedi, en mémoire de la sépulture de notre Seigneur. Il siégea quinze ans, un mois et dix jours. En quatorze ordinations au mois de décembre, il ordonna trente Prêtres, quinze diacres, et sacra cinquante-quatre Évêques pour divers lieux. Il fut enseveli dans le cimetière nommé : Ad Ursum pileatum.

Homélie de saint Grégoire, Pape. Homilia 35 in Evangelia

Septième leçon. Notre Seigneur et Rédempteur annonce les calamités qui doivent précéder la fin du monde, afin qu’au moment où elles viendront, elles causent d’autant moins de trouble qu’elles auront été connues à l’avance. Les traits dont on prévoit l’atteinte sont, en effet, moins dangereux ; et les maux de ce monde nous semblent plus supportables quand la prévoyance nous munit contre eux comme d’un bouclier. Voici donc ce que nous dit le Sauveur : « Quand vous entendrez parler de guerres et de séditions, n’en soyez point effrayés, il faut auparavant que ces choses arrivent ; mais ce n’est pas encore sitôt la fin ». Il faut peser ces paroles par lesquelles notre Rédempteur nous déclare ce que nous aurons à souffrir, soit au dedans soit au dehors. En effet, par guerres, on désigne des combats contre les ennemis extérieurs, et par séditions, des luttes entre concitoyens. Afin donc de nous faire entendre que nous rencontrerons des sujets de trouble au dedans comme au dehors, Jésus-Christ nous dit que nous aurons à souffrir des peines de la part de nos ennemis, et d’autres de la part de nos frères.

Huitième leçon. Mais parce que la fin ne suivra pas immédiatement ces maux qui auront lieu d’abord, le Seigneur ajoute : « Une nation se soulèvera contre une nation, un royaume contre un royaume. Il y aura de grands tremblements de terre en divers lieux, et des pestes et des famines, et des signes effrayants dans le ciel, et de grands prodiges ». Beaucoup de tribulations préviennent la dernière tribulation ; et les calamités qui se succèdent alors en si grand nombre sont l’indice des maux éternels, réservés aux méchants. Aussi, après les guerres et les séditions, n’est-ce pas encore la fin. Un grand nombre de malheurs doivent la précéder, afin qu’ils puissent faire présager le malheur qui n’aura pas de fin.

Neuvième leçon. Après avoir énuméré tant de signes de la perturbation finale, il nous faut maintenant considérer brièvement chacun d’eux en particulier, puisque nécessairement, nous subirons ces maux qui nous viennent les uns du ciel, les autres de la terre ; ceux-ci des éléments, ceux-là des hommes. Notre Seigneur dit : « Une nation se soulèvera contre une autre nation » : voilà la perturbation venant des hommes. « Il y aura de grands tremblements de terre en divers lieux », c’est la colère divine qui éclate d’en haut. « Il y aura des pestes », c’est la désorganisation se manifestant dans les corps ; « de la famine » : cela vient de la stérilité de la terre ; « des signes effrayants dans le ciel et des tempêtes » ; ce sont les troubles atmosphériques. Parce que toutes choses doivent être détruites, il se produira avant cette consommation des troubles universels et nous qui avons par le péché abusé de toutes les créatures, nous les verrons servir toutes à notre châtiment, afin que cette parole s’accomplisse : « Toute la terre combattra avec lui contre les insensés ».

Les saints Nazaire et Celse, martyrs.

Les corps des martyrs Nazaire et Celse étaient ensevelis dans un jardin hors de Milan, quand, en 395, ils furent retrouvés par saint Ambroise. On découvrit d’abord le cadavre de Nazaire, parfaitement conservé ; la tête était détachée du buste et le sang était vermeil et frais comme s’il venait d’être versé.

Après avoir déposé les restes du martyr sur une litière, saint Ambroise alla prier dans une autre partie du jardin où l’on creusa immédiatement. Le corps du petit Celse apparut ; plus tard les Actes le mirent en relation avec Nazaire et en firent même son disciple.

Le corps de saint Nazaire fut transféré par Ambroise dans la nouvelle basilique des Apôtres, appelée aussi Romaine, et Dieu l’y honora immédiatement par la délivrance instantanée d’un énergumène.

Ambroise composa, en l’honneur du saint martyr, une célèbre inscription métrique, qui fut transcrite par les anciens compilateurs de recueils d’épigraphie et que nous avons déjà citée le 12 juin, date à laquelle l’Église mentionne l’invention des saintes Reliques.

Il semble que le corps de saint Celse ait été laissé par Ambroise au lieu où il fut retrouvé ; il est certain qu’il ne fut pas transporté à la basilique Romaine. Cependant en son honneur on éleva plus tard une basilique in campo à côté de laquelle, au XIe siècle, l’archevêque Landolphe fonda aussi un monastère.

De Milan, le culte des deux martyrs se répandit vite dans tout le monde romain du Bas-Empire. Pour abriter convenablement une parcelle de leurs reliques, Constantinople, peut-être dès le temps d’Honorius et d’Arcadius, éleva un temple dédié à saint Nazaire.

Comme il le chante lui-même dans son XXIVe poème, saint Paulin de Nole déposa les reliques de saint Nazaire dans la basilique de Saint-Félix.

Hic et Nazarius Martyr, quem munere fido
Nobilis Ambrosii, substrata mente recepi,
Culmina Felicis dignatur et ipse cohospes
Fraternisque domos privatis sedibus addit.

 

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L'islamisme est le châtiment de notre apostasie, mais il est bon de savoir qui le finance

26 Juillet 2015 , Rédigé par Ludovicus

L'argent saoudien pour exporter l'islamisme

Lu ici :

"Selon quotidien américain The New York Times, qui trié et étudié des dizaines de milliers de documents diplomatiques saoudiens révélés par le site WikiLeaks, l'Arabie Saoudite investit "des milliards de pétrodollars dans des organisations islamiques à travers le monde, pratiquant une diplomatie du chéquier". [...]

Riyad a notamment accordé des moyens financiers à des prédicateurs à l’étranger, construit des mosquées, des écoles, des centres et soutenu des campagnes pour contrer des responsables et des médias à l’étranger qui étaient susceptibles de s’opposer à l’agenda du Royaume".

D'après Usama Hasan, chercheur en études islamiques à la fondation Quilliam à Londres, cité par new York Times, "il s’agit de milliers et de milliers d’organisations militantes et religieuses (...) directement ou indirectement financées par eux" à travers le monde.

Contra :

Cette oraison était désignée autrefois comme « l’oraison contre les Turcs ». C’est aujourd’hui (dans les missels traditionnels) la collecte de la messe « Contra Paganos »
Elle fut spécialement recommandée par le pape Callixte III, dans une bulle du 29 juin 1456, trois ans après la prise de Constantinople par les Turcs, et quelques mois avant la bataille de Belgrade qui libéra la Hongrie de l’assaut musulman.
A l’heure où l’islam se fait de plus en plus menaçant, aucun appel à la prière n’est malheureusement à attendre des autorités romaines. Mais sachons recourir aux prières qui ont déjà sauvé nos ancêtres (avec le Rosaire et l’Angelus).


Omnipotens sempiterne Deus, in cuius manu sunt omnium potestates ac omnium iura regnorum : respice in auxilium christianorum, ut gentes paganorum, quæ de sua feritate confidunt, dexterae tuae potentia conterantur. Per Dominum nostrum…


Dieu éternel et tout puissant dans la main de qui sont tous les pouvoirs et les gouvernements de tous les pays : portez un regard favorable aux chrétiens, afin que les peuples païens, qui se confient dans la force brutale, soient brisés par la vigueur de votre main. Par Jésus-Christ notre Seigneur.

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IX Dimanche après la Pentecôte mémoire de sainte Anne

26 Juillet 2015 , Rédigé par Ludovicus

Epître

Mes Frères, ne convoitons pas les choses mauvaises, comme eux les convoitèrent. Ne devenez pas idolâtres, comme quelques-uns d’entre eux, selon qu’il est écrit : "Le peuple s’assit pour manger et pour boire ; puis ils se levèrent pour se divertir." Ne nous livrons point à l’impudicité, comme quelques-uns d’entre eux s’y livrèrent ; et il en tomba vingt-trois mille en un seul jour. Ne tentons point le Christ, comme le tentèrent quelques-uns d’entre eux, qui périrent par les serpents. Ne murmurez point comme murmurèrent quelques-uns d’entre eux, qui périrent sous les coups de l’Exterminateur. Or toutes ces choses leur sont arrivées en figure, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes arrivés à la fin des temps. Ainsi donc que celui qui croit être debout prenne garde de tomber. Aucune tentation ne vous est survenue, qui n’ait été humaine ; et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au delà de vos forces ; mais, avec la tentation, il ménagera aussi une heureuse issue en vous donnant le pouvoir de la supporter.

Evangile

En ce temps-là, Jésus s’étant approché de Jérusalem, voyant la ville, il pleura sur elle, en disant : Si tu connaissais, toi aussi, au moins en ce jour qui t’est donné, ce qui te procurerait la paix ! Mais maintenant cela est caché à tes yeux. Il viendra sur toi des jours où tes ennemis t’environneront de tranchées, où ils t’enfermeront et te serreront de toutes parts ; et ils te renverseront à terre, toi et tes enfants qui sont au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas connu le temps où tu as été visitée. Et étant entré dans le temple, il se mit à chasser ceux qui y vendaient et ceux qui y achetaient, leur disant : il est écrit : Ma maison est une maison de prière ; mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. Et il enseignait tous les jours dans le temple.

 

Bréviaire

Sermon de saint Augustin, évêque.

Quatrième leçon. Au cours des récits qui nous sont lus en ces jours, frères très chers, je vous ai souvent avertis de ne pas suivre la lettre qui tue, de ne pas abandonner l’esprit qui vivifie. C’est bien ce que dit l’Apôtre : « La lettre tue, l’Esprit vivifie ». Si nous ne voulons comprendre que les résonances de la lettre, nous ne retirerons des divines lectures, que peu ou point d’édification. Tous les récits que nous avons entendus sont un signe, une image des choses à venir. Figurées dans le Judaïsme, elles se sont accomplies au milieu de nous, par le don de la grâce de Dieu.

Cinquième leçon. Le bienheureux Élie est une figure du Seigneur, notre Sauveur. Tout comme Élie a souffert persécution de la part de Juifs, ainsi notre Seigneur, le véritable Élie, fut réprouvé et méprisé par des Juifs mêmes. Élie abandonne son peuple et le Christ déserte la synagogue. Élie s’en va au désert et le Christ vient dans le monde. Élie au désert est assisté par les corbeaux qui le nourrissent et le Christ dans le désert de ce monde est réconforté par la foi des Nations.

Sixième leçon. Car ces corbeaux qui, sur l’ordre du Seigneur, servaient le bienheureux Élie figuraient le peuple des Nations. Voilà pourquoi il est dit de l’Église des Nations : « Je suis noire mais pourtant belle, fille de Jérusalem ». Comment cette Église est-elle noire mais pourtant belle ? Noire par nature, belle par la grâce. Pourquoi noire ? « Vois, je suis né mauvais ma mère m’a conçu pécheur ». Pourquoi belle ? « Efface mon péché avec l’hysope, je serai pur, lave-moi, je serai plus blanc que neige ».

Homélie de saint Grégoire, pape. Septième leçon. Quiconque a lu l’histoire de la chute de Jérusalem survenue sous les chefs romains Vespasien et Titus, reconnaît cette ruine que le Seigneur a décrite en pleurant. N’est-ce pas les chefs romains qu’il dénonce quand il dit : « Car des jours viendront sur toi, où tes ennemis t’entoureront de tranchées » ? Et ces paroles aussi : « Ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre », témoignent du déplacement même de cette ville. Car si maintenant elle a été reconstruite en dehors de la porte, là où le Seigneur fut crucifié, c’est que la Jérusalem antérieure a été renversée de fond en comble, comme il est dit.

Huitième leçon. On indique pour quelle faute elle a subi la peine de sa ruine : c’est « parce que tu n’as pas reconnu le temps où tu étais visitée ». Le Créateur de toutes choses avait, en effet, daigné la visiter par le mystère de son Incarnation. Mais elle ne s’est guère souciée ni de sa crainte ni de son amour. La prophétie y fait aussi allusion quand elle interpelle les oiseaux du ciel pour réprimander le cœur humain : « Même la cigogne, dans le ciel, connaît sa saison. La tourterelle, l’hirondelle et la grue observent le temps de leur migration. Et mon peuple ne connaît pas le droit du Seigneur »

Neuvième leçon. Mais oui ! Le Rédempteur pleure la ruine de cette cité infidèle alors que cette cité même ne se doute en rien de ce qui va se passer. C’est bien a elle que le Seigneur dit en pleurant : « Si tu avais pu reconnaître, toi aussi, » – sous-entendu : tu pleurerais –. Mais parce que tu ignores ce qui t’attend tu jouis. Et c’est pourquoi il ajoute : « En ce jour qui était le tien, ce qui t’apportait la paix ». Car en son jour où elle se livrait aux désirs charnels et ne se souciait guère des malheurs à venir, elle avait ce qui pouvait lui apporter la paix.

La déploration des malheurs de Jérusalem forme en Occident le sujet de l’Évangile du jour ; elle a depuis longtemps donné son nom, chez les Latins, au neuvième Dimanche après la Pentecôte.

Nous avons vu qu’il était facile de retrouver aujourd’hui encore, dans la sainte Liturgie, les traces de la préoccupation de l’Église naissante à l’endroit du prochain accomplissement des prophéties contre la ville ingrate qui fut l’objet des premières prédilections du Seigneur. Le dernier terme imposé par la miséricorde à la justice divine arrive enfin. Jésus-Christ, parlant du renversement de Sion et du temple, avait prédit que la génération qui entendait ses paroles ne passerait pas que tout ce qu’il annonçait ne fût accompli. Près de quarante ans, laissés à Juda pour détourner la colère du ciel, n’ont fait qu’affermir dans son reniement obstiné la race déicide. Comme un torrent longtemps contenu qui rompt ses digues, la vengeance se rue sur l’ancien Israël ; l’année 70 voit exécuter la sentence que lui-même a portée, lorsqu’il s’écriait en livrant aux Gentils son roi et son Dieu : Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants !

Dès l’année 67, Rome, provoquée par la folle insolence des Juifs, députait Flavius Vespasien pour venger son injure. Le nom peu connu du nouveau général avait été sa recommandation la plus puissante au choix de l’inquiète jalousie du césar Néron ; mais à la famille obscure encore de ce soldat Dieu réservait l’empire, comme prix du service qu’attendait de lui et de Titus son fils la justice souveraine. Titus, en effet, le reconnaîtra plus tard: ce n’est point Rome, mais Dieu qui véritablement, ici, mène la guerre et commande aux légions. Moïse, de loin, avait vu la nation pareille à l’aigle, fondre avec rage sur la Judée pour châtier les crimes de son peuple. Mais à peine l’aigle romaine a-t-elle touché la terre des vengeances, que, domptée visiblement par une force supérieure, elle modère ou précipite sa fougue au gré des prophètes du Dieu des armées. Son regard, avide d’obéissance autant que de combats, semblé scruter les Écritures. Là, en effet, était son mot d’ordre pour chacun des jours de ces années terribles.

On avait pu s’en convaincre, lorsqu’une première fois, en 66, l’armée de Syrie, conduite par Cestius Gallus, s’était montrée sous les murs de Jérusalem. Le Seigneur voulait seulement alors donner aux siens l’avertissement qu’il leur avait promis, en précisant d’avance la suite des événements. « Lorsque vous entendrez le tumulte des séditions et des bruits de guerre, disait-il, n’en soyez point troublés : ces choses arriveront d’abord, sans que la fin vienne aussitôt. Mais quand vous aurez eu le spectacle de Jérusalem entourée d’une armée, sachez que sa désolation est proche, et fuyez loin d’elle. » Et, en effet, nous avons vu que la synagogue s’exerçait à l’émeute depuis longtemps déjà, sans avoir pu lasser la patience ou le mépris de la reine du monde ; jusqu’à ce que, le sang romain lui-même ayant coulé sous les coups des séditieux, Rome dut enfin s’émouvoir et faire avancer ses légions. Mais son armée devait premièrement fournir aux disciples de Jésus le signe annoncé), entourer Jérusalem, et se retirer ensuite pour un peu de temps, afin de permettre aux chrétiens de quitter la cité maudite. Aussi vit-on le proconsul romain, au moment où il serrait la ville de si près qu’il semblait à la veille de la prendre en terminant la guerre d’un seul coup, donner à ses troupes le signal d’une retraite inexplicable, et lâcher la victoire déjà dans ses mains. Cestius Gallus parut alors à tous saisi d’aveuglement et de vertige ; mais il exécutait, sans en avoir conscience, les ordres d’en haut, et dégageait la parole du Seigneur à son Église.

Vespasien lui-même rencontra dès le commencement, sur sa route, un de ces retardements divins que l’habileté de la tactique romaine devait se montrer plus d’une fois encore impuissante à tourner avant l’heure. Le plan arrêté dans les conseils du Très-Haut portait qu’avant toutes choses, avant que le sceptre déjà brisé de l’ancienne alliance disparût consumé jusqu’aux derniers restes dans les flammes allumées par les Juifs eux-mêmes, l’établissement du Testament nouveau serait affermi chez les nations et confirmé solennellement par la consommation du témoignage apostolique dans le sang des témoins. Or ce fut le 29 juin de l’année 67 que Pierre et Paul, fondant par leur trépas glorieux la stabilité de l’Église-mère, prouvèrent au monde que rien ne manquait plus désormais à la promulgation du règne du Messie méconnu d’Israël. Vespasien, entré en campagne au printemps de cette année, avait dû attendre que la triomphante confession des princes des Apôtres ouvrît à l’impatience de ses légions la voie des conquêtes : immobilisé, quarante-sept jours durant, au pied de la citadelle dont la prise devait lui assurer la possession de la Galilée, ce fut le 29 juin qu’il en força les portes.

Quarante mille cadavres, amoncelés sur les pentes de la montagne et s’élevant jusqu’à la hauteur des murs, apprirent aux Romains la résistance désespérée que s’apprêtait à leur opposer partout le fanatisme juif ; des habitants ou défenseurs de Jotapat deux hommes seuls survivaient, dont l’un fut Josèphe, l’un des chefs principaux et l’historien de cette guerre affreuse. Les enfants et les femmes eurent alors pourtant la vie sauve. Mais un peu plus tard, à Gamala, autre forteresse bâtie sur le penchant d’un abîme, lorsque la moitié des assiégés eut succombé sous le fer ennemi et que la défense fut devenue impossible, les survivants, rassemblant les femmes et les enfants, se précipitèrent, avec eux tous, au bas des rochers et s’y brisèrent au nombre de cinq mille ; les légions, à la fin de cette effroyable journée, ne virent plus autour d’elles que la solitude absolue du désert.

De toutes parts, dans la malheureuse Galilée, le sang coulait à torrents et les sinistres lueurs de l’incendie embrasaient l’horizon. Comment reconnaître dans ce pays dévasté la terre de l’enfance du Sauveur, le théâtre de ses premiers miracles et des enseignements où marquaient leur empreinte, en paraboles gracieuses, les sites charmants qu’offraient aux regards de l’Homme-Dieu les collines pittoresques et les vallons fertiles de cette heureuse contrée ! Le bras de Dieu pesait maintenant de tout son poids sur cette terre de Zabulon et de Nephtali pour qui la première, comme nous le chantions dans la nuit de Noël, s’était levée si brillante la lumière du salut. La première donc, cette fois encore, elle recevait la visite du Seigneur. Mais ce n’était plus, dans ces tristes jours, la visite de l’Orient divin ouvrant au monde les sentiers de la paix. Caché maintenant sous la tempête, il lançait les feux de la destruction sur l’ingrate patrie qui ne l’avait point accueilli dans l’infirmité miséricordieuse de sa chair mortelle. « En vain au jour de ma vengeance, disait le Psaume, ils s’exclameront vers quelqu’un qui les sauve et crieront au Seigneur ; je les briserai, je les disperserai comme la poussière dans l’ouragan, je les écraserai comme la boue des places. »

Oh ! Comme l’Église apprit alors, pour ne plus l’oublier, qu’aucune bénédiction, qu’aucune sainteté passée ne garantit un lieu de la souillure et de la ruine ! Spectatrice terrifiée de ces événements du premier âge de son histoire, elle voyait la violence et tous les crimes porter leurs profanations dans les sentiers foulés par les pieds de son chef adoré, comme sur les montagnes où s’étaient prolongées durant la nuit ses prières et sa louange au Père de toutes choses. Un jour elle vit souiller affreusement jusqu’aux ondes si pures du lac de Génésareth, où s’étaient reflétés les traits de l’Époux quand il le traversait marchant sur les eaux, ou reposant dans la barque de Pierre et dirigeant ces pêches mystérieuses qui présageaient l’avenir. Six mille révoltés, traqués par la colère divine et le fer des Romains, rougirent de leur sang cette mer de Tibériade où Jésus avait dompté la tempête ; leurs corps livides, rejetés par les flots, portèrent l’horreur sur ce rivage dont le Christ avait maudit les villes, pour ne s’être point converties à la vue des miracles sans nombre que sa divine condescendance y avait accomplis.

Leçon effrayante donnée aux âmes que Dieu prévient de ses faveurs de choix, et qu’il convie à une intimité plus grande ! Malheur à elles si, dans leur nonchalance et leur lâcheté, elles négligent de correspondre à la grâce, ou, comme les villes des bords du lac de Galilée, se contentent de l’honneur, sans chercher à produire des fruits de sainteté en rapport avec la grandeur et la fréquence des dons célestes ! Le prophète Amos, visant à la fois ces âmes oublieuses et ces cités distraites restées longtemps le séjour miséricordieusement préféré du Verbe divin, s’écriait pour lui à l’avance : « Je n’ai connu que vous de toutes les nations de la terre. Mais peut-on marcher à deux, sans qu’il y ait accord mutuel ? Aussi vengerai-je sur vous toutes vos iniquités. » Nul châtiment significatif, en effet, nul rapprochement vengeur ne devait être épargné à Israël. Au printemps de l’année 68, un lieutenant de Vespasien chassait devant lui, sur la rive gauche du Jourdain, les populations éperdues. Les malheureux fuyards couraient en masse dans la direction de Jéricho, où ils espéraient trouver un refuge, lorsqu’arrêtés en face de cette ville par le fleuve débordé, ils se virent entassés sous le glaive des troupes romaines qui, en arrière, leur fermaient toute issue. L’arche sainte avait autrefois, sur ces bords, ouvert un passage miraculeux aux tribus d’Israël ; mais, eût-elle été présente à cette heure, elle n’avait plus à protéger ces descendants indignes des patriarches, qui brisaient eux-mêmes le pacte de l’alliance conclue par Dieu avec la maison de Jacob. Ce fut alors une effroyable tuerie, un abatis sans nom d’êtres humains, là même où, quarante ans auparavant, saint Jean-Baptiste avait vu la cognée à la racine des arbres, où il avait prédit la colère à venir à cette race de vipères qui se disait fille d’Abraham et rejetait la pénitence. Une multitude infinie, précipitée dans les flots du Jourdain, trouva la mort dans ces eaux que le Sauveur avait sanctifiées en s’y plongeant sous la main du précurseur. Elles tenaient de lui la vertu de donner la vie au monde ; mais Israël avait préféré le règne du prince de la mort à celui de l’auteur de la vie. Le nombre de ceux qui périrent dans ces ondes sacrées fut si grand, que l’amoncellement des cadavres rendit quelque temps impraticable aux bateaux le passage du fleuve ; jusqu’à ce que la force du courant, triomphant enfin de l’obstacle, emporta tous les corps à la mer Morte, et répandit au loin sur le lac maudit ces hideuses épaves de la synagogue. Sodome n’avait-elle pas été moins coupable, aux yeux du Seigneur ? La conquête de l’Idumée par les légions déjà maîtresses, au Nord, de la Galilée et de la Samarie, à l’Est et à l’Ouest, des rives du Jourdain et du littoral de la Méditerranée, acheva de fermer du côté du Midi le cercle de fer qui devait enserrer Jérusalem. Des garnisons romaines occupaient Emmaüs, Jéricho, et tous les points fortifiés commandant les avenues de la capitale juive. Vespasien, après avoir châtié pour Dieu tant de cités ingrates, s’apprêtait à commencer enfin le siège de la ville criminelle entre toutes, quand la chute de Néron et les événements qui suivirent vinrent détourner l’attention du monde et la sienne.

Aux tremblements de terre en divers lieux, aux pestes, aux signes dans le ciel, qui s’étaient multipliés dans les dernières années du tyran, s’ajoutèrent alors les soulèvements de nation à nation, de royaume à royaume. L’Occident tout entier se levait en armes, et l’Orient bientôt fut entraîné vers Rome, à son tour, par l’ébranlement immense qui marqua d’un caractère unique dans l’histoire l’année 69 de l’ère chrétienne. Des sommets de l’Atlas au Pont-Euxin, des rives de l’Humber à celles du Nil, barbares et romains, provinces et peuples rêvèrent pour chacun d’eux l’empire. Galba, Othon, Vitellius, Vespasien, proclamés par des armées rivales, envoyaient les légions de Bretagne et du Rhin, de l’Illyrie et du Danube, s’écraser au rendez-vous sanglant de Bédriac. Vainqueurs et vaincus dévastaient l’Italie. Rome était prise par des Romains, tandis qu’aux frontières dégarnies apparaissaient les Suèves, les Sarmates et les Daces. A la lueur du Capitule en feu, au bruit du temple de Jupiter s’écroulant dans les flammes, les Gaules proclamaient leur indépendance et Velléda soulevait la Germanie. Le vieux monde parut s’affaisser dans l’anarchie et la guerre universelle.

Les circonstances étaient donc redevenues subitement favorables à Jérusalem ; elles semblaient l’inviter encore à réparer ses crimes. Nous verrons, en commentant l’Évangile, qu’elle en profita pour multiplier ses fautes et se déchirer elle-même plus cruellement que n’eussent fait les Romains.

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Saint Jacques Apôtre mémoire de saint Chrystophe martyr

25 Juillet 2015 , Rédigé par Ludovicus

En la fête de Saint Jacques, frère de l’Apôtre et Évangéliste saint Jean, l’Église commémore aussi saint Christophe.  « La fête de saint Jacques, fils de Zébédée, apparaît d’abord au 27 décembre où, dès la seconde moitié du 4e siècle, elle était célébrée conjointement avec celle de son frère Jean, selon le martyrologe de Nicomédie. A Jérusalem, au Ve siècle, Jacques et Jean étaient commémorés le 29 décembre. On trouve à nouveau leur fête au 27 décembre dans les livres gallicans du 7e siècle. C’est dans les mêmes jours qu’elle continue à être célébrée par l’Église arménienne. Comme les Actes des Apôtres rapportent que Jacques fut décapité à la veille de la Pâque (Act. 12,2-3), l’Église copte célèbre son martyre le 12 avril, tandis que les Églises de rite byzantin le font le 30 avril et l’Église syrienne d’Antioche le 7 mai.  En Occident, dès le VIIIe siècle, la fête de saint Jacques est fixée au 25 juillet, aussi bien dans les calendriers que dans les sacramentaires gélasiano-francs. C’est la date qui est donnée dans la liste des fêtes des Apôtres qui se trouve en tête du martyrologe hiéronymien. On remarquera donc que la fête du 25 juillet est antérieure à l’instauration du culte de saint Jacques à Compostelle, la découverte du tombeau qui lui est attribué ne remontant pas au-delà de 830. Comme les autres fêtes d’Apôtres, celle de saint Jacques a dû pénétrer à Rome dans le cours du Xe siècle. Au XIe siècle, le sacramentaire de Saint-Pierre reproduit le formulaire des Gélasiens du VIIIe siècle, largement diffusé par les sacramentaires des IXe et Xe siècles. Au XIIe siècle, la fête est attestée à Rome par la quasi totalité des documents. Son absence ne peut s’expliquer dans l’antiphonaire de Saint-Pierre que par le fait que toutes les pièces chantées sont prises au Commun des Apôtres ».  Double depuis 1298, la fête fut élevée au rang de double de IInde classe après la réforme de St Pie V seulement.

En la fête de Saint Jacques, frère de l’Apôtre et Évangéliste saint Jean, l’Église commémore aussi saint Christophe. « La fête de saint Jacques, fils de Zébédée, apparaît d’abord au 27 décembre où, dès la seconde moitié du 4e siècle, elle était célébrée conjointement avec celle de son frère Jean, selon le martyrologe de Nicomédie. A Jérusalem, au Ve siècle, Jacques et Jean étaient commémorés le 29 décembre. On trouve à nouveau leur fête au 27 décembre dans les livres gallicans du 7e siècle. C’est dans les mêmes jours qu’elle continue à être célébrée par l’Église arménienne. Comme les Actes des Apôtres rapportent que Jacques fut décapité à la veille de la Pâque (Act. 12,2-3), l’Église copte célèbre son martyre le 12 avril, tandis que les Églises de rite byzantin le font le 30 avril et l’Église syrienne d’Antioche le 7 mai. En Occident, dès le VIIIe siècle, la fête de saint Jacques est fixée au 25 juillet, aussi bien dans les calendriers que dans les sacramentaires gélasiano-francs. C’est la date qui est donnée dans la liste des fêtes des Apôtres qui se trouve en tête du martyrologe hiéronymien. On remarquera donc que la fête du 25 juillet est antérieure à l’instauration du culte de saint Jacques à Compostelle, la découverte du tombeau qui lui est attribué ne remontant pas au-delà de 830. Comme les autres fêtes d’Apôtres, celle de saint Jacques a dû pénétrer à Rome dans le cours du Xe siècle. Au XIe siècle, le sacramentaire de Saint-Pierre reproduit le formulaire des Gélasiens du VIIIe siècle, largement diffusé par les sacramentaires des IXe et Xe siècles. Au XIIe siècle, la fête est attestée à Rome par la quasi totalité des documents. Son absence ne peut s’expliquer dans l’antiphonaire de Saint-Pierre que par le fait que toutes les pièces chantées sont prises au Commun des Apôtres ». Double depuis 1298, la fête fut élevée au rang de double de IInde classe après la réforme de St Pie V seulement.

Epître

Mes Frères : il me semble que Dieu nous ait fait paraître, nous les Apôtres, comme les derniers des hommes, comme des condamnés à mort, puisque nous avons été en spectacle au monde, aux anges et aux hommes. Nous, nous sommes insensés à cause du Christ, et vous, vous êtes sages en Jésus-Christ ; nous, nous sommes faibles, et vous, vous êtes forts ; vous, vous êtes en honneur, et nous dans le mépris ! A cette heure encore, nous souffrons la faim, la soif, la nudité ; nous sommes meurtris de coups, nous n’avons ni feu ni lieu, et nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains ; maudits, nous bénissons ; persécutés, nous le supportons ; calomniés, nous supplions ; nous sommes jusqu’à présent comme des balayures du monde, le rebut des hommes. Ce n’est pas pour vous faire honte que j’écris ces choses ; mais je vous avertis comme mes enfants bien-aimés. Car, eussiez-vous dix mille maîtres dans le Christ, vous n’avez pas cependant plusieurs pères, puisque c’est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ par l’Évangile.

Evangile

En ce temps-là : la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils et se prosterna pour lui faire une demande ; Il lui dit : "Que voulez-vous ?" Elle lui dit : "Ordonnez que mes deux fils, que voici, siègent l’un à votre droite, l’autre à votre gauche, dans votre royaume." Jésus répondit : "Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que, moi, je dois boire ? — Nous le pouvons," lui dirent-ils. Il leur dit : "Vous boirez, en effet, mon calice ; quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder ; c’est pour ceux pour qui mon Père l’a préparé."

Hymne

Chantons avec des cœurs joyeux
les bienfaits éternels du Christ,
la gloire des Apôtres,
palmes et hymnes mérités.

Ils sont les princes de l’Église,
victorieux chefs de ses combats,
les soldats de la cour céleste,
et la vraie lumière du monde.

La foi généreuse des Saints,
l’invincible espérance de ceux qui croient,
la parfaite charité du Christ,
voilà ce qui écrase le tyran du monde.

En eux triomphe la gloire du Père,
en eux triomphe le Fils,
en eux triomphe la volonté de l’Esprit,
le ciel est rempli de joie.

Gloire au Père, ainsi qu’au Fils,
gloire à vous, Saint-Esprit,
comme il fut toujours, comme maintenant
et à jamais dans tous les siècles.
Amen.

Bréviaire

Que personne ne se trouble, si nous disons qu’il y avait tant d’imperfection chez les Apôtres. Car le mystère de la croix n’était pas encore consommé, et la grâce du Saint-Esprit n’avait pas encore été répandue dans leurs âmes. Si vous voulez savoir qu’elle a été leur vertu, considérez ce qu’ils furent après avoir reçu la grâce du Saint-Esprit et vous les trouverez vainqueurs de toute inclination mauvaise. Leur imperfection n’est ignorée de personne aujourd’hui, afin qu’on apprécie mieux à quel point la grâce les a tout d’un coup transformés. Qu’ils n’aient rien sollicité de spirituel, et qu’ils n’aient pas même eu la pensée du royaume céleste, cela est évident. Mais examinons comment ils abordent Jésus-Christ, et lui adressent la parole. « Nous voudrions, disent-ils, que tout ce que nous vous demanderons, vous le fissiez pour nous. Mais le Christ leur répondit : Que voulez-vous ? » Non qu’il l’ignorât, certes, mais pour les obliger à s’expliquer, afin de mettre à nu leur plaie et d’être ainsi à même d’y appliquer le remède.

Mais eux, rougissant de honte et confus, parce qu’ils en étaient venus à des sentiments humains, ayant pris Jésus en particulier, lui firent en secret leur demande. Ils marchèrent en effet devant les autres, comme l’insinue l’Évangéliste, à dessein de n’être pas entendus. Et c’est ainsi qu’ils exprimèrent enfin ce qu’ils voulaient. Or, ce qu’ils voulaient, le voici, je présume. Comme ils lui avaient ouï dire que ses Apôtres seraient assis sur douze trônes, ils désiraient occuper les premiers de ces trônes. Sans doute ils savaient que Jésus les avait en prédilection ; mais redoutant que Pierre ne leur fût préféré, ils eurent la hardiesse de dire : « Ordonnez que nous soyons assis, l’un à votre droite et l’autre à votre gauche », ils le pressent par ce mot : ordonnez. Que va-t-il donc répondre ? Pour leur faire entendre qu’ils ne demandaient rien de spirituel, et qu’ils ne savaient pas même ce qu’ils sollicitaient, car s’ils le savaient, ils n’oseraient pas le demander, il leur fait cette réponse : « Vous ne savez pas ce que vous demandez » : vous ignorez combien cette chose est grande, combien elle est admirable, et dépassant même les plus hautes Vertus des cieux.

Et Il ajouta : « Pouvez-vous boire le calice que je vais boire », et être baptisé du baptême dont je suis baptisé ? Remarquez comment, tout en les entretenant de choses bien opposées, il les éloigne aussitôt de cette espérance. Vous me parlez, dit-il, d’honneur et de couronnes ; et moi, je vous parle de combats et de travaux. Ce n’est point ici le temps des récompenses, et cette gloire, qui m’appartient, n’apparaîtra pas de sitôt ; c’est à présent le temps de la persécution et des périls. Mais observez comme, par cette interrogation même, il les exhorte et les attire. Il ne leur dit point : Pouvez-vous endurer les mauvais traitements ? pouvez-vous verser votre sang ? il dit seulement : « Pouvez-vous boire le calice ? » et pour les attirer, il ajoute : « que je vais boire » afin de les mieux disposer à souffrir, par la perspective même de partager ses souffrances.

 

Saluons l’astre brillant qui se lève sur l’Église. Compostelle jadis resplendit par lui de l’éclat de tels feux que, pendant mille années, l’univers subit l’attraction de la ville obscure devenue, avec Jérusalem et Rome, l’un des foyers puissants de la piété des peuples. Tant que dura la chrétienté, Jacques le Grand le disputa, pour la gloire de sa tombe, à celle du sépulcre où Pierre repose soutenant l’Église.

Parmi les Saints de Dieu, il n’en est pas qui manifeste mieux la mystérieuse survivance des élus à leur carrière mortelle, dans la poursuite des intérêts que leur confia le Seigneur. La vie de Jacques fut courte après l’appel qui le faisait Apôtre ; le résultat de son apostolat apparut presque nul en cette Espagne qui lui était donnée. A peine l’avait-on vu comme prendre possession du sol de l’Ibérie dans sa course rapide ; et empressé à boire le calice qui devait satisfaire sa persévérante ambition d’être près du Seigneur, le premier des douze il ouvrait dans l’arène la marche glorieuse que l’autre fils de Zébédée devait clore. O Salomé, qui les mîtes au monde et fûtes près de Jésus l’interprète de leurs prétentions, tressaillez d’une double allégresse : vous n’êtes point rebutée ; vous avez pour complice celui qui fit le cœur des mères. N’est-ce pas lui qui déjà dès ce monde, à l’exclusion de tous autres et en la compagnie du seul Simon son vicaire, appelait les enfants que vous lui aviez donnés au spectacle des plus profondes œuvres de sa puissance, à la contemplation de sa gloire au Thabor, à la divine confidence de son trouble mortel au jardin de l’agonie ? Or voici qu’aujourd’hui l’aîné de votre sein devient le premier-né du collège sacré dans la mort ; protomartyr apostolique, ainsi quant à lui reconnut-il l’amour spécial du Seigneur Christ.

Comment pourtant sera-t il le messager de la foi, celui dont le glaive d’Hérode Agrippa vient d’arrêter subitement la mission ? Comment justifiera-t-il son nom de fils du tonnerre, l’Apôtre dont quelques disciples au plus entendirent la voix dans le désert de l’infidélité ? Ce nom nouveau qui mettait à part encore une fois les deux frères, Jean le réalisa en déchirant la nue par les éclairs sublimes qui révélèrent au monde dans ses écrits les profondeurs de Dieu ; pour lui, comme pour Simon nommé Pierre par le Christ et devenu à jamais le fondement du temple, l’appellation reçue de l’Homme-Dieu fut prophétie et non vain titre ; pour Jacques aussi bien que pour Jean, l’éternelle Sagesse ne peut s’être trompée.

Ne croyons pas que le glaive d’un Hérode quelconque puisse déconcerter le Très-Haut dans les appels qu’il fait entendre aux hommes de sa droite. La vie des Saints n’est jamais tronquée ; leur mort, toujours précieuse, l’est plus encore quand c’est pour Dieu qu’elle semble arriver avant l’heure. C’est alors doublement qu’on peut dire en toute vérité que leurs œuvres les suivent, Dieu même étant tenu d’honneur et pour eux et pour lui à ce que rien ne manque à leur plénitude. « Il les a reçus comme une hostie d’holocauste, dit l’Esprit-Saint ; mais ils reparaîtront dans leur temps. On les verra scintiller comme la flamme qui court parmi les roseaux. Ils jugeront les nations, dompteront les peuples ; et le « Seigneur régnera par eux éternellement ». Oh ! Combien littéral devait, en ce qui touche notre Saint, se montrer l’oracle !

A l’extrémité nord de la péninsule ibérique, sur le tombeau où la piété de deux disciples avait jadis comme à la dérobée ramené son corps, près de huit siècles avaient passé, qui pour les habitants des cieux sont moins qu’un jour. Durant ce temps, la terre de son héritage, si rapidement parcourue naguère, avait vu les Barbares ariens succéder aux Romains idolâtres, puis le Croissant ramener plus profonde la nuit un moment dissipée. Un jour, au-dessus des ronces recouvrant le monument oublié, ont étincelé des lueurs, appelant l’attention sur ce lieu qui ne sera plus connu désormais que sous le nom de champ des étoiles. Mais soudain quelles clameurs retentissent, descendant des montagnes, ébranlant les échos des vallées profondes ? Quel est le chef inconnu ramenant au combat, contre une armée immense, la petite troupe épuisée que le plus vaillant héroïsme n’a pu la veille sauver d’une défaite ? Prompt comme l’éclair, brandissant d’une main son blanc étendard à la croix rouge, il fond haut l’épée sur l’ennemi éperdu, dont soixante-dix mille cadavres teignent de leur sang les pieds de son cheval de bataille. Salut au chef de la guerre sainte dont tant de fois cette Année liturgique a rappelé le souvenir ! Saint Jacques ! Saint Jacques ! Espagne, en avant ! C’est la rentrée en scène du pêcheur galiléen, que l’Homme-Dieu appela autrefois de la barque où il raccommodait ses filets ; c’est la réapparition de l’aîné des fils du tonnerre, libre enfin de lancer la foudre sur les Samaritains nouveaux qui prétendent honorer l’unité de Dieu en ne voyant qu’un prophète dans son Christ. Désormais Jacques sera pour l’Espagne chrétienne la torche ardente qu’avait vue le Prophète, le feu qui dévore à droite et à gauche les nations enserrant la cité sainte, jusqu’à ce qu’elle ait retrouvé ses anciennes limites, et soit habitée au même lieu qu’autrefois par ses fils.  Et quand, après six siècles et demi que la mémorable lutte doit durer encore, ses porte-enseigne, les rois Catholiques, auront rejeté par delà les flots les restes de la tourbe infidèle qui n’aurait jamais dû les franchir, le vaillant chef des armées des Espagnes déposera sa brillante armure, le tueur de Maures redeviendra le messager de la foi. Montant sur sa barque de pêcheur d’hommes et groupant autour d’elle les flottes intrépides des Christophe Colomb, des Vasco de Gama, des Albuquerque, il les guidera sur les mers inconnues à la recherche de rivages où jusque-là n’ait point été porté le nom du Seigneur. Pour sa part de contribution aux travaux des douze, Jacques amènera de l’Occident, de l’Orient, du Midi, des mondes nouveaux qui renouvelleront la stupeur de Pierre à la vue de telles prises. Et celui dont on avait pu croire, au temps du troisième Hérode, l’apostolat brisé dans sa fleur avant d’avoir donné ses fruits, pourra dire lui aussi : « Je ne m’estime point inférieur aux plus grands des Apôtres ; car, par la grâce de Dieu, j’ai travaillé plus qu’eux tous ».

Patron des Espagnes, n’oubliez pas l’illustre peuple qui vous dut à la fois sa noblesse dans les cieux et sa prospérité de ce monde ; protégez-le contre l’amoindrissement des vérités qui firent de lui en ses beaux jours le sel de la terre ; qu’il pense à la terrible sentence portant que, si le sel s’affadit, il n’est plus bon qu’à être foulé aux pieds. Mais en même temps souvenez-vous, ô Apôtre, du culte spécial dont vous honore l’Église entière. Aujourd’hui encore, ne garde-t-elle pas sous la protection immédiate du Pontife romain et votre corps sacré si heureusement retrouvé dans nos temps, et le vœu d’aller en pèlerin vénérer ces restes précieux ?

Que sont devenus les siècles où, si grande que se manifestât votre force d’expansion au dehors, elle était dépassée par la merveilleuse puissance d’attirer tout à vous, que vous avait communiquée le Seigneur ? Qui donc, sinon Celui qui compte les astres du firmament, pourrait nombrer les Saints, les pénitents, les rois, les guerriers, les inconnus de tout ordre, multitude infinie, renouvelée sans cesse, gravitant autour de vos reliques saintes comme sous l’empire de ces immuables lois qui règlent au-dessus de nos têtes les mouvements des cieux ; armée alors sans cesse en marche vers ce champ de l’étoile d’où s’exerçait votre rayonnement sur le monde ? Et n’était-ce donc pas le sens de la vision mystérieuse prêtée, dans nos antiques légendes, au grand empereur par qui l’Europe chrétienne était fondée, lorsqu’au soir d’une journée de labeur, des bords de la mer de Frise, il contemplait la longue zone étoilée qui, partageant le ciel, semblait passer entre les Gaules, l’Allemagne et l’Italie, pour de là, traversant Gascogne, pays Basque et Navarre, gagner les terres de la lointaine Galice ? On raconte que vous-même apparûtes alors à Charles, et lui dîtes : « Ce chemin d’étoiles marque la route qui s’offre à toi pour délivrer ma tombe, et que suivront après toi tous les peuples ». Et Charlemagne, passant les monts, donna le signal pour la chrétienté de cette marche en avant sur les terres Sarrasines qu’on appela la Croisade ; ébranlement immense, qui fut le salut aussi bien que la gloire des races latines, en rejetant la peste musulmane sur le foyer où elle avait pris naissance.

Mais quand nous venons à considérer que deux tombeaux furent, aux deux points extrêmes, les pôles voulus par Dieu de ce mouvement absolument incomparable dans l’histoire des nations : l’un qui fut celui où Dieu même se coucha dans la mort, et l’autre, ô fils de Zébédée, qui garde vos cendres ; comment ne point nous écrier, dans la stupéfaction du Psalmiste : Vos amis sont honorés jusqu’à l’excès, ô Dieu ! Et du Fils de l’homme à son humble Apôtre, quelles recherches de l’amitié n’agréant d’honneurs que ceux qu’elle partage, jusque dans l’établissement de ces Ordres hospitaliers et militaires qui, de part et d’autre, devenus la terreur du Croissant, n’eurent d’autre but à l’origine que de recueillir et de protéger les pèlerins dans leur route vers l’un ou l’autre des saints tombeaux ! Puisse l’impulsion d’en haut, dont le retour aux grands pèlerinages catholiques est un des signes les plus heureux de nos temps, ramener aussi vers Compostelle les fils de vos clients d’autrefois ! Pour nous du moins, avec notre saint Louis balbutiant encore de ses lèvres mourantes en face de Tunis la Collecte de votre fête, nous redirons en finissant : « Soyez, Seigneur, pour votre peuple, sanctificateur et gardien ; fortifié du secours de votre Apôtre Jacques, qu’il vous plaise dans ses mœurs et vous serve d’un cœur tranquille ».

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