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Regnum Galliae Regnum Mariae

Mardi de la Ière semaine de Carême

28 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Mardi de la Ière semaine de Carême

Collecte

Regardez favorablement votre famille, Seigneur, et faites que notre âme, qui se châtie par la mortification de la chair, brille à vos yeux par un ardent désir de vous posséder.

Lecture Is. 55, 6-11

En ces jours-là, le prophète Isaïe parla ainsi : Cherchez le Seigneur, pendant qu’on peut le trouver ; Invoquez-le, tandis qu’il est près. Que le méchant abandonne sa voie, et le criminel ses pensées ; qu’il revienne au Seigneur, et il lui fera grâce ; à notre Dieu, car il pardonne largement, Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, - dit le Seigneur. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées. Comme la pluie et la neige descendent du ciel et n’y retournent pas, qu’elles n’aient abreuvé et fécondé la terre et qu’elles ne l’aient fait germer, qu’elles n’aient donné la semence au semeur ; et le pain à celui qui mange ; ainsi en est-il de ma parole qui sort de ma bouche elle ne revient pas à moi sans effet, mais elle exécute ce que j’ai voulu, et accomplit ce pour quoi je l’ai envoyée, dit le Seigneur tout-puissant.

Évangile Mt. 21, 10-17

En ce temps- là, Jésus étant entré dans Jérusalem, toute la ville fut en émoi ; on disait : "Qui est celui-ci ?" Et les foules disaient : "C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée." Jésus entra dans le temple et chassa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le temple ; il renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient les colombes ; et il leur dit : "Il est écrit : Ma maison sera appelée maison de prière ; mais vous, vous en faites une caverne de voleurs." Des aveugles et des boiteux vinrent à lui dans le temple, et il les guérit. Mais les grands prêtres et les scribes, voyant les miracles qu’il venait de faire et les enfants qui criaient dans le temple et disaient : "Hosanna au fils de David !" s’indignèrent, et ils lui dirent : "Entendez-vous ce qu’ils disent ? — Oui, leur dit Jésus. N’avez-vous jamais lu : De la bouche des petits enfants et des nourrissons vous avez préparé une louange ?" Et les ayant laissés là, il sortit de la ville pour (gagner) Béthanie, où il demeura.

Office

1ère leçon

Homélie de saint Bède le Vénérable, prêtre

En chassant du Temple les trafiquants, le Seigneur exprima en plus clair cela même qu’il avait fait naguère symboliquement par la malédiction du figuier sans fruit. Or, ce n’était pas la faute de l’arbre s’il n’avait pas de figues pour rassasier le Seigneur : la saison n’en était pas encore venue. Mais les prêtres qui s’adonnaient au commerce profane dans la Maison du Seigneur et se dispensaient de porter le fruit de piété qui leur incombait, et que le Seigneur désirait goûter en eux, ceux-là étaient bien en faute. Le Seigneur dessécha l’arbre par sa malédiction ; ainsi les hommes, voyant le fait, ou l’apprenant, comprendraient combien plus ils seraient eux-mêmes condamnables au jugement divin si, sans le fruit des œuvres, ils se berçaient seulement aux applaudissements récoltés par leurs pieuses paroles comme au bruissement et à la protection d’un verdoyant feuillage.

2e leçon

Mais parce qu’ils n’ont pas compris, le Seigneur exerça sur eux la rigueur d’un châtiment mérité. Il rejeta le trafic des affaires humaines hors de cette maison où il avait été ordonné de ne traiter que les affaires divines : offrir à Dieu des victimes et des prières ; lire, entendre, et chanter la Parole de Dieu. Il est néanmoins à croire qu’il ne vit vendre ou acheter dans le Temple que le nécessaire pour le service de ce Temple, selon le récit que nous lisons ailleurs : Quand il entra dans le Temple, « il y trouva les marchands de bœufs, de brebis et de colombes. » Probablement, en effet, les gens qui venaient de loin se procuraient sur place tout cela, uniquement pour l’offrir dans la Maison du Seigneur.

3e leçon

Même ce qu’il désirait voir offrir dans le Temple si le Seigneur n’a pas voulu le laisser vendre dans le Temple probablement à cause du penchant à l’avarice et à la fraude, qui est habituellement le délit propre aux commerçants, quel châtiment, penses-tu, aurait-il infligé s’il y avait trouvé des gens se livrant au rire et au bavardage, ou s’adonnant à quelque autre vice ? Car si le Seigneur ne supportait pas que l’on traite dans sa Maison des affaires temporelles qui sont légitimes ailleurs, combien plus ce qui n’est jamais permis méritera-t-il la colère divine si cela se passe dans les édifices consacrés à Dieu ? Mais, puisque le Saint-Esprit est apparu en forme de colombe au-dessus du Seigneur, c’est à juste titre que les charismes de l’Esprit-Saint sont signifiés par les colombes. Or, dans le Temple de Dieu aujourd’hui, qui vend des colombes sinon ceux qui dans  l’Eglise reçoivent de l’argent pour l’imposition des mains ? Par cette imposition, en effet, le Saint-Esprit est donné d’en-haut.

A Rome, la Station est dans l’Église de Sainte-Anastasie, la même où l’on célébrait, dans l’antiquité, la Messe de l’Aurore, le jour de Noël. C’est sous la protection de cette sainte Martyre, immolée le jour même de la naissance du Sauveur, que nos vœux sont aujourd’hui présentés au Père des miséricordes.

LEÇON.

Le Prophète nous annonce de la part du Seigneur que si notre retour est sincère, la miséricorde descendra sur nous. En vain l’homme cherchera-t-il à mesurer la distance infinie qui sépare la souveraine sainteté de Dieu de l’état de souillure où est l’âme du pécheur ; rien de tout cela n’empêchera la réconciliation de la créature avec son Créateur. La toute-puissante bonté de Dieu créera un cœur pur dans l’homme repentant, et « la grâce surabondera où le péché avait abondé». La parole du pardon descendra du ciel, comme une pluie bienfaisante sur une terre stérile et desséchée, et cette terre donnera une abondante moisson. Que le pécheur néanmoins écoute la prophétie tout entière. L’homme est-il maître d’accepter ou de refuser cette parole qui vient d’en haut ? Peut-il la laisser tomber aujourd’hui, dans la pensée que peut-être il la recueillera plus tard, à la fin de sa vie ? Non ; Dieu nous dit par son Prophète : « Cherchez le Seigneur, pendant qu’on peut le trouver : invoquez-le pendant qu’il est proche. » Nous ne pouvons donc pas toujours à volonté trouver le Seigneur ; il n’est donc pas toujours aussi proche de nous. Prenons garde, il a ses moments ; l’heure des miséricordes a sonné ; celle des justices la suivra. « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite », criait Jonas dans les rues de cette superbe cité. Ninive ne laissa point passer les quarante jours sans revenir au Seigneur, sans l’apaiser dans le jeûne, sous la cendre et le cilice : et Dieu pardonna à Ninive. Entrons dans les sentiments de cette ville coupable et repentante ; ne défions pas la justice divine en refusant la pénitence, ou en l’accomplissant d’une manière imparfaite. Le Carême que nous célébrons est peut-être le dernier que la bonté divine nous préparait ; s’il ne nous convertissait pas, qui sait si le Seigneur reviendrait ? Méditons ces paroles de l’Apôtre qui se rapportent à celles d’Isaïe : « La terre qui se pénètre de la pluie dont elle est arrosée, et qui produit la verdure qu’en attend le cultivateur, est une terre bénie de Dieu ; celle qui ne produit que des ronces et des épines est réprouvée ; la malédiction est près d’elle, « et sa fin sera d’être dévorée par le feu]. »

ÉVANGILE.

Notre pieuse Quarantaine est à peine à son début, et avant qu’elle soit terminée nous aurons assisté au supplice du Juste. Voici déjà ses implacables ennemis qui se dressent devant lui. En vain, leurs yeux viennent d’être témoins de ses prodiges : l’envie et l’orgueil qui dessèchent leur cœur n’ont rien voulu comprendre. Ces infidèles gardiens de la maison de Dieu sont demeures muets quand tout à l’heure ils ont vu Jésus faire acte d’autorité dans le temple ; un étonnement mêlé de terreur les a saisis. Ils n’ont pas même réclamé quand il a appelé le temple sa maison : tant ils éprouvaient l’ascendant de sa vertu, tant ils redoutaient son pouvoir surhumain. Maintenant, ils ont repris leur audace : la voix des enfants qui crient encore Hosannah frappe leur oreille, et ils s’indignent. Ils osent se plaindre de cet innocent hommage rendu au fils de David qui passe en faisant le bien. Ces docteurs de la Loi, aveuglés par la passion, ne savent même plus reconnaître les prophéties, ni en découvrir l’accomplissement. C’est l’application de l’oracle d’Isaïe que nous venons de lire. Pour n’avoir pas cherché le Seigneur quand il était près d’eux, ils ne peuvent plus le reconnaître, lors même qu’ils lui parlent. Les enfants le sentent et le bénissent ; les sages d’Israël ne voient en lui qu’un ennemi de Dieu, un blasphémateur. Nous, du moins, profitons de la visite de Jésus, afin qu’il ne nous quitte pas, comme il quitta ces faux sages. Il se relira d’auprès d’eux, et, laissant la ville, il retourna à Béthanie qui était proche de Jérusalem. C’est là qu’habitait Lazare, avec ses deux sœurs Marthe et Marie-Madeleine ; là aussi qu’était retirée Marie, Mère de Jésus, dans l’attente du terrible événement qui bientôt devait s’accomplir. Saint Jérôme remarque que le mot Béthanie signifie Maison d’obéissance : ce qui nous apprend que le Sauveur s’éloigne des cœurs rebelles à sa grâce, et qu’il aime à se reposer dans les cœurs obéissants]. Acceptons la leçon tout entière, et dans ces jours de salut, montrons, par notre obéissance à l’Église et par notre soumission au guide de notre conscience, que nous avons enfin reconnu qu’il n’y a pour nous de salut que dans l’humiliation de l’orgueil et dans la simplicité du cœur.

 

 

 

 

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Lundi de la 1ère semaine de Carême mémoire de Saint Gabriel de la Vierge des Douleurs confesseur

27 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Lundi de la 1ère semaine de Carême mémoire de Saint Gabriel de la Vierge des Douleurs confesseur

Collecte

Convertissez-nous, ô Dieu, notre Sauveur ; et, afin que le jeûne du Carême nous soit utile, instruisez nos âmes au moyen de célestes enseignements.

Lecture Ez. 34, 11-16

Ainsi parle le Seigneur Dieu : Me voici ; je veux moi-même prendre souci de mes brebis, et je les passerai en revue. Comme un pasteur passe en revue son troupeau, au jour où il se trouve au milieu de ses brebis éparses, ainsi je passerai en revue mes brebis, et je les retirerai de tous les lieux où elles ont été dispersées, en un jour de nuages et de ténèbres. Je les ferai sortir du milieu des peuples, et je les rassemblerai des divers pays ; je les ramènerai sur leur sol, et je les ferai paître sur les montagnes d’Israël, dans les vallées et dans tous les lieux habités du pays. Je les ferai paître dans de bons pâturages, et leur bercail sera sur les hautes montagnes d’Israël ; là elles reposeront dans un bon bercail, et elles paîtront dans un gras pâturage, sur les montagnes d’Israël. Moi je paîtrai mes brebis, moi, je les ferai reposer, dit le Seigneur Dieu. Je chercherai celle qui était perdue, je ramènerai celle qui était égarée, je panserai celle qui est blessée, et je fortifierai celle qui est malade ; celle qui est grasse et celle qui est forte, je la garderai ; je les paîtrai avec justice.

Évangile Mt. 25, 31-46

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, il s’assiéra alors sur son trône de gloire, et toutes les nations seront rassemblées devant lui, et il séparera les uns d’avec les autres, comme le pasteur sépare les brebis d’avec les boucs, et il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : "Venez, les bénis de mon Père : prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la création du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; nu, et vous m’avez vêtu ; j’ai été malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus à moi." Alors les justes lui répondront : "Seigneur, quand vous avons-nous vu avoir faim, et vous avons-nous donné à manger ; avoir soif, et vous avons-nous donné à boire ? Quand vous avons-nous vu étranger, et vous avons-nous recueilli ; nu, et vous avons-nous vêtu ? Quand vous avons-nous vu malade ou en prison, et sommes-nous venus à vous ?" Et le Roi leur répondra : "En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait." Alors il dira aussi à ceux qui seront à sa gauche : "Allez-vous-en loin de moi, les maudits, au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ; nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité." Alors eux aussi lui répondront : "Seigneur, quand vous avons-nous vu avoir faim, ou avoir soif, ou étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne vous avons-nous pas assisté ?" Alors il leur répondra : "En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait." Et ceux-ci s’en iront au supplice éternel, et les justes à la vie éternelle.

Office

1ère leçon

Homélie de saint Augustin, évêque

Si l’on peut, sans garder les commandements, parvenir à la vie, par la seule foi qui « sans les œuvres est morte »], comment alors le Seigneur dira-t-il avec vérité à ceux qu’il placera à sa gauche : « Allez-vous-en dans le feu éternel préparé pour Satan et ses anges » ? Il ne leur reproche pas de n’avoir pas cru en lui mais de n’avoir pas accompli de bonnes œuvres. Car de peur que l’on se promette la vie éternelle par la foi qui sans les œuvres est morte, il a dit qu’il séparerait toutes les nations qui paissent mêlées dans les mêmes pâturages. De la sorte, il sera manifeste que ceux qui alors lui diront : « Seigneur quand est-ce que nous t’avons vu souffrir en tel ou tel cas et que nous ne t’avons pas servi ? » seront ceux-là mêmes qui, tout en croyant en lui, ne se sont guère souciés d’accomplir des bonnes œuvres, comme si l’on pouvait, par une foi morte, parvenir à la vie éternelle !

2e leçon

Dirons-nous de ceux qui n’ont pas pratiqué les œuvres de miséricorde qu’ils iront au feu éternel, tandis que là n’iraient pas ceux qui ont volé le bien d’autrui, ou bien ceux qui ont profané en eux le temple de Dieu et ont été ainsi sans miséricorde envers eux-mêmes ? Comme si les œuvres de miséricorde pouvaient avoir quelque utilité sans l’amour ! L’Apôtre le dit : « Quand je distribuerais tous mes biens pour nourrir les pauvres, si je n’ai pas la charité, je n’y gagne rien. » Ou bien pourrait-il aimer son prochain comme lui-même, celui qui ne s’aime pas lui-même ! Oui, « qui aime l’iniquité déteste son âme ».

3e leçon

Et qu’ici nul ne dise, comme le font quelques-uns qui s’illusionnent eux-mêmes, que si le feu est dit éternel, le châtiment, lui, ne l’est pas ! Voici leur pensée : ceux auxquels ils promettent le salut comme à travers le feu, passeront certes par ce feu éternel en châtiment de leur foi morte. Mais tout éternel que soit ce feu, leur brûlure à eux, c’est-à-dire l’action du feu, ne sera pas éternelle pour eux. Le Seigneur, en tant qu’il est Seigneur, prévoyait cette objection même aussi donne-t-il à sa sentence ces mots comme conclusion : « Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »] Elle sera donc éternelle, comme le feu, la brûlure et là s’en iront, dit la Vérité, tous ceux dont elle a montré clairement que leur manquaient, non la foi, mais les bonnes œuvres.

Chacune des féries du Carême a sa Messe propre, au lieu que, dans les féries de l’Avent, on répète simplement la Messe du Dimanche précèdent. Cette richesse de la Liturgie dans la sainte Quarantaine nous aide puissamment à entrer dans la pensée de l’Église, en multipliant l’expression des sentiments qu’elle veut nous inspirer. Nous extrairons de chacune de ces Messes fériales la Collecte, qui est toujours la prière la plus solennelle, l’Épître, l’Évangile et l’Oraison qui se dit sur le peuple à la fin de la Messe. Cet ensemble renferme la plus solide instruction, et nous fait passer en revue tout ce que les saintes Écritures contiennent de plus substantiel et de plus convenable au temps où nous sommes.

A Rome, la Station est aujourd’hui dans l’Église de Saint-Pierre-aux-Liens. Bâtie au Ve siècle par l’impératrice Eudoxie, femme de Valentinien III, elle garde avec honneur les chaînes du Prince des Apôtres. Nous aurons occasion de parler encore de cette Basilique au 1er août, lorsque le Cycle nous ramènera la fête de saint Pierre délivré de prison.

LEÇON.

Le Seigneur nous apparaît ici sous les traits d’un Pasteur plein de tendresse pour ses brebis : c’est en effet ce qu’il est pour les hommes, en ces jours de miséricorde et de pardon. Une partie de son troupeau s’était égarée et dispersée, au milieu des ténèbres de ce monde ; mais Jésus n’a point oublié ses brebis. Il s’est mis en marche pour les aller chercher et les réunir. Il n’est point de désert si écarté, point de montagne si abrupte, point de hallier si épineux, qu’il ne visite pour les retrouver. Il fait entendre à toutes sa voix par celle de la sainte Église qui les convie au retour ; et dans la crainte qu’elles ne se troublent à cause de leurs égarements, et qu’elles ne soient inquiètes de reparaître devant lui, il daigne les rassurer. Qu’elles reviennent seulement, qu’elles se laissent trouver ; et les plus doux pâturages sont pour elles, au bord des eaux, sur l’herbe la plus verdoyante, sur des montagnes pleines de délices. Elles sont blessées, le divin Pasteur bandera leurs plaies ; elles sont faibles, il les rendra fortes. Il les réunira aux brebis fidèles qui ne l’avaient pas quitté, et il demeurera toujours avec elles. Que le pécheur se laisse donc enfin fléchir à la vue de tant de bonté, et qu’il ne craigne plus les efforts qu’il lui faut faire pour se rapprocher du Seigneur son Dieu. Le retour lui semble pénible, l’expiation effraie sa faiblesse ; qu’il se rappelle les jours où il habitait dans la sécurité du bercail, sous l’œil du plus tendre Pasteur ; ces jours peuvent renaître pour lui. La porte de la bergerie est ouverte ; de nombreuses brebis, naguère égarées, s’y précipitent remplies de joie et de confiance ; qu’il les suive, et qu’il se rappelle « qu’il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui fait pénitence, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence] ».

ÉVANGILE.

Tout à l’heure, un Prophète de l’Ancien Testament nous invitait de la part de Dieu à répondre aux avances du Pasteur de nos âmes ; le Seigneur épuisait tous les moyens de sa tendresse pour faire naitre dans le cœur de ses brebis égarées le désir de se rallier autour de lui ; et voici que la sainte Église, le même jour où elle nous a montre ce grand Dieu sous les traits d’un Pasteur si compatissant, nous le découvre sous l’aspect terrible d’un juge que rien ne saurait fléchir. Comment le caractère si débonnaire de notre Sauveur, du charitable médecin de nos âmes, s’est-il ainsi transformé ? « Retirez-vous de moi, maudits ; allez au feu éternel ! » et c’est dans l’Évangile même, dans le code de la loi de l’amour, que l’Église a trouvé ce formidable récit. Cependant, pécheur, ne vous y trompez pas ; lisez attentivement, et vous reconnaîtrez avec épouvante en celui qui prononce cet affreux anathème, le même Dieu dont le Prophète vous a décrit la miséricorde, la patience, le zèle pour toutes ses brebis. Sur son tribunal, il porte encore les traits d’un Pasteur : voyez, il sépare les brebis des boucs ; il place les unes à sa droite, les autres à sa gauche ; c’est toujours d’un troupeau qu’il s’agit. Le Fils de Dieu veut remplir la charge de berger jusqu’au dernier jour. Mais les conditions sont changées ; il n’y a plus de temps, l’éternité ouvre ses profondeurs ; le règne de la justice commence : justice qui accorde aux amis de Dieu la récompense promise ; justice qui précipite le pécheur impénitent dans l’abîme sans fond. Il serait trop tard alors de songer à la pénitence ; elle n’a lieu que dans le temps, et le temps n’est plus. Comment le chrétien qui sait que nous devons tous nous trouver réunis au pied de ce tribunal, hésite-t-il à se rendre aux invitations de l’Église qui le presse de satisfaire pour ses péchés ? Comment dispute-t-il à Dieu la faible expiation dont sa miséricorde veut bien encore se contenter aujourd’hui ? En vérité, l’homme est à lui-même son plus cruel ennemi, lorsqu’il écoute avec insensibilité cette parole de son Sauveur présent, de son Juge à venir : « Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous] ».

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Ier Dimanche de Carême

26 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Ier Dimanche de Carême

Introït

Il m’invoquera et je l’exaucerai ; je le sauverai et je le glorifierai, je le comblerai de jours. Celui qui habite sous l’assistance du Très-Haut demeurera sous la protection du Dieu du ciel.

Collecte

O Dieu, qui purifiez chaque année votre Église par l’observation du Carême, faites que votre famille poursuive par ses bonnes œuvres le bien qu’elle s’efforce d’obtenir au moyen de l’abstinence.

Épitre 2 Cor. 6, 1-10

Mes Frères : nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain. Car il dit : "Au temps favorable, je t’ai exaucé, au jour du salut je t’ai porté secours." Voici maintenant le temps favorable, voici le jour du salut. Nous ne donnons aucun sujet de scandale en quoi que ce soit, afin que notre ministère ne soit pas un objet de blâme. Mais nous nous rendons recommandables de toutes choses, comme des ministres de Dieu, par une grande constance, dans les tribulations, dans les nécessités, dans les détresses, sous les coups, dans les prisons, au travers des émeutes, dans les travaux, les veilles, les jeûnes ; par la pureté, par la science, par la longanimité, par la bonté, par l’Esprit-Saint, par une charité sincère, par la parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes offensives et défensives de la justice ; parmi l’honneur et l’ignominie, parmi la mauvaise et la bonne réputation ; traités d’imposteurs, et pourtant véridiques ; d’inconnus, et pourtant bien connus ; regardés comme mourants, et voici que nous vivons ; comme châtiés, et nous ne sommes pas mis à mort ; comme attristés, nous qui sommes toujours joyeux ; comme pauvres, nous qui en enrichissons un grand nombre ; comme n’ayant rien, nous qui possédons tout.

Évangile Mt. 4, 1-11

En ce temps-là : Jésus fut conduit par l’Esprit dans le désert pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Et le tentateur, s’approchant, lui dit : "Si vous êtes fils de Dieu, dites que ces pierres deviennent des pains." Il lui répondit : "Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu."

Alors le diable l’emmena dans la ville sainte, et, l’ayant posé sur le pinacle du temple, il lui dit : "Si vous êtes fils de Dieu, jetez-vous en bas ; car il est écrit : Il donnera pour vous des ordres à ses anges, et ils vous prendront sur leurs mains, de peur que votre pied ne heurte contre une pierre." Jésus lui dit : "Il est écrit aussi : Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu."

Le diable, de nouveau, l’emmena sur une montagne très élevée, et lui montrant tous les royaumes du monde, avec leur gloire, il lui dit : "Je vous donnerai tout cela, si, tombant à mes pieds, vous vous prosternez devant moi". Alors Jésus lui dit : "Retire-toi, Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul." Alors le diable le laissa, et voilà que des anges s’approchèrent pour le servir.

 

Secrète

Nous vous immolons solennellement, Seigneur, ce sacrifice, au début de la sainte Quarantaine en vous demandant instamment de nous accorder qu’en restreignant les repas et l’usage de la viande, nous supprimions de même aussi les plaisirs nuisibles.

Communion

Le Seigneur te mettra à l’ombre sous ses épaules et sous ses ailes tu seras plein d’espoir. Sa vérité t’environnera comme un bouclier.

Office

2e Nocturne

4e leçon

Sermon de saint Léon, pape

Pour vous prêcher, frères très aimés, le jeûne le plus sacré et le plus solennel, pourrais-je trouver exorde mieux adapté que les mots de l’Apôtre en qui le Christ lui-même parlait ? Je commence donc par vous redire ce qui vient d’être lu : « C’est maintenant le temps vraiment favorable, c’est maintenant le jour du salut. » Sans doute, il n’est aucun temps qui ne soit plein des dons divins et toujours par sa propre grâce nous est offert l’accès à la miséricorde de Dieu ; maintenant cependant il convient que tous les esprits portés avec plus d’ardeur au progrès spirituel soient animés d’une confiance plus assurée, alors que le retour du jour de notre Rédemption nous invite à tous les devoirs de la miséricorde. Ainsi, le corps et l’âme purifiés, nous célébrerons le mystère, qui l’emporte sur tous les autres, de la Passion du Seigneur.

5e leçon

De tels mystères certes exigeraient une dévotion sans défaillance et une révérence sans relâche en sorte que nous demeurions sous le regard de Dieu, tels qu’il convient de nous trouver en la fête même de Pâques. Mais cette force d’âme n’est l’apanage que d’un petit nombre ! Une observance plus austère se relâche par suite de la fragilité de la chair, tandis que le zèle se détend sous l’effet des activités diverses de cette vie, il est inévitable que les cœurs même religieux se ternissent de la poussière du monde. Aussi la Providence divine a-t-elle ménagé une institution salutaire afin qu’un entraînement de quarante jours nous procure un remède pour restaurer la pureté de nos âmes. Pendant ces jours, les fautes des autres temps sont rachetées par les œuvres de miséricorde et consumées par des jeûnes rigoureux.

6e leçon

Nous allons donc, mes chers frères, aborder ces jours mystiques et consacrés à la purification des âmes ainsi qu’aux jeûnes salutaires. Veillons à observer les préceptes de l’Apôtre, « purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit. » Alors, après répression des conflits qui opposent l’un à l’autre ces deux éléments, l’âme qui, placée sous la conduite de Dieu, doit à son tour diriger le corps, obtiendra la dignité de son empire. Désormais, nous ne donnerons à personne aucune occasion de chute, pour que nous ne soyons plus exposés aux reproches des contradicteurs. En effet, c’est à bon droit que les infidèles nous adresseront des critiques et c’est dans nos vices mêmes que les langues impies trouveront des armes pour nuire à la religion si la manière de vivre de ceux qui jeûnent est en désaccord avec la pureté d’une parfaite abstinence. Ce n’est pas en effet dans la seule abstention de nourriture que réside le tout de notre jeûne et il n’y a aucun profit à soustraire la nourriture au corps si l’âme ne se détourne de l’injustice.

3e Nocturne

7e leçon

Homélie de saint Grégoire, pape

Plus loin il est dit : « Le diable l’emmène dans la Ville Sainte » ; et encore, « Il l’emmène sur une montagne très haute. » Ceci porte habituellement certains à se demander par quel esprit Jésus fut conduit au désert. Mais nous devons croire comme assuré, et hors de question, qu’il fut conduit au désert par le Saint-Esprit. Ainsi son Esprit l’a conduit là où l’esprit malin le trouvera pour le mettre à l’épreuve. Mais, quand il est dit que l’Homme-Dieu fut emmené par le diable sur une haute montagne ou dans la Ville Sainte, voilà que l’âme se refuse à le croire ; les oreilles humaines ont horreur de l’entendre. Or, si nous réfléchissons à d’autres faits le concernant, nous verrons que ceux-ci ne sont pas incroyables.

8e leçon

Il n’y a pas de doute. Le diable est la tête de tous les méchants. Et tous les méchants sont les membres de cette tête. Ou bien Pilate, ne fut-il pas membre du diable ? Ou bien ne furent-ils pas membres du diable les Juifs qui ont fait condamner le Christ, et les soldats qui l’ont crucifié ? Alors, pourquoi s’étonner s’il se laisse emmener sur la montagne par celui dont les membres ont pu le crucifier ? Il n’est donc pas indigne de notre Rédempteur d’avoir voulu être tenté, lui qui était venu se faire tuer. Il était même juste qu’ainsi, par ses tentations, il surmontât nos tentations, tout comme il était venu par sa mort vaincre notre mort.

9e leçon

Cependant il nous faut savoir que la tentation comporte trois moments : la suggestion, la complaisance, et le consentement. Nous, quand nous sommes tentés nous glissons le plus souvent dans la complaisance, ou même dans le consentement, parce que, engendrés du péché charnel, nous portons aussi en nous-mêmes la source de la lutte subie. Mais Dieu, incarné dans un sein virginal était venu sans aucun péché dans le monde ; il n’admettait en lui aucune opposition. Il a donc pu être tenté par suggestion. Mais la complaisance du péché n’a pas mordu son âme. Ainsi donc, toute cette tentation diabolique fut au-dehors, nullement au-dedans.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

ÉPÎTRE.

Ce passage de l’Apôtre nous montre la vie chrétienne sous un aspect bien différent de celui sous lequel l’envisage ordinairement notre mollesse.

Pour en éviter la portée, nous serions aisément disposés à penser que de tels conseils convenaient au premier âge de l’Église, où les fidèles, sans cesse exposés à la persécution et à la mort, avaient besoin d’un degré particulier de renoncement et d’héroïsme. Cependant ce serait une grande illusion de croire que tous les combats du chrétien sont finis. Reste toujours la lutte avec les démons, avec le monde, avec la chair et le sang ; et c’est pour cela que l’Église nous envoie au désert avec Jésus-Christ pour y apprendre à combattre. C’est là que nous comprendrons que la vie de l’homme sur la terre est une milice, et que si nous ne luttons pas courageusement et toujours, cette vie que nous voudrions passer dans le repos finira par notre défaite. C’est pour nous faire éviter ce malheur que l’Église nous dit aujourd’hui, par l’organe de l’Apôtre : « Voici maintenant le temps favorable ; voici maintenant les jours du salut. » Agissons donc en toutes choses « comme des serviteurs de Dieu » ; et tenons ferme jusqu’à la fin de cette sainte carrière. Dieu veille sur nous, comme il a veillé sur son Fils au désert.

ÉVANGILE.

Admirons l’ineffable bonté du Fils de Dieu qui, non content d’expier par la croix tous nos pèches, a daigné, pour nous encourager à la pénitence, s’imposer un jeûne de quarante jours et de quarante nuits. Il n’a pas voulu que la justice de son Père pût exiger de nous un sacrifice qu’il n’eût offert lui-même le premier en sa personne, et toujours avec des circonstances mille fois plus rigoureuses que celles qui peuvent se rencontrer en nous. Que sont nos œuvres de pénitence, si souvent encore disputées à la justice de Dieu par notre lâcheté, si nous les comparons à la rigueur de ce jeûne du Sauveur sur la montagne ? Chercherons-nous encore à nous dispenser de ces légères satisfactions dont le Seigneur daigne se contenter, et qui sont si loin de ce qu’ont mérite nos fautes ? Au lieu de plaindre une légère incommodité, une fatigue de quelques jours, compatissons plutôt à ce tourment de la faim qu’éprouve notre Rédempteur innocent, durant ces longs jours et ces longues nuits du désert.

La prière, le dévouement pour nous, la pensée des justices de son Père le soutiennent dans ses défaillances ; mais, à l’expiration de la quarantaine, la nature humaine est aux abois. C’est alors que la tentation vient l’assaillir ; mais il en triomphe avec un calme et une fermeté qui doivent nous servir d’exemple. Quelle audace chez Satan d’oser approcher du Juste par excellence ! Mais aussi quelle patience en Jésus ! Il daigne souffrir que le monstre de l’abîme mette la main sur lui, qu’il le transporte par les airs d’un lieu à un autre. L’âme chrétienne est souvent exposée à de cruelles insultes de la part de son ennemi ; quelquefois même, elle serait tentée de se plaindre à Dieu de l’humiliation qu’elle souffre. Qu’elle songe alors à Jésus, le Saint des Saints, donné, pour ainsi dire, en proie à l’esprit du mal. Il n’en est pas moins le Fils de Dieu, le vainqueur de l’enfer ; et Satan n’aura recueilli qu’une honteuse défaite. De même, l’âme chrétienne, sous l’effort de la tentation, si elle résiste de toute son énergie, n’en reste pas moins l’objet des plus tendres complaisances de Dieu, à la honte et au châtiment éternel de Satan.

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Samedi après les Cendres

25 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Samedi après les Cendres

Collecte

Écoutez favorablement, Seigneur, nos supplications et accordez-nous de célébrer avec soumission et dévotion ce jeûne solennel qui a été salutairement institué pour la guérison de nos âmes et de nos corps.

Lecture Is. 58, 9-14

Ainsi parle le Seigneur Dieu : Si tu bannis du milieu de toi le joug, le geste menaçant, les discours injurieux ; si tu donnes la nourriture à l’affamé, et si tu rassasies l’âme affligée ; Ta lumière se lèvera au sein de l’obscurité, et tes ténèbres brilleront comme le midi. Et le Seigneur te guidera perpétuellement, il rassasiera ton âme dans les lieux arides. Il donnera de la vigueur à tes os ; tu seras comme un jardin bien arrosé, comme une source d’eau vive, qui ne tarit jamais. Tes enfants rebâtiront tes ruines antiques ; tu relèveras des fondements posés aux anciens âges ; on t’appellera le réparateur des brèches, le restaurateur des chemins, pour rendre le pays habitable. Si tu t’abstiens de fouler aux pieds le sabbat, en t’occupant de tes affaires en mon saint jour, et que tu appelles le sabbat les délices, vénérable le saint jour du Seigneur, et que tu l’honores en ne poursuivant point tes voies, en ne te livrant pas à tes affaires et à de vains discours ; Alors tu trouveras tes délices dans le Seigneur, et je te transporterai comme en triomphe sur les hauteurs du pays, et je te ferai jouir de l’héritage de Jacob, ton père ; car la bouche de Seigneur a parlé.

Évangile Mc. 6, 47-56

En ce temps-là, Le soir étant venu, la barque était au milieu de la mer, et Jésus seul à terre. Voyant ses disciples qui avaient beaucoup de peine à avancer, car le vent leur était contraire, vers la quatrième veille de la nuit, il vint vers eux en marchant sur la mer ; et il voulait les devancer. Mais eux, le voyant marcher sur la mer, crurent que c’était un fantôme et poussèrent des cris. Tous en effet le virent et ils furent troublés. Aussitôt il parla avec eux et leur dit : "Prenez confiance, c’est moi, ne craignez point." Et il monta auprès d’eux dans la barque, et le vent tomba. Ils étaient intérieurement au comble de la stupéfaction, car ils n’avaient pas compris pour les pains, et leur cœur était aveuglé. Ayant traversé, ils abordèrent à Génésareth et accostèrent. Quand ils furent sortis de la barque, (des gens) l’ayant aussitôt reconnu, parcoururent toute cette contrée, et l’on se mit à apporter les malades sur les grabats, partout où l’on apprenait qu’il était. Et partout où il entrait, bourgs, ou villes, ou fermes, on mettait les malades sur les places, et on le priait de leur laisser seulement toucher la houppe de son manteau ; et tous ceux qui pouvaient toucher étaient guéris.

Office

1ère leçon

Le labeur des disciples qui ramaient, et le vent qui leur était contraire signifient les divers labeurs de la sainte Église qui, parmi les flots d’un monde hostile et le souffle d’esprits impurs, s’efforce de parvenir au repos de la patrie céleste comme à l’ancrage sûr du rivage. Il est donc bien de dire que la barque était au milieu de la mer alors que lui se trouvait seul, à terre ; car maintes fois l’Église a été non seulement affligée mais aussi souillée par tant d’attaques des païens qu’elle semblerait complètement abandonnée pour un temps par son Rédempteur lui-même, si c’était possible.

2e leçon

C’est pourquoi la voix de celle qui est prise parmi les flots et les rafales des tentations houleuses, cherche secours et protection par ce cri angoissé : « Pourquoi Seigneur, restes-tu loin, te caches-tu aux temps de détresse ? » De même, elle rapporte le propos de l’ennemi harcelant, lorsqu’elle enchaîne la suite du psaume : « Il dit en son cœur : Dieu oublie, il se couvre la face pour ne pas voir jusqu’à la fin. »

3e leçon

Mais Dieu n’oublie pas le cri des malheureux ; il ne cache pas sa face à ceux qui espèrent en lui. Bien plus, il aide ceux qui sont aux prises avec l’ennemi pour qu’ils triomphent ; et les vainqueurs, il les couronne pour l’éternité. Aussi est-il dit bien à propos ici : « Il les voyait qui ramaient avec peine. » Oui, le Seigneur voit les siens peinant en mer, alors que lui cependant se trouve à terre. Car, même s’il semble différer un moment de venir en aide aux éprouvés, il les fortifie néanmoins par un regard de sa bonté de peur qu’ils ne défaillent dans les épreuves. Et parfois aussi, par un secours manifeste, il délivre des adversités qu’il dompte comme s’il marchait sur les tourbillons des vagues et les apaisait.

La Station de ce jour est, selon qu’il est marqué au Missel, dans l’Église de Saint-Tryphon, Martyr ; mais cette Église ayant été détruite, il y a plusieurs siècles, la Station a lieu présentement dans celle de Saint-Augustin, bâtie tout près de remplacement où fut l’Église de Saint-Tryphon.

Le Samedi est un jour plein de mystères : c’est le jour du repos de Dieu ; c’est le symbole de la paix éternelle que nous goûterons au ciel après les labeurs de cette vie. L’Église aujourd’hui, en nous faisant lire ce passage d’Isaïe, veut nous apprendre à quelles conditions il nous sera donné de prendre part au Sabbat de l’éternité. Nous sommes à peine entrés dans la carrière de la pénitence que cette Mère tendre vient à nous, pleine de paroles consolatrices. Si nous remplissons de bonnes œuvres cette sainte Quarantaine durant laquelle sont suspendues les préoccupations du monde, la lumière de la grâce se lèvera du milieu même des ténèbres de notre âme. Cette âme trop longtemps obscurcie par le péché et par l’amour du monde et de nous-mêmes, deviendra éclatante comme les splendeurs du midi, la gloire du Christ ressuscité sera la nôtre ; et si nous sommes fidèles, la Pâque du temps nous introduira à la Pâque de l’éternité. Édifions donc ce qui en nous était désert, relevons les fondements, réparons les brèches ; retenons notre pied pour ne pas violer les saintes observances ; ne suivons plus nos voies, ne recherchons plus nos volontés, contrairement à celles du Seigneur ; et il nous donnera un repos qui n’aura pas de fin, et il remplira notre âme de ses propres splendeurs.

La barque de la sainte Église est lancée sur la mer ; la traversée durera quarante jours. Les disciples du Christ rament à l’encontre du vent, et déjà l’inquiétude s’empare d’eux ; ils craignent de ne pas arriver au port. Mais Jésus vient à eux sur les flots ; il monte avec eux dans la barque ; leur navigation sera désormais heureuse. Les anciens interprètes de la Liturgie nous expliquent ainsi l’intention de l’Église dans le choix de ce passage du saint Évangile pour aujourd’hui. Quarante jours de pénitence sont bien peu de chose pour toute une vie qui n’a pas appartenu à Dieu ; mais quarante jours de pénitence pèseraient à notre lâcheté, si le Sauveur lui-même ne venait les passer avec nous. Rassurons-nous : c’est lui-même. Durant cette période salutaire, il prie avec nous, il jeûne avec nous, il exerce avec nous les œuvres de la miséricorde. N’a-t-il pas inauguré lui-même la Quarantaine des expiations ? Considérons-le, et prenons courage. Si nous sentons encore de la faiblesse, approchons de lui, comme ces malades dont il vient de nous être parlé. Le contact de ses vêtements suffisait à rendre la santé à ceux qui l’avaient perdue ; allons à lui dans son Sacrement, et la vie divine dont le germe est déjà en nous se développera de plus en plus, et l’énergie qui commençait à faiblir en nos cœurs se relèvera toujours croissante.

Terminons cette journée du Samedi par un hommage à Marie, avocate des pécheurs ; et pour exprimer notre confiance envers elle, présentons-lui cette Prose naïve et touchante que l’on trouve dans des Missels allemands du XIVe siècle.

SÉQUENCE.
A vous, ô Vierge sacrée, nous offrirons des prières, sur l’autel de notre cœur.
Nos vœux sont une victime indigne d’être offerte à votre Fils ; il l’agréera présentée par vous.
A celui qui fut immolé pour les péchés, daignez offrir en sacrifice la prière des pécheurs.
Par vous le coupable retourne à Dieu ; par vous Dieu s’est rapproché du coupable ; en vous ils se sont réunis.
Ne repoussez pas les pécheurs ; sans eux vous n’eussiez point connu l’honneur d’être la Mère d’un tel Fils.
S’il n’y eût pas eu de pécheurs à racheter, la Mère d’un Rédempteur n’eût point été nécessaire.
Votre séance n’eût pas été près du trône du Père céleste, si vous n’eussiez enfanté un Fils qui partage les honneurs d’un tel Père.
O Vierge, ô Vierge élevée si haut à cause de nous, prenez nos vœux et portez-les devant le souverain Seigneur.
Amen.

 

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Saint Mathias apôtre mémoire de la férie

24 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Mathias apôtre mémoire de la férie

Collecte

Ô Dieu, qui avez associé le bienheureux Mathias au collège de vos Apôtres, accordez-nous, s’il vous plaît, que, par son intercession, nous ressentions toujours les effets : de vôtre miséricorde à notre égard.

Office

Au premier nocturne.

Des Actes des Apôtres. Cap. 1, 15-26.

Première leçon. En ces jours-là, Pierre se levant au milieu des frères (or le nombre des hommes réunis était d’environ cent vingt), dit : Mes frères, il faut que s’accomplisse ce qu’a écrit et prédit l’Esprit-Saint par la bouche de David, touchant Judas, qui a été le guide de ceux qui ont pris Jésus : qui était compté parmi nous, et avait reçu sa part au même ministère. Et il a acquis un champ du salaire de l’iniquité, et s’étant pendu, il a crevé par le milieu, et toutes ses entrailles se sont répandues.

Deuxième leçon. Et cela a été connu de tous les habitants de Jérusalem, en sorte que ce champ a été appelé en leur langue, Haceldama, c’est-à-dire champ du sang. Car il est écrit au livre 1 des Psaumes : « Que leur demeure devienne déserte, et qu’il n’y ait personne qui l’habite, et que son épiscopat, un autre le reçoive. » Il faut donc que de ceux qui se sont unis à nous pendant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, à commencer du baptême de Jean, jusqu’au jour où il a été enlevé d’au milieu de nous, il y en ait un qui devienne témoin avec nous de sa résurrection.

Troisième leçon. Et ils en présentèrent deux, Joseph, qui s’appelait Barsabas, et qui a été surnommé le Juste, et Mathias. Et, priant, ils dirent : Vous, Seigneur, qui connaissez les cœurs de tous, montrez lequel vous avez choisi, de ces deux, afin de prendre place dans ce ministère et cet apostolat, dans lequel Judas a prévariqué pour s’en aller en son lieu. Et ils leur distribuèrent les sorts, elle sort tomba sur Mathias, et il fut associé aux onze Apôtres.

Un apôtre de Jésus-Christ, Saint Matthias, vient compléter par sa présence le chœur des Bienheureux que l’Église nous invite à honorer en cette saison liturgique. Mathias s’attacha de bonne heure à la suite du Sauveur, et fut témoin de toutes ses œuvres jusqu’à l’Ascension. Il était du nombre des Disciples ; mais le Christ ne l’avait point établi au rang de ses Apôtres. Cependant il était appelé à cette gloire ; car c’était lui que David avait en vue, lorsqu’il prophétisa qu’un autre recevrait l’Épiscopat laissé vacant par la prévarication du traître Judas. Dans l’intervalle qui s’écoula entre l’Ascension de Jésus et la descente de l’Esprit-Saint, le Collège Apostolique dut songer à se compléter, afin que le nombre duodénaire fixé par le Christ se trouvât rempli, au jour où l’Église enivrée de l’Esprit-Saint se déclarerait en face de la Synagogue. Le nouvel Apôtre eut part à toutes les tribulations de ses frères dans Jérusalem ; et, quand le moment de la dispersion des envoyés du Christ fut arrivé, il se dirigea vers les provinces qui lui avaient été données à évangéliser. D’anciennes traditions portent que la Cappadoce et les côtes de la mer Caspienne lui échurent en partage.

Les actions de saint Mathias, ses travaux et ses épreuves sont demeurés inconnus : et c’est pour cette raison que la Liturgie ne donne point, comme pour les autres Apôtres, l’abrégé historique de sa vie dans les Offices divins. Quelques traits de la doctrine du saint Apôtre ont été conservés dans les écrits de Clément d’Alexandrie ; on y trouve une sentence que nous nous ferons un devoir de citer ici, parce qu’elle est en rapport avec les sentiments que l’Église veut nous inspirer en ce saint temps. « Il faut, disait saint Mathias, combattre la chair et se servir d’elle sans la flatter par de coupables satisfactions ; quant à l’âme, nous devons la développer par la foi et par l’intelligence. » En effet, l’équilibre ayant été rompu dans l’homme par le péché, et l’homme extérieur ayant toutes ses tendances en bas, nous ne pouvons rétablir en nous l’image de Dieu qu’en contraignant le corps à subir violemment le joug de l’esprit. Blessé à sa manière par la faute originelle, l’esprit lui-même est entraîné par une pente malheureuse vers les ténèbres. La foi seule l’en fait sortir en l’humiliant, et l’intelligence est la récompense de la foi. C’est en résumé toute la doctrine que l’Église s’attache à nous faire comprendre et pratiquer dans ces jours. Glorifions le saint Apôtre qui vient nous éclairer et nous fortifier. Les mêmes traditions qui nous fournissent quelque lumière sur la carrière apostolique de saint Mathias, nous apprennent que ses travaux furent couronnés de la palme du martyre. Célébrons aujourd’hui son triomphe en empruntant quelques-unes des strophes par lesquelles l’Église grecque, dans les Menées, célèbre son Apostolat.

Bienheureux Mathias, Éden spirituel, tu as coulé de la fontaine divine, comme un fleuve inondant ; tu as arrosé la terre de tes mystiques ruisseaux, et tu l’as rendue féconde : prie donc le Seigneur d’accorder la paix à nos âmes et sa grande miséricorde.
 
Apôtre Mathias, tu as complété le divin collège après la chute de Judas ; la splendeur céleste de tes sages discours a dissipé les ténèbres de l’idolâtrie, par la vertu de l’Esprit-Saint ; prie maintenant le Seigneur d’accorder la paix à nos âmes et sa grande miséricorde.
 
Celui qui est la vraie Vigne t’a soigné comme une branche féconde destinée à porter la grappe qui verse le vin du salut. Ceux que retenaient les liens de l’ignorance ont bu de ce vin, et ont rejeté l’ivresse de l’erreur.
 
Devenu le char du Verbe de Dieu, ô glorieux Mathias, tu as brisé à jamais les roues de l’erreur, les chars de l’iniquité ; par une vertu divine, tu as détruit de fond en comble les idolâtres, les colonnes et les temples ; mais tu as élevé à la Trinité des temples qui font entendre ce cri : Peuples, célébrez le Christ à jamais !
 
Vénérable Mathias ! Tu as paru comme un ciel spirituel qui raconte la gloire ineffable du Fils de Dieu. Célébrons avec joie d’une voix unanime cet Apôtre, éclair de l’Esprit-Saint, pêcheur des âmes égarées, reflet de la divine clarté, docteur des mystères.
 
Bienheureux Apôtre, le Sauveur t’a appelé son ami, parce que tu as obéi à ses préceptes ; tu es l’héritier de son royaume ; tu seras assis avec lui sur un trône au jour terrible du jugement futur, ô très sage Mathias, toi qui complètes le collège duodénaire des Apôtres.
 
Muni de la Croix comme d’une voile, ô bienheureux, tu as traversé la mer agitée de la vie, et tu es arrivé au port tranquille ; maintenant, joyeux et mêlé au chœur des Apôtres, daigne te présenter au Juge sublime, et implorer pour nous du Seigneur la miséricorde.
 
Ta langue a paru comme une lampe éclatante de reflets d’or, où brûle la flamme du Saint-Esprit ; elle a consumé les dogmes étrangers, et elle a éteint le feu profane, ô sage Mathias, toi qui as lancé ta lumière sur ceux qui étaient assis dans les ténèbres de l’ignorance.
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Jeudi après les Cendres mémoire de Saint Pierre Damien évêque confesseur et docteur

23 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Jeudi après les Cendres mémoire de Saint Pierre Damien évêque confesseur et docteur

Collecte

O Dieu, que le péché offense et que la pénitence apaise, ayez égard dans votre clémence aux prières de votre peuple suppliant, et daignez détourner les fléaux de votre colère, que nous avons mérités pour nos péchés.

Office

1ère leçon

Homélie de S.Augustin, Évêque

Voyons, si au sujet du serviteur du centurion, Matthieu et Luc sont d’accord. Car Matthieu dit : « Un centurion s’approcha de lui en disant : ‘Mon serviteur est gisant, paralytique en ma maison.’ » A cela semble s’opposer ce que dit Luc : « Et ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya des anciens d’entre les Juifs pour le prier de venir et de guérir son serviteur. Et ceux-ci arrivés à Jésus le priaient avec insistance, lui disant : ‘Il est digne que tu lui accordes cette faveur, car il aime notre nation et il nous a bâti lui-même une synagogue.’ Jésus s’en allait donc avec eux et comme il n’était plus loin de la maison, le centurion lui envoya des amis lui dire : ‘Seigneur, ne vous donnez pas tant de peine, car je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit.’ »

2e leçon

Si en effet les choses se sont ainsi passées, comment sera-t-il vrai, le récit de Matthieu disant : « Un centurion s’approcha de lui », alors que le centurion n’est pas venu lui-même, mais a envoyé ses amis ? Il ne le sera que si, avec une attention diligente, nous comprenons que Matthieu ne s’est pas tellement écarté de nos façons habituelles de parler. Car non seulement nous avons coutume de dire que quelqu’un s’approche, avant même qu’il soit arrivé au lieu dont nous disons qu’il s’est approché, puisque nous disons qu’il s’est peu ou beaucoup approché du lieu où il désire arriver, mais nous disons même très souvent qu’on est parvenu jusqu’à celui qu’on voulait atteindre, quand on y arrive par un ami, sans même voir celui qui est touché et dont la faveur nous est nécessaire. Cette manière de dire est d’usage si courant, que le vulgaire donne le nom d’arrivistes à ceux qui, possédant l’art de l’intrigue, atteignent par l’intermédiaire de personnes convenablement choisies, les esprits de certains puissants personnages qui paraissent inaccessibles d’autre façon.

3e leçon

Ce n’est donc pas chose inconcevable que, pour dire le fait du centurion abordant Notre-Seigneur par l’intermédiaire de ses amis, Matthieu ait pu dire sous une forme abrégée que le vulgaire peut comprendre : « Un centurion s’approcha de lui. » Bien plus, il ne faut pas considérer négligemment la profondeur de cette locution mystique du saint Évangile, qui rappelle ce qui est écrit dans le Psaume : « Approchez-vous de lui et soyez illuminés » (Ps 33, 5). La foi du centurion qui l’a fait s’approcher de Jésus a été si hautement louée par le Seigneur qu’il en a dit : « Je n’ai pas encore trouvé si grande foi en Israël. » De là vient que l’’Évangéliste, en son prudent langage, a voulu nous dire que le centurion s’était approché plus près de Jésus, que les amis par lesquels il avait envoyé son message.

Bien que la loi du jeûne pèse sur nous depuis hier, nous ne sommes pas encore entrés dans le Carême proprement dit, dont la solennité ne s’ouvrira que samedi prochain, à Vêpres. C’est afin de distinguer du reste de la sainte Quarantaine ces quatre jours surajoutés, que l’Église continue d’y chanter les Vêpres à l’heure ordinaire, et permet à ses ministres de rompre le jeûne avant d’avoir satisfait à cet Office. A partir de samedi, il en sera autrement. Chaque jour, à l’exception du Dimanche, lequel n’admet pas le jeûne, les Vêpres des féries et des fêtes seront anticipées, en sorte qu’à l’heure où les fidèles prendront leur repas, l’Office du soir sera déjà accompli. C’est un dernier souvenir des usages de l’Église primitive ; autrefois les fidèles ne rompaient pas le jeûne avant le coucher du soleil, auquel correspond l’Office des Vêpres.

La sainte Église a distingué ces trois jours qui suivent le Mercredi des Cendres, en leur assignant à chacun une lecture de l’Ancien Testament, et une autre du saint Évangile, pour être faites à la Messe.

La Station à Rome est aujourd’hui dans l’Église de Saint-Georges-au-Voile-d’Or.

Hier, l’Église nous remettait devant les yeux la certitude de la mort. Nous mourrons : la parole de Dieu y est engagée, et il ne saurait venir dans l’esprit à un homme raisonnable que sa personne puisse être l’objet d’une exception. Mais si le fait de notre mort est indubitable, le jour auquel il nous faudra mourir n’est pas moins déterminé. Dieu juge à propos de nous le cacher, dans les motifs de sa sagesse ; c’est à nous de vivre de manière à n’être pas surpris. Ce soir, peut-être, on viendra nous dire comme à Ézéchias : « Donne ordre aux affaires de ta maison ; car tu vas mourir ». Nous devons vivre dans cette attente ; et si Dieu nous accordait une prolongation de vie comme au saint Roi de Juda, il faudrait toujours en venir tôt ou tard à cette heure suprême, passé laquelle il n’y a plus de temps, mais l’éternité. En nous faisant ainsi sonder la vanité de notre existence, l’Église veut nous fortifier contre les séductions du présent, afin que nous soyons tout entiers à cette œuvre de régénération, pour laquelle elle nous prépare depuis bientôt trois semaines. Combien de chrétiens ont reçu hier la cendre sur la tête, et qui ne verront pas ici-bas les joies pascales ! La cendre a été pour eux une prédiction de ce qui doit leur arriver, avant un mois peut-être. Ils n’ont cependant pas entendu la sentence en d’autres termes que ceux qu’on a prononcés sur nous-mêmes. Ne sommes-nous pas du nombre de ces victimes vouées à une mort si prochaine ? Qui de nous oserait affirmer le contraire ? Dans cette incertitude, acceptons avec reconnaissance la parole du Sauveur qui est descendu du ciel pour nous dire : Faites pénitence ; car le Royaume de Dieu est proche (Mt. IV, 17).

Les saintes Écritures, les Pères et les Théologiens catholiques distinguent trois sortes d’œuvres de pénitence : la prière, le jeûne et l’aumône. Dans les lectures qu’elle nous propose, durant ces trois jours qui sont comme l’entrée du Carême, la sainte Église veut nous instruire sur la manière d’accomplir ces différentes œuvres ; aujourd’hui, c’est la prière qu’elle nous recommande. Voyez ce centurion qui vient implorer auprès du Seigneur la guérison de son serviteur. Sa prière est humble ; c’est du fond de son cœur qu’il se juge indigne de recevoir la visite de Jésus. Sa prière est pleine de foi ; il ne doute pas un instant que le Seigneur ne puisse lui accorder l’objet de sa demande. Avec quelle ardeur il la présente ! La foi de ce gentil surpasse celle des enfants d’Israël, et mérite l’admiration du Fils de Dieu. Ainsi doit être notre prière, lorsque nous implorons la guérison de nos âmes. Reconnaissons que nous sommes indignes de parler à Dieu, et cependant insistons avec une foi inaltérable dans la puissance et dans la bonté de celui qui n’exige de notre part la prière qu’afin de la récompenser par l’effusion de ses miséricordes. Le temps où nous sommes est un temps de prière ; l’Église redouble ses supplications ; c’est pour nous qu’elle les offre ; ne la laissons pas prier seule. Déposons en ces jours cette tiédeur dans laquelle nous avons langui, et souvenons-nous que si nous péchons tous les jours, c’est la prière qui répare nos fautes, et qui nous préservera d’en commettre de nouvelles.

 

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Super Heb., cap. 1 l. 2

23 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Super Heb., cap. 1 l. 2

Lectio 2

Super Heb., cap. 1 l. 2 Superius ostendit apostolus Christi excellentiam quantum ad originis proprietatem, quantum ad dominii maiestatem, et quantum ad operationis virtutem, hic autem ostendit eius excellentiam quantum ad gloriae et dignitatis sublimitatem. Et pars ista dividitur in duas. Primo enim ostendit Christum esse idoneum ad dignitatem istam; secundo ponit ipsam dignitatem, ibi sedet ad dexteram. Idoneitatem vero ostendit ex duobus, quae reddunt aliquem idoneum ad aliquid magnum: unum est facilitas administrandi, aliud est industria et strenuitas exequendi. Primo ergo ostendit eius facilitatem; secundo eius strenuitatem, ibi purgationem peccatorum faciens. Circa primum sciendum est, quod tria requiruntur, quae faciunt facilitatem ad dignitatem aliquam ministrandam. Primum quidem sapientia, ne erret gubernando. Eccle. X, 5: est et malum quod vidi sub sole, quasi per errorem egrediens a facie principis: positum stultum in dignitate sublimi. Pr. VIII, 15: per me reges regnant. Secundum est generis prosapia, ne contemnatur praecipiendo. Pr. ult.: nobilis in portis vir eius, cum sederit cum senatoribus terrae. Tertium, virtutis potentia in exequendo. Eccli. VII, 6: noli quaerere fieri iudex, nisi valeas virtute irrumpere iniquitates. Et quantum ad ista tria apostolus ostendit in Christo facilitatem ad dignitatem praedictam. Primo quia non solum est sapiens, sed etiam ipsa sapientia; unde dicit cum sit splendor gloriae. Secundo quia non solum est nobilis, sed est ipsa nobilitas, quia est figura substantiae eius. Tertio quia non solum est potens, sed est ipsa potentia portans omnia verbo, et cetera. Tria autem sunt, ut supra dictum est, quae faciunt hominem idoneum ut magnam dignitatem assequatur. Primum est sapientiae claritas. Pr. III, 35: gloriam sapientes possidebunt. Et ideo ostendit Christi sapientiam, dicens qui cum sit splendor gloriae. Ubi est considerandum, quod, secundum Ambrosium, gloria est clara cum laude notitia, quasi quaedam manifesta notitia, quae de bonitate alicuius habetur. Sed, sicut dicitur Mt. XIX, 17: nemo bonus, nisi solus Deus, et etiam Lc. XVIII, 19, unde ipse est bonitas antonomastice et per essentiam. Alia vero bona sunt per participationem, et ita soli Deo convenit gloria antonomastice. Is. XLII, 8: gloriam meam alteri non dabo. I Tm. I, 17: regi autem saeculorum immortali, invisibili, soli Deo honor et gloria. Cognitio ergo divinae bonitatis, excellenter et antonomastice dicitur gloria, id est, clara cum laude notitia bonitatis divinae. Ista aliqualiter habetur ab homine, quia nunc cognosco ex parte, I Cor. XIII, 12, sed habetur excellentius ab Angelis, sed a solo Deo perfecte. Deum enim nemo vidit unquam, Jn. I, 18, verum est, nec Angeli comprehensive, sed ipse solus seipsum comprehendit. Ergo sola cognitio Dei de seipso perfecte dicitur gloria, quia perfectam notitiam habet et clarissimam de seipso. Quoniam autem splendor est illud quod a fulgente primo emittitur, sapientia vero est quiddam fulgens Eccli. VIII, 1: sapientia hominis lucet in vultu eius inde est quod prima conceptio sapientiae est quasi quidam splendor. Verbum ergo Patris, quod est quidam conceptus intellectus eius, est splendor sapientiae, qua se cognoscit. Et ideo apostolus filium vocat splendorem gloriae, id est, divinae clarae notitiae. In quo ostendit ipsum non solum sapientem, sed sapientiam genitam. Is. LXII, 1: donec egrediatur ut splendor iustus eius, et cetera. Secundum quod facit hominem idoneum ad magnam dignitatem, est generis nobilitas. Et hoc ostendit esse in Christo, quia dicit, quod est figura substantiae eius. Decet enim cum sapientia esse nobilitatem in principe. Dt. I, 15: tulique de tribubus vestris sapientes et nobiles, et constitui eos principes, et cetera. Figura hic ponitur pro charactere, vel imagine; quasi dicat: imago substantiae. Sciendum tamen, quod licet imago dicat similitudinem, non tamen quaelibet similitudo est imago. Albedo enim in pariete non est imago albedinis meae, sed imago et similitudo in specie. Illud ergo proprie dicitur esse imago alicuius, quod habet similitudinem speciei eius, vel expressum signum speciei. Inter accidentia vero nihil ita est expressum signum, sicut speciei est figura. Unde qui describit figuram animalis, describit imaginem eius. Filius ergo, qui est imago invisibilis Dei, Col. I, 15, proprie dicitur figura. Sed cuius? Substantiae eius. Imago enim alicuius est multiplex. Aliquando enim est signum repraesentans speciem in nullo cum ipsa conveniens, sicut imago hominis in pariete, quae in nullo habet veram speciem hominis. Aliquando vero assimilatur ei in specie, non tantum in repraesentando, sed etiam in essendo, sicut Filius est imago vera Patris. Gn. V, 3: Adam genuit filium ad imaginem suam, id est, in natura speciei. Et ideo addit substantiae eius, quia, secundum Augustinum, Filius dicitur imago Patris, quia est eiusdem naturae cum ipso. Dicit ergo, quod est figura substantiae. Sed quare non dicit quod est figura naturae? Quia possibile est, quod natura speciei multiplicetur ad multitudinem individuorum in compositis ex materia et forma. Unde filius Socratis non habet eamdem naturam numero cum patre suo. Substantia vero numquam multiplicatur. Non enim alia est substantia Patris, alia Filii. Nec enim dividitur secundum diversa individua. Quia ergo una et eadem est numero natura in Patre et filio Dei, ideo non dicit naturae, quae dividitur, sed substantiae indivisibilis. Jn. X, 30: ego et Pater unum sumus. Et XIV, 10: ego in Patre, et Pater in me est. Tertium quod facit hominem idoneum, est virtus et potestas. Unde Eccli. VII, 6: noli quaerere esse iudex, nisi valeas virtute irrumpere iniquitates. Et ideo ostendit virtutem, cum dicit portansque omnia verbo virtutis suae. Proprium autem principum et potentum est portare. Jb IX, 13: sub quo curvantur, qui portant orbem. Ipse ergo portat. Sed videndum est quid portat, et quo, vel per quid. Quantum ad primum sciendum est, quod id, quod de se nec stare nec ambulare potest, indiget portari. Omnis autem creatura de se nec subsistere, nec operari potest. Primum patet, quia remota causa, removetur effectus, Deus autem est causa omnis substantiae, quia non minus est causa substantiae rei quantum ad fieri, quam domificator est causa fieri domus, inde, sicut ad absentiam domificatoris cessat fieri domus et ad absentiam solis cessat fieri et esse luminis in aere: ita ad subtractionem virtutis divinae cessat et esse, et fieri, et subsistere omnis creaturae. Portat ergo omnia quantum ad suum esse. Portat etiam omnia quantum ad operari, quia subtracta influentia eius, cessat omnis motio causarum secundarum, cum ipse sit causa prima, et causa prima plus influit, quam secunda. Jb XXXVIII, 6: super quo bases illius solidatae sunt. Sic ergo patet, quod omnia portat. Sed per quid portat? Verbo virtutis suae. Quia enim apostolus loquens de creatione rerum dixit, quod Deus omnia fecit per Filium, quia scilicet dixerat, per quem fecit et saecula. Ille autem per quem aliquis operatur, non videtur virtute sua operari, sed virtute eius, qui per eum operatur; sicut balivus, per quem rex operatur, non operatur virtute propria. Ergo per hoc videtur, quod Filius non operetur virtute propria. Ideo dicit apostolus quod portat verbo virtutis suae, quia, cum idem sit causa essendi et conservandi, cum dicit quod Filius virtute sua est causa conservationis, ostendit quod etiam est causa essendi. Sed numquid non virtute Patris? Utique, et eius virtute, quia eadem est virtus utriusque. Operatur ergo et virtute propria, et virtute Patris, quia virtutem suam habet a Patre. Nec tamen dicit apostolus virtute sua, sed verbo virtutis suae, ad ostendendum quod sicut Pater omnia per verbum produxit Ps. XXXII, 9: ipse dixit et facta sunt, etc., in quo ostenditur maxima virtus Patris ita Filius eodem verbo, quod est ipse, omnia fecit. Et in hoc ostendit apostolus potentiam virtutis suae, quia eamdem habet cum Patre, quia eadem operatur et per idem, quo ille. Sed tunc est dubium: quia Pater, cum dicit, producit verbum. Ergo Filius cum dicit, produceret verbum, et sic verbum Patris esset verbum Filii. Et ad hoc dicunt Graeci, quod sicut Filius est imago Patris, ita Spiritus Sanctus est imago Filii. Et sic exponit Basilius portans verbo virtutis suae, id est, Spiritu Sancto. Nam sicut Filius est verbum Patris, ita ut dicunt Spiritus Sanctus est verbum Filii. Et ideo per ipsum facit Filius, sicut per Filium Pater. Verumtamen proprie loquendo, verbum non dicitur nisi quod procedit ut conceptus ab intellectu, ad quod sequitur procedere in similitudinem speciei. Spiritus autem sanctus, et si sit similis, non tamen habet hoc ex modo suae processionis, quia non procedit ut conceptus ab intellectu, sed ut amor a voluntate. Aliter autem exponit Glossa verbo virtutis suae, id est, imperio suo. Sed hic adhuc est dubium de isto verbo quid sit, quia imperium hominis vel est exterius per vocem prolatum: et hoc non potest dici in divinis, quia nihil est extrinsecum a natura divina, procedens a Filio, per quod omnia portentur; vel illud imperium est interius in corde conceptum: sed nec etiam hoc potest stare, quia nihil in mente Dei concipitur, nisi verbum aeternum. Ergo istud imperium, sic conceptum in mente Filii, esset verbum aeternum, et sic essent duo verba aeterna, quod nefas est dicere. Ideo ad argumentum est dicendum, sicut exponit Augustinus illud Jn. XII, 48: sermo quem locutus sum, ille iudicabit eum, id est, ipse ego, qui sum verbum Patris, iudicabo eum. Et similiter, in proposito, verbum virtutis suae, id est, seipso, qui est verbum virtuosum. Per ista ergo tria, ostendit tria de Christo. Per hoc enim quod est splendor, ostendit eius coaeternitatem cum Patre. In creaturis enim splendor est coaevus, sed ille est coaeternus. Et hoc est contra Arrium. Sed cum dicit imago substantiae, ostendit eius consubstantialitatem. Quia enim splendor non est eiusdem naturae cum resplendente, ne forte aliquis credat, quod non sit similis in natura, dicit quod est imago, vel figura substantiae. Sed quia Filius, et si sit eiusdem naturae cum Patre, si tamen sit infirmus, deficit a virtute Patris; ideo subdit portans omnia verbo virtutis suae. Apostolus ergo in his tribus commendat Christum a tribus, scilicet a coaeternitate, a consubstantialitate, et ab aequalitate potestatis. Deinde cum dicit purgationem peccatorum faciens ostendit, secundum, quod facit ad idoneitatem dignitatis eius, scilicet strenuitas, et industria, quam habuit in operando. Fuit enim hoc magnae industriae, ut quod ei competebat ex natura, qua Deus est, ipse meruerit per passionem in natura assumpta. Unde Ph. II, 8 s.: factus est obediens usque ad mortem, propter quod et Deus exaltavit illum. Purgare ergo peccata, etsi conveniat ei ex natura divina, tamen convenit ei etiam ex merito passionis. Unde Eccli. XLVII, 13: Christus purgavit peccata eius, et exaltavit in aeternum cornu eius, et cetera. Mt. I, 21: ipse enim salvum faciet populum suum a peccatis eorum. Convenit etiam Christo purgare, ratione divinae naturae, et ratione proprietatis Filii. Ratione divinae naturae, quia culpa seu peccatum proprie est malum rationalis creaturae. Hoc autem malum, sive peccatum non potest reparari nisi per Deum. Nam peccatum in voluntate consistit, voluntatem autem solus Deus potest movere. Jr. XVII, 9 s.: pravum est cor hominis et inscrutabile, quis cognoscet illud? Ego Dominus, et cetera. Et huiusmodi ratio est, quia quod est immediatius fini, non reducitur ad ipsum finem, nisi a prima causa agente. Voluntas autem est ultimi finis, quia scilicet ad fruendum Deo: et ideo a Deo tantum movetur et reducitur. Cum ergo Christus sit verus Deus, manifestum est, quod purgationem peccatorum facere potest. Is. XLIII, 25: ego sum qui deleo iniquitates vestras propter me, et cetera. Lc. II, 7: quis potest peccata dimittere, nisi solus Deus? Ratione vero proprietatis competit etiam Christo. Ad cuius evidentiam sciendum est, quod in peccato, primo quidem est transgressio legis aeternae et iuris divini, cum omne peccatum sit iniquitas, quae est transgressio legis. Is. XXIV, 5: mutaverunt ius, dissipaverunt foedus sempiternum. Cum ergo lex aeterna et ius divinum sit a verbo aeterno, manifestum est quod ad Christum competit purgatio peccatorum, inquantum est verbum. Ps. CVI, 20: misit verbum suum, et sanavit eos. Secundo est in peccato amissio luminis rationis, et per consequens sapientiae Dei in homine, cum huiusmodi lumen sit participatio quaedam divinae sapientiae. Ba. III, 28: et quia non habuerunt sapientiam, ideo perierunt. Pr. XIV, 22: errant omnes qui operantur malum. Et secundum philosophum, omnis malus est ignorans. Rectificatio autem ad divinam sapientiam, competit ei qui est divina sapientia. Hic autem est Christus. I Cor. I, 23 s.: praedicamus Christum, Dei virtutem, et Dei sapientiam. Sg. IX, 19: nam per sapientiam sanati sunt, quicumque placuerunt tibi, Domine, a principio. Tertio in peccato est deformatio similitudinis Dei in homine. Pr. XV, 7: cor stultorum dissimile erit. Unde dicitur Lc. XV, 13 de filio prodigo, quod abiit in regionem longinquam. De filio prodigo, quod abiit in regionem longinquam. Et ideo competit huiusmodi deformationi rectificari per filium, qui est imago Patris. I Cor. XV, 49: sicut portavimus imaginem terreni, portemus imaginem caelestis. Quarto amissio aeternae haereditatis, in cuius signum homo post peccatum exclusus est a Paradiso, Gn. III, 23. Reparatio autem ad hoc proprie convenit Filio, qui est haeres. Rm. VIII, 17: si filii, et haeredes. Ga. IV, 4 s.: misit Deus Filium suum, natum ex muliere, factum sub lege, ut eos, qui sub lege erant, redimeret, et adoptionem filiorum Dei reciperemus. Sic ergo patet, quod Christo competit purgare peccata, et ratione humanae naturae, et ratione divinae. Sed quomodo fecit purgationem peccatorum? Ex hoc patet. In peccato enim primo est perversitas voluntatis, qua homo recedit a bono incommutabili, et ad hanc rectificandam, exhibuit Christus gratiam iustificantem. Rm. III, 24: iustificati gratis per gratiam ipsius. Secundo est macula relicta in anima ex perversitate voluntatis, et ad hanc lavandam praebuit sanguinem suum. Ap. I, 5: dilexit nos, et lavit nos a peccatis, et cetera. Tertio est reatus poenae cui homo addicitur ex culpa, et ad satisfaciendum per hanc obtulit semetipsum Dei hostiam in ara crucis. Ep. V, 2: Christus dilexit Ecclesiam, et tradidit semetipsum pro ea, ut illam sanctificaret. Quarto servitus Diaboli, cui homo efficitur obnoxius peccando, quia qui facit peccatum servus est peccati, et ad eripiendum nos ab hac, redemit nos. Ps. XXX, 6: redemisti me, Domine Deus veritatis. Consequenter cum dicit sedet ad dexteram, subiungit ipsam dignitatem, quasi dicat: non videtur indecens si sedet, et cetera. Quia ipse est splendor et figura, et portat omnia, et cetera. In verbo autem sessionis tria solent importari. Unum est sedentis auctoritas. Jb. XXIX, 25: cumque sederem quasi rex circumstante exercitu, et cetera. In divina autem curia multi assistunt, quia Dn. VII, 10: millia millium ministrabant ei, et decies centena millia assistebant ei. Sed nullus legitur ibi sedere; quia omnes sunt ibi servi et ministri. Infra eodem: omnes sunt administratorii spiritus in ministerium missi. Sed solus iste habet regiam dignitatem. Dn. VII, 22: et usque ad antiquum dierum venit, et postea sequitur: et dedit ei potestatem, et honorem, et regnum, et cetera. Mt. XXV, 31: cum venerit Filius hominis in maiestate sua, et omnes Angeli eius cum eo, tunc sedebit super sedem maiestatis suae, et post sequitur: tunc dicet rex his, et cetera. Secundum est sedentis stabilitas. Lc. ult.: sedete in civitate, et cetera. Dn. VII, 14: potestas eius potestas aeterna, etc. et infra XIII, 8: Christus Iesus heri et hodie, ipse in saecula. Item aliquando sedere importat humilitatem, quia sedens inferior est stantibus. Ps. CXXXVIII, 2: tu cognovisti sessionem meam. Et sic non accipitur hic, sed primis duobus modis. Sed contra, Ac. VII, 56: ecce video caelos apertos, et Iesum stantem, et cetera. Et dicendum est, quod sedere, et stare, et huiusmodi dispositiones de Deo dicuntur, secundum similitudinem. Et ideo secundum diversa, dicitur et sedens, et stans. Sedens quidem propter immobilitatem; sed stans propter utilitatem ad fortiter resistendum. Unde stabat quasi paratus iuvare Stephanum, in agone constitutum. Sed addit apostolus, quod sedet ad dexteram. Quod, si referatur ad divinam naturam, est sensus: ad dexteram, id est ad aequalitatem Patris. Si vero ad humanam, est sensus: ad dexteram, id est in potioribus bonis Patris. Mc. ult.: sedet a dextris Dei. Ps. CIX, 1 et Mt. XXII, 44: dixit Dominus domino meo: sede a dextris meis. Sed inter eos qui habent assessores, quidam sunt simpliciter maiores, ut rex vel imperator; quidam vero non simpliciter maiores, sed secundum quid, ut praepositi, vel balivi. Sed Christus non sedet ad dexteram alicuius inferiorum iudicum, sicut alicuius praepositi, ut balivi, sed simpliciter maioris, quia ad dexteram maiestatis. Maiestas proprie est summa potestas. Is. VI, 3: plena erat omnis terra maiestate eius. Pr. XXV, 27: qui scrutator est maiestatis, opprimetur a gloria. Christus autem etsi sic sedeat ad dexteram maiestatis, habet tamen et ipse maiestatem, quia habet eamdem cum Patre. Mt. XXV, 31: cum venerit Filius hominis in maiestate sua. Lc. IX, 26: hunc Filius hominis erubescet cum venerit in maiestate sua et patris. Dicit etiam non solum maiestatis, sed etiam in excelsis, id est, super omnem creaturam. Eccli. XXIV, 7: ego in altissimis habito. Sic ergo sedet in excelsis, quia elevatus est super omnem creaturam. Ps. VIII, 2: quoniam elevata est magnificentia tua super caelos. Et secundum quod dicit Chrysostomus, apostolus in loco isto tenet modum volentis instruere parvulum, qui non statim proponit ei summa, sed paulatim perducit eum, modo loquendo ardua, modo proponendo infima; ita etiam modo proponit divina, cum dicit in filio, modo humana, cum dicit quem constituit haeredem, et cetera. Et sic de aliis, ut patet in Glossa.

 

 

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Mercredi des Cendres

22 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Mercredi des Cendres

Changeons de vêtements, couvrons-nous de cendre et du cilice, jeûnons et pleurons devant le Seigneur ; car notre Dieu tout miséricordieux est prêt à nous remettre nos péchés.

Souviens-toi, ô homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière.

Introït

Vous avez pitié de tous, Seigneur, et vous ne haïssez rien de tout ce que vous avez fait, et vous dissimulez les péchés des hommes à cause du repentir et vous leur pardonnez, car vous êtes le Seigneur notre Dieu.Ayez pitié de moi, ô Dieu, ayez pitié de moi, car mon âme a confiance en vous.

Collecte

Accordez, Seigneur, à vos fidèles, d’entreprendre avec la piété convenable, la pratique de ces jeûnes vénérables et solennels et d’en parcourir la carrière avec une dévotion que rien ne puisse troubler.

Lecture Jœl. 2, 12-19

Voici ce que dit le Seigneur : revenez à moi de tout votre cœur, avec des jeûnes avec des larmes et des lamentations. Déchirez vos cœurs, et non vos vêtements, et revenez au Seigneur, votre Dieu ; car il est miséricordieux et compatissant, lent à la colère et riche en bonté, et il s’afflige du mal qu’il envoie. Qui sait s’il ne reviendra pas et ne se repentira pas, et s’il ne laissera pas après lui une bénédiction, l’offrande et la libation pour le Seigneur, notre Dieu ? Sonnez de la trompette en Sion, publiez un jeûne, convoquez une assemblée. Assemblez le peuple, publiez une sainte réunion, rassemblez les vieillards, réunissez les enfants et les nourrissons à la mamelle. Que le nouvel époux quitte sa chambre, et l’épouse son pavillon. Qu’entre le portique et l’autel, les prêtres, ministres du Seigneur, pleurent, et qu’ils disent : "Seigneur, épargnez votre peuple, et ne livrez pas votre héritage à l’opprobre, pour être l’objet des moqueries des nations. Pourquoi dirait-on parmi les peuples Où est leur Dieu ?" Le Seigneur a été ému de jalousie pour son pays, et il a eu pitié de son peuple. Le Seigneur a répondu et dit à son peuple : Voici que je vais vous envoyer le blé, le vin nouveau et l’huile, et vous en serez rassasiés et je ne ferai plus de vous un sujet d’opprobre parmi les nations. C’est ce que dit le Seigneur tout-puissant.

Évangile  Mt. 6, 16-21

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air sombre, comme les hypocrites, qui exténuent leur visage, pour faire paraître aux hommes qu’ils jeûnent ; en vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Pour toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, afin qu’il ne paraisse pas aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est présent dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les voleurs percent les murs et dérobent. Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni la teigne ni les vers ne consument, et où les voleurs ne percent pas les murs ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.

Communion

Celui qui médite jour et nuit la loi du Seigneur donnera du fruit en son temps.

 

Office

1ère leçon

Homélie de saint Augustin, Évêque.

Il est manifeste que ces préceptes tendent à diriger toute notre intention vers les joies intérieures de peur qu’en cherchant au dehors notre récompense, nous ne prenions modèle sur le monde présent et ne perdions la promesse d’un bonheur d’autant plus solide et plus ferme qu’il est plus intérieur. Par cette promesse, « Dieu nous a prédestinés à être conformes à l’image de son Fils » (Rm 8, 29). Mais en ce chapitre de l’évangile, il faut surtout remarquer que ce n’est pas seulement dans l’éclat et le luxe des choses corporelles mais jusque dans le négligé d’une tenue de deuil qu’il peut y avoir jactance et avec d’autant plus de danger qu’elle trompe sous l’étiquette du service de Dieu.

2e leçon

Celui-là donc qui éblouit par un culte immodéré du corps et du vêtement et par le clinquant d’autres objets est du fait même facilement convaincu d’être un adepte des pompes du siècle. Personne ne se laissera prendre à ses simagrées de sainteté. Que dire de celui qui dans sa profession de christianisme attire sur lui les regards des hommes par une malpropreté hors de mise et cela volontairement sans y être réduit par la nécessité ? L’ensemble de sa conduite prouvera s’il agit de la sorte par mépris d’un luxe superflu ou par une certaine ostentation. Le Seigneur en effet nous recommande de nous garder des loups qui viennent à nous déguisés en brebis. « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits » 

3e leçon

Lorsque, par suite de quelques épreuves, ils commenceront à se voir dépouillés et privés des avantages que, sous couvert d’austérité, ils avaient obtenus ou désiraient obtenir, alors apparaîtra nécessairement s’il y avait un loup dans la peau de la brebis ou une brebis dans la sienne ! Mais il ne faut pas pour cela qu’un chrétien cherche à flatter les regards des hommes par les ornements superflus, sous prétexte que les hypocrites aussi usurpent trop souvent cet extérieur austère et contraint afin de tromper les naïfs, car les brebis ne doivent pas se dépouiller de leur peau si parfois les loups s’en revêtent.

ÉPITRE.

Ce magnifique passage du Prophète nous révèle l’importance que le Seigneur attache à l’expiation par le jeûne. Quand l’homme contrit de ses péchés afflige sa chair, Dieu se laisse fléchir. L’exemple de Ninive l’a prouvé ; et si le Seigneur pardonna à une ville infidèle, par cela seul que ses habitants imploraient sa pitié sous les livrées de la pénitence, que ne fera-t-il pas en faveur de son peuple, qui sait joindre à l’immolation du corps le sacrifice du cœur ? Entrons donc avec courage dans la voie de la pénitence ; et si l’affaiblissement des sentiments de la foi et de la crainte de Dieu semble faire tomber autour de nous des pratiques qui sont aussi anciennes que le christianisme, et sur lesquelles il est pour ainsi dire fondé, gardons-nous d’abonder dans Je sens d’un relâchement qui a porté un terrible préjudice à l’ensemble des mœurs chrétiennes. Songeons surtout à nos engagements personnels avec la justice divine qui ne nous remettra nos fautes et les peines qu’elles méritent, qu’autant que nous nous montrerons empressés à lui offrir la satisfaction à laquelle elle a droit. Nous venons de l’entendre : notre corps que nous flatterions n’est que cendre et poussière, et notre âme, que nous serions si souvent portés à lui sacrifier, a des droits à réclamer contre lui.

ÉVANGILE.

Notre Seigneur ne veut pas que nous recevions l’annonce du jeûne expiatoire comme une nouvelle triste et affligeante. Le chrétien qui comprend combien il est dangereux pour lui d’être en retard avec la justice de Dieu, voit arriver le temps du Carême avec joie et consolation. Il sait à l’avance que s’il est fidèle aux prescriptions de l’Église, il allégera le fardeau qui pèse sur lui. Ces satisfactions, si adoucies aujourd’hui par l’indulgence de l’Église, étant offertes à Dieu avec celles du Rédempteur lui-même, et fécondées par cette communauté qui réunit en un faisceau de propitiation les saintes œuvres de tous les membres de l’Église militante, purifieront nos âmes et les rendront dignes de participer aux joies si pures de la Pâque. Ne soyons donc pas tristes de ce que nous jeûnons ; soyons-le seulement d’avoir, par le péché, rendu notre jeûne nécessaire. Le Sauveur nous donne un second conseil que l’Église nous répétera souvent dans tout le cours de la sainte Quarantaine : celui de joindre l’aumône aux privations du corps. Il nous engage à thésauriser, mais pour le ciel. Nous avons besoin d’intercesseurs : cherchons-les parmi les pauvres.

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Prooemium Super He.

21 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Prooemium  Super He.

Prooemium

Super He., pr. Non est similis tui in diis, Domine, et non est secundum opera tua. Ps. LXXXV, 8. In verbis istis exprimitur Christi excellentia quantum ad duo. Et primo quantum ad comparationem ad alios deos, cum dicit non est similis tui in diis, Domine, secundo per comparationem ad effectus, cum dicit et non est secundum opera tua. Circa primum sciendum est, quod licet sit tantum unus Deus naturaliter, ut dicitur Dt. VI, 4: Dominus Deus tuus, Deus unus est, tamen participative et in caelo, et in terra sunt dii multi. I Cor. VIII, 5: sunt quidem dii multi et domini multi. Nam dii quandoque dicuntur ipsi Angeli, ut patet Jb I, 6 et II, 1: cum venissent filii Dei, ut assisterent coram domino. Et quandoque prophetae, ut dicitur de Moyse, Ex. VII, 1: constitui te Deum Pharaonis. Item de sacerdotibus dicitur Ex. XXII, 28: diis, id est, sacerdotibus, non detrahes. Item ibi: si latet fur, Dominus domus applicabitur ad deos. Sed Angeli dicuntur dii, propter abundantissimam refulgentiam divinae claritatis. Jb. XXV, 3: super quem non fulget lumen illius. Angeli vero non sunt similes Christo in diis, qui est splendor paternae gloriae, ut dicitur infra I, 3. Ep. I, 20: constituens eum ad dexteram in caelestibus supra omnem principatum, et cetera. Prophetae vero dicuntur dii, quia ad ipsos sermo Dei factus est. Jn. X, 35 illos dixit deos ad quos sermo Dei factus est. Ergo multo excellentius est Deus Christus, qui est substantialiter ipsum verbum Dei. Sacerdotes vero dicuntur dii, quia Dei ministri. Is. LXI, 6: vos sacerdotes Domini, vocabimini ministri Dei. Sed Christus multo fortius, qui non est minister, sed Dominus universorum, Est. XIII, 11; item Ap. XIX, 16: Dominus dominantium; et infra: tamquam Dominus in omni domo sua. Christus ergo Deus magnus super omnes deos, quia splendor, quia verbum, quia Dominus est. Secundo manifestatur haec excellentia per effectus, cum dicitur et non est secundum opera tua, ubi sciendum est quod triplex est opus excellens Christi. Unum quod se extendit ad totam creaturam, scilicet opus creationis. Jn. I, 3: omnia per ipsum facta sunt. Aliud quidem tantum ad creaturam rationalem, quae per Christum illuminatur, quod est illuminationis. Jn. I, 9: erat lux vera, et cetera. Tertium est iustificationis, quod pertinet tantum ad sanctos, qui per ipsum per gratiam vivificantem vivificantur et iustificantur. Jn. I, 4: et vita erat lux hominum. His enim tribus modis non possunt operari dii praedicti. Angeli enim non sunt creatores, sed creaturae. Ps. CIII, 4: qui facis Angelos tuos spiritus, et cetera. Prophetae etiam sunt illuminati, non illuminantes. Jn. I, 8: non erat ille lux, et cetera. Sacerdotes etiam non iustificabant. Infra X, 4: impossibile est enim sanguine hircorum et taurorum auferri peccata. Ergo manifeste in verbis istis demonstratur Christi excellentia, et haec est materia huius epistolae ad Hebraeos, quae ab aliis distinguitur. Quia in quibusdam epistolis agitur de gratia novi testamenti quantum ad totum corpus mysticum Ecclesiae, et hoc in omnibus epistolis quas mittit Ecclesiis, in ea scilicet quae est ad Romanos, ad Corinthios, ad Galatas, et usque ad primam ad Timotheum. In quibusdam vero quantum ad membra principalia, sicut in his quas mittit singularibus personis, scilicet ad Timotheum, ad Titum, et ad Philemonem. In ista vero commendat ipsam gratiam quantum ad caput, scilicet Christum; in corpore enim Ecclesiae ista tria reperiuntur sicut et in corpore naturali, scilicet ipsum corpus mysticum, membra principalia, scilicet praelati et maiores, et caput, a quo vita fluit in totum corpus, scilicet Christus. Sed antequam accedamus ad divisionem, sciendum est quod ante synodum Nicaenam, quidam dubitaverunt an ista epistola esset Pauli. Et quod non, probant duobus argumentis. Unum est, quia non tenet hunc modum quem in aliis epistolis. Non enim praemittit hic salutationem, nec nomen suum. Aliud est, quia non sapit stylum aliarum, imo habet elegantiorem, nec est aliqua Scriptura quae sic ordinate procedat in ordine verborum, et sententiis, sicut ista. Unde dicebant ipsam esse vel Lucae Evangelistae, vel Barnabae, vel Clementis Papae. Ipse enim scripsit Atheniensibus quasi per omnia secundum stylum istum. Sed antiqui doctores, praecipue Dionysius et aliqui alii, accipiunt verba huius epistolae pro testimoniis Pauli. Et Hieronymus illam inter epistolas Pauli recipit. Ad primum ergo dicendum est, quod triplex ratio fuit quare non posuit nomen suum. Una est, quia non erat apostolus Iudaeorum, sed gentium. Ga. II, 8: qui operatus est Petro in apostolatum circumcisionis, operatus est et mihi inter gentes, et cetera. Et ideo non fecit mentionem de apostolatu suo in principio huius epistolae, quia nolebat officium sui apostolatus insinuare, nisi ipsis gentibus. Secunda, quia nomen suum Iudaeis erat odiosum, cum diceret legalia non debere servari, ut patet Ac. XV, 2 ss. Et ipsum tacuit, ne saluberrima doctrina huius epistolae abiiceretur. Tertia, quia Iudaeus erat. Hebraei sunt? Et ego, II Cor. XI, 22. Et domestici non bene sustinent excellentiam suorum. Non est propheta sine honore nisi in patria sua, et in domo sua, Mt. XIII, 57. Ad argumentum secundum, dicendum est, quod ideo est elegantior in stylo, quia etsi sciebat omnem linguam I Cor. XIV, 18: omnium vestrum lingua loquor, tamen melius sciebat Hebraeam tamquam sibi magis connaturalem, in qua scripsit epistolam istam. Et ideo magis ornate potuit loqui in idiomate suo, quam in aliquo alio. Unde dicit II Cor. XI, 6: etsi imperitus sermone, sed non scientia. Lucas autem qui fuit optimus prolocutor, istum ornatum transtulit de Hebraeo in Graecum.


 

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Dimanche de la Quinquagésime

19 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Dimanche de la Quinquagésime

Introït

Soyez-moi un Dieu protecteur et une maison de refuge, afin que vous me sauviez. Car vous êtes ma force et mon refuge, et à cause de votre nom, vous serez mon guide et vous me nourrirez. J’ai espéré en vous, Seigneur : que je ne sois jamais confondu, dans votre justice, délivrez-moi et sauvez-moi.

Collecte

Nous vous supplions, Seigneur, d’exaucer nos prières avec clémence, et après nous avoir dégagés des liens de nos péchés, gardez-nous de toute adversité.

Épitre 1 Cor. 13, 1-13

Mes Frères : Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit. Quand j’aurais le don de prophétie, que je connaîtrais tous les mystères, et que je posséderais toute science ; quand j’aurais même toute la foi, jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, tout cela ne me sert de rien La charité est patiente, elle est bonne ; la charité n’est pas envieuse, la charité n’est point inconsidérée, elle ne s’enfle point d’orgueil ; elle ne fait rien d’inconvenant, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s’irrite point, elle ne tient pas compte du mal ; elle ne prend pas plaisir à l’injustice, mais elle se réjouit de la vérité ; elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout. La charité ne passera jamais. S’agit-il des prophéties, elles prendront fin ; des langues, elles cesseront ; de la science, elle aura son terme. Car nous ne connaissons qu’en partie, et nous ne prophétisons qu’en partie ; or, quand sera venu ce qui est parfait, ce qui est partiel prendra fin. Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j’ai laissé là ce qui était de l’enfant. Maintenant nous voyons dans un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme je suis connu. Maintenant ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, la charité ; mais la plus grande des trois c’est la charité.

Évangile Lc. 18, 31-43.

En ce temps là : Prenant auprès de lui les Douze, il leur dit : "Voici que nous montons à Jérusalem et que va s’accomplir pour le Fils de l’homme tout ce qui a été écrit par les prophètes. En effet, il sera livré aux Gentils, sera bafoué, sera outragé, et sera couvert de crachats ; et, après l’avoir flagellé, on le fera mourir, et il ressuscitera le troisième jour." Et eux ne comprirent rien à cela ; c’était pour eux un langage caché et ils ne savaient pas ce qui (leur) était dit. Comme il approchait de Jéricho, il se trouva qu’un aveugle était assis sur le bord du chemin, qui mendiait. Entendant passer la foule, il demanda ce que c’était. On l’informa que c’était Jésus de Nazareth qui passait. Et il s’écria : "Jésus, fils de David, ayez pitié de moi !" Ceux qui marchaient devant lui commandèrent avec force de faire silence ; mais il criait beaucoup plus fort : "Fils de David, ayez pitié de moi !" Jésus, s’étant arrêté, ordonna qu’on le lui amenât ; et quand il se fut approché, il lui demanda : "Que veux-tu que je te fasse ?" Il dit : "Seigneur, que je voie !" Et Jésus lui dit : "Vois ! Ta foi t’a sauvé." Et à l’instant il vit, et il le suivait en glorifiant Dieu. Et tout le peuple, à cette vue donna louange à Dieu.

Secrète

Nous vous en supplions, Seigneur, faites que cette hostie nous purifie de nos fautes et qu’elle sanctifie les âmes et les corps de vos serviteurs pour célébrer ce sacrifice.

Postcommunion

Nous vous en supplions, Dieu tout puissant, faites que nous soyons munis contre toute adversité grâce aux célestes aliments que nous avons reçus.

Office

2e Nocturne

4e leçon

Du livre de saint Ambroise, évêque, sur le Patriarche Abraham

Abraham est un grand homme, en vérité, et décoré des marques insignes de nombreuses vertus. La philosophie a beau élever ses aspirations, elle ne peut égaler sa grandeur. En somme, tout ce qu’elle a jamais pu imaginer est bien inférieur à ce que lui, il a fait et la foi toute simple en la vérité vaut bien mieux que l’enflure mensongère du beau parler. Voyons donc de quelle qualité fut en cet homme la soumission à Dieu. Cette vertu vient la première en ordre d’importance, car elle est le fondement de toutes les autres et c’est à bon droit que Dieu l’a exigée tout d’abord en disant : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père. » Il suffisait de dire « pays », car cela implique le fait de quitter la parenté et la maison paternelle.

5e leçon

Toutefois, le Seigneur détaille son ordre pour éprouver le cœur d’Abraham ; ainsi, ce dernier ne paraîtra pas s’être engagé à la légère, ou avoir médité quelque fraude dans l’exécution des ordres célestes. Comme il convenait d’accumuler les préceptes pour que rien n’en échappe, ainsi fallait-il présenter les récompenses pour prévenir le désespoir. La tentation d’Abraham est mesurée à sa vaillance, l’ordre à sa foi, l’appel à sa justice. Et il a raison de partir comme le Seigneur le lui a enjoint. « Et Lot partit avec lui. » Voilà donc, ce précepte qu’on tient en honneur parmi les sentences des sept Sages : « suivre Dieu. » Abraham l’a observé et, par son acte, il a devancé la parole des Sages : il a suivi Dieu, il a quitté sa terre.

6e leçon

Mais auparavant, Abraham avait vécu dans un autre pays, la terre des Chaldéens, d’où était parti Térah, son père, pour s’établir à Haran, et lui-même, qui avait reçu cet ordre : « Quitte ta parenté », avait emmené avec lui son neveu. Voyons donc si « quitter son pays » ne signifie pas, en quelque sorte, quitter la demeure de cette terre, c’est-à-dire, de notre corps, comme l’a fait Paul qui a dit : « Mais nous, nous sommes citoyens des cieux. »

3e Nocturne

7e leçon

Homélie de saint Grégoire, pape

Notre Rédempteur, prévoyant que sa Passion jetterait le trouble dans l’âme de ses apôtres, leur prédit bien à l’avance, et les souffrances de cette Passion, et la gloire de sa Résurrection. Ainsi, en le voyant mourir comme il le leur avait annoncé, ils ne douteraient pas qu’il dût également ressusciter. Mais parce que ses disciples encore charnels ne pouvaient rien comprendre au mystère dont il leur parlait, il eut recours à un miracle. Sous leurs yeux, un aveugle s’ouvre à la lumière, en sorte qu’une action céleste affermisse dans la foi ceux qui ne comprenaient pas les paroles du mystère céleste.

8e leçon

Or il faut, frères très chers, reconnaître dans les miracles du Seigneur, notre Sauveur, des faits dont on doit croire qu’ils se sont véritablement accomplis, mais qui cependant, en tant que signes, nous instruisent de quelque chose. Car tout en témoignant par leur puissance de certaines vérités, les œuvres du Seigneur nous en affirment d’autres par leur mystère. Remarquez-le en effet, à nous en tenir au sens littéral, nous ignorons qui fut l’aveugle dont parle notre évangile, mais nous savons pourtant qui il symbolise dans l’ordre du mystère. L’aveugle, c’est le genre humain : exclu des joies du paradis en la personne de son premier père, privé des clartés de la lumière d’en haut, il subit les ténèbres de sa condamnation ; mais retrouvant la lumière grâce à la présence de son Rédempteur, il en vient à apercevoir, en les désirant, les joies de la lumière intérieure, et il pose le pas de ses bonnes œuvres sur le chemin de la vie.

9e leçon

Il faut remarquer que c’est au moment où, selon le récit, Jésus approche de Jéricho que l’aveugle retrouve la lumière. Jéricho signifie « lune », et la lune, dans l’Écriture Sainte, marque la faiblesse de la chair, car elle connaît en chacun de ses cycles mensuels un déclin, qui symbolise notre faiblesse de mortels. Ainsi, c’est lorsque notre Créateur approche de Jéricho que l’aveugle revient à la lumière, puisque c’est quand Dieu a assumé la faiblesse de notre chair que le genre humain a recouvré la lumière qu’il avait perdue. C’est parce que Dieu subit la condition humaine que l’homme est élevé à la condition divine. C’est avec raison que cet aveugle nous est représenté à la fois assis au bord du chemin et en train de mendier, car la Vérité en personne a dit : « Je suis le Chemin. »

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