Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Regnum Galliae Regnum Mariae

Jeudi de la IIème semaine de Carême

29 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Jeudi de la IIème semaine de Carême

Collecte

Daignez, Seigneur, nous accorder le secours de votre grâce, afin que, persévérant comme il convient dans le jeûne et la prière, nous soyons délivrés des ennemis de l’âme et du corps. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Lecture Jr. 17, 5-10

Ainsi parle le Seigneur Dieu : Maudit soit l’homme qui se confie dans l’homme, qui se fait un bras de chair, et dont le cœur se retire du Seigneur. Il sera comme les bruyères dans le désert, et il ne verra pas arriver le bonheur ; mais il habitera au désert dans la sécheresse, dans une terre de sel et inhabitable, Béni soit l’homme qui se confie dans le Seigneur, et dont le Seigneur est l’espérance, il sera comme un arbre transplanté près des eaux qui étend ses racines vers l’humidité, et qui ne craint pas la chaleur lorsqu’elle est venue. Son feuillage sera toujours vert ; il ne sera point en peine au temps de la sécheresse, et il ne cessera jamais de porter du fruit. Le cœur de tous les hommes est mauvais et impénétrable ; qui pourra e connaître ? Moi, le Seigneur, je sonde le cœur, et j’éprouve les reins ; je rends à chacun selon sa voie et selon le fruit de ses pensées, dit le Seigneur tout-Puissant.

Évangile Lc. 16, 19-31

En ce temps-là, Jésus dit aux Pharisiens : Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de lin, et qui faisait chaque jour une chère splendide. Il y avait aussi un mendiant, nommé Lazare, qui était couché à sa porte, couvert d’ulcères, désirant se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche, et personne ne lui en donnait ; mais les chiens venaient aussi, et léchaient ses plaies. Or il arriva que le mendiant mourut, et fut emporté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli dans l’enfer. Et levant les yeux, lorsqu’il était dans les tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein ; et s’écriant, il dit : Père Abraham, ayez pitié de moi, et envoyez Lazare, afin qu’il trempe l’extrémité de son doigt dans l’eau, pour rafraîchir ma langue, car je suis tourmenté dans cette flamme. Mais Abraham lui dit : Mon fils, souviens-toi que tu as reçu les biens pendant ta vie, et que Lazare a reçu de même les maux ; or maintenant il est consolé, et toi, tu es tourmenté. De plus, entre nous et vous un abîme a été établi ; de sorte que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous, où de là venir ici, ne le peuvent pas. Le riche dit : Je vous supplie donc, père, de l’envoyer dans la maison de mon père ; car j’ai cinq frères, afin qu’il leur atteste ces choses, de peur qu’ils ne viennent eux aussi, dans ce lieu de tourments. Et Abraham lui dit : Ils ont Moïse et les prophètes : qu’ils les écoutent. Et il reprit : Non, père Abraham ; mais si quelqu’un des morts va vers eux, ils feront pénitence. Abraham lui dit : S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, quand même quelqu’un des morts ressusciterait, ils ne croiront pas.

 

LEÇON.

Les lectures de ce jour sont consacrées à fortifier dans nos cœurs les principes de la morale chrétienne. Détournons un instant les yeux du triste spectacle que nous offre la malice des ennemis du Sauveur ; reportons-les sur nous-mêmes, afin de connaître les plaies de nos âmes et d’en préparer le remède. Le prophète Jérémie nous présente aujourd’hui le tableau de deux situations pour l’homme ; laquelle des deux est la nôtre ? Il y a l’homme qui met sa confiance dans un bras de chair, c’est-à-dire qui ne considère sa vie que dans les conditions du présent, qui voit tout dans les créatures, et se trouve par là même entraîné à violer la loi du Créateur. Tous nos péchés sont venus de cette source ; nous avons perdu de vue nos fins éternelles, et la triple concupiscence nous a séduits. Hâtons-nous de revenir au Seigneur notre Dieu : autrement, nous aurions à craindre le sort dont le Prophète menace le pécheur : Quand le bien arrivera, il ne le verra pas. La sainte Quarantaine avance dans son cours ; les grâces les plus choisies se multiplient à chaque heure ; malheur à l’homme qui, distrait par la vaine figure de ce monde qui passe, ne s’aperçoit de rien, et demeure, en ces saints jours, stérile pour le ciel, comme la bruyère du désert l’est pour la terre ! Qu’il est grand, le nombre de ces aveugles volontaires, et que leur insensibilité est effrayante ! Enfants fidèles de la sainte Église, priez pour eux, priez sans cesse ; offrez au Seigneur à leur intention les œuvres de votre pénitence, les largesses de votre charité. Chaque année, plusieurs d’entre eux rentrent au bercail, dont la porte leur a été ouverte par les pieux suffrages de leurs frères ; faisons violence à la divine miséricorde.

Le Prophète nous dépeint ensuite l’homme qui met sa confiance dans le Seigneur, et qui, n’ayant pas d’autre espérance que lui, veille sans cesse à lui être fidèle. C’est un bel arbre au bord des eaux, dont le feuillage est toujours vert, et dont les fruits sont abondants. « Je vous ai établis, dit le Sauveur, afin que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. » Devenons cet arbre béni et toujours fécond. L’Église, en ce saint temps, répand sur ses racines l’eau de la componction ; laissons agir cette eau bienfaisante. Le Seigneur pénètre nos cœurs ; il sonde nos désirs de conversion ; et, quand la Pâque sera venue, « il rendra à chacun selon sa voie ».

ÉVANGILE.

Nous voyons dans ce récit la sanction des lois divines, le châtiment du péché ; combien le Seigneur nous y apparaît redoutable ! et « qu’il est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant ! » Un homme est aujourd’hui dans le repos, dans les jouissances, dans la sécurité ; l’inévitable mort vient fondre sur lui, et le voilà enseveli tout vivant dans l’enfer. Haletant au milieu des flammes éternelles, il implore une goutte d’eau, et cette goutte d’eau lui est refusée. D’autres hommes, ses semblables, qu’il a vus de ses yeux, il y a peu d’heures, sont dans un autre séjour, dans le séjour d’une félicité éternelle, et un immense abîme le sépare d’eux pour jamais. Sort effroyable ! Désespoir sans fin ! Et des hommes, sur la terre, vivent et meurent souvent sans avoir un seul jour sondé cet abîme, même de leur simple pensée ! Heureux donc ceux qui craignent ! Car cette crainte peut les aider à soulever le poids qui les entraînerait dans le gouffre sans fond. Quelles épaisses ténèbres le péché a répandues dans l’âme de l’homme ! Des gens sages, prudents, qui ne commettront jamais une faute dans la gestion de leurs affaires de ce monde, sont insensés, stupides, quand il s’agit de l’éternité. Quel affreux réveil ! Et le malheur est sans remède. Afin de rendre la leçon plus efficace, le Sauveur ne nous a pas raconté la réprobation d’un de ces grands scélérats dont les crimes font horreur, et que les mondains eux-mêmes regardent comme la proie de l’enfer ; il nous représente un de ces hommes tranquilles, d’un commerce aimable, faisant honneur à leur position. Ici, point de forfaits, point d’atrocités ; le Sauveur nous dit simplement qu’il était vêtu avec luxe, qu’il faisait tous les jours bonne chère. Il y avait bien un pauvre mendiant à sa porte ; mais il ne le maltraitait pas ; il eût pu le chasser plus loin ; il le souffrait sans insulter à sa misère. Pourquoi donc ce riche sera-t-il dévoré éternellement par les ardeurs de ce feu que Dieu a allumé dans sa colère ? C’est parce que l’homme qui vit dans le luxe et la bonne chère, s’il ne tremble pas à la pensée de l’éternité, s’il ne comprend pas qu’il doit « user de ce monde comme n’en usant pas », s’il est étranger à la croix de Jésus-Christ, est déjà vaincu par la triple concupiscence. L’orgueil, l’avarice, la luxure, se disputent son cœur, et finissent par y dominer d’autant plus qu’il ne songe pas même à rien faire pour les abattre. Cet homme ne lutte pas : c’est qu’il est vaincu ; et la mort s’est établie dans son âme. Il ne maltraite pas le pauvre ; mais il se souviendra trop tard que le pauvre est plus que lui, et qu’il fallait l’honorer et le soulager. Ses chiens ont eu plus d’humanité que lui ; et voilà pourquoi Dieu l’a laissé s’endormir jusqu’au bord de l’abîme où il doit tomber. Dira-t-il qu’il n’a pas été averti ? Il avait Moïse et les Prophètes ; plus que cela, il avait Jésus et son Église. Il a en ce moment la sainte Quarantaine qui a été annoncée pour lui ; mais se donne-t-il la peine de savoir même ce que c’est que ce temps de grâce et de pardon ? Il l’aura traversé sans s’en être douté ; mais il aura en même temps fait un pas de plus vers l’éternel malheur.

Lire la suite

Mercredi de la IIème semaine de Carême

28 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Mercredi de la IIème semaine de Carême

Collecte

Nous vous en supplions, Seigneur, regardez favorablement votre peuple, et accordez à ceux auxquels vous ordonnez de s’abstenir de chair, de renoncer aussi aux vices qui nuisent à leurs âmes. Par N.-S.

Lecture Est. 13, 8-11 et 15-17.

En ces jours-là, Mardochée pria le Seigneur, se souvenant de toutes ses œuvres, et il dit : Seigneur, Seigneur, roi tout-puissant, toutes choses sont soumises à votre pouvoir, et nul ne peut résister à votre volonté, si vous avez résolu de sauver Israël. Vous avez fait le ciel et la terre, et tout ce qui est contenu dans l’enceinte du ciel. Vous êtes le Seigneur de, toutes choses, et nul ne peut résister a votre majesté. Maintenant donc, Seigneur, roi, Dieu d’Abraham, ayez pitié de votre peuple parce que nos ennemis veulent nous perdre et détruire votre héritage. Ne méprisez pas ce peuple qui est votre partage, que vous avez racheté de l’Égypte pour vous. Exaucez ma prière, et soyez propice à une nation qui est votre part et votre héritage, et changez, Seigneur, notre deuil en joie, afin que pendant notre vie nous glorifiions votre nom, et ne fermez pas la bouche de ceux qui vous louent, ô Seigneur notre Dieu.

Évangile Mt. 20, 17-28

En ce temps-là, Jésus, montant à Jérusalem, prit à part les douze disciples, et leur dit : Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux princes des prêtres et aux scribes, et ils le condamneront à mort ; et ils le livreront aux gentils, pour qu’ils se moquent de lui, le flagellent et le crucifient ; et il ressuscitera le troisième jour. Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de lui avec ses deux fils, et se prosterna en lui demandant quelque chose. Il lui dit : Que veux-tu ? Ordonnez, lui dit-elle, que mes deux fils, que voici, soient assis l’un à votre droite, et l’autre à votre gauche, dans votre royauté. Mais Jésus répondit : Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que je dois boire ? Ils lui dirent : Nous le pouvons. Il leur dit : Oui, vous boirez mon calice ; quant à être assis à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de vous le donner ; ce sera pour ceux auxquels mon Père l’a préparé. Les dix, ayant entendu cela, s’indignèrent contre les deux frères. Mais Jésus les appela à lui, et leur dit : Vous savez que les princes des nations les dominent, et que les grands exercent la puissance sur elles. Il n’en sera pas ainsi parmi vous ; mais que celui qui voudra devenir le plus grand parmi vous soit votre serviteur, et que celui qui voudra être le premier parmi vous soit votre esclave ; de même que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et pour donner sa vie comme la rançon d’un grand nombre.

LEÇON.

Ce cri, poussé vers le ciel en faveur d’un peuple condamné à périr tout entier, représente les supplications des justes de l’Ancien Testament pour le salut du monde. Le genre humain était en butte à la rage de l’ennemi infernal figuré par Aman. Le Roi des siècles avait prononcé l’arrêt fatal : Vous mourrez de mort. Qui pouvait désormais faire révoquer la sentence ? Esther l’osa auprès d’Assuérus, et elle fut écoutée. Marie s’est présentée devant le trône de l’Eternel ; et c’est elle qui, par son Fils divin, écrase la tête du serpent auquel nous devions être livrés. L’arrêt sera donc annulé, et nul ne mourra, si ce n’est ceux qui voudront mourir. L’Église aujourd’hui, émue des dangers auxquels est en proie un si grand nombre de ses enfants, qui si longtemps ont vécu dans le poché, intercède pour eux, en empruntant la prière de Mardochée. Elle supplie son Époux de se rappeler qu’autrefois il les tira de la terre d’Égypte ; qu’ils sont devenus par le baptême les membres de Jésus-Christ, l’héritage du Seigneur. Elle le conjure de remplacer leur deuil par les joies pascales, et de ne pas fermer par la mort ces bouches trop souvent coupables, mais qui aujourd’hui ne s’ouvrent que pour demander grâce, et qui, lorsque le pardon sera descendu, éclateront en cantiques de reconnaissance envers le divin libérateur.

ÉVANGILE.

Le voici devant nous celui qui s’est dévoué pour apaiser la colère du Roi des siècles et pour sauver son peuple de la mort. C’est lui, le fils de la nouvelle Esther et aussi le Fils de Dieu, qui s’approche pour briser l’orgueil d’Aman, au moment même où ce perfide croit triompher. Il se dirige vers Jérusalem, car c’est là que doit se donner le grand combat. Il avertit ses disciples de tout ce qui va se passer. Il sera livré aux princes des prêtres, qui le déclareront digne de mort ; ceux-ci le mettront au pouvoir du gouverneur et des soldats romains. Il sera couvert d’opprobres, flagellé et crucifié ; mais, le troisième jour, il ressuscitera glorieux. Les Apôtres entendirent tous cette prophétie que Jésus leur fit, les ayant tirés à part ; car l’Évangile nous dit que ce fut aux douze qu’il parla. Judas était présent, et aussi Pierre, Jacques et Jean, que la transfiguration de leur Maitre sur le Thabor avait mieux instruits que les autres de la sublime dignité qui résidait en lui. Et cependant tous l’abandonnèrent. Judas le vendit, Pierre le renia, et la terreur dispersa le troupeau tout entier, lorsque le Pasteur fut en butte à la violence de ses ennemis. Nul ne se souvint qu’il avait annoncé sa résurrection pour le troisième jour, si ce n’est peut-être Judas, que cette pensée rassura, quand une basse cupidité lui fit commettre la trahison. Tous les autres ne virent que le scandale de la croix ; et c’en fut assez pour éteindre leur foi et pour les faire rompre avec leur Maître. Quelle leçon pour les chrétiens de tous les siècles ! Combien elle est rare, cette estime de la croix qui la fait considérer, pour soi-même et pour les autres, comme le sceau de la prédilection divine !

Hommes de peu de foi, nous nous scandalisons des épreuves de nos frères, et nous sommes tentés de croire que Dieu les a abandonnés parce qu’il les afflige ; hommes de peu d’amour, la tribulation de ce monde nous semble un mal, et nous regardons comme une dureté de la part du Seigneur ce qui est pour nous le comble de sa miséricorde. Nous sommes semblables à la mère des fils de Zébédée : il nous faut près du Fils de Dieu une place glorieuse, apparente, et nous oublions que, pour la mériter, il faut boire le calice qu’il a bu lui-même, le calice de la Passion. Nous oublions aussi la parole de l’Apôtre, « que pour entrer en part avec Jésus dans sa gloire, il faut avoir goûté à ses souffrances » ! Le Juste n’est point entré dans son repos par les honneurs et parles délices ; le pécheur ne l’y suivra point sans avoir traversé la voie de l’expiation.

Lire la suite

Mardi de la IIème semaine de Carême

27 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Mardi de la IIème semaine de Carême

Collecte

Nous vous supplions, Seigneur, de continuer à nous assister avec bonté, dans l’observation de ce saint jeûne ; afin qu’ayant appris de vous-même ce que nous avons à faire, nous l’accomplissions par le secours de votre grâce. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Lecture 3 R. 17, 8-16

En ces jours-là, la parole du Seigneur fut aussi adressée à Élie de Thesbé : Allez à Sarepta des Sidoniens, et demeurez-y ; car j’ai commandé à une femme veuve de vous y nourrir. Élie se leva et s’en alla à Sarepta. Lorsqu’il fut venu à la porte de la ville, il aperçut une femme veuve qui ramassait du bois ; il l’appela et lui dit : Donnez-moi un peu d’eau dans un vase afin que je boive. Tandis qu’elle allait lui en chercher, il lui cria derrière elle : Apportez-moi aussi, je vous prie, une bouchée de pain dans votre main. Elle lui répondit : Vive le Seigneur votre Dieu, je n’ai point de pain ; j’ai seulement dans un pot autant de farine qu’on peut en prendre avec trois doigts, et un peu d’huile dans un petit vase. Je viens ramasser ici deux morceaux de bois pour aller apprêter à manger à moi et à mon fils, afin que nous mourions ensuite. Élie lui dit : Ne craignez point, et faites comme vous avez dit ; mais faites d’abord pour moi, de ce petit reste de farine, un petit pain cuit sous la cendre et apportez-le-moi, et vous en ferez après cela pour vous et pour votre fils. Car voici ce que dit le Seigneur, Dieu d’Israël : La farine qui est dans ce pot ne manquera point, et l’huile qui est dans ce petit vase ne diminuera pas, jusqu’au jour où le Seigneur doit faire tomber la pluie sur la terre. Cette femme s’en alla donc, et fit ce qu’Élie lui avait dit. Et Élie mangea, et elle, et sa maison ; et depuis ce jour, la farine du pot ne manqua point, et l’huile du petit vase ne diminua pas, selon que le Seigneur l’avait prédit par Élie.

Évangile Mt. 23, 1-12

En ce temps-là, Jésus parla aux foules et à ses disciples en disant : Les scribes et les pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse. Observez donc et faites tout ce qu’ils vous disent ; mais n’agissez pas selon leurs œuvres, car ils disent, et ils ne font pas. Ils lient des fardeaux pesants et insupportables, et ils les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne veulent pas les remuer du doigt. Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes ; c’est pourquoi ils portent de larges phylactères et de longues franges. Ils aiment les premières places dans les festins, et les premières chaires dans les synagogues, et à être salués dans les places publiques, et à être appelés Rabbi par les hommes. Mais vous, ne vous faites point appeler Rabbi, car vous n’avez qu’un seul Maître, et vous êtes tous frères. Et ne donnez à personne sur la terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, qui est dans les cieux. Et qu’on ne vous appelle point maîtres, car vous n’avez qu’un seul Maître, le Christ. Celui qui est le plus grand parmi vous, sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera, sera humilié, et quiconque s’humiliera, sera élevé.

LEÇON.

L’instruction des Catéchumènes se poursuit, à l’aide des faits évangéliques qui vont se développant de jour en jour ; et l’Église continue de prendre dans l’Ancien Testament les indices prophétiques qui se réaliseront dans la malédiction des Juifs et la vocation des Gentils. Aujourd’hui, c’est Élie, ce personnage mystérieux qui nous tient fidèle compagnie pendant le Carême ; c’est lui qui vient mettre en action les jugements que Dieu portera un jour sur son peuple ingrat. Une sécheresse de trois ans a réduit aux abois le royaume d’Israël, sans qu’il ait songé à se convertir au Seigneur. Élie cherche encore quelqu’un qui veuille le nourrir. Nourrir le Prophète de Dieu, c’est une grande faveur, car Dieu est avec lui. Cet homme de miracle se dirigera-t-il vers quelque maison du royaume d’Israël ? Passera-t-il dans la terre de Juda ? Non ; il se tourne vers les régions de la gentilité ; c’est au pays de Sidon qu’il se rend, à Sarepta, chez une pauvre veuve. C’est chez cette humble femme qu’il transporte la bénédiction d’Israël. Le Sauveur lui-même a relevé cette circonstance, où paraît si visiblement la justice de Dieu contre les Juifs et sa miséricorde envers nous. « En vérité, je vous le dis, il y avait dans Israël beaucoup de veuves au temps d’Élie ; et cependant il ne fut envoyé à aucune d’elles, mais bien à la veuve de Sarepta, dans la terre de Sidon. »

Cette pauvre femme est donc le type de la gentilité appelée à la foi. Aussi, voyons quels caractères frappants nous présente cette histoire symbolique. Il s’agit d’une veuve sans appui, sans protection ; c’est la gentilité délaissée, n’ayant personne qui la défende contre l’ennemi du genre humain. Pour nourrir la mère et l’enfant, il ne reste plus qu’un peu de farine et un peu d’huile, après quoi il faudra mourir ; c’est l’image de l’affreuse disette de vérités que souffrait le monde païen, dont la vie était près de s’éteindre quand l’Évangile lui fut annoncé. Dans cette extrémité, la veuve de Sarepta reçoit le Prophète avec humanité et confiance ; elle ne doute point de sa parole, et elle est sauvée, elle et son fils. C’est ainsi que la gentilité accueillit les Apôtres, lorsque, secouant la poussière de leurs pieds, ils se virent contraints de tourner le dos à l’infidèle Jérusalem. Nous voyons la veuve tenant dans ses mains deux morceaux de bois ; ce double bois, au jugement de saint Augustin, de saint Césaire d’Arles et de saint Isidore de Séville, échos de la tradition primitive du christianisme, est la figure de la Croix. Avec ce bois, la veuve cuit le pain qui doit la nourrir, parce que c’est de la Croix que procède pour les gentils la nourriture et la vie, par Jésus qui est le Pain vivant. Tandis qu’Israël demeure dans la disette et la sécheresse, l’Église des Gentils ne voit défaillir en son sein ni la farine du froment céleste, ni l’huile, symbole de force et de douceur. Gloire soit donc à Celui qui nous a appelés du sein des ténèbres à l’admirable lumière de la foi ! Mais tremblons à la vue des malheurs que l’abus des grâces a attirés surtout un peuple. Si la justice de Dieu n’a pas reculé devant la réprobation d’une nation, s’arrêtera-t-elle devant notre endurcissement volontaire ?

ÉVANGILE.

Les docteurs de la Loi sont encore assis sur la chaire de Moïse ; Jésus veut qu’on écoute leur enseignement. Mais cette chaire, qui est une chaire de vérité, malgré l’indignité de ceux qui y sont assis, ne restera plus longtemps au sein d’Israël. Caïphe prophétisera encore, parce qu’il est pontife en cette année ; mais sa chaire, qu’il a souillée par d’indignes passions, va bientôt être enlevée et transférée au milieu de la gentilité. Jérusalem, qui aura renié le divin libérateur, va perdre ses honneurs ; et bientôt Rome, le centre de la puissance païenne, verra s’élever dans ses murs cette même chaire qui était la gloire d’Israël, du haut de laquelle se proclamaient les prophéties si visiblement accomplies en Jésus. Cette chaire ne sera plus ébranlée désormais, quelle que soit la fureur des portes de l’enfer ; elle sera toujours l’espoir fidèle des nations qui recevront d’elle l’indéfectible témoignage de la vérité. C’est ainsi que le flambeau de la foi qui luisait dans Jacob a été déplacé, mais ne s’est pas éteint. Jouissons de sa lumière, et méritons par notre humilité que ses rayons viennent toujours jusqu’à nous.

Quelle a été la cause de la perte d’Israël ? Son orgueil. Il s’est complu dans les dons que Dieu avait accumulés sur lui ; il n’a pas voulu reconnaître un Messie dépourvu de toute gloire humaine ; il s’est révolté d’entendre dire à Jésus que les Gentils participeraient au salut, et il a voulu, par le plus grand des forfaits, étouffer cette voix qui lui reprochait la dureté de son cœur. Ces hommes superbes, à la veille du jour de la vengeance divine, que tout leur annonce être prochain, n’ont rien perdu de leur arrogance. C’est toujours le même faste, le même mépris impitoyable pour les pécheurs. Le Fils de Dieu s’est fait le fils de l’homme ; il est notre maître, et c’est lui qui nous sert ; apprenons à cet exemple le prix de l’humilité. Si on nous nomme Maître, si on nous appelle Père, n’oublions pas que nul n’est maître, que nul n’est père que par le Seigneur notre Dieu. Le maître digne de ce nom est celui par la bouche duquel Jésus-Christ enseigne ; et celui-là seul est vraiment père qui reconnaît que son autorité paternelle ne vient que de Dieu ; car, comme le dit l’Apôtre, « c’est du Père de notre Seigneur Jésus-Christ que découle toute paternité au ciel et sur la terre ».

 

Lire la suite

Lundi de la II ème semaine de Carême

26 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Lundi de la II ème semaine de Carême

Collecte

Daignez faire, ô Dieu tout-puissant, que vos fidèles, qui, pour mortifier leur chair, observent l’abstinence, jeûnent aussi du péché, en pratiquant la justice.

Lecture Dn. 9, 15-19

En ces jours-là, Daniel adressa cette prière au Seigneur : Seigneur notre Dieu, qui avez tiré votre peuple du pays d’Égypte avec une main puissante, et qui vous êtes fait un nom tel qu’il est aujourd’hui, nous avons péché, nous avons commis l’iniquité. Seigneur, selon toute votre justice, je vous en conjure, que votre colère et votre fureur se détournent de votre ville de Jérusalem et de votre montagne sainte ; car, à cause de nos péchés et des iniquités de nos pères, Jérusalem et votre peuple sont en opprobre à tous ceux qui nous environnent. Maintenant donc, écoutez, notre Dieu, les prières et les supplications de votre serviteur ; montrez votre face sur votre sanctuaire, qui est désert ; faites-le pour vous-même. Abaissez, mon Dieu, votre oreille et écoutez ; ouvrez vos yeux, et voyez notre désolation et cette ville sur laquelle votre nom a été invoqué ; car ce n’est pas à cause de notre justice que nous vous présentons humblement nos prières, mais à cause de vos nombreuses miséricordes. Exaucez, Seigneur, apaisez-vous, Seigneur ; soyez attentif et agissez ; ne tardez pas, mon Dieu, pour vous-même, parce que votre nom a été invoqué sur cette ville et sur votre peuple, ô Seigneur notre Dieu.

Évangile Jn. 8, 21-29

En ce temps-là, Jésus dit à la foule des Juifs : Je m’en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Là où je vais, vous ne pouvez venir. Les Juifs disaient donc : Est-ce qu’il se tuera lui-même, puisqu’il dit : Là où je vais, vous ne pouvez venir ? Et il leur dit : Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; moi je ne suis pas de ce monde. Je vous ai donc dit que vous mourrez dans vos péchés ; car, si vous ne croyez pas à ce que je suis, vous mourrez dans votre péché. Ils lui dirent donc : Qui êtes-vous ? Jésus leur répondit : Je suis le principe, moi qui vous parle. J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à juger en vous. Mais celui qui m’a envoyé est véridique, et ce que j’ai appris de lui, je le dis dans le monde. Ils ne comprirent pas qu’il disait que Dieu était son Père. Jésus leur dit donc : Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez, qui je suis et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle de ce que le Père m’a enseigné. Et celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable.

 

LEÇON.

Cette lamentable supplication que Daniel adressait à Dieu du sein de la captivité de Babylone fut exaucée ; et après soixante-dix ans d’exil, Israël revit sa patrie, releva le Temple du Seigneur, et reprit le cours de ses destinées merveilleuses. Mais voici qu’aujourd’hui encore, et depuis dix-huit siècles, ces tristes paroles du Prophète sont à peine l’expression suffisante de la nouvelle désolation qui est venue fondre sur Israël. La fureur de Dieu est sur Jérusalem, les ruines mêmes du temple ont péri, le peuple toujours vivant est dispersé par toute la terre et donné en spectacle aux nations. Une malédiction pèse sur lui ; il est errant comme Caïn ; et Dieu veille à ce qu’il ne soit jamais anéanti. Terrible problème pour la science rationaliste ; mais pour le chrétien, châtiment toujours visible du plus grand des forfaits. Telle est l’explication de ce phénomène : « La lumière est venue au milieu des ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point comprise. » Si les ténèbres eussent accepté la lumière, aujourd’hui elles ne seraient plus ténèbres ; mais il n’en fut pas ainsi : Israël a mérité son abandon. Plusieurs de ses fils ont consenti à reconnaître le Juste, et ils sont devenus enfants de la lumière ; et c’est même par eux que la lumière s’est levée sur le monde entier. Quand le reste d’Israël ouvrira-t-il les yeux ? Quand ce peuple consentira-t-il à adresser au Seigneur la prière de Daniel ? Il la possède, il la lit souvent : et elle ne pénètre point jusqu’à son cœur fermé par l’orgueil. Nous, les derniers venus de la famille, prions pour nos aînés. Quelques-uns d’entre eux, chaque année, se séparent de la masse maudite ; ils viennent demander à Jésus de les admettre dans le nouvel Israël. Que leur arrivée soit bénie ; et daigne le Seigneur, dans sa bonté, faire que leur nombre s’accroisse de plus en plus, afin que toute créature humaine adore en tous lieux le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, avec son Fils Jésus-Christ qu’il a envoyé !

ÉVANGILE.

Je m’en vais : parole terrible ! Jésus est venu pour sauver ce peuple ; il n’a rien épargné pour lui prouver son amour. Ces jours derniers, nous l’avons vu repousser durement la Chananéenne, et dire qu’il n’est venu que pour les brebis perdues de la maison d’Israël ; et ces brebis perdues méconnaissent leur pasteur. Il avertit les Juifs qu’il va se retirer bientôt, et qu’ils ne pourront le suivre où il va : cette parole ne les éclaire pas. Ses œuvres attestent qu’il est venu du ciel ; mais eux ne songent qu’à la terre. Toute leur espérance est dans un Messie terrestre et glorieux à la façon des conquérants. C’est donc en vain que Jésus passe au milieu d’eux en faisant le bien, en vain que la nature est soumise à ses lois, en vain que sa sagesse et sa doctrine surpassent tout ce que les hommes ont entendu de plus sublime ; Israël est sourd, il est aveugle. Les plus farouches passions fermentent dans son cœur ; elles ne seront satisfaites que le jour où la Synagogue pourra laver ses mains dans le sang du Juste. Mais en ce jour, la mesure sera comblée, et la colère de Dieu fera un exemple qui doit retentir dans tous les siècles. On frissonne en songeant aux horreurs de ce siège de Jérusalem, de cette extermination de la ville et du peuple qui avaient demandé la mort de Jésus. Le Sauveur lui-même nous dit que depuis le commencement du monde il n’y avait jamais eu un si affreux désastre, et que la suite des siècles n’en verra pas un pareil. Dieu est patient ; il attend avec longanimité ; mais quand sa fureur si longtemps contenue vient à éclater, elle entraîne tout, et les monuments de ses vengeances sont l’effroi de toutes les générations qui viennent après. O pécheurs, qui jusqu’aujourd’hui n’avez tenu aucun compte des avertissements de l’Église, qui n’avez pas songé encore à convertir votre cœur au Seigneur votre Dieu, tremblez à cette parole : Je m’en vais. Si ce Carême passe comme les autres, sans vous avoir changés. sachez que cette menace vous regarde : Vous mourrez dans votre péché. Voulez-vous aussi demander la mort du Juste, dans quelques jours ? Crierez-vous aussi : Qu’il soit crucifié ? Prenez-y garde : il a brisé un peuple entier, un peuple qu’il avait comblé de faveurs, qu’il avait protégé et sauvé mille fois ; ne vous flattez pas qu’il vous ménage. Il faut qu’il triomphe ; si ce n’est par la miséricorde, ce sera par la justice.

Lire la suite

II ème dimanche de Carême

25 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

II ème dimanche de Carême

Introït

Souvenez-vous de vos bontés, Seigneur, et de votre miséricorde qui datent des siècles passés. Que nos ennemis ne triomphent jamais de nous. Dieu d’Israël, délivrez-nous de toutes nos tribulations. Vers vous, Seigneur, j’ai élevé mon âme ; mon Dieu, je mets ma confiance en vous, que je n’aie pas à rougir.

Collecte

O Dieu, qui voyez que nous n’avons de nous-mêmes aucune force, gardez-nous au dedans et au dehors, afin que notre corps soit préservé de toute Adversité, et notre âme purifiée de toute pensée mauvaise. Par Notre-Seigneur.

Épitre1 Th. 4, 1-

Mes frères, nous vous demandons et vous conjurons dans le Seigneur Jésus, qu’ayant appris de nous comment vous devez marcher et plaire à Dieu, vous marchiez ainsi, de manière à progresser de plus en plus. En effet, vous savez quels préceptes je vous ai donnés de la part du Seigneur Jésus ! Car la volonté de Dieu est que vous soyez saints ; que vous vous absteniez de la fornication ; que chacun de vous sache posséder le vase de son corps dans la sainteté et l’honnêteté, et non en suivant les convoitises de la passion, comme les païens, qui ne connaissent pas Dieu ; et que personne à cet égard ne trompe son frère, et ne lui fasse tort, parce que le Seigneur tire vengeance de toutes ces choses, comme nous l’avons déjà dit et attesté. Car Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté, mais à la sanctification en Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Évangile Mt, 17, 1-9

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et les conduisit à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la neige. Et voici que Moïse et Élie leur apparurent, s’entretenant avec lui. Alors Pierre prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il nous est bon d’être ici ; si vous le voulez, faisons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, et une pour Élie. Comme il parlait encore, voici qu’une nuée lumineuse les couvrit ; et voici qu’une voix sortit de la nuée, disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances ; écoutez-le. Les disciples, l’entendant, tombèrent le visage contre terre, et furent saisis d’une grande crainte. Mais Jésus, s’approchant, les toucha, et leur dit : Levez-vous, et ne craignez point. Alors, levant les yeux, ils ne virent plus que Jésus seul. Lorsqu’ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : Ne parlez à personne de ce que vous avez vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.

Secrète

Nous vous en supplions, Seigneur, jetez un regard favorable sur ce présent sacrifice, afin qu’il augmente notre piété et contribue à notre salut. Par Notre-Seigneur.

Postcommunion

Nous vous adressons d’ardentes supplications, Dieu tout-puissant, afin qu’à ceux que vous nourrissez de vos sacrements, vous accordiez aussi de vous servir dignement en ayant une conduite qui vous soit agréable. Par Notre-Seigneur.

4e leçon

Du livre de saint Augustin, évêque, contre le Mensonge

Ce que fit Jacob, sous l’influence maternelle, de façon à paraître tromper son père, se révèle, au regard attentif de la foi diligente, non pas comme un mensonge, mais comme un mystère. Si nous disons : « Mensonges que tout cela », alors, toutes les paraboles, toutes ces figures pour exprimer n’importe quelles réalités qui ne sont pas à prendre au pied de la lettre, mais qui veulent faire comprendre une chose par une autre, seront aussi des mensonges ? Ah ! non, vraiment, non ! Celui qui pense ainsi va-t-il étendre cette calomnie à toutes les locutions figurées qui sont tellement nombreuses ? Il en est une qui porte le nom même de métaphore, c’est-à-dire « emprunt d’un terme propre à une chose pour le transférer à une autre à laquelle il n’appartient pas en propre ». Alors, pourrait-on, à ce compte, parler de mensonge ?

5e leçon

Ce qui est signifié, voilà certes ce qui est dit. Telles paroles sont jugées mensonges parce que la vraie signification n’en est pas comprise parce que l’on croit dites des choses fausses. Pour que ceci devienne plus clair par des exemples, prête attention à l’action même de Jacob. Certes, il couvre ses membres de peaux de chevreau. Si nous recherchons le motif immédiat, nous penserons : il a menti. Il agit ainsi afin d’être pris pour celui qu’il n’est pas. Mais si ce fait est rapporté à cette signification figurée qui est la cause même de son accomplissement alors, les peaux de chevreau représentent les péchés, et celui qui s’en est recouvert est la figure de celui-là même qui a porté, non ses péchés, mais ceux des autres.

6e leçon

En aucune façon, la signification vraie ne peut donc être dite mensonge. Il en est ainsi pour l’action, ainsi de même pour les paroles. Car lorsque son père lui demanda : « Qui es-tu, mon fils ? » celui-ci répondit : « Je suis Ésaü, ton premier-né. » Si nous rapportons ceci à ces deux jumeaux, il semblera qu’il y ait mensonge, si au contraire, nous les rapportons à cette réalité en vue de laquelle ces paroles et ces gestes figuratifs ont été consignés par écrit, c’est lui qu’il faut comprendre ici, dans son corps qui est son Église, lui qui a dit, en parlant de cet événement : « Vous verrez Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes dans le Royaume de Dieu, tandis que vous-mêmes serez jetés dehors... » et « L’on viendra du levant et du couchant du nord et du midi, prendre place au festin dans le Royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers ». C’est ainsi que le frère plus jeune d’une certaine manière a enlevé à son aîné la priorité et en a transféré les droits sur lui-même.

7e leçon

Homélie de saint Léon, pape

« Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère » et, ayant gravi avec eux une haute montagne, à l’écart, il leur manifesta l’éclat de sa gloire. Car ils avaient certes reconnu en lui la majesté de Dieu, mais ils ignoraient encore la puissance détenue par ce corps qui cachait la divinité. Et voilà pourquoi il avait promis en termes formels et précis que certains des disciples présents « ne goûteraient pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir dans son royaume », c’est-à-dire avec l’éclat royal qui convenait spécialement à la nature humaine assumée et qu’il voulut rendre visible à ces trois hommes. Car, pour ce qui est de la vision ineffable et inaccessible de la Divinité elle-même, - vision réservée aux purs de cœur, pour la vie éternelle, des êtres encore revêtus d’une chair mortelle ne pouvaient en aucune façon la contempler ni même la voir.

8e leçon

Lorsque le Père dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je me complais, écoutez-le », n’entendit-on pas clairement : « Celui-ci est mon Fils » pour qui être de moi et être avec moi est une réalité qui échappe au temps ? Car ni celui qui engendre n’est antérieur à l’engendré, ni l’engendré n’est postérieur à celui qui l’engendre. « Celui-ci est mon Fils » : de moi ne le sépare pas la divinité, ne le divise pas la puissance, ne le distingue pas l’éternité. « Celui-ci est mon Fils », non adoptif, mais propre, non créé d’ailleurs, mais engendré de moi, non d’une autre nature et rendu comparable à moi, mais né de mon essence, égal à moi.

9e leçon

« Celui-ci est mon Fils », « toutes choses ont été faites par lui, et rien n’a été fait sans lui » : il fait comme moi tout ce que je fais, et quelle que soit l’œuvre que j’opère, il opère avec moi d’une action inséparable et nullement différente de la mienne. « Celui-ci est mon Fils » qui ne convoita pas de ravir le rang qui l’égalait à moi et ne s’en est pas emparé par usurpation ; mais demeurant dans la condition de ma gloire pour exécuter notre commun dessein de réparer la race humaine il abaissa jusqu’à la condition d’esclave l’immuable divinité (cf. Ph 2, 6-7). Celui-ci en qui je prends pour tout ma complaisance, dont la prédication me manifeste, dont l’humilité me glorifie, écoutez-le sans hésitation, car il est, lui vérité et vie, il est ma puissance et ma sagesse.

La sainte Église propose aujourd’hui à nos méditations un sujet d’une haute portée pour le temps où nous sommes. La leçon que le Sauveur donna un jour à trois de ses Apôtres, elle nous l’applique à nous-mêmes, en ce second Dimanche de la sainte Quarantaine. Efforçons-nous d’y être plus attentifs que ne le furent les trois disciples de notre Évangile, lorsque leur Maître daigna les préférer aux autres pour les honorer d’une telle faveur.

Jésus s’apprêtait à passer de Galilée en Judée pour se rendre à Jérusalem, où il devait se trouver pour la fête de Pâques. C’était cette dernière Pâque qui devait commencer par l’immolation de l’agneau figuratif, et se terminer par le Sacrifice de l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde. Jésus ne devait plus être inconnu à ses disciples. Ses œuvres avaient rendu témoignage de lui, aux yeux même des étrangers ; sa parole si fortement empreinte d’autorité, sa bonté si attrayante, sa patience à souffrir la grossièreté de ces hommes qu’il avait choisis pour sa compagnie : tout avait dû contribuera les attacher à lui jusqu’à la mort. Ils avaient entendu Pierre, l’un d’entre eux, déclarer par un mouvement divin qu’il était le Christ, Fils du Dieu vivant ; mais cependant l’épreuve qui se préparait allait être si redoutable pour leur faiblesse, que Jésus voulut, avant de les y soumettre, leur accorder encore un dernier secours, afin de les prémunir contre la tentation.

Ce n’était pas seulement, hélas ! pour la synagogue que la Croix pouvait devenir un sujet de scandale ; Jésus, à la dernière Cène, disait devant ses Apôtres réunis autour de lui : « Vous serez tous scandalisés, en cette nuit, à mon sujet ». Pour des hommes charnels comme eux, quelle épreuve de le voir traîné chargé de chaînes par la main des soldats, conduit d’un tribunal à l’autre, sans qu’il songe même à se défendre ; de voir réussir cette conspiration des Pontifes et des Pharisiens si souvent confondus par la sagesse de Jésus et par l’éclat de ses prodiges ; de voir le peuple qui tout à l’heure lui criait hosannah demander sa mort avec passion ; de le voir enfin expirer sur une croix infâme, entre deux larrons, et servir de trophée à toutes les haines de ses ennemis !

Ne perdront-ils pas courage, à l’aspect de tant d’humiliations et de souffrances, ces hommes qui depuis trois années se sont attachés à ses pas ? Se souviendront-ils de tout ce qu’ils ont vu et entendu ? La frayeur, la lâcheté ne glaceront-elles pas leurs âmes, au jour où vont s’accomplir les prophéties qu’il leur a faites sur lui-même ? Jésus du moins veut tenter un dernier effort sur trois d’entre eux qui lui sont particulièrement chers : Pierre, qu’il a établi fondement de son Église future, et à qui il a promis les clefs du ciel ; Jacques, le fils du tonnerre, qui sera le premier martyr dans le collège apostolique, et Jean son frère, qui est appelé le disciple bien-aimé. Jésus veut les mener à l’écart, et leur montrer, durant quelques instants, l’éclat de cette gloire qu’il dérobe aux yeux des mortels jusqu’au jour de la manifestation.

Il laisse donc les autres disciples dans la plaine, près de Nazareth, et se dirige, avec les trois préférés, vers une haute montagne appelée le Thabor, qui tient encore à la chaîne du Liban, et dont le Psalmiste nous a dit qu’elle devait tressaillir au nom du Seigneur. A peine Jésus est-il arrivé sur le sommet de cette montagne que tout à coup, aux yeux étonnés des trois Apôtres, son aspect mortel disparaît ; sa face est devenue resplendissante comme le soleil ; ses vêtements si humbles ont pris l’éclat d’une neige éblouissante. Deux personnages dont la présence était inattendue sont là sous les yeux des Apôtres, et s’entretiennent avec leur Maître sur les souffrances qui l’attendent à Jérusalem. C’est Moïse, le législateur, couronné de rayons ; c’est Elie, le prophète, enlevé sur un char de feu, sans avoir passé par la mort. Ces deux grandes puissances de la religion mosaïque, la Loi et la Prophétie, s’inclinent humblement devant Jésus de Nazareth. Et non seulement les yeux des trois Apôtres sont frappés de la splendeur qui entoure leur Maître et qui sort de lui ; mais leur cœur est saisi d’un sentiment de bonheur qui les arrache à la terre. Pierre ne veut plus descendre de la montagne ; avec Jésus, avec Moïse et Élie, il désire y fixer son séjour. Et afin que rien ne manque à cette scène sublime, où les grandeurs de l’humanité de Jésus sont manifestées aux Apôtres, le témoignage divin du Père céleste s’échappe du sein d’une nuée lumineuse qui vient couvrir le sommet du Thabor, et ils entendent Jéhovah proclamer que Jésus est son Fils éternel.

Ce moment de gloire pour le Fils de l’homme dura peu ; sa mission de souffrances et d’humiliations l’appelait à Jérusalem. Il retira donc en lui-même cet éclat surnaturel ; et lorsqu’il rappela à eux les Apôtres, que la voix tonnante du Père avait comme anéantis, ils ne virent plus que leur Maître. La nuée lumineuse du sein de laquelle la parole d’un Dieu avait retenti s’était évanouie ; Moïse et Élie avaient disparu. Se souviendront-ils du moins de ce qu’ils ont vu et entendu, ces hommes honorés d’une si haute faveur ? La divinité de Jésus demeurera-t-elle désormais empreinte dans leur souvenir ? Quand l’heure de l’épreuve sera venue, ne désespéreront-ils pas de sa mission divine ? Ne seront-ils pas scandalisés de son abaissement volontaire ? La suite des Évangiles nous répond.

Peu de temps après, ayant célébré avec eux sa dernière Cène, Jésus conduit ses disciples sur une autre montagne, sur celle des Oliviers, à l’orient de Jérusalem. Il laisse à l’entrée d’un jardin le plus grand nombre d’entre eux ; et ayant pris avec lui Pierre, Jacques et Jean, il pénètre avec eux plus avant dans ce lieu solitaire. « Mon âme est triste jusqu’à la mort, leur dit-il ; demeurez ici, veillez un peu avec moi. » Et il s’éloigne à quelque distance pour prier son Père. Nous savons quelle douleur oppressait en ce moment le cœur du Rédempteur. Quand il revient vers ses trois disciples, une agonie affreuse avait passé sur lui ; une sueur de sang avait traversé jusqu’à ses vêtements. Au milieu d’une crise si terrible, les trois Apôtres veillent-ils du moins avec ardeur, dans l’attente du moment où ils vont avoir à se dévouer pour lui ? Non ; ils se sont endormis lâchement ; car leurs yeux sont appesantis. Encore un moment, et tous s’enfuiront, et Pierre, le plus ferme de tous, jurera qu’il ne le connaît pas.

Plus tard, les trois Apôtres, témoins de la résurrection de leur Maître, désavouèrent par un repentir sincère cette conduite honteuse et coupable ; et ils reconnurent la prévoyante bonté avec laquelle le Sauveur les avait voulu prémunir contre la tentation, en se faisant voir à eux dans sa gloire, si peu de temps avant les jours de sa Passion. Nous, chrétiens, n’attendons pas de l’avoir abandonné et trahi, pour reconnaître sa grandeur et sa divinité. Nous touchons à l’anniversaire de son Sacrifice ; nous aussi, nous allons le voir humilié par ses ennemis et écrasé sous la main de Dieu. Que notre foi ne défaille pas à ce spectacle ; l’oracle de David qui nous le représente semblable à un ver de terre que l’on foule aux pieds, la prophétie d’Isaïe qui nous le dépeint comme un lépreux, comme le dernier des hommes, l’homme de douleurs : tout va s’accomplir à la lettre. Souvenons-nous alors des splendeurs du Thabor, des hommages de Moïse et d’Élie, de la nuée lumineuse, de la voix du Père immortel des siècles. Plus Jésus va s’abaissera nos yeux, plus il nous faut le relever par nos acclamations, disant avec la milice des Anges, et avec les vingt-quatre vieillards que saint Jean, l’un des témoins du Thabor, a entendus dans le ciel : « Il est digne, l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la puissance et la divinité, la sagesse et la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction ! »

Lire la suite

Samedi des Quatre-Temps

24 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Samedi des Quatre-Temps

Oraison

Regardez, Seigneur, votre peuple d’un œil favorable, et, dans votre clémence, détournez de lui les fléaux de votre colère.

Lecture Dt. 26, 12-19

En ces jours-là, Moïse parla au peuple en ces termes : Lorsque tu auras achevé de lever toute la dîme de tes produits, la troisième année, l’année de la dîme, et que tu la donneras au lévite, à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve, pour qu’ils la mangent dans tes portes et qu’ils se rassasient, tu diras devant le Seigneur, ton Dieu : "J’ai ôté de ma maison ce qui est consacré, et je l’ai donné au Lévite, à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve, selon tous vos préceptes que vous m’avez donnés ; je n’ai transgressé ni oublié aucun de vos préceptes. Je n’ai pas mangé de ces choses pendant mon deuil, je n’en ai rien transporté hors de ma maison dans l’état d’impureté, et je n’en ai rien donné à l’occasion d’un mort ; j’ai obéi à la voix du Seigneur, mon Dieu, j’ai agi selon tout ce vous m’avez prescrit. Regardez de votre demeure sainte, du ciel, et bénissez votre peuple d’Israël et le sol que vous nous avez donné, comme vous l’avez juré à nos pères, ce pays où coulent le lait et le miel." Aujourd’hui le Seigneur, ton Dieu, te commande de mettre en pratique ces lois et ces ordonnances ; tu les observeras et les mettras en pratique de tout ton cœur et de toute ton âme. Tu as fait déclarer aujourd’hui au Seigneur qu’il sera ton Dieu, toi t’engageant de ton côté à marcher dans ses voies, à observer ses lois, ses commandements et ses ordonnances, et à obéir à sa voix. Et le Seigneur t’a fait déclarer aujourd’hui que tu lui serais un peuple particulier, comme il te l’a dit, observant tous ses commandements, lui s’engageant de son côté à te donner la supériorité sur toutes les nations qu’il a faites, en gloire, en renom et en splendeur, en sorte que tu sois un peuple saint le Seigneur, ton Dieu, comme il l’a dit.

Lecture Dt. 11, 22-25

En ces jours-là, Moïse dit aux enfants d’Israël : si vous observez soigneusement tous ces commandements que je vous prescris d’accomplir, aimant le Seigneur, votre Dieu, marchant dans toutes ses voies et vous attachant à lui, le Seigneur chassera toutes ces nations devant vous, et vous vous rendrez maîtres de nations plus grandes et plus puissantes que vous. Tout lieu que foulera la plante de vos pieds sera à vous ; votre frontière s’étendra du désert au Liban, et du fleuve de l’Euphrate jusqu’à la mer occidentale. Nul ne tiendra devant vous ; le Seigneur, votre Dieu, répandra devant vous, comme il vous l’a dit, la crainte et l’effroi sur tout le pays où vous mettrez le pied, selon que vous l’a promis le Seigneur votre Dieu.

Lecture 2 M. l, 23-26 et 27

En ces jours-là, pendant que se consumaient les victimes, les prêtres firent une prière, et avec eux tous les assistants ; ce fut Jonathan qui commença, et les autres unirent leurs voix à la sienne, ainsi que Néhémie. Cette prière était ainsi conçue : "Seigneur, Seigneur, Dieu, créateur de toutes choses, terrible et fort, juste et compatissant, qui êtes seul roi et bon, seul libéral et seul juste, tout-puissant et éternel, qui délivrez Israël de tout mal, qui avez fait de nos pères vos élus et les avez sanctifiés, recevez ce sacrifice pour tout votre peuple d’Israël ; gardez votre héritage et sanctifiez-le, afin que les nations sachent que vous êtes notre Dieu.

Lecture Eccli. 36, 1-10

Ayez pitié de nous, ô Dieu de l’univers et regardez ; et répandez votre terreur sur toutes les nations. Levez votre main contre les peuples étrangers, et qu’ils sentent votre puissance ! De même que vous avez montré devant eux votre sainteté en nous punissant, ainsi montrez votre grandeur devant nous en les châtiant ; et qu’ils apprennent, comme nous l’avons appris nous-mêmes, qu’il n’y a pas d’autre Dieu que vous, Seigneur ! Renouvelez les prodiges, et reproduisez les merveilles ; glorifiez votre main et votre bras droit. Réveillez votre courroux et répandez votre colère ; détruisez l’adversaire et anéantissez l’ennemi. Hâtez le temps et souvenez-vous du serment ; et qu’on célèbre vos hauts faits ô Seigneur notre Dieu.

Épitre 1 Th. 5, 14-23

Mes frères, nous vous en prions, reprenez ceux qui sont dans le désordre, consolez ceux qui sont abattus, soutenez les faibles, soyez patients envers tous. Prenez garde gué personne rende à autrui le mal pour le mal ; mais poursuivez toujours le bien, et entre vous, et envers vous. Soyez toujours dans la joie. Priez sans cesse. Rendez grâces en toutes choses ; car c’est là ce que Dieu veut de vous tous en Jésus-Christ. N’éteignez pas l’Esprit. Ne méprisez pas les prophéties ; mais examinez toutes choses, retenez ce qui est bon. Abstenez-vous de toute espèce de mal. Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même de toute manière, afin que tout votre esprit, votre âme et votre corps soient conservés irréprochables lors de l’avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Évangile Mt. 17, 1-9

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et les conduisit à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la neige. Et voici que Moïse et Élie leur apparurent, s’entretenant avec lui. Alors Pierre prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il nous est bon d’être ici ; si vous le voulez, faisons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, et une pour Élie. Comme il parlait encore, voici qu’une nuée lumineuse les couvrit ; et voici qu’une voix sortit de la nuée, disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances ; écoutez-le. Les disciples, l’entendant, tombèrent le visage contre terre, et furent saisis d’une grande crainte. Mais Jésus, s’approchant, les toucha, et leur dit : Levez-vous, et ne craignez point. Alors, levant les yeux, ils ne virent plus que Jésus seul. Lorsqu’ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : Ne parlez à personne de ce que vous avez vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.

Secrète

Nous vous en supplions, Seigneur, daignez sanctifier nos jeûnes par le présent sacrifice, pour que le changement que leur observation marque extérieurement, s’accomplisse intérieurement en nos âmes.

Postcommunion

Dieu tout puissant, que, grâce à vos secours sanctifiants, nos vices soient guéris et notre âme pourvue de remèdes spirituels en vue de l’éternité.

LEÇON.

Le Seigneur nous apprend, dans ce passage de Moïse, qu’une nation fidèle à garder toutes les prescriptions du service divin sera bénie entre toutes les autres. L’histoire est là pour attester la vérité de cet oracle. De toutes les nations qui ont péri, il n’en est pas une seule qui ne l’ait mérite par son oubli de la loi de Dieu ; et il en doit être ainsi. Quelquefois le Seigneur attend avant de frapper ; mais c’est afin que le châtiment soit plus solennel et plus exemplaire. Veut-on se rendre compte de la solidité des destinées d’un peuple ? Que l’on étudie son degré de fidélité aux lois de l’Église. Si son droit public a pour base les principes et les institutions du christianisme, cette nation peut avoir quelques germes de maladie ; mais son tempérament est robuste ; les révolutions l’agiteront sans la dissoudre. Si la masse des citoyens est fidèle à l’observation des préceptes extérieurs ; si elle garde, par exemple, le jour du Seigneur, les prescriptions du Carême, il y a là un fonds de moralité qui préservera ce peuple des dangers d’une dissolution. De tristes économistes n’y verront qu’une superstition puérile et traditionnelle, qui n’est bonne qu’à retarder le progrès ; mais que cette nation, jusqu’alors simple et fidèle, ait le malheur d’écouter ces superbes et niaises théories, un siècle ne se passera pas sans qu’elle ait à s’apercevoir qu’en s’émancipant de la loi rituelle du christianisme, elle a vu baisser chez elle le niveau de la morale publique et privée, et que ses destinées commencent à chanceler. L’homme peut dire et écrire tout ce qu’il voudra ; Dieu veut être servi et honoré par son peuple, et il entend être le maître des formes de ce service et de cette adoration. Tous les coups portés au culte extérieur, qui est le véritable lien social, retomberont de tout leur poids sur l’édifice des intérêts humains. Quand bien même la parole du Seigneur n’y serait pas engagée, il est de toute justice qu’il en soit ainsi.

ÉVANGILE.

Cette lecture du saint Évangile, qui nous sera proposée demain encore, est destinée à accompagner aujourd’hui l’Ordination ; les anciens liturgistes, à la suite du savant Abbé Rupert, nous en donnent l’intelligence. L’Église veut porter notre pensée sur la sublime dignité dont viennent d’être honorés les Prêtres qui ont reçu aujourd’hui l’onction sacrée. Ils sont figurés dans ces trois Apôtres que Jésus conduit avec lui sur la montagne, et qui seuls contemplent sa gloire. Les autres disciples du Sauveur sont demeurés dans la plaine ; Pierre, Jacques et Jean sont seuls montés sur le Thabor. C’est d’eux que les autres disciples, que le monde entier apprendront, quand il en sera temps, de quelle gloire Jésus a paru environné, et avec quel éclat la voix du Père céleste a tonné sur le sommet de la montagne pour déclarer la grandeur et la divinité du Fils de l’homme. « Cette voix du ciel, nous l’avons entendue, dit saint Pierre, quand nous étions avec lui sur la sainte montagne. Elle disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances ; écoutez-le. » De même, ces nouveaux Prêtres qui viennent d’être consacrés sous vos yeux, pour lesquels vous avez offert vos jeûnes et vos prières, ils entreront dans la nuée où réside le Seigneur. Ils sacrifieront la victime de votre salut dans le silence du Canon sacré. Dieu descendra pour vous entre leurs mains ; et, sans cesser d’être mortels et pécheurs comme vous, ils seront chaque jour en communication avec la divinité. Le pardon que vous attendez de Dieu, en ce temps de réconciliation, passera par leurs mains ; leur pouvoir surhumain ira le chercher pour vous jusque dans le ciel. C’est ainsi que Dieu a apporté le remède à notre orgueil. Le serpent nous dit aux premiers jours : « Mangez ce fruit, et vous serez comme des dieux. » Nous avons eu le malheur d’adhérer à cette perfide suggestion ; et la mort a été le seul fruit de notre prévarication. Dieu cependant voulait nous sauver ; mais pour abattre nos prétentions, c’est par des hommes qu’il nous applique ce salut. Son Fils éternel s’est fait homme, et il a laissé d’autres hommes après lui, auxquels il a dit : « Comme mon Père m’a envoyé, ainsi je vous envoie ». Honorons donc Dieu en ces hommes qui viennent d’être aujourd’hui l’objet d’une si sublime distinction, et comprenons que le respect du sacerdoce fait partie de la religion de Jésus-Christ.

 

 

 

 

 

 

Lire la suite

Vendredi des Quatre-Temps

23 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Vendredi des Quatre-Temps

Collecte

Soyez, Seigneur, propice à votre peuple ; vous lui inspirez la piété envers vous, que votre miséricorde le soutienne de son bienfaisant secours.

Lecture Ez. 18, 20-28

Voici ce que dit le Seigneur Dieu : L’âme qui pèche c’est celle qui mourra ; le fils ne portera pas l’iniquité du père, et le père ne portera pas l’iniquité du fils ; la justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui. Quant au méchant, s’il se détourne de tous ses péchés qu’il commis, s’il observe tous mes préceptes et agit selon le droit et la justice, il vivra, il ne mourra pas. De toutes les transgressions qu’il a commises, on ne se souviendra plus à cause de la justice qu’il a pratiquée, il vivra. Prendrai-je plaisir à la mort du méchant, dit le Seigneur Dieu ? N’est-ce pas plutôt à ce qu’il se détourne de ses voies et qu’il vive ? Et si le juste se détourne de sa justice et qu’il commette l’iniquité, selon toutes les abominations que le méchant commet, il les ferait et il vivrait !... de toutes ses œuvres de justice qu’il a pratiquées, on ne se souviendra plus ; à cause de la transgression dont il s’est rendu coupable et de son péché qu’il a commis, à cause de cela il mourra. Vous dites : "La voie du Seigneur n’est pas droite ?" Écoutez donc, maison d’Israël : Est-ce ma voie qui n’est pas droite ? Ne sont-ce pas vos voies qui ne sont pas droites ? Quand le juste se détourne de sa justice et commet l’iniquité, et que là-dessus il meurt, c’est à cause de l’iniquité qu’il à commise qu’il meurt. Et si le méchant se détourne de sa méchanceté qu’il a pratiquée et qu’il agisse suivant le droit et la justice, il fera vivre son âme. S’il ouvre les yeux et se détourne de toutes ses transgressions qu’il a commises, il vivra certainement, et il ne mourra point, dit le Seigneur tout-puissant.

ÉvangileJn. 5, 1-15

En ce temps-là, il y eut une fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem. Or, à Jérusalem, près de la porte des Brebis, il y a une piscine qui s’appelle en hébreu Béthesda, et qui a cinq portiques. Sous ces portiques étaient couchés un grand nombre de malades, d’aveugles, de boiteux et de paralytiques. Ils attendaient le bouillonnement de l’eau. Car un ange du Seigneur descendait à certains temps dans la piscine, et agitait l’eau. Et celui qui y descendait le premier après l’agitation de l’eau, était guéri de son infirmité quelle qu’elle fut. Là se trouvait un homme malade depuis trente huit ans. Jésus l’ayant vu gisant et sachant qu’il était malade depuis longtemps, lui dit : "Veux-tu être guéri ?" Le malade lui répondit : "Seigneur, je n’ai personne pour me jeter dans la piscine dès que l’eau est agitée, et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi." Jésus lui dit "Lève-toi, prends ton grabat et marche." Et à l’instant cet homme fut guéri ; il prit son grabat et se mit à marcher. C’était un our de sabbat. Les Juifs dirent donc à celui qui avait été guéri : "C’est le sabbat, il ne t’est pas permis d’emporter ton grabat." Il leur répondit : "Celui qui m’a guéri m’a dit : Prends ton grabat et marche." Ils lui demandèrent : "Qui est l’homme qui t’a dit : Prends ton grabat et marche ?" Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c’était ; car Jésus s’était esquivé, grâce à la foule qui était en cet endroit. Plus tard, Jésus le trouva dans le temple et lui dit : "Te voilà guéri ; ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire." Cet homme s’en alla, et annonça aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri.

Offertoire

Mon âme, béni le Seigneur, et n’oublie jamais tous ses bienfaits ; et ta jeunesse sera renouvelée comme celle de l’aigle.

Communion

Que tous mes ennemis rougissent et soient saisis de crainte ; qu’ils reculent promptement et qu’ils soient bientôt confondus.

LEÇON.

Portons nos regards sur les pénitents publics que l’Église se prépare à rétablir bientôt dans la participation des Mystères. Mais auparavant ils ont besoin d’être réconciliés avec Dieu qu’ils ont offensé. Leur âme est morte par le péché ; pourra-t-elle donc revivre ? Oui, le Seigneur nous l’atteste ; et la lecture du Prophète Ézéchiel, que l’Église commençait hier pour les Catéchumènes, elle la continue aujourd’hui en faveur des pénitents publics. « Que l’impie, dit le Seigneur, fasse pénitence de tous les péchés qu’il a commis ; qu’il garde désormais mes préceptes : il vivra certainement, et il ne mourra pas. » Cependant ses iniquités sont là, qui s’élèvent contre lui ; leur voix est montée jusqu’au ciel et provoque une vengeance éternelle. Assurément, il en est ainsi ; mais voici que le Seigneur qui sait tout, qui n’oublie rien, nous déclare qu’il ne se souviendra plus de l’iniquité rachetée par la pénitence. Telle est la tendresse de son cœur paternel, qu’il veut bien oublier l’outrage qu’il a reçu d’un fils, si ce fils revient sincèrement à son devoir. Ainsi nos pénitents seront réconciliés, et au jour de la Résurrection du Sauveur, ils se mêleront aux justes, parce que Dieu ne gardera plus souvenir de leurs iniquités ; ils seront devenus justes eux-mêmes. En remontant par la pensée le cours des âges, nous nous retrouvons ainsi en face de ce grand spectacle de la pénitence publique, dont la Liturgie, qui ne change pas, a seule conservé les traces aujourd’hui. De nos jours, les pécheurs ne sont plus mis à part ; la porte de l’église ne leur est plus fermée ; ils se tiennent souvent tout près des saints autels, mêlés aux justes ; et quand le pardon descend sur eux, l’assemblée des fidèles n’en est point avertie par des rites spéciaux et solennels. Admirons la miséricorde divine, et profitons de l’indulgence de notre mère la sainte Église. A toute heure et sans éclat, la brebis égarée peut rentrer au bercail : qu’elle use donc de la condescendance dont elle est l’objet, et qu’elle ne quitte plus désormais le Pasteur qui a daigné l’accueillir encore. Quant au juste, qu’il ne s’élève pas par une vaine complaisance, en se comparant à la pauvre brebis égarée ; qu’il médite ces paroles : « Si le juste se détourne de la justice, s’il commet l’iniquité, toutes les œuvres de justice qu’il avait faites, on ne s’en souviendra plus ». Craignons donc pour nous-mêmes, et ayons pitié des pécheurs. La prière des fidèles pour les pécheurs, durant le Carême, est un des grands moyens sur lesquels compte l’Église pour obtenir leur réconciliation.

ÉVANGILE.

Revenons encore sur nos pénitents de l’antiquité ; le passage sera facile à ceux d’aujourd’hui et à nous-mêmes. Nous venons devoir par le Prophète la disposition du Seigneur à pardonner au pécheur repentant. Mais comment ce pardon sera-t-il appliqué ? Par qui la sentence d’absolution sera-t-elle prononcée ? Notre Évangile nous l’apprend. Ce malheureux paralytique de trente-huit ans figure le pécheur invétéré ; cependant il est guéri, et le voici qui marche. Que s’est-il donc passé ? Écoutons-le d’abord : « Seigneur, dit-il, je n’ai point d’homme pour me « jeter dans la piscine ». L’eau de cette piscine l’eût sauvé ; mais il lui fallait un homme pour l’y plonger. Le Fils de Dieu sera cet homme ; c’est parce qu’il s’est fait homme que nous sommes guéris. Comme homme, il a reçu le pouvoir de remettre les péchés, et avant de monter aux cieux, il dit à d’autres hommes : « Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ». Nos pénitents seront donc réconciliés avec Dieu, en vertu de ce pouvoir surnaturel ; et le paralytique levant avec facilite son grabat, et l’emportant sur ses épaules, comme un trophée de sa guérison, est la figure du pécheur auquel l’Église de Jésus-Christ, en vertu du divin pouvoir des clefs, a remis ses iniquités.

Au IIIe siècle du christianisme, un hérétique, Novatien, osa enseigner que l’Église n’avait pas le pouvoir de remettre les péchés commis depuis le baptême. Cette erreur désespérante fut proscrite par les conciles et les saints docteurs ; et, pour exprimer aux yeux des fidèles l’auguste puissance que le Fils de l’homme a reçue pour purifier toute âme pénitente, on peignit, dans les lieux où les chrétiens s’assemblaient, le paralytique de notre Évangile marchant libre et dégage, son grabat sur les épaules. Cette consolante image se rencontre fréquemment sur les fresques des Catacombes de Rome, contemporaines de l’âge des Martyrs. Nous apprenons sur ces monuments l’intention de cette lecture de l’Évangile que l’Église, depuis tant de siècles, a fixée à ce jour.

L’eau de la piscine Probatique était aussi un symbole ; mais il était destiné à l’instruction des Catéchumènes. C’est par l’eau qu’ils devaient être guéris, et par une eau divinement fécondée d’en haut. Ce miracle, dont Dieu favorisait encore la Synagogue, ne servait chez les Juifs qu’à la guérison du corps, et seulement pour un seul homme, à rares intervalles ; mais depuis que l’Ange du grand Conseil est descendu des cieux et qu’il a sanctifie l’eau du Jourdain, la piscine est partout ; à chaque heure son eau rend la santé aux âmes, depuis l’enfant naissant jusqu’au vieillard. L’homme est le ministre de cette grâce ; mais c’est le Fils de Dieu devenu Fils de l’homme qui opère. Disons aussi un mot des malades que l’Évangile nous représente comme rassemblés dans l’attente de la guérison. C’est l’image de la société chrétienne, en ces jours. Il y a des languissants, hommes tièdes qui ne rompent jamais franchement avec le mal ; des aveugles, chez lesquels l’œil de l’âme est éteint ; des boiteux, dont la marche dans la voie du salut est chancelante ; des malheureux dont les membres sont desséchés, impuissants à toute espèce de bien ; ils espèrent dans le moment favorable. Jésus va venir à eux ; il va leur demander, comme au paralytique : Voulez-vous être guéris ? Question remplie d’une charité divine ! Qu’ils y répondent avec amour et confiance, et ils seront guéris.

 

Lire la suite

Chaire de Saint Pierre apôtre

22 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Chaire de Saint Pierre apôtre

Collecte

O Dieu, qui, en confiant au Bienheureux Pierre, votre Apôtre, les clefs du royaume céleste, lui avez donné l’autorité pontificale de lier et de délier ; faites que nous soyons délivrés des liens de nos péchés, par le secours de son intercession.

0 Dieu, qui avez instruit une multitude de nations par la prédication du B. Apôtre Paul, faites, nous vous en supplions, que, nous qui honorons sa mémoire, nous ressentons les effets de sa protection auprès de vous.

Lecture 1. P 1, 1-7

Pierre, Apôtre de Jésus-Christ, aux élus étrangers et dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie, élus selon la prescience de Dieu le Père pour la sanctification de l’Esprit, pour obéir à la foi et avoir part à l’aspersion du sang de Jésus-Christ, que la grâce et la paix vous soient multipliées ! Béni soit le Dieu et le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir, qui est réservé dans les cieux pour vous, qui êtes gardés par la puissance de Dieu, par la foi, pour le salut qui est prêt à être manifesté dans le dernier temps. Vous devez en être transportés de joie, supposé même qu’il faille que, pour un peu de temps, vous soyez attristés par diverses épreuves, afin que votre foi ainsi éprouvée, plus précieuse que l’or qu’on éprouve par le feu tourne à votre louange, votre gloire et votre honneur, lorsque paraîtra Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Évangile  Mt. 16, 13-19

En ce temps-là, Jésus vint aux environs de Césarée de Philippe, et il interrogeait ses disciples en disant : Que disent les hommes touchant le Fils de l’homme ? Ils lui répondirent : Les uns, qu’il est Jean-Baptiste ; les autres, Élie ; les autres, Jérémie, ou quelqu’un des prophètes. Jésus leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Simon-Pierre, prenant la parole, dit : Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. Jésus lui répondit : Tu es bienheureux, Simon, fils de Jonas, parce que ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux.

Secrètes

Nous vous en supplions, Seigneur, que l’intercession du Bienheureux Apôtre Pierre, contribue à vous faire agréer les prières et les hosties de votre Église, en sorte que ce que nous faisons pour célébrer sa gloire nous soit utile pour obtenir notre pardon.

En égard aux prières de votre Apôtre Paul, rendez saintes, Seigneur, les offrandes, de votre peuple, en sorte que vous étant déjà agréables du fait que ce sacrifice a été institué par vous, elles le deviennent plus encore grâce au patronage de celui qui intercède pour nous. Par Notre-Seigneur.

 Pour la seconde fois (Voir la fête de la Chaire de Sainte Pierre à Rome, le 18 janvier), Pierre reparaît avec sa Chaire sur le Cycle de la sainte Église ; mais aujourd’hui ce n’est plus son Pontificat dans Rome, c’est son épiscopat à Antioche que nous sommes appelés à vénérer. Le séjour que le Prince des Apôtres fit dans cette dernière ville fut pour elle la plus grande gloire qu’elle eût connue depuis sa fondation ; et cette période occupe une place assez notable dans la vie de saint Pierre pour mériter d’être célébrée par les chrétiens, Cornélius avait reçu le baptême à Césarée des mains de Pierre, et l’entrée de ce Romain dans l’Église annonçait que le moment était venu où le Christianisme allait s’étendre en dehors de la race juive. Quelques disciples dont saint Luc n’a pas conservé les noms, tentèrent un essai de prédication à Antioche, et le succès qu’ils obtinrent porta les Apôtres à diriger Barnabé de Jérusalem vers cette ville. Celui-ci étant arrivé ne tarda pas à s’adjoindre un autre juif converti depuis peu d’années, et connu encore sous le nom de Saul, qu’il devait plus tard échanger en celui de Paul, et rendre si glorieux dans toute l’Église. La parole de ces deux hommes apostoliques dans Antioche suscita au sein de la gentilité de nouvelles recrues, et il fut aisé de prévoir que bientôt le centre de la religion du Christ ne serait plus Jérusalem, mais Antioche ; l’Évangile passant ainsi aux gentils, et délaissant la ville ingrate qui n’avait pas connu le temps de sa visite.

La voix de la tradition tout entière nous apprend que Pierre transporta sa résidence dans cette troisième ville de l’Empire romain, lorsque la foi du Christ y eut pris le sérieux accroissement dont nous venons de raconter le principe. Ce changement de lieu, le déplacement de la Chaire de primauté montraient l’Église avançant dans ses destinées, et quittant l’étroite enceinte de Sion, pour se diriger vers l’humanité tout entière.

Nous apprenons du pape saint Innocent Ier qu’une réunion des Apôtres eut lieu à Antioche. C’était désormais vers la Gentilité que le vent de l’Esprit-Saint poussait ces nuées rapides et fécondes, sous l’emblème desquelles Isaïe nous montre les saints Apôtres. Saint Innocent, au témoignage duquel se joint celui de Vigile, évêque de Thapsus, enseigne que l’on doit rapporter au temps de la réunion de saint Pierre et des Apôtres à Antioche ce que dit saint Luc dans les Actes, qu’à la suite de ces nombreuses conversions de gentils, les disciples du Christ furent désormais appelés Chrétiens.

Antioche est donc devenue le siège de Pierre. C’est là qu’il réside désormais ; c’est de là qu’il part pour évangéliser diverses provinces de l’Asie ; c’est là qu’il revient pour achever la fondation de cette noble Église. Alexandrie, la seconde ville de L’empire, semblerait à son tour réclamer l’honneur de posséder le siège de primauté, lorsqu’elle aura abaissé sa tête sous le joug du Christ ; mais Rome, préparée de longue main parla divine Providence à l’empire du monde, a plus de droits encore. Pierre se mettra en marche, portant avec lui les destinées de l’Église ; là où il s’arrêtera, là où il mourra, il laissera sa succession. Au moment marqué, il se séparera d’Antioche, où il établira pour évêque Évodius son disciple. Évodius sera le successeur de Pierre en tant qu’Évêque d’Antioche ; mais son Église n’héritera pas de la principauté que Pierre emporte avec lui. Ce prince des Apôtres envoie Marc son disciple prendre possession d’Alexandrie en son nom ; et cette Église sera la seconde de l’univers, élevée d’un degré au-dessus d’Antioche, par la volonté de Pierre, qui cependant n’y aura pas siégé en personne. C’est à Rome qu’il se rendra, et qu’il fixera enfin cette Chaire sur laquelle il vivra, il enseignera, il régira, dans ses successeurs.

Telle est l’origine des trois grands Sièges Patriarcaux si vénérés dans l’antiquité : le premier, Rome, investi de la plénitude des droits du prince des Apôtres, qui les lui a transmis en mourant ; le deuxième, Alexandrie, qui doit sa prééminence à la distinction que Pierre en a daigné faire en l’adoptant pour le second ; le troisième, Antioche, sur lequel il s’est assis en personne, lorsque, renonçant à Jérusalem, il apportait à la Gentilité les grâces de l’adoption. Si donc Antioche le cède pour le rang à Alexandrie, cette dernière lui est inférieure, quant à l’honneur d’avoir possédé la personne de celui que le Christ avait investi de la charge de Pasteur suprême. Il était donc juste que l’Église honorât Antioche pour la gloire qu’elle a eue d’être momentanément le centre de la chrétienté : et telle est l’intention de la fête que nous célébrons aujourd’hui.

Les solennités qui se rapportent à saint Pierre ont droit d’intéresser particulièrement les enfants de l’Église. La fête du père est toujours celle de la famille tout entière ; car c’est de lui qu’elle emprunte et sa vie et son être. S’il n’y a qu’un seul troupeau, c’est parce qu’il n’y a qu’un seul Pasteur ; honorons donc la divine prérogative de Pierre, à laquelle le Christianisme doit sa conservation, et aimons à reconnaître les obligations que nous avons au Siège Apostolique. Au jour où nous célébrions la Chaire Romaine, nous avons reconnu comment la Foi s’enseigne, se conserve, se propage par l’Église-Mère, en laquelle résident les promesses faites à Pierre. Honorons aujourd’hui le Siège Apostolique, comme source unique du pouvoir légitime par lequel les peuples sont régis et gouvernés dans l’ordre du salut éternel.

Le Sauveur a dit à Pierre : « Je te donnerai les Clefs du Royaume des cieux », c’est-à-dire de l’Église ; il lui a dit encore : « Pais mes agneaux, pais mes brebis ». Pierre est donc prince : car les Clefs, dans l’Écriture, signifient la principauté ; il est donc Pasteur, et Pasteur universel : car, dans le troupeau, il n’y a rien en dehors des brebis et des agneaux. Mais voici que, par la bonté divine, nous rencontrons de toutes parts d’autres Pasteurs : les Évêques, « que l’Esprit-Saint a posés pour régir l’Église de Dieu », gouvernent en son nom les chrétientés, et sont aussi Pasteurs. Comment ces Clefs, qui sont le partage de Pierre, se trouvent-elles en d’autres mains que dans les siennes ? L’Église catholique nous explique ce mystère dans les monuments de sa Tradition.

Elle nous dit par Tertullien que le Seigneur a « donné les Clefs à Pierre, et par lui à l’Église » ; par saint Optât de Milève, que, pour le bien de » l’unité, Pierre a été préféré aux autres Apôtres, et a reçu seul les Clefs du Royaume des cieux, pour les communiquer aux autres » ; par saint Grégoire de Nysse, que le Christ a donné par Pierre aux Évêques les Clefs de leur céleste « prérogative » ; par saint Léon le Grand, que le Sauveur a donné par Pierre aux autres prince ces des Églises tout ce qu’il n’a pas jugé à propos de leur refuser ».

L’Épiscopat est donc à jamais sacré ; car il se rattache à Jésus-Christ par Pierre et ses successeurs ; et c’est ce que la Tradition catholique nous atteste de la manière la plus imposante, applaudissant au langage des Pontifes Romains qui n’ont cessé de déclarer, depuis les premiers siècles, que la dignité des Évêques était d’être appelés à partager leur propre sollicitude, in partem sollicitudinis vocatos. C’est pourquoi saint Cyprien ne fait pas difficulté de dire que le Seigneur, voulant établir la dignité épiscopale et constituer son Église, dit à Pierre : Je te donnerai les Clefs du Royaume des cieux ; et c’est de là que découle l’institution des Évêques et la disposition de l’Église ». C’est ce que répète, après le saint Évêque de Carthage, saint Césaire d’Arles, dans les Gaules, au V° siècle, quand il écrit au saint pape Symmaque : « Attendu que l’Épiscopat prend sa source dans la personne du bienheureux Apôtre Pierre, il suit de là, par une conséquence nécessaire, que c’est à Votre Sainteté de prescrire aux diverses Églises les règles auxquelles elles doivent se conformer ». Cette doctrine fondamentale, que saint Léon le Grand a formulée avec tant d’autorité et d’éloquence, et qui est en d’autres termes la même que nous venons de montrer tout à l’heure par la Tradition, se trouve intimée aux Églises, avant saint Léon, dans les magnifiques Épîtres de saint Innocent Ier qui sont venues jusqu’à nous. C’est ainsi qu’il écrit au concile de Carthage que l’Épiscopat et toute son autorité émanent du Siège Apostolique » ; au concile de Milève, que « les Évêques doivent considérer Pierre comme la source de leur nom et de leur dignité » ; à saint Victrice, Évêque de Rouen, que »l’Apostolat et l’Épiscopat prennent en Pierre leur origine ».

Nous n’avons point ici à composer un traité polémique ; notre but, en alléguant ces titres magnifiques de la Chaire de Pierre, n’est autre que de réchauffer dans le cœur des fidèles la vénération et le dévouement dont ils doivent être animés envers elle. Mais il est nécessaire qu’ils connaissent la source de l’autorité spirituelle qui, dans ses divers degrés, les régit et les sanctifie. Tout découle de Pierre, tout émane du Pontife Romain dans lequel Pierre se continuera jusqu’à la consommation des siècles. Jésus-Christ est le principe de l’Épiscopat, l’Esprit-Saint établit les Évêques ; mais la mission, l’institution, qui assigne au Pasteur son troupeau et au troupeau son Pasteur, Jésus-Christ et l’Esprit-Saint les donnent par le ministère de Pierre et de ses successeurs.

Qu’elle est divine et sacrée, cette autorité des Clefs, qui, descendant du ciel dans le Pontife Romain, dérive de lui par les Prélats des Églises sur toute la société chrétienne qu’elle doit régir et sanctifier ! Le mode de sa transmission par le Siège Apostolique a pu varier selon les siècles ; mais tout pouvoir n’en émanait pas moins de la Chaire de Pierre. Au commencement, il y eut trois Chaires : Rome, Alexandrie et Antioche ; toutes trois, sources de l’institution canonique pour les Évêques de leur ressort ; mais toutes trois regardées comme autant de Chaires de Pierre, fondées par lui pour présider, comme l’enseignent saint Léon, saint Gélase et saint Grégoire le Grand. Mais, entre ces trois Chaires, le Pontife qui siégeait sur la première ne recevait que du Ciel son institution, tandis que les deux autres Patriarches n’exerçaient leurs droits qu’après avoir été reconnus et confirmés par celui qui occupait à Rome la place de Pierre. Plus tard, on voulut adjoindre deux nouveaux Sièges aux trois premiers ; mais Constantinople et Jérusalem n’arrivèrent à un tel honneur qu’avec l’agrément du Pontife Romain. Puis, afin que les hommes ne fussent pas tentés de confondre les distinctions accidentelles dont avaient été décorées ces diverses Églises, avec la divine prérogative de l’Église de Rome, Dieu permit que les Sièges d’Alexandrie, d’Antioche, de Constantinople et de Jérusalem fussent souillés par l’hérésie ; et que, devenues autant de Chaires d’erreur, elles cessassent de transmettre la mission légitime, à partir du moment où elles avaient altéré la foi que Rome leur avait transmise avec la vie. Nos pères les ont vues tomber successivement, ces colonnes antiques que la main paternelle de Pierre avait élevées ; mais leur ruine lamentable n’atteste que plus haut combien est solide l’édifice que la main du Christ a bâti sur Pierre. Le mystère de l’unité s’est alors révélé avec plus d’éclat ; et Rome, retirant à elle les faveurs qu’elle avait versées sur des Églises qui ont trahi cette Mère commune, n’en a paru qu’avec plus d’évidence le principe unique du pouvoir pastoral.

Lire la suite

Bienheureux Noël Pinot

21 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Bienheureux Noël Pinot

Né à Angers d’un père tisserand qui avait 16 enfants, il fut ordonné prêtre le 22 décembre 1770. Il fut d’abord nommé vicaire à Bousse puis procuré en 1772, et ensuite aumônier des incurables à Angers en août 1781. En septembre 1788, il devint curé du Louroux-Béconnais. Au cours de la Révolution française, il refusa de prêter le serment de la Constitution civile du clergé et poursuivit son ministère malgré les risques encourus.


Traqué, il fut arrêté dans la nuit du 8 février en 1794 au cours d’une messe clandestine qu’il célébrait à la ferme de la Milandrie au Louroux-Béconnais. Il fut pris alors qu’il venait de se cacher dans un coffre en bois. Il fut conduit à Angers, comparut devant un tribunal révolutionnaire et fut guillotiné le 3 ventôse an II (21 février 1794) sur la Place du Ralliement dans les vêtements liturgiques qu’il portait au moment de son arrestation. Il monta sur l’échafaud en récitant les premières prières de la messe : « Introibo ad altare Dei ».

Lire la suite

Mercredi des Quatre-Temps

21 Février 2024 , Rédigé par Ludovicus

Mercredi des Quatre-Temps

Oraison

Nous vous en supplions, Seigneur, daignez, dans votre clémence, exaucer nos prières, et étendre la droite de votre majesté pour nous préserver de tout ce qui nous est contraire.

Lecture Ex. 24, 12-18

En ces jours-là, le Seigneur dit à Moïse : "Monte vers moi sur la montagne, et restes-y ; je te donnerai les tables de pierre, la loi et les préceptes que j’ai écrits pour leur instruction." Moïse se leva, avec Josué, son serviteur, et Moïse monta vers la montagne de Dieu. Il dit aux anciens : Attendez-nous ici, jusqu’à ce que nous revenions auprès de vous. Voici Aaron et Hur seront avec vous ; si quelqu’un a un différend, qu’il s’adresse à eux." Moïse monta vers la montagne, et la nuée couvrit la montagne ; la gloire du Seigneur reposa sur la montagne de Sinaï, et la nuée la couvrit pendant six jours. Le septième jour, le Seigneur appela Moïse du milieu de la nuée. L’aspect de la gloire du Seigneur était, aux yeux des enfants d’Israël, comme un feu dévorant sur le sommet de la montagne. Moïse entra au milieu de la nuée, et monta à la montagne ; et Moïse demeura sur la montagne quarante jours et quarante nuits.

Lecture 3 R. 19, 3-8

En ces jours-là, Élie, étant arrivé à Bersabée, qui appartient à Juda, y laissa son serviteur. Pour lui, il alla dans le désert l’espace d’une journée de marche ; arrivé là, il s’assit sous un genêt et demanda pour lui la mort, en disant : "C’est assez ! Maintenant, Seigneur, prends ma vie, car je ne suis pas meilleur que mes pères !" Il se coucha et s’endormit sous le genêt. Et voici qu’un ange le toucha et lui dit : "Lève-toi, mange." Il regarda, et voici qu’il y avait à son chevet un gâteau cuit sur des pierres chauffées et une cruche d’eau. Après avoir mangé et bu, il se recoucha. L’ange du Seigneur vint une seconde fois, le toucha et dit : "Lève-toi, mange, car le chemin est trop long pour toi." Il se leva, mangea et but, et, avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu, à Horeb.

Évangile

En ce temps-là : quelques-uns des scribes et des Pharisiens prirent la parole et dirent : "Maître, nous voudrions voir un signe de vous." Il leur répondit : "Une génération mauvaise et adultère réclame un signe : il ne lui sera donné d’autre signe que le signe du prophète Jonas. Car de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson, ainsi le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits. Les hommes de Ninive se dresseront, au jour du jugement, avec cette génération et la feront condamner, car ils ont fait pénitence à la prédication de Jonas, et il y a ici plus que Jonas. La reine du Midi se lèvera au jour du jugement, avec cette génération et la fera condamner, car elle est venue des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon, et il y a ici plus que Salomon. Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point. Alors il dit : "Je retournerai dans ma maison, d’où je suis sorti." Et revenu, il la trouve libre, nettoyée et ornée. Alors il s’en va prendre avec lui sept autres esprits plus mauvais que lui, et, étant entrés, ils y fixent leur demeure, et le dernier état de cet homme devient pire que le premier. Ainsi en sera-t-il pour cette génération mauvaise." Comme il parlait encore aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient dehors, cherchant à lui parler. Quelqu’un lui dit : "Voici votre mère et vos frères qui se tiennent dehors, et ils cherchent à vous parler." Il répondit à l’homme qui lui disait cela : "Qui est ma mère et qui sont mes frères ?" Et étendant la main vers ses disciples, il dit : "Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est pour moi frère, sœur et mère."

Offertoire

Je méditerai sur vos commandements, car je les aime, et je lèverai mes mains vers vos commandements que j’aime.

Postcommunion

Seigneur, que par la réception de votre sacrement, nous soyons purifiés de nos péchés cachés et délivrés des embûches que nous tendent nos ennemis.

Super populum

Eclairez nos âmes par la clarté de votre lumière, nous vous en supplions, Seigneur, afin que nous puissions voir ce que nous devons faire et que nous ayons la force d’accomplir ce qui est juste.
   

LEÇONS.

L’Église, qui, dans les Mercredis des Quatre-Temps, nous offre toujours deux lectures de la sainte Écriture, à la place de l’Épître de la Messe, réunit aujourd’hui les deux grands types du Carême dans l’Ancien Testament, Moïse et Élie, afin de relever dans nos pensées la dignité du jeûne quadragésimal, auquel Jésus-Christ lui-même est venu donner un caractère plus sacré encore, en réalisant dans sa personne ce que la Loi et les Prophètes n’avaient accompli qu’en figure.

Moïse et Élie jeûnent quarante jours et quarante nuits, parce qu’ils vont s’approcher de Dieu. Il faut que l’homme s’épure, qu’il se dégage du poids du corps, s’il veut se mettre en rapport avec celui qui est l’Esprit. Néanmoins, la vision de Dieu dont furent favorisés ces deux saints hommes fut très imparfaite : ils sentirent que le Seigneur était près d’eux, mais ils ne virent pas sa gloire. Depuis, le Seigneur s’est manifesté dans la chair, et l’homme l’a vu, il l’a entendu, il l’a touché de ses mains. Nous ne sommes pas du nombre de ces heureux mortels qui conversèrent avec le Verbe de vie ; mais, dans la divine Eucharistie, il fait plus que de se laisser voir : il entre en nous, il devient notre substance. Le plus humble fidèle dans l’Église possède Dieu plus pleinement que Moise sur le Sinaï, et Élie sur Horeb. Ne soyons donc pas étonnés si l’Église, pour nous préparer à cette faveur, dans la fête de Pâques, veut que nous traversions auparavant une épreuve de quarante jours, mais beaucoup moins rigoureuse que celle qui fut pour Moise et Élie la condition de la grâce que Jéhovah daigna leur faire.

ÉVANGILE.

Le Sauveur dénonce à Israël les châtiments qui l’attendent pour son aveuglement volontaire et pour la dureté de son cœur. Israël veut des prodiges pour croire ; il en est entouré, et il ne les voit pas. Tels sont les hommes de nos jours. Pour reconnaître le christianisme comme divin, il leur faudrait des preuves ; et cependant l’histoire est ouverte devant eux. Les événements présents rendent aussi leur témoignage ; mais rien ne les réveille. Ils s’en tiennent à leurs systèmes toujours déçus, et ils n’arriveront à comprendre que l’Église catholique est le fondement de la société, qu’au jour où la société qu’ils ont isolée eux-mêmes de l’Église s’écroulera dans l’abîme creusé par leurs mains. « Génération perverse et adultère », dit le Seigneur, contre laquelle s’élèveront les peuples infidèles qui n’ont point connu les institutions chrétiennes, et qui les eussent peut-être aimées et conservées. Craignons le sort des Juifs, auxquels le siège de Jérusalem, sa ruine même, ne purent ouvrir les yeux, et qui restent encore fidèles aux illusions de leur orgueil après un esclavage de dix-huit siècles. Au milieu des périls de la société, que les enfants de l’Église comprennent aussi leur responsabilité. Qu’ils se demandent pourquoi les sages du monde, les politiques de ce monde, ont cessé de compter avec eux ? Pourquoi, aujourd’hui encore, ces hommes ont tant de peine à apercevoir quelque part l’élément catholique ? C’est que les catholiques avaient délaissé l’Église et ses saintes pratiques. Chaque jour, une solitude plus grande se faisait remarquer dans nos Églises, les sacrements n’étaient plus fréquentés, le Carême n’était plus qu’un mot sur le calendrier.

Revenons non seulement à la foi de nos pères, mais à l’observation des lois chrétiennes : c’est alors que le Seigneur aura pitié de son peuple infidèle, à cause des justes qui seront dans son sein. L’apostolat de l’exemple produira ses fruits ; et si un faible faisceau de fidèles fut pour les peuples de l’empire romain ce levain dont parle le Sauveur, qui fait fermenter toute la pâte : au milieu d’une société qui conserve encore plus d’éléments catholiques qu’elle ne le pense, notre zèle à confesser et à pratiquer les devoirs de la milice chrétienne ne demeurera point sans résultat.

 

 

 

Lire la suite
1 2 3 4 > >>