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Regnum Galliae Regnum Mariae

SAINT JEAN EUDES (1601-1680)

Rédigé par Ludovicus

SAINT JEAN EUDES (1601-1680)

Jean Eudes est né le 14 novembre 1601 à Ri, près d'Argentan. Ses parents qui, pour obtenir un enfant, avaient invoqué la Vierge Marie, le lui consacrèrent dès avant sa naissance. Il passa son enfance à la campagne puis, à quatorze ans, il fut confié aux Jésuites de Caen. Adolescent, il manifestait une ténacité qui lui servira toujours, et il témoignait aussi d'une compréhension profonde de l'Evangile. Il fréquenta la Faculté de théologie de Caen (1621-1623) où il connut l'Oratoire, institut récemment fondé à Paris par Pierre de Bérulle. Jean Eudes, admis à l'Oratoire de Paris (25 mars 1623), poursuivit ses études dans les maisons de Marines et d’Aubervilliers. Il fut ordonné prêtre le 20 décembre 1625, après avoir été initié par Bérulle lui-même au mystère du Christ et de son Sacerdoce.

Les deux années suivantes furent un repos forcé, imposé par une grande fatigue. Jean Eudes fit de ce repos une longue retraite où il approfondit sa connaissance des Ecritures, des Pères et des spirituels. Il comprit de mieux en mieux que le Christ est notre Chef, que nous sommes ses membres et que nous devons vivre de sa vie. Il sera à la fois rénovateur et novateur. Rénovateur de la vie chrétienne, novateur par ses initiatives concrètes.

En 1627, son père lui écrivit que la peste ravageait la région d'Argentan où beaucoup mouraient seuls, sans sacrements. Il partit pour ce premier ministère, puis il rejoignit l’Oratoire de Caen. Dès lors, il se consacra aux missions intérieures. Durant cinquante ans, il prêcha, rappelant inlassablement la sainteté de la vie chrétienne : «Être chrétien et être saint, c'est la même chose, c'est faire profession de Jésus-Christ.» Il insistait sur le baptême, point de départ et source de cette vie, dont recommandait de renouveler fréquemment les promesses.

Parce que Jean Eudes rencontrait souvent des prêtres médiocres ou ignorants, peu préparés à leur ministère, il se sentit appelé à préparer de meilleurs prêtres. Il rencontrait, chez ses supérieurs oratoriens un refus persistant. Il priait, réfléchissait, consultait mais attendait. Finalement, et non sans déchirement intérieur, il quitta l'Oratoire, et le 25 mars 1643, avec quelques prêtres, il commença une nouvelle communauté, la Congrégation de Jésus et Marie, dite aujourd'hui des Eudistes, qui ouvrit le séminaire de Caen. Désormais Jean Eudes travailla sur plusieurs fronts : les Missions, qu'il ne laissa jamais, et le séminaire. Cette seconde œuvre lui apparaissait primordiale, et si au cours d'une Mission il apprenait qu'il y avait besoin au séminaire, on devait, disait-il, «y courir comme au feu

Devenu supérieur d'une congrégation sacerdotale qu'il mit à la disposition des évêques, il fut sollicité pour fonder des séminaires en Normandie et en Bretagne. De 1643 à sa mort, il vécut un temps d'intense action pour le service de l'Eglise. Ce fut aussi des années d'épreuves. De la part de plusieurs personnes, d'anciens amis et de jansénistes, Jean Eudes rencontra toutes sortes d'oppositions. Raillé, vilipendé et calomnié, ce fut un homme à abattre. «La divine Miséricorde, écrit-il dans son Journal, m'a fait passer par un grand nombre de tribulations : c'est une des plus grandes faveurs qu'elle m'a faites

En 1648, Jean Eudes fit célébrer, à Autun, la première fête liturgique du Cœur de Marie. Un peu plus tard, en 1672, les communautés eudistes célébrèrent la première fête liturgique du Cœur de Jésus. L’institution de cette fête était l'aboutissement de toute une vie de prière et de service apostolique. Toute sa vie, Jean Eudes avait contemplé l'amour de Dieu. Il l'avait sans cesse découvert dans l'Écriture, médité dans les écrits des spirituels et dans sa prière ; il l'avait reconnu dans la vie, dans son ministère de prêtre.

Saint Jean Eudes mourut à Caen le 19 août 1680 et fut canonisé, le 31 mai 1925, en même temps que Jean-Marie Vianney. Dans le titre de sa canonisation, «Père, docteur et apôtre des cultes liturgiques des Coeurs de Jésus et de Marie», l’Église reconnaît l’engagement missionnaire constant de saint Jean Eudes au service de la vie chrétienne, invitant les baptisés à prendre conscience de l’union qu’ils sont invités à vivre avec le Christ pour ne faire qu’un seul coeur avec Lui et entre eux. Marie est «l’exemplaire» parfait et universel de la vie dans le Christ, elle dont le coeur ne fait qu’un avec celui de son Fils. Saint Jean Eudes demeure ainsi un des grands maîtres de l'École Française de Spiritualité au XVIIe siècle.

Il fit partie de la Compagnie du Saint-Sacrement. Au XVIIIe siècle, les Eudistes combattent le jansénisme. L'ordre est supprimé lors de la Révolution française, mais est reconstitué en 1826.

Saint Jean Eudes fait partie de la deuxième génération de la Réforme catholique en France. Bérulle, François de Sales, Vincent de Paul ont inventé les principes de l’application du concile de Trente en France. Saint Jean Eudes va enraciner dans le peuple ce qu’ils ont commencé.

Sa spiritualité est d’abord baptismale : il veut que Jésus continue et accomplisse sa vie en chaque chrétien. Baptismale, sa spiritualité va être ouverte aux laïcs, hommes et femmes. Il soutient et accompagne les grands mouvements de laïcs de l’époque : Compagnie du Saint-Sacrement, Ermitage. Comme beaucoup de saints de son époque, il a de profonds échanges spirituels avec quelques femmes, telles que Laurence de Budos ou Marie des Vallées… Il s’engage aussi résolument pour la défense des femmes qu’on appellera, plus tard, prostituées.

Sa vie spirituelle s’épanouit dans une activité apostolique très missionnaire. Il crie «Au feu Messieurs les docteurs !», se plaignant de ceux qui restent en Sorbonne au lieu d’aller annoncer l’Évangile. C’est un missionnaire dans l’âme. Il parle aux grands, mais il aime les petits. Il est là quand survient une peste, quitte à habiter dans un tonneau, il parcourt les campagnes en prêchant des « missions ».

Mais, pour autant, il cherche à se donner les moyens de son ambition de faire aimer le Christ et il fonde une congrégation pour former des prêtres, il prêche, il écrit des livres, il compose des offices liturgiques…
Et, toujours, il contemple la miséricorde de Dieu. C’est en contemplant le cœur de Marie que Jean Eudes a découvert le cœur de Jésus… et l’amour qui existe entre les deux.

En un temps où le jansénisme semblait installer une vision pessimiste du cœur humain, Jean Eudes est sûr que le cœur humain est le lieu «naturel» de l’amour de Dieu.

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