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Regnum Galliae Regnum Mariae

De bonum

30 Novembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

De bonum

Iª-IIae q. 2 a. 7 co. Respondeo dicendum quod, sicut supra dictum est, finis dupliciter dicitur, scilicet ipsa res quam adipisci desideramus; et usus, seu adeptio aut possessio illius rei. Si ergo loquamur de ultimo fine hominis quantum ad ipsam rem quam appetimus sicut ultimum finem, impossibile est quod ultimus finis hominis sit ipsa anima, vel aliquid eius. Ipsa enim anima, in se considerata, est ut in potentia existens, fit enim de potentia sciente actu sciens, et de potentia virtuosa actu virtuosa. Cum autem potentia sit propter actum, sicut propter complementum, impossibile est quod id quod est secundum se in potentia existens, habeat rationem ultimi finis. Unde impossibile est quod ipsa anima sit ultimus finis sui ipsius. Similiter etiam neque aliquid eius, sive sit potentia, sive habitus, sive actus. Bonum enim quod est ultimus finis, est bonum perfectum complens appetitum. Appetitus autem humanus, qui est voluntas, est boni universalis. Quodlibet bonum autem inhaerens ipsi animae, est bonum participatum, et per consequens particulatum. Unde impossibile est quod aliquod eorum sit ultimus finis hominis. Sed si loquamur de ultimo fine hominis quantum ad ipsam adeptionem vel possessionem, seu quemcumque usum ipsius rei quae appetitur ut finis, sic ad ultimum finem pertinet aliquid hominis ex parte animae, quia homo per animam beatitudinem consequitur. Res ergo ipsa quae appetitur ut finis, est id in quo beatitudo consistit, et quod beatum facit, sed huius rei adeptio vocatur beatitudo. Unde dicendum est quod beatitudo est aliquid animae; sed id in quo consistit beatitudo, est aliquid extra animam.

Iª-IIae q. 2 a. 7 ad 1 Ad primum ergo dicendum quod, secundum quod sub illa divisione comprehenduntur omnia bona quae homini sunt appetibilia, sic bonum animae dicitur non solum potentia aut habitus aut actus, sed etiam obiectum, quod est extrinsecum. Et hoc modo nihil prohibet dicere id in quo beatitudo consistit, esse quoddam bonum animae.

Iª-IIae q. 2 a. 7 ad 2 Ad secundum dicendum, quantum ad propositum pertinet, quod beatitudo maxime amatur tanquam bonum concupitum, amicus autem amatur tanquam id cui concupiscitur bonum; et sic etiam homo amat seipsum. Unde non est eadem ratio amoris utrobique. Utrum autem amore amicitiae aliquid homo supra se amet, erit locus considerandi cum de caritate agetur.

Iª-IIae q. 2 a. 7 ad 3 Ad tertium dicendum quod beatitudo ipsa, cum sit perfectio animae, est quoddam animae bonum inhaerens, sed id in quo beatitudo consistit, quod scilicet beatum facit, est aliquid extra animam, ut dictum est.

 

Iª-IIae q. 2 a. 8 s. c. Sed contra est quod Augustinus dicit, XIX de Civ. Dei, ut vita carnis anima est, ita beata vita hominis Deus est; de quo dicitur, beatus populus cuius Dominus Deus eius.

Iª-IIae q. 2 a. 8 co. Respondeo dicendum quod impossibile est beatitudinem hominis esse in aliquo bono creato. Beatitudo enim est bonum perfectum, quod totaliter quietat appetitum, alioquin non esset ultimus finis, si adhuc restaret aliquid appetendum. Obiectum autem voluntatis, quae est appetitus humanus, est universale bonum; sicut obiectum intellectus est universale verum. Ex quo patet quod nihil potest quietare voluntatem hominis, nisi bonum universale. Quod non invenitur in aliquo creato, sed solum in Deo, quia omnis creatura habet bonitatem participatam. Unde solus Deus voluntatem hominis implere potest; secundum quod dicitur in Ps CII, qui replet in bonis desiderium tuum. In solo igitur Deo beatitudo hominis consistit.

Iª-IIae q. 2 a. 8 ad 1 Ad primum ergo dicendum quod superius hominis attingit quidem infimum angelicae naturae per quandam similitudinem; non tamen ibi sistit sicut in ultimo fine, sed procedit usque ad ipsum universalem fontem boni, qui est universale obiectum beatitudinis omnium beatorum, tanquam infinitum et perfectum bonum existens.

Iª-IIae q. 2 a. 8 ad 2 Ad secundum dicendum quod, si totum aliquod non sit ultimus finis, sed ordinetur ad finem ulteriorem, ultimus finis partis non est ipsum totum, sed aliquid aliud. Universitas autem creaturarum, ad quam comparatur homo ut pars ad totum, non est ultimus finis, sed ordinatur in Deum sicut in ultimum finem. Unde bonum universi non est ultimus finis hominis, sed ipse Deus.

Iª-IIae q. 2 a. 8 ad 3 Ad tertium dicendum quod bonum creatum non est minus quam bonum cuius homo est capax ut rei intrinsecae et inhaerentis, est tamen minus quam bonum cuius est capax ut obiecti, quod est infinitum. Bonum autem quod participatur ab Angelo, et a toto universo, est bonum finitum et contractum.


 

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Saint André apôtre

30 Novembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint André apôtre

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Seigneur, nous demandons avec supplication à votre majesté, que, de même que votre Eglise a eu pour l’enseigner et la gouverner votre bienheureux Apôtre André, nous l’ayons comme perpétuel intercesseur auprès de vous.

Office

AU PREMIER NOCTURNE.

De l’Épître de l’Apôtre saint Paul aux Romains.
Première leçon. La fin de la loi est le Christ, pour justifier tout croyant. Aussi Moïse a écrit que l’homme qui accomplira la justice qui vient de la loi y trouvera la vie. Mais pour la justice qui vient de la foi, il en parle ainsi : Ne dis point en ton cœur : Qui montera au ciel ? C’est-à-dire pour en faire descendre le Christ : Ou qui descendra dans l’abîme ? C’est-à-dire pour rappeler le Christ d’entre les morts. Mais que dit l’Écriture ? Près de toi est la parole, dans ta bouche et dans ton cœur ; c’est la parole de la foi que nous annonçons. Parce que si tu confesses de bouche le Seigneur Jésus, et si en ton cœur tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé.
Deuxième leçon. Car on croit de cœur pour la justice, et on confesse de bouche pour le salut. En effet, l’Écriture dit : Quiconque croit en lui ne sera point confondu. Attendu qu’il n’y a point de distinction de Juif et de Grec, parce que c’est le même Seigneur de tous, riche pour tous ceux qui l’invoquent. Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. Mais comment invoqueront-ils celui en qui ils n’ont point cru ? Ou comment croiront-ils à celui qu’ils n’ont pas entendu ? Et comment entendront-ils, si personne ne les prêche ? Et comment prêchera-t-on, si on n’est pas envoyé ? Comme il est écrit : Qu’ils sont beaux, les pieds de ceux qui annoncent la paix, qui annoncent le bonheur.
Troisième leçon. Mais tous n’obéissent pas à l’Évangile. C’est pourquoi Isaïe a dit : Seigneur, qui a cru ce qu’il a ouï de nous ? La foi donc vient par l’audition, et l’audition par la parole du Christ. Cependant, je le demande : Est-ce qu’ils n’ont pas entendu ? Certes, leur voix a retenti par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités de monde. Je demande encore : Est-ce qu’Israël ne l’a point connu ? Moïse, le premier, a dit : Je vous rendrai jaloux d’un peuple qui n’en est pas un ; je vous mettrai en colère contre une nation insensée. Mais Isaïe ne craint pas de dire : J’ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis montré à ceux qui ne me demandaient pas. Et à Israël, il dit : Tous les jours j’ai tendu les mains à ce peuple incrédule et contredisant.
 

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. L’apôtre André naquit à Bethsaïde, qui est un bourg de Galilée ; il était frère de Pierre et disciple de Jean-Baptiste. Ayant entendu celui-ci dire du Christ : « Voici l’Agneau de Dieu », il suivit Jésus et lui amena son frère. Dans la suite, tandis qu’il péchait avec son frère dans la mer de Galilée, ils furent tous deux appelés, avant les autres Apôtres, par le Seigneur qui, passant sur le rivage, leur dit : « Suivez-moi, je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Sans aucun retard, ils laissèrent leurs filets et le suivirent. Après la passion et la résurrection de Jésus-Christ, André alla prêcher la foi chrétienne dans la Scythie d’Europe, cette province lui étant échue en partage ; il parcourut ensuite l’Épire et la Thrace, et, par ses prédications et ses miracles, il convertit à Jésus-Christ une multitude innombrable de personnes. Parvenu à Patras, ville d’Achaïe, où il fit embrasser à beaucoup de monde la vérité de l’Évangile, il s’adressa avec une courageuse liberté au proconsul Égée, qui résistait à la prédication de l’Évangile, reprochant à cet homme, qui voulait qu’on le reconnût comme juge de ses semblables, de se laisser tromper par les démons au point de méconnaître le Christ Dieu, juge de tous les hommes.Cinquième leçon. Alors Égée, irrité, lui dit : « Cesse de vanter le Christ, que des propos analogues n’ont pu empêcher d’être crucifié par les Juifs. » Comme André continuait néanmoins à prêcher généreusement Jésus-Christ, démontrant qu’il s’était offert lui-même à la croix pour le salut du genre humain, Égée l’interrompit par un discours impie et l’engagea à conserver sa vie en sacrifiant aux dieux. André lui répondit : « Pour moi, il est un Dieu tout-puissant, seul et vrai Dieu, auquel je sacrifie tous les jours sur l’autel, non les chairs des taureaux ni le sang des boucs, mais l’Agneau sans tache. Quand tout le peuple des croyants a participé à sa chair, l’Agneau qui a été immolé, n’en demeure pas moins entier et plein de vie. » Égée, enflammé de colère, ordonna de jeter l’Apôtre en prison. Le peuple en eût facilement délivré André, si lui-même n’eût apaisé la foule, la suppliant avec instance de ne pas l’empêcher d’arriver à la couronne tant désirée du martyre.
Sixième leçon. Peu de temps après, étant amené devant le tribunal, comme il exaltait le mystère de la croix et reprochait au proconsul son impiété, celui-ci, ne pouvant le supporter plus longtemps, commanda qu’on le mit en croix et qu’on lui fît imiter ta mort du Christ. Arrivé au lieu du martyre, et apercevant de loin la croix, André s’écria : « O bonne croix, qui as tiré ta gloire des membres du Seigneur ! Croix, longtemps désirée, ardemment aimée, cherchée sans relâche, et enfin préparée à mes ardents désirs, retire-moi d’entre les hommes, et rends-moi à mon Maître, afin que par toi me reçoive celui qui par toi m’a racheté. » Il fut donc attaché à la croix, et y resta suspendu vivant pendant deux jours, sans cesser de prêcher la loi du Christ ; après quoi, il s’en alla à celui dont il avait souhaité d’imiter la mort. Les Prêtres et les Diacres d’Achaïe, qui ont écrit son supplice, attestent qu’ils ont entendu et vu toutes ces choses, ainsi qu’ils les ont racontées. Ses ossements furent transportés, sous le règne de l’empereur Constance, à Constantinople, et plus tard à Amalfi. Son chef fut apporté à Rome, sous le pontificat de Pie II, et placé dans la basilique de Saint-Pierre.
 

AU TROISIÈME NOCTURNE.
De l’Homélie de S. Grégoire, Pape.

Septième leçon. Vous avez entendu, mes très chers frères, qu’au premier appel de la voix, Pierre et André laissèrent leurs filets et suivirent le Rédempteur. Ils ne lui avaient vu faire encore aucun miracle, ils ne lui avaient rien ouï dire du bienfait d’une récompense éternelle, et cependant, au premier ordre du Seigneur, ils oublient et abandonnent ce qu’ils possèdent. Et nous, combien ne voyons-nous pas de ses miracles, par combien d’épreuves ne sommes-nous pas instruits, par combien de menaces ne sommes-nous pas détournés du péché ? Et cependant nous méprisons l’appel du Seigneur.
Huitième leçon. Celui qui nous exhorte à la conversion est déjà dans les cieux ; déjà il a courbé les Gentils sous le joug de la foi, déjà il a confondu la gloire du monde, déjà il nous annonce, par les ruines qui deviennent si fréquentes, l’approche du jour de son rigoureux jugement ; et néanmoins, notre esprit superbe ne consent pas encore à abandonner de plein gré ce qu’il perd tous les jours malgré lui. Que dirons-nous, mes très chers frères, que dirons-nous, le jour où il nous jugera, nous qui ne pouvons être détournés de l’amour du siècle présent par les préceptes du Seigneur, ni corrigés par ses châtiments ?
Neuvième leçon. Mais quelqu’un dira peut-être dans le secret de sa pensée : Qu’ont-ils quitté à la voix du Seigneur, ces deux pêcheurs qui n’avaient presque rien ? En cela, mes très chers frères, nous devons plutôt considérer l’affection de la volonté que la valeur de la chose, il quitte beaucoup, celui qui ne garde rien pour lui ; il quitte beaucoup, celui qui abandonne tout, quelque peu qu’il possède. Nous, au contraire, nous possédons avec attachement les choses que nous avons, et nous recherchons par nos désirs celles que nous n’avons pas. Pierre et André ont donc abandonné beaucoup quand l’un et l’autre ont renoncé au désir même de posséder.

Cette fête est destinée, chaque année, à clore majestueusement le Cycle catholique qui s’éteint, ou à briller en tête du nouveau qui vient de s’ouvrir. Certes, il était juste que, dans l’Année Chrétienne, tout commençât et finît par la Croix, qui nous a mérité chacune des années qu’il plaît à la miséricorde divine de nous octroyer, et qui doit paraître au dernier jour sur les nuées du ciel, comme un sceau mis sur les temps.

Nous disons ceci, parce que tout fidèle doit savoir que saint André est l’Apôtre de la Croix. A Pierre, Jésus-Christ a donné la solidité de la Foi ; à Jean, la tendresse de l’Amour ; André a reçu la mission de représenter la Croix du divin Maître. Or, c’est à l’aide de ces trois choses, Foi, Amour et Croix, que l’Église se rend digne de son Époux : tout en elle retrace ce triple caractère. C’est donc pour cela qu’après les deux Apôtres que nous venons de nommer, saint André est l’objet d’une religion toute particulière dans la Liturgie universelle.

Mais lisons les gestes de l’héroïque pêcheur du lac de Génésareth, appelé à devenir plus tard le successeur du Christ lui-même, et le compagnon de Pierre sur l’arbre de la Croix. L’Église les a puisés dans les anciens Actes du Martyre du saint Apôtre, dressés parles prêtres de l’Église de Patras, qu’il avait fondée. L’authenticité de ce monument vénérable a été contestée par les Protestants, qui y trouvent plusieurs choses qui les contrarient ; en quoi ils ont été imités par plusieurs critiques des XVIIe et XVIIIe siècles, tant en France qu’à l’étranger. Néanmoins, ces Actes ont pour eux un bien plus grand nombre d’érudits catholiques, parmi lesquels nous nous plaisons à citer, à côté du grand Baronius, Labbe, Noël Alexandre, Galland, Lumper, Morcelli, etc. Toutes les Églises de l’Orient et de l’Occident, qui ont inséré ces Actes dans leurs divers Offices de saint André, sont bien aussi de quelque poids, ainsi que saint Bernard, qui a bâti sur eux ses trois beaux Sermons sur saint André.

C’est vous, ô bienheureux André ! que nous rencontrons le premier aux abords de ce chemin mystique de l’Avent où nous marcherons bientôt, cherchant notre divin Sauveur Jésus-Christ ; et nous remercions Dieu de ce qu’il a bien voulu nous ménager une telle rencontre. Quand Jésus, notre Messie, se révéla au monde, vous aviez déjà prêté une oreille docile au saint Précurseur qui annonçait son approche, et vous fûtes des premiers parmi les mortels à confesser, dans le fils de Marie, le Messie promis dans la Loi et les Prophètes. Mais vous ne voulûtes pas rester seul confident d’un si merveilleux secret, et bientôt vous fîtes part de la Bonne Nouvelle à Pierre votre frère, et vous l’amenâtes à Jésus.

Saint Apôtre, nous aussi nous désirons le Messie, le Sauveur de nos âmes ; puisque vous l’avez trouvé, daignez donc aussi nous amener à lui. Nous mettons sous votre protection cette sainte carrière d’attente et de préparation qu’il nous reste à traverser, jusqu’au jour où ce Sauveur si attendu paraîtra dans le mystère de sa merveilleuse Naissance. Aidez-nous à nous rendre dignes de le voir au milieu de cette nuit radieuse où il apparaîtra. Le baptême de la pénitence vous prépara à recevoir la grâce insigne de connaître le Verbe de vie ; obtenez-nous d’être vraiment pénitents et de purifier nos cœurs, durant ce saint temps, afin que nous puissions contempler de nos yeux Celui qui a dit : Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu.

Vous êtes puissant pour introduire les âmes auprès du Seigneur Jésus, ô glorieux André ! Puisque celui-là même que le Seigneur devait établir Chef de tout le troupeau, fut présenté par vous à ce divin Messie. Nous ne doutons pas que le Seigneur n’ait voulu, en vous appelant à lui en ce jour, assurer votre suffrage aux chrétiens qui cherchant de nouveau, chaque année, Celui en lequel vous vivez à jamais, viennent vous demander la voie qui conduit à lui.

Cette voie, vous nous l’enseignez, est la voie de la fidélité, de la fidélité jusqu’à la Croix. Vous y avez marché avec courage ; et parce que la Croix conduit à Jésus-Christ, vous avez aimé la Croix avec passion. Priez, ô saint Apôtre ! Afin que nous comprenions cet amour de la Croix ; afin que, l’ayant compris, nous le mettions en pratique. Votre frère nous dit dans son Epître : Puisque le Christ a souffert dans la chair, armez-vous, mes frères, de cette pensée. (I Petr. 4, 1.) Vous, ô bienheureux André ! Vous nous présentez aujourd’hui le commentaire vivant de cette maxime. Parce que votre Maître a été crucifié, vous avez voulu l’être aussi. Du haut de ce trône où vous vous êtes élevé par la Croix, priez donc, afin que la Croix soit pour nous l’expiation des péchés qui nous couvrent, l’extinction des flammes mondaines qui nous brûlent, enfin, le moyen de nous unir par l’amour à Celui que son amour seul y a attaché.

Mais, quelque importantes et précieuses que soient pour nous les leçons de la Croix, souvenez-vous, ô grand Apôtre ! Que la Croix est la consommation, et non le principe. C’est le Dieu enfant, c’est le Dieu de la crèche qu’il nous faut d’abord connaître et goûter ; c’est l’Agneau de Dieu que vous désigna saint Jean, c’est cet Agneau que nous avons soif de contempler. Le temps qui va s’ouvrir est celui de l’Avent, et non celui de la dure Passion du Rédempteur. Fortifiez donc notre cœur pour le jour du combat ; mais ouvrez-le en ce moment à la componction et à la tendresse. Nous plaçons sous votre patronage le grand œuvre de notre préparation à l’Avènement du Christ en nos cœurs.

Souvenez-vous aussi, bienheureux André, de la sainte Église dont vous êtes une des colonnes, et que vous avez arrosée de votre sang ; levez vos mains puissantes pour elle, en présence de Celui pour lequel elle milite sans cesse. Demandez que la Croix qu’elle porte en traversant ce monde soit allégée, et priez aussi afin qu’elle aime cette Croix, et qu’elle y puise sa force et son véritable honneur. Souvenez-vous en particulier de la sainte Église Romaine, Mère et Maîtresse de toutes les autres, et lui obtenez la victoire et la paix par la Croix, à cause du tendre amour qu’elle vous porte. Visitez de nouveau, dans votre Apostolat, l’Église de Constantinople, qui a perdu la vraie lumière avec l’unité, parce qu’elle n’a pas voulu rendre hommage à Pierre, votre frère, que vous avez honoré comme votre Chef, pour l’amour de votre commun Maître. Enfin, priez pour le royaume d’Écosse, qui depuis trois siècles a oublié votre douce tutelle ; obtenez que les jours de l’erreur soient abrégés, et que cette moitié de l’Ile des Saints rentre bientôt, avec l’autre, sous la houlette de l’unique Pasteur.

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Immanence et dignité du fidèle catholique

29 Novembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Immanence et dignité du fidèle catholique

Lectio 3

Super I Cor., cap. 3 l. 3 Supra ostendit apostolus, quae sit merces bene laborantium, hic agit de poena male laborantium sive destruentium. Et circa hoc duo facit. Primo demonstrat poenam; secundo excludit errorem contrarium, ibi nemo vos seducat. Ostendit autem poenam operantium ad destructionem, prosequens similitudinem aedificii spiritualis, et circa hoc tria facit. Primo ostendit dignitatem spiritualis aedificii; secundo determinat poenam destruentium, ibi si quis; tertio assignat rationem poenae, ibi templum enim Dei, et cetera. Dicit ergo primo: dictum est quod ille qui superaedificat, mercedem salutis accipiet, vel sine detrimento vel cum detrimento; sed ut possitis agnoscere, quae sit poena male in vobis laborantium, oportet vos vestram dignitatem agnoscere; quam primo ponit, dicens: an vos nescitis quia, vos fideles Christi, estis templum Dei? Ep. II, 21 s.: in quo omnis aedificatio constructa crescit in templum sanctum in Domino, in quo et vos coaedificamini in habitaculum Dei. Secundo probat quod fideles sint templum Dei. Est enim de ratione templi quod sit habitaculum Dei, secundum illud Ps. X, 5: Deus in templo sancto suo. Unde omne illud in quo Deus habitat, potest dici templum. Habitat autem Deus principaliter in seipso, quia ipse solus se comprehendit. Unde et ipse Deus templum Dei dicitur Ap. XXI, 22: Dominus Deus omnipotens templum illius est. Habitat etiam Deus in domo sacrata per spiritualem cultum, qui in ea sibi exhibetur; et ideo domus sacrata dicitur templum, secundum illud Ps. V, 8: adorabo ad templum sanctum tuum, et cetera. Habitat etiam Deus in hominibus per fidem, quae per dilectionem operatur, secundum illud Ep. III, 17: habitare Christum per fidem in cordibus vestris. Unde et ad probandum quod fideles sint templum Dei, subiungit quod inhabitantur a Deo, cum dicit et spiritus Dei habitat in vobis. Et Rm. VIII, 11 dictum est: spiritus, qui suscitavit Iesum Christum habitabit in vobis. Ez. XXXVI, 27: spiritum meum ponam in medio vestri. Ex quo patet quod Spiritus Sanctus est Deus, per cuius inhabitationem fideles dicuntur templum Dei. Sola enim inhabitatio Dei templum Dei facit, ut dictum est. Est autem considerandum quod Deus est in omnibus creaturis, in quibus est per essentiam, potentiam et praesentiam, implens omnia bonitatibus suis, secundum illud Jr. XXIII, 24: caelum et terram ego impleo. Sed spiritualiter dicitur Deus inhabitare tamquam in familiari domo in sanctis, quorum mens capax est Dei per cognitionem et amorem, etiam si ipsi in actu non cognoscant et diligant, dummodo habeant per gratiam habitum fidei et charitatis, sicut patet de pueris baptizatis. Et cognitio sine dilectione non sufficit ad inhabitationem Dei, secundum illud I Jn. IV, 16: qui manet in charitate, in Deo manet, et Deus in eo. Inde est quod multi cognoscunt Deum, vel per naturalem cognitionem, vel per fidem informem, quos tamen non inhabitat spiritus Dei. Deinde cum dicit si quis autem templum, etc., subiungit poenam male operantium secundum convenientiam praedictorum, dicens si quis autem, et cetera. Violatur autem templum Dei dupliciter. Uno modo per falsam doctrinam, quae non superaedificatur fundamento, sed magis subruit fundamentum et destruit aedificium. Unde dicitur Ez. XIII, 19 de falsis prophetis: violabant me ac populum meum propter pugillum hordei et fragmentum panis. Alio modo violat aliquis templum Dei per peccatum mortale, per quod aliquis vel seipsum corrumpit vel alium, opere vel exemplo. Unde dicitur Ma. II, 11: contaminavit Iudas sanctificationem Domini quam dilexit. Sic autem dignum est, ut disperdatur ille a Deo per damnationem aeternam qui violat spirituale templum Dei, vel qualitercumque polluit. Unde dicitur Ma. II, 12: disperdet Dominus virum qui fecerit hoc, magistrum et discipulum. Et in Ps. XI, 4: disperdet Dominus universa labia dolosa, et cetera. Deinde cum dicit templum Dei, etc., assignat rationem eius quod dixerat de sanctitate templi. Qui enim aliquam rem sacram violat, sacrilegium committit, unde dignum est ut disperdatur. Templum enim Dei sanctum est quod estis vos, sicut supra dictum est, et in Ps. LXIV, 5 dicitur: sanctum est templum tuum, mirabile in aequitate; et alibi domum tuam, Domine, decet sanctitudo. Et quidem in materiali templo est quaedam sacramentalis sanctitas, prout templum divino cultui dedicatur, sed in fidelibus Christi est sanctitas gratiae, quam consecuti sunt per Baptismum, secundum illud infra IV, 11: abluti estis, sanctificati estis. Deinde cum dicit nemo vos seducat, excludit errorem contrarium. Et primo monet fideles ut sibi caveant a seductione errorum; secundo docet modum cavendi, ibi si quis inter vos; tertio assignat rationem, ibi sapientia enim huius mundi, et cetera. Circa primum sciendum quod quidam dixerunt quod Deus neque punit, neque remunerat hominum facta; ex quorum persona dicitur So. I, 12: qui dicunt in cordibus suis: non faciet bene Dominus, et non faciet male. Et Thren. III, 37 s.: quis est iste qui dixit, ut fieret, Domino non iubente? Ex ore altissimi non egredietur bonum neque malum. Ad hunc ergo errorem excludendum dicit nemo vos seducat, asserens scilicet quod ille qui templum Dei violat, non disperdatur a Deo, sicut Ep. V, 6 dicitur: nemo vos seducat inanibus verbis, propter hoc enim venit ira Dei in filios diffidentiae. Deinde cum dicit si quis inter vos, etc., docet modum cavendi huiusmodi seductionem. Ubi sciendum est quod quidam dixerunt Deum non punire peccata hominum, innitentes rationibus humanae sapientiae, puta quod Deus non cognoscat singularia, quae fiunt hic, ex quorum persona dicitur Jb XXII, 14: circa cardines caeli perambulat, nec nostra considerat. Ad hoc ergo vitandum dicit si quis inter vos videtur esse sapiens in hoc saeculo, id est, sapientia saeculari, quae in eo quod contrariatur veritati fidei, non est sapientia, licet videatur esse, stultus fiat, abiiciendo istam sapientiam apparentem, ut sit sapiens, scilicet secundum sapientiam divinam, quae est vera sapientia. Et hoc etiam observandum est non solum in his in quibus saecularis sapientia contrariatur veritati fidei, sed etiam in omnibus in quibus contrariatur honestati morum. Unde Pr. XXX, 1 dicitur: Deo secum morante confortatus est, et cetera. Deinde cum dicit sapientia huius mundi, etc., assignat rationem eius quod dixerat. Et primo ponit rationem. Videbatur enim ineptam monitionem fecisse, ut aliquis fieret stultus, et vere inepta esset si stultitia illa, de qua loquebatur, esset per abnegationem verae sapientiae, sed non est ita. Sapientia enim huius mundi stultitia est apud Deum. Dicitur autem sapientia huius mundi, quae principaliter mundo innititur. Nam illa, quae per res huius mundi ad Deum attingit, non est sapientia mundi, sed sapientia Dei, secundum illud Rm. I, 19 s.: Deus enim illis revelavit. Invisibilia enim ipsius a creatura mundi per ea quae facta sunt, intellecta conspiciuntur. Sapientia ergo mundi, quae sic rebus intendit, ut ad divinam veritatem non pertingat, stultitia est apud Deum, id est, stultitia reputatur secundum divinum iudicium. Is. XIX, 11: stulti principes Thaneos, sapientes consiliarii Pharaonis dederunt consilium insipiens. Secundo probat quod dixerat per duas auctoritates, quarum prima scribitur Jb V, 13. Unde dicit scriptum est: comprehendam sapientes in astutia eorum. Comprehendit autem sapientes Dominus in astutia eorum, quia per hoc ipsum quod astute cogitant contra Deum, impedit Deus eorum conatum, et implet suum propositum; sicut per malitiam fratrum Ioseph volentium impedire eius principatum, impletum est per divinam ordinationem, quod Ioseph in Aegypto venditus principaretur. Unde et ante praemissa verba dicit Job: qui dissipat cogitationes eorum, scilicet malignorum, ne possint implere manus eorum, quod coeperant; quia, ut dicitur Pr. XXI, 30, non est sapientia, non est scientia, non est consilium contra Dominum. Secunda auctoritas sumitur ex Ps., unde dicit et iterum scriptum est: Dominus novit cogitationes sapientium, id est, secundum sapientiam mundi, quoniam vanae sunt; quia scilicet non pertingunt ad finem cognitionis humanae, quae est cognitio veritatis divinae. Unde dicitur Sg. XIII, 1: vani sunt homines, in quibus non subest sapientia Dei. Deinde cum dicit itaque nemo glorietur in hominibus, infert conclusionem principaliter intentam, scilicet quod non debeant gloriari de ministris Dei. Et primo concludit propositum ex praedictis dicens itaque, ex quo ministri nihil sunt, sed laborant pro mercede, nemo glorietur in hominibus; sicut et in Ps. CXLV, 2 s. dicitur: nolite confidere in principibus, neque in filiis hominum, in quibus non est salus. Et Jr. XVII, 5: maledictus vir qui confidit in homine, et cetera. Secundo rationem assignat ex dignitate fidelium Christi, assignans ordinem fidelium in rebus. Et primo ponit ordinem rerum ad fideles Christi, dicens omnia vestra sunt, quasi dicat: sicut homo non gloriatur de rebus sibi subiectis, ita et vos gloriari non debetis de rebus huius mundi, quae omnia sunt vobis data a Deo, secundum illud Ps. VIII, 8: omnia subiecisti sub pedibus eius. Exponit autem, quae omnia, inter quae primo ponit ministros Christi, qui sunt divinitus ordinati ad ministerium fidelium, secundum illud II Cor. IV, 5: nos autem servos vestros per Iesum. Et hoc est, quod dicit sive Paulus, qui plantavit, sive Apollo, qui rigavit, sive Cephas, id est, Petrus, qui est universalis pastor ovium Christi, ut dicitur Jn. ult. Post haec ponit res exteriores, cum dicit sive mundus, qui est continentia omnium creaturarum, qui quidem est fidelium Christi, eo quod homo per res huius mundi iuvatur, vel quantum ad necessitatem corporalem, vel quantum ad cognitionem Dei, secundum illud Sg. XIII, 5: a magnitudine speciei et creaturae, et cetera. Consequenter ponit ea quae pertinent ad ipsam hominis dispositionem, dicens sive vita, sive mors, quia scilicet fidelibus Christi et vita est utilis in qua merentur, et mors per quam ad praemia perveniunt, secundum illud Rm. XIV, 8: sive vivimus, sive morimur, et cetera. Et Ph. I, 21: mihi vivere Christus est, et mori lucrum. Ad haec autem duo reducuntur omnia bona vel mala huius mundi, quia per bona conservatur vita, per mala pervenitur ad mortem. Ultimo ponit quae pertinent ad statum hominis praesentem vel futurum, dicens sive praesentia, id est, res huius vitae, quibus iuvamur ad merendum; sive futura, quae nobis reservantur ad praemium. Non enim habemus hic civitatem permanentem, sed futuram inquirimus, ut dicitur He. ult. Omnia, inquit, vestra sunt, id est, vestrae utilitati deservientia, secundum illud Rm. VIII, 28: diligentibus Deum omnia cooperantur in bonum. Sic ergo primus ordo est rerum Christi ad fideles; secundus vero fidelium Christi ad Christum, quos ponit subdens vos autem Christi estis, quia scilicet sua morte vos redemit. Rm. XIV, 8: sive vivimus, sive morimur, Domini sumus. Tertius ordo est Christi, secundum quod homo ad Deum; ideo addit Christus autem, secundum quod homo, Dei est. Unde eum Deum et Dominum in Ps. VII, 2 nominat, dicens: Domine Deus meus, in te speravi, ut nomine Dei tota Trinitas intelligatur. Quia ergo nullus debet gloriari de eo quod infra ipsum est, sed de eo quod est supra ipsum, ideo non debent fideles Christi gloriari de ministris, sed magis ministri de ipsis. II Cor. VII, 4: multa mihi fiducia est apud vos, multa mihi gloriatio pro vobis. Sed fideles Christi debent gloriari de Christo, secundum illud Ga. ult.: mihi absit gloriari, nisi in cruce Domini nostri Iesu Christi, sicut Christus de Patre, secundum illud Sg. II, 16: gloriatur se Patrem habere Deum.

 

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En quelque sorte

27 Novembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

En quelque sorte

« par son incarnation le Fils de Dieu lui-même s'est en quelque sorte uni à tout homme » Gaudium et Spes12, I, 1,

Cet en quelque sorte doit être précisé, et l'Apôtre des Gentils et le Docteur commun, vont nous y aider. Il ne s'agit pas de sombrer dans l'immanence vitale de Jean-Paul II qui confond l'homme déchu, et l'homme régénéré par le baptême, qui confond la nature, et la surnature, en bon moderniste, qui identifie le vieil Adam, et le nouveau, le Rédempteur par qui nous avons accès à Dieu.

 

Nature

Mais je désire que vous sachiez que Jésus-Christ est le chef et la tête de tout homme, que l’homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Jésus-Christ. 1 Cor 11, 3

Surnature

Il est le chef et la tête du corps de l’Église. Il est comme les prémices, et le premier-né d’entre les morts, afin qu’il soit le premier en tout Col. 1, 18

Articulus 2

IIIª q. 8 a. 2 arg. 1 Ad secundum sic proceditur. Videtur quod Christus non sit caput hominum quantum ad corpora. Christus enim dicitur caput Ecclesiae inquantum influit spiritualem sensum et motum gratiae in Ecclesiam. Sed huius spiritualis sensus et motus capax non est corpus. Ergo non est caput hominum secundum corpora.

IIIª q. 8 a. 2 arg. 2 Praeterea, secundum corpora communicamus cum brutis. Si ergo Christus esset caput hominum quantum ad corpora, sequeretur quod etiam esset caput brutorum animalium. Quod est inconveniens.

IIIª q. 8 a. 2 arg. 3 Praeterea, Christus corpus suum ab aliis hominibus traxit, ut patet Mt. I et Lc. III. Sed caput est primum inter cetera membra, ut dictum est. Ergo Christus non est caput Ecclesiae quantum ad corpora.

IIIª q. 8 a. 2 s. c. Sed contra est quod dicitur Ph. III, reformabit corpus humilitatis nostrae, configuratum corpori claritatis suae.

IIIª q. 8 a. 2 co. Respondeo dicendum quod corpus humanum habet naturalem ordinem ad animam rationalem, quae est propria forma eius et motor. Et inquantum quidem est forma eius, recipit ab anima vitam et ceteras proprietates convenientes humano corpori secundum suam speciem. Inquantum vero anima est motor corporis, corpus instrumentaliter servit animae. Sic ergo dicendum quod habet vim influendi Christi humanitas inquantum est coniuncta Dei verbo, cui corpus unitur per animam, ut supra dictum est. Unde tota Christi humanitas, secundum scilicet animam et corpus, influit in homines et quantum ad animam et quantum ad corpus, sed principaliter quantum ad animam; secundario quantum ad corpus. Uno modo, inquantum membra corporis exhibentur arma iustitiae in anima existenti per Christum, ut apostolus dicit, Rm. VI. Alio modo, inquantum vita gloriae ab anima derivatur ad corpus, secundum illud Rm. VIII, qui suscitavit Iesum a mortuis, vivificabit et mortalia corpora vestra, propter inhabitantem spiritum eius in vobis.

IIIª q. 8 a. 2 ad 1 Ad primum ergo dicendum quod sensus spiritualis gratiae non pervenit quidem ad corpus primo et principaliter, sed secundario et instrumentaliter, ut dictum est.

IIIª q. 8 a. 2 ad 2 Ad secundum dicendum quod corpus animalis bruti nullam habitudinem habet ad animam rationalem, sicut habet corpus humanum. Et ideo non est simile.

IIIª q. 8 a. 2 ad 3 Ad tertium dicendum quod, licet Christus traxerit materiam corporis ab aliis hominibus, vitam tamen immortalem corporis omnes homines trahunt ab ipso, secundum illud I Cor. XV, sicut in Adam omnes moriuntur, ita in Christo omnes vivificabuntur.

 

Articulus 3

IIIª q. 8 a. 3 arg. 1 Ad tertium sic proceditur. Videtur quod Christus non sit caput omnium hominum. Caput enim non habet relationem nisi ad membra sui corporis. Infideles autem nullo modo sunt membra Ecclesiae, quae est corpus Christi, ut dicitur Ephes. I. Ergo Christus non est caput omnium hominum.

IIIª q. 8 a. 3 arg. 2 Praeterea, apostolus dicit, Ep. V, quod Christus tradidit semetipsum pro Ecclesia, ut ipse sibi exhiberet Ecclesiam gloriosam, non habentem maculam aut rugam aut aliquid huiusmodi. Sed multi sunt, etiam fideles, in quibus invenitur macula aut ruga peccati. Ergo nec erit omnium fidelium Christus caput.

IIIª q. 8 a. 3 arg. 3 Praeterea, sacramenta veteris legis comparantur ad Christum sicut umbra ad corpus, ut dicitur Coloss. II. Sed patres veteris testamenti sacramentis illis suo tempore serviebant, secundum illud He. VIII, exemplari et umbrae deserviunt caelestium. Non ergo pertinebant ad corpus Christi. Et ita Christus non est caput omnium hominum.

IIIª q. 8 a. 3 s. c. Sed contra est quod dicitur I Tm. IV, salvator omnium est, et maxime fidelium. Et I Jn. II, ipse est propitiatio pro peccatis nostris, non autem pro nostris tantum, sed etiam pro totius mundi. Salvare autem homines, aut propitiatorem esse pro peccatis eorum, competit Christo secundum quod est caput. Ergo Christus est caput omnium hominum.

IIIª q. 8 a. 3 co. Respondeo dicendum quod haec est differentia inter corpus hominis naturale et corpus Ecclesiae mysticum, quod membra corporis naturalis sunt omnia simul, membra autem corporis mystici non sunt omnia simul, neque quantum ad esse naturae, quia corpus Ecclesiae constituitur ex hominibus qui fuerunt a principio mundi usque ad finem ipsius; neque etiam quantum ad esse gratiae, quia eorum etiam qui sunt in uno tempore, quidam gratia carent postmodum habituri, aliis eam iam habentibus. Sic igitur membra corporis mystici non solum accipiuntur secundum quod sunt in actu, sed etiam secundum quod sunt in potentia. Quaedam tamen sunt in potentia quae nunquam reducuntur ad actum, quaedam vero quae quandoque reducuntur ad actum, secundum hunc triplicem gradum, quorum unus est per fidem, secundus per caritatem viae, tertius per fruitionem patriae. Sic ergo dicendum est quod, accipiendo generaliter secundum totum tempus mundi, Christus est caput omnium hominum, sed secundum diversos gradus. Primo enim et principaliter est caput eorum qui actu uniuntur sibi per gloriam. Secundo, eorum qui actu uniuntur sibi per caritatem. Tertio, eorum qui actu uniuntur sibi per fidem. Quarto vero, eorum qui sibi uniuntur solum potentia nondum ad actum reducta, quae tamen est ad actum reducenda, secundum divinam praedestinationem. Quinto vero, eorum qui in potentia sibi sunt uniti quae nunquam reducetur ad actum, sicut homines in hoc mundo viventes qui non sunt praedestinati. Qui tamen, ex hoc mundo recedentes, totaliter desinunt esse membra Christi, quia iam nec sunt in potentia ut Christo uniantur.

IIIª q. 8 a. 3 ad 1 Ad primum ergo dicendum quod illi qui sunt infideles, etsi actu non sint de Ecclesia, sunt tamen in potentia. Quae quidem potentia in duobus fundatur, primo quidem et principaliter, in virtute Christi, quae sufficiens est ad salutem totius humani generis; secundario, in arbitrii libertate.

IIIª q. 8 a. 3 ad 2 Ad secundum dicendum quod esse Ecclesiam gloriosam, non habentem maculam neque rugam, est ultimus finis, ad quem perducimur per passionem Christi. Unde hoc erit in statu patriae, non autem in statu viae, in quo, si dixerimus quia peccatum non habemus, nosmetipsos seducimus, ut dicitur I Jn. I. Sunt tamen quaedam, scilicet mortalia, quibus carent illi qui sunt membra Christi per actualem unionem caritatis. Qui vero his peccatis subduntur, non sunt membra Christi actualiter, sed potentialiter, nisi forte imperfecte, per fidem informem, quae unit Christo secundum quid et non simpliciter ut scilicet per Christum homo assequatur vitam gratiae; fides enim sine operibus mortua est, ut dicitur Jc. II. Percipiunt tamen tales a Christo quendam actum vitae, qui est credere, sicut si membrum mortificatum moveatur aliqualiter ab homine.

IIIª q. 8 a. 3 ad 3 Ad tertium dicendum quod sancti patres non insistebant sacramentis legalibus tanquam quibusdam rebus, sed sicut imaginibus et umbris futurorum. Idem autem est motus in imaginem, inquantum est imago, et in rem, ut patet per philosophum, in libro de memoria et reminiscentia. Et ideo antiqui patres, servando legalia sacramenta, ferebantur in Christum per fidem et dilectionem eandem qua et nos in ipsum ferimur. Et ita patres antiqui pertinebant ad idem corpus Ecclesiae ad quod nos pertinemus.

 

Articulus 5

IIIª q. 8 a. 5 arg. 1 Ad quintum sic proceditur. Videtur quod non sit eadem gratia qua Christus est caput Ecclesiae, cum gratia singulari illius hominis. Dicit enim apostolus, Rm. V, si unius delicto multi mortui sunt, multo magis gratia Dei et donum in gratia unius hominis Iesu Christi in plures abundavit. Sed aliud est peccatum actuale ipsius Adae, et aliud peccatum originale, quod traduxit in posteros. Ergo alia est gratia personalis, quae est propria ipsius Christi, et alia est gratia eius inquantum est caput Ecclesiae, quae ab ipso ad alios derivatur.

IIIª q. 8 a. 5 arg. 2 Praeterea, habitus distinguuntur secundum actus. Sed ad alium actum ordinatur in Christo gratia eius personalis, scilicet ad sanctificationem illius animae, et ad alium actum ordinatur gratia capitis, scilicet ad sanctificandum alios. Ergo alia est gratia personalis ipsius Christi, et alia est gratia eius inquantum est caput Ecclesiae.

IIIª q. 8 a. 5 arg. 3 Praeterea, sicut supra dictum est, in Christo distinguitur triplex gratia, scilicet gratia unionis, gratia capitis, et gratia singularis illius hominis. Sed gratia singularis Christi est alia a gratia unionis. Ergo est etiam alia a gratia capitis.

IIIª q. 8 a. 5 s. c. Sed contra est quod dicitur Jn. I, de plenitudine eius omnes accepimus. Secundum hoc autem est caput nostrum, quod ab eo accipimus. Ergo secundum hoc quod habet plenitudinem gratiae, est caput nostrum. Plenitudinem autem gratiae habuit secundum quod perfecte fuit in illo gratia personalis, ut supra dictum est. Ergo secundum gratiam personalem est caput nostrum. Et ita non est alia gratia capitis, et alia gratia personalis.

IIIª q. 8 a. 5 co. Respondeo dicendum quod unumquodque agit inquantum est ens actu. Oportet autem quod sit idem actu quo aliquid est actu, et quo agit, et sic idem est calor quo ignis est calidus, et quo calefacit. Non tamen omnis actus quo aliquid est actu, sufficit ad hoc quod sit principium agendi in alia, cum enim agens sit praestantius patiente, ut Augustinus dicit, XII super Gn. ad Litt., et philosophus, in III de anima, oportet quod agens in alia habeat actum secundum eminentiam quandam. Dictum est autem supra quod in anima Christi recepta est gratia secundum maximam eminentiam. Et ideo ex eminentia gratiae quam accepit, competit sibi quod gratia illa ad alios derivetur. Quod pertinet ad rationem capitis. Et ideo eadem est secundum essentiam gratia personalis qua anima Christi est iustificata, et gratia eius secundum quam est caput Ecclesiae iustificans alios, differt tamen secundum rationem.

IIIª q. 8 a. 5 ad 1 Ad primum ergo dicendum quod peccatum originale in Adam, quod est peccatum naturae, derivatum est a peccato actuali ipsius, quod est peccatum personale, quia in eo persona corrupit naturam; qua corruptione mediante, peccatum primi hominis derivatur ad posteros, secundum quod natura corrupta corrumpit personam. Sed gratia non derivatur a Christo in nos mediante natura humana, sed per solam personalem actionem ipsius Christi. Unde non oportet in Christo distinguere duplicem gratiam, quarum una respondeat naturae, alia personae, sicut in Adam distinguitur peccatum naturae et personae

IIIª q. 8 a. 5 ad 2 Ad secundum dicendum quod diversi actus quorum unus est ratio et causa alterius, non diversificant habitum. Actus autem personalis gratiae, qui est sanctum facere formaliter habentem, est ratio iustificationis aliorum, quae pertinet ad gratiam capitis. Et inde est quod per huiusmodi differentiam non diversificatur essentia habitus.

IIIª q. 8 a. 5 ad 3 Ad tertium dicendum quod gratia personalis et gratia capitis ordinantur ad aliquem actum, gratia autem unionis non ordinatur ad actum, sed ad esse personale. Et ideo gratia personalis et gratia capitis conveniunt in essentia habitus, non autem gratia unionis. Quamvis gratia personalis possit quodammodo dici gratia unionis, prout facit congruitatem quandam ad unionem. Et secundum hoc, una per essentiam est gratia unionis et gratia capitis et gratia singularis personae, sed differens sola ratione.

 

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XXIV ème et dernier dimanche après la Pentecôte

26 Novembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

XXIV ème et dernier dimanche après la Pentecôte

Introït

Moi, j’ai des pensées de paix et non d’affliction, dit le Seigneur ; vous m’invoquerez et je vous exaucerai, et je ramènerai vos captifs de tous les lieux. Vous avez béni, Seigneur, votre terre, vous ayez délivré Jacob de la captivité.

Collecte

Excitez, nous vous en supplions, Seigneur, la volonté de vos fidèles, afin que, recherchant avec plus d’ardeur, le fruit des œuvres divines, ils reçoivent de votre miséricorde des remèdes plus puissants. Par Notre-Seigneur.

Épitre Col. 1, 9-14

Mes frères, nous ne cessons pas de prier pour vous, et de demander à Dieu que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d’une manière digne de Dieu, lui plaisant en toutes choses, portant des fruits en toute sorte de bonnes œuvres, et croissant dans la connaissance de Dieu ; fortifiés à tous égards par la puissance de sa gloire, pour manifester toute patience et longanimité, en même temps que la joie ; rendant grâces à Dieu le Père, qui nous a rendus dignes d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière, qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres, et nous a fait passer dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption par son sang, et la rémission des péchés.

Évangile Mt. 24, 15-35.

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Quand donc vous verrez l’abomination de la désolation, dont a parlé le prophète Daniel, établie dans le lieu saint, que celui qui lit comprenne. Alors que ceux qui sont en Judée s’enfuient dans les montagnes, et que celui qui sera sur le toit n’en descende pas pour emporter quelque chose de sa maison, et que celui qui sera dans les champs ne retourne point pour prendre sa tunique. Malheur aux femmes qui seront enceintes ou qui allaiteront en ces jours-là ! Priez pour que votre fuite n’ait pas lieu en hiver, ou un jour de sabbat. Car il y aura alors une grande tribulation, telle qu’il n’y en a pas eu de pareille depuis le commencement du monde jusqu’à présent, et qu’il n’y en aura jamais. Et si ces jours n’avaient été abrégés, nulle chair n’aurait été sauvée ; mais à cause des élus, ces jours seront abrégés. Alors si quelqu’un vous dit : Voici, le Christ est ici ; ou : II est là, ne le croyez pas. Car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes, qui feront de grands signes et des prodiges au point de séduire, s’il était possible, même les élus. Voici que je vous l’ai prédit. Si donc on vous dit : Le voici dans le désert, ne sortez pas ; Le voici dans le lieu le plus retiré de la maison, ne le croyez pas. Car comme l’éclair part de l’orient et se montre jusqu’à l’occident, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme. Partout où sera le corps, là s’assembleront les aigles. Aussitôt après la tribulation de ces jours, le soleil s’obscurcira, et la lune ne donnera plus sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. Alors le signe du Fils de l’homme apparaîtra dans le ciel, et alors toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel, avec une grande puissance et une grande majesté. Et il enverra ses anges, avec la trompette et une voix éclatante, et ils rassembleront les élus des quatre vents, depuis une extrémité des cieux jusqu’à l’autre. Apprenez une comparaison prise du figuier. Quand ses branches sont déjà tendres, et que ses feuilles naissent, vous savez que l’été est proche ; de même, lorsque vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est proche, qu’il est aux portes. En vérité, je vous le dis, cette génération ne passera point que toutes ces choses n’arrivent. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.

Secrète

Soyez propice à nos supplications, Seigneur, et après avoir reçu les offrandes et les prières de votre peuple, tournez tous nos cœurs vers vous ; afin qu’affranchis des convoitises terrestres, nous n’ayons plus que des désirs célestes. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Postcommunion

Faites, nous vous en supplions, Seigneur, que par la vertu des sacrements que nous avons reçus, tout ce qu’il y a de vicieux dans notre âme, soit guéri par le bienfait de leur remède. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Office

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Jérôme, prêtre.

Septième leçon. Nous sommes invités à comprendre : c’est un signe que ce qui vient d’être dit recèle un sens mystérieux. Voici ce que nous lisons en Daniel : « Le temps d’une demi-semaine il fera cesser le sacrifice et l’oblation et sur l’aile du Temple sera l’abomination de la désolation jusqu’à la fin et la fin sera accordée sur une solitude ». Et à ce propos l’Apôtre dit que l’Homme d’iniquité et l’Adversaire doit se dresser contre tout ce qu’on appelle Dieu et qu’on vénère, osant même se tenir dans le Temple de Dieu, et se donner lui-même pour Dieu ; que sa venue, par l’influence de Satan, détruira et réduira à être délaissés de Dieu ceux qui l’auront accueilli.

Huitième leçon. On peut comprendre simplement qu’il s’agit de l’Antichrist ou de l’image de César que Pilate fit placer dans le Temple, ou de la statue équestre d’Adrien qui se dresse encore aujourd’hui au lieu même du Saint des Saints. Dans l’Ancien Testament, abomination signifie aussi idole ; et c’est pourquoi on lui ajoute « de la désolation », parce que l’idole a été fixée dans le Temple en désolation et en ruines.

Neuvième leçon. On peut entendre l’abomination de la désolation comme toute doctrine perverse. Quand nous la verrons se tenir dans le lieu saint, c’est-à-dire dans l’Église, et se faire passer pour Dieu, nous devrons fuir de la Judée vers les montagnes, c’est-à-dire abandonner la lettre qui tue et l’erreur judaïque, nous approcher des montagnes éternelles d’où Dieu répand son admirable lumière et nous tenir sur le toit et sur la terrasse où les traits enflammés du diable ne peuvent parvenir, ne pas descendre ni prendre quoi que ce soit de la maison de notre ancienne vie ni chercher ce qui est derrière nous, mais bien plutôt semer dans le champ des Écritures spirituelles afin d’en recueillir des fruits, et ne pas emporter une seconde tunique, qu’il n’est pas permis aux Apôtres de posséder.

Le nombre des Dimanches après la Pentecôte peut dépasser vingt-quatre et s’élever jusqu’à vingt-huit, selon que la Pâque s’est rapprochée plus ou moins, dans les diverses années, de l’équinoxe du printemps. Mais la Messe qui suit est toujours réservée pour la dernière ; on remplit l’intervalle avec celles, plus ou moins nombreuses, des Dimanches après l’Épiphanie, qui, dans ce cas, n’ont point eu leur emploi au commencement de l’année. Ceci toutefois doit s’entendre exclusivement des Oraisons, Épîtres et Évangiles ; car, ainsi que nous l’avons dit, les Introït, Graduel, Offertoire et Communion restent jusqu’à la fin les mêmes qu’au vingt-troisième Dimanche.

On a vu que cette Messe du vingt-troisième Dimanche était véritablement considérée par nos pères comme la dernière du Cycle. L’Abbé Rupert nous a révélé le sens profond de ses diverses parties. Selon la doctrine que nous avions eu l’occasion de méditer précédemment, la réconciliation de Juda nous y est apparue comme le terme, dans le temps, des intentions divines ; les dernières notes de la sainte Liturgie sont venues s’y confondre avec le dernier mot pour Dieu de l’histoire du monde. Le but cherché dans la création par l’éternelle Sagesse, et miséricordieusement poursuivi dans la rédemption après la chute, est en effet pleinement atteint désormais ; car ce but n’était autre que l’union divine avec l’humanité rassemblée dans l’unité d’un seul corps Maintenant que les deux peuples ennemis, gentil et juif, sont réunis en un seul homme nouveau dans Jésus-Christ leur chef, les deux Testaments, qui marquèrent si profondément au milieu des siècles la distinction des temps anciens et nouveaux, s’effacent d’eux-mêmes pour faire place aux splendeurs de l’alliance éternelle.

L’Église arrêtait donc ici, autrefois, la marche de sa Liturgie. Elle était satisfaite d’avoir amené ses fils, non seulement à pénétrer en cette manière le développement complet de la pensée divine, mais encore et surtout à s’unir ainsi d’une union véritable au Seigneur, par une communauté réelle de vues, d’intérêts et d’amour. Aussi ne revenait-elle même pas sur l’annonce du second avènement de l’Homme-Dieu et du jugement final, qui avait fait, au temps de l’Avent, l’objet de leurs méditations dans les débuts de la vie purgative C’est depuis quelques siècles seulement que, dans la pensée de donner au Cycle une conclusion plus précise et plus appréhensible aux chrétiens de nos jours, elle le termine par le récit prophétique de la redoutable arrivée du Seigneur, qui clôt les temps et inaugure l’éternité. Saint Luc se trouvant de temps immémorial chargé d’annoncer dans les jours de l’Avent cet avènement terrible, l’Évangile de saint Matthieu fut choisi pour le décrire de nouveau, et plus longuement, au dernier Dimanche après la Pentecôte

L’exercice des bonnes œuvres avec l’aide de la grâce nous fait obtenir une grâce plus grande. Demandons avec l’Église, dans la Collecte, une action efficace de ce moteur divin sur nos volontés.

ÉPÎTRE

Action de grâces et prière : c’est le résumé de notre Épître et la digne conclusion des instructions de l’Apôtre, comme du Cycle entier de la sainte Liturgie. Le Docteur des nations n’a point défailli dans la tâche que lui avait confiée la Mère commune ; il ne tient pas à lui que les âmes dont il avait pris la conduite au lendemain de la descente de l’Esprit d’amour, ne soient toutes parvenues aux sommets de perfection qu’il rêvait pour elles toutes. Et de fait, les chrétiens fidèles à marcher sans faiblir dans la voie ouverte, il y a un an, devant eux par la sainte Église, savent maintenant, pour en avoir acquis la bienheureuse expérience, que cette carrière de salut aboutissait sûrement à la vie d’union où règne en souveraine la divine charité ! En quel homme, du reste, pour peu que cet homme ait laissé prendre son intelligence et son cœur à l’intérêt que présente le développement des saisons liturgiques, en quel homme ne s’est pas développée du même coup la lumière ? Or la lumière est l’indispensable élément qui nous arrache à l’empire des ténèbres et nous transfère, par le secours du Dieu très-haut, dans le royaume de son Fils bien-aimé. L’œuvre de la rédemption que ce Fils de son amour est venu accomplir ici-bas à sa gloire, n’a donc pu qu’avancer dans tous ceux qui se sont associés d’une façon quelconque aux pensées de l’Église, depuis les semaines de l’Avent jusqu’en ces derniers jours du Cycle. Tous dès lors, qui que nous soyons, nous devons rendre grâces à ce Père des lumières, qui nous a rendus dignes d’avoir une part, si minime soit-elle, à l’héritage des saints.

Mais tous aussi, quelle qu’en soit la mesure, nous avons à prier pour que le don excellent déposé dans nos cœurs, se prête au développement que doit lui apporter le nouveau Cycle à la veille de s’ouvrir. Le juste ne peut rester stationnaire ici-bas : il faut qu’il descende ou qu’il monte ; et quelle que soit la hauteur où l’a déjà porté la grâce, il doit toujours, tant qu’il est en cette vie, monter davantage  Les Colossiens, auxquels s’adressait l’Apôtre, avaient pleinement reçu l’Évangile ; la parole de vérité semée en eux y fructifiait merveilleusement dans la foi, l’espérance et l’amour saint Paul, qui priait déjà, ne cesse plus de le faire. Prions donc nous aussi. Demandons à Dieu qu’il nous remplisse encore et toujours de sa divine Sagesse et de l’Esprit d’intelligence. Nous en avons besoin pour répondre à ses intentions miséricordieuses. L’année qui va commencer réserve à notre fidélité des ascensions nouvelles, laborieuses peut-être ; mais elles seront récompensées par des aspects nouveaux dans les jardins de l’Époux, et la production de fruits plus nombreux et plus suaves. Marchons donc d’une façon digne de Dieu, joyeux et forts sous le regard de son amour, dans la voie montante qui nous conduit au repos sans fin de la vision bienheureuse.

ÉVANGILE.

Bien des fois, dans les semaines de l’Avent, les circonstances qui accompagneront le dernier avènement du Seigneur ont fait l’objet de nos méditations ; sous peu de jours, les mêmes enseignements vont revenir pénétrer nos âmes d’une terreur salutaire. Qu’il nous soit permis aujourd’hui de nous retourner, dans le désir et la louange, vers le Chef adoré dont l’heure solennelle du jugement doit consommer l’œuvre et marquer le triomphe. O Jésus, qui viendrez alors délivrer votre Église et venger Dieu d’insultes prolongées si longtemps, elle sera en effet terrible au pécheur cette heure de votre arrivée ! Il comprendra clairement alors que le Seigneur a tout fait pour lui-même, tout jusqu’à l’impie, réservé pour glorifier sa justice au jour mauvais L’univers, conjuré pour la perte des méchants, se dédommagera enfin de la servitude de péché qui lui fut imposée. Vainement les insensés crieront aux montagnes de les écraser, afin d’échapper au regard de celui qui siégera sur le trône : l’abîme refusera de les engloutir ; obéissant à celui qui tient les clefs de la mort et de l’enfer, il vomira jusqu’au dernier ses tristes habitants au pied du redoutable tribunal.

O Jésus, ô Fils de l’homme, combien grande apparaîtra votre puissance, entouré que vous serez d’autre part des célestes phalanges formant votre cour brillante, et rassemblant vos élus des quatre coins de l’univers ! Car nous aussi, nous vos rachetés, devenus vos membres en devenant ceux de votre Église bien-aimée, nous serons là en ce jour ; et notre place, ineffable mystère sera celle que l’Époux réserve à l’Épouse : votre trône, où, siégeant avec vous, nous jugerons les anges mêmes Dès maintenant tous les bénis du Père], ces élus dont la jeunesse s’est tant de fois renouvelée comme celle de l’aigle au contact de votre sang précieux, n’ont-ils pas leurs yeux préparés pour fixer sans faiblir, quand il se montrera au ciel, le Soleil de justice ? Dans leur faim accrue des lenteurs de l’exil, qui donc pourrait arrêter leur vol, quand paraîtra la proie sacrée de votre divin corps ? quelle force romprait l’impétuosité de l’amour qui les rassemblera au banquet de la Pâque éternelle ? Car c’est la vie et non la mort, la destruction de l’antique ennemie, la rédemption s’étendant jusqu’aux corps, le plein passage à la vraie terre promise, la Pâque en un mot, cette fois réelle pour tous et sans couchant, que proclamera la trompette de l’Ange sur les tombeaux des justes. Quelle ne sera pas l’allégresse de ce vrai jour du Seigneur pour tous ceux qui par la foi ont vécu du Christ, qui l’ont aimé sans le voir ! S’identifiant à vous, ô Jésus, malgré l’infirmité de leur chair fragile, ils ont continué ici-bas votre vie de souffrances et d’humiliations ; quel triomphe, quand, délivrés à jamais du péché, revêtus de leurs corps immortels, ils seront transportés au-devant de vous pour être avec vous toujours !

Mais leur joie immense sera surtout d’assister, en ce grand jour, à la glorification de leur Chef bien-aimé par la manifestation de la puissance qui lui fut donnée sur toute chair. C’est alors, ô notre Emmanuel, que, brisant la tête des rois et réduisant vos ennemis à vous servir de marchepied, vous apparaîtrez comme le seul prince des nations. C’est alors que le ciel, la terre et l’enfer réunis, fléchiront les genoux devant ce Fils de l’homme venu autrefois dans la forme d’esclave, jugé, condamné, mis à mort entre des scélérats ; alors vous jugerez, ô Jésus, les juges iniques auxquels vous annonciez, du sein de vos humiliations, cette venue sur les nuées du ciel. Et lorsque, la redoutable sentence une fois prononcée, les réprouvés iront au supplice éternel et les justes à la vie sans fin, votre Apôtre nous apprend que, pleinement vainqueur de vos ennemis, roi sans conteste, vous remettrez au Père souverain ce royaume conquis sur la mort, comme l’hommage parfait du Chef et des membres. Dieu sera tout en tous. Ce sera l’accomplissement de la prière sublime que vous apprîtes aux hommes, et qui s’élève plus fervente chaque jour du cœur de vos fidèles, lorsque s’adressant à leur Père qui est aux cieux, ils lui demandent sans se lasser, au milieu de la défection générale, que son Nom soit sanctifié, que son règne arrive, que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Incomparable sérénité de ce jour où cessera le blasphème ; où, purifiée par le feu de la fange du péché, la terre sera un nouveau paradis ! Quel chrétien donc ne tressaillirait, dans l’attente de ce dernier des jours qui ouvrira l’éternité ? qui ne compterait pour bien peu les angoisses de la dernière heure, à la pensée que ces souffrances ne signifient rien autre chose sinon, comme le dit l’Évangile, que le Fils de l’homme est tout près et à la porte ?

O Jésus, détachez-nous toujours plus de ce monde dont la figure passe avec ses vains travaux, ses gloires contrefaites et ses faux plaisirs. Ainsi que vous nous l’aviez annoncé, comme aux jours de Noé, comme à Sodome, les hommes continuent de manger et de boire, de s’absorber dans le trafic et la jouissance ; sans plus songer à la proximité de votre avènement que leurs devanciers ne se préoccupèrent du feu du ciel et du déluge, jusqu’à l’instant qui les perdit tous. Laissons-les se réjouir et s’envoyer des présents, comme le dit votre Apocalypse, à la pensée que c’en est fait du Christ et de son Église. Tandis qu’ils oppriment en mille manières votre cité sainte, et lui imposent des épreuves qu’elle n’avait point connues, ils ne se doutent pas que ce sont les noces de l’éternité qu’ils avancent ; il ne manquait plus à l’Épouse que les joyaux de ces épreuves nouvelles, et la pourpre éclatante dont l’orneront ses derniers martyrs. Pour nous, prêtant l’oreille aux échos de la patrie, nous entendons déjà sortir du trône la voix qui crie, au bruit des tonnerres qu’entendit le prophète de Pathmos : « Louez notre Dieu, vous tous ses serviteurs, vous tous qui le craignez, petits et grands. Alléluia ! car il règne nôtre Seigneur tout-puissant. Réjouissons-nous et tressaillons, rendons-lui gloire ; car le temps des noces de l’Agneau est arrivé, et son Épouse s’est préparée ! » Encore un peu de temps, afin que se complète le nombre de nos frères ; et, avec l’Esprit et l’Épouse, nous vous dirons dans l’ardeur de nos âmes trop longtemps altérées : « Venez, ô Jésus ! Venez nous consommer dans l’amour par l’union éternelle, à la gloire du Père, du Fils et du Saint-Esprit, dans les siècles sans fin ! »

Demandons au Seigneur, dans la Secrète, qu’à l’approche du dernier jugement il tourne vers lui tous les cœurs, et qu’il daigne remplacer en nous les appétits de la terre par les désirs et les goûts du ciel.

 

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Sainte Catherine vierge et martyre

25 Novembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Sainte Catherine vierge et martyre

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O Dieu, qui avez donné la loi à Moïse sur le sommet du mont Sinaï, et qui avez fait miraculeusement transporter en ce même lieu, par vos saints Anges, le corps de votre bienheureuse Vierge et Martyre Catherine ; faites, nous vous en supplions, que par ses mérites et son intercession, nous puissions parvenir à la montagne qui est le Christ.

Gertrude la Grande avait eu dès l’enfance un attrait spécial pour la glorieuse vierge Catherine ; un jour qu’elle désirait connaître ses mérites, le Seigneur la lui montra sur un trône si haut et si magnifique, que, n’y eût-il pas eu de plus grande reine dans le ciel, la gloire de celle-ci aurait semblé suffire à le remplir ; de sa couronne rejaillissait sur ceux qui l’honoraient une merveilleuse splendeur. On sait comment la Pucelle d’Orléans, placée par Michel Archange sous la conduite des saintes Catherine et Marguerite, reçut d’elles conseil et assistance durant sept années ; comment Sainte-Catherine-de-Fierbois fournit l’épée de la libératrice de la France

Les croisés d’Occident avaient, dans les XII° et XIII° siècles, éprouvé l’aide puissante de la Martyre d’Alexandrie ; ils rapportèrent d’Orient son culte en nos contrées, où lui fut vite acquise une popularité sans pareille. Un Ordre de chevalerie était fondé pour protéger les pèlerins qui allaient vénérer son saint corps au Mont Sinaï. Sa fête, élevée à la dignité de la première classe, comportait l’abstention des œuvres serviles en beaucoup d’églises. Les philosophes chrétiens, les écoliers, les orateurs et procureurs l’honoraient comme patronne ; le doyen des avocats fut appelé bâtonnier en raison du privilège qui lui appartenait de porter sa bannière ; tandis que les jeunes filles, organisées en confréries de Sainte-Catherine, estimaient à grand honneur le soin d’orner l’image de leur Sainte vénérée. Comptée parmi les Saints auxiliateurs à titre de sage conseillère, elle voyait beaucoup d’autres corporations se réclamer d’elle, sans autre motif plausible que l’expérience faite par tous de son crédit universel auprès du Seigneur. Ses fiançailles avec le divin Enfant, d’autres traits de sa Légende, fournirent à l’art chrétien d’admirables inspirations.

Cependant le sage et pieux Baronius regrettait déjà de son temps que, sur quelques points, les Actes de la grande Martyre d’Orient donnassent prise aux doutes dont devait s’emparer la critique outrée des siècles suivants pour amoindrir la con fiance des peuples. Au grand honneur de la virginité chrétienne, il n’en reste pas moins qu’acclamée par élèves et maîtres en la personne de Catherine, elle présida dans la vénération et l’amour au développement de l’esprit humain et de la pensée, durant ces siècles où resplendirent comme des soleils les Albert le Grand, les Thomas d’Aquin, les Bonaventure. Heureux les purs de cœur ! Car ils verront Dieu. « Il faut, disait Méthodius, l’évêque martyr du IIIe siècle, en son Banquet des vierges, il faut que la vierge aime d’amour les saines doctrines, et qu’elle tienne une place honorable parmi ceux que distingue leur sagesse. » Nombreuses furent les compositions liturgiques inspirées à l’Occident par la fête de ce jour. Nous nous bornons à emprunter celle-ci au Graduel de Saint-Victor, en la faisant suivre d’un beau et touchant Répons conservé par les Frères Prêcheurs.

SÉQUENCE.
Que notre chœur harmonieusement chante le Créateur, par qui toutes choses sont disposées : par lui combat celui qui ignorait la guerre, par lui sur l’homme à des jeunes filles la victoire est donnée.
Par lui les habitants d’Alexandrie sont stupéfaits de voir en une femme des qualités qui semblaient n’être pas de la femme, lorsque Catherine la bienheureuse triomphe des docteurs par sa science, du fer par son courage à souffrir.
A la gloire de sa race sa vertu sans pareille ajoute un éclat nouveau ; illustre par ceux qui la mirent au monde, illustre elle est plus encore par les mœurs saintes dont fa grâce l’a favorisée.
Tendre est la fleur de sa beauté ; point cependant elle ne lui épargne étude et labeur : de toutes sciences, qu’elles aient le monde ou Dieu pour objet, sa jeunesse s’est rendue maîtresse.
Vase de choix, vase des vertus, les biens qui passent ne sont pour elle que de la boue ; elle méprise la fortune de son père et les grands patrimoines que lui vaut sa naissance.
Vierge prudente et sage, elle se fait sa réserve d’huile pour aller au-devant de l’Époux : elle veut, toute prête à l’heure qu’il arrivera, entrer sans retard au festin.
Pour le Christ elle désire mourir ; devant l’empereur à qui elle est présentée, l’éloquence de la vierge réduit cinquante philosophes au silence.
L’horreur de la prison où on l’enferme, et l’épreuve des roues menaçantes, la faim, les privations, tout ce qu’elle doit subir, elle le supporte pour l’amour de Dieu, toujours la même en toute rencontre.
Torturée, elle triomphe du bourreau ; la constance d’une femme a triomphé d’un empereur : c’est lui qui est dans les tourments, parce que le bourreau s’avoue vaincu avec ses supplices impuissants.
Elle est enfin décapitée ; la mort pour elle au trépas a pris fin ; elle fait joyeuse son entrée dans la vie : ce pendant que les Anges prennent soin d’ensevelir son corps en une terre lointaine.
Une huile en découle qui, par une grâce évidente, guérit beaucoup de malades ; bonne pour nous sera l’essence, si son intervention guérit nos vices.
Présente à nous, qu’elle se réjouisse en voyant les joies qu’elle nous cause ; que nous donnant les présentes joies, elle nous procure aussi les futures ; qu’elle se réjouisse avec nous ici-bas, et nous avec elle dans la gloire. Amen.
REPONS.
R/. La vierge est flagellée , chargée de liens elle est soumise au tourment de la faim, elle demeure emprisonnée, une lumière céleste emplit la prison de splendeur : * Un doux parfum se fait sentir, on entend les cantiques des phalanges des cieux. V/. L’Époux aime l’Épouse, elle reçoit la visite du Sauveur. * Un doux parfum. Gloire au Père. * Un doux parfum.

Bienheureuse Catherine, recevez-nous à votre école. Par vous la philosophie, justifiant son beau nom, conduit à la Sagesse éternelle, le vrai au bien, toute science au Christ, qui est la voie, la vérité, la vie « Curieux qui vous repaissez d’une spéculation stérile et oisive, s’écrie le plus éloquent de vos panégyristes, sachez que cette vive lumière qui vous charme dans la science, ne lui est pas donnée seulement pour réjouir votre vue, mais pour conduire vos pas et régler vos volontés. Esprits vains, qui faites trophée de votre doctrine avec tant de pompe, pour attirer des louanges, sachez que ce talent glorieux ne vous a pas été confié pour vous faire valoir vous-mêmes, mais pour faire triompher la vérité. Ames lâches et intéressées, qui n’employez la science que pour gagner les biens de la terre, méditez sérieusement qu’un trésor si divin n’est pas fait pour cet indigne trafic ; et que s’il entre dans le commerce, c’est d’une manière plus haute, et pour une fin plus sublime, c’est-à-dire, pour négocier le salut des âmes. »

Ainsi, ô Catherine, n’employez-vous votre science que pour la vérité. Vous faites « paraître Jésus-Christ avec tant d’éclat que les erreurs que soutenait la philosophie sont dissipées par sa présence ; et les vérités qu’elle avait enlevées viennent se rendre à lui comme à leur maître, ou plutôt se réunir en lui comme en leur centre. Apprenons d’un si saint exemple à rendre témoignage à la vérité, à la faire triompher du monde, à faire servir toutes nos lumières à un si juste devoir, qu’elle nous impose. O sainte vérité ! je vous dois le témoignage de ma parole ; je vous dois le témoignage de ma vie ; je vous dois le témoignage de mon sang : car la vérité, c’est Dieu même. » L’Église, ô vierge magnanime, n’a pas d’autre pensée quand aujourd’hui elle formule ainsi pour nous sa prière : « O Dieu qui donnâtes la loi à Moïse sur le sommet du Mont Sinaï, et au même lieu par les saints Anges avez miraculeusement placé le corps de votre bienheureuse Vierge et Martyre Catherine ; exaucez nos supplications : faites que par ses mérites et son intercession nous parvenions à la montagne qui est le Christ, vivant et régnant avec vous dans les siècles des siècles. »

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Saint Jean de la Croix confesseur et docteur mémoire de Saint Chrysogone Martyr

24 Novembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Jean de la Croix confesseur et docteur mémoire de Saint Chrysogone Martyr

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Dieu, vous avez inspiré à saint Jean, votre Confesseur et Docteur, un amour sublime de la parfaite abnégation de soi et de la Croix : faites que, nous attachant toujours à l’imiter, nous obtenions la gloire éternelle.

Office

Quatrième leçon. Jean de la Croix, né de parents pieux, à Fontibéra en Espagne, fit voir clairement dès ses premières années, combien il devait plus tard être cher à la Vierge Mère de Dieu ; car, à l’âge de cinq ans, étant tombé dans un puits, il fut soutenu sur l’eau par la main de Marie, et il en sortit sain et sauf. Un tel désir de souffrir l’enflamma, que, dès sa neuvième année, il laissait un lit moelleux pour s’étendre d’ordinaire sur une couche de sarments. Parvenu à l’adolescence il se consacra au service des pauvres malades, à l’hospice de Médina del Campo : la grande ardeur de sa charité le tenait toujours prêt à leur rendre les plus bas offices. Aussi les autres infirmiers, excités par son exemple, accomplissaient-ils avec un nouveau zèle les mêmes actes charitables. Mais appelé à une vocation plus sublime, Jean embrassa l’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel, où il reçut la prêtrise par obéissance et désireux d’une discipline très sévère, d’un genre de vie plus austère, obtint de ses supérieurs la permission de suivre la règle primitive de l’Ordre. Dès lors, à cause de son continuel souvenir de la passion du Seigneur, il se déclara la guerre à lui-même, comme à son ennemi le plus redoutable, et il eut bientôt, par les veilles, les jeûnes, les disciplines de fer et toutes sortes de macérations « crucifié sa chair avec ses vices et ses convoitises » ; aussi mérita-t-il pleinement que sainte Thérèse le comptât parmi les plus pures et les plus saintes âmes illustrant alors l’Église de Dieu.

Cinquième leçon. Muni (d’armes spirituelles) par la singulière austérité de sa vie et l’exercice de toutes les vertus, livré à la contemplation assidue des choses divines, Jean de la Croix éprouva souvent de merveilleuses extases ; il brûlait d’un tel amour envers Dieu, que parfois ce feu divin, ne pouvant être contenu plus longtemps en lui-même et semblant rompre ses digues, on le voyait irradier le visage du saint. D’une extrême sollicitude pour le salut du prochain, Jean s’adonnait sans relâche à la prédication de la parole divine et à l’administration des sacrements. Orné de tant de mérites et embrasé du désir véhément de promouvoir une plus stricte discipline, il fut donné par Dieu comme aide à sainte Thérèse pour ramener parmi les Frères la primitive observance du Carmel, qu’elle avait établie chez les Sœurs de cet Ordre. Pour promouvoir cette œuvre divine, il supporta, ainsi que la servante de Dieu, des fatigues innombrables, visitant chacun des monastères élevés par les soins de cette même sainte vierge par toute l’Espagne, et cela sans se laisser effrayer par aucune privation, par aucun danger ; faisant fleurir en ces maisons et en celles qu’il fonda lui-même, la nouvelle observance, et affermissant cette observance par ses paroles et son exemple. Aussi est-il considéré à juste titre, comme ayant, après sainte Thérèse, le plus contribué à la réforme des Carmes déchaussés, qui a reçu ses enseignements et le nomme son père.

Sixième leçon. Jean garda toute sa vie la virginité, et des femmes impudentes s’efforçant de tendre des pièges à sa vertu, il ne se borna pas à les repousser, mais les gagna à Jésus-Christ. Pour l’explication des opérations mystérieuses de la grâce divine, il fut, au jugement du Saint-Siège, l’égal de sainte Thérèse, et c’est éclairé par les lumières d’en haut qu’il écrivit, sur la théologie mystique, des livres tout pleins d’une sagesse céleste. Le Christ lui ayant un jour demandé quelle récompense il souhaitait pour tant de travaux, il répondit : « Seigneur, souffrir et être méprisé pour vous ». Bien que son pouvoir sur les démons, qu’il chassait souvent du corps des possédés, le discernement des esprits, le don de prophétie, l’éclat des miracles l’eussent rendu très célèbre, son humilité demeura constamment telle, que souvent il demandait au Seigneur de mourir en un Heu où il serait ignoré de tous. Son vœu fut exaucé : une cruelle maladie le saisit à Ubède, et, pour combler son désir des souffrances, il lui survint à une jambe cinq plaies purulentes : toutes choses qu’il endura avec une constance admirable. Ayant reçu pieusement et saintement les sacrements de l’Église, dans l’embrassement de Jésus-Christ crucifié, qu’il avait toujours eu dans le cœur et sur les lèvres, et après avoir prononcé ces paroles : « Je remets mon âme entre vos mains », il s’endormit dans le Seigneur, au jour et à l’heure qu’il avait prédits, l’an du salut mil cinq cent quatre-vingt-onze, à l’âge de quarante-neuf ans. On vit un globe de feu tout éblouissant venir en quelque sorte au devant de son âme pour la recevoir ; son -corps exhala un très suave parfum et, aujourd’hui encore exempt de corruption, il est vénéré avec honneur à Ségovie. Des miracles éclatants ayant précédé et suivi la mort de Jean de la Croix, le Souverain Pontife Benoît XIII l’a inscrit au nombre des saints et Pie XI, sur l’avis de la Sacrée Congrégation des Rites, l’a déclaré Docteur de l’Église universelle.

 

Suivons l’Église se dirigeant vers le Carmel, pour y porter l’hommage reconnaissant du monde. Sur les pas de Thérèse de Jésus, Jean de la Croix s’est levé, frayant aux âmes en quête de Dieu un chemin sûr.

L’évolution qui inclinait les peuples au délaissement de la prière sociale, menaçait de compromettre irréparablement la piété, quand, au XVIe siècle, la divine bonté suscita des Saints dont la parole comme la sainteté répondissent aux besoins de ces temps nouveaux. La doctrine ne change pas ; l’ascétique, la mystique de ce siècle transmirent aux siècles suivants les échos de ceux qui avaient précédé. Leur exposé se fit toutefois plus didactique, leur analyse plus serrée ; leurs procédés se prêtèrent à la nécessité de secourir les âmes que l’isolement livrait au risque de toutes les illusions. C’est justice de reconnaître que, sous l’action toujours féconde de l’Esprit-Saint, la psychologie des états surnaturels en devint plus étendue et plus précise.

Les chrétiens d’autrefois, priant avec l’Église, vivant chaque jour, à toute heure, de sa vie liturgique, gardaient son empreinte en toutes circonstances dans leurs relations personnelles avec Dieu. Et de la sorte il arrivait que, sous l’influence persévérante et transformante de l’Église, participant aux grâces de lumière et d’union, à toutes les bénédictions de cette unique bien-aimée, de cette unique agréée de l’Époux, c’était sa propre sainteté qu’ils s’assimilaient sans labeur autre que de suivre docilement leur Mère, ou de se laisser porter dans ses bras très sûrs. Ainsi s’appliquaient-ils la parole du Seigneur : Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.

Qu’on ne s’étonne pas de ne point remarquer près d’eux, aussi fréquente et assidue que de nos jours, l’assistance de directeurs spéciaux attachés à leurs propres personnes. Les guides particuliers sont moins nécessaires aux membres d’une caravane ou d’une armée : ce sont les voyageurs isolés qui ne peuvent s’en passer ; et même avec ces guides particuliers, la sécurité, pour eux, ne sera jamais comparable à celle de quiconque suit la caravane ou l’armée.

C’est ce que comprirent au cours des derniers siècles les hommes de Dieu qui, s’inspirant des aptitudes multiples des âmes, donnèrent leurs noms à des écoles, unes quant au but, diverses quant aux moyens proposés par elles à l’encontre des dangers de l’individualisme. Dans cette campagne de redressement et de salut, où l’ennemie redoutable entre toutes était l’illusion aux mille formes, aux subtiles racines, aux détours infinis, Jean de la Croix fut la vivante image du Verbe de Dieu, pénétrant mieux qu’un glaive acéré jusqu’à la division de l’esprit et de l’âme, des moelles et des jointures, scrutant, révélateur inexorable, intentions et pensées des cœurs. Écoutons-le, bien que moderne, on reconnaît en lui le fils des anciens. « L’âme, écrit-il, est faite pour parvenir à une connaissance fort étendue, et pleine de saveur, des choses divines et humaines, qui s’élève bien au-dessus de sa science naturelle. Autant le divin est éloigné de l’humain, autant la lumière et la grâce de l’Esprit-Saint diffèrent de la lumière des sens. Aussi avant d’arriver à la divine lumière de la parfaite union d’amour, dans la mesure où cela est possible en ce monde, l’âme doit traverser la nuit obscure, affronter ordinairement des ténèbres si profondes que l’intelligence humaine est impuissante à les comprendre et la parole à les exprimer.

« La purification qui conduit l’âme à l’union divine peut recevoir la dénomination de nuit pour trois raisons. La première se rapporte au point de départ ; car, en renonçant à toutes les choses créées, l’âme a dû tout d’abord priver ses appétits du goût qu’ils y trouvaient. Or ceci est indubitablement une nuit pour tous les sens et tous les instincts de l’homme.

« La seconde raison est la voie même qu’il faut prendre pour atteindre l’état bienheureux de l’union. Cette voie n’est autre que la foi, nuit vraiment obscure pour l’entendement.

« Enfin la troisième raison est le terme où l’âme tend. Terme qui est Dieu, être incompréhensible et infiniment au-dessus de nos facultés, et qu’on peut appeler par là même une nuit obscure pour l’âme durant son pèlerinage ici-bas.

« Ces trois nuits à traverser par l’âme sont figurées au Livre de Tobie par les trois nuits que, sur l’ordre de l’Ange, le jeune Tobie laissa écouler avant de s’unir à son épouse. L’Ange Raphaël lui commanda de brûler pendant la première nuit le foie du poisson, symbole d’un cœur affectionné et attaché aux choses créées. Quiconque désire s’élever à Dieu doit, dès le début, purifier son cœur dans le feu de l’amour divin et y consumer tout ce qui appartient au créé. Cette purification met en fuite le démon, qui auparavant avait puissance sur l’âme pour la faire adhérer aux plaisirs temporels et sensibles.

« L’Ange dit à Tobie que dans la seconde nuit il serait admis en la compagnie des saints Patriarches, qui sont les pères de la foi. De même l’âme, après avoir traversé la première nuit, figurée par la privation de tout ce qui flatte les sens, pénètre sans obstacle dans la seconde. Là, étrangère à tous les objets sensibles, elle demeure dans la solitude et la nudité de la foi, l’ayant choisie pour son unique guide.

« Enfin, pendant la troisième nuit il fut promis à Tobie une abondante bénédiction. Dans le sens qui nous occupe, cette bénédiction est Dieu lui-même qui, à la faveur de la seconde nuit, c’est-à-dire de la foi, se communique à l’âme d’une manière si secrète et si intime, que c’est un autre genre de nuit plus profonde que les précédentes. L’union avec l’Épouse, c’est-à-dire avec la Sagesse de Dieu, se consomme quand la troisième nuit est écoulée, nous voulons dire, lorsque cette communication de Dieu à l’esprit est achevée.

« O âmes spirituelles ! ne vous plaignez pas de sentir vos puissances livrées à l’angoisse des ténèbres, vos affections stériles et paralysées, vos facultés impuissantes à tout exercice de la vie intérieure. En vous enlevant votre manière imparfaite d’agir, le Seigneur vous délivre ainsi de vous-même. Malgré le bon emploi que vous eussiez fait d’ailleurs de vos facultés, leur impureté et leur ignorance ne vous eussent jamais permis d’obtenir un résultat aussi parfait et une sécurité aussi entière. Dieu vous prend par la main, et se fait lui-même votre conducteur au milieu des ténèbres. Il vous guide comme un aveugle par un chemin inconnu, vers le terme où ni vos lumières ni vos efforts n’eussent jamais pu vous conduire. »

Nous aimons à laisser les Saints décrire eux-mêmes les voies qu’ils parcoururent, et dont ils demeurent, en récompense de leur fidélité, les guides reconnus dans l’Église. Ajouterons-nous qu’ « il faut prendre garde, dans les peines de ce genre, à ne pas exciter la commisération du Seigneur avant que son œuvre soit achevée ? On ne peut s’y méprendre : telles grâces que Dieu fait à l’âme ne sont pas nécessaires au salut, mais elles doivent être payées d’un certain prix. Si nous nous montrions par trop difficiles, il se pourrait que, pour ménager notre faiblesse, le Seigneur nous laissât retomber dans une voie inférieure, ce qui, au regard de la foi, serait un irréparable malheur. Mais dira-t-on, qu’importe, puisque cette âme se sauvera ? Il est vrai, mais notre intelligence ne saurait apprécier la supériorité d’une âme qui pourrait devenir l’émule des chérubins ou des séraphins, sur celle qui ne saurait être assimilée qu’aux hiérarchies inférieures. Une fausse modestie ou l’amour du médiocre ne saurait avoir légitimement cours en ces matières. Il importe plus qu’on ne saurait le dire aux intérêts de la sainte Église et à la gloire de Dieu que les âmes vraiment contemplatives se multiplient sur la terre. Elles sont le ressort caché et le moteur qui donne l’impulsion sur terre à tout ce qui est la gloire de Dieu, le règne de son Fils, et l’accomplissement parfait de la divine volonté. En vain multipliera-t-on les œuvres, les industries, et même les dévouements : tout sera stérile, si l’Église militante n’a pas ses saints qui la soutiennent dans l’état de voie, celui que le Maître a choisi pour racheter le monde. Certaines puissances et certaines fécondités sont inhérentes à la vie présente ; elle a, de soi, si peu de charmes, qu’il n’était pas inutile d’en relever ainsi le mérite ».

Puissent au Carmel et sur les monts, comme dans la plaine et les vallées, se multiplier les âmes qui concilient le ciel à la terre, attirent les bénédictions, écartent la foudre ! Saints que nous sommes par vocation, puissions-nous à votre exemple et par votre prière, ô Jean de la Croix, laisser la divine grâce agir en nous selon toute la mesure de sa vertu purifiante et déifiante ; car alors aussi nous pourrons dire un jour avec vous :

« O vie divine qui ne donnez la mort que pour rendre la vie, vous m’avez blessée pour me guérir, vous avez détruit en moi ce qui me retenait dans la mort. Sagesse divine, ô touche délicate, Verbe qui pénétrez si subtilement la substance de mon âme, et la plongez en des douceurs qu’on ne connaît pas dans la terre de Chanaan ni dans celle de Théman : vous renversez les montagnes, vous brisez les rochers d’Horeb par la seule ombre de votre puissance, et au prophète vous vous révélez par le murmure d’une brise légère. O souffle divin, si terrible et si doux, le monde ne connaît pas votre suavité.

« Ceux-là seuls vous sentent, ô mon Dieu et ma vie ! ceux-là seuls vous reconnaissent à votre délicatesse infinie, qui, s’éloignant du monde, se sont spiritualisés tout entiers. Vous qui n’avez en vous rien de matériel, vous touchez l’âme d’une manière d’autant plus intime et profonde, que votre être divin, affranchi de tout mode, figure ou forme, l’a rendue elle-même plus simple et pure. Vous cachant en elle, désormais séparée de tout souvenir de créatures, vous la cachez à votre tour dans le secret de votre face divine, l’y mettant à couvert de tous les troubles de ce monde. Vous l’étant réservée, tout autre objet, qu’il soit d’en haut ou d’en bas, la fatigue ; et c’est pour elle une peine et un tourment que d’avoir à s’en occuper » .

Saint Jean de la Croix confesseur et docteur mémoire de Saint Chrysogone Martyr
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Saint Clément Ier pape et martyr mémoire de Sainte Félicité Martyre

23 Novembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Clément Ier pape et martyr mémoire de Sainte Félicité Martyre

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O Dieu, qui nous donnez un sujet de joie dans la solennité annuelle de votre Martyr et Pontife saint Clément, faites par votre bonté que, célébrant sa naissance au ciel, nous imitions en même temps son courage dans les souffrances.

Office

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. Clément, fils de Faustinien, naquit à Rome dans le quartier du mont Cœlius et fut disciple du bienheureux Pierre. Saint Paul fait mention de lui dans son Épître aux Philippiens : « Je te prie aussi, dit-il, toi, mon fidèle compagnon, aide celles qui ont travaillé avec moi pour l’Évangile, avec Clément et mes autres coopérateurs, dont les noms sont écrits dans le livre de vie. » II partagea la ville de Rome en sept parties, qu’il attribua à sept notaires, assignant à chacun l’une de ces sept régions, avec la charge de recueillir soigneusement tout ce que l’on savait sur les souffrances et les actes des Martyrs, et de consigner toutes ces choses par écrit. Il composa lui-même avec soin plusieurs ouvrages utiles, qui ont répandu de l’éclat sur la religion chrétienne.
Cinquième leçon. Comme il convertissait beaucoup de monde à la foi du Christ par ses enseignements et par la sainteté de sa vie, l’empereur Trajan l’envoya en exil, au delà du Pont-Euxin, dans les déserts qui s’étendent autour de la ville de Cher-son ; il y trouva deux mille Chrétiens, condamnés par ce même Trajan à extraire et à tailler le marbre. Un jour qu’ils souffraient du manque d’eau, Clément, après avoir prié, monta sur une colline voisine, au sommet de laquelle il vit un Agneau, touchant du pied droit une source d’eau douce qu’il faisait jaillir ; tous y étanchèrent leur soif. Beaucoup d’infidèles furent amenés à la foi de Jésus-Christ par ce miracle, et commencèrent aussi à concevoir de la vénération pour la sainteté de Clément.
Sixième leçon. Trajan, irrité de ces conversions, fit partir des émissaires avec ordre d’attacher une ancre au cou de Clément et de le précipiter dans la mer. L’ordre fut exécuté ; mais les Chrétiens s’étant mis en prières sur le rivage, la mer se retira de trois milles. S’y étant avancés, ils trouvèrent un petit édifice de marbre en forme de temple. A l’intérieur se trouvait une arche de pierre, où était déposé le corps du Martyr, et à côté, l’ancre avec laquelle il avait été jeté dans les flots. Les habitants de la région, frappés de ce prodige, embrassèrent la foi de Jésus-Christ Dans la suite, sous le pontificat de Nicolas 1er, le corps de saint Clément fut transporté à Rome et enseveli dans l’église qui porte son nom. Une église fut aussi dédiée sous son vocable au lieu même de l’île où la fontaine avait miraculeusement jailli. Ce Pontife occupa le Saint-Siège neuf ans, six mois et six jours. Il fit, au mois de décembre, deux ordinations dans lesquelles il ordonna dix Prêtres, deux Diacres, et sacra quinze Évêques pour divers lieux.

 

Saint Clément Ier pape et martyr mémoire de Sainte Félicité Martyre
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Sainte Cécile vierge et martyre

22 Novembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Sainte Cécile vierge et martyre

Collecte

O Dieu, qui nous réjouissez par la solennité annuelle de la bienheureuse Cécile, votre Vierge et Martyre, daignez nous faire la grâce d’imiter par une vie sainte, les exemples de celle à qui nous rendons aujourd’hui nos hommages.

Office

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. La vierge Cécile, née à Rome de parents illustres, et élevée dès son enfance dans les principes de la foi chrétienne, consacra à Dieu sa virginité. Mais dans la suite, ayant été contrainte d’épouser Valérien, elle lui tint ce discours, le soir de ses noces : « Valérien, je suis placée sous la garde d’un Ange qui protège ma virginité : c’est pourquoi ne teniez rien à mon égard, de peur d’attirer sur vous la colère de Dieu. » Vivement ému de ces paroles, Valérien n’osa point s’approcher d’elle, il ajouta même qu’il croirait en Jésus-Christ, s’il voyait cet Ange. Cécile lui ayant répondu que cela n’était pas possible à moins qu’il n’eût reçu le baptême, il déclara, dans son ardent désir de voir l’Ange, qu’il voulait être baptisé. C’est pourquoi, d’après le conseil de la jeune vierge, il se rendit auprès du Pape Urbain qui, à cause de la persécution, se tenait caché parmi les tombeaux des Martyrs, sur la voie Appia, et il reçut le baptême de ses mains.
Cinquième leçon. De retour auprès de Cécile, Valérien la trouva en prière, ayant à ses côtés un Ange resplendissant d’une clarté toute divine. Cette vue le frappa d’étonnement ; mais dès qu’il fut revenu de sa frayeur, il manda auprès de lui son frère Tiburce qui, ayant été instruit par Cécile dans la foi de Jésus-Christ et baptisé par le même Pape Urbain, mérita aussi de voir cet Ange que son frère avait vu. Peu de temps après, tous les deux souffrirent courageusement le martyre, sous le préfet Almachius. Celui-ci n’ayant pas tardé à donner l’ordre de s’emparer de Cécile, lui demanda tout d’abord où se trouvaient les richesses de Tiburce et de Valérien.
Sixième leçon. La vierge lui ayant répondu que toutes ses richesses avaient été distribuées aux pauvres, le préfet entra dans une si grande fureur, qu’il ordonna de la ramener chez elle, pour être brûlée dans la salle des bains. Elle y passa un jour et une nuit, sans ressentir aucunement les atteintes de la flamme. On envoya donc le bourreau qui, l’ayant frappée de trois coups de hache, et n’ayant pu lui trancher la tête, la laissa à moitié morte. Trois jours après, le dixième jour des calendes de décembre, sous l’empire d’Alexandre, son âme s’envola dans le ciel, parée de la double couronne du martyre et de la virginité. Le Pape Urbain inhuma lui-même son corps dans le cimetière de Calixte. On a fait de sa demeure une église consacrée sous son vocable. Son corps et ceux des Papes Urbain et Lucius, de Tiburce, de Valérien et de Maxime ont été transférés dans la Ville, par le souverain Pontife Pascal Ier, et déposés dans cette même église de sainte Cécile.
 

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Jean Chrysostome.

Septième leçon. Pourquoi, dans cette parabole, le Sauveur met-il en scène des vierges, et non pas indifféremment des personnes quelconques ? Il avait développé de grandes vérités au sujet de la virginité, en disant qu’il en est qui se rendent chastes à cause du royaume des cieux, et avait ajouté : « Que celui qui peut comprendre, comprenne. » II n’ignorait pas que la virginité obtient partout une grande estime ; cette vertu est en effet sublime de sa nature : ce qui le prouve, c’est que, dans l’Ancien Testament, elle n’était pas observée, même par les plus saints personnages, et qu’il ne nous en est pas fait une loi dans le Nouveau ; car Jésus-Christ ne l’a point prescrite, il a laissé les fidèles entièrement libres à cet égard. Aussi saint Paul disait-il : « Quant aux vierges, je n’ai pas reçu de commandement du Seigneur. » Il est vrai, je loue celui qui embrasse cet état ; mais je ne force en rien celui qui n’en veut pas, et je n’en fais pas une chose de précepte.Huitième leçon. La virginité étant donc, et une grande chose et une chose généralement fort estimée, on aurait pu penser que cette seule vertu remplaçait toutes les autres, et, dès lors, négliger celles-ci ; c’est afin de prévenir une telle illusion que le Sauveur propose cette parabole, bien propre à nous persuader que la virginité, quand même elle serait accompagnée des autres vertus, est rejetée comme l’impureté, si les œuvres de miséricorde lui font défaut. Le Christ met sur le même rang que l’impudique, l’homme inhumain et dénué de miséricorde. L’un et l’autre sont subjugués par la passion ; mais celle qui entraine le premier est plus impérieuse que celle qui domine le second. Aussi, plus l’ennemi qui attaque ces vierges est faible, plus elles sont coupables de se laisser vaincre. C’est précisément pour cela que l’Évangile les appelle folles ; car, étant sorties victorieuses du plus rude combat, elles ont tout perdu quand le triomphe leur était plus facile.
Neuvième leçon. Les lampes désignent ici le don même de la virginité, la pureté de la vie ; et l’huile symbolise la bienfaisance, l’aumône, le secours prodigué aux indigents. « Or, l’époux tardant à venir, elles s’assoupirent toutes, et s’endormirent. » Le Sauveur fait entendre qu’il dut s’écouler un temps considérable, pour ôter à ses disciples l’idée que son règne arriverait bientôt. Ils en nourrissaient l’espoir, aussi Jésus en revient-il souvent à leur enlever cette illusion. En outre, il présente la mort comme un sommeil : « Elles s’endormirent, » dit-il. « Mais au milieu de la nuit, un cri s’éleva. » Ou bien ceci est ajouté à la parabole, ou bien il veut montrer que la résurrection générale aura lieu pendant la nuit. Le cri, saint Paul en fait aussi mention quand il dit : « Sur l’ordre donné, à la voix de l’Archange et au son de la trompette, il descendra du ciel »

Cécile unit dans ses veines au sang des rois celui des héros qui firent la Ville éternelle. Au moment où retentit dans le monde la trompette évangélique, plus d’une famille de l’ancien patriciat ne se survivait plus dans une descendance directe. Mais les adoptions et les alliances qui, sous la République, avaient serré les liens des grande familles en les rattachant toutes aux plus illustres d’entre elles, formaient de la gloire de chacune un fonds commun qui, jusque dans les siècles de la décadence républicaine, se transmettait intact et constituait l’apanage des survivants de l’aristocratie.

Or il est aujourd’hui démontré, par l’irréfragable témoignage des monuments, que le christianisme dès l’abord s’assimila cette gloire, en faisant siens ses héritiers ; que les premières assises de la Rome des Pontifes, merveilleux dessein de la Providence ! furent ces derniers représentants de la République, conservés tout exprès pour donner aux deux phases de l’histoire romaine l’unité puissante qui est le cachet des œuvres divines. Rapprochés autrefois par un même patriotisme, les Cornelii, les Aemilii, comme eux héritiers des Fabii, les Cœcilii, les Valerii,les Sergii, les Furii, les Claudii, Pomponii, Plautii, Acilii, premiers-nés de l’Église des gentils, virent se resserrer encore au sein du christianisme les liens formés sous la République, et constituèrent, dès le premier et le second siècle de la prédication évangélique, l’indissoluble et noble réseau de la nouvelle société romaine. Puis sur ce tronc vigoureux toujours de la vieille aristocratie vinrent se greffer dans les mêmes siècles, et sous l’influence de la religion que Pierre et Paul avaient prêchée, les membres les plus méritants des nouvelles familles impériales ou consulaires, dignes par leurs vertus vraiment romaines au sein de la dépravation générale, d’être appelés à renforcer les rangs trop éclaircis des fondateurs 4e Rome, et à combler sans brusque transition les vides faits par le temps dans les familles du vrai patriciat. Ainsi Rome poursuivait elle ses destinées ; ainsi l’édification de la Ville éternelle allait s’achevant par ces mêmes hommes qui l’avaient autrefois, dans leur sang et leur génie, constituée forte et puissante sur les sept collines.

Représentante légitime de cette aristocratie sans pareille au monde, Cécile, la plus belle des fleurs de la vieille tige, en fut aussi comme la dernière. Le deuxième siècle de l’ère chrétienne était sur son déclin ; le troisième qui, des mains de l’africain Septime Sévère, allait voir l’empire passer successivement aux Orientaux et aux barbares des rives du Danube, devait être, on le conçoit, peu favorable à la conservation des vieux restes de la noblesse d’antan ; et l’on peut dire que c’en est fait alors de la vraie société romaine, parce qu’alors, sauf de rares et individuelles exceptions, il ne reste plus de romain que le nom, vaine parure d’affranchis et d’hommes nouveaux qui, sous des princes dignes d’eux, exploitent le monde au gré de leurs vices.

Cécile est donc bien apparue à son heure, personnifiant avec une incomparable dignité la société qui va disparaître, son œuvre accomplie. Dans sa force et dans sa beauté, royalement ornée de la pourpre du martyre, c’est l’antique Rome s’élevant aux cieux glorieuse et fière, en face des césars parvenus dont la médiocrité jalouse achève par son immolation, sans en avoir conscience, l’exécution du plan divin. Ce sang des rois et des héros qui s’épanche à flots de sa triple blessure, est la libation du vieux patriciat au Christ vainqueur, à la Trinité dominatrice des nations ; c’est la consécration suprême qui nous révèle dans son étendue la vocation sublime des fortes races appelées à fonder Rome éternelle.

Mais qu’on ne croie pas que la fête de ce jour limite son objet à exciter en nous une admiration théorique et stérile. L’Église reconnaît et honore dans sainte Cécile trois caractères dont la réunion la distingue souverainement au sein de cette admirable famille des Bienheureux qui resplendit au ciel, et en fait descendre les grâces et les exemples. Ces trois caractères sont : la virginité, le zèle apostolique, le courage surhumain qui lui a fait braver la mort et les supplices ; triple enseignement que nous apporte cette seule histoire chrétienne.

Dans ce siècle aveuglément asservi au culte du sensualisme, n’est-il pas temps de protester par les fortes leçons de notre foi contre un entraînement auquel échappent à peine les enfants de la promesse ? Depuis la chute de l’empire romain, vit-on jamais les mœurs, et avec elles la famille et la société, aussi gravement menacées ? La littérature, les arts, le luxe n’ont d’autre but, depuis longues années, que de proposer la jouissance physique comme l’unique terme de la destinée de l’homme ; et la société compte déjà un nombre immense de ses membres qui ne vivent plus que par les sens. Mais aussi malheur au jour où, pour être sauvée, elle croirait pouvoir compter sur leur énergie ! L’empire romain essaya aussi, et à plusieurs reprises, de soulever le fardeau de l’invasion ; il retomba sur lui-même et ne se releva plus.

Oui ; la famille elle-même, la famille surtout est menacée. Contre la reconnaissance légale, disons mieux, l’encouragement du divorce, il est temps qu’elle songe à sa défense. Elle n’y arrivera que par un seul moyen : en se réformant elle-même, en se régénérant d’après la loi de Dieu, en redevenant sérieuse et chrétienne. Que le mariage soit en honneur, avec toutes les chastes conséquences qu’il entraîne ; qu’il cesse d’être un jeu, ou une spéculation ; que la paternité et la maternité ne soient plus un calcul, mais un devoir sévère ; bientôt, par la famille, la cité et la nation auront repris leur dignité et leur vigueur.

Mais le mariage ne remontera à cette élévation qu’autant que les hommes apprécieront l’élément supérieur sans lequel la nature humaine n’est tout entière qu’une ignoble ruine ; cet élément céleste est la continence. Sans doute, tous ne sont pas appelés à l’embrasser dans sa notion absolue ; mais tous lui doivent hommage, sous peine d’être livrés au sens réprouvé, comme parle l’Apôtre.

C’est la continence qui révèle à l’homme le secret de sa dignité, qui trempe son âme pour tous les genres de dévouement, qui assainit son cœur, et relève son être tout entier. Elle est le point culminant delà beauté morale dans l’individu, et en même temps le grand ressort de la société humaine. Pour en avoir éteint le sentiment, l’ancien monde s’en allait en dissolution ; lorsque le fils de la Vierge parut sur la terre, il renouvela et sanctionna ce principe sauveur, et les destinées de la race humaine prirent un nouvel essor.

Les enfants de l’Église, s’ils méritent ce nom, goûtent cette doctrine, et elle n’a rien qui les étonne. Les oracles du Sauveur et de ses Apôtres leur ont tout révélé, et les annales de la foi qu’ils professent leur montrent en action, à chaque page, cette vertu féconde à laquelle tous les degrés de la vie chrétienne doivent participer, chacun dans sa mesure. Sainte Cécile n’offre à leur admiration qu’un exemple de plus. Mais la leçon est éclatante, et tous les siècles chrétiens l’ont célébrée. Que de vertus Cécile a inspirées, que de courages elle a soutenus, que de faiblesses son souvenir a prévenues ou réparées ! Car telle est la puissance de moralisation que le Seigneur a placée dans ses saints, qu’ils n’influent pas seulement par l’imitation directe de leurs héroïques vertus, mais aussi par les inductions que chaque fidèle est à même d’en tirer pour sa situation particulière.

Le second caractère que présente à étudier la vie de sainte Cécile est cette ardeur de zèle dont elle est demeurée l’un des plus admirables modèles, et nous ne doutons pas que sous ce rapport encore la leçon ne soit de nature à produire d’utiles impressions. L’insensibilité au mal dont nous n’avons pas à répondre personnellement, dont les résultats ne sont pas en voie de nous atteindre, est un des traits de l’époque ; on convient que tout s’en va, on assiste à la décomposition universelle, et l’on ne songe pas à tendre la main à son voisin pour l’arracher au naufrage. Où en serions-nous aujourd’hui, si le cœur des premiers chrétiens eût été aussi glacé que le nôtre ; s’il n’eût été pris de cette immense pitié, de cet inépuisable amour qui leur défendit de désespérer du monde, au sein duquel Dieu les avait déposés pour être le sel de la terre ? Chacun alors se sentait comptable sans mesure du don qu’il avait reçu. Fût-il libre ou esclave, connu ou inconnu, tout homme était l’objet d’un dévouement sans bornes pour ces cœurs que la charité du Christ remplissait. Qu’on lise les Actes des Apôtres et leurs Épîtres, on apprendra sur quelle immense échelle fonctionnait l’apostolat dans ces premiers jours ; et l’ardeur de ce zèle fut longtemps sans se refroidir. Aussi les païens disaient : « Voyez comme ils s’aiment ! » Et comment ne se fussent-ils pas aimés ? Dans l’ordre de la foi, ils étaient fils les uns des autres.

Quelle tendresse maternelle Cécile ressentait pour les âmes de ses frères, par cela seul qu’elle était chrétienne ! A la suite de son nom, nous pourrions en enregistrer mille autres qui attestent que la conquête du monde par le christianisme et sa délivrance du joug des dépravations païennes, ne sont dues qu’à ces actes de dévouement opérés sur mille points à la fois, et produisant enfin le renouvellement universel. Imitons du moins en quelque chose ces exemples auxquels nous devons tout. Perdons moins de temps et d’éloquence à gémir sur des maux trop réels. Que chacun se mette à l’œuvre, et qu’il gagne un de ses frères-bientôt le nombre des fidèles aura dépassé celui des incroyants. Sans doute, ce zèle n’est pas éteint, il opère dans plusieurs, et ses fruits réjouissent et consolent l’Église ; mais pourquoi faut-il qu’il sommeille si profondément dans un si grand nombre de cœurs que Dieu lui avait préparés !

La cause en est, hélas ! à la froideur générale, produit de la mollesse des mœurs, et qui donnerait à elle seule le type de l’époque, s’il ne fallait encore y joindre un autre sentiment qui procède de la même source, et suffirait, s’il était de longue durée, à rendre incurable l’abaissement d’une nation. Ce sentiment est la peur, et l’on peut dire qu’il s’étend aujourd’hui aussi loin qu’il est possible. Peur de perdre ses biens ou ses places ; peur de perdre son luxe ou ses aises ; peur enfin de perdre la vie. Il n’est pas besoin de dire que rien n’est plus énervant, et partant plus dangereux pour ce monde, que cette humiliante préoccupation ; mais avant tout, il faut convenir qu’elle n’a rien de chrétien. Aurions-nous oublié que nous ne sommes que voyageurs sur cette terre, et l’espérance des biens futurs serait-elle donc éteinte dans nos cœurs ? Cécile nous apprendra comment on se défait du sentiment de la peur. Au temps où elle vécut, la vie était moins sûre qu’aujourd’hui. Alors on pouvait bien avoir quelque raison de craindre ; cependant on était ferme, et les puissants tremblèrent souvent à la voix de leur victime.

Dieu sait ce qu’il nous réserve ; mais si bientôt la peur ne faisait place à un sentiment plus digne de l’homme et du chrétien, la crise politique ne tarderait pas à dévorer toutes les existences particulières. Quoi qu’il arrive, l’heure est venue de rapprendre notre histoire. La leçon ne sera pas perdue, si nous arrivons à comprendre ceci : avec la peur, les premiers chrétiens nous eussent trahis, car la Parole de vie ne fût pas arrivée jusqu’à nous ; avec la peur, nous trahirions les générations à venir qui attendent de nous la transmission du dépôt que nous avons reçu de nos pères (1).

La Passio sanctœ Cœciliæ est indiquée par les plus anciens textes au 16 septembre, et elle eut lieu sous Marc-Aurèle et Commode empereurs. La grande fête du 22 novembre, précédée de sa Vigile, était l’une des plus solennelles du Cycle romain ; elle rappelait aux habitants des sept collines la dédicace de l’église élevée sur l’emplacement du palais consacré par le sang de la descendante des Metelli, et légué par Cécile mourante à l’évêque Urbain, représentant du Souverain Pontife Éleuthère. Urbain, confondu plus tard avec le Pape du même nom qui gouverna l’Église de Dieu au temps d’Alexandre Sévère, amena les légendaires à retarder d’un demi-siècle le martyre de la Sainte, comme on le voit encore aujourd’hui dans les leçons historiques du jour.

Selon toute vraisemblance, ce fut en l’année 178 que Cécile rejoignit Valérien au ciel d’où l’Ange du Seigneur était descendu peu de mois auparavant, dans la nuit des noces, apportant aux deux époux les couronnes où s’entrelaçaient les lis et les roses. Ensevelie par Urbain telle que l’avait laissée la mort, elle vit au commencement du siècle suivant la crypte de famille qui l’abritait donnée par les siens à l’Église romaine, et disposée pour la sépulture des Pontifes de cette Église maîtresse et mère. Paschal Ier la retrouvait près de ces tombes augustes au IX° siècle, et la ramenait triomphalement, le VIII mai 822, à sa maison du Transtévère qu’elle ne devait plus quitter désormais.

Le 20 octobre 1599, des travaux nécessités par la restauration de la basilique faisaient de nouveau reparaître Cécile aux yeux émerveillés de la Ville et du monde. Elle était revêtue de sa robe brochée d’or, sur laquelle on distinguait encore les traces glorieuses de son sang virginal ; à ses pieds reposaient les linges teints de la pourpre de son martyre. Étendue sur le côté droit, les bras affaissés en avant du corps, elle semblait dormir profondément. Le cou portait encore les cicatrices des plaies dont le glaive du licteur l’avait sillonné ; la tête, par une inflexion mystérieuse et touchante, était retournée vers le fond du cercueil. Le corps se trouvait dans une complète intégrité, et la pose générale, conservée par un prodige unique, après tant de siècles, dans toute sa grâce et sa modestie, retraçait avec la plus saisissante vérité Cécile rendant le dernier soupir, étendue sur le pavé de la salle du bain. On se croyait reporté au jour où le saint évêque Urbain avait renfermé dans l’arche de cyprès le corps de Cécile, sans altérer en rien l’attitude que l’épouse du Christ avait choisie pour exhaler son âme dans le sein de son Époux. On admirait aussi la discrétion de Paschal qui n’avait point troublé le repos de la vierge, et avait su conserver à la postérité un si grand spectacle.

Sfondrate, l’heureux cardinal-titulaire de Sainte-Cécile qui dirigeait les travaux, retrouva en outre dans la chapelle dite du Bain l’hypocauste et les soupiraux du sudatorium où la Sainte passa un jour et une nuit au milieu des vapeurs embrasées. De nouvelles fouilles entreprises récemment, et qui se poursuivent au moment où nous écrivons ces lignes, ont mis à jour d’autres restes de la patricienne demeure, que leur style doit faire reporter aux temps reculés de la République.

Tout l’ensemble des Antiennes et des Répons du 22 novembre (Voir les Matines) est emprunté aux Actes de la Sainte, et il reste le même après treize siècles qu’au temps de saint Grégoire. Nous en détachons quelques parties de nature à compléter le récit qui précède. La vierge nous y est tout d’abord montrée chantant à Dieu dans son cœur, au milieu des profanes accords du festin nuptial : silencieuse mélodie, supérieure à tous les concerts de la terre, qui inspira l’heureuse idée de représenter Cécile avec les attributs de la Reine de l’harmonie, et de l’acclamer comme la patronne du plus séduisant des arts.

Sainte Cécile vierge et martyre
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Présentation de la Très Sainte Vierge Marie

21 Novembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Présentation de la Très Sainte Vierge Marie

Collecte

O Dieu, qui avez voulu qu’en ce jour, la bienheureuse Marie toujours Vierge, en qui résidait l’Esprit-Saint, vous fût présentée au temple ; faites que, grâce à son intercession, nous méritions de vous être présentés dans le temple de votre gloire.

Lecture Eccli. 24, 14-16

J’ai été créée dès le commencement et avant les siècles, et je ne cesserai point d’être dans la suite des âges ; et j’ai exercé devant lui mon ministère dans la maison sainte. J’ai été ainsi affermie dans Sion ; j’ai trouvé mon repos dans la cité sainte, et ma puissance est établie dans Jérusalem. J’ai pris racine au milieu du peuple glorifié, dont l’héritage est le partage de mon Dieu, et j’ai établi ma demeure dans l’assemblée des saints.

Office

Au deuxième nocturne.

Du Livre de saint Jean Damascène : De la foi orthodoxe.

Quatrième leçon. Joachim choisit pour épouse, Anne, femme pleine de mérites et digne des plus grands éloges. Comme la première Anne, affligée par l’épreuve de la stérilité, avait obtenu, par la prière et par un vœu, de donner naissance à Samuel, celle-ci, à son tour, par des supplications et une promesse obtint du ciel de mettre au monde la Mère de Dieu : en cela donc aussi, elle ne le cède à aucune des femmes les plus illustres. Ainsi la grâce (car telle est la signification du nom d’Anne) enfanta la Souveraine (c’est ce que signifie le nom de Marie). Marie, en effet, a vraiment été établie la Souveraine de toutes les créatures, en devenant la Mère du Créateur. Elle voit le jour dans la maison de Joachim, dite de la piscine probatique, et plus tard est conduite au temple ; « plantée ainsi dans la maison de Dieu » et nourrie par l’Esprit-Saint, Marie, semblable à un olivier fertile, devient le sanctuaire de toutes les vertus, détachant son cœur de toutes les convoitises de cette vie et de la chair, et conservant son âme vierge aussi bien que son corps, comme il convenait à celle qui devait recevoir Dieu dans son sein.

Du Livre de saint Ambroise, Évêque : Des Vierges.

Cinquième leçon. Telle a été Marie, que sa vie est un enseignement pour tous. S’il ne vous déplaît pas d’en entendre la preuve, nous allons vous le démontrer ; celles d’entre vous qui aspirent à sa récompense doivent imiter son exemple. Que de vertus brillent en cette seule Vierge ! Nous admirons en elle un mystère de pudeur, une foi courageuse, une piété respectueuse. Vierge, elle passe sa vie dans sa demeure ; épouse, elle se livre aux soins domestiques ; mère, elle porte son Fils au temple. Oh ! Combien de vierges la verront s’avancer à leur rencontre ! Combien de vierges elle pressera dans ses bras et amènera au Seigneur, disant de chacune : Voilà celle qui n’a jamais connu d’autre alliance que celle de mon Fils ; voilà celle qui, par une inviolable pureté, s’est toujours montrée sa digne et fidèle épouse.

Sixième leçon. Que dirai-je de la rigoureuse abstinence de Marie et de la multiplicité de ses bons offices : bons offices qui semblaient dépasser les forces de la nature, abstinence où la nature elle-même trouvait à peine le suffisant ! D’un côté, point d’instants inoccupés ; de l’autre, des jeûnes quotidiens. Et après cela, quand elle consentait à prendre quelque réfection, sa nourriture était des plus ordinaires ; elle en prenait juste assez pour ne pas mourir, et rien pour flatter son goût, il fallait que la nécessité vînt la contraindre d’accorder au sommeil, ce qu’elle redoutait de concéder à un désir de la nature ; et lors même que son corps reposait, son esprit veillait, repassant souvent en songe ses lectures, ou donnant suite aux pensées interrompues par le sommeil, s’occupant de ce qu’elle avait prémédité, ou préméditant ce qu’elle avait à faire.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Inférieure en solennité aux autres fêtes de Notre-Dame, tardivement inscrite au Cycle sacré, la Présentation semble de préférence réserver chez nous le culte de ses mystères à la contemplation silencieuse. Dans le silence de leur prière ignorée, les justes gouvernent la terre ; la Reine des saints, la première, fit plus par ses mystères cachés que tous les faux grands hommes dont les gestes bruyants prétendent constituer la trame des annales du monde.

L’Orient chantait depuis sept siècles au moins l’entrée de la Mère de Dieu dans le temple de Jérusalem, quand pour la première fois, en 1372, Grégoire XI permit qu’elle fût célébrée à la cour romaine d’Avignon. Or en réponse, Marie brisait les chaînes qui depuis soixante-dix ans retenaient la Papauté captive, et bientôt Grégoire XI rendait à Rome le successeur de Pierre.

Ainsi déjà, au Cycle d’Occident, la Visitation nous était apparue comme le monument de l’unité reconquise sur le schisme qui suivit l’exil.

Dès l’année 1373, à l’imitation du Pontife suprême, Charles V de France introduisait la fête de la Présentation dans sa chapelle du palais. Par lettres en date du 10 novembre 1374, aux maîtres et écoliers du collège de Navarre, il exprimait le désir qu’elle fût célébrée dans le royaume entier :

« Charles, par la grâce de Dieu roi des Francs, à nos bien-aimés : salut en Celui qui ne cesse point d’honorer sa Mère sur la terre. Entre les autres objets de notre sollicitude, souci journalier et diligente méditation, le premier qui occupe à bon droit nos pensées est que la bienheureuse Vierge et très sainte Impératrice soit honorée par nous d’un très grand amour et louée comme il convient à la vénération qui lui est due. Car c’est un devoir pour nous de lui rendre gloire ; et nous qui élevons vers elle en haut les vœux de notre âme, nous savons quelle protectrice incomparable elle est pour tous, quelle puissante médiatrice auprès de son béni Fils pour ceux qui l’honorent avec un cœur pur... Et c’est pourquoi, voulant exciter notre fidèle peuple à solenniser ladite fête comme Nous-même nous proposons de le faire, Dieu aidant, chacune des années de notre vie, nous en adressons l’Office à votre dévotion à cette fin d’augmenter vos joies. »

Ainsi parlaient les princes dans ces temps. Or on sait comment dans ces mêmes années le sage et pieux roi, poursuivant l’œuvre inaugurée à Brétigny par la Vierge de Chartres, sauvait une première fois de l’Anglais la France vaincue et démembrée. Dans l’État donc comme dans l’Église, à celte heure si critique pour les deux, Notre-Dame en sa Présentation commandait à l’orage, et le sourire de Marie enfant dissipait la nue.

La nouvelle fête, enrichie d’indulgences par Paul II, s’était peu à peu généralisée, quand saint Pie V, voulant alléger d’un certain nombre d’Offices le calendrier universel, crut devoir la comprendre en ses suppressions. Mais Sixte-Quint la rétablissait au Bréviaire romain dès l’année 1585, et peu après, Clément VIII l’élevait au rang des Doubles-majeurs. Bientôt clercs et réguliers prenaient pour coutume de renouveler leurs engagements sacrés en ce jour où leur commune Reine ouvrit devant eux la voie qui conduit par le sacrifice aux prédilections du Seigneur.

Écoute, ma fille, et vois, et prête l’oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père, et le Roi convoitera ta beauté. Ainsi, formulant les vœux des filles de Tyr, chantait au sommet de Moriah l’Église de l’attente ; et son regard inspiré perçant l’avenir, elle ajoutait . A sa suite viendront les vierges, ses compagnes ; elles s’avanceront dans la joie et l’allégresse ; elles entreront dans le temple du Roi.

Or donc, salué d’avance comme le plus beau des fils des hommes  ce Roi, qui est le Très Puissant, prélude à ses conquêtes en ce jour ; et son début, selon le mot du Psaume, est admirable, Par la gracieuse enfant qui à cette heure franchit les degrés du temple, il prend possession de ce temple, dont le sacerdoce le reniera vainement plus tard ; car cette enfant qu’accueille aujourd’hui le temple est son trône. Dès maintenant, son parfum le précède et l’annonce en la mère au sein de laquelle l’huile d’allégresse, coulant à flots, doit le faire Christ entre ses frères] ; en elle déjà les Anges saluent la Reine dont la virginité féconde enfantera toutes ces âmes consacrées qui réservent à l’Époux la myrrhe et l’encens de leurs holocaustes, ces filles des rois qui feront l’honneur de sa cour.

Mais la Présentation de Notre-Dame ouvre encore à l’Église d’autres horizons. Au Cycle des Saints, dépourvu des frontières précises qui délimitent celui du Temps, le mystère du séjour de Marie dans le sanctuaire de l’ancienne alliance prélude, mieux que n’aurait pu faire aucun autre, à la saison si prochaine de l’Avent liturgique. Marie, conduite au temple pour s’y préparer dans la retraite, l’humilité, l’amour, à ses incomparables destinées, eut aussi pour mission d’y parfaire, au pied des autels figuratifs, la prière de l’humanité trop impuissante à faire pleuvoir des cieux le Sauveur. Elle fut, dit saint Bernardin de Sienne, le bienheureux couronnement de toute attente et demande de l’avènement du Fils de Dieu ; en elle, comme en un sommet, tous les désirs des saints qui l’avaient précédée eurent leur consommation et leur terme.

Par son admirable intelligence des Écritures, par sa conformité de chaque jour, de toute heure, aux moindres enseignements et prescriptions du rituel mosaïque, Marie découvrait, adorait partout le Messie sous la lettre ; elle s’unissait à lui, s’immolait avec lui dans chacune des victimes immolées sous ses yeux ; et ainsi rendait-elle au Dieu du Sinaï l’hommage, vainement attendu jusque-là, de la Loi comprise, pratiquée, fécondée selon la plénitude qu’elle comportait pour le Législateur. Alors Jéhovah put dire en toute vérité : Comme la pluie descend du ciel et n’y retourne point, mais enivre la terre et lui fait produire ses fruits ; ainsi sera ma parole : elle ne me reviendra pas inféconde, mais aura heureusement tous les effets que j’ai voulus.

Supplément béni de la gentilité non moins que de la synagogue, Marie dès lors vit dans l’Épouse du Cantique sacré l’Église à venir. En notre nom à tous elle adressait à Celui qu’elle savait devoir être l’Époux, sans connaître encore qu’elle l’aurait pour fils, les appels d’un amour qui, sur ses lèvres, était bien fait pour obtenir du Verbe divin l’oubli des infidélités passées, des dérèglements où le monde dévoyé s’abîmait toujours plus. Arche de l’alliance universelle, combien avantageusement ne remplaçait-elle pas celle des Juifs, disparue avec le premier temple ! C’était pour elle sans le savoir qu’Hérode, le Gentil, avait repris la construction du second, demeuré comme désert et comme vide depuis Zorobabel ; car le temple, aussi bien que le tabernacle qu’il remplaçait, n’était que l’asile de l’arche destinée à porter Dieu lui-même : mais garder la réalité fut pour le second temple une gloire plus grande que d’abriter comme le premier la figure.

Les Grecs ont fait choix, comme Leçons de ce jour, des passages de l’Écriture qui rappellent l’entrée de l’arche dans le tabernacle au désert, et plus tard dans le temple à Jérusalem. Le synaxaire, ou leçon historique de la solennité, résume les traditions qui nous montrent la bienheureuse Vierge offerte par ses saints parents dans la troisième année de son âge au temple de Dieu, pour y demeurer jusqu’aux jours où, après douze années écoulées, devait s’accomplir en elle le mystère du salut.

Au VIe siècle de notre ère, l’empereur Justinien fit élever en l’honneur de la Présentation une église grandiose dans la partie méridionale de la plate-forme qui avait porté le temple et ses annexes.

Le siècle suivant nous donne les strophes liturgiques ci-après, qui témoignent de l’antiquité de la fête.

DE B. VIRGINE IN TEMPLUM RECEPTA.

Le temple très pur du Sauveur, le trésor sacré de la divine gloire, la brebis et la Vierge inestimable est aujourd’hui amenée dans la maison du Seigneur ; elle y apporte la grâce de l’Esprit-Saint, les anges de Dieu la célèbrent dans leurs chants : c’est le tabernacle des cieux.

Quand je contemple dans la Vierge la grâce qui s’y révèle, le comble des ineffables et très sacrés mystères de Dieu, l’allégresse me transporte, et je ne puis comprendre l’étonnante et inexprimable manière dont cette élue, dont cette immaculée l’emporte à elle seule sur toute créature visible ou invisible. Lors donc que je veux l’acclamer, ma voix et mon esprit défaillent ; pourtant j’ose l’exalter et la glorifier comme étant le tabernacle des cieux.

Le créateur, auteur et seigneur de toutes choses, s’est incliné vers nous dans son indicible miséricorde et mû par sa seule clémence ; voyant tombé celui qu’il avait façonné de ses propres mains, il en a eu pitié ; dans sa bonté compatissante, il daigne, œuvre plus divine, le relever en s’anéantissant lui-même ; c’est pourquoi, dans le mystère où il a résolu de prendre notre nature, il s’associe Marie, la Vierge et l’immaculée : elle est le tabernacle des cieux.

Le rédempteur et Verbe du Très-Haut, voulant se manifester pour nous dans la chair, introduisit donc la Vierge sur terre, relevant par des honneurs inusités et admirables cette entrée de la toute pure en notre monde : il fit d’elle la récompense et le fruit de la prière, la promettant et l’annonçant par message aux justes Joachim et Anne ; eux, ses parents, recevant avec foi l’oracle, firent avec amour et joie le vœu d’offrir au Seigneur l’immaculée : c’est le tabernacle des cieux.

Étant donc née par divine providence l’auguste Vierge, les saints époux, comme ils l’avaient promis, la conduisirent au temple à son auteur. Anne, dans son allégresse, interpellant le prêtre, s’écriait : Recevez-la, donnez-lui place au plus profond de l’inaccessible sanctuaire, entourez-la de soins ; car c’est un fruit qui fut la récompense de mes prières ; avec joie, dans ma foi, j’ai promis de la rendre à Dieu son auteur : c’est le tabernacle des cieux.

 

Au XVe siècle et au XVIe, on chantait en ce jour dans un grand nombre d’églises la Prose suivante, composée sur l’acrostiche : AVE MARIA, BENEDICO TE, AMEN. Je vous salue Marie et vous bénis. Amen.

SÉQUENCE.
Dans sa profonde providence, la Sagesse divine ordonne toutes choses comme il convient. Joachim et Anne sont unis par le lien conjugal ; mais leur union demeure stérile.
Dans toute l’ardeur de leur amour, par vœu sincère ensemble ils s’engagent au Seigneur : sans tarder, s’il daigne leur donner un enfant, ils le consacreront pour toujours en son temple.
Un Ange apparaît, éclatant de lumière, qui leur apprend que leurs désirs sont exaucés : que par la grâce du Roi suprême, une fille leur sera donnée, toute bénie.
Sainte dès le sein maternel, admirable sera sa naissance, plus admirable l’enfantement par lequel, en demeurant vierge, elle sera mère de Celui dont le Très-Haut est Père, dont la grâce débordante ôtera le péché du monde.
Elle est née la vierge bénie ; âgée de trois ans on la présente au temple, elle en franchit les quinze degrés, toute parée, d’un pas ferme et rapide, sous les yeux de son père et de sa mère.
Le temple resplendit d’une nouvelle gloire à la présentation de l’auguste vierge : instruite divinement et visitée des cieux, elle se réjouit avec les Anges.
A l’âge adulte où ses compagnes sont appelées par ordre du prince des prêtres à contracter mariage, la vierge s’y refuse d’abord ; car ses parents l’ont vouée au Seigneur, et elle-même a résolu par vœu de garder sa virginité.
Dieu consulté répond que la vierge doit prendre pour époux celui qu’une fleur miraculeusement éclose aura désigné ; Joseph, ainsi élu, l’épouse et la conduit en sa maison.
Gabriel est alors député vers la vierge, lui annonçant comment elle doit concevoir ; elle prudente, écoute silencieuse, et considère ce que pareil message a d’insolite.
Lui cependant explique la manière dont toutes choses s’accompliront ; la vierge croit, et aussitôt dans l’Esprit-Saint le Verbe est conçu ; Celui que rien ne peut contenir s’enferme en une vierge.
O vierge sans pareille, quelle louange égalera maintenant vos mérites ! quel n’est pas l’éclat de votre gloire ! Maintenant donc protégez-nous pour que dans la patrie nous jouissions du fruit qui fait votre honneur.
Amen.
 

« Félicitez-moi, vous tous qui aimez le Seigneur, de ce que, lorsque j’étais petite, j’ai plu au Très-Haut. » C’est l’invitation que vous nous adressez dans les Offices chantés à votre honneur, ô Marie ; et quelle fête la justifie mieux que celle-ci ? Quand, plus petite encore par l’humilité que par l’âge, vous montiez si candide et si pure les degrés du temple, le ciel dut avouer que c’était justice si désormais les meilleures complaisances du Très-Haut étaient pour la terre. Retirée jusque-là dans l’intimité de vos bienheureux parents, ce fut votre première démarche publique ; elle ne vous montrait aux hommes que pour aussitôt vous dérober mieux encore à leurs yeux dans le secret de la face de Dieu ; mais en la manière que pour la première fois vous étiez officiellement offerte et présentée au Seigneur, lui-même sans nul doute, entouré des puissances de sa cour, vous présentait non moins solennellement à ces nobles esprits dont vous étiez la reine. Dans une plénitude de lumière qui n’avait point lui précédemment pour eux, ils comprirent, en même temps que vos grandeurs incomparables, la majesté de ce temple où Jéhovah recueillait un hommage surpassant en dignité celui des neuf chœurs, l’auguste prérogative de cet ancien Testament dont vous étiez la fille, dont les enseignements et les directions allaient parfaire en vous durant douze années la formation de la Mère de Dieu.

La sainte Église, cependant, vous déclare imitable pour nous en ce mystère de votre Présentation comme dans tous les autres, ô Marie.

Daignez bénir plus spécialement les privilégiés que la grâce de leur vocation fait dès ici-bas habitants de la maison du Seigneur : qu’ils soient eux aussi l’olivier fertile, engraissé de l’Esprit-Saint, auquel vous compare aujourd’hui saint Jean Damascène. Mais tout chrétien n’est-il pas, de par son baptême, l’habitant, le membre de l’Église, vrai sanctuaire de Dieu, dont celui de Moriah n’était qu’une figure ? Puissions-nous, par votre intercession, vous suivre d’assez près dans votre Présentation bienheureuse au pays des ombres et des frimas, pour mériter d’être de même présentés à votre suite au Très-Haut dans le temple de sa gloire 

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