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Regnum Galliae Regnum Mariae

Saint Jérôme confesseur et docteur

30 Septembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Jérôme confesseur et docteur

Collecte

O Dieu, qui avez ménagé à votre Église pour expliquer les saintes Écritures, un éminent Docteur dans la personne du bienheureux Jérôme, votre Confesseur, faites nous vous en prions, que, secondés par ses mérites, nous puissions, votre grâce aidant, pratiquer ce qu’il a enseigné tout à la fois au moyen de la parole et de l’action.

Office

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. Jérôme, fils d’Eusèbe, né à Strido en Dalmatie, sous le règne de Constance, reçut le baptême à Rome, pendant son adolescence, et y fut instruit des sciences libérales à l’école de Donat et d’autres savants très distingués. Poussé par le désir d’apprendre davantage, il parcourut la Gaule, où il entretient des relations avec quelques hommes pieux et versés dans les saintes Écritures, et transcrivit de sa main plusieurs livres sacrés. Bientôt après, Jérôme se dirigea vers la Grèce ; il y arriva déjà instruit de la philosophie et de la rhétorique, et ses talents ne firent que se développer dans un commerce intime avec les plus fameux théologiens. Mais il fut surtout le disciple assidu de Grégoire de Nazianze à Constantinople, et lui-même déclare qu’il doit à ce docteur sa science des saintes Lettres. Puis, il visita par dévotion le berceau de notre Seigneur Jésus-Christ, et parcourut toute la Palestine. Il affirme que ce pèlerinage, en le mettant en relation avec des Hébreux très érudits, lui profita beaucoup pour saisir le sens de l’Écriture sacrée.

Cinquième leçon. Il se retira ensuite dans une vaste solitude de la Syrie, et s’y livra pendant quatre années à l’étude des saints Livres et à la méditation de la béatitude céleste, se mortifiant par une abstinence perpétuelle, par les macérations de la chair, et versant des larmes abondantes. Paulin, Évêque d’Antioche, l’ayant ordonné Prêtre, Jérôme partit pour Rome, afin d’y conférer avec le Pape Damase, au sujet des controverses de certains Évêques avec Paulin et Épiphane, et aida le souverain Pontife dans la rédaction de ses lettres aux Églises. Mais comme le désir de regagner son ancienne solitude ne le quittait pas, il retourna en Palestine, et adopta un genre de vie tout céleste, dans le monastère fondé par Paule, dame romaine, à Bethléem, près de la crèche où naquit le Seigneur Jésus-Christ. Bien qu’éprouvé par diverses maladies et souffrances, il dominait les infirmités du corps, en se livrant à de pieux labeurs et en s’adonnant sans relâche à la lecture et à la composition de ses écrits.

Sixième leçon. De toutes les contrées de la terre, on recourait à lui comme à un oracle, pour l’explication des questions relatives aux divines Écritures. Le Pape Damase et saint Augustin le consultèrent souvent sur les passages les plus difficiles des Livres saints, parce qu’il était d’une doctrine suréminente et qu’il connaissait, non seulement le latin et le grec, mais aussi les langues hébraïque et chaldaïque, et qu’en outre, selon le témoignage du même saint Augustin, il avait lu les ouvrages de presque tous les écrivains. Il poursuivit les hérétiques dans des écrits pleins de vigueur et s’attira toujours la faveur des fervents orthodoxes. Il traduisit l’Ancien Testament de l’hébreu en latin, corrigea le Nouveau, sur l’ordre de Damase, d’après les manuscrits grecs, et en commenta une partie importante. De plus, il traduisit en latin un grand nombre d’ouvrages d’hommes instruits, et, par d’autres monuments de son génie, jeta la lumière sur certains points de la discipline chrétienne. Parvenu à un âge très avancé, illustre par sa sainteté et sa doctrine, il partit pour le ciel, sous le règne d’Honorius. Son corps, enseveli d’abord à Bethléem, fut ensuite transporté à Rome, dans la basilique de Sainte-Marie-de-la-Crèche.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Jérôme, Prêtre.

Septième leçon. Les Apôtres et les docteurs sont appelés sel, parce que leur doctrine est le condiment de tout le genre humain. « Que si le sel perd sa vertu, avec quoi le salera-t-on ? » Si le docteur s’égare, par quel autre docteur sera-t-il redressé ? « Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. » La comparaison est tirée de l’agriculture. En effet, si le sel est nécessaire pour assaisonner les aliments et empêcher les viandes de se corrompre, il n’a point d’autre utilité. Du moins, nous lisons dans les écrits qu’il y eut des villes où la vengeance des vainqueurs fit répandre du sel, afin qu’il ne sortit plus du sol aucune végétation.

Huitième leçon. Que les docteurs et les Évêques se tiennent donc sur leurs gardes et qu’ils considèrent « que les puissants seront puissamment tourmentés, » que s’ils se perdent, il n’y a pas de remède, et que la chute des grands entraîne aux enfers. « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur un chandelier, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. » C’est la hardiesse de la prédication qu’il enseigne : il veut que ses Apôtres, au lieu de se cacher par crainte, et de ressembler à une lampe sous le boisseau, se produisent avec une entière liberté et prêchent sur les toits ce qu’ils ont ouï dans le secret.

Neuvième leçon. « Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir. » Soit qu’il ait accompli ce que d’autres avaient prophétisé de sa personne, soit que, faisant porter sa prédication sur les points laissés avant lui à l’état d’ébauche et d’imperfection, à cause de la faiblesse même des auditeurs, il les ait perfectionnés. C’est ainsi qu’il réprouve toute colère, qu’il supprime la peine du talion et condamne la concupiscence cachée au fond du cœur. « Jusqu’à ce que le ciel et la terre passent. » Il nous est promis de nouveaux cieux et une terre nouvelle que fera le Seigneur Dieu. Si donc des choses nouvelles sont à créer, c’est que les anciennes doivent passer.

« Vital m’est inconnu, je ne veux point de Mélèce, et Paulin, je l’ignore ; celui-là est mien qui adhère à la chaire de Pierre » Ainsi, vers l’an 376, des solitudes de Syrie troublées parles compétitions épiscopales qui d’Antioche agitaient tout l’Orient, un moine inconnu s’adressait au pontife Damase, implorant lumière pour son âme rachetée du sang du Seigneur. C’était Jérôme, originaire de Dalmatie.

Loin de Stridon, terre à demi barbare de sa naissance, dont il gardait l’âpreté comme la sève vigoureuse ; loin de Rome, où l’étude des belles-lettres et de la philosophie s’était montrée impuissante à le préserver des plus tristes chutes : la crainte des jugements de Dieu l’avait conduit au désert de Chalcis. Sous un ciel de feu, en la compagnie des fauves, il y devait, quatre années durant, mater son corps par d’effrayantes macérations ; remède plus efficace, plus méritante austérité pour son âme passionnée des beautés classiques, il entreprit d’y sacrifier ses goûts cicéroniens à l’étude de la langue primitive des saints Livres. Labeur autrement dur que de nos jours, en lesquels lexiques, grammaires, travaux de toute sorte, ont aplani les voies de la science. Que de fois, rebuté, Jérôme désespéra du succès ! Mais il avait éprouvé la vérité de cette sentence qu’il formulait plus tard : « Aimez la science des Écritures, et vous n’aimerez pas les vices de la chair » Revenant donc à l’alphabet hébreu, il épelait sans fin ces syllabes sifflantes et haletantes dont l’héroïque conquête rappela toujours le prix qu’elles lui avaient coûté, par la rugosité imprimée depuis lors, disait-il, à sa prononciation du latin lui-même. Toute l’énergie de sa fougueuse nature était passée dans cette œuvre ; elle s’y consacra, s’y endigua pour la vie.

Dieu reconnut magnifiquement l’hommage ainsi rendu à sa divine parole : du simple assainissement moral que Jérôme en avait espéré, il était parvenu à la sainteté supérieure que nous honorons aujourd’hui en lui ; de ces luttes du désert, en apparence stériles pour d’autres, sortait un de ceux auxquels il est dit : Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde. Et cette lumière, Dieu la plaçait sur le chandelier à son heure, pour éclairer tous ceux qui sont dans la maison. Rome revoyait, mais combien transformé, le brillant étudiant d’autrefois ; sainteté, science, humilité le faisaient proclamer par tous digne du suprême sacerdoce. Damase, docteur vierge de l’Église vierge, le chargeait de répondre en son nom aux consultations de l’Orient comme de l’Occident, et obtenait qu’il commençât par la révision du Nouveau Testament latin, sur le texte grec original, les grands travaux scripturaires qui devaient immortaliser son nom dans la reconnaissance du peuple chrétien. Sur ces entrefaites, la réfutation d’Helvidius, qui osait mettre en doute la perpétuelle virginité de la Mère de Dieu, révéla en Jérôme le polémiste incomparable dont Jovinien, Vigilance, Pelage, d’autres encore, par la suite, auraient à éprouver la vigueur. Récompense cependant de son honneur vengé, Marie amenait à lui toutes les nobles âmes : il les conduirait dans la voie des vertus qui sont l’honneur de la terre ; par le sel des Écritures, il les préserverait de la corruption dont mourait l’empire.

Étrange phénomène pour l’historien sans foi : voici qu’autour de ce Dalmate, à l’heure où la Rome des Césars agonise, rayonnent soudain les plus beaux noms de Rome antique. On les croyait éteints depuis le jour où s’assombrit entre les mains des parvenus la gloire de la cité reine ; au temps critique où, purifiée par les flammes qu’allumeront les Barbares, la capitale qu’ils donnèrent au monde va reprendre ses destinées, ils reparaissent comme par le droit de leur naissance pour la fonder à nouveau dans sa véritable éternité. Autre est devenue la lutte ; mais leur place demeure en tête de l’armée qui sauvera le monde. Rares sont parmi nous les sages, les puissants, les nobles, disait l’Apôtre quatre siècles plus tôt : nombreux ils sont en nos temps, proteste Jérôme, nombreux parmi les moines].

La phalange patricienne constitue le meilleur de l’armée monastique en ces temps de son origine occidentale ; elle lui laissera pour toujours son caractère d’antique grandeur ; mais dans ses rangs, à titre égal à celui de leurs pères et de leurs frères, se voient aussi la vierge et la veuve, parfois l’épouse en même temps que l’époux. C’est Marcella, qui la première, de son palais de l’Aventin, lève l’étendard monastique sur les sept collines, et en retour obtient que la direction de Jérôme ne soit pas refusée au sexe qu’honore pareille initiative ; Marcella qui, le maître disparu, sera, quoi qu’en ait son humilité, l’oracle consulté par tous dans les difficultés des Écritures. C’est comme elle Furia, Fabiola, Paula, rappelant leurs grands aïeux les Camille, les Fabii, les Scipions. C’en est trop pour le prince du monde, Satan, qui croyait siennes à jamais les gloires de la vieille cité de Romulus ; les heures du Saint à Rome sont comptées. Fille de Paula, Eustochium a mérité de se voir adresser le manifeste sublime, mais plein de tempêtes, où Jérôme, exaltant la virginité, ne craint pas de soulever contre lui par sa verve mordante la conjuration des faux moines, des vierges folles et des clercs indignes. Vainement la prudente Marcella prédit l’orage ; Jérôme écarte le doigt filial qui voudrait se poser sur sa bouche, et prétend oser dire ce que d’autres peuvent bien oser faire. Il a compté sans la mort de Damase survenue à l’heure même, sans la faction des ignorants jaloux qui, pareillement, n’attendaient que cette mort pour changer en morsures de vipères leurs hypocrites démonstrations d’autrefois.

Emporté par le tourbillon, le justicier retourne au désert : non plus Chalcis, mais la paisible Bethléem, où les souvenirs de l’enfance du Sauveur attirent ce fort entre les forts ; où Paula et sa fille viennent elles-mêmes se fixer pour ne point perdre ses leçons qu’elles préfèrent à tout le reste au monde, pour adoucir son amertume, panser les blessures du lion dont la puissante voix ne cessera point de tenir en éveil les échos de l’Occident. Honneur à ces vaillantes ! leur fidélité, leur ambition de savoir, leurs pieuses importunités vaudront au monde un trésor sans prix : la traduction authentique des Livres saints, que l’imperfection de l’ancienne version Italique, et ses variantes devenues sans nombre, ont nécessitée en face des Juifs traitant l’Église de faussaire.

« Paula et Eustochium, puisse le travail de ma pauvre vie vous être agréable, utile aussi à l’Église, et digne de la postérité ; quant aux contemporains, leur jugement me touche peu. » Ainsi disait le solitaire ; mais les attaques envieuses d’irréductibles ennemis l’émeuvent plus qu’il ne se l’avoue : « Servantes du Christ, insiste-t-il, opposez le bouclier de vos prières à mes aboyeurs. »

Or, chaque livre nouvellement traduit amenait critique nouvelle, et non toujours haineuse : réserves des craintifs, qui s’alarmaient pour l’autorité des Septante, si grande dans la Synagogue et dans l’Église ; retours intéressés des possesseurs de manuscrits aux pages de pourpre, aux splendides onciales, aux lettres d’argent et d’or, qu’il faudrait donc voir déprécier maintenant. « Eh ! qu’ils gardent leur métallurgie, et nous laissent nos pauvres cahiers, » s’écrie Jérôme exaspéré. « C’est pourtant vous qui me forcez à subir tant d’inepties comme tant d’injures, dit-il aux inspiratrices de ses travaux ; pour couper court au mal, mieux vaudrait m’imposer silence. »

Ni la mère, ni la fille ne l’entendaient ainsi ; et Jérôme se laissait contraindre. Ayant observé qu’une première révision faite par lui du Psautier sur le grec des Septante n’avait pas suffi à fixer le texte, elles en obtinrent une seconde, celle-là même que devait adopter notre Vulgate, au même titre que sa version des autres livres de l’Ancien Testament sur l’hébreu ou le chaldéen. Nobles auxiliaires, à la science desquelles lui-même en appelait comme garantie de son exactitude, et qu’il priait de collationner ses traductions mot par mot avec l’original.

Toutes les saintes amitiés de jadis gardaient de loin leur part dans ce commerce studieux. Jérôme ne refusait à personne le concours de sa science, et il s’excusait agréablement de ce qu’une moitié du genre humain y semblât plus privilégiée : « Principia, ma fille en Jésus-Christ, je sais que plusieurs trouvent mauvais qu’il m’arrive parfois d’écrire aux femmes ; qu’on me laisse donc dire à mes détracteurs : Si les hommes m’interrogeaient sur l’Écriture, ce n’est point a celles-là que je répondrais. »

Mais voici qu’un message d’allégresse fait tressaillir les monastères fondés en Ephrata : d’un frère d’Eustochium, et de Lœta, fille chrétienne du pontife des faux dieux Albinus, une autre Paule est née dans Rome. Vouée à l’Époux dès avant sa naissance, elle balbutie au cou du prêtre de Jupiter l’Alléluia des chrétiens ; elle sait que par delà les monts et les flots, elle a une autre aïeule, une tante elle aussi toute à Dieu ; de sa mutine voix la promise du Seigneur menace d’aller les trouver bientôt. « Envoyez-la, écrit Jérôme à la mère dans son ravissement ; je me ferai son maître et son nourricier. Je la porterai sur mes vieilles épaules ; j’aiderai sa bouche bégayante à former ses mots, plus fier en cela qu’Aristote ; car lui n’élevait qu’un roi de Macédoine ; mais moi je préparerai au Christ une servante, une épouse, une reine destinée à siéger dans les cieux. »

Bethléem vit, en effet, la douce enfant. Elle devait, bien jeune encore, assumer la responsabilité d’y continuer l’œuvre des siens. Elle fut, près du vieillard mourant, l’ange du passage de ce monde à l’éternité.

L’heure des profonds déchirements avait précédé pour lui le moment suprême. Ce fut Paula l’ancienne qui partit la première, chantant : J’ai mieux aimé être humble en la maison de Dieu, que d’habiter les pavillons des pécheurs. Devant l’affaissement mortel où Jérôme parut devoir s’annihiler pour toujours, Eustochium brisée refoula ses larmes. Sur les instances de la fille, il se reprit à vivre afin de dégager ses promesses à la mère. C’est ainsi que nous le voyons achever alors ses traductions reprendre aussi ses commentaires du texte ; il va passer d’Isaïe au prophète Ézéchiel, quand fond soudain sur le monde et sur lui l’inexprimable douleur de ces temps : « Rome est tombée ; elle est éteinte la lumière de la terre ; dans une seule ville, tout l’univers a succombé. Que faire, que se taire et penser aux morts ? »

Il fallait penser de plus aux innombrables fugitifs qui affluaient, dénués de tout, vers les saints Lieux ; et Jérôme, l’implacable lutteur, ne savait refuser à aucun malheureux son cœur et ses larmes. Aimant encore mieux pratiquer qu’enseigner l’Écriture, il donnait aux devoirs de l’hospitalité ses journées. La nuit seule restait pour l’étude à ses yeux presque aveugles. Études pourtant demeurées bien chères, où il oubliait les misères du jour, et se réjouissait de répondre aux désirs de la fille que Dieu lui avait donnée. Qu’on lise l’avant-propos de chacun des quatorze Livres sur Ézéchiel, et l’on verra quelle part fut celle de la vierge du Christ en cette œuvre disputée aux angoisses du temps, aux infirmités de Jérôme, à ses luttes dernières contre l’hérésie.

Car on eût dit que l’hérésie prenait du bouleversement du monde l’occasion de nouvelles audaces. Forts de l’appui que leur prêtait l’évêque Jean de Jérusalem, les Pélagiens s’armèrent une nuit de la torche et du glaive ; ils se jetèrent, promenant le meurtre et l’incendie, sur le monastère de Jérôme et sur ceux des vierges qui, depuis la mort de Paula, reconnaissaient Eustochium pour mère. Virilement secondée par sa nièce Paule la jeune, la sainte rallia ses filles et parvint à se frayer passage au milieu des flammes. Mais l’anxiété de cette nuit terrible avait achevé de consumer ses forces épuisées. Jérôme l’ensevelit près de la crèche de l’Enfant-Dieu comme il avait fait la mère, et, laissant inachevé son commentaire sur Jérémie, se disposa lui-même à mourir.

Vous complétez, illustre Saint, la brillante constellation des Docteurs au ciel de la sainte Église. Voici que se lèvent, au Cycle sacré, les derniers astres manquant encore à sa gloire. Déjà s’annonce l’aurore du jour éternel ; le Soleil de justice apparaîtra bientôt sur la vallée du jugement. Modèle de pénitence, enseignez-nous la crainte qui préserve ou répare, dirigez-nous dans les voies austères de l’expiation. Moine, historien de grands moines père des solitaires attirés comme vous en Ephrata par les parfums de la divine Enfance, maintenez l’esprit de travail et de prière en cet Ordre monastique dont plusieurs familles ont pris de vous leur nom. Fléau des hérétiques, attachez-nous à la foi Romaine ; zélateur du troupeau, préservez-nous des loups et des mercenaires ; vengeur de Marie, obtenez que fleurisse toujours plus sur terre l’angélique vertu.

O Jérôme, votre gloire participe surtout de la gloire de l’Agneau ouvrant pour les habitants des cieux le livre plein de mystères. La clef de David vous fut aussi donnée pour ouvrir les sceaux multiples des Écritures, et nous montrer Jésus enfermé sous la lettre. C’est pourquoi l’Église de la terre chante aujourd’hui vos louanges, et vous présente à ses fils comme l’interprète officiel du Livre inspiré qui la conduit à ses destinées. En même temps que l’hommage de l’Épouse et de la Mère, daignez agréer notre personnelle gratitude. Puisse le Seigneur, à votre prière, nous renouveler dans le respect et l’amour que mérite sa divine parole. Par vos mérites, puissent, autour du dépôt sacré, se multiplier les doctes et leurs recherches savantes. Mais que nul ne l’oublie : c’est à genoux qu’on doit écouter Dieu, si l’on veut le comprendre. Il s’impose, et ne se discute pas : bien qu’entre les interprétations diverses auxquelles peuvent donner lieu ses divins messages, il soit permis de chercher, sous le contrôle de son Église, à dégager la vraie ; bien qu’il soit louable d’en scruter sans fin les augustes profondeurs. Heureux qui vous suit dans ces études saintes ! Vous le disiez : « vivre au milieu de pareils trésors, s’y absorber, ne savoir, ne chercher rien autre, n’est-ce pas habiter déjà plus aux cieux qu’en terre ? Apprenons dans le temps ce dont la science doit nous demeurer toujours. »

 

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Dédicace de St Michel, archange

29 Septembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Dédicace de St Michel, archange

Collecte

O Dieu, qui dispensez avec un ordre admirable les ministères des Anges et des hommes, accordez-nous dans votre bonté, d’avoir pour protecteurs de notre vie sur la terre, ceux qui sans cesse, dans le ciel, vous entourent et vous servent.

Office

AU PREMIER NOCTURNE.

Du Prophète Daniel.

Première leçon. Je regardais jusqu’à ce que des trônes furent placés, et un vieillard s’assit ; son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête blancs comme une laine pure ; son trône comme des flammes de feu ; ses roues, un feu brûlant. Un fleuve de feu et rapide sortait de sa face ; des milliers de milliers d’Anges le servaient, et dix milliers de centaines de milliers d’Anges assistaient devant lui ; le jugement se tint, et des livres furent ouverts. Je regardais à cause de la voix des grandes paroles que cette corne prononçait ; et je vis que la bête fut tuée et que son corps périt, et qu’il fut livré pour être brûlé par le feu.
Deuxième leçon. Le vingtquatrième jour du premier mois, j’étais près du grand fleuve qui est le Tigre. Et je levai mes yeux, et je vis ; et voici un homme vêtu de lin, et ses reins ceints d’un or très pur ; et son corps était comme une chrysolithe, et sa face comme l’aspect de la foudre, et ses yeux comme une lampe ardente ; et ses bras et ses parties basses jusqu’aux pieds, comme une apparence d’airain étincelant, et la voix de ses paroles, comme la voix d’une multitude. Or, moi Daniel, je vis seul la vision, et les hommes qui étaient avec moi ne la virent pas ; mais une terreur extraordinaire se saisit d’eux, et ils s’enfuirent dans un lieu caché. Mais moi, étant demeuré seul, je vis cette grande vision ; et il ne resta pas en moi de force ; mais même mon visage fut changé en moi, et je séchai, et je n’eus aucune force.
Troisième leçon. Et j’entendis la voix de ses paroles ; et, en l’entendant, j’étais couché tout consterné sur ma face, et mon visage était collé à la terre. Et voici qu’une main me toucha, et me dressa sur mes genoux et sur le plat de mes mains. Et la voix me dit : Daniel, homme de désirs, entends les paroles que je te dis, et tiens-toi sur tes pieds ; car je suis maintenant envoyé vers toi. Et lorsqu’il m’eut dit ces paroles, je me tins debout, tremblant. Et il me dit : Ne crains pas, Daniel, parce que dès le premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre, afin de t’affliger en présence de ton Dieu, tes paroles ont été entendues ; et je suis venu à cause de tes discours. Or le prince du royaume des Perses m’a résisté durant vingt et un jours : et voilà que Michel, un des premiers princes, est venu à mon secours, et moi, je suis demeuré là près du roi des Perses. Mais je suis venu afin de t’apprendre ce qui doit arriver à ton peuple dans les derniers jours, parce que la vision est encore pour ces jours.
 

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Sermon de saint Grégoire, Pape.

Quatrième leçon. Nous disons qu’il y a neuf ordres d’Anges. En effet, nous savons positivement par le témoignage de la sainte Écriture, qu’il y a : des Anges, des Archanges, des Vertus, des Puissances, des Principautés, des Dominations, des Trônes, des Chérubins et des Séraphins. Qu’il y ait des Anges et des Archanges, presque toutes les pages sacrées l’attestent ; quant aux Chérubins et aux Séraphins, il en est souvent question, comme on le sait, au livre des Prophètes. De plus, l’Apôtre saint Paul énumère les noms de quatre ordres dans ce passage de son Épître aux Éphésiens : « Au-dessus de toute Principauté, de toute Puissance, de toute Vertu, de toute Domination. » Il dit encore en écrivant aux Colossiens : « Soit les Trônes, soit les Puissances, soit les Principautés, soit les Dominations. » En joignant donc les Trônes aux quatre ordres dont il a parlé aux Éphésiens, on a cinq ordres ; et si l’on y ajoute les Anges et les Archanges, les Chérubins et les Séraphins, on trouve qu’il existe réellement neuf ordres d’Anges.
Cinquième leçon. Or, il faut savoir que cette dénomination d’Anges désigne leur fonction et non leur nature ; car si ces bienheureux esprits de la céleste patrie sont toujours des esprits, ils ne peuvent pas toujours être appelés des Anges ; ils sont Anges seulement lorsqu’ils annoncent quelque chose. C’est pour cela qu’un Psaume dit en parlant de Dieu : « Lui qui, des esprits, fait ses Anges. » Comme s’il disait explicitement : ceux qu’il a toujours comme esprits, il en fait ses Anges quand il veut. Or, ceux qui portent les messages les moins importants sont appelés simplement du nom d’Anges, et on nomme Archanges ceux qui annoncent les plus grands mystères. Et voilà pourquoi ce n’est pas un Ange quelconque, mais bien l’Archange Gabriel, que Dieu envoya à la Vierge Marie. Comme il s’agissait du plus grand de tous les messages, il convenait que le plus grand des Anges remplît ce ministère. En outre, ces Archanges reçoivent des noms particuliers, qui expriment les effets de leur opération. Ainsi Michel signifie : Qui est semblable à Dieu ? Gabriel, Force de Dieu ; Raphaël, Remède de Dieu.
Sixième leçon. Toutes les fois qu’il s’agit d’une chose où il faut une puissance extraordinaire, c’est Michel que l’Écriture cite comme envoyé, afin que son nom aussi bien que l’acte même, donne à comprendre que nul ne peut faire ce que Dieu fait par son incomparable puissance. Aussi l’antique ennemi qui disait, dans son orgueilleuse ambition de s’égaler à Dieu : « Je monterai jusqu’aux cieux, j’élèverai mon trône au-dessus des astres du ciel, je serai semblable au Très-Haut ; »cet ancien ennemi, dis-je, lorsqu’à la fin du monde il sera laissé dans toute sa force, pour être ensuite écrasé dans l’éternel supplice, est-il mentionné comme devant combattre contre l’Archange Michel, d’après cette parole de saint Jean : « Et un combat s’est engagé avec l’Archange Michel. » De même, l’Archange envoyé à Marie, c’est Gabriel, dont le nom signifie : Force de Dieu. Il venait effectivement annoncer celui qui, pour faire sentir sa force aux puissances de l’air, a daigné paraître dans l’humiliation. Enfin, comme nous avons dit plus haut, Raphaël signifie : Remède de Dieu ; et en effet, cet Archange, en touchant les yeux de Tobie comme pour le guérir, dissipa les ténèbres de sa cécité.
 

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Jérôme, Prêtre.

Septième leçon. Le statère vient d’être trouvé et le tribut payé, pourquoi cette question inopinée des Apôtres : « Qui, pensez-vous, est le plus grand dans le royaume des cieux ? » Parce qu’ils avaient vu payer un même tribut pour Pierre et le Seigneur, de cette égalité dans le prix, ils concluaient que Pierre était élevé au-dessus de tous les Apôtres, lui qui, pour la reddition du tribut, semblait être comparé au Seigneur ; et voilà pourquoi ils demandent : « Qui est le plus grand dans le royaume des cieux ? » Jésus, connaissant leurs pensées et discernant la cause de leur méprise, veut guérir en eux le désir de la gloire, en leur inspirant une généreuse émulation pour l’humilité.
Huitième leçon. « Si donc ta main ou ton pied te scandalise, coupe-le et jette-le loin de toi. » Il faut, à-la vérité, que les scandales arrivent ; cependant, malheur à l’homme qui, par sa faute, est la cause de ce qui ne peut manquer de se produire dans le monde. En conséquence, toute affection est à briser, toute parenté est à rompre, quand il y a lieu de craindre que les croyants, dans leurs rapports de piété filiale ou de fidélité, ne soient exposés à des scandales. S’il y a quelqu’un, semble dire le Sauveur, qui vous soit aussi étroitement uni que la main, le pied, ou l’œil est uni au corps ; quelqu’un qui vous soit utile et dévoué, qui mette à votre service sa clairvoyance et sa pénétration, mais qui vous soit en même temps un sujet de scandale, et qui, par l’opposition des mœurs, vous entraîne dans l’enfer, il vaut mieux vous priver de son intimité et des avantages temporels qui en résultent, de peur qu’en voulant gagner vos proches et vos amis, vous n’ayez auprès d’eux des occasions de vous perdre.
Neuvième leçon. « Je vous dis que leurs Anges voient sans cesse, dans le ciel, la face de mon Père. » Plus haut, sous l’image de la main, du pied et de l’œil dont il faut se défaire, il avait dit qu’on doit se séparer des parents et des amis, qui peuvent être des sujets de scandale Voici maintenant qu’il tempère la rigueur de ce principe, par cette recommandation qu’il ajoute à la suite. « Prenez garde de mépriser un seul de ces petits. » Comme s’il disait : Je ne commande pas la sévérité de conduite, sans apprendre en même temps qu’il y faut mêler de la douceur : « Car leurs Anges voient sans cesse, dans les deux, la face du Père. » Grandeur et dignité des âmes, en ce que chacun des hommes a, dès le moment de sa naissance, un Ange préposé à sa garde. Aussi lisons-nous dans l’Apocalypse de saint Jean : « Écris ceci à l’Ange d’Éphèse, et .aux Anges des autres Églises. » Comme aussi l’Apôtre veut que, dans les églises, les femmes aient la tête voilée, à cause des Anges.

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Saint Wenceslas martyr

28 Septembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Wenceslas martyr

Collecte

O Dieu, qui, par le triomphe du martyre, avez fait passer le bienheureux Wenceslas d’une principauté terrestre à la gloire du ciel, accordez-nous, grâce à l’intercession de ses prières, d’être préservés de toute adversité et de partager son sort glorieux.

Office

Quatrième leçon. Wenceslas, duc de Bohême, eut pour père Wratislas, qui était chrétien, et pour mère Drahomire, qui était païenne. Élevé pieusement par son aïeule Ludmille, femme d’une très grande sainteté, il se signala dans la pratique de toutes les vertus. Toute sa vie, il conserva avec le plus grand soin sa virginité sans tache. Sa mère parvenue à l’administration du royaume par le meurtre odieux de Ludmille, et vivant dans l’impiété ainsi que son plus jeune fils Boleslas, excita contre elle l’indignation des nobles, et ceux-ci, fatigués d’un règne tyrannique et impie, secouèrent le joug de la mère et du fils. Assemblés dans la ville de Prague, ils se choisirent pour roi Wenceslas.

Cinquième leçon. Celui-ci gouverna son royaume plus par sa bonté que par l’exercice de son autorité. Il secourait les orphelins, les veuves et les pauvres avec tant de charité, qu’on le vit parfois, durant la nuit, porter sur ses épaules du bois destiné aux indigents, assister fréquemment à leurs inhumations, délivrer les captifs, visiter les prisonniers par des nuits affreuses, et bien souvent les consoler par ses aumônes et ses conseils. Telle était la mansuétude de ce prince, qu’il déplorait amèrement d’avoir à prononcer la sentence de mort contre un coupable. Il avait pour les Prêtres une très grande vénération, et, de ses mains, il semait le froment et pressait les raisins qui devaient fournir la matière au saint Sacrifice de la Messe. La nuit, marchant pieds nus sur la neige et sur la glace, il faisait le tour des églises, ses pas restant marqués sur la terre par des empreintes chaudes et sanglantes.

Sixième leçon. Les Anges se constituèrent les gardiens de son corps. Un jour, en effet, qu’il s’apprêtait à engager un combat singulier avec Radislas, duc de Gurime, dans le but de pourvoir au salut des siens, on vit des Anges lui apporter des armes, et on les entendit adresser à son adversaire ces paroles : « Ne le frappe pas. » Saisi de terreur, son ennemi se jeta humblement à ses pieds et lui demanda grâce. Un autre jour qu’il faisait un voyage en Germanie, l’empereur, à l’approche de Wenceslas, vit des Anges décorer ce Saint d’une croix d’or. Se levant alors aussitôt de son trône, il alla le recevoir dans ses bras, le revêtit des insignes royaux et lui fit don du bras de saint Vite. Cependant l’impie Boleslas, à l’instigation de sa mère, après l’avoir reçu à sa table, s’en alla, avec des complices le tuer dans l’église où il était en prière, car le Saint prévoyait bien la mort qu’on lui préparait. Son sang jaillit sur la muraille et l’on en voit encore aujourd’hui les traces. Dieu vengea ce meurtre : la terre engloutit cette mère dénaturée, et les meurtriers périrent misérablement de diverses manières.

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Saints Côme et Damien martyrs

27 Septembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saints Côme et Damien martyrs

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Accordez-nous, s’il vous plaît, ô Dieu tout-puissant, que, célébrant la naissance au ciel de vos bienheureux Martyrs Côme et Damien, nous soyons délivrés, grâce à leur intercession, de tous les maux qui nous menacent.

Office

Quatrième leçon. Les deux frères Côme et Damien, originaires d’Egée, ville d’Arabie, étaient des médecins distingués, sous le règne de Dioclétien et de Maximien. Ils guérissaient, par la vertu du Christ autant que par leur science médicale, jusqu’aux maladies réputées incurables. Le préfet Lysias, ayant appris quelle était leur religion, se les fit amener et les interrogea sur leur genre de vie et sur leur foi. Et comme ils se déclaraient hardiment Chrétiens, ajoutant que la foi chrétienne est nécessaire au salut, il leur enjoignit de sacrifier aux dieux, les menaçant, en cas de refus, de leur faire subir des tortures et une mort très cruelle.
Cinquième leçon. Mais voyant que les injonctions et les menaces restaient vaines : « Liez-leur les mains et les pieds, dit-il, et torturez-les par les supplices les plus affreux. » On exécuta ses ordres ; cependant Côme et Damien n’en persistèrent pas moins dans leur refus. On les jeta enchaînés dans la mer ; ils en sortirent sains et saufs et dégagés de leurs liens ; le préfet, attribuant ce prodige à des artifices magiques, les fit mettre en prison. Il les en fit sortit le lendemain et ordonna de les jeter dans un brasier ardent, dont la flamme s’éloigna d’eux. Après divers autres cruels tourments, il les condamna à être frappés de la hache, et ainsi tous deux reçurent la palme du martyre, en confessant Jésus-Christ.

 

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Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus vierge et docteur de l’Eglise

25 Septembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus vierge et docteur de l’Eglise

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Seigneur qui avez dit : Si vous ne devenez semblables à de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux, donnez-nous, nous vous en supplions, de suivre les traces de votre sainte Vierge Thérèse dans la voie de l’humilité et de la simplicité du cœur, en sorte que nous méritions de partager sa récompense éternelle. Vous qui vivez.

Office

Au premier nocturne.

Du Cantique des Cantiques. Cap. 2, 1-6 ; 10-14 ; 5, 1 ; 6, 1-3.

Première leçon. Je suis la fleur des champs, et le lis des vallées. Comme un lis parmi les épines, telle est ma bien-aimée parmi les jeunes filles. Comme un pommier parmi les arbres des forêts, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes. Je me suis assise à l’ombre de celui que j’avais désiré, et son fruit est doux à ma bouche. Il m’a introduite dans le cellier à vin ; il a réglé en moi l’amour. Soutenez-moi avec des fleurs, fortifiez-moi avec des fruits, car je languis d’amour. Sa main gauche est sous ma tête, et il m’embrasse de sa main droite.
Deuxième leçon. Voilà mon bien-aimé qui me parle : Lève-toi, hâte-toi, mon amie, ma colombe, ma belle, et viens. Car l’hiver est déjà passé ; la pluie a cessé et s’en est allée. Les fleurs ont paru sur notre terre, le temps de tailler la vigne est venu ; la voix de la tourterelle s’est fait entendre dans notre terre ; le figuier a poussé ses premiers fruits ; les vignes en fleur ont répandu leur parfum. Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens ; ma colombe, toi qui te retires dans les creux de la pierre et dans les enfoncements de la muraille, montre-moi ton visage, que ta voix résonne à mes oreilles ; car ta voix est douce, et ton visage est agréable.
Troisième leçon. Que mon bien-aimé vienne dans son jardin, et qu’il mange du fruit de ses arbres. Je suis venu dans mon jardin, ma sœur, mon épouse ; j’ai recueilli ma myrrhe avec mes parfums ; j’ai mangé le rayon avec mon miel ; j’ai bu mon vin avec mon lait. Mangez, mes amis, et buvez, et enivrez-vous, mes bien-aimés. Mon bien-aimé est descendu dans son jardin, dans le parterre des plantes aromatiques, pour se nourrir dans les jardins et pour cueillir des lis. Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi, lui qui se nourrit parmi les lis. Tu es belle, ô mon amie, suave, et belle comme Jérusalem, terrible comme une armée rangée en bataille.

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Thérèse de l’Enfant Jésus naquit à Alençon, en France, de parents honorables, et remarquables par leur singulière et fervente piété envers Dieu. Aussi aspirait-elle dès sa plus tendre enfance à la vie religieuse. Elle fit dès lors sérieusement la promesse de ne rien refuser à Dieu de ce qu’il lui paraîtrait désirer d’elle, promesse à laquelle elle s’efforça d’être fidèle jusqu’à la mort. Ayant perdu sa mère au cours de sa cinquième année, elle s’abandonna totalement à la Providence de Dieu, sous la garde vigilante d’un père très aimant, et de ses sœurs aînées. A leur école, Thérèse s’élança comme un géant, pour courir dans la voie de la perfection. A l’âge de neuf ans elle fut confiée, pour son éducation, aux religieuses de l’ordre de Saint Benoît, à Lisieux, et se fit remarquer là par son intelligence supérieure des choses surnaturelles. A dix ans, une grave et mystérieuse maladie la fit longtemps souffrir. Elle en fut miraculeusement délivrée, comme elle le raconte elle-même, par le secours de la Bienheureuse Vierge qui lui apparut souriante, au cours d’une neuvaine où elle était invoquée sous son titre de Notre-Dame des Victoires. Pleine alors d’une angélique ferveur, elle se prépara avec le plus grand soin au banquet sacré, où le Christ se fait notre aliment.

Cinquième leçon. Sitôt qu’elle eut reçu pour la première fois le Pain Eucharistique, elle manifesta une faim insatiable de cette céleste nourriture. Comme inspirée, elle demandait à Jésus de changer pour elle, en amertume toutes les consolations du monde. Dès lors, toute brûlante d’amour pour le Christ notre Seigneur e pour l’Église, elle n’eut bien tôt de plus grand désir que d’entrer dans l’Ordre des Carmélites déchaussées, afin de pouvoir par son immolation et ses sacrifices, « aider les prêtres, les missionnaires toute l’Église », et de gagner des âmes sans nombre à Jésus-Christ, comme plus tard près de mourir, elle promit de continuer à le faire auprès de Dieu. Elle éprouva de grandes difficultés à embrasser la vie religieuse à cause de sa jeunesse, mais elle le : surmonta avec une force d’âme incroyable, et, à l’âge de quinze ans, entra avec bonheur au Carmel de Lisieux. Là, Dieu opéra d’admirables ascensions dans le cœur de Thérèse, qui, imitant la vie cachée de la Vierge Marie, produisit comme un jardin fertile, les fleurs de toutes les vertus, mais surtout celle d’une éminente charité pour Dieu et pour le prochain.Sixième leçon. Ayant lu dans la Sainte Écriture cette invitation : « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi », elle voulut, dans son désir de plaire davantage au Très-Haut, devenir petite selon l’esprit, et, avec une confiance toute filiale, elle se livra pour toujours à Dieu, comme au plus aimant des Pères. Cette « voie de l’enfance spirituelle » selon la doctrine de l’Évangile, elle l’enseigna aux autres, spécialement aux novices qu’elle était chargée, par obéissance, de former aux vertus religieuses ; et ainsi, toute remplie d’un zèle apostolique, elle montra le chemin de la simplicité évangélique à un monde enflé d’orgueil et attaché aux vanités. Jésus, son Époux, l’enflamma profondément du désir de souffrir et dans son âme et dans son corps. Bien plus, considérant avec une extrême douleur, combien l’amour de Dieu est universellement rejeté, deux ans avant sa mort, elle s’offrit en victime à l’Amour très miséricordieux de Dieu. Alors, comme elle le rapporte elle-même, elle fut blessée d’une flamme du céleste feu. Enfin, consumée d’amour, ravie en extase, et murmurant avec une ferveur extrême : « Mon Dieu, je vous aime ! » elle s’envola vers son Époux, le trente septembre de l’année mil huit cent quatre-vingt-dix-sept, étant âgée de vingt-quatre ans. La promesse qu’elle avait faite en mourant, de faire tomber sur la terre une perpétuelle pluie de roses, dès son entrée au Ciel elle l’a réalisée, et la réalise encore de nos jours, par d’innombrables miracles. C’est pourquoi le Souverain Pontife Pie XI l’a inscrite parmi les Vierges Bienheureuses et deux ans après, au cours du grand jubilé il l’a solennellement placée au nombre des Saintes, puis constituée et déclarée Patronne spéciale de tous les Missionnaires. Pie XII, accédant aux vœux de tous les évêques de France a établi et déclaré que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus serait auprès de Dieu patronne secondaire de toute la France.
 

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Léon Pape.

Septième leçon. Tout l’apprentissage de la sagesse chrétienne, mes bien-aimés, ne consiste ni dans l’abondance des paroles, ni dans la subtilité des discussions, ni dans l’appétit de la louange et de la gloire, mais dans une humilité sincère et volontaire, telle que le Seigneur Jésus Christ l’a adoptée et enseignée comme la seule grandeur d’âme, depuis le sein de sa mère jusqu’au supplice de la croix. Car, un jour où ses disciples discutaient entre eux, dit l’Évangile, pour savoir lequel était le plus grand dans le royaume des deux, il appela un petit enfant, le mit au milieu d’eux et dit : « En vérité, je vous le dis, si vous ne vous convertissez et ne devenez pareils à de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des deux. Tout homme, donc, qui se sera abaissé comme ce petit enfant, celui-là sera le plus grand dans le royaume des deux. » Le Christ aime l’enfance, lui qui a commencé par être enfant, par le corps et par l’esprit. Le Chris aime l’enfance, maîtresse d’humilité, idéal d’innocence, exemple de douceur. Le Christ aime l’enfance : il y oriente la conduite des aînés, il y ramène l’âge des vieillards et il incline à suivre son exemple ceux qu’il veut élever au royaume éternel.
Huitième leçon. Mais pour que nous puissions savoir pleinement comment une aussi étonnante transformation est réalisable, et par quel changement nous pourrons revenir à l’état d’enfants, saint Paul sera notre maître, lorsqu’il dit : Ne soyez pas des enfants par l’ignorance : soyez petits quant à la méchanceté. Il ne s’agit donc pas pour nous de retourner aux jeux de l’enfance ni à ses commencements imparfaits. Il faut lui prendre ce quelque chose qui convient même à l’âge mûr : que les émotions passent rapidement, et que le retour à la paix s’accomplisse promptement ; qu’on n’ait aucune mémoire des offenses, aucun désir des dignités ; qu’on aime la vie commune, qu’on trouve l’égalité toute naturelle. Car c’est un grand bien que d’ignorer l’art de nuire, et de ne pas avoir de pensées méchantes. Car faire tort et rendre le tort subi, c’est la prudence de ce monde ; mais ne rendre à personne le mal pour le mal, c’est le propre de l’enfance et de la justice chrétienne.
Neuvième leçon. A cette ressemblance avec les petits enfants, mes bien-aimés, vous invite le mystère de la fête d’aujourd’hui. Le Sauveur adoré par les Mages dans son enfance vous suggère cette forme d’humilité. Pour montrer quelle gloire il prépare à ses imitateurs, il a donné la consécration du martyre à ceux qui sont nés en même temps que lui. Ainsi ceux qui sont nés à Bethléem, la patrie du Christ, sont devenus par la communauté de l’âge, participants de sa passion. Que les fidèles aiment donc l’humilité et qu’ils évitent tout orgueil. Que chacun préfère autrui à soi-même, que personne ne recherche son intérêt, mais celui d’autrui. Ainsi toute âme aura un généreux amour de bienveillance, aucune ne connaîtra le poison de l’envie. Car celui qui s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé. Notre Seigneur Jésus Christ lui-même l’affirme, lui, qui étant Dieu, vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

Hymnus Hymne
Imménsa Christi cáritas
Maióra cogit ággredi
Apostolórum et Mártyrum
Auctam coróna vírginem.
La charité immense du Christ
la pousse à entreprendre de grandes choses,
cette Vierge ornée de la couronne
des Apôtres et des Martyrs.
Optans amóris víctima !
Ex igne adúri mýstico,
Sponsum precátur últimas
Flammas vorántes éxcitet.
Souhaitant, victime d’amour,
être brûlée d’un feu mystique,
elle prie son Époux d’attiser
les flammes suprêmes de l’holocauste.
Æternitátis núntia
Optáta mors iam pérvenit :
Hæc íngemens : Te díligo !
Terésia ad Christum émigrat.
Messagère d’éternité,
voici que vient la mort désirée.
Murmurant : « Je vous aime ! »
Thérèse s’envole vers le Christ.
Cæléstibus nunc gáudiis
Fruens ab arce síderum,
Quas lárgiter promíseras
Rosas meménto spárgere.
Jouissant maintenant du bonheur céleste,
souviens-toi, du haut du ciel,
de répandre largement les roses
que tu avais promises.
Tu corde Rex mitíssime,
Qui párvulis regnum paras,
Nos hanc secútos íngredi
Præsta beáta límina.
Et vous, Roi au cœur très doux,
qui préparez un royaume aux petits,
accordez-nous d’entrer à sa suite
au bienheureux séjour.
Iesu, tibi sit glória,
Qui te revelas párvulis,
Cum Patre, et almo Spíritu,
In sempitérna sǽcula. Amen.
A vous, Jésus, soit la gloire,
vous qui vous révélez aux tout-petits,
comme au Père et au Saint-Esprit,
dans les siècles éternels. Amen.
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Super Eph., cap. 4

24 Septembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Super Eph., cap. 4

Lectio 5

Super Eph., cap. 4 l. 5 Posita donorum spiritualium diversitate et fructu eorum, hic ostendit apostolus quomodo ad fructum illum perveniamus. Circa quod duo facit. Primo duo impedimenta removet; secundo modum veniendi docet, ibi veritatem facientes, et cetera. Dicit ergo: bene dictum est, quod hic est fructus ultimus istorum donorum, quod scilicet occurramus Domino in virum perfectum, etc., ergo oportet nos videre ut iam non simus parvuli, sed certe viri perfecti; quia quamdiu aliquis est puer, non est perfectus vir. Oportet ergo quod deserat pueritiam, qui Domino debet occurrere. Sic faciebat apostolus. I Cor. XIII, 11: quando autem factus sum vir, evacuavi quae erant parvuli. Conditio autem pueri est, quod non est fixus vel determinatus in aliquo, sed credit omni verbo. Si ergo volumus exhibere nos ut viros perfectos, oportet quod deseramus cogitationem fluctuantem, id est instabilem. Et hoc est quod dicit fluctuantes. I Cor. XIV, 20: nolite pueri effici sensibus, sed malitia parvuli estote. Dicuntur autem fluctuantes a fluctu, quia tales ad modum fluctus non sunt firmi in fide. Jc. I, 6: qui enim haesitat, similis est fluctui maris, qui a vento movetur et circumfertur. Nunc autem necesse est nos stabiles esse et non fluctuare. Et quia ventus est prava doctrina, de qua merito dicitur Pr. XXV, 23: ventus Aquilo dissipat pluvias. Mt. VII, 25: descendit pluvia, venerunt flumina, flaverunt venti, et irruerunt in domum illam, et cecidit, et fuit ruina eius magna ideo dicit et non circumferamur omni vento doctrinae, etc.; quasi dicat: nulla doctrina perversa perflante ad commotionem cordis et ruinam spiritualis aedificii debemus moveri, quia non est bona doctrina; quod patet ex tribus. Primo ex eius principio, quod est in nequitia hominum; ideo non est bona doctrina, sed falsa et nequam, quam dogmatizat aliquis ad perditionem animarum, ut obtineat principatum, sicut doctrina Arrii nequissimi, qui crepuit medius, ut de ipso possit exponi illud Eccli. XXXI, 29: testimonium nequitiae eius verum est. Item, talis doctrina perversa est quod patet. Secundo, ex eius processu, qui est astutia, quia cum dolo, id est unum intendit et aliud simulat; propter quod apostolus dicit II Cor. XI, 3: timeo ne sicut serpens Evam seduxit astutia sua: ita ut corrumpantur sensus vestri et excidant a simplicitate, quae est in Christo Iesu. Tertio patet hoc idem ex effectu, quia effectus talis doctrinae est ad circumventionem erroris, non ad denarios vel alia temporalia acquirenda, sed ad seminandos errores seducunt et circumveniunt tales doctores; de quibus dicitur II Tm. III, 13: mali homines et seductores proficient in peius errantes, et in errorem alios mittentes. Deinde cum dicit veritatem autem facientes, etc., ostensis impedimentis per quae a fructu donorum spiritualium impeditur quis, hic ostendit qualiter ad fructum debitum pervenitur. Et arguit sic: statim dictum est quod si volumus ad spiritualium donorum fructum pervenire, oportet ut iam non simus parvuli, et cetera. Sed tamdiu sumus parvuli, quamdiu virilem statum non attingimus, nec crescimus: ergo nobis necessarium est, ut crescamus. Et hoc est quod dicit veritatem autem facientes, et cetera. Duo ergo facit. Primo ostendit in quo debemus crescere; secundo per quem, ibi in illo per omnia, et cetera. Dicit ergo quantum ad primum veritatem facientes crescamus, et hoc in duobus, scilicet in bono opere et forma boni operis, quae duo sunt veritas et charitas. Veritas autem quandoque dicitur omne opus bonum, ut Tb. I, 2: in captivitate tamen positus viam veritatis non deseruit. Faciamus ergo veritatem, scilicet omne opus bonum, vel veritatem doctrinae: quia non sufficere nobis debet audire vel docere veritatem, sed oportet facere; propter hoc dicebat apostolus I Tm. IV, 16: hoc enim faciens, et teipsum salvum facies, et eos qui te audiunt. Estote ergo factores, etc., ut dicitur Jc. I, 22; quia factores iustificabuntur, ut habetur Rm. II, 13. Et hoc si fiat in charitate, quae est forma boni operis. I Cor. XVI, 13 s.: viriliter agite, et confortetur cor vestrum, et omnia opera vestra in charitate fiant: quia certe aliter nihil valerent. I Cor. XIII, 3: si tradidero corpus meum, ita ut ardeam, charitatem autem non habuero, nihil mihi prodest. Sed quia in via Dei non progredi, est regredi, ideo subdit apostolus ut crescamus in illo, etc., ubi tria facit. Primo ostendit auctorem nostri augmenti; secundo eius veritatem; tertio modum augmenti. Secunda, ibi ex quo totum corpus. Tertia, ibi secundum operationem in mensuram uniuscuiusque membri. Dicit ergo crescamus in illo, scilicet in Christo, de quo I P. II, 2: in eo crescatis in salutem. In illo, inquam, qui est caput nostrum Christus et in Ecclesia, quae est corpus ipsius, ut dicitur Col. I, 24. Crescamus, inquam, non in possessionibus, sicut dicitur Jb I, 10: possessio eius crevit in terra, sed in spiritualibus. Nec in uno tantum, sed per omnia, id est in omni bono, fructificantes et crescentes. I Cor. X, 31: omnia in gloriam Dei facite, et cetera. Et ibi sequitur: sicut et ego per omnia omnibus placeo. De hoc commendat Corinthios apostolus, dicens I Cor. XI, 2: laudo vos, fratres, quod per omnia mei memores estis, et sicut tradidi vobis, omnia praecepta mea tenetis. Consequenter cum dicit ex quo totum corpus, etc., ostendit veritatem Christi per quem crescere debeamus. Ubi sciendum est, quod corpus naturale tria habet, scilicet compactionem membrorum ad invicem, ligationem per nervos et mutuam subministrationem. I Cor. XII, 16 s.: si dixerit pes: quoniam non sum manus, non sum de corpore; num ideo non est de corpore? Et si dixerit auris: quoniam non sum oculus, non sum de corpore, et cetera. Si totum corpus est odoratus, ubi auditus? Spiritualiter ergo, sicut unum corpus efficitur ex multis his tribus modis, scilicet per compactionem seu adunationem, per ligationem et per mutuam operationem et subventionem: ita et omnia, quae sunt a capite corporali, scilicet compactio, nervorum ligatio, ad opus motio, fluunt a capite nostro Christo in corpore Ecclesiae. Et, primo, compactio per fidem; unde dicit ex quo, scilicet Christo, qui est caput nostrum, ut modo dictum est, totum corpus compactum est, id est, coadunatum. Ps. CXLVI, 2: dispersiones Israel congregabit. Ha. II, 5: congregabit ad se omnes gentes, et coacervabit ad se omnes populos. De hoc dicitur Col. II, 19: caput ex quo totum corpus per nexus et coniunctiones subministratum et constructum crescit in augmentum Dei. Secundo, fluit a Christo capite in corpus Ecclesiae suae mysticum connexio et colligatio, quia oportet adunata aliquo nexu vel vinculo necti, vel colligari. Et propter hoc dicit et connexum per omnem iuncturam subministrationis, id est per fidem et charitatem, quae connectunt et coniungunt membra corporis mystici ad mutuam subministrationem. Eccli. XXXIX, 39: omnia opera domini bona, et omne opus hora sua subministrabit. Unde ipse apostolus, confidens de ista mutua subministratione quae est inter membra Ecclesiae per divinam coniunctionem, dicebat Ph. I, 19: scio enim, quia hoc proveniet in salutem per vestram orationem et subministrationem spiritus Iesu Christi. Tertio, a capite Christo in membris, ut augmententur spiritualiter, influitur virtus actualiter operandi. Unde dicit secundum mensuram uniuscuiusque membri, augmentum corporis facit; quasi dicat: non solum a capite nostro Christo est membrorum Ecclesiae compactio per fidem, nec sola connexio, vel colligatio per mutuam subministrationem charitatis, sed certe ab ipso est actualis membrorum operatio sive ad opus motio, secundum mensuram et competentiam cuiuslibet membri. Unde dicit, quod facit augmentum corporis secundum operationem et mensuram uniuscuiusque membri, debite mensurati; quia non solum per fidem corpus mysticum compaginatur, nec solum per charitatis subministrationem connectentem augetur corpus; sed per actualem compositionem ab unoquoque membro egredientem, secundum mensuram gratiae sibi datae, et actualem motionem ad operationem, quam Deus facit in nobis. Unde Is. XXVI, 12: omnia opera nostra operatus es in nobis. Idem vero Deus, qui operatur omnia in omnibus, ut dicitur I Cor. XII, 6. Et haec expositio concordat glossatori. Sed ad quid augmentat Deus unumquodque membrum? Ut corpus aedificet. Supra II, 21: in quo omnis aedificatio constructa crescit in templum sanctum in Domino, in quo et vos coaedificamini, et cetera. Unde I Cor. III, 9: Dei aedificatio estis. Et haec omnia fiunt in charitate, quia, ut dicitur I Cor. VIII, 1: charitas aedificat. Vel in charitate facit Deus haec omnia, id est ex mera dilectione. Jr. XXXIII, 3: in charitate perpetua dilexi te, ideo attraxi te miserans. Rursusque: aedificabo, et aedificaberis. Hoc est ergo quod dicit in aedificationem sui in charitate.

 

Lectio 6

Super Eph., cap. 4 l. 6 Supra monuit apostolus Ephesios ut manerent in ecclesiastica unitate, describendo modum eius et formam, in hac parte docet eos viam per quam possint manere in ecclesiastica unitate. Et circa hoc duo facit. Primo proponit praecepta, per quae possunt manere in ecclesiastica unitate; secundo ostendit potestatem hanc ad implenda praecepta in fine epistolae, ibi de caetero, fratres, confortamini, et cetera. Prima in duas. Primo proponit praecepta ad omnes; secundo pertinentia ad singulos gradus Ecclesiae, ibi mulieres viris suis subditae sint, et cetera. Prima in duas. Primo ponit quaedam praecepta generalia ad quae reducuntur omnia alia; secundo ponit specialia, ibi propter quod deponentes mendacium, et cetera. Prima iterum in duas, quia cum intentio apostoli sit eos revocare a vetere consuetudine ad novam Christi doctrinam, primo ostendit doctrinam Christi esse contrariam antiquae perversitati gentilitatis; secundo inducit eos, ut eam deponant et eam, quae Christi est assumant, ibi deponite vos secundum pristinam, et cetera. Prima in duas, quia primo describit conversationem gentilium; secundo ostendit, quod ei contrariatur doctrina Christi, ibi vos autem non ita, et cetera. Prima in tres. Primo hortatur eos, ut declinent conversationem gentilium; secundo describit eam quantum ad interiorem animum, ibi tenebris obscuratum, etc.; tertio quantum ad exteriorem modum, ibi qui desperantes, et cetera. Dicit ergo: ad hoc quod possitis implere ea, quae dicta sunt, dico, id est non obsecro, ut prius, sed dico, et testificor, hoc quod dixi. Ga. V, 3: testificor autem omni homini rursum circumcidenti se, quoniam debitor est universae legis faciendae. II Tm. IV, 1: testificor coram Deo et Christo Iesu, et cetera. Et quid? Ut iam, scilicet tempore fidei et conversionis ad Christum, quia iam vos mundi estis, Jn. XIII, 10, non ambuletis, id est vivatis. Ga. V, 25: si Spiritu vivimus, Spiritu et ambulemus, et cetera. Et hoc sicut et gentes ambulant. I Cor. XII, 2: scitis, quoniam cum gentes essetis, ad simulacra muta prout ducebamini euntes, et cetera. Non sic igitur ambuletis. Pr. I, 15: fili mi, ne ambules cum eis, prohibe pedem tuum a semitis eorum, et cetera. Consequenter cum dicit in vanitate sensus sui, reddit causam huius prohibitionis. Ubi notandum est, quod cum ambulare spiritualiter sit proficere, secundum illud Is. XXVI, 7: rectus callis iusti ad ambulandum, et cetera. Gn. XVII, 1: ambula coram me, et esto perfectus, dicitur Abrahae, ad hoc ergo ut homo iuste ambulet, id est spiritualiter proficiat, oportet tria, quae in ipso sunt, regulari et ordinari. In homine enim est ratio iudicans de particularibus agendis; item, intellectus universalium principiorum, qui est synderesis; tertio, lex divina seu Deus. Quandocumque ergo aliquis secundum ista tria sibi invicem ordinata dirigitur, ita quod actio ordinetur secundum iudicium rationis, et haec, scilicet ratio, iudicet secundum intellectum rectum, vel synderesim, et haec, scilicet synderesis, ordinetur secundum legem divinam, tunc actio est bona et meritoria. Sed vita gentilium non est talis, imo deficit in praedictis tribus; quia, primo, deficit a ratione iudicante, quia ambulant in vanitate sensus sui. Sensus autem est vis apprehensiva, per quam iudicamus singularia. Unde aliquis homo rectus dicitur quando bene iudicat de agendis. Sed sensus iste quandoque est rectus, quandoque est vanus. Rectus dicitur, quando debita regula regitur, qua venit ad debitum finem; vanus autem quando, indebita regula ductus, non venit ad debitum finem. Sg. XIII, 1: vani sunt omnes homines in quibus non subest scientia Dei, et cetera. Rm. I, 21: evanuerunt in cogitationibus suis, et cetera. Jr. II, 5: ambulaverunt post vanitates suas, et vani facti sunt. Quare? Quia certe ratio istorum in agendis non dirigebatur ab intellectu illuminato, sed erroneo. Et hoc est quod ait tenebris obscuratum habentes intellectum. Rm. I, 21: obscuratum est insipiens cor eorum. Ps. LXXXI, 5: nescierunt, neque intellexerunt, in tenebris ambulant. Et ratio est, quia tales non sunt participes divini luminis, seu legis divinae illuminantis et regulantis; propter quod subdit alienati a vita Dei, id est a Deo, qui est vita animae. Jn. XIV, 6: ego sum via, veritas, et vita. Vel, a vita Dei, id est a charitate et gratia spirituali, qua anima vivit formaliter. Rm. VI, 23: gratia autem Dei vita aeterna. Isti autem erant sine spe vitae aeternae, quia ponebant mortalitatem animae contra fidem et spem. Sg. II, 22: nescierunt sacramenta Dei, neque speraverunt mercedem iustitiae, neque iudicaverunt honorem animarum sanctarum, et cetera. Vel a vita Dei, id est a vita sancte vivendi, quae est per fidem. Ga. II, 20: vivo ego, iam non ego, et cetera. Iustus autem ex fide vivit, ut dicitur Rm. I, 17. Vel quae est per charitatem. I Jn. III, 14: nos scimus, quia translati sumus de morte ad vitam, quoniam diligimus fratres, et cetera. Non sic autem isti, sed magis alienati. Modum autem huius alienationis tangit, scilicet per ignorantiam non stellarum vel cursus siderum, sed naturae divinae, I Cor. XV, 33: ignorantiam quidem Dei quidam habent, quia certe tunc solum in Iudaea notus erat Deus, sed modo, ut dicitur Ac. XVII, 30: tempora huius ignorantiae despiciens Deus, nunc annuntiat hominibus, ut omnes ubique poenitentiam agant, et cetera. Huius autem ignorantiae Deus non erat causa quantum de se erat, ut dicitur Rm. I, 19: Deus enim illis revelavit, sed certe causa erat illis propter caecitatem cordis ipsorum. Et vere dicit caecitatem eo quod ex creaturis non poterant venire in notitiam creatoris, quia, ut dicitur Sg. II, 21, excaecavit eos malitia eorum; et sequitur: et nescierunt sacramenta Dei, neque mercedem speraverunt iustitiae. Et hoc est quod sequitur qui desperantes, etc., ubi ostendit apostolus quales erant in exteriori conversatione, quoniam sine spe, et hoc quia alienati a vita. Jb VII, 16: desperavi, nequaquam ultra iam vivam, et cetera. Jr. XVIII, 12: desperavimus, post cogitationes enim nostras ibimus, et unusquisque post pravitatem cordis sui malefaciemus. Et hoc est quod sequitur tradiderunt semetipsos impudicitiae, et cetera. Et hoc legi potest dupliciter, vel separatim, ut dicatur in avaritia, quia avari erant. Rm. I, 29: repletos omni iniquitate et malitia, fornicatione, avaritia. He. XIII, 5: sint mores sine avaritia, etc., quia, ut dicitur Eccli. X, 9: avaro nihil est scelestius. Propter quod Ha. II, 9: vae qui congregat avaritiam malam domui suae, et cetera. Potest etiam legi coniunctim cum praecedentibus, ut dicatur in avaritia, id est avare, ita ut sit modificans praecedentia. Et secundum hoc aggravat eorum vitam tripliciter; quia, primo, peccaverunt non ex passione, sed potius ex electione, unde dicit tradiderunt semetipsos impudicitiae; quasi dicat: non passionibus, vel infirmitate peccaverunt, sed semetipsos tradiderunt, et cetera. Jdt VII, 15: sponte tradamus nos omnes populo Holofernis, et cetera. II Cor. XII, 21: non egerunt poenitentiam super immunditia quam gesserunt, et cetera. Secundo, ex actuali effrenatione. II P. II, 10: post carnem in concupiscentiam immunditiae ambulant, et cetera. Et ideo dicit in operationem omnis immunditiae. Ez. XIV, 3: isti posuerunt immunditias suas in cordibus suis, et cetera. Tertio, aggravatur eorum peccatum ex continuatione, quia incessanter peccabant. Os. IV, 10: fornicati sunt, et non cessaverunt, quoniam Dominum reliquerunt. Unde dicit in avaritiam, id est ardenter, et appetitu continuo, et insatiabili. II P. II, 14: oculos habentes plenos adulterii et incessabilis delicti, pellicientes animas instabiles, cor exercitatum in avaritia habentes, maledictionis filii, et cetera.

 

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XVII ème Dimanche après la Pentecôte

24 Septembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

XVII ème Dimanche après la Pentecôte

Introït

Vous êtes juste, Seigneur, et pleins de rectitude sont vos jugements : agissez avec votre serviteur selon votre miséricorde. Bienheureux ceux qui sont sans tache dans leurs voies, qui marchent selon la loi du Seigneur.

Collecte

Seigneur, nous vous en prions, donnez à votre peuple la grâce d’éviter l’influence du diable, afin qu’avec un cœur pur, il soit attaché à vous seul, qui êtes son Dieu.

Épitre Ep. 4, 1-6

Mes frères, je vous conjure, moi prisonnier dans le Seigneur, de marcher d’une manière digne de la vocation à laquelle vous avez été appelés : en toute humilité et douceur, avec patience, vous supportant les uns les autres avec charité, vous efforçant de conserver l’unité de l’esprit dans le lien de la paix. Il y a un seul corps et un seul esprit, comme vous avez été appelés à une seule espérance par votre vocation. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. Il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, qui agit par tous, et qui réside en nous tous. Il est béni dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Évangile Mt. 22, 34-46

En ce temps-là, les pharisiens s’approchèrent de Jésus, et l’un d’eux, docteur de la loi, lui demanda pour le tenter : Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ?

Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de tout ton esprit. C’est là le plus grand et le premier commandement. Mais le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Dans ces deux commandements sont renfermés la loi et les prophètes.

Les pharisiens étant rassemblés, Jésus les interrogea, en disant : Que vous semble du Christ ? De qui est-il fils ?

Ils lui répondirent de David.

Il leur dit : Comment donc David l’appelle-t-il en esprit son Seigneur, en disant : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie fait de tes ennemis l’escabeau de tes pieds ? Si donc David l’appelle son Seigneur, comment est-il son fils ?

Et personne ne pouvait rien lui répondre, et, depuis ce jour, nul n’osa plus lui proposer des questions.

Secrète

Nous adressons d’humbles supplications à votre Majesté, Seigneur, pour que ces saints mystères que nous célébrons, nous délivrent des fautes passées et nous préservent des futures.

Postcommunion

Qu’au moyen de vos saints mystères, Dieu tout-puissant, nos vices soient guéris, et des remèdes donnés à nos âmes en vue de l’éternité.

Office

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Jean Chrysostome.

Septième leçon. Les sadducéens acculés au silence, les pharisiens reviennent à la charge. Ils auraient dû pourtant se tenir tranquilles. Les voici qui continuent la lutte des premiers et poussent en avant le docteur de la loi. Ils n’ont nullement l’intention de s’instruire, mais ils s’affairent à tendre un piège. Ils demandent : « Quel est le premier commandement ? » Comme le premier commandement était celui-ci : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu », ils proposent la question dans l’espoir que Jésus leur donnera prise en corrigeant ce commandement pour démontrer qu’il est Dieu. Que fait donc le Christ ? Il veut démasquer le motif de leur conduite : ils n’ont aucune charité, ils se rongent d’envie, ils sont captifs de la jalousie. Alors il dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. C’est là le premier, le grand commandement et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Huitième leçon. Pourquoi « il lui est semblable » ? Parce que l’un introduit à l’autre qui en reçoit sa structure à son tour. « En effet, tous ceux qui font le mal haïssent la lumière et ne viennent pas à la lumière ». Et encore : « L’insensé a dit en son cœur : Non, plus de Dieu ! ». Et quelle est la conséquence ? « Corrompues et abominables leurs actions ! ». Et encore : « La racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent, et certains pour s’y être laissé prendre, se sont égarés loin de la foi », et « Celui qui m’aime gardera mes commandements », ses commandements et leur chef de file : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même. »

Neuvième leçon. Pourtant si aimer Dieu, c’est aimer le prochain, (« Si tu m’aimes, Pierre, dit-il, conduis mes brebis ») et si aimer le prochain réalise l’observance des commandements, il dit à bon droit : « De ceux-ci dépendent toute la Loi et les Prophètes. » Certes, il agit ici aussi comme il l’avait fait précédemment. Interrogé alors sur la modalité de la résurrection, il a enseigné aussi la résurrection, les initiant à plus qu’ils n’en demandaient. Ici encore, interrogé sur le premier commandement, il exprime aussi le second qui ne s’en écarte guère, puisque le second lui est semblable, leur insinuant qu’à l’origine de leur question, il y avait de la haine, car « la charité n’est pas jalouse ».

L’Évangile qu’on lit aujourd’hui à la Messe du dix-septième Dimanche, lui a fait donner le nom de Dimanche de l’amour de Dieu, depuis que l’Évangile de l’hydropique et des conviés aux noces a été transféré huit jours plus tôt. Plus anciennement encore et primitivement, on y lisait un autre passage du livre sacré qui ne se retrouve plus dans la série des Dimanches après la Pentecôte ; c’était le récit de la difficulté proposée par les Sadducéens à l’Homme-Dieu contre la résurrection des morts, et la réponse du Seigneur .

A LA MESSE.

Les décisions de Dieu sont toujours équitables, soit que, dans sa justice, il confonde les orgueilleux, soit que, dans sa miséricorde, il exalte les humbles. Nous avons vu cet arbitre souverain à l’œuvre, il y a huit jours, dans la distribution des places réservées pour les saints au banquet de l’union divine. Rappelons-nous les prétentions et le sort différents des invités aux noces sacrées, en chantant l’Introït de ce jour, et ne nous réclamons que de la miséricorde.

L’obstacle le plus odieux que rencontre l’amour divin sur la terre est la jalousie de Satan qui cherche à remplacer dans nos âmes, par une usurpation monstrueuse, le grand Dieu pour qui elles sont faites. Unissons-nous à l’Église pour implorer, dans la Collecte, l’assistance surnaturelle qui nous est nécessaire afin d’éviter le contact impur du hideux serpent.

ÉPÎTRE.

L’Église reprend avec saint Paul, dans la lettre aux Éphésiens, l’exposition des grandeurs de ses enfants ; elle les supplie, aujourd’hui, de répondre dignement à leur vocation sublime.

Cette vocation, cet appel de Dieu, nous les connaissons en effet ; c’est l’appel du genre humain aux noces sacrées, la vocation pour nos âmes à régner dans les cieux sur le trône du Verbe, devenu leur Époux et leur Chef. Jadis plus rapproché de l’Épître qu’on vient de lire, l’Évangile précédent trouvait en elle son brillant commentaire, et lui-même expliquait parfaitement le terme de l’Apôtre. « Lorsque vous serez appelé aux noces, disait le Seigneur, quum VOCATUS fueris, prenez la dernière place » ; — « en toute humilité, dit l’Apôtre, montrez-vous dignes de l’appel que vous avez entendu : digne ambuletis vocatione qua VOCATI estis. »

Quelle est donc maintenant la condition dont l’accomplissement doit nous montrer dignes de l’honneur suprême qui nous est fait par le Verbe éternel ? L’humilité, la mansuétude et la patience sont les moyens recommandés pour arriver au but. Mais le but lui-même, c’est l’unité de ce corps immense que le Verbe fait sien dans la célébration des noces mystiques ; la condition qu’exige l’Homme-Dieu de ceux qu’il appelle à devenir, en participation de l’Église son Épouse, os de ses os, chair de sa chair, est de maintenir entre eux une telle harmonie, qu’elle fasse de tous véritablement un même esprit et un seul corps, dans le lien de la paix.

« Lien splendide ! s’écrie saint Jean Chrysostome ; lien merveilleux qui nous réunit tous mutuellement, et, tous rassemblés, nous unit à Dieu ! » Sa puissance est celle de l’Esprit-Saint lui-même, toute de sainteté et d’amour ; car c’est l’Esprit qui forme ses nœuds immatériels et divins, l’Esprit faisant l’office, au sein de la multitude baptisée, de ce souffle vital qui, dans le corps humain, anime à la fois et rallie tous les membres. Par lui jeunes gens et vieillards, pauvres et riches, hommes et femmes, distincts de race et de caractère, ne sont plus qu’un seul tout comme en fusion dans l’immense embrasement dont brûle sans fin l’éternelle Trinité. Mais pour que l’incendie de l’amour infini puisse s’emparer ainsi de l’humanité régénérée, il faut qu’elle soit purgée des rivalités, des rancunes, des dissensions qui montreraient qu’elle est encore charnelle, et peu accessible dès lors à la divine flamme comme à l’union qu’elle produit. De même en effet , selon la belle comparaison de saint Jean Chrysostome, de même que le feu, quand il trouve les diverses variétés de bois qu’on offre à son action préparés par une dessiccation suffisante, ne fait de tous qu’un seul bûcher, mais ne peut, s’ils sont encore humides, ni prendre sur eux isolément, ni les unir ensemble : ainsi en est-il dans l’ordre du salut ; l’humidité malsaine des passions ne laisse point prise à l’Esprit sanctificateur, et L’union, condition et but de l’amour, est dès lors impossible.

Lions-nous donc à nos frères par cette chaîne bienheureuse de la charité, qui n’immobilise que nos petites passions et dilate nos âmes au contraire, en permettant à l’Esprit de les conduire sûrement à la réalisation de l’unique espoir de notre commune vocation, qui est de nous unir à Dieu dans l’amour. Sans doute, même entre les saints ici-bas, la charité reste une vertu laborieuse, parce que, chez les meilleurs eux-mêmes, la grâce arrive rarement à restaurer sans défectuosité aucune l’équilibre des facultés rompu par le péché d’origine ; il en résulte que l’infirmité, les excès ou les fuites de la pauvre nature se font sentir, non seulement à l’humilité du juste, mais encore quelquefois, il ne l’ignore pas, à la patience bienveillante de ceux qui l’entourent. Dieu le permet pour accroître ainsi le mérite de tous, et raviver en nous le désir du ciel. Là seulement en effet, nous retrouverons facile autant que pleine harmonie avec nos semblables, par la pacification complète de nous-mêmes sous l’empire absolu du Dieu trois fois saint devenu tout en tous. Dans cette patrie fortunée, Dieu même séchera les pleurs de ses élus sur leurs misères, en renouvelant leur être à sa source infinie. Le Fils éternel, ayant en chacun de ses membres mystiques aboli l’empire des puissances ennemies et vaincu la mort, apparaîtra, dans la plénitude du mystère de son incarnation, comme la tête véritable de l’humanité, sanctifiée, restaurée et développée en lui ; il tressaillira de voir arrivées à la mesure qui leur convenait, grâce aux soins de l’Esprit sanctificateur, les diverses parties de ce corps merveilleux qu’il voulut s’agréger par le lien de l’amour, pour célébrer à jamais, dans le concert du Verbe et de la création, la gloire de la Trinité souveraine. Combien alors seront dépassées les harmonies de la terre d’exil ! Combien l’accord des chœurs les plus parfaits de ce monde paraîtra discordant, auprès de cet ensemble, de cette harmonie, de cet accord éternel ! Préparons-nous pour le céleste concert ; prenons soin d’ajuster nos voix, en disposant dès maintenant nos cœurs à cette plénitude de l’amour, qui n’est point d’ici-bas, mais que nous devons mériter par nos efforts et le support patient des défauts de nos frères et des nôtres.

ÉVANGILE.

L’Homme-Dieu laissa la tentation approcher de sa personne sacrée au désert, et ne dédaigna point de subir les attaques que la ruse haineuse du démon lui suggère depuis le commencement pour perdre les hommes ; Jésus voulait apprendre aux siens la manière dont ils devaient repousser les assauts de l’esprit du mal. Aujourd’hui notre Chef adoré, qui veut être le modèle de ses membres en toutes leurs épreuves, nous apparaît aux prises, non plus avec la perfidie de Satan, mais avec l’hypocrisie de ses pires ennemis, les Pharisiens. Ils cherchent à le perdre en le surprenant dans ses paroles, ainsi que le feront jusqu’à la fin des temps, contre son Église, les représentants du monde ennemi qu’il a condamné.

Mais de même que son Époux divin, l’Église, assistée par lui pour continuer son œuvre sur la terre au milieu des mêmes tentations et des mêmes embûches, trouvera dans sa fidélité aussi simple qu’inébranlable à la loi de Dieu et à la vérité le secret de toutes les victoires. Les hérétiques, suppôts de Satan, les princes du monde, rongeant le frein imposé par le christianisme à leur ambition et à leurs convoitises, tenteront vainement de circonvenir la dépositaire des oracles divins par leurs propositions ou leurs questions captieuses. Mise en demeure de parler, elle parlera toujours ; qu’est-elle, en effet, comme Épouse de ce Verbe divin qui est la parole éternelle du Père ? Que peut-elle être, qu’une voix pour l’annoncer aux hommes ou le chanter dans les cieux ? Mais aussi, non seulement sa parole, revêtant la force et la pénétration de Dieu même, ne sera jamais sujette à surprise ; comme un glaive à deux tranchants, presque toujours elle ira plus loin que n’eussent voulu les questionneurs hypocrites de l’Église, en confondant leurs sophismes et en mettant à nu les intentions criminelles de leurs cœurs. De leur tentative sacrilège il ne restera pour eux que la honte, avec le dépit d’avoir amené la glorification de la vérité sous un nouveau jour et accru la lumière pour les enfants soumis de la Mère commune.

Ainsi advint-il aux Pharisiens de notre Évangile. Ils voulaient voir, dit l’Homélie du jour, si le Sauveur, qui se proclamait Dieu, n’ajouterait point à cause de cela quelque chose au commandement de l’amour divin, afin de pouvoir ensuite le condamner comme ayant tenté de corrompre la lettre du plus grand des préceptes de la loi. Mais l’Homme-Dieu déjoue leurs pensées ; il rappelle à ceux qui l’interrogent sur le grand commandement le texte même du décalogue, et continuant la citation, il montre qu’il n’ignore point le mobile secret qui les pousse, en leur rappelant aussi le second commandement, semblable au premier, le commandement de l’amour du prochain qui condamne leurs homicides menées. Ils sont ainsi convaincus de n’aimer ni le prochain, ni Dieu même, puisque le premier commandement ne peut être observé sans le second qui en découle et le complète.

Cependant le Seigneur achève de les confondre et les contraint à reconnaître eux-mêmes implicitement la divinité du Messie. Interrogés à leur tour, ils avouent que le Christ doit descendre de David ; mais, s’il est son fils, comment David l’appelle-t-il son Seigneur aussi bien qu’il le fait pour Dieu même, dans le psaume CIX où il chante les grandeurs du Messie ? La seule explication possible est que le Messie, qui devait dans le temps et comme homme sortir de David, était Dieu et Fils de Dieu dès avant tous les temps, selon la parole du même psaume : Je vous ai engendré de mon sein avant l’aurore. Cette réponse qui les eût condamnés, les Pharisiens ne la donnèrent pas ; mais leur silence était un aveu, en attendant que la vengeance du Père contre ces vils ennemis de son Christ accomplît la prophétie, et fît d’eux l’escabeau de ses pieds dans le sang et la honte, au jour terrible des justices de Jéhovah sur la ville déicide.

Nous, chrétiens, pour la plus grande honte de l’enfer qui suscita contre le Fils de Dieu les embûches de la synagogue expirante, sachons tirer de ces efforts de la haine une instruction qui profite à l’amour. Les Juifs, en rejetant Jésus-Christ, manquèrent à la fois aux deux préceptes qui constituent la charité et résument toute la loi ; si nous aimons Jésus-Christ au contraire, pour la même raison toute la loi se trouve accomplie.

Splendeur de la gloire éternelle, un par nature avec le Père et l’Esprit-Saint, il est le Dieu que nous prescrit d’aimer le premier commandement ; et le second, d’autre part, ne trouve qu’en lui d’application possible. Car non seulement il est homme aussi véritablement qu’il est Dieu ; mais encore il est l’homme par excellence : l’homme parfait, sur le type duquel et pour qui ont été formés tous les autres ; leur modèle et leur frère à tous ; le chef en même temps qui les régit comme roi, qui les offre à Dieu comme pontife ; la tête qui communique à tous les membres de l’humanité beauté et vie, mouvement et lumière ; le rédempteur de cette humanité tombée, et doublement dès lors la source de tout droit, la dernière et la plus haute raison, sinon l’objet direct, de tout amour légitime ici-bas. Rien ne compte qu’en lui devant Dieu. Dieu n’aime les hommes, dit saint Augustin, que parce qu’ils sont les membres de son Fils ou qu’ils peuvent le devenir ; c’est son Fils qu’il aime en eux tous : il aime ainsi d’un même amour, quoique non également, et son Verbe, et la chair de son Verbe, et les membres de son Verbe fait chair. Or la charité, c’est l’amour tel qu’il est en Dieu, communiqué par l’Esprit-Saint aux créatures. Ce que nous devons donc aimer par la charité en nous et dans autrui, c’est le Verbe divin comme étant dans les autres et en nous-mêmes, ou pour qu’il y soit, d’après une autre expression de l’évêque d’Hippone.

Mais par suite, en dehors des damnés bannis pour jamais du corps de l’Homme-Dieu, gardons-nous d’exclure personne de l’amour. Qui peut se vanter d’avoir la charité du Christ, s’il n’embrasse pas son unité, dit encore saint Augustin ? Qui peut l’aimer, sans aimer avec lui l’Église qui est son corps, sans aimer tous ses membres ? Ce que l’on fait à l’un des plus petits comme aux plus dignes, en bien comme en mal, c’est à lui qu’on le fait, déclare-t-il. Aimons donc le prochain comme nous-mêmes à cause du Christ qui est en chacun de nous, et qui donne à tous union et croissance dans la charité.

Le même Apôtre qui disait : La fin de la loi, c’est la charité, a dit aussi : La fin de la loi, c’est le Christ ; et nous voyons maintenant l’harmonie de ces deux propositions. Nous comprenons également la connexité de la parole de notre Évangile : Dans ces deux commandements sont renfermés toute la loi et les prophètes, et de cette autre parole du Seigneur : Scrutez les Écritures, car elles rendent témoignage de moi. La plénitude de la loi qui règle les mœurs est dans la charité, dont le Christ est le but ; comme l’objet des Écritures révélées n’est autre encore que l’Homme-Dieu résumant dans son adorable unité, pour les siens, la morale et le dogme. Il est leur foi et leur amour, « la fin de toutes nos résolutions, dit saint Augustin ; car tous nos efforts ne tendent qu’à nous parfaire en lui, et c’est là notre perfection, d’arriver jusqu’à lui ; parvenu donc à lui, ne cherche pas au delà : il est ta fin. » Et le saint docteur nous donne, arrivés à ce point, la meilleure formule de l’union divine : « Adhérons à lui seul, jouissons de lui seul, soyons tous un en lui : haereamus uni, fruamur uno, permaneamus unum. »

La belle Antienne de l’Offertoire de ce jour, séparée des Versets qui l’accompagnaient autrefois, ne laisse plus deviner la raison pour laquelle cette place lui fut assignée dès les temps les plus reculés. Nous donnons ici ces Versets à la suite de l’Antienne conservée. Le dernier se termine par la nouvelle de l’arrivée du prince des armées célestes au secours du peuple de Dieu. C’est l’explication désirée, quand on sait, d’autre part, que ce Dimanche ouvre la semaine de la fête du grand Archange sur l’Antiphonaire publié par le Bienheureux Tommasi d’après les manuscrits les plus anciens, et que le Dimanche suivant s’y trouve désigné sous le nom de premier Dimanche après la Saint-Michel (post Sancti Angeli).

 

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Samedi des Quatre-Temps de Septembre

23 Septembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Samedi des Quatre-Temps de Septembre

Collecte

Dieu tout-puissant et éternel, qui guérissez les corps et les âmes par le remède salutaire de l’abstinence, nous supplions humblement votre majesté, afin qu’apaisé par la prière pieuse de ceux qui jeûnent, vous nous donniez des secours pour le présent et pour l’avenir.

Lecture Lv. 23, 26-32

En ces jours-là : le Seigneur parla à Moïse et lui dit : Le dixième jour de ce septième mois sera le jour des expiations ; il sera très solennel et il s’appellera saint ; vous affligerez vos âmes en ce jour-là, et vous offrirez un holocauste au Seigneur. Vous ne ferez aucune œuvre servile dans tout ce jour, parce que c’est un jour de propitiation, afin que le Seigneur votre Dieu vous devienne favorable. Tout homme qui ne se sera point affligé en ce jour-là périra au milieu de son peuple. J’exterminerai encore du milieu de son peuple celui qui en ce jour fera quelque ouvrage. Vous ne ferez donc aucun ouvrage en ce jour-là ; et cette ordonnance sera éternellement observée dans toute votre postérité et dans tous les lieux où vous demeurerez. Ce jour-là vous sera un repos de sabbat, et vous affligerez vos âmes le neuvième jour du mois. Vous célébrerez vos fêtes d’un soir jusqu’à un autre soir, vous observerez votre sabbat, dit le Seigneur tout-puissant.

Lecture Lv. 23, 39-43

En ces jours-là : le Seigneur parla à Moïse et lui dit : Depuis le quinzième jour du septième mois, lorsque vous aurez recueilli tous les fruits de votre terre, vous célébrerez une fête en l’honneur du Seigneur pendant sept jours ; le premier jour et le huitième vous seront des jours de sabbat, c’est-à-dire de repos. Vous prendrez au premier jour des fruits d’un très bel arbre, des branches de palmier, des rameaux d’arbres touffus, et des saules de rivière ; vous vous réjouirez devant le Seigneur votre Dieu, et vous célébrerez chaque année cette fête solennelle pendant sept jours ; cette ordonnance sera observée éternellement dans toute votre postérité. Vous célébrerez cette fête au septième mois, et vous demeurerez sous des tentes de feuillage pendant sept jours ; tout homme qui est de la race d’Israël demeurera sous les tentes, afin que vos descendants apprennent que j’ai fait demeurer les enfants d’Israël sous des tentes, lorsque je les ai tirés de l’Égypte, moi qui suis le Seigneur votre Dieu.

Lecture Mi. 7, 14, 16 et 18-20

O Seigneur notre Dieu, paissez votre peuple avec votre bâton, le troupeau de votre héritage, qui habite solitaire dans la forêt comme aux jours anciens. Les nations verront, et elles seront confondues avec toute leur puissance. O Dieu, qui est semblable à vous, qui enlevez l’iniquité et qui oubliez les péchés des restes de votre héritage ? Il ne lancera plus sa fureur, parce qu’il aime la miséricorde. Il aura encore compassion de nous ; il mettra à ses pieds nos iniquités, et il jettera tous nos péchés au fond de la mer, Vous donnerez la vérité à Jacob, la miséricorde à Abraham, comme vous l’avez juré à nos pères depuis les jours anciens, ô Seigneur notre Dieu.

Lecture Za. 8, 14-19

En ces jours-là : la parole du Seigneur me fut adressée en ces termes : Ainsi parle le Seigneur des armées : Comme j’ai pensé à vous affliger, lorsque vos pères ont provoqué ma colère, dit le Seigneur, et que je n’ai pas eu de pitié, ainsi j’ai pensé, au contraire, en ces jours, à faire du bien à la maison de Juda et à la maison de Jérusalem. Ne craignez, point. Voici donc ce que vous ferez : Dites la vérité chacun à son prochain ; jugez à vos portes selon la vérité et selon la paix. Que nul ne pense dans son cœur le mal contre son ami, et n’aimez pas les faux serments ; car ce sont là toutes choses que je hais, dit le Seigneur. La parole du Seigneur des armées me fut adressée en ces termes : Ainsi parle le Seigneur des armées : Les jeûnes du quatrième, du cinquième, du septième et du dixième mois deviendront pour la maison de Juda des jours de joie et d’allégresse, et de belles solennités. Seulement, aimez la vérité et la paix, dit le Seigneur des armées.

Lecture Dn. 3, 47-51.

En ces jours là : l’ange du Seigneur était descendu dans la fournaise avec Azarias et ses compagnons, et il écartait de la fournaise la flamme de feu. Et il rendit le milieu de la fournaise tel que si un vent de rosée y avait soufflé. La flamme s’élevait quarante-neuf coudées au-dessus de la fournaise ; et, s’étant élancée, elle brûla les Chaldéens qu’elle rencontra près de la fournaise. Et le feu ne les toucha même pas, il ne les blessa point et ne leur causa point le moindre mal. Alors ces trois hommes, comme d’une seule bouche, louaient, glorifiaient et bénissaient Dieu dans la fournaise, en disant :

Bénis soyez-vous, Seigneur, Dieu de nos pères, à Vous louange et gloire éternellement.
Bénis soit le nom de ta gloire qui est saint, à Vous louange et gloire éternellement.
Bénis soyez-vous dans le temple saint de ta gloire, à Vous louange et gloire éternellement.
Bénis soyez-vous sur le saint trône de ton règne, à Vous louange et gloire éternellement.
Bénis soyez-vous sur le sceptre de ta divinité, à Vous louange et gloire éternellement.
Bénis soyez-vous qui siège sur les Chérubins, dominant l’abyme, à Vous la louange et gloire éternellement.
Bénis soyez-vous qui marchez sur les ailes du vent et avances sur les flots de la mer, à Vous la louange et gloire éternellement.
Que tous les Anges et vos saint vous bénissent, qu’ils vous louent et vous glorifient éternellement.
Que les cieux la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent vous bénissent, qu’ils vous louent et vous glorifient éternellement.
Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, louange et gloire éternellement.
Comme il était au commencement, maintenant et dans les siècles des siècles. Amen. louange et gloire éternellement.
Vous êtes  bénis Seigneur, Dieu de nos pères, à Vous  louange et gloire éternellement.

Epitre He. 9, 2-12.

Mes frères : on a construit un tabernacle dans a première partie duquel étaient e chandelier, la table et les pains de proposition, et cette partie s’appelait le Saint. Puis, derrière le second voile était la partie du tabernacle appelée le Saint des saints, renfermant un encensoir d’or, et l’arche d’alliance toute couverte d’or, dans laquelle était une urne d’or contenant la manne, la verge d’Aaron, qui avait fleuri, et les tables de l’alliance. Au-dessus de l’arche étaient les chérubins de la gloire, qui couvraient de leur ombre le propitiatoire. Mais ce n’est pas le moment de parler de cela en détail. Or, ces choses étant ainsi disposées, les prêtres entraient en tout temps dans la première partie du tabernacle, lorsqu’ils exerçaient des fonctions sacerdotales ; mais, dans la seconde, n’entre qu’une fois par an le seul grand-prêtre, non sans y porter du sang, qu’il offre pour son ignorance et pour celle du peuple. L’Esprit-Saint montre par là que le chemin du sanctuaire n’était pas encore ouvert, tant que le premier tabernacle subsistait. C’est une figure pour le temps présent, où l’on offre des dons et des victimes, qui ne peuvent rendre parfait selon la conscience celui qui rend ce culte ; puisqu’ils ne consistaient qu’en diverses ablutions, et en des cérémonies charnelles, imposées seulement jusqu’à une époque de réforme. Mais le Christ étant venu comme pontife des biens futurs, a traversé un tabernacle plus grand et plus parfait, qui n’a pas été fait de main d’homme, c’est-à-dire, qui n’appartient point à cette création, et il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire, non avec le sang des boucs ou des veaux, mais avec son propre sang, ayant obtenu une rédemption éternelle.

Evangile Lc. 13, 6-17

En ce temps-là, Jésus dit à la foule cette parabole : Un homme avait un figuier planté dans sa vigne ; et il vint y chercher du fruit, et n’en trouva point. Alors il dit au vigneron : Voilà trois ans que je viens chercher des fruits sur ce figuier, et je n’en trouve pas ; coupe-le donc : pourquoi occupe-t-il encore le sol ? Le vigneron, répondant, lui dit : Seigneur, laisse-le encore cette année, jusqu’à ce que je creuse tout autour et que j’y mette du fumier ; peut-être portera-t-il du fruit : sinon, tu le couperas ensuite. Or Jésus enseignait dans leur synagogue les jours de sabbat. Et voici qu’il y vint une femme, possédée d’un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; et elle était courbée, et ne pouvait pas du tout regarder en haut. Jésus, la voyant, l’appela auprès de lui et lui dit : Femme, tu es délivrée de ton infirmité. Et il lui imposa les mains ; et aussitôt elle redevint droite, et elle glorifiait Dieu. Mais le chef de la synagogue prit la parole, indigné de ce que Jésus avait opéré cette guérison un jour de sabbat ; et il disait à la foule : Il y a six jours pendant lesquels on doit travailler ; venez donc en ces jours-là, et faites-vous guérir, et non pas le jour du sabbat. Le Seigneur lui répondit, en disant : Hypocrites, est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat, ne délie pas son bœuf ou son âne de la crèche, et ne les mène pas boire ? Et cette fille d’Abraham, que Satan avait liée voilà dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat ? Tandis qu’il parlait ainsi, tous ses adversaires rougissaient ; et tout le peuple se réjouissait de toutes les choses glorieuses qu’il accomplissait.

Postcommunion

Nous vous en supplions, Seigneur, que vos sacrements perfectionnent en nous la grâce qu’ils renferment, en sorte que nous recevions la réalité de ce que nous accomplissons maintenant en figure.

   

 

Office

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Première leçon. Notre Seigneur et Rédempteur, dans son Évangile, s’adresse à nous tantôt par des paroles, tantôt par des faits ; quelquefois il parle d’une façon en paroles, d’une autre, en actions ; parfois il exprime la même chose en paroles qu’en actions. Vous avez en effet, mes frères, entendu parler de deux choses dans- la lecture de l’Évangile : d’un figuier stérile, et d’une femme courbée : au sujet de l’un et de l’autre, notre piété doit s’exercer. Le Sauveur cite le figuier en forme de comparaison, il guérit la femme par un miracle visible aux yeux. Mais le figuier stérile signifie la même chose que la femme courbée, et le figuier qui obtient un délai la même chose que la femme redressée.

Deuxième leçon.Que signifie le figuier, sinon la nature humaine ? Que signifie, que montre la femme courbée, si ce n’est la même nature ? Cette nature a été, et bien plantée comme le figuier, et bien créée comme la femme : mais tombée de son plein gré dans la faute, .elle ne conserve pas le fruit des soins de son maître ni l’état de rectitude. Se jetant en effet vers le péché de sa volonté, elle a perdu la droiture parce qu’elle n’a pas voulu porter les fruits de l’obéissance. Elle, créée à l’image de Dieu, en ne persistant pas dans sa dignité, a dédaigné de conserver l’état dans lequel elle avait été plantée ou créée. C’est pour la troisième fois que le maître de la vigne vient au figuier, parce qu’il a recherché le genre humain avant la loi, sous la loi, sous le règne de la grâce : en l’attendant, en l’avertissant, en le visitant.

Troisième leçon. Il est venu avant la loi, parce que chacun, par son intelligence naturelle, a appris comment il devait agir à l’égard de son prochain. Il est venu sous la loi, parce qu’il a enseigné par des préceptes. Il est venu après la loi, par la grâce, parce qu’il a montré, en la faisant paraître, la présence de sa bonté. Et cependant il se plaint de n’avoir pas, en trois ans, trouvé de fruit, parce que la loi naturelle, qui nous est innée, ne corrige pas les esprits de certains hommes pervers, que les préceptes ne les instruisent pas, que les miracles de son incarnation ne les convertissent pas. Qu’est-ce qui est signifié par celui qui cultive la vigne, sinon l’ordre des supérieurs ? Eux qui, en dirigeant l’Église, s’occupent assurément de la vigne du Seigneur.

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Vendredi des Quatre-Temps de Septembre

22 Septembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Vendredi des Quatre-Temps de Septembre

Collecte

Faites-nous la grâce, nous vous en prions, Dieu tout-puissant, qu’en observant religieusement chaque année ces saintes pratiques, nous vous soyons agréables, et dans nos corps et dans nos âmes.

Office

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Première leçon. Quel est donc celui que représente le Pharisien présumant de sa fausse justice, si ce n’est le peuple juif ; quelle est celle que désigne la femme pécheresse, suivant les pas du Seigneur et pleurant, si ce n’est la Gentilité convertie ? Elle vint avec un vase d’albâtre, répandit le parfum, se tint en arrière aux pieds du Seigneur, inonda ses pieds de ses larmes, les essuya avec ses cheveux, et elle ne cessa de baiser ces mêmes pieds qu’elle inondait et essuyait. C’est donc nous que cette femme représente, si, après nos péchés, nous retournons au Seigneur de tout cœur, si nous imitons les pleurs de sa pénitence. Que veut en effet dire ce parfum, si ce n’est la bonne odeur de notre réputation ? C’est pourquoi saint Paul dit : « Nous sommes en tout lieu pour Dieu la bonne odeur du Christ. »

Deuxième leçon.Si donc nous faisons des œuvres bonnes, qui répandent dans l’Église l’odeur d’une bonne réputation, que faisons-nous en ce qui concerne le corps du Seigneur, sinon de l’inonder de parfum ? Mais la femme se tint aux pieds de Jésus : nous nous mettons devant les pieds du Seigneur quand nous nous opposons à ses voies par nos péchés ; mais si nous nous convertissons après nos fautes et embrassons une pénitence sincère, alors nous nous tenons en arrière, à ses pieds, car nous voulons suivre ses pas au lieu de les arrêter. La femme arrose ses pieds de ses larmes : ce que nous faisons aussi vraiment si, par un sentiment de compassion, nous nous inclinons vers le moindre des membres du Seigneur, si nous prenons part à la souffrance de ses saints dans la tribulation ; si, leur tristesse, nous la considérons comme notre tristesse.

Troisième leçon.Nous essuyons donc de nos cheveux les pieds du Seigneur, lorsque nous montrons notre pitié pour ses saints, auxquels nous compatissons par charité, même au moyen de notre superflu : de telle façon que notre esprit souffre dans sa compassion, au point qu’une main généreuse montre le sentiment vif de la douleur. Celui-là en effet mouille de ses larmes les pieds du Rédempteur, mais ne les essuie pas de ses cheveux, qui compatit, il est vrai, à la douleur de son prochain, mais ne lui vient pas en aide de son superflu. Il pleure, mais il n’essuie pas, celui qui lui présente les paroles de la douleur, mais qui, ne lui présentant pas ce qui lui manque, n’enlève pas du tout la force de la douleur. La femme baise les pieds qu’elle essuie ; ce que nous aussi nous faisons véritablement, si nous aimons ardemment ceux que nous soutenons de notre libéra- ;lité, de façon que le besoin du prochain ne nous soit pas à charge ; que son indigence, que nous soulageons, ne nous soit pas un fardeau et que, alors que la main présente le nécessaire, notre esprit ne soit pas engourdi loin de l’affection.

 

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Saint Matthieu apôtre et évangéliste

21 Septembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Matthieu apôtre et évangéliste

Collecte

Que les prières du bienheureux Apôtre et Évangéliste Matthieu nous viennent en aide, Seigneur, afin que les grâces que notre insuffisance ne peut obtenir nous soient accordées grâce à son intercession.

Lecture Ez. 1, 10-14

Voici l’apparence des visages des quatre animaux : ils avaient tous les quatre une face d’homme, une face de lion à leur droite, et une face de bœuf à leur gauche, et une face d’aigle au-dessus d’eux quatre. Leurs faces et leurs ailes s’étendaient en haut ; deux de leurs ailes se joignaient, et deux couvraient leurs corps. Chacun d’eux marchait devant soi ; ils allaient où l’Esprit les poussait, et ils ne se retournaient point en marchant. Et l’aspect des animaux ressemblait à celui de charbons de feu ardents et à celui de lampes allumées. On voyait courir au milieu des animaux des flammes de feu, et de ce feu sortaient des éclairs. Et les animaux allaient et revenaient comme des éclairs flamboyants.

Office

AU DEUXIÈME NOCTURNE.
Quatrième leçon. L’apôtre et Évangéliste Matthieu, appelé aussi Lévi, était assis à son comptoir, lorsque le Christ lui fit entendre son appel. Il le suivit sans tarder et le reçut à sa table, lui et les autres disciples. Après la résurrection du Christ, avant de quitter la Judée pour la contrée qui lui était échue à évangéliser, il écrivit le premier, en hébreu, l’Évangile de Jésus-Christ, pour les Juifs convertis. Puis il partit pour l’Éthiopie, où il prêcha la bonne nouvelle, confirmant sa doctrine par de nombreux miracles.
Cinquième leçon. On doit citer en première ligne le miracle qu’il opéra en ressuscitant la fille du roi ; ce prodige convertit à la foi du Christ le roi, père de la jeune fille, la reine, et toute la contrée. A la mort du roi, Hirtacus, son successeur, voulut épouser la princesse Iphigénie, de race royale. Mais comme celle-ci avait voué à Dieu sa virginité, sur le conseil de Matthieu, et qu’elle persistait dans son pieux dessein, Hirtacus donna l’ordre de tuer l’Apôtre, tandis qu’il célébrait à l’autel les saints Mystères. La gloire du martyre couronna sa carrière apostolique, le onze des calendes d’octobre. Son corps fut transporté à Salerne, et déposé peu après, Grégoire VII étant souverain Pontife, dans l’église consacrée sous son vocable, et il y reçoit de la part de nombreux fidèles, un culte de pieuse vénération.


On lit pour 6ème Leçon, la 4ème Leçon du Commun.
AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Jérôme, Prêtre.
Septième leçon. Les autres Évangélistes, par respect et honneur pour Matthieu, se sont abstenus de lui donner son nom populaire et ils l’ont appelé Lévi ; il eut en effet ces deux noms. Quant à lui, suivant ce que dit Salomon : « Le juste est le premier accusateur de lui-même ; » et : « Confesse tes péchés, afin d’être justifié, » il s’appelle Matthieu et se déclare publicain, pour montrer à ceux qui le liront que nul ne doit désespérer du salut, pourvu qu’il embrasse une vie meilleure, puisqu’on voit en sa personne un publicain tout à coup changé en Apôtre.
Huitième leçon. Porphyre et l’empereur Julien relèvent ici sous forme d’accusation, ou l’ignorance d’un historien inexact ou la folie de ceux qui suivirent immédiatement le Sauveur, comme s’ils avaient inconsidérément obéi à l’appel du premier venu ; tandis qu’au contraire, Jésus avait déjà opéré beaucoup de miracles et de grands prodiges, que les Apôtres avaient certainement vus avant de croire. D’ailleurs l’éclat et la majesté de la divinité cachée en lui reflétés jusque sur sa face, pouvaient dès le premier aspect, attirer à lui ceux qui le voyaient ; car si l’on dit que l’aimant et l’ambre ont la propriété d’attirer les anneaux de fer, les tiges de blé, les brins de paille, combien plus le Seigneur de toutes choses pouvait-il attirer à lui ceux qu’il appelait ?
Neuvième leçon. « Or il arriva que Jésus étant à table dans la maison, beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent s’y asseoir avec lui. » Ils voient que ce publicain, passé d’un état de péché à une vie meilleure, avait été admis à la pénitence ; et c’est pour cela qu’eux-mêmes ne désespèrent pas de leur salut. Mais ce n’est pas en demeurant dans leurs mauvaises habitudes qu’ils viennent à Jésus, ainsi que les Pharisiens et les Scribes le disent avec murmure. C’est en faisant pénitence, comme le marque le Seigneur dans la réponse qui suit : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice ; car je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. » Aussi le Seigneur allait-il aux repas des pécheurs, pour avoir l’occasion de les instruire et de servir à ceux qui l’invitaient, des aliments spirituels.

 

 

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