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Regnum Galliae Regnum Mariae

Nativité de Saint Jean-Baptiste

24 Juin 2017 , Rédigé par Ludovicus

Nativité de Saint Jean-Baptiste

Introït

Des le sein de ma mère, le Seigneur m’a appelé par mon nom : Il a rendu ma bouche semblable à un glaive acéré, il m’a protégé à l’ombre de sa main, il a fait de moi comme une flèche choisie. Il est bon de louer le Seigneur : et de célébrer votre nom, ô très-haut.

Collecte

Dieu, vous nous avez rendu ce jour vénérable par la nativité du bienheureux Jean : accordez à votre peuple la grâce des joies spirituelles ; et dirigez les âmes de tous les fidèles dans la voie du salut éternel.

Lecture

Îles, écoutez, et vous, peuples lointains, soyez attentifs. Le Seigneur m’a appelé dès le sein de ma mère ; lorsque j’étais encore dans ses entrailles, il s’est souvenu de mon nom. Il a rendu ma bouche semblable à un glaive acéré, il m’a protégé à l’ombre de sa main ; il a fait de moi comme une flèche choisie, il m’a caché dans son carquois. Et il m’a dit : Tu es mon serviteur, Israël, et je me glorifierai en toi. Et maintenant le Seigneur dit, lui qui m’a formé dès le sein de ma mère pour être son serviteur : voici que je t’ai établi pour être la lumière des nations, et mon salut jusqu’à l’extrémité de la terre. Les rois verront et les princes se lèveront, et ils adoreront, à cause du Seigneur qui a été fidèle, et du Saint d’Israël qui t’a choisi.

Evangile

Le temps où Élisabeth devait enfanter s’accomplit, et elle mit au monde un fils. Ses voisins et ses parents apprirent que le Seigneur avait signalé envers elle sa miséricorde, et ils l’en félicitaient. Et il arriva qu’au huitième jour ils vinrent pour circoncire l’enfant, et ils l’appelaient Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère, prenant la parole, dit : Non, mais il sera appelé Jean. Ils lui dirent : II n’y a personne dans ta famille qui soit appelé de ce nom. Et ils faisaient des signes à son père, pour savoir comment il voulait qu’on l’appelât. Et, demandant des tablettes, il écrivit : Jean est son nom. Et tous furent dans l’étonnement. Au même instant, sa bouche s’ouvrit, et sa langue se délia, et il parlait en bénissant Dieu. Et la crainte s’empara de tous leurs voisins, et, dans toutes les montagnes de la Judée, toutes ces choses étaient divulguées. Et tous ceux qui les entendirent les conservèrent dans leur cœur, en disant : Que pensez-vous que sera cet enfant ? Car la main du Seigneur était avec lui. Et Zacharie, son père, fut rempli du Saint-Esprit, et il prophétisa, en disant : Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’il a visité et racheté son peuple.

Secrète

Seigneur, nous accumulons les dons sur vos autels : célébrant avec l’honneur qui lui est dû, la nativité de celui qui a rendu hommage au Sauveur du monde, avant sa venue, et qui l’a désigné ensuite comme présent, en la personne de notre Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, qui avec vous.

Office

4e leçon

Sermon de saint Augustin, Évêque

Après le très saint jour de la Nativité du Seigneur, nous ne lisons point qu’on célèbre la naissance d’aucun homme, si ce n’est uniquement celle du bienheureux Jean-Baptiste. Nous savons que pour les autres saints et élus de Dieu, on solennise le jour auquel, ayant achevé leurs travaux et triomphé du monde par une victoire complète, ils ont été comme enfantés du sein de la vie présente à l’éternité glorieuse. Ainsi, pour les autres saints, on honore le dernier jour qui a comblé leurs mérites ; et, pour saint Jean, c’est le premier jour, ce sont les commencements mêmes de sa vie qu’on célèbre évidemment pour cette raison, que le Seigneur a voulu manifester par lui son avènement, de peur, que s’il venait d’une manière subite et inattendue, les hommes ne le reconnussent point. Or saint Jean a été la figure de l’ancien Testament, l’image de la loi, précédant le Sauveur, comme la loi servit de messagère à la grâce.

5e leçon

Du sein maternel, Jean prophétise avant de naître, et sans avoir encore paru à la lumière, il rend déjà témoignage à la vérité ; et cela nous donne à comprendre que, personnifiant l’Esprit caché sous le voile et dans le corps de la lettre, il manifeste au monde le Rédempteur et nous annonce comme du sein de la loi, notre Seigneur ; et c’est parce que les Juifs s’étaient égarés dès le sein de leur mère, ou de la loi d’où le Christ devait sortir « ils ont erré dès le sein (de leur mère), ils ont dit des choses fausses », que Jean est venu « comme témoin pour rendre témoignage à la lumière » 

6e leçon

Et dans Jean, détenu en prison et envoyant ses disciples au Christ, c’est la loi qui passe à l’Évangile. A l’instar de Jean, cette loi, captive dans la prison de l’ignorance, gisait comme au fond d’un réduit obscur, où l’aveuglement des Juifs laissait le sens spirituel enfermé dans l’obscurité de la lettre. C’est ce que l’écrivain sacré fait entendre, en disant de Jean-Baptiste : « Il était une lampe ardente » ; en d’autres termes, il brûlait du feu de l’Esprit-Saint, afin qu’il montrât la lumière du salut au monde enfoncé dans la nuit de l’ignorance, et qu’au travers des ténèbres si épaisses du péché, ii découvrit au monde, à la clarté de ses rayons, le soleil de justice dans toute sa splendeur, lorsque, parlant de lui-même, il disait : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert »

7e leçon

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Élisabeth donna le jour à un fils, et ses voisins s’en réjouirent avec elle. Étant un bien commun, la naissance des Saints excite une joie commune. Car la justice intéresse la communauté : c’est pourquoi ce juste, en venant au monde, fait pressentir sa sainteté future ; et l’allégresse des voisins signifie que sa vertu à venir donnera lieu au monde de se féliciter. L’Évangéliste a bien raison de faire entrer dans son récit le temps que le Précurseur fut renfermé dans le sein de sa mère, sans quoi la présence de Marie n’eût pas été mentionnée. Et si, d’autre part, son enfance est passée sous silence, c’est qu’il n’a point connu les difficultés de cet âge. En sorte que nous ne lisons dans l’Évangile que l’annonce et le fait de sa nativité, son tressaillement dans le sein d’Élisabeth, et le retentissement de sa voix au désert.

8e leçon

Et en effet, on peut dire qu’il n’a connu aucun des degrés de l’enfance, lui qui, s’élevant au-dessus des lois de la nature et devançant les années, a commencé, dans le sein maternel, par avoir la mesure de l’âge parfait du Christ. L’écrivain sacré, avec un merveilleux à-propos, a cru devoir noter que plusieurs voulaient appeler l’enfant du même nom que son père Zacharie. Par là, il t’avertit que si Élisabeth repousse ce nom, ce n’est point qu’il lui déplaise, comme étant le nom d’une personne dégénérée, mais bien parce qu’elle connaît, par une révélation du Saint-Esprit, le nom que l’Ange avait auparavant indiqué à Zacharie. Muet qu’il était devenu, Zacharie ne pouvait le dire à sa femme ; mais elle sut par inspiration ce qu’elle n’avait point appris de son mari.

9e leçon

« Jean est son nom », écrivit le père, voulant dire : Ce n’est point à nous d’imposer un nom à celui que Dieu a déjà nommé : il a son nom, qui nous a été révélé, et que nous n’avons pas choisi. Des saints ont eu le privilège de recevoir leur nom de Dieu même. Ainsi Jacob fut appelé Israël, parce qu’il avait vu Dieu. Ainsi notre Seigneur lui-même reçoit avant de naître le nom de Jésus, que son Père, et non l’Ange, lui a imposé. Tu le vois, les Anges ne parlent pas d’eux-mêmes ; ils transmettent ce qui leur a été dit. Si donc Élisabeth prononce avec tant d’assurance un nom que son oreille, il est vrai, n’a pas entendu, n’en sois pas étonné, puisque l’Esprit-Saint avait commandé à l’Ange de le lui suggérer.

« Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez les sentiers du Seigneur ; voici votre Dieu ! » Oh ! Qui, dans notre siècle refroidi, comprendra les transports de la terre à cette annonce si longtemps attendue ? Le Dieu promis n’est point manifesté encore ; mais déjà les cieux se sont abaissés pour lui livrer passage. Il n’a plus à venir, celui que nos pères, les illustres saints des temps prophétiques, appelaient sans fin dans leur indomptable espérance. Caché toujours, mais déjà parmi nous, il repose sous la nuée virginale près de laquelle pâlit pour lui la céleste pureté des Chérubins et des Trônes ; les ardeurs réunies des brûlants Séraphins se voient dépassées par l’amour dont l’entoure à elle seule, en son cœur humain, l’humble fille d’Adam qu’il s’est choisie pour mère. La terre maudite, devenue soudain plus fortunée que l’inexorable ciel fermé jadis à ses supplications, n’attend plus que la révélation de l’auguste mystère ; l’heure est venue pour elle de joindre ses cantiques à l’éternelle et divine louange qui, dès maintenant, monte de ses profondeurs, et, n’étant autre que le Verbe lui-même, célèbre Dieu comme il mérite de l’être. Mais sous le voile d’humilité où, après comme avant sa naissance, doit continuer de se dérober aux hommes sa divinité, qui découvrira l’Emmanuel ? Qui surtout, l’ayant reconnu dans ses miséricordieux abaissements, saura le faire accepter d’un monde perdu d’orgueil, et pourra dire, en montrant dans la foule le fils du charpentier : Voilà celui qu’attendaient vos pères !

Car tel est l’ordre établi d’en haut pour la manifestation du Messie : en conformité de ce qui se fait parmi les hommes, le Dieu fait homme ne s’ingérera pas de lui-même dans les actes de la vie publique ; il attendra, pour inaugurer son divin ministère, qu’un membre de cette race devenue la sienne, un homme venu avant lui, et doué à cette fin d’un crédit suffisant, le présente à son peuple.

Rôle sublime, qui fera d’une créature le garant de Dieu, le témoin du Verbe ! La grandeur de celui qui doit le remplir était signalée, comme celle du Messie, longtemps avant sa naissance. Dans la solennelle liturgie du temps des figures, le chœur des lévites, rappelant au Très-Haut la douceur de David et la promesse qui lui fut faite d’un glorieux héritier, saluait de loin la mystérieuse lumière préparée par Dieu même à son Christ. Non que, pour éclairer ses pas, le Christ dût avoir besoin d’un secours étranger : splendeur du Père, il n’avait qu’à paraître en nos obscures régions, pour les remplir de la clarté des cieux ; mais tant de fausses lueurs avaient trompé l’humanité, durant la nuit des siècles d’attente, que la vraie lumière, s’élevant soudain, n’eût point été comprise, ou n’eût fait qu’aveugler des yeux rendus impuissants par les ténèbres précédentes à porter son éclat.

L’éternelle Sagesse avait donc décrété que comme l’astre du jour est annoncé par l’étoile du matin, et prépare sa venue dans la clarté tempérée de l’aurore ; ainsi le Christ lumière serait précédé ici-bas d’un astre précurseur, et signalé parle rayonnement dont lui-même, non visible encore, revêtirait ce fidèle messager de son avènement. Lorsqu’autrefois le Très-Haut daignait pour ses prophètes illuminer l’avenir, l’éclair qui, par intervalle, sillonnait ainsi le ciel de l’ancienne alliance s’éteignait dans la nuit, sans amener le jour ; l’astre chanté dans le psaume ne connaîtra point la défaite ; signifiant à la nuit que désormais c’en est fini d’elle, il n’éteindra ses feux que dans la triomphante splendeur du Soleil de justice. Aussi intimement que l’aurore s’unit au jour, il confondra avec la lumière incréée sa propre lumière ; n’étant de lui-même, comme toute créature, que néant et ténèbres, il reflétera de si près la clarté du Messie, que plusieurs le prendront pour le Christ.

La mystérieuse conformité du Christ et de son Précurseur, l’incomparable proximité qui les unit, se retrouvent marquées en maints endroits des saints Livres. Si le Christ est le Verbe, la parole éternelle du Père, lui sera la Voix portant cette parole où elle doit parvenir ; Isaïe l’entend par avance qui remplit d’accents jusque-là inconnus le désert, et le prince des prophètes exprime sa joie dans l’enthousiasme d’une âme qui déjà se voit en présence de son Seigneur et Dieu. Le Christ est l’ange de l’alliance ; mais dans le texte même où l’Esprit-Saint lui donne un titre si rempli pour nous d’espérance, paraît aussi portant ce nom d’ange l’inséparable messager, l’ambassadeur fidèle à qui la terre devra de connaître l’Époux : « Voici que j’envoie mon ange qui préparera le chemin devant ma face, et aussitôt viendra dans son temple le dominateur que vous cherchez, l’ange de l’alliance que vous réclamez ; voici qu’il vient, dit le Seigneur des armées ». Et mettant fin au ministère prophétique dont il est le dernier représentant, Malachie termine ses propres oracles par les paroles que nous avons entendu Gabriel adresser à Zacharie, pour lui notifier la naissance prochaine du Précurseur.

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