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Regnum Galliae Regnum Mariae

Vendredi des Quatre-Temps de Pentecôte

9 Juin 2017 , Rédigé par Ludovicus

Vendredi des Quatre-Temps de Pentecôte

Lecture

Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Soyez dans l’allégresse, et réjouissez-vous dans le Seigneur votre Dieu, parce qu’il vous a donné un docteur de justice, et qu’il fera descendre sur vous la pluie d’automne et la pluie du printemps, comme au commencement. Les aires seront pleines de blé, et les pressoirs regorgeront de vin et d’huile. Vous mangerez, et vous serez rassasiés, et vous louerez le nom du Seigneur votre Dieu, qui a fait pour vous des merveilles, et mon peuple ne tombera plus jamais dans la confusion. Vous saurez alors que je suis au milieu d’Israël, que je suis le Seigneur votre Dieu,et qu’il n’y en a pas d’autre que moi ; et mon peuple ne tombera plus jamais dans la confusion, dit le Seigneur tout-puissant.

Evangile

En ce temps-là : Il arriva que Jésus était assis et enseignait. Et des pharisiens et des docteurs de la loi, qui étaient venus de tous les villages de la Galilée, et de la Judée, et de Jérusalem, étaient assis auprès de lui : et la puissance du Seigneur agissait pour opérer des guérisons, et voici que des gens, portant sur un lit un homme qui était paralytique, cherchaient à le faire entrer et à le déposer devant Jésus. Mais, ne trouvant point par où le faire entrer, à cause de la foule, ils montèrent sur le toit, et, par les tuiles, ils le descendirent avec le lit au milieu de l’assemblée, devant Jésus. Dès qu’il vit leur foi, il dit : Homme, tes péchés te sont remis. Alors, les scribes et les pharisiens se mirent à penser et à dire en eux-mêmes : Quel est celui-ci, qui profère des blasphèmes ? Qui peut remettre les péchés, si ce n’est Dieu seul ? Mais Jésus, connaissant leurs pensées, prit la parole, et leur dit : Que pensez-vous dans vos cœurs ? Lequel est le plus facile, de dire : Tes péchés te sont remis ; ou de dire : Lève-toi et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés : Je te l’ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton lit et va dans ta maison. Et aussitôt, se levant devant eux, il prit le lit sur lequel il était couché, et s’en alla dans sa maison, glorifiant Dieu. Et la stupeur les saisit tous, et ils glorifiaient Dieu. Et ils furent remplis de crainte, et ils disaient : Nous avons vu aujourd’hui des choses prodigieuses.

Office

1ère leçon

Homélie de saint Ambroise, Évêque

La guérison de ce paralytique n’est ni inutile, ni d’une portée restreinte, puisque nous y voyons que le Seigneur commença par prier, non certes qu’il eût besoin de quelque suffrage, mais afin de nous donner l’exemple. Il a proposé un modèle à notre imitation, ce n’est pas l’ostentation dans la prière qu’il a recherchée. Alors que beaucoup de docteurs de la loi étaient rassemblés de toute la Galilée, de la Judée et de Jérusalem, parmi les guérisons d’autres malades, l’Évangile nous raconte celle de ce paralytique. Et d’abord, comme nous l’avons dit plus haut, tout malade doit employer des intercesseurs pour demander son salut, afin que, grâce à eux, le relâchement de notre vie et la marche chancelante de nos actions soient réformés par le remède de la parole céleste.

2e leçon

Qu’il y ait donc quelques personnes, qui, avertissant l’esprit de l’homme, élèvent son âme vers les choses supérieures, bien qu’elle soit engourdie par la faiblesse de son enveloppe corporelle. Que l’homme, se prêtant alors à s’élever par leur secours et à s’humilier, soit placé devant Jésus, digne d’être aperçu par le divin regard. Le Seigneur en effet regarde l’humilité, car « il a regardé l’humilité de sa servante ». Le Fils de Dieu, dès qu’il vit leur foi, dit : « Homme, tes péchés te sont remis ». Qu’il est grand le Seigneur qui pardonne ainsi aux uns leurs péchés, par égard pour les mérites des autres ; et qui, donnant son approbation à ceux-ci, absout ceux-là de leurs égarements ! Pourquoi donc, Ô homme, la prière de ton égal n’a-t-elle pas d’influence sur toi lorsqu’auprès de Dieu un esclave possède le mérite qu’il faut pour intercéder, et le droit d’obtenir ?

3e leçon

Toi qui juges, apprends à pardonner ; toi qui es malade, apprends à obtenir. Si tu te défies du pardon de tes fautes graves, fais paraître des intercesseurs, fais paraître l’Église pour qu’elle prie pour toi, et afin qu’en considération d’elle, le Seigneur te pardonne ce qu’il pourrait refuser à toi-même. Et bien que nous ne devions pas laisser de croire à la vérité de cette histoire (car nous croyons que le corps de ce paralytique a été réellement guéri), il nous faut reconnaître aussi en lui la guérison de l’homme intérieur, auquel les péchés sont remis. Lorsque les Juifs affirment que Dieu seul peut remettre les péchés, ils confessent assurément par là que Jésus est Dieu, et ils proclament eux-mêmes, par leur propre jugement, leur infidélité ; ils affirment l’œuvre divine, pour nier la divinité de la personne.

Jusqu’ici nous avons considéré l’action du Saint-Esprit dans l’Église ; il nous faut maintenant la suivre sur un théâtre moins étendu, il nous faut l’étudier dans le cœur du chrétien. Là encore nous puiserons de nouveaux sentiments d’admiration et de reconnaissance pour ce divin Esprit qui daigne se prêter à tous nos besoins, et nous conduire à la fin bienheureuse pour laquelle nous avons été crées.

De même que l’Esprit Saint envoyé « pour demeurer avec nous » s’emploie à maintenir et à diriger la sainte Église, afin qu’elle soit toujours l’Épouse fidèle de Jésus son Époux immortel ; ainsi s’attache-t-il à nous pour nous rendre les dignes membres de ce chef saint et glorieux. Sa mission est de nous unir à Jésus si étroitement que nous lui soyons incorporés. C’est à lui de nous créer dans l’ordre surnaturel, de nous donner et de nous conserver la vie de la grâce, en nous appliquant les mérites que Jésus notre médiateur et notre Sauveur nous a conquis.

Elle est sublime cette mission du Saint-Esprit qui lui a été conférée par le Père et par le Fils, et qu’il exerce sur le genre humain. Au sein de la divinité l’Esprit-Saint est produit et ne produit pas. Le Père engendre le Fils, le Père et le Fils produisent le Saint-Esprit ; cette différence est fondée dans la nature divine elle-même, qui n’est et ne peut être qu’en trois personnes. De là vient, comme l’enseignent les Pères, que le Saint-Esprit a reçu pour le dehors la fécondité qu’il n’exerce pas dans l’essence divine. Si donc il s’agit de produire l’humanité du Fils de Dieu au sein de Marie, c’est lui qui opère ; et s’il s’agit de créer le chrétien du sein de la corruption originelle, et de l’appeler à la vie de la grâce, c’est lui encore qui exercera son action : en sorte que, selon l’énergique expression de saint Augustin, « la même grâce qui a produit le Christ à son commencement, produit le chrétien lorsqu’il commence à croire ; le même Esprit duquel le Christ a été conçu est le principe de la nouvelle naissance du fidèle ».

Nous nous sommes étendu longuement sur l’action du Saint-Esprit dans la formation et le gouvernement de l’Église, parce que l’œuvre principale de ce divin Esprit est de former sur la terre l’Épouse du Fils de Dieu, et que c’est par elle que nous viennent tous les biens. Elle est dépositaire d’une partie des grâces de cet auguste Paraclet, qui a daigné se mettre à sa disposition pour nous sauver et nous sanctifier. C’est pour nous également qu’il l’a rendue catholique, visible à tous les regards, afin qu’il nous fût plus facile de la trouver ; c’est pour nous qu’il maintient dans son sein la vérité et la sainteté, afin que nous soyons abreuvés à ces deux sources ineffables. Aujourd’hui nous voici attentifs à ce qu’il opère dans les âmes, et tout d’abord nous nous trouvons en face de son pouvoir créateur. N’est-ce pas en effet une véritable création, d’amener une âme plongée dans la déchéance originelle, ou, ce qui est plus merveilleux encore, une âme défigurée par le péché volontaire et personnel, de l’amener à devenir en un moment la fille adoptive du Père céleste, le membre chéri du Fils de Dieu ? Le Père et le Fils se complaisent à voir accomplir cette œuvre par l’Esprit qui est leur amour mutuel. Ils l’ont envoyé afin qu’il agisse, afin qu’il se conduise en maître dans sa mission, et partout où il règne, ils règnent aussi.

Éternellement l’âme élue a été présente à la divine Trinité ; mais, le moment arrivé, l’Esprit descend. Il s’empare de cette âme comme de l’objet désigné à son amour. Le vol de la colombe miséricordieuse est plus rapide que celui de l’aigle qui fond sur sa proie. Que la volonté humaine n’entrave pas son action, et il arrivera de cette âme ce qui est arrivé pour l’Église elle-même, c’est-à-dire que « ce qui n’était même pas triomphera de « ce qui était ». On voit alors des miracles d’un ordre étonnant, « la grâce surabondant là même où le péché avait abondé ».

Nous avons vu l’Emmanuel conférer aux eaux la vertu de purifier les âmes ; mais nous nous souvenons que lorsqu’il descendit dans les flots du Jourdain, la colombe divine vint se poser sur sa tête, et prit possession de l’élément régénérateur. La fontaine baptismale est demeurée son domaine. « C’est là, nous dit le grand saint Léon, qu’il préside à la nouvelle naissance de l’homme, rendant féconde la fontaine sacrée, comme autrefois il rendit fécond le sein de la Vierge, à cette différence que le péché fut absent dans la conception sacrée du Fils de Dieu, tandis que la mystérieuse ablution le détruit en nous ».

Avec quelle tendresse l’Esprit divin contemple cette nouvelle créature sortant des eaux ! Avec quelle impétuosité d’amour il fait irruption en elle ! Il est le Don du Dieu très haut, envoyé sur nous pour résider en nous. Il prend donc son habitation dans cette âme toute neuve, qu’elle soit celle de l’enfant d’un jour, ou celle de l’adulte déjà chargé d’années. Il se complaît dans ce séjour qu’il a éternellement ambitionné ; il l’inonde de ses feux et de sa lumière, et comme il est par nature inséparable des deux autres personnes divines, sa présence est cause que le Père et le Fils viennent établir aussi leur demeure en cette âme fortunée.

Mais l’Esprit-Saint a ici son action propre, sa mission sanctificatrice, et pour bien comprendre la nature de sa présence dans le chrétien, il faut savoir qu’elle ne se borne pas à l’âme. Le corps fait aussi partie de l’homme, et il a eu sa part dans la régénération ; c’est pourquoi l’Apôtre, en même temps qu’il nous révèle l’heureuse « habitation » du divin Esprit en nous, nous apprend encore que nos membres matériels sont eux-mêmes ses temples. Il veut les faire servir à la justice et à la sainteté ; il dépose en eux un germe d’immortalité qui les conservera dans la dissolution même du tombeau, en sorte qu’au jour de la résurrection ils reparaîtront, mais spiritualisés, gardant ainsi le signe de l’Esprit qui les aura possédés en cette vie mortelle.

Le chrétien étant donc ainsi l’habitation de l’Esprit-Saint, nous ne devons pas nous étonner que ce divin Esprit songe à orner dignement la demeure qu’il s’est choisie. Quelle plus noble parure que celle des vertus théologales : la Foi qui nous met en possession certaine et substantielle des vérités divines que notre intelligence ne peut voir encore ; l’Espérance qui rend déjà présent le secours divin qui nous est nécessaire et la félicité éternelle que nous attendons ; la Charité qui nous unit à Dieu par le plus fort et le plus doux des liens ! Or, ces trois vertus, ces trois moyens pour l’homme régénéré d’être en rapport avec sa fin, c’est à la présence du Saint-Esprit que le chrétien les doit. Il a daigné signaler son arrivée par ce triple bienfait qui dépasse tous nos mérites passés, présents et futurs.

Au-dessous des trois vertus théologales, il établit ces quatre autres qui sont comme les assises de la vie morale de l’homme : la justice, la force, la prudence et la tempérance ; qualités naturelles, qu’il transforme en les adaptant à la fin surnaturelle du chrétien. Enfin comme un dernier lustre qu’il ajoute à sa demeure, il y dépose le septénaire sacré de ses dons, destines à répandre le mouvement et la vie dans le septénaire des vertus.

Mais les vertus et les dons qui tous tendent vers Dieu, réclament l’élément supérieur qui est le moyen essentiel de l’union avec lui : élément indispensable et que rien ne peut suppléer, âme de l’âme, principe vivifiant, sans lequel elle ne saurait ni voir ni posséder Dieu ; c’est la Grâce sanctifiante. Avec quelle satisfaction l’Esprit divin l’introduit dans l’âme à laquelle elle s’incorpore, et qu’elle rend l’objet des complaisances divines ! Une étroite alliance existe entre cette grâce et la présence de l’Esprit-Saint ; car si l’âme venait à donner entrée au péché mortel, l’Esprit cesserait d’habiter cette âme infortunée, au moment même où s’éteindrait en elle la grâce sanctifiante.

Mais il veille soigneusement sur son héritage, et il n’y demeure pas oisif. Les vertus qu’il a infusées dans cette âme si chère ne doivent pas demeurer inertes ; il faut qu’elles produisent les actes vertueux, et que le mérite qu’elles obtiendront vienne accroître la puissance de l’élément fondamental, fortifier et développer cette grâce sanctifiante qui enchaîne si étroitement le chrétien à Dieu. L’Esprit-Saint ne cesse donc de mouvoir l’âme vers l’action soit à l’intérieur, soit à l’extérieur, par ces touches divines que la théologie appelle grâces actuelles. Il obtient ainsi que sa créature s’élève de plus en plus dans le bien, qu’elle s’enrichisse et se consolide toujours davantage, enfin qu’elle serve à la gloire de son auteur qui la veut féconde et agissante.

Dans cette intention, l’Esprit qui s’est donné à elle, qui l’habite avec une si vive tendresse, la pousse à la prière par laquelle elle pourra tout obtenir, lumière, force et succès. « Mais, dit l’Apôtre, savons-nous comment il faut prier ? » A cette question il répond lui-même d’après son expérience : « Ce sera l’Esprit qui demandera pour nous dans des gémissements inénarrables ». Ainsi le divin Esprit s’associe à tous nos besoins ; il est Dieu, et il gémit comme la colombe, afin de mettre ses accents à l’unisson des nôtres. « Il crie vers Dieu dans nos cœurs, » dit le même Apôtre ; nous certifiant ainsi par sa présence et ses opérations en nous que nous sommes les enfants de Dieu. Se peut-il rien de plus intime, et devons-nous nous étonner que Jésus nous ait dit qu’il n’y avait qu’à demander pour recevoir, lorsque c’est son Esprit même qui demande en nous ?

Auteur de la prière, il coopère puissamment à l’action. Son intimité avec l’âme fait qu’il ne laisse à celle-ci que la liberté nécessaire au mérite ; pour le reste, il la meut, il la soutient, il la dirige, en sorte qu’à son tour elle n’a plus qu’à coopérer à ce qu’il fait en elle et par elle. A cette action commune de l’Esprit et du chrétien, le Père céleste reconnaît ceux qui lui appartiennent, et c’est pour cela que l’Apôtre nous dit encore que « ceux-là sont les enfants de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de Dieu ». Heureuse société qui mène le chrétien à la vie éternelle, qui fait triompher Jésus en lui, Jésus dont l’Esprit-Saint imprime les traits dans sa créature, afin qu’elle soit un membre digne d’être uni à son Chef !

Mais, hélas ! Cette société fortunée peut se dissoudre. Notre liberté, qui ne se transforme qu’au ciel, peut amener et amène trop souvent la rupture entre l’Esprit sanctificateur et l’homme sanctifié. Le désir malheureux de l’indépendance, les passions que l’homme aurait le moyen de régler s’il était docile à l’Esprit, ouvrent le cœur imprudent à la convoitise de ce qui est au-dessous de lui. Satan, jaloux du règne de l’Esprit, ose faire briller aux yeux de l’homme la trompeuse image d’un bonheur ou d’un contentement hors de Dieu. Le monde, qui est aussi un esprit maudit, ose rivaliser avec l’Esprit du Père et du Fils. Subtil, audacieux, actif, il excelle à séduire, et nul ne pourrait compter les naufrages qu’il a causés. Il est cependant dénoncé aux chrétiens par Jésus lui-même qui nous a déclaré qu’il ne prierait pas pour lui, et par l’Apôtre qui nous avertit « que ce n’est pas l’esprit du monde que nous avons reçu, mais bien l’Esprit qui est de Dieu ».

Néanmoins un cruel divorce s’opère fréquemment entre l’homme et son hôte divin. Il est précédé pour l’ordinaire par un refroidissement qui se manifeste du côté de la créature envers son bienfaiteur. Un manque d’égards, une légère désobéissance, sont les préludes de la rupture. C’est alors qu’a lieu chez le divin Esprit ce froissement qui montre si clairement l’amour qu’il porte à l’âme, et que l’Apôtre nous rend d’une manière expressive, lorsqu’il nous recommande de ne pas contraster l’Esprit-Saint qui nous marqua de son sceau au jour où la rédemption venait à nous. Parole remplie d’un sentiment profond, et qui nous révèle la responsabilité qu’entraîne après lui le péché véniel. L’habitation de l’Esprit-Saint dans l’âme devient pour lui une cause d’amertume, une séparation est à craindre ; et si, comme l’enseigne saint Augustin, « il n’abandonne pas qu’il ne soit abandonné, » si la grâce sanctifiante demeure encore, les grâces actuelles deviennent plus rares et moins pressantes.

Mais le comble du malheur est dans la rupture du pacte sacré qui unissait l’âme et l’Esprit divin dans une si étroite alliance. Le péché mortel est l’acte d’une souveraine audace et d’une cruelle ingratitude. Cet Esprit si rempli de douceur se voit expulsé de l’asile qu’il s’était choisi, et qu’il avait embelli en tant de manières. C’est le comble de l’outrage, et l’on n’a pas droit de s’étonner de l’indignation de l’Apôtre quand il s’écrie : « Quel supplice ne mérite-t-il pas celui qui a foulé aux pieds le Fils de Dieu, méprisé le sang de l’alliance, et fait une telle injure à l’Esprit de grâce ? ».

Cependant cette situation désolante du chrétien infidèle au Saint-Esprit peut encore exciter la compassion de celui qui, étant Dieu, a été envoyé vers nous pour être notre hôte plein de mansuétude. Il est si triste l’état de celui qui, en chassant l’Esprit divin, a perdu l’âme de son âme, qui a vu s’éteindre au même moment le flambeau de la grâce sanctifiante, et s’anéantir tous les mérites dont elle s’était accrue. Chose admirable et digne d’une reconnaissance éternelle ! L’Esprit-Saint expulsé du cœur de l’homme aspire à y rentrer. Telle est l’étendue de la mission qu’a reçue du Père et du Fils celui qui est amour, et qui par amour ne veut pas abandonner à sa perte le chétif et ingrat vermisseau qu’il avait voulu élever jusqu’à la participation de la nature divine.

On le verra donc, avec une abnégation sublime dont l’amour seul a le secret, faire le siège de cette âme, jusqu’à ce qu’il ait pu s’en emparer de nouveau. Il l’effrayera par les terreurs de la justice divine, il lui fera sentir la honte et le malheur où se précipite celui qui a perdu la vie de son âme. Il le détache ainsi du mal par ces premières atteintes que le saint Concile de Trente appelle « les impulsions de l’Esprit-Saint qui meut l’âme au dehors, sans l’habiter encore au dedans ». L’âme inquiète et mécontente d’elle-même finit par aspirer à la réconciliation ; elle rompt les liens de son esclavage, et bientôt le sacrement de Pénitence va répandre en elle l’amour qui ranime la vie, en consommant la justification. Qui pourrait exprimer le charme et le triomphe de la rentrée du divin Esprit dans son domaine chéri ! Le Père et le Fils reviennent vers cette demeure souillée naguère, et peut-être depuis longtemps. Tout revit dans l’âme renouvelée ; la grâce sanctifiante y renaît telle qu’elle était au moment où l’âme sortit de la fontaine baptismale. Les mérites acquis en avaient développé la puissance, mais nous les avons vus tristement sombrer dans la tempête ; ils sont restitués en leur entier, et l’Esprit de vie se réjouit de ce que son pouvoir est égal à son amour.

Un changement si merveilleux n’a pas lieu une fois dans un siècle ; chaque jour, chaque heure le voient s’accomplir. Telle est la mission de l’Esprit divin. Il est descendu pour sanctifier l’homme, il faut qu’il le sanctifie. Le Fils de Dieu est venu ; il s’est donné à nous. Nous ayant trouvés en proie à Satan, il nous a rachetés au prix de son sang ; il a tout disposé pour nous conduire à lui et à son Père ; et s’il a dû remonter aux cieux pour nous y préparer notre place, bientôt il a fait descendre sur nous son propre Esprit, afin qu’il soit notre second Consolateur jusqu’à son retour. Voici donc à l’œuvre ce divin auxiliaire. Éblouis de la magnificence de ses opérations, célébrons avec effusion l’amour avec lequel il nous traite, la puissance et la sagesse qu’il développe dans l’accomplissement de sa mission. Qu’il soit donc béni, qu’il soit glorifié, qu’il soit connu en ce monde qui lui doit tout, dans l’Église dont il est l’âme, et dans ces millions de cœurs qu’il désire habiter pour les sauver et les rendre heureux à jamais !

Ce jour est consacré au jeûne comme celui du mercredi précédent. L’Ordination des prêtres et des ministres sacrés aura lieu demain. Il importe de faire une plus vive instance auprès de Dieu pour obtenir que l’effusion de la grâce soit aussi abondante que sera durable et auguste le caractère que l’Esprit-Saint imprimera sur les membres de la tribu sainte qui lui seront présentés.

 

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