Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Regnum Galliae Regnum Mariae

Saint Marc évangéliste Rogations

25 Avril 2018 , Rédigé par Ludovicus

Saint Marc évangéliste Rogations

Lecture Ez. 1, 10-14

Voici l’apparence des visages des quatre animaux : ils avaient tous les quatre une face d’homme, une face de lion à leur droite, et une face de boeuf à leur gauche, et une face d’aigle au-dessus d’eux quatre. Leurs faces et leurs ailes s’étendaient en haut ; deux de leurs ailes se joignaient, et deux couvraient leurs corps. Chacun d’eux marchait devant soi ; ils allaient où l’Esprit les poussait, et ils ne se retournaient point en marchant. Et l’aspect des animaux ressemblait à celui de charbons de feu ardents et à celui de lampes allumées. On voyait courir au milieu des animaux des flammes de feu, et de ce feu sortaient des éclairs. Et les animaux allaient et revenaient comme des éclairs flamboyants.

Évangile Lc. 10, 1-9

En ce temps-là : le Seigneur désigna encore soixante-dix autres disciples, et il les envoya devant lui, deux à deux, en toute ville et endroit où lui-même devait aller. Il leur disait : La moisson est grande, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. Allez : voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni besace, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. En quelque maison que vous entriez, dites d’abord : "Paix à cette maison !" Et s’il y a là un fils de paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Demeurez dans cette maison, mangeant et buvant de ce qu’il y aura chez eux, car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Et en quelque ville que vous entriez et qu’on vous reçoive, mangez ce qui vous sera servi ; guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : "Le royaume de Dieu est proche de vous."

Secrète

Vous apportant nos offrandes en la solennité du bienheureux Marc, votre Évangéliste, nous vous prions, Seigneur : de même qu’il mérita la gloire par la prédication de l’Évangile : puissions-nous, par son intercession, vous devenir agréables, nous aussi, et par nos paroles, et par nos actes.

Au premier nocturne.

Commencement du livre du Prophète Ézéchiel. Cap. 1, 1-12.

Première leçon. Or il arriva en la trentième année, au quatrième mois, au cinquième jour du mois, que lorsque j’étais au milieu des captifs, près du fleuve de Chobar, les cieux furent ouverts 1, et je vis les visions de Dieu. Le cinquième du mois, c’est la cinquième année de la transmigration du roi Joachim, la parole du Seigneur fut adressée à Ézéchiel, le prêtre, fils de Buzi, dans la terre des Chaldéens, près du fleuve de Chobar, et là fut sur lui la main du Seigneur2. Et je vis, et voilà qu’un vent3 de tourbillon venait de l’aquilon ; et une grande nuée, et un feu tournoyant, et une lumière éclatante tout autour, et du milieu, c’est-à-dire du milieu du feu, brillait comme un éclat de vermeil.

Deuxième leçon. Et au milieu du feu la ressemblance de quatre animaux, et voici leur aspect : la ressemblance d’un homme. Chacun d’eux avait quatre faces, et chacun d’eux quatre ailes. Leurs pieds étaient droits, et la plante de leurs pieds comme la plante du pied d’un veau, et il sortait d’eux des étincelles ayant l’apparence de l’airain le plus brillant. Et des mains d’hommes étaient sous leurs ailes aux quatre côtés ; et ils avaient des faces et des ailes aux quatre côtés. Et les ailes de l’un étaient jointes à celles de l’autre ; ils ne se retournaient pas lorsqu’ils marchaient ; mais chacun d’eux allait devant sa face.

Troisième leçon. Quant à la ressemblance de leur visage, c’était une face d’homme et une face de lion, à la droite des quatre, mais une face de bœuf à la gauche des quatre, et une face d’aigle au-dessus des quatre. Leurs faces et leurs ailes s’étendaient en haut : ils se tenaient l’un l’autre par deux de leurs ailes, et ils couvraient leur corps par les deux autres. Et chacun d’eux marchait devant sa face ; là où était l’impétuosité de l’esprit, là ils allaient ; et ils ne se retournaient pas lorsqu’ils marchaient.

Au deuxième nocturne.

Du livre de saint Jérôme, Prêtre, des Écrivains ecclésiastiques.

Quatrième leçon. Marc, disciple et interprète de Pierre, appelé à Rome par ses frères, écrivit un court Évangile, d’après ce qu’il avait entendu rapporter par Pierre. Celui-ci en ayant écouté [la lecture], l’approuva, et le donna, par son autorité, pour être lu dans l’Église. Prenant l’Évangile qu’il avait composé, Marc partit pour l’Égypte, et, le premier, annonça le Christ à Alexandrie, où il établit une Église. Telle était sa doctrine et la pureté de sa vie, qu’il amenait tous les Chrétiens à suivre son exemple.

Cinquième leçon. Philon, l’un des Juifs les plus éloquents de son temps, voyant l’Église naissante d’Alexandrie encore judaïsante, écrivit, comme à l’éloge de sa nation, un livre sur la vie de ces premiers Chrétiens. Et, à l’imitation de saint Luc, qui rapporte que les fidèles de Jérusalem mettaient tout en commun, Philon, qui voyait cette coutume observée à Alexandrie, sous la conduite et selon les instructions de Marc, en a transmis le récit à la postérité. Le saint Évangéliste mourut la huitième année du règne de Néron, et fut enseveli à Alexandrie. Anianus lui succéda.

De l’Exposition de saint Grégoire, Pape, sur le Prophète Ézéchiel.

Sixième leçon. Les quatre animaux sacrés qu’Ézéchiel voit dans l’avenir par un esprit prophétique, voici comment il les dépeint dans son mystérieux langage : « Chacun d’eux avait quatre faces, et chacun d’eux quatre ailes ». Que signifie la face sinon la connaissance, et que veulent dire les ailes sinon le vol ? C’est à la face que l’on reconnaît chacun de nous ; c’est au moyen des ailes que l’oiseau s’élève dans les airs. La face se rapporte donc à la foi et les ailes à la contemplation._C’est à notre foi que le Dieu tout-puissant nous reconnaît pour siens, ainsi qu’il le dit lui-même de ses brebis : « Je suis le bon Pasteur, je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent. » II dit encore : « Je connais ceux que j’ai choisis. » Par la contemplation qui nous élève au-dessus de nous-mêmes, nous sommes comme portés dans les airs.

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Septième leçon. Notre Seigneur et Sauveur nous instruit, mes bien-aimés frères, tantôt par ses paroles, et tantôt par ses œuvres. Ses œuvres elles-mêmes sont des préceptes, et quand il agit, même sans rien dire, il nous apprend ce que nous avons à faire. Voilà donc que le Seigneur envoie ses disciples prêcher ; il les envoie deux à deux, parce qu’il y a deux préceptes de la charité : l’amour de Dieu et l’amour du prochain, et qu’il faut être au moins deux pour qu’il y ait lieu de pratiquer la charité. Car, à proprement parler, on n’exerce pas la chanté envers soi-même ; mais l’amour, pour devenir charité, doit avoir pour objet une autre personne.

Huitième leçon. Voilà donc que le Seigneur envoie ses disciples deux à deux pour prêcher ; il nous fait ainsi tacitement comprendre que celui qui n’a point de charité envers le prochain ne doit en aucune manière se charger du ministère de la prédication. C’est avec raison que le Seigneur dit qu’il a envoyé ses disciples devant lui, dans toutes les villes et tous les lieux (pu il devait venir lui-même. Le Seigneur suit ceux qui l’annoncent. La prédication a lieu d’abord ; et le Seigneur vient établir sa demeure dans nos âmes, quand les paroles de ceux qui nous exhortent l’ont devancé, et qu’ainsi la vérité a été reçue par notre esprit.

Neuvième leçon. Voilà pourquoi Isaïe a dit aux mêmes prédicateurs : « Préparez la voie du Seigneur ; rendez droits les sentiers de notre Dieu ». A son tour le Psalmiste dit aux enfants de Dieu : « Faites un chemin à celui qui monte au-dessus du couchant ». Le Seigneur est en effet monté au-dessus du couchant ; car plus il s’est abaissé dans sa passion, plus il a manifesté sa gloire en sa résurrection. Il est vraiment monté au-dessus du couchant : car, en ressuscitant, il a foulé aux pieds la mort qu’il avait endurée. Nous préparons donc le chemin à Celui qui est monté au-dessus du couchant quand nous vous prêchons sa gloire, afin que lui-même, venant ensuite, éclaire vos âmes par sa présence et son amour.

Le Lion évangélique qui assiste devant le trône de Dieu, avec l’Homme, le Taureau et l’Aigle, se montre aujourd’hui sur le Cycle. Ce jour a vu Marc s’élancer de la terre au ciel, le front ceint de la triple auréole de l’Évangéliste, de l’Apôtre et du Martyr.

De même que les quatre grands Prophètes, Isaïe. Jérémie, Ézéchiel et Daniel, résument en eux la prédiction en Israël ; ainsi Dieu voulait que la nouvelle Alliance reposât sur quatre textes augustes, destinés à révéler au monde la vie et la doctrine de son Fils incarné. Les quatre Évangiles, nous disent les anciens Pères, sont les quatre fleuves qui arrosaient le jardin des délices, et ce jardin était la figure de l’Église à venir. Le premier des quatre oracles de la nouvelle Alliance est Matthieu, qui avant tout autre initia les hommes a la vie et à la doctrine de Jésus : nous verrons poindre son astre en septembre ; le second est Marc, qui nous illumine aujourd’hui ; le troisième est Luc, dont nous attendrons le lever jusqu’en octobre ; le quatrième est Jean, que nous avons connu près de la crèche de l’Emmanuel en Bethléhem. Arrêtons-nous à contempler les grandeurs du second.

Marc est le disciple chéri de Pierre, le brillant satellite du Soleil de l’Église. Son Évangile a été écrit à Rome, sous les yeux du Prince des Apôtres. Le récit de Matthieu avait déjà cours dans l’Église ; mais les fidèles de Rome désiraient y joindre la narration personnelle de leur Apôtre. Pierre ne consent pas à écrire lui-même ; il engage son disciple à prendre la plume, et l’Esprit-Saint conduit la main du nouvel Évangéliste. Marc s’attache à la narration de Matthieu ; il l’abrège, mais en même temps il la complète. Un mot, un trait de développement, viennent attester à chaque page que Pierre, témoin et auditeur de tout, a suivi de près le travail de son disciple. Mais le nouvel Évangéliste passera-t-il sous silence ou cherchera-t-il à atténuer la faute de son maître ? Loin de là ; l’Évangile de Marc sera plus dur que celui de Matthieu dans le récit du reniement de Pierre. On sent que les larmes amères provoquées par le regard de Jésus dans la maison de Caïphe, n’ont pas encore cessé de couler. Le travail de Marc étant terminé, Pierre le reconnut et l’approuva, les Églises accueillirent avec transportée second récit des mystères du salut du monde, et le nom de Marc devint célèbre par toute la terre.

Matthieu, qui ouvre son Évangile par la généalogie humaine du Fils de Dieu, avait réalise le type céleste de l’Homme ; Marc remplit celui du Lion ; car il débute par le récit de la prédication de Jean-Baptiste, rappelant que le rôle de ce Précurseur du Messie avait été annoncé par Isaïe, quand il avait parlé de la Voix de celui qui crie dans le désert ; voix du lion qui ébranle les solitudes par ses rugissements.

La carrière d’Apôtre s’ouvrit devant Marc lorsqu’il eut écrit son Évangile. Pierre le dirigea d’abord sur Aquilée, où il fonda une insigne Église ; mais c’était trop peu pour un Évangéliste. Le moment était venu où l’Égypte, la mère de toutes les erreurs, devait recevoir la vérité, où la superbe et tumultueuse Alexandrie allait voir s’élever dans ses murs la seconde Église de la chrétienté, le second siège de Pierre. Marc fut destiné par son maître à ce grand œuvre. Par sa prédication, la doctrine du salut germa, fleurit et produisit le bon grain sur cette terre la plus infidèle de toutes ; et l’autorité de Pierre se dessina dès lors, quoique à des degrés différents, dans les trois grandes cités de l’Empire : Rome, Alexandrie et Antioche.

Sous l’inspiration de Marc, la vie monastique préluda à ses saintes destinées, dans Alexandrie même, par l’institution chrétienne des Thérapeutes. L’intelligence de la vérité révélée prépara de bonne heure, dans ce grand centre des études humaines, les éléments de la brillante école chrétienne qui commença d’y fleurir dès le second siècle. Tels furent les effets de l’influence du disciple de Pierre dans la seconde Église du monde.

Mais la gloire de Marc fût restée incomplète, si l’auréole du martyre ne fût pas venue la couronner. Les succès de la prédication du saint Évangéliste ameutèrent contre lui les fureurs de l’antique superstition égyptienne. Dans une fête de Sérapis, Marc fut maltraité par les idolâtres, et on le jeta dans un cachot. Ce fut là que le Seigneur ressuscité, dont il avait raconté la vie et les œuvres divines, lui apparut la nuit, et lui dit ces paroles célèbres qui sont la devise de l’antique république de Venise : « Paix soit avec toi, Marc, mon Évangéliste ! » A quoi le disciple ému répondit : « Seigneur ! » Sa joie et son amour ne trouvèrent pas d’autres paroles. Ainsi Madeleine, au matin de Pâques, avait gardé le silence après ce cri du cœur : « Cher Maître ! » Le lendemain, Marc fut immolé par les païens ; mais il avait rempli sa mission sur la terre, et le ciel s’ouvrait au Lion, qui allait occuper au pied du trône de l’Ancien des jours la place d’honneur où le Prophète de Pathmos le contempla dans sublime vision.

Au IXe siècle, l’Église d’Occident s’enrichit de la dépouille mortelle de Marc. Ses restes sacrés fuient transportés à Venise, et sous les auspices du Lion évangélique commencèrent pour cette ville les glorieuses destinées qui ont duré mille ans. La foi en un si grand patron opéra des merveilles dans ces îlots et ces lagunes d’où s’éleva bientôt une cite aussi puissante que magnifique. L’art byzantin construisit l’imposante et somptueuse Église qui fut le palladium de la reine des mers, et la nouvelle république frappa ses monnaies à l’effigie du Lion de saint Marc : heureuse si, plus filiale envers Rome et plus sévère dans ses mœurs, elle n’eût jamais néré de sa gravité antique, ni de la foi de ses plus beaux siècles !

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :