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Regnum Galliae Regnum Mariae

Dernier Dimanche d’Octobre : le Christ-Roi

31 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Dernier Dimanche d’Octobre : le Christ-Roi

Introït

L’Agneau qui a été égorgé, est digne de recevoir la puissance, la divinité, la sagesse, la force, l’honneur. A Lui la gloire et le pouvoir dans les siècles des siècles. O Dieu, donnez au Roi votre jugement : et au Fils du Roi votre justice.

Collecte

Dieu tout-puissant et éternel, qui avez voulu restaurer tout dans la personne de votre Fils bien-aimé, le Roi de l’univers : accordez dans votre bonté, que toutes les familles des nations, qui vivent en désaccord à cause de la blessure du péché, se soumettent à son très doux pouvoir. Lui qui vit.

Épitre Col. 1, 12-20

Mes Frères : Rendons grâces à Dieu le Père, qui nous a rendus dignes d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière, qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres, et nous a fait passer dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, par son sang et la rémission des péchés ; qui est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute créature. Car c’est par lui que toutes choses ont été créées dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, soit Trônes, soit Dominations, soit Principautés, soit Puissances : tout a été créé par lui, et en lui ; et lui-même est avant tous, et tout subsiste en lui. Et lui-même est le chef du corps de l’Église : if est le principe, le premier-né d’entre les morts, afin qu’en toutes choses il garde la primauté ; parce qu’il a plu au Père que toute plénitude habitât en lui ; et de se réconcilier par lui toutes choses, pacifiant par le sang de sa croix, soit ce qui est sur la terre, soit ce qui est dans les cieux, en Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Évangile Jn. 18, 33-37

En ce temps-là : Pilate dit à Jésus : Es-tu le roi des Juifs ?

Jésus répondit : Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ?

Pilate répondit : Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les princes des prêtres t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ?

Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu, pour que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais mon royaume n’est point d’ici.

Pilate lui dit alors : Tu es donc roi ?

Jésus répondit : Tu le dis, je suis roi. Voici pourquoi je suis né, et pourquoi je suis venu dans le monde : pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité, écoute ma voix.

Secrète

Nous vous offrons, Seigneur, le sacrifice de la réconciliation de l’homme : faites, nous vous prions, que Celui que nous immolons dans ce sacrifice, accorde Lui-même à toutes les nations les dons d’unité et de paix Jésus-Christ votre Fils, notre Seigneur : Qui vit.

Office

AU PREMIER NOCTURNE.

De l’Épître de saint Paul Apôtre aux Colossiens.

Première leçon. Chap. 1, 3-8 Nous ne cessons de rendre grâces à Dieu, Père de notre Seigneur Jésus Christ, en pensant à vous dans nos prières, depuis que nous avons appris votre foi dans le Christ Jésus, et la charité que vous avez à l’égard de tous les Saints, en raison de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux. Cette espérance, vous en avez naguère entendu l’annonce dans la Parole de vérité, la Bonne Nouvelle, qui est parvenue chez vous de même que dans le monde entier elle fructifie et se développe ; chez vous elle fait de même depuis le jour où vous avez appris et compris dans sa vérité la grâce de Dieu. C’est Épaphras, notre cher compagnon de service, qui vous en a instruits ; il nous supplée fidèlement comme ministre du Christ, et c’est lui-même qui nous a fait connaître votre dilection dans l’Esprit.
Deuxième leçon. Chap. 1, 9-17 C’est pourquoi nous aussi, depuis le jour où nous avons reçu ces nouvelles, nous ne cessons de prier pour vous et de demander à Dieu qu’il vous fasse parvenir à la pleine connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle. Vous pourrez ainsi mener une vie digne du Seigneur et qui Lui plaise en tout : vous produirez toutes sortes de bonnes œuvres et grandirez dans la connaissance de Dieu ; animés d’une puissante énergie par la vigueur de sa gloire, vous acquerrez une parfaite constance et endurance ; avec joie vous remercierez le Père qui vous a mis en mesure de partager le sort des Saints dans la lumière. Il nous a en effet arrachés à l’empire des ténèbres et nous a transférés dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés. Il est l’image du Dieu invisible, Premier-Né de toute créature, car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, Trônes, Seigneuries, Principautés, Puissances ; tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses et tout subsiste en lui.
Troisième leçon. Chap. 1, 18-23 Et il est aussi la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église : II est le Principe, Premier-Né d’entre les morts, (il fallait qu’il obtînt en tout la primauté), car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix. Vous-mêmes, qui étiez devenus jadis des étrangers et des ennemis, par vos pensées et vos œuvres mauvaises, voici qu’à présent II vous a réconciliés dans son corps de chair, le livrant à la mort, pour vous faire paraître devant Lui saints, sans tache et sans reproche. Il faut seulement que vous persévériez dans la foi, affermis sur des bases solides, sans vous laisser détourner de l’espérance promise par l’Évangile que vous avez entendu, qui a été prêché à toute créature sous le ciel, et dont moi, Paul, je suis devenu le ministre.

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

De la lettre encyclique du Pape Pie XI.

Quatrième leçon. L’Année sainte ayant offert plus d’une occasion de glorifier la royauté du Christ, Nous agirons, semble-t-il, de manière pleinement conforme à Notre charge apostolique si, répondant aux demandes qui Nous ont été adressées individuellement ou en commun par de très nombreux cardinaux, évêques et fidèles, Nous terminons cette année en introduisant dans la liturgie de l’Église une fête spéciale de Notre-Seigneur Jésus Christ Roi. Que le Christ soit appelé Roi au sens figuré, en raison du degré suprême d’excellence par lequel il surpasse et domine toutes les créatures, c’est là depuis longtemps un usage communément reçu. On dit ainsi de lui qu’il règne "sur les esprits des hommes", non pas tant à cause de la pénétration de son intelligence ou de la profondeur de sa science que parce qu’il est lui-même la Vérité et que les hommes doivent puiser en lui la vérité et l’accepter avec soumission ; il règne de même "sur les volontés des hommes", non seulement parce qu’à la sainteté de la volonté divine correspondent en lui l’intégrité et l’obéissance parfaites de la volonté humaine, mais aussi parce qu’il donne à notre volonté libre les inspirations qui la portent à s’enflammer pour de nobles buts. Le Christ est enfin reconnu "Roi des cœurs" en raison de sa "charité qui surpasse toute connaissance", ainsi que de sa bonté et de sa tendresse qui attirent les âmes : personne n’a jamais eu et personne n’aura jamais à l’avenir le privilège d’être aimé par toutes les nations, comme l’a été le Christ Jésus. Mais, pour entrer plus profondément dans notre sujet, nul ne saurait nier que le titre de roi et le pouvoir royal doivent, au sens propre du mot, être reconnus au Christ Homme ; c’est seulement en tant qu’il est homme qu’il a reçu du Père "la puissance, l’honneur et la royauté" ; en effet, le Verbe de Dieu, qui a la même substance que le Père, possède nécessairement tout en commun avec le Père et il a donc le pouvoir suprême et absolu sur toutes les créatures.
Cinquième leçon. Le fondement sur lequel reposent cette dignité et cette puissance de Notre-Seigneur est bien Indiqué par Cyrille d’Alexandrie en ces termes : "II possède, en résumé, sur toutes les créatures, un pouvoir qui n’a pas été conquis par la violence, ni reçu d’ailleurs, mais il l’a par son essence et sa nature" ; sa souveraineté se fonde en effet sur cette union admirable qu’on appelle hypostatique. Il en résulte non seulement que le Christ doit être adoré comme Dieu par les anges et par les hommes, mais aussi que les anges et les hommes doivent obéir et se soumettre au pouvoir de cet Homme : ainsi, même au seul titre de l’union hypostatique, le Christ possède l’autorité sur toutes les créatures. Si nous voulons maintenant expliquer brièvement la grandeur et la nature de cette dignité, il est à peine nécessaire de dire qu’elle comporte trois pouvoirs, à défaut desquels elle ne peut guère se concevoir. Des témoignages recueillis dans la Sainte Écriture et concernant la suprématie universelle de notre Rédempteur le montrent de manière surabondante et il faut le croire de foi catholique : le Christ Jésus a été donné aux hommes comme le Rédempteur en qui ils doivent avoir confiance, mais aussi comme le législateur à qui ils doivent obéir. Les évangiles ne rapportent pas tant qu’il a établi des lois qu’ils ne le font voir lui-même établissant ces lois : tous ceux qui observeront ces préceptes, déclare le divin Maître en divers endroits et en des termes différents, prouveront leur charité envers lui et demeureront en son amour. Quant au pouvoir judiciaire, Jésus déclare lui-même aux Juifs qu’il lui a été attribué par le Père, lorsque ceux-ci l’accusent d’avoir violé le repos du sabbat en guérissant miraculeusement un malade : "Le Père ne juge personne, mais il a donné tout jugement au Fils". Ce pouvoir comporte également pour lui le droit (car cette prérogative ne peut être séparée du jugement) de décerner aux hommes encore vivants des récompenses et des châtiments. Mais il faut encore reconnaître au Christ le pouvoir qu’on appelle exécutif : la nécessité d’obéir à son commandement s’impose en effet à tous et cela sous la menace faite aux rebelles de supplices auxquels nul ne saurait se soustraire.
Sixième leçon. Il n’en est pas moins vrai que cette royauté est principalement de nature spirituelle et se rapporte aux réalités spirituelles, ainsi que le montrent les textes bibliques que nous avons rappelés et comme le Christ Seigneur le confirme par sa façon d’agir. En plus d’une occasion en effet, comme les Juifs et les Apôtres eux-mêmes croyaient faussement que le Messie allait rendre la liberté au peuple et rétablir le royaume d’Israël, il leur enleva et détruisit cette opinion et cette espérance vaines ; lorsque la foule d’admirateurs qui l’environnaient voulut le proclamer roi, il refusa le nom et l’honneur, en fuyant et en se cachant ; devant le magistrat romain, il déclara que son royaume n’était pas "de ce monde". Le royaume qu’il propose dans les évangiles est tel que les hommes doivent se préparer à y entrer en faisant pénitence, mais qu’ils ne peuvent y entrer que par la foi et par le baptême, lequel, tout en étant un rite extérieur, signifie et opère cependant la régénération intérieure ; il s’oppose uniquement au royaume de Satan et à la puissance des ténèbres et il demande à ses membres non seulement que, détachant leur cœur des richesses et des biens terrestres, ils pratiquent la douceur et aient faim et soif de la justice, mais encore qu’ils renoncent à eux-mêmes et portent leur croix. Comme le Christ Rédempteur a acquis l’Église par son sang et s’est offert et s’offre perpétuellement comme Prêtre en victime pour les péchés, qui ne voit que la fonction royale elle-même revêt le caractère de ces deux fonctions et y participe ? Ce serait d’ailleurs une grossière erreur de refuser au Christ Homme l’autorité sur les choses civiles, puisqu’il reçoit de son Père un pouvoir tellement absolu sur les êtres créés que tout est placé sous sa souveraineté. C’est pourquoi, par Notre autorité apostolique, Nous instituons la fête de Notre-Seigneur Jésus Christ Roi, qui devra être célébrée dans tout l’univers, chaque année, le dernier dimanche d’octobre, c’est-à-dire le dimanche qui précède la fête de Tous les Saints. Nous ordonnons aussi que soit renouvelée chaque année en ce même jour la consécration du genre humain au Sacré-Cœur de Jésus.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Augustin, évêque.

Septième leçon. Quel intérêt pour le Roi des siècles de devenir le roi des hommes ? Le Christ n’est pas roi d’Israël pour lever un tribut, pour équiper une armée ou pour combattre des ennemis visibles, mais pour gouverner les âmes, pour veiller à leur salut éternel, et pour conduire au royaume des cieux ceux qui croient, espèrent et aiment. Pour le Fils de Dieu égal au Père, Verbe "par qui tout fut fait", c’est donc une condescendance de consentir à être roi d’Israël et non une promotion. C’est la marque de sa miséricorde, bien loin d’être un accroissement de pouvoir. II est au ciel le Seigneur des anges celui qui reçoit sur terre le nom de roi des Juifs... Mais le Christ n’est-il que roi des Juifs ? Ne l’est-il pas de toutes les nations ? — Bien sûr que si ! Il l’avait dit prophétiquement : "J’ai été constitué par Dieu roi sur Sion, sa montagne sainte, je publierai le décret du Seigneur." Mais, puisqu’il s’agit de la montagne de Sion, on pourrait dire qu’il a été constitué roi des Juifs seulement, aussi les versets suivants déclarent-ils : "Le Seigneur m’a dit : tu es mon fils, c’est moi qui t’engendre aujourd’hui ; demande et je te donnerai les nations pour héritage et pour ta possession les confins de la terre."
Huitième leçon. Jésus répondit : "Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne fusse pas livré aux Juifs. Mais mon royaume n’est pas d’ici." Voici l’enseignement que notre bon Maître a voulu nous donner ; mais il fallait d’abord nous faire connaître quelle fausse opinion les gens (païens ou juifs de qui Pilate l’avait recueillie) s’étaient faite sur le royaume de Dieu. Gomme si le Christ avait été condamné à mort, pour avoir brigué un règne indu ou comme s’il avait fallu s’opposer prudemment au danger que son royaume aurait fait courir soit aux Romains, soit aux Juifs, étant donné la jalousie réciproque habituelle aux souverains !
Neuvième leçon. Le Seigneur aurait pu répondre : "Mon royaume n’est pas de ce monde", dès la première question du procurateur : "Es-tu le roi des Juifs ?". Mais i ! préféra interroger Pilate à son tour : "Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ?", pour lui prouver d’après sa réponse qu’il s’agissait là d’une accusation jetée par les juifs devant le gouverneur. Ainsi le Christ nous dévoile-t-il les pensées des hommes dans toute leur vanité qu’il connaît fort bien. Après la réponse de Pilate, c’est donc avec plus d’à-propos encore qu’il peut rétorquer, s’adressant à la fois aux Juifs et aux païens : "Mon royaume n’est pas de ce monde."

 

Dernier Dimanche d’Octobre : le Christ-Roi

Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,

Je pense qu’il est inutile d’insister auprès de vous pour vous montrer que cette fête du Christ-Roi est au cœur même du combat que nous menons.

Si nous avons pris la décision de mener ce combat et de résister à toutes les pressions qui sont faites à l’intérieur même de l’Église, pour nous détourner de ce règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, c’est qu’il nous a semblé indispensable pour défendre notre foi de mettre en pratique, le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et n’est-ce pas là même, l’objet de notre foi, de faire régner Notre Seigneur Jésus-Christ sur nous, sur nos familles, sur nos cités : Oportet illum regnare, dit saint Paul : « Il faut qu’il règne ». Il faut que Notre Seigneur Jésus-Christ règne.

Et pourquoi le pape Pie XI a-t-il jugé bon d’ajouter au calendrier liturgique, une fête particulière pour le Christ-Roi ? Était-ce vraiment nécessaire ? Est-ce que la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ n’était pas suffisamment signifiée, dans toutes les fêtes de l’année liturgique ? En effet, si l’on lit les textes liturgiques de la fête de la Nativité, de la fête de l’Épiphanie, des grandes cérémonies de la Semaine Sainte, à plus forte raison de la fête de Pâques et de la fête de l’Ascension, la royauté de Notre Seigneur est constamment affirmée. Ces fêtes ne font que manifester le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ et son royaume. Alors pourquoi ajouter cette fête du Christ-Roi ?

Eh bien, parce que les hommes ont voulu détruire le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Après que pendant de nombreux siècles, les chefs d’État ont reconnu la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ, des disciples de Satan – celui qui poursuit de sa haine Notre Seigneur Jésus-Christ – ont résolu d’en finir avec la chrétienté, avec l’ordre chrétien, avec le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ sur la Société et ils ont fomenté des troubles, jusqu’au moment où ils ont pu détruire en effet ce règne de Notre Seigneur Jésus-Christ sur les Sociétés.

Et ils espéraient bien par là, ruiner l’œuvre de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est ce que dit le pape Léon XIII dans son encyclique Humanum genus, à propos des francs-maçons. Il dit : « leur but c’est de détruire toutes les institutions chrétiennes ». (Monseigneur répète) : toutes les institutions chrétiennes. Voilà leur but. Et ils ne pouvaient pas y arriver, tant que la Société était chrétienne ; tant que les princes et les gouvernants étaient chrétiens. Il leur a fallu donc détruire ces gouvernements, détruire ceux qui défendaient la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Et non seulement ils ont pour dessein de détruire les institutions chrétiennes, mais ils ont voulu par là, détruire le Règne de Notre Seigneur Jésus-Christ dans les âmes et créer ce climat d’apostasie générale. Le fait que les institutions ne soient plus chrétiennes ; le fait que Notre Seigneur Jésus-Christ ne règne plus dans les institutions, crée nécessairement un climat d’apostasie, un climat d’athéisme. Et ce climat d’athéisme atteint alors les familles par l’enseignement, par tous les moyens puissants que l’État a à sa disposition pour ruiner la foi dans les familles chrétiennes.

C’est ainsi que l’on a vu l’apostasie petit à petit s’étendre dans la Société. Et si les familles deviennent elles-mêmes apostates ; si dans les familles ne règne plus Notre Seigneur Jésus-Christ, sa loi et sa grâce, alors les vocations aussi disparaissent. Et c’est bien ce qu’ils espéraient. Ils espéraient atteindre l’Église, par l’intermédiaire des familles chrétiennes. Et atteindre ainsi les séminaires, les noviciats, les congrégations religieuses.

Et hélas, ils y sont arrivés et maintenant, nous pourrions dire en vérité que les autorités de l’Église leur prêtent main et les aident dans cette apostasie, par l’affirmation de cette liberté religieuse. S’il y a la liberté religieuse, il n’est plus assurément nécessaire que Notre Seigneur Jésus-Christ règne sur les âmes, sur les Sociétés. C’est là une chose absolument incroyable, mais vraie.

Non seulement il n’est pas opportun et il n’est pas peut-être possible – comme ils disent – comme l’ont toujours dit les libéraux, que Notre Seigneur Jésus-Christ règne encore sur la Société. C’était possible au Moyen Âge, ce n’est plus possible maintenant.

Non, ce n’est pas suffisant. Désormais on admet comme principe que Notre Seigneur ne doit pas régner sur la Société. Ce serait contraire à la dignité humaine. La dignité humaine qui veut que chaque homme ait la religion de sa conscience. Et par conséquent, imposer dans la Société le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, ce serait violer la conscience et la liberté et par conséquent la dignité humaine. Et c’est pourquoi il faut que les États soient laïques ; que les États n’aient plus de religion. C’est ce qu’affirment les autorités (actuelles) de l’Église.

Le pape à Strasbourg dernièrement, a affirmé : Il faut que les États soient neutres, n’aient pas de religion. Chose inouïe ! Si nos ancêtres entendaient des choses semblables, ils en seraient stupéfaits et épouvantés. Mais de nos jours, l’on est tellement habitué à cette apostasie générale que l’on ne réagit même plus.

C’est pourquoi cette fête du Christ-Roi est plus utile que jamais. Nous chantions, hier, dans l’Épître :

Scelesta turba clamitat : Regnare Christum nolumus : « La foule impie crie : Nous ne voulons pas que le Christ règne sur nous ».

Te nos ovantes omnium Regem supremum dicimus (Hymne des vêpres de la fête du Christ-Roi).

Nous, au contraire, heureux dans nos cœurs de pouvoir dire que vous êtes le Seigneur, le Roi de toutes choses.

Oui, nous opposons à ce cri de la foule impie qui dit : « Nous ne voulons pas que le Christ règne sur nous » – nous disons : Nous voulons que Notre Seigneur règne, parce qu’il est le Roi de toutes choses : Omnium Regem supremum. Le Roi suprême de toutes choses. Nous le proclamons et nous voulons le proclamer. Non seulement pour nous personnellement pour que Jésus règne dans nos âmes, par sa Loi, par sa grâce. Mais nous voulons qu’il règne aussi dans nos familles, dans les familles chrétiennes et dans la Société.

Ce qui est à la racine, voyez-vous, de cette apostasie, c’est la négation du péché originel. Car si Notre Seigneur Jésus-Christ est venu sur terre et veut régner dans toutes les âmes, dans toutes les familles, dans toutes les cités, c’est précisément pour faire disparaître et le péché originel et toutes ses conséquences, conséquences abominables et qui conduisent à l’enfer ; qui conduisent à la mort éternelle. Il est venu pour nous donner la vie éternelle. Si l’on nie le péché originel. Notre Seigneur n’est pas nécessaire. Que vient-Il faire ? Pourquoi vient-Il ? Il vient troubler nos familles. Il vient troubler l’ordre de la liberté humaine.

Mais si nous croyons vraiment qu’il y a eu un péché originel dont tous les hommes sont atteints avec toutes les conséquences de ce péché originel et que seul Notre Seigneur Jésus-Christ est capable de nous guérir, de nous apporter la vie, de nous purifier, dans son Sang et de nous donner sa grâce, de nous donner sa Loi, alors nous nous tournons vers notre Sauveur, vers Notre Seigneur Jésus-Christ. Qu’il soit notre Roi, que sa Loi règne partout, que sa grâce règne dans toutes les âmes. Voilà ce que nous disons ; voilà ce que nous pensons.

On ne croit plus au péché originel. On nie le péché originel. Les hommes sont libres ; les hommes ne sont pas mauvais. Les hommes ne naissent pas mauvais, ne naissent pas sous l’influence de Satan. Ce n’est pas vrai. Les hommes sont bons. Ce qu’ils désirent c’est bien. Chacun peut désirer ce qu’il veut, selon sa liberté, selon sa conscience.

Or nous disions aussi ce matin dans les antiennes : Gens et regnumm quod non servierit tibi peribit : La nation et le royaume qui ne te serviront pas, périront (Fête du Christ-Roi, Laudes, 5ème antienne).

Et c’est vrai. Tous ceux qui n’ont pas Notre Seigneur Jésus-Christ dans leurs lois, dans leur législation et qui n’ont pas la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, vivent dans le désordre complet et sont atteints par toutes les suites du péché originel, qui corrompent les Sociétés, qui corrompent les âmes.

Alors que devons-nous faire, mes bien chers frères, devant cette situation ? Désirer bien sûr, le règne de Notre Seigneur, prier de tout notre cœur, de toute notre âme aujourd’hui particulièrement, demander à Notre Seigneur de régner, qu’il nous aide, qu’il vienne à notre secours. Dieu sait s’il nous a donné tous les moyens pour nous sauver. Mais devant cette situation qui apparemment est insoluble, que pouvons-nous faire ?

Eh bien, nous devons faire ce que Notre Seigneur Jésus-Christ a voulu que nous fassions, c’est-à-dire nous sanctifier, ressusciter la grâce que nous avons reçue au jour de notre baptême, pour effacer le péché originel et pour en guérir toutes les suites. Nous savons très bien que ces suites du péché originel nous les avons encore, que nous les portons en nous et que nous devons constamment lutter par la grâce de Notre Seigneur, par la prière, par la réception digne et fréquente des sacrements, par l’assistance à la Sainte Messe, à la vraie messe. Nous savons que c’est ainsi que nos âmes se purifieront, que nos âmes se sanctifieront et que nos âmes feront régner en elles la loi et la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Mais il ne suffit pas de le faire pour nous. Nous avons des fonctions. Nous avons tous une vocation ici-bas. Nous ne vivons pas seul ; nous ne vivons pas isolé et par conséquent nous avons le devoir de faire régner Notre Seigneur partout dans nos fonctions. Et pas seulement dans nos familles. Le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ n’est pas seulement un règne qui doit se limiter à la famille et que dès que l’on sort de la maison familiale, il n’y a plus de place pour Notre Seigneur Jésus-Christ, que cela ne regarde pas Notre Seigneur. Ce que nous faisons dans notre profession, ce que nous faisons dans la Cité, en dehors de notre famille. Notre Seigneur n’a plus rien à y voir. C’est faux ! Nous devons être soumis à Notre Seigneur toujours, en tout ce que nous faisons, dans tous nos actes et par conséquent dans les actes de notre profession aussi. Et par conséquent dans les actes que nous avons à accomplir et qui regardent le bien de notre commune, le bien de notre village, le bien de notre cité, le bien de notre État. Il est temps, mes bien chers frères, il est temps, plus que temps, que les chrétiens et particulièrement les chrétiens traditionalistes – si l’on peut les appeler ainsi –c’est-à-dire les vrais chrétiens, les vrais catholiques, il est temps qu’ils se rendent compte de la situation qui existe autour d’eux, qui est en train de se dégrader de mois en mois, d’année en année. Nos pays n’ont pas perdu toute foi catholique. Il y a encore des gens qui croient, des gens qui ont encore la foi. Il faudrait les réunir ; il faudrait les réveiller. Et il faudrait que parmi nous, parmi ceux qui ont des convictions profondes, catholiques, qu’ils prennent des responsabilités.

On est stupéfié de voir des pays catholiques – disons comme le Valais – comme tous les pays catholiques de la Suisse, comme la France, comme l’Italie, comme l’Espagne, comme l’Irlande, comme tous ces pays catholiques qui sont à 80 %, 85 % catholiques, qui sont dirigés par des francs-maçons, qui sont dirigés par des ennemis de l’Église. Comment est-ce possible ? Comment ces gens-là ont-ils pu arriver à dominer des pays à grande majorité catholique, des gens qui ne sont pas chrétiens, des gens qui veulent détruire la famille chrétienne ; qui introduisent des lois qui démolissent l’enseignement chrétien, qui démolissent les écoles chrétiennes ; qui introduisent toutes ces initiatives abominables que nous voyons, comme ces discothèques qui se multiplient partout maintenant dans tous les villages. Qui introduisent par conséquent dans la législation, l’avortement, la contraception, qui supportent la drogue, qui ne poursuivent pas la pornographie et qui acceptent ces films abominables contre Notre Seigneur Jésus-Christ. Voilà des petits groupes de gens qui sont contre Notre Seigneur Jésus-Christ et qui dominent des nations chrétiennes.

Est-ce possible ? Comment expliquer cela, comment expliquer que dans un pays à 80 %, 85 % de catholiques, ce soient des gens contre l’Église catholique, qui sont contre Notre Seigneur, qui dominent et dirigent tout le monde ?

Je pense que c’est parce que les catholiques s’imaginent qu’ils ne doivent pas entrer dans les fonctions publiques. Ils ont peur de s’immiscer dans les fonctions publiques. Sans doute ils ont raison dans la mesure où ils devraient participer à des choses qui sont mauvaises et contribuer à des choses qui sont mauvaises. Mais s’ils le font au contraire pour empêcher les choses mauvaises de se réaliser, ils doivent se manifester ; ils doivent prendre des responsabilités pour le bien des âmes, pour faire régner Notre Seigneur Jésus-Christ dans la législation.

Il me semble qu’il y a là une déficience et peut-être une incompréhension du devoir des catholiques, catholiques fidèles. Il faudrait que dans des villages à 80 % catholiques encore et qui ont encore des convictions à 90 %, ce soient de bons catholiques qui dirigent le village, qui prennent des responsabilités communales. La même chose dans les États. Il ne faut pas avoir peur de prendre des responsabilités. Ce n’est pas là faire de la mauvaise politique, ce n’est pas faire de la politique de parti, c’est tout simplement chercher le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, le règne social de Notre Seigneur.

Alors nous devons prier pour cela et encourager tous ceux de nos amis que nous connaissons, toutes nos connaissances qui sont capables de prendre des mandats dans les communes, dans les cités, dans l’État, de se présenter. Et puisque désormais, nous avons vu l’initiative qui a été provoquée par (certains) de nos amis, ce petit journal qui a dernièrement paru et qui s’appelle Controverses, dans lequel nos confrères prêtres, aussi, se sont engagés d’une certaine manière ; eh bien, c’est là, à mon avis, une très bonne initiative qui peut éventuellement servir, au moment d’un vote, pour être distribué dans les familles, partout, pour être encouragé à faire un bon vote, le vote pour Notre Seigneur Jésus-Christ. Sans faire de partis spéciaux, mais qu’ils soient, comme le dit saint Pie X , le parti de Dieu, le parti de Notre Seigneur Jésus-Christ.

C’est là, il me semble, ce que cette fête du Christ-Roi nous rappelle et nous demande d’agir courageusement. Comme le disait Jeanne d’Arc, n’est-ce pas, dans son combat : « Nous combattons, nous prions et Dieu donnera la victoire ».

On dit : Oh, c’est impossible !… On ne pourra pas. C’est trop difficile ; jamais nous n’arriverons à dominer les gens qui actuellement dirigent nos pays. Nous n’arriverons jamais à les renverser.

Mais il faut compter sur la grâce du Bon Dieu. Le Bon Dieu est avec nous. Le Bon Dieu veut régner ; le Bon Dieu veut le bien des âmes. Et si par conséquent, les catholiques s’unissent, prient, font des sacrifices et militent en faveur du règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, il faut compter sur la grâce de Notre Seigneur, sur l’aide de la très Sainte Vierge Marie qui est forte comme une armée rangée en bataille, sur l’aide des saints, de saint Michel Archange, de tous les saints du pays, de saint Nicolas de Flüe, ici de saint Maurice, invoquons-les et demandons-leur de nous aider pour que Notre Seigneur Jésus-Christ règne dans nos pays, pour sauver les âmes des générations futures, sauver nos âmes et remettre notre pays sous le doux règne de Notre Seigneur.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

L'art de la subversion
Une fête réinterprétée à la lumière de l’enseignement du Concile Vatican II

La fête du Christ Roi a donc été l’objet d’une réinterprétation théologique, qui tient compte aussi de l’évolution de la relation entre l’Église et la société au long du XXe siècle. Alors qu’au départ cette fête est une protestation contre la perte du pouvoir de l’Église sur la société, au risque de la présenter comme une force sociale parmi d’autres, les changements d’ordre liturgique soulignent l’orientation pascale de cette fête et le caractère eschatologique de la royauté du Christ.

Dans le Christ, c’est la création toute entière, dans son chemin historique, qui est appelée à entrer dans le Royaume. Montrant combien le rapport entre religion et politique a évolué à travers l’histoire, Christian Ducquoc en refusant pour autant de réduire la royauté du Christ à une notion purement spirituelle, sans prise réelle sur le monde, met bien en lumière les enjeux d’une telle réinterprétation :

« A notre avis, il faut retenir des variations historiques du rapport de la Royauté de Jésus aux réalités politiques, et du maintien de ce titre malgré son équivocité apparente, qu’on ne peut réduire à néant la relation de Jésus au monde politique. S’il est désigné Roi, c’est que précisément le monde politique n’est pas sans lien avec le Royaume dont Jésus est le Roi (…) Proclamer Roi le Christ, c’est, à chaque époque, dans la tension entre les intentions des pouvoirs et leurs actes, rappeler la place de ceux que laissent pour compte le progrès, l’organisation, et agir en sorte que la politique tienne leur existence pour plus importante que le déploiement de sa puissance. Jésus n’a pas prêché l’anarchie, il a, dans sa prédication aux pauvres, rappelé au pouvoir politique quels étaient sa finalité et son jugement ».13

En définitive, il apparaît que la liturgie révisée à la demande du Concile Vatican II transforme en profondeur l’approche en la situant sur l’arrière-fond eschatologique de la célébration du mystère pascal. Alors que la fête du Christ Roi, avait été instituée par Pie XI, pour soutenir un combat en défense contre les évolutions du monde moderne, elle est devenue la charnière de l’année liturgique parce qu’elle désigne un aspect décisif du temps chrétien : si pour nous, qui vivons dans le temps, le cycle liturgique s’achève chaque année, il ne trouvera son véritable achèvement que dans les « derniers temps » dont la Pâque du Christ est l’accomplissement eschatologique. Depuis la résurrection, nous sommes dans « les temps qui sont les derniers » et dans l’attente du dernier avènement.

C’est pourquoi, en contre-point de cette réflexion sur la fête du Christ, Roi de l’univers, il serait intéressant de considérer aussi la célébration des Rameaux. Dans le cadre de la réforme de la semaine sainte réalisée sous Pie XII (1951-1956), cette célébration a fait l’objet d’une réinterprétation comparable à celle de la fête du Christ-Roi : là aussi, les transformations rituelles soulignent la dimension eschatologique de la célébration et avant tout de la procession d’ouverture de la semaine sainte.

En définitive, le triomphe de la croix célébré dans la liturgie (y compris celle du Vendredi Saint) n’est pas à la manière du monde, et il ne peut être seulement compris comme la revanche des oubliés de l’histoire. Mais dans la foi, il est la confession de la victoire eschatologique du Christ sur les forces de la mort : en accomplissant les mystères de notre rédemption, la Pâque du Fils instaure le « règne sans limite et sans fin » que chante la préface. C’est le Peuple de Dieu tout entier qui est ainsi configuré au Christ Roi pour faire du monde, la cité de justice et de paix que tout pouvoir est appelé à édifier. Contre toute idéologisation de la foi, la dimension sociale de la religion chrétienne n’est donc pas oubliée, mais elle est replacée à l’intérieur de l’histoire de la Révélation, à la lumière du mystère pascal du Christ, lui qui, à la fin des temps, remettra au Père toutes choses.

Par fr. Patrick Prétot, Institut Supérieur de Liturgie, Institut Catholique de Paris

Source Service National de la Pastorale Liturgique et Sacramentaire CEF

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