Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Regnum Galliae Regnum Mariae

Saints Innocents mémoire de l’Octave de la Nativité

28 Décembre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saints Innocents mémoire de l’Octave de la Nativité

Collecte

Dieu, dont en ce jour les Innocents Martyrs ont confessé la gloire, non en parlant mais en mourant, faites mourir en nous tous les penchants au vice, afin que votre foi, que notre langue proclame, notre vie en témoigne aussi dans notre conduite.

Lecture Ap. 14, 1-5

En ces jours là : Je vis l’Agneau qui se tenait sur la montagne de Sion, et avec lui cent quarante-quatre mille personnes, qui avaient son nom et le nom de son Père écrits sur le front. Et j’entendis un son qui venait du ciel, pareil au bruit de grandes eaux et à la vois d’un puissant tonnerre ; et le son que j’entendis ressemblait à un concert de harpistes jouant de leurs instruments. Et ils chantaient comme un cantique nouveau devant le trône, et devant les quatre animaux et les vieillards ; et nul ne pouvait apprendre ce cantique, si ce n’est les cent quarante-quatre mille qui ont été rachetés de la terre. Ce sont ceux qui ne se sont pas souillés avec des femmes, car ils sont vierges. Ce sont eux qui accompagnent l’Agneau partout où il va. Ils ont été rachetés d’entre les hommes, comme des prémices pour Dieu et pour l’Agneau ; et il ne s’est point trouvé de mensonge dans leur bouche, car ils sont irréprochables.

Office

Au premier nocturne.

Du prophète Jérémie. Cap. 31, 15-23.

Première leçon. Voici ce que dit le Seigneur : Une voix a été entendue sur une hauteur, (voix) de lamentation, de deuil et de pleur, la voix de Rachel déplorant (la perte de) ses enfants, et ne voulant pas en être consolée, parce qu’ils ne sont plus. Voici ce que dit le Seigneur : Que ta voix cesse ses gémissements, et tes yeux leurs larmes ; parce qu’il est une récompense à tes œuvres, dit le Seigneur, et ils reviendront de la terre de l’ennemi. Et il est un espoir pour tes derniers moments, dit le Seigneur, et tes fils reviendront dans tes confins.
Deuxième leçon. Entendant, j’ai entendu Éphraïm dans sa transmigration : Vous m’avez châtié et j’ai été instruit, comme un jeune taureau indompté ; convertissez-moi et je serai converti, parce que vous êtes le Seigneur mon Dieu. Car, après que vous m’avez converti, j’ai fait pénitence, et après que vous m’avez montré (mon état), j’ai frappé ma cuisse. J’ai été confondu, et j’ai rougi, parce que j’ai supporté l’opprobre de ma jeunesse. Est-ce qu’il n’est pas un fils honorable pour moi, Éphraïm, n’est-il pas un enfant de délices ? parce que, depuis que j’ai parlé de lui, je me souviendrai encore de lui.

2. Troisième leçon. Établis-toi un lieu d’observation, abandonne-toi à l’amertume, dirige ton cœur vers la voie droite, dans laquelle tu as marché : retourne, vierge d’Israël, retourne vers ces cités tiennes. Jusques à quand seras-tu énervée par les délices, fille vagabonde ? parce que le Seigneur a créé un nouveau prodige sur la terre : Une femme environnera un homme. Voici ce que dit le Seigneur, Dieu d’Israël : Ils diront encore cette parole dans la terre de Juda et dans ses villes, lorsque j’aurai ramené leurs captifs : Que le Seigneur te bénisse, beauté de justice, montagne sainte.
 

Au deuxième nocturne.

Sermon de saint Augustin, Évêque.

Quatrième leçon. Nous célébrons aujourd’hui, mes très chers frères, la fête de ces enfants que l’Évangile nous dit avoir été tués par l’ordre du cruel roi Hérode. Que la terre se livre donc aux transports de la joie, elle qui est la mère féconde de ces célestes soldats et qui enfante de tels prodiges. Certes, ce tyran impie n’aurait jamais pu être aussi utile à ces bienheureux enfants par son affection, qu’il leur a été utile par sa haine. Car, comme le manifeste la sainte solennité de ce jour, autant l’iniquité a abondé contre ces bienheureux enfants, autant se sont répandues sur eux les grâces et les bénédictions célestes.
Cinquième leçon. Tu es heureuse, ô Bethléem, terre de Juda, toi qui as subi la cruauté du roi Hérode dans le meurtre de tes fils, car tu as en même temps mérité d’offrir à Dieu une blanche multitude de paisibles enfants. C’est avec raison que nous célébrons la fête de ces Martyrs. Le monde, en les faisant naître à la vie éternelle, les a rendus plus heureux que n’avaient fait leurs mères en les enfantant pour la terre ; puisqu’ils ont été trouvés dignes d’une vie sans fin, presque avant d’avoir pu faire usage de la vie présente.
Sixième leçon. Les autres Martyrs ont eu une mort précieuse : leur gloire est dans la confession du nom de Jésus-Christ ; mais la gloire de ceux-ci est dans la consommation même de leur vie. Car, dès les prémices de leur jeune existence, la mort qui a mis fin à leur vie présente, leur a valu d’entrer aussitôt en possession de la gloire. Ceux que l’impiété d’Hérode a arrachés du sein de leurs mères les allaitant encore, sont appelés à juste titre les fleurs des Martyrs : fleurs écloses au milieu du froid de l’infidélité, premiers tendres bourgeons de l’Église, que le frimas de la persécution est venu dessécher.
 

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Jérôme, Prêtre.

Septième leçon. Quand il prit l’enfant et sa mère pour passer en Égypte, c’était pendant la nuit et dans les ténèbres, car il laissa dans la nuit de l’ignorance les incrédules dont il s’éloigna ; mais quand il revient dans la Judée, il n’est question dans l’Évangile ni de nuit, ni de ténèbres : parce qu’à la fin du monde, les Juifs, recevant la foi figurée par le Christ revenant d’Égypte, seront dans la lumière.
Huitième leçon. Afin que fût accomplie cette parole, que le Seigneur a dite par un Prophète : « J’ai rappelé mon Fils de l’Égypte. » Que ceux qui nient la vérité des livres hébreux, disent en quel endroit de la version des Septante, on lit cela ; mais comme ils ne l’y trouveront pas, nous leur dirons que cela est écrit dans le Prophète Osée, comme nous l’attestent les exemplaires que nous avons tout récemment publiés.
Neuvième leçon. Ce.fut alors que s’accomplit la parole du Prophète Jérémie, disant : « Une voix a été entendue dans Rama, des pleurs et des cris déchirants répétés, c’était Rachel, pleurant ses fils. » De Rachel est né Benjamin, dans la tribu duquel ne se trouve pas Bethléem. On demande donc pourquoi Rachel pleure les enfants de Juda c’est à dire de Bethléem, comme si c’étaient ses propres enfants ? Nous répondrons brièvement que Rachel fut ensevelie près de Bethléem, en Ephrata ; et que sa sépulture en cet endroit lui a fait donner le nom de mère de Bethléem et de ses habitants. Ou bien encore, c’est parce que Juda et Benjamin étaient deux tribus limitrophes ; et qu’Hérode avait ordonné de tuer les enfants, non seulement dans Bethléem, mais encore dans tous les environs.

 La fête du Disciple bien-aimé succède la solennité des saints Innocents ; et le berceau de l’Emmanuel, auprès duquel nous avons vénéré le Prince des Martyrs et l’Aigle de Pathmos, nous apparaît aujourd’hui environné d’une troupe gracieuse de petits enfants, vêtus de robes blanches comme la neige, et tenant en main des palmes verdoyantes. Le divin Enfant leur sourit ; il est leur Roi, et toute cette petite cour sourit aussi à l’Église de Dieu. La force et la fidélité nous ont introduits auprès du Rédempteur ; l’innocence aujourd’hui nous convie à rester près de la crèche.

Hérode a voulu envelopper le Fils de Dieu même dans un immense massacre d’enfants ; Bethléem a entendu les lamentations des mères ; le sang des nouveau-nés a inondé toute la contrée ; mais tous ces efforts de la tyrannie n’ont pu atteindre l’Emmanuel ; ils n’ont fait que préparer pour l’armée du ciel une nombreuse recrue de Martyrs. Ces enfants ont eu l’insigne honneur d’être immolés pour le Sauveur du monde ; mais le moment qui a suivi leur immolation leur a révélé tout à coup des joies futures et prochaines, bien au-dessus de celles d’un monde qu’ils ont traversé sans le connaître. Le Dieu riche en miséricordes n’a pas demandé d’eux autre chose qu’une souffrance de quelques instants ; et ils se sont réveillés au sein d’Abraham, francs et libres de toute autre épreuve, purs de toute souillure mondaine, appelés au triomphe comme le guerrier qui a donné sa vie pour sauver celle de son chef.

Leur mort est donc un Martyre, et c’est pourquoi l’Église les honore du beau nom de Fleurs des Martyrs, à cause de leur âge tendre et de leur innocence. Ils ont donc droit de figurer aujourd’hui sur le Cycle, à la suite des deux vaillants champions du Christ que nous avons célébrés. Saint Bernard, dans son Sermon sur cette fête, explique admirablement l’enchaînement de ces trois solennités : « Nous avons, dit-il, dans le bienheureux Étienne, l’œuvre et la volonté du Martyre ; dans le bienheureux Jean, nous remarquons seulement la volonté du Martyre ; et dans les bienheureux Innocents, l’œuvre seule du Martyre. Mais qui doutera, néanmoins, de la couronne obtenue par ces enfants ? Demanderez-vous où sont leurs mérites pour cette couronne ? Demandez plutôt à Hérode le crime qu’ils ont commis pour être ainsi moissonnés ? La bonté du Christ sera-t-elle vaincue par la cruauté d’Hérode ? Ce roi impie a pu mettre à mort des enfants innocents ; et le Christ ne pourrait couronner ceux qui ne sont morts qu’à cause de lui ?

« Étienne aura donc été Martyr aux yeux des hommes qui ont été témoins de sa Passion subie volontairement, jusque-là qu’il priait pour ses persécuteurs, se montrant plus sensible à leur crime qu’à ses propres blessures. Jean aura donc été Martyr aux yeux des Anges qui, étant créatures spirituelles, ont vu les dispositions de son âme. Certes, ceux-là aussi auront été vos Martyrs, ô Dieu ! dans lesquels ni l’homme, ni l’Ange n’ont pu, il est vrai, découvrir de mérite, mais que la faveur singulière de votre grâce s’est chargée d’enrichir. C’est de la bouche des nouveau-nés et des enfants à la mamelle que vous vous êtes plu à faire sortir votre louange. Quelle est cette louange ? Les Anges ont chanté : Gloire à Dieu, au plus haut des deux ; et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté ! C’est là, sans doute, une louange sublime ; mais elle ne sera complète que lorsque Celui qui doit venir aura dit : Laissez venir à moi les petits enfants ; car le Royaume des deux est à ceux qui leur ressemblent ; paix aux hommes, même à ceux qui n’ont pas l’usage de leur volonté : tel est le mystère de ma miséricorde. »

Dieu a daigné faire pour les Innocents immolés à cause de son Fils ce qu’il fait tous les jours par le sacrement de la régénération, si souvent appliqué à des enfants que la mort enlève dès les premières heures de la vie ; et nous, baptisés dans l’eau, nous devons rendre gloire à ces nouveau-nés, baptisés dans leur sang, et associés à tous les mystères de l’enfance de Jésus-Christ. Nous devons aussi les féliciter, avec l’Église, de l’innocence que cette mort glorieuse et prématurée leur a conservée. Purifiés d’abord parie rite sacré qui, avant l’institution du Baptême, enlevait la tache originelle, visités antérieurement par une grâce spéciale qui les prépara à l’immolation glorieuse pour laquelle ils étaient destinés, ils ont habité cette terre, et ils ne s’y sont point souillés. Que la société de ces tendres agneaux soit donc à jamais avec l’Agneau sans tache ! et que ce monde, vieilli dans le péché, mérite miséricorde en s’associant, par ses acclamations, au triomphe de ces élus de la terre qui, semblables à la colombe de l’arche, n’y ont pas trouvé où poser leurs pieds !

Néanmoins, dans cette allégresse du ciel et de la ferre, la sainte Église Romaine ne perd pas de vue la désolation des mères qui virent ainsi arracher de leur sein, et immoler par le glaive des soldats ces gages chéris de leur tendresse. Elle a recueilli le cri de Rachel, et ne cherche point à la consoler, si c n’est en compatissant à son affliction. Pour honorer cette maternelle douleur, elle consent à suspendre aujourd’hui une partie des manifestations de la joie qui inonde son cœur durant cette Octave du Christ naissant. Elle n’ose revêtir dans ses vêtements sacrés la couleur de pourpre des Martyrs, pour ne pas rappeler trop vivement ce sang qui jaillit jusque sur le sein des mères ; elle s’interdit même la couleur blanche, qui marque l’allégresse et va mal à de si poignantes douleurs. Elle revêt la couleur violette, qui est celle du deuil et des regrets. Aujourd’hui même, si la fête ne tombe pas le Dimanche, elle va jusqu’à suspendre le chant du Gloria in excelsis, qui pourtant lui est si cher en ces jours où les Anges l’ont entonné sur la terre ; elle renonce au joyeux Alleluia, dans la célébration du Sacrifice ; enfin elle se montre, comme toujours, inspirée par cette délicatesse sublime et chrétienne dont la sainte Liturgie est une si merveilleuse école.

Mais, après cet hommage rendu à la tendresse maternelle de Rachel, et qui répand sur tout l’Office des saints Innocents une touchante mélancolie, elle ne perd pas de vue la gloire dont jouissent ces bienheureux enfants ; et elle consacre à leur solennelle mémoire une Octave entière, comme elle l’a fait pour saint Étienne et pour saint Jean. Dans ses Cathédrales et ses Collégiales, elle honore aussi, en ce jour, les enfants qu’elle appelle à joindre leurs voix innocentes à celles des prêtres et des autres ministres sacrés. Elle leur accorde de gracieuses distinctions, jusque dans le chœur même ; elle jouit de l’allégresse naïve de ces jeunes coopérateurs qu’elle emploie à rehausser ses pompes mystérieuses ; en eux, elle rend gloire au Christ Enfant, et à l’innocente cohorte des tendres rejetons de Rachel.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :