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Regnum Galliae Regnum Mariae

Dimanche après l’Ascension

29 Mai 2022 , Rédigé par Ludovicus

Dimanche après l’Ascension

Introït

Exaucez, Seigneur, ma voix, qui a crié vers vous, alléluia ; mon cœur vous a dit : mes yeux vous ont cherché ; votre visage, Seigneur, je le rechercherai, ne détournez pas de moi votre face, alléluia, alléluia. Le Seigneur est ma lumière et mon salut, qui craindrai-je ?

Collecte

Dieu tout-puissant et éternel : faites que notre volonté vous soit toujours dévouée ; et que nous servions votre Majesté d’un cœur sincère.

Épitre 1. P 4, 7-11.

Mes bien-aimés : soyez prudents et veillez dans la prière. Mais surtout ayez les uns pour les autres une charité persévérante, car la charité couvre une multitude de péchés. Exercez entre vous l’hospitalité sans murmurer. Que chacun mette au service des autres le don spirituel qu’il a reçu, comme doivent faire de bons dispensateurs de la grâce de Dieu aux formes multiples. Si quelqu’un parle, que ce soit selon les oracles de Dieu ; si quelqu’un exerce un ministère, que ce soit comme employant une force que Dieu donne, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Évangile Jn. 15, 26-27 ; 16, 1-4.

En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Lorsque le Paraclet que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, sera venu, il rendra témoignage de moi. Et vous aussi vous me rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement. Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez pas scandalisés. Ils vous chasseront des synagogues, et l’heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre hommage à Dieu. Et ils vous traiteront ainsi parce qu’ils ne connaissent ni le Père ni moi. Je vous ai dit ces choses afin que, lorsque l’heure en sera venue, vous vous souveniez que je vous les ai dites.

Postcommunion

Nourris de vos dons sacrés, ô Seigneur, nous vous en supplions, donnez-nous de demeurer toujours dans l’action de grâces.

 

Office

4e leçon

Sermon de saint Augustin, Évêque.

Notre Sauveur, mes très chers frères, est monté au ciel, ne nous troublons donc pas sur la terre. Que nos pensées soient là où il est, et ici-bas ce sera le repos. Montons maintenant avec le Christ par le cœur ; lorsque son jour promis sera venu, nous le suivrons aussi de corps. Cependant, mes frères, nous devons savoir que ni l’orgueil, ni l’avarice, ni la luxure ne s’élèvent avec le Christ ; aucun de nos vices ne s’élève avec notre médecin. Et c’est pourquoi si nous voulons suivre le médecin dans son ascension, nous devons déposer le fardeau de nos vices et de nos péchés. Ils nous chargent, pour ainsi dire, tous de chaînes, ils s’efforcent de nous retenir captifs dans les filets de nos fautes : c’est pourquoi avec le secours de Dieu, et comme le dit le Psalmiste : « Rompons leurs liens », afin qu’en toute sécurité nous puissions dire au Seigneur : « Vous avez rompu mes liens, c’est à vous que je sacrifierai une hostie de louange »

5e leçon

La résurrection du Seigneur est notre espérance ; l’ascension du Seigneur, notre glorification. Nous célébrons aujourd’hui la solennité de l’Ascension. Si donc nous célébrons l’ascension du Seigneur avec droiture, avec fidélité, avec dévotion, avec sainteté et avec piété, montons avec lui et tenons en haut nos cœurs. Mais, en montant, gardons-nous de nous enorgueillir et de présumer de nos mérites, comme s’ils nous étaient propres. Nous devons tenir nos cœurs en haut attachés au Seigneur ; car le cœur en haut, mais non auprès du Seigneur, c’est l’orgueil ; le cœur en haut près du Seigneur, c’est le refuge. Voici, mes frères, un fait surprenant : Dieu est élevé, tu t’élèves et il fuit loin de toi ; tu t’humilies et il descend vers toi. Pourquoi cela ? C’est que « le Seigneur est élevé, et il regarde ce qui est bas, et ce qui est haut, c’est de loin qu’il le connaît ». Il regarde de près ce qui est humble, pour l’attirer à lui, et il regarde de loin ce qui s’élève, c’est-à-dire les superbes, pour les abaisser.

6e leçon

Le Christ est ressuscité pour nous donner l’espérance, car tout homme qui meurt ressuscite ; et il nous a donné cette assurance, afin qu’en mourant nous ne désespérions pas et que nous ne pensions pas que notre vie finit dans la mort. Nous étions dans l’anxiété au sujet de notre âme elle-même, et le Sauveur, en ressuscitant, nous a donné la foi en la résurrection de la chair. Crois donc, afin d’être purifié. Il te faut d’abord croire, afin de mériter par ta foi de voir Dieu un jour. Veux-tu voir Dieu ? Écoute-le lui-même : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu ». Pense donc avant tout à purifier ton cœur ; enlève tout ce que tu y vois qui puisse déplaire à Dieu.

7e leçon

Homélie de saint Augustin, Évêque.

Le Seigneur, dans le discours qu’il tint à ses disciples après la cène, aux approches de sa passion, alors qu’il allait partir et les quitter quant à sa présence corporelle, quoiqu’il dût néanmoins rester avec tous les siens par sa présence spirituelle jusqu’à la consommation des siècles ; le Seigneur Jésus, dans ce discours, les exhorta à supporter les persécutions des impies, qu’il désignait sous le nom de monde. Du sein de ce même monde il avait tiré ses disciples : il le leur déclara, afin qu’ils sussent que la grâce de Dieu les faisait ce qu’ils se trouvaient être, tandis que leurs vices les avaient rendus ce qu’ils étaient auparavant.

8e leçon

Ensuite il leur annonça clairement que les Juifs devaient être et ses persécuteurs et les leurs, de façon qu’il fût absolument évident que ceux qui persécutent les saints sont compris, eux aussi, sous cette appellation de monde condamnable. Or, après avoir dit des Juifs qu’ils ne connaissaient pas celui qui l’avait envoyé, et que cependant ils haïssaient et le Fils et le Père, c’est-à-dire celui qui avait été envoyé et celui par qui il était envoyé (toutes choses dont nous avons déjà parlé dans d’autres sermons), il en vint à cet endroit où il leur dit : « C’est afin que s’accomplisse la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï gratuitement »

9e leçon

Ensuite il ajouta, comme conséquemment, ces paroles que nous avons entrepris d’expliquer aujourd’hui. « Mais lorsque sera venu le Paraclet que je vous enverrai du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi. Et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que, dès le commencement, vous êtes avec moi ». Quel rapport ces paroles ont-elles avec ce qu’il vient de dire : « Mais maintenant ils ont vu mes œuvres ; et ils ont haï et moi et mon Père, mais c’est afin que s’accomplisse la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï gratuitement ». Quand le Paraclet est venu, cet Esprit de vérité a-t-il convaincu par un témoignage plus évident ceux qui avaient vu ses œuvres et le haïssaient encore ? Il a fait bien plus ; car, en se manifestant à eux, il a converti à la foi, qui opère par la charité, plusieurs de ceux qui avaient vu, et dont la haine persévérait encore.

Jésus est monté aux cieux. Sa divinité n’en avait jamais été absente, mais aujourd’hui son humanité y est intronisée, elle y est couronnée d’un diadème de splendeur ; et c’est là encore une nouvelle face du glorieux mystère de l’Ascension. A cette humanité sainte le triomphe ne suffisait pas ; le repos lui était préparé sur le trône même du Verbe éternel auquel elle est unie éternellement dans une même personnalité, et c’est du haut de ce trône qu’elle doit recevoir les adorations de toute créature. Au nom de Jésus Fils de l’homme et Fils de Dieu, de Jésus assis à la droite du Père tout-puissant, « tout genou doit fléchir au ciel, sur la terre et dans les enfers ».

Habitants de la terre, c’est là cette nature humaine qui apparut autrefois dans l’humilité des langes, qui parcourut la Judée et la Galilée n’ayant pas où reposer sa tête, qui fut enchaînée par des mains sacrilèges, flagellée, couronnée d’épines, clouée à une croix ; mais tandis que les hommes qui l’avaient méconnue la foulaient aux pieds comme un ver de terre, elle acceptait le calice des douleurs avec une entière soumission et s’unissait à la volonté du Père ; elle consentait, devenue victime, à réparer la gloire divine en donnant tout son sang pour la rançon des pécheurs. Cette nature humaine, issue d’Adam par Marie l’immaculée, est le chef d’œuvre de la puissance de Dieu. Jésus, « le plus beau des enfants des hommes », est l’objet de l’admiration extatique des Anges ; sur lui se sont reposées les complaisances de la suprême Trinité ; les dons de la grâce déposés en lui surpassent ce qui a été accordé à tous les hommes et à tous les esprits célestes ensemble ; mais Dieu l’avait destiné à la voie de l’épreuve, et Jésus qui aurait pu racheter l’homme à moins de frais, s’est plongé volontairement dans une mer d’humiliations et de douleurs, afin de payer avec surabondance la dette de ses frères. Quelle sera la récompense ? L’Apôtre nous le dit dans ces fortes paroles : « Il s’est fait obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix ; à cause de cela Dieu l’a exalté, et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom ».

O vous donc qui compatissez ici-bas aux douleurs par lesquelles il nous a rachetés, vous qui aimez à le suivie dans les stations de son pèlerinage jusqu’au Calvaire, levez la tête aujourd’hui, et regardez au plus haut des cieux. Le voici, « parce qu’il a souffert la mort, le voici couronné de gloire et d’honneur. Plus il s’est anéanti sous la forme d’esclave, lui qui dans son autre nature pouvait sans injustice se dire égal à Dieu » ; plus le Père prend plaisir à l’élever en gloire et en puissance. La couronne d’épines qu’il a portée ici bas est remplacée par le diadème d’honneur. La croix qu’il laissa imposer sur son épaule est désormais le signe de sa principauté. Les plaies que les clous et la lance ont imprimées sur son corps resplendissent comme des soleils. Gloire soit donc rendue à la justice du Père envers Jésus son Fils ! Mais réjouissons-nous aussi de voir en ce jour « l’Homme des douleurs » devenu le Roi de gloire, et répétons avec transport l’Hosannah que la cour céleste fait retentir à son arrivée.

Toutefois n’allons pas croire que le Fils de l’homme établi désormais sur le trône de la divinité reste inactif dans son glorieux repos. C’est une souveraineté, mais une souveraineté active que le Père lui a concédée. Il l’a d’abord établi « juge des vivants et des morts, et nous devons tous comparaître devant son tribunal ». A peine notre âme aura-t-elle quitté son corps, qu’elle se trouvera transportée au pied de ce tribunal sur lequel le Fils de l’homme s’est assis aujourd’hui, et elle entendra sortir de sa bouche la sentence qu’elle aura méritée. O Sauveur couronné en ce jour, soyez-nous miséricordieux à cette heure décisive pour notre éternité.

Mais la judicature exercée par le Seigneur Jésus ne se bornera pas à l’exercice silencieux de ce souverain pouvoir ; les Anges nous l’ont dit aujourd’hui : il doit se montrer de nouveau à la terre, redescendre à travers les airs, ainsi qu’il est monté, et alors se tiendront les solennelles assises où le genre humain comparaîtra tout entier. Assis sur les nuées du ciel, entouré des milices angéliques, le Fils de l’homme apparaîtra à la terre dans toute sa majesté. Les hommes verront « Celui qu’ils ont percé », et les traces de ses blessures, qui ajouteront encore à sa beauté, seront pour les uns un objet de terreur et pour les autres la source d’ineffables consolations. Pasteur encore sur son trône aérien, il séparera ses brebis des boucs, et sa voix souveraine que la terre ne connaissait plus depuis tant de siècles, retentira pour commander aux pécheurs impénitents de descendre aux enfers, et pour inviter les justes à venir occuper, en corps et en âme, le séjour des délices éternelles.

En attendant ce dénouement final des destinées de la race humaine, Jésus reçoit aussi du Père, en ce jour, l’investiture visible du pouvoir royal sur toutes les nations de la terre. Nous ayant tous rachetés au prix de son sang, nous sommes à lui ; qu’il soit donc désormais notre Seigneur. Il l’est en effet, et il s’intitule le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Les rois de la terre ne règnent légitimement que par lui, et non par la force, ou en vertu d’un prétendu pacte social dont la sanction ne serait que d’ici-bas. Les peuples ne s’appartiennent pas à eux-mêmes : ils sont à lui. Sa loi ne se discute pas ; elle doit planer au-dessus de toutes les lois humaines comme leur règle et leur maîtresse : « Les nations frémiront sous son sceptre, nous dit le Roi-prophète ; les peuples, pour lui échapper, méditeront de vains systèmes ; les princes de la terre se ligueront contre lui ; ils diront : Brisons son joug, et jetons-le loin de nous ». Inutiles efforts ! Car, ainsi que nous ledit l’Apôtre, « il faut qu’il règne, jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous les pieds », jusqu’à ce qu’il apparaisse une seconde fois pour abattre la puissance de Satan et l’orgueil des hommes.

Ainsi donc, le Fils de l’homme couronné dans son Ascension doit régner sur le monde jusqu’à ce qu’il revienne. Mais, direz-vous, règne-t-il donc dans un temps où les princes confessent tenir leur autorité du mandat de leurs peuples, où les peuples séduits par ce prestige qu’ils nomment liberté ont perdu jusqu’au sens même de l’autorité ? Oui, il règne, mais dans la justice, puisque les hommes ont dédaigné d’être conduits par sa bonté. Ils ont effacé sa loi de leurs codes, ils ont accordé droit de cité à l’erreur et au blasphème ; alors il les a livrés à leur sens absurde et mensonger. Chez eux le pouvoir éphémère, que l’onction sainte ne rend plus sacré, échappe à tout moment aux mains qui s’efforcent de le retenir, et lorsque les peuples, après avoir roulé dans les abîmes de l’anarchie, essayent de le constituer de nouveau, c’est pour le voir crouler encore, parce que princes et peuples veulent se tenir en dehors du domaine du Fils de l’homme. Et il en sera ainsi, jusqu’à ce que princes et peuples, lassés de leur impuissance, le rappellent pour régner sur eux, jusqu’à ce qu’ils aient repris la devise de nos pères : « Le Christ est vainqueur ! Le Christ règne ! Le Christ commande ! Daigne le Christ préserver son peuple de tout malheur ! » En ce jour de votre couronnement, recevez donc les hommages de vos fidèles, ô notre souverain Roi, notre Seigneur et notre juge ! Nous qui fûmes par nos péchés les auteurs de vos humiliations et de vos souffrances dans le cours de votre vie mortelle, nous nous unissons aux acclamations que firent entendre les Esprits célestes au moment où le diadème royal fut placé sur votre divin Chef. Nous ne faisons encore qu’entrevoir vos grandeurs ; mais l’Esprit-Saint que vous nous avez promis achèvera de nous révéler tout ce que nous pouvons connaître ici-bas sur votre souverain pouvoir, dont nous voulons être à jamais les humbles et fidèles sujets.

Le Dimanche dans l’Octave de l’Ascension était appelé à Rome, au moyen âge, le Dimanche des Roses, parce que l’on avait coutume en ce jour de joncher de roses le pavé des basiliques, comme un hommage au Christ qui s’élevait au ciel dans la saison des fleurs. On sentait alors toutes les harmonies. La fête de l’Ascension si riante et si remplie de jubilation, lorsqu’on la considère sous son principal aspect, qui est le triomphe du Rédempteur, venait embellir les radieuses journées du printemps sous un ciel fortuné. On cessait un moment de sentir les tristesses de la terre, veuve de son Emmanuel, pour ne se souvenir que de la parole qu’il a dite à ses Apôtres, afin qu’elle nous fût répétée : « Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je m’en vais à mon Père ». Imitons cet exemple ; offrons à notre tour la rose à celui qui l’a faite pour l’embellissement de notre séjour, et sachons nous aider de sa beauté et de son parfum pour nous élever jusqu’à lui, qui nous dit dans le divin Cantique : « Je suis la fleur des champs et le lis des vallons ». Il voulut être appelé Nazaréen, afin que ce nom mystérieux réveillât en nous le souvenir qu’il retrace, le souvenir des fleurs dont il n’a pas dédaigné d’emprunter le symbole, pour exprimer le charme et la suavité que ceux qui l’aiment trouvent en lui.

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