Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Regnum Galliae Regnum Mariae

Vigile de l’Ascension

25 Mai 2022 , Rédigé par Ludovicus

Vigile de l’Ascension

Collecte

Dieu, vous de qui procèdent tous les biens, accordez à vos serviteurs suppliants, que, par votre inspiration, nos pensées se portent à ce qui est bien, et que notre volonté, guidée par vous, l’accomplisse.

Épitre Ep. 4, 7-13

Mes frères, à chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don du Christ. C’est pourquoi l’Écriture dit : Étant monté en haut, il a emmené des captifs, il a donné des dons aux hommes. Or, que signifie : Il est monté, sinon qu’il était descendu d’abord dans les parties inférieures de la terre ? Celui qui est descendu est le même que celui qui est monté au-dessus de tous les deux, afin de remplir toutes choses. Et c’est lui qui a donné les uns comme apôtres, d’autres comme prophètes, d’autres comme évangélistes, d’autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints, pour l’œuvre du ministère, pour l’édification du corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état l’homme parfait, à la mesure de ’âge de la plénitude du Christ.

Évangile Jn. 17, 1-11

En ce temps-là, Jésus leva les yeux au ciel, et dit : Père, l’heure est venue ; glorifiez votre il Fils, afin que votre Fils vous glorifie, en donnant, selon la puissance que vous lui ayez accordée, sur toute chair, la vie éternelle à tous ceux que vous lui avez donnés. Or la vie éternelle, c’est qu’ils vous connaissent, vous le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ. Je vous ai glorifié sur la terre ; j’ai accompli l’œuvre que vous m’aviez donnée à faire. Et maintenant, glorifiez- moi, vous, Père, auprès de vous même, de la gloire que j’ai eue auprès de vous, avant que le monde fût. J’ai manifesté votre nom aux hommes que vous m’avez donnés du milieu du monde. Ils étaient à vous, et vous me les avez donnés ; et ils ont gardé votre parole. Maintenant, ils savent que tout ce que vous m’avez donné vient de vous ; car je leur ai donné les paroles que vous m’avez données, et ils les ont reçues, et ils ont vraiment connu que je suis sorti de vous, et ils ont cru que vous m’avez envoyé. C’est pour eux que je prie ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que vous m’avez donnés, parce qu’ils sont à vous. Tout ce qui est à moi est à vous, et ce qui est à vous est à moi ; et j’ai été glorifié en eux. Et déjà je ne suis plus dans te monde ; mais eux, ils sont dans le monde, et moi je viens à vous.

Office

1ère leçon

Lecture du saint Évangile selon saint Jean

Notre Seigneur, Fils unique du Père, et coéternel avec lui, « ayant pris la forme d’esclave » pouvait, en cette forme d’esclave, prier en silence s’il le fallait ; mais il a voulu se présenter en suppliant devant son Père, de telle manière qu’il montra se souvenir qu’il était notre docteur. C’est pourquoi il a voulu que la prière qu’il a faite pour nous, nous fût connue ; car l’édification des disciples ressort non seulement des leçons que leur donne un si grand maître, mais encore de la prière qu’il adresse à son Père en leur faveur. Et si ces paroles étaient l’édification de ceux qui se trouvaient présents pour les entendre, Jésus voulait certainement qu’elles devinssent aussi la nôtre, à nous qui devions les lire, recueillies dans son Évangile.

2e leçon

C’est pourquoi lorsqu’il nous dit : « Père, l’heure est venue, glorifiez votre Fils ; » il nous enseigna que ce qu’il ferait ou laisserait se faire, en quelque temps que ce fût, est disposé d’avance par celui qui n’est point sujet au temps ; car les événements qui se déroulent dans la suite des temps, ont leurs causes efficientes dans la sagesse de Dieu, en laquelle ne se trouve rien de temporaire. Gardons-nous donc de croire que cette heure soit venue amenée par la fatalité, car elle a été fixée par Dieu qui dispose les temps. Les lois des astres n’ont pas non plus régi la passion du Christ ; il est inadmissible que les astres puissent forcer à mourir le Créateur des astres.

3e leçon

Il en est qui entendent que le Fils a été glorifié par le Père en ce sens qu’il ne l’a pas épargné mais l’a livré pour nous tous. Mais si l’on dit que le Christ a été glorifié par sa passion, combien plus par sa résurrection ? Dans sa passion, en effet, son humilité se manifeste plutôt que sa gloire ; l’Apôtre l’atteste lorsqu’il dit : « Il s’est humilié lui-même, s’étant fait obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix ». Ensuite il ajoute, au sujet de sa glorification : « C’est pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom ; afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans le ciel, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père ». Voilà la glorification de notre Seigneur Jésus-Christ, elle a commencé à sa résurrection.

La troisième matinée des Rogations s’est écoulée, l’heure de midi se fait entendre ; elle vient ouvrir la dernière journée que le Fils de Dieu doit passer sur la terre avec les hommes. Nous avons semblé perdre de vue, durant ces trois jours, le moment si proche de la séparation ; toutefois, le sentiment de la perte qui nous menace vivait au fond de nos cœurs, et les humbles supplications que nous présentions au ciel, en union avec la sainte Église, nous préparaient à célébrer le dernier des mystères de notre Emmanuel.

A ce moment, les disciples sont tous rassemblés à Jérusalem. Groupés autour de Marie dans le Cénacle, ils attendent l’heure à laquelle leur Maître doit se manifester à eux pour la dernière fois. Recueillis et silencieux, ils repassent dans leurs cœurs les divines marques de bonté et de condescendance qu’il leur a prodiguées durant ces quarante jours, et les solennels enseignements qu’ils ont reçus de sa bouche. C’est maintenant qu’ils le connaissent, qu’ils savent qu’il est sorti de Dieu ; quant à ce qui les concerne, ils ont appris de lui la mission à laquelle il les a destinés : ce sera d’enseigner, eux ignorants, les peuples de la terre ; mais, ô regret inconsolable ! Il s’apprête à les quitter ; « encore un peu de temps, et ils ne le verront plus. »

Par un touchant contraste avec leurs tristes pensées, la nature entière semble s’être mise en devoir d’offrir à son auteur le plus splendide triomphe ; car ce départ doit être un départ triomphant. La terre s’est parée des prémices de sa fécondité, la verdure des campagnes le dispute à l’émeraude, les fleurs embaument l’air de leurs parfums, sous le feuillage des arbres les fruits se hâtent de mûrir, et les moissons grandissent de toutes parts. Tant d’heureux dons sont dus à l’influence de l’astre qui brille au ciel pour vivifier la terre, et qui a reçu le noble privilège de figurer par son royal éclat, et dans ses phases successives, le passage de l’Emmanuel au milieu de nous.

Rappelons-nous ces jours sombres du solstice d’hiver, où son disque pâle, tardif vainqueur des ténèbres, ne montait dans le ciel que pour y parcourir une étroite carrière, dispensant la lumière avec mesure, et n’envoyant à la terre aucun rayon assez ardent pour résoudre la constriction qui tenait glacée toute sa surface. Tel se leva, comme un astre timide, notre divin Soleil, dissipant à peine les ombres autour de lui, tempérant son éclat, afin que les regards des hommes n’en fussent pas éblouis. Comme le soleil matériel, il élargit peu à peu sa carrière ; mais des nuages vinrent souvent dissimuler son progrès. Le séjour en la terre d’Égypte, la vie obscure de Nazareth, dérobèrent sa marche aux yeux des hommes ; mais l’heure étant venue où il devait laisser poindre les rayons de sa gloire, il brilla d’un souverain éclat sur la Galilée et sur la Judée, lorsqu’il se mit à parler « comme ayant puissance », lorsque ses œuvres rendirent témoignage de lui, et que l’on entendit la voix des peuples qui faisait retentir « Hosannah au fils de David ».

Il allait atteindre à son zénith, quand tout à coup l’éclipse momentanée de sa passion et de sa mort persuada pour quelques heures à ses ennemis jaloux que leur malice avait suffi pour éteindre à jamais sa lumière importune à leur orgueil. Vain espoir ! Notre divin Soleil échappait dès le troisième jour à cette dernière épreuve ; et il plane maintenant au sommet des cieux, versant sa lumière sur tous les êtres qu’il a créés, mais nous avertissant que sa carrière est achevée. Car il ne saurait descendre ; pour lui, pas de couchant ; là s’arrête son rapport avec l’humble flambeau qui éclaire nos yeux mortels. C’est du haut du ciel qu’il brille désormais, et pour toujours, ainsi que l’avait annoncé Zacharie, lors de la naissance de Jean ; et comme l’avait prédit encore auparavant le sublime Psalmiste, en disant : « Il a fourni sa carrière comme un géant, il est arrivé au sommet des cieux, d’où il était parti, et nul ne peut se soustraire à l’action de sa puissante chaleur ».

Cette Ascension, qui établit l’Homme-Dieu centre de lumière pour les siècles des siècles, il en a fixé le moment précis à l’un des jours du mois que les hommes appellent Mai, et qui révèle dans son plus riant éclat l’œuvre que ce Verbe divin trouva belle lui-même, au jour où, l’ayant fait sortir du néant, il la disposa avec tant de complaisance. Heureux mois, non plus triste et sombre comme Décembre, qui vit les joies modestes de Bethléhem, non plus sévère et lugubre comme Mars, témoin du Sacrifice sanglant de l’Agneau sur la croix, mais radieux, épanoui, surabondant de vie et digne d’être offert, chaque année, en hommage à Marie, Mère de Dieu ; car c’est le mois du triomphe de son fils.

O Jésus, notre créateur et notre frère, nous vous avons suivi des yeux et du cœur depuis le moment de votre aurore ; nous avons célébré, dans la sainte liturgie, chacun de vos pas de géant par une solennité spéciale ; mais en vous voyant monter ainsi toujours, nous devions prévoir le moment où vous iriez prendre possession de la seule place qui vous convienne, du trône sublime où vous serez assis éternellement à la droite du Père. L’éclat qui vous entoure depuis votre résurrection n’est pas de ce monde ; vous ne pouvez plus demeurer avec nous ; vous n’êtes resté durant ces quarante jours, que pour la consolidation de votre œuvre ; et demain, la terre qui vous possédait depuis trente-trois années sera veuve de vous. Avec Marie votre mère, avec vos disciples soumis, avec Madeleine et ses compagnes, nous nous réjouissons du triomphe qui vous attend ; mais à la veille de vous perdre, permettez à nos cœurs aussi de ressentir la tristesse ; car vous étiez l’Emmanuel, le Dieu avec nous, et vous allez être désormais l’astre divin qui planera sur nous ; et nous ne pourrons plus « vous voir, ni vous entendre, ni vous toucher de nos mains, ô Verbe de vie ! »

. Nous n’en disons pas moins : Gloire et amour soient à vous ! Car vous nous avez traités avec une miséricorde infinie. Vous ne nous deviez rien, nous étions indignes d’attirer vos regards, et vous êtes descendu sur cette terre souillée par le péché ; vous avez habité parmi nous, vous avez payé notre rançon de votre sang, vous avez rétabli la paix entre Dieu et les hommes. Oui, il est juste maintenant que « vous retourniez à celui qui vous a envoyé ». Nous entendons la voix de votre Église, de votre Épouse chérie qui accepte son exil, et qui ne pense qu’à votre gloire : « Fuis donc, ô mon bien-aimé, vous dit-elle ; fuis avec la rapidité du chevreuil et du faon de la biche, jusqu’à ces montagnes où les fleurs du ciel exhalent leurs parfums ». Pourrions-nous, pécheurs que nous sommes ne pas imiter la résignation de celle qui est à la fois votre Épouse et notre mère ?

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :