UN prêtre ANGEVIN Échappé AU MASSACRE DES CARMES (2 septembre 1792)
Dans la livraison de décembre 1867 des Études religieuses, historiques et littéraires, des PP. de la compagnie de Jésus, nous avons trouvé un précieux document, qui revient de droit à l'Anjou, par conséquent, à notre recueil spécialement et uniquement consacré à l'histoire angevine.
Ce document, édité par le P.C. Somervogel, a été trouvé parmi les manuscrits du P. Barruel. Il a pour titre : "Lettre de M. l'abbé Frontault à M. l'abbé Villelle, ou Relation de ce qui s'est passé à l'égard des prêtres français emprisonnés et massacrés, au couvant des Carmes, rue de Vaugirard, à Paris, le 2 septembre 1792".
A la fin du manuscrit se trouve cette note, qui lui sert comme de cachet authentique : "Cette relation est la copie exacte de la lettre de M. Frontault, curé de 28 ans du diocèse d'Angers, écrite à M. l'abbé de Villelle, élève de Saint-Sulpice. Cet intéressant ecclésiastique échappé au massacre des Carmes, est venu en échange mourir martyr de la charité, au service des prisonniers et blessés français à Maestricht, en 1793. C'est de cette ville qu'il a écrit sa relation."
M. l'abbé Frontault était curé de Saint-Aubin des Ponts-de-Cé. Ayant refusé de prêter le serment à la Constitution civile du Clergé, et pour ce fait dépossédé de sa cure, il était venu se réfugier dans la maison de retraite des prêtres de Saint-Sulpice, la solitude d'Issy. C'est là que les fureurs de la Révolution le vinrent chercher pour le traîner à la mort, qu'il n'évita que par une sorte de miracle, comme il le racontera lui-même. Nous regrettons de ne pouvoir donner sa lettre toute entière ; elle déborderait de notre cadre trop étroit, et nous devons nous borner aux parties les plus saillantes de ce drame émouvant.
Pretiosa in conspectu Domini
mors sanctorum ejus (Ps. CXV).
...
Ce fut le 15 du mois d'aoust (1792) que le Seigneur nous annonça par l'arrivée d'une horde de brigands dans l'enclos de la Solitude, que nous étions choisis pour confesser sa foi devant le peuple et devant les tribunaux. Jusqu'à ce moment nous avions été effrayés de tout ce que nous savions se préparer contre les ministres catholiques ; nous connoissions tout ce que Monseigneur l'archevêque d'Arles, et une trentaine de prêtres déjà renfermés aux Carmes avoient eu à souffrir, ce qu'ils avoient montré de fermeté et de courage dans leur arrestation, et combien ils inspiroient d'intérêt par leur vie toute de prière et d'oraison dans leur prison ; mais nous ne trouvions point encore en nous cet esprit de force et de soumission qui caractérise un confesseur de la foi. Nous tremblions qu'une semblable épreuve ne fut pour nous une occasion de chute et de scandale pour l’Église de France. Mais à peine nous eut-on enjoint de suivre, que nous nous trouvâmes des hommes nouveaux - nous partons gaiement, et dès ce moment tout est prodige.
Des cris, "à bas la calotte, à la lanterne ..." nous accompagnent jusqu'au lieu désigné pour le rassemblement des victimes. Nous y fûmes reçus par des bravo de fureur et de rage. De nouveaux satellites consignés à la garde de cette maison, nous environnent ; et bientôt un homme aux yeux étincelants, d'une voix plus que barbare, nous dénonce à la vengeance du peuple : "Vous êtes des scélérats, nous dit-il ; depuis longtemps le peuple est votre dupe ; vous ne tarderez pas d'être ses victimes. Qu'on les garde bien, ajoute-t-il, et qu'aucun de mes soldats ne parle à ces coquins." Bientôt d'autres cris de cannibales nous annoncent de nouveaux confesseurs. Messieurs de Saint-François de Sales arrivent et se rangent parmi nous. Ils étoient au nombre de neuf ; plusieurs de quatre-vingts ans, le plus jeune passoit l'âge de soixante. Un de ces vénérables ose élever une voix presque éteinte par l'âge et les infirmités, et se récrie contre l'imputation de conspirateurs qu'on leur reproche. Au même instant sa tête est courbée, la hache se lève sur lui ; plusieurs des confesseurs se mettent à genoux en prières, tous détournent le visage pour ne pas voir couler le sang. Le moment n'étoit pas arrivé ; la scène ne fut pas ensanglantée ; elle finit par des menaces, des imprécations et des blasphèmes ...
Le cliquetis des armes, le son des tambours, l'ordre très-brusque du commandant, nous annoncèrent qu'il fallait partir ...
Je placerai ici une anecdote qui me regarde seul, et qui devient cependant intéressante par un contraste de cruauté et de sensibilité qu'elle offre dans la même circonstance. Malgré la défense faite de nous parler, un jeune breton s'approche de moi, et me dit qu'il est fâché de me voir dans une telle aventure. Je lui réponds par un témoignage de reconnoissance et de surprise de sa sensibilité. En vous voiant, me dit-il, j'ai éprouvé un sentiment d'intérêt dont je ne puis me défendre. - Votre sensibilité, lui dis-je, me flatte, mais elle m'est inutile. - Avez-vous un habit laïc, continua-t-il ? je ne sçaurois vous sauver si vous restez en soutane ; et dans le cas où le peuple de Paris voudroit vous sacrifier à votre arrivée, comme je le crains bien, je vous aiderai à vous confondre dans la foule, si vous êtes en habit laïc, et vous vous sauverez. - Sur ma réponse positive, il obtint du commandant une permission, pour que je sois conduit dans ma chambre, et que je puisse quitter mon habit long. Deux de ses camarades se joignent à lui pour m'accompagner. Il s'en falloit beaucoup qu'ils partageassent ses sentimens. Armés d'un large sabre qu'ils tenoient toujours suspendu sur ma tête, ils me disoient énergiquement qu'il falloit périr, ou promettre serment. Le jeune breton me serrant toujours la main, me répétoit à voix basse, qu'il ne falloit rien dire. Mon silence fut pris pour un outrage. Plusieurs fois ils s'élancent sur moi, je crus être à mon dernier moment : mais mon jeune protecteur paroit les coups. - "Laisse-nous faire, disoient-ils, c'est une bonne œuvre que de détruire un monstre semblable. Non il n'en seroit que cela, si nous lui passions nos sabres au travers du corps." Nous nous remîmes en route pour rejoindre nos confrères. Je fus obligé de promettre au jeune breton, que pendant la route je me tiendrois à ses côtés.
Nous partîmes donc d'Issy au bruit de toutes les imprécations d'un peuple immense qui nous accompagna jusqu'à Paris. Notre arrivée étant annoncée, notre cortège s'augmenta infiniment.
Nous comptions être conduits à l'Hôtel-de-Ville ... mais un commissaire de la section du Luxembourg, envoié au devant de nous par cette section, arrêta notre marche, et nous fûmes conduits à l'assemblée qui se tenait au séminaire de Saint-Sulpice. ...
On lut dans l'assemblée du peuple le procès verbal : c'était l'histoire de notre arrestation et non celle des accusations faites contre nous ; il n'y en avait aucune. Le peuple donna son avis, et on nous conduisit à la prison des Carmes ...
Mon jeune breton ne m'abandonna pas un moment pendant toute la route. Les expressions d'amitié et de regret, les serrements de main furent réciproques. Avant de nous quitter, il voulut sçavoir mon nom et ma patrie : il les répéta souvent pour les retenir ; il me donna les siens, "dans l'espérance, me dit-il, qu'un autre ordre de choses pourroit favoriser notre plus ample connoissance." Celui qui me précédoit pour entrer dans la prison (M. Ploquin) reçut un soufflet du garde qui le conduisoit : "Tiens, lui dit-il en le frappant, voilà le sceau de la bête." En se détournant il voulut également me frapper ; mais mon jeune breton l'arrêta et lui dit : "J'aime et protège celui-là."
Après un appel exact et une visite scrupuleuse pour ne nous laisser ni couteaux, ni ciseaux, ni canifs, nous fûmes introduits dans ce sanctuaire que trente fervents prêtres venaient encore de sanctifier davantage par l'offrande généreuse de leur vie.
... La surveille du massacre, à dix heures du soir, un commissaire de la commune de Paris vint nous signifier et nous lire le décret de déportation, et le fit afficher dans plusieurs endroits de la prison. Pouvions-nous nous imaginer que c'étoit une nouvelle insulte à nos malheurs, et une dérision outrageante qu'on ajoutoit à tant d'autres qu'on nous avoit faites jusqu'à ce moment ? Nos coeurs reprirent donc de nouvelles espérances : mais elles furent bientôt troublées et détruites par cette pensée que la déportation ne nous seroit accordée que comme le prix de notre obéissance au serment nouvellement inventé de liberté et d'égalité. Nous le connoissions ce serment, nous l'avions pesé devant Dieu, et nos Evêques nous avoient ouvert leurs cœurs, et fait part de leurs alarmes sur cette nouvelle tentation qui alloit éprouver l’Église de France. Nous étions résolus de ne pas même toucher des lèvres cette coupe qui n'en renfermoit pas moins un poison réel et mortel. Le samedi, veille du massacre, se passa, sans qu'on nous annonçât aucun terme à nos maux. Nous reprîmes donc notre état de sacrifice et de victimes. Nous étions dans ces dispositions, lorsque nous apprîmes la nouvelle encore prématurée de la prise de Verdun.
Les tambours qui battoient la général, le son du tocsin, le bruit du canon d'alarme, nous annoncèrent bientôt que le peuple était en fureur, qu'il demandoit des victimes, et que nous étions celles qu'on lui destinoit. La tranquillité de la prison n'en fut pas troublée un moment. Chacun rentra dans son coeur, rappela sa foi, demanda la grâce de Dieu, lui offrit sa vie, et continua en paix ses exercices. La récréation après le repas ne se ressentit pas de la froideur de la mort qui s'avançoit. La même gaieté et la même sérénité régnèrent dans la conversation. La circonstance seulement rappela à un ancien missionnaire de la Chine tout ce qu'il avoit eu à souffrir d'humiliations, d'affronts, de cruautés dans ce pays où il avoit été annoncer la foi, et comment plusieurs de ses confrères y avoient terminé courageusement une vie de travail, de souffrances et de gloire. Ce dernier trait de la mort de ses confrères était presque le seul qui ne nous convînt pas. L'appel pour aller au jardin nous sépara ; il étoit quatre heures du soir ; et le tableau de ressemblance fut bientôt achevé.
Un bruit épouvantable, des hurlements furieux, tels que les pousseroient des tigres affamés de sang, pénétrèrent tout à coup notre enceinte. La nature parla un moment : des cris de "nous allons périr" se font entendre. Mais la grâce triomphe bientôt : le plus morne silence annonce que chacun se prépare, et se dépouille pour aller au bûcher ou monter à l'échafaud. Je me réunis à plusieurs qui, les yeux fixés sur une image de la sainte Vierge, attendoient de son intercession la force et le courage de verser leur sang en esprit de foi et de religion. Au même instant nous jugeons par les cris redoublés des cannibales que la garde est forcée. Leurs blasphèmes affreux nous rappellent que c'est en haine de Dieu et de sa religion, que nous allons être immolés. Je cours au devant des bourreaux ; je les vois, la rage les transporte ; la soif du sang les précipite sur nous ; un d'eux me touche déjà de son arme tranchante ; j'allois périr ; mais le mouvement qu'il fait pour frapper son coup plus vigoureusement, m'en laisse faire un autre qui met entre lui et moi un mur de séparation. Il lui importait peu quelle victime frapper. Il m'abandonne et je franchis précipitamment le jardin où j'étais tombé. Je rencontre au pied du mur de clôture deux de mes confrères, mon cher Montfleuri et un diacre des Missions étrangères, que la Providence avoit protégé de la même manière. Nous escaladons avec vivacité ce premier mur très-élevé ; des espaliers fort bien attachés facilitent notre évasion. Le second jardin qui nous reçoit ne nous présentant aucune issue, nous passons dans un troisième. Bientôt nous avons traversé plusieurs appartements d'un hôtel voisin ; nous arrivons dans la rue du Cherche-Midi.
L'air naturel et tranquille que nous composâmes dans notre route, nous mit à l'abri d'une nouvelle arrestation, qu'un moment d'effervescence rendoit plus à craindre que jamais. Nous nous rendîmes chez nos connoissances pour reprendre nos sens. Mais les miens n'ont jamais été si troublés que dans ce moment. L'image de mes confrères, de mes amis mutilés, égorgés, se représentoit sans cesse à mon imagination ; je ne pus donner un moment au sommeil ; tous furent donnés à la douleur, aux plaintes et aux regrets. Que cette tristesse s'est renouvelée de fois depuis cette époque !
Le lendemain j'appris qu'une vingtaine avait échappé à l'horrible carnage. Je vous laisse à penser combien j'avois d'intérêt à les revoir. Notre entrevue fut celle de quelques passagers qui se retrouvent après une horrible tempête, qui a englouti l'équipage avec ce qu'ils avoient de plus cher au monde. Nous donnâmes un libre cours à nos larmes qui ne fut arrêté que par cette pensée ... que ceux sur qui nous pleurions étoient en paix. ...
Je voulois transcrire cette relation ; mais je ne le sçaurois ; ma santé est aussi délabrée qu'elle fut jamais brillante.
Je suis avec considération
Votre très-humble et très-obéissant serviteur
FRONTAULT
Bulletin historique et monumental de l'Anjou 1868
Saint Etienne roi confesseur
Collecte
Nous vous en prions, ô Dieu tout-puissant, accordez à votre Église, qu’après avoir été propagée par le bienheureux Étienne, quand il régnait sur la terre, elle mérite de l’avoir pour défenseur, maintenant qu’il est glorieux dans le ciel.
Office
Quatrième leçon. Etienne introduisit en Hongrie la foi chrétienne et le titre de roi. Après avoir obtenu du souverain Pontife la couronne royale, et avoir été sacré par son ordre, il fit hommage de son royaume au Siège apostolique. Sous l’inspiration d’une piété, et avec une munificence admirables, il fonda à Rome, à Jérusalem et à Constantinople, divers établissements hospitaliers ; en Hongrie, l’archevêché de Strigonie et dix évêchés. Vénérant le Christ lui-même dans les pauvres, Etienne était également plein d’amour et de libéralité pour eux, et jamais il n’en renvoya un seul sans l’avoir consolé et secouru. Bien plus, après d’immenses sommes distribuées pour soulager leur indigence, on le vit souvent donner aussi, avec une bénignité extrême, le mobilier de son palais Il avait coutume de laver de ses mains les pieds aux pauvres, d’aller la nuit, seul et sans se faire connaître, visiter les hôpitaux, servir les malades et accomplir tous les autres devoirs de la charité ; c’est en témoignage de ses vertus que sa main demeura sans corruption, lorsque son cadavre fut tombé en poussière.
Cinquième leçon. Son amour de la prière l’amenait à veiller des nuits presque entières ; et pendant qu’il avait l’esprit fixé dans la contemplation des choses célestes, il advint qu’on le vit ravi en extase et élevé de terre. Par le secours de l’oraison, il échappa plus d’une fois miraculeusement aux conspirations des méchants et aux attaques d’ennemis puissants. De son mariage avec Gisèle de Bavière, sœur de l’empereur saint Henri, il eut un fils nommé Emeric, qu’il éleva avec tant de vigilance et une si solide piété, que, dans la suite, la sainteté remarquable de ce prince en fut la conséquence et la preuve. Etienne sut si bien conduire les affaires de son royaume, qu’il s’entoura d’hommes d’une prudence et d’une sainteté consommées, et ne décida jamais rien sans leur avis. Sous la cendre et le cilice il demandait à Dieu, par de très humbles prières, la grâce de voir, avant de mourir, la Hongrie tout entière acquise à la foi catholique. Son grand zèle à propager la foi lui valut d’être appelé l’apôtre de cette nation et le souverain Pontife l’autorisa, ainsi que ses successeurs, à faire porter la croix devant eux.
Sixième leçon. Animé d’une ardente dévotion envers la Mère de Dieu, il construisit une vaste église en son honneur, et l’établit patronne de la Hongrie. En retour, la Vierge Marie l’introduisit au ciel le jour même de son Assomption, que les Hongrois appellent le jour de la Grande Souveraine, d’après une institution de ce saint roi. Quand il fut mort, son corps répandit une odeur suave et une liqueur céleste. Le Pontife romain voulut qu’on le transférât dans un lieu plus digne de lui, où on l’ensevelit avec beaucoup d’honneur. Cette translation fut accompagnée de nombreux miracles de tous genres. Le jour de sa fête a été fixé, par le souverain Pontife Innocent XI, au quatre des nones de septembre, en mémoire d’une victoire éclatante : celle que l’armée de Léopold, empereur des Romains et roi de Hongrie, remporta à la même date sur les Turcs, leur reprenant, avec le secours de Dieu, la ville de Budapest.
Bienheureux Martyrs des Carmes
Ils sont 191: 3 évêques, 127 prêtres séculiers, 56 religieux et 5 laïcs qui furent arrêtés par les révolutionnaires comme ennemis de la Patrie et rebelles à la Constitution civile du clergé. On les entasse dans diverses maisons religieuses transformées en prisons improvisées: les Carmes, l'Abbaye, la Force.
Le 2 septembre 1792, elles sont investies par des 'sans culottes' exaltés. Les assassinats qui inaugurent le carnage sont suivis d'un simulacre de jugement: "J'appartiens à l'Église catholique, apostolique et romaine." A ce titre, exécution immédiate. Plus d'un millier d'entre ces prisonniers sont tombés en ces jours sous une fureur populaire incontrôlée. Pour 191 d'entre eux on a pu établir qu'ils sont morts certainement à cause de leur foi, mais tous les autres partagèrent leurs souffrances et leur témoignage pour le Christ.
Après la chute de la Monarchie le 10 août 1792, la fièvre monte à Paris. De nombreux suspects sont arrêtés: laïcs, prêtres séculiers, religieux, souvent réputés réfractaires, même si ce n'est pas le cas de tous. Environ 350 ecclésiastiques sont ainsi incarcérés, dont plus de la moitié étrangers à la capitale. Entre le 2 et le 5 septembre, des bandes armées d'hommes et de femmes envahissent les prisons parisiennes pour se livrer à l'exécution collective des détenus au couvent des Carmes, à l'abbaye de Saint-Germain, au séminaire Saint-Firmin, aux prisons de la Force, rue Saint-Antoine.
Le couvent des Carmes, avec son très vaste enclos, est le premier et le plus symbolique théâtre des tueries. Au témoignage de l'abbé Saurin, jésuite rescapé, le contraste est saisissant entre la sérénité qui règne au-dedans, parmi les ecclésiastiques prisonniers, groupés autour de trois évêques, et, au dehors, le hurlement de la foule, les canonnades, les roulements de tambour, et finalement, le 2, vers quatre heures du soir, le tocsin de Saint-Sulpice qui donne le signal aux émeutiers. La tuerie qui a commencé dans le jardin s'achève, après un simulacre de jugement, au pied du petit escalier faisant communiquer la chapelle, où les prisonniers ont d'abord reflué et se sont mutuellement donné l'absolution, et le jardin.
«Je n'ai entendu se plaindre aucun de ceux que j'ai vu massacrés» écrira l'abbé de la Pannonie, blessé et rescapé de la tragédie des Carmes.
Parmi les 3 000 victimes de septembre 1792, 191 personnes mortes pour leur foi ont été béatifiées par Pie XI le 17 octobre 1926.
86 prêtres étaient membres du clergé parisien. Les quatre laïcs et de nombreux religieux béatifiés appartenaient aussi à l'Église de Paris.
(diocèse de Paris)
Martyrologe romain: À Paris, en 1792, la passion des bienheureux martyrs Jean-Marie du Lau d'Allemans, François-Joseph et son frère Pierre-Louis de la Rochefoucauld, évêques, respectivement d'Arles, de Beauvais et de Saintes et quatre-vingt-douze compagnons Prêtres : Vincent Abraham, de Charleville, curé de Sept-Saulx, au diocèse de Reims ; André Angar, de Paris, vicaire à la paroisse Saint-Sauveur ; Jean-Baptiste-Claude Aubert, de Paris, curé de Notre-Dame de Pontoise, au diocèse de Rouen ; François Balmain, de Luzy, au diocèse de Nevers, ancien jésuite, confesseur des Filles de Sainte-Croix de Rueil ; Jean-Pierre Bangue, de Vuillafans, au diocèse de Besançon, chapelain de l'hôpital Saint-Jacques, à Paris ; Louis Barreau de La Touche, du Mans, bénédictin de Saint-Maur, prieur de Saint-Baudile à Nîmes ; Louis-François-André Barret, de Carpentras, vicaire à la paroisse Saint-Roch à Paris ; Joseph Bécavin, de Carquefou, au diocèse de Nantes, ordonné le 15 avril précédent ; Charles-Jérémie Béraud du Pérou, de Meursac, au diocèse de Saintes, ancien jésuite, vicaire général de Saintes ; Jacques-Jules Bonnaud, du Cap-Français, à Saint-Domingue, ancien jésuite, vicaire général de Lyon ; Jean-Antoine-Hyacinthe Boucharenc de Chaumeils, de Pradelles, au diocèse du Puy, vicaire général de Viviers ; Jean-François Bousquet, de Ginestas, au diocèse de Narbonne, demeurant à Paris dans la maison des Eudistes ; Jean-François Burté, de Rambervillers, au diocèse de Saint-Dié, supérieur des Cordeliers, à Paris ; Claude Cayx, dit Dumas, de Martel, au diocèse de Cahors, ancien jésuite, directeur des Ursulines de Saint-Cloud ; Jean Charton de Millou, de la paroisse Saint-Nizier, à Lyon, ancien jésuite, confesseur des Religieuses du Saint-Sacrement, rue Cassette, à Paris ; Claude Chaudet, du diocèse d'Aix, au service de la paroisse Saint-Nicolas des Champs, à Paris ; Ambroise-Augustin Chevreux, d'Orléans, bénédictin, supérieur général de la Congrégation de Saint-Maur, député à l'assemblée nationale ; Nicolas Cléret, de Barfleur, au diocèse de Coutances, chapelain des Incurables, à Paris ; Claude Colin, de Charenton, "maître spirituel" de l'Hôtel-Dieu de Paris ; Bernard-François de Cucsac, de Toulouse, sulpicien, supérieur du séminaire de philosophie de Saint-Sulpice, à Paris ; François Dardan, d'Isturitz, au diocèse de Bayonne, confesseur au Collège de Sainte-Barbe, à Paris ; Guillaume-Antoine Delfaut, de Daglan, au diocèse de Sarlat(*) , ancien jésuite, curé de Daglan, député à l'assemblée nationale ; Mathurin-Victor Deruelle, de Paris, chapelain des Filles de la Charité, sur la paroisse Saint-Gervais ; Gabriel Desprez de Roche, de Decize, au diocèse de Nevers, vicaire général de Paris, membre de la Société du Coeur de Jésus ; Thomas-Nicolas Dubray, de Beauvais, au service de la paroisse Saint-Sulpice à Paris ; Thomas-René Dubuisson, de Laval, au diocèse du Mans, curé de Barville, au diocése d'Orléans ; François Dumasrambaud de Calandelle, de La Chaussade, au diocèse de Limoges, aumônier de l'évêque de Limoges ; Henri-Hippolyte Ermès, de Paris, vicaire à Saint-André des Arts ; Armand de Foucauld de Pontbriand, de Celles, au diocèse de Périgueux, vicaire général d'Arles, abbé commendataire de Solignac ; Jacques Friteyre-Durvé, de Marsac, au diocèse de Clermont, ancien jésuite, chanoine de Saint-Paul d'Estrées, missionnaire à Paris ; Claude-François Gagnères des Granges, de Chambéry, ancien jésuite, pensionnaire de la maison Saint-François de Sales, à Issy ; Jacques-Gabriel Gallais, de Longué, au diocèse d'Angers, sulpicien, supérieur du séminaire des Robertins, à Vaugirard ; Pierre Gauguin, d'Esvres, au diocèse de Tours, sulpicien, au séminaire d'Issy ; Louis-Laurent Gaultier, de Bazouges-la-Pérouse, au diocèse de Rennes, ancien jésuite, pensionnaire de la maison Saint-François de Sales, à Issy ; Georges Girault, de Rouen, du Tiers-Ordre régulier de Saint-François (Père Séverin), confesseur des franciscaines de Sainte-Élisabeth, résidant au couvent de Nazareth à Paris ; Jean Goizet, de Niort, au diocèse de Poitiers, curé de Notre-Dame de Niort ; André Grasset de Saint-Sauveur de Montréal (Canada), chanoine de Sens ; Pierre-Michel Guérin, de La Rochelle, sulpicien, directeur au séminaire de Nantes ; Jean-Antoine Guilleminet, de Bédarieux, au diocèse de Béziers, au service de la paroisse Saint-Roch, à Paris ; François-Louis Hébert, de Crouttes, au diocèse de Bayeux, eudiste, coadjuteur du supérieur général des eudistes et confesseur du roi Louis XVI ; Jacques-Étiene-Philippe Hourier, de Mailly-Maillet, au diocèse d'Amiens, sulpicien, directeur au séminaire de Laon, à Paris ; Jean-Baptiste Janin, de Sourdeval-la-Barre, au diocèse de Coutances, aumônier de l'hôpital de la Salpétrière, à Paris ; Jean Lacan, du diocèse de Rodez, aumônier de l'hôpital de la Pitié, à Paris ; Pierre Landry, de Niort, au diocèse de Poitiers, vicaire à Notre-Dame de Niort ; Claude-Antoine-Raoul de La Porte, de Brest, au diocèse de Léon, ancien jésuite, curé de Saint-Louis de Brest ; Robert Le Bis, de Saint-Amand, au diocèse de Coutances, curé de Saint-Denis de Bris-en-Josas, au diocèse de Paris ; Mathurin-Nicolas Le Bous de Villeneuve de La Ville-Crohain, de Rennes, confesseur des bénédictines de la rue de Bellechasse, à Paris ; Olivier Lefebvre, de Grentheville, au diocèse de Bayeux, chapelain des Dames de la Miséricorde, à Paris, membre de la Société du Coeur de Jésus ; Urbain Lefèvre, de Tours, ancien membre de la Société des Missions étrangères de Paris, retiré à Athis-Mons ; François Lefranc, de Vire, au diocèse de Bayeux, eudiste, professeur au Collège de Lisieux, à Paris ; Charles-François Le Gué, de Rennes, ancien jésuite, résidant à Paris ; Jacques-Joseph Le Jardinier Delandes, de Laigle, au diocèse de Séez, curé de Saint-Nicolas de La Feuillie, au diocèse de Coutances ; Jacques-Jean Lemounier, de Mortagne, au diocèse de Séez, vicaire à Notre-Dame de Mortagne ; Vincent-Joseph Le Rousseau de Rosencoat, de Châteauneuf, au diocèse de Cornouaille, ancien jésuite, confesseur des religieuses de la Visitation de la rue du Bac, à Paris ; François-César Londiveau, de Saint-Calais, au diocèse de Mans, vicaire à Saint-Martin d'Évaillé, au même diocèse ; Louis Longuet, de Saint-Germain-Langot, au diocèse de Bayeux, chanoine de Saint-Martin de Tours ; Jacques-François de Lubersac Saint-Germain, de Chalais, au diocèse de Limoges, aumônier de Madame Victoire, tante du roi Louix XVI ; Marie-Auguste Luzeau de la Mulonnière, de Sucé, au diocèse de Nantes, sulpicien, ancien directeur au séminaire d'Angers, retiré au séminaire de Saint-Sulpice, à Paris ; Gaspard-Claude Maignien, d'Amance, au diocèse de Besançon, curé de Villeneuve-les-Sablons, au diocèse de Rouen ; Jean-Philippe Marchand, de Marçay, au diocèse de Saintes, vicaire à Notre-Dame de Niort, au diocèse de Poitiers ; René-Julien Massey, de Rennes, bénédictin de Saint-Maur, procureur du monastère Saint-Florent de Saumur ; Louis Mauduit, de Chevillon, au diocèse d'Orléans, vicaire général de Sens ; François-Louis Méallet de Fargues, de Vitrac, au diocèse de Saint-Flour, vicaire général de Clermont ; Jacques-Alexandre Menuret, de Montélimar, au diocèse de Valence, supérieur de la maison de retraite Saint-François de Sales, à Issy ; Jean-Jacques Morel, de Prez-sous-Noréaz, du canton de Fribourg en Suisse, capucin (frère Apollinaire), vicaire des Allemands à la paroisse Saint-Sulpice, à Paris ; Jean-Baptiste Nativelle, de Guilberville, au diocèse de Bayeux, vicaire à Saint-Martin de Longjumeau, au diocèse de Paris ; René Nativelle, frère aîné du précédent, vicaire à Saint-Denis d'Argenteuil, au diocèse de Paris ; Antoine-Matthias-Augustin Nogier, du Puy, chapelain des Ursulines de la rue Saint-Jacques, à Paris ; Joseph-Thomas Pazery de Thorame, d'Aix, chanoine de Blois ; Jules-Honoré-Cyprien Pazery de Thorame, frère cadet du précédent, chanoine et vicaire général de Toulon ; Pierre-François Pazery de Thorame, oncle des deux précédents, vicaire général d'Arles ; Pierre Ploquin, de Villandry, au diocèse de Tours, vicaire à Druye, dans le même diocèse ; Jean-Baptiste-Michel Pontus, de Néville, au diocèse de Coutances, sulpicien, vicaire à la paroisse Saint-Sulpice, à Paris ; René-Nicolas Poret, du Mesnil-Touffray, au diocèse de Bayeux, curé de Saint-Martin de Boitron, au diocèse de Séez ; Julien Poulain-Delaunay, de Ver-sur-mer, au diocèse de Bayeux, assistant du curé de Saint-Gilles de Caen ; Pierre-Nicolas Psalmon, de Rouen, sulpicien, vicaire général de Troyes pour les prêtres de ce diocèse vivant à Paris, et doyen de Saint-Pierre de Varen ; Jean-Robert Queneau, d'Angers, curé de Saint-Doucelin d'Allones, au même diocèse ; Claude Rousseau, de Paris, sulpicien, directeur au séminaire de Laon, à Paris ; François-Urbain Saline de Niart, de Neuf-Brissach, au diocèse de Strasbourg, chanoine de Saint-Lizier de Couserans ; Jean-Henri-Louis Samson, d'Avranches, vicaire à Saint-Gilles de Caen, au diocèse de Bayeux ; Jean-Antoine Savine, d'Embrun, sulpicien, supérieur des Clercs de Saint-Sulpice, à Paris ; Jean-Antoine-Barnabé Seguin, de Carpentras, vicaire et supérieur des clercs à Saint-André des Arts, à Paris ; Jean-Baptiste Tessien, de Fontaine-les-Ribouts, au diocèse de Chartres, sulpicien, prédicateur à Paris ; Loup Thomas, dit Bonnotte, d'Entrains-sur-Nohain, au diocèse d'Auxerre, ancien jésuite, confesseur des Ursulines à Paris ; François Vareilhe-Duteil, de Felletin, au diocèse de Limoges, ancien jésuite, pensionnaire à la maison Saint-François de Sales, à Issy ; Pierre-Louis-Joseph Verrier, de Douai, au diocèse de Cambrai, retiré à la maison Saint-François de Sales, à Issy.
Diacres : Louis-Alexis-Matthias Boubert, d'Amiens, économe des Clercs de Saint-Sulpice, à Paris ; Antoine-François-Dieudonné de Ravinel, de Bayon, au diocèse de Nancy, séminariste à Saint-Sulpice, à Paris ; Jacques-Augustin-Robert de Lézardières, de Challans, au diocèse de Luçon, séminariste à Saint-Sulpice, à Paris.
Religieux : Guillaume-Louis-Nicolas Leclercq, de Boulogne-sur-mer, frère des Écoles chrétiennes (frère Salomon), secrétaire général de l'Institut, à Paris.
Clerc : Auguste-Denis Nézol, de Paris, professeur à la Maison Dubourg, à Issy.
Laïc : Charles-Régis Mathieu de la Calmette, comte de Valfons, de Nîmes, ancien officier, retiré à Paris chez le bienheureux Jean-Antoine Guilleminet, pour la plupart prêtres ou religieux, qui, pour avoir refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé sous la Révolution française, furent rassemblés au Couvent des Carmes et massacrés en haine de la religion.
(*)la Paroisse "Bienheureux Guillaume Delfaud en Pays Dommois" au diocèse de Périgueux et Sarlat garde son souvenir.
- Parmi eux, plusieurs Eudistes trouvèrent la mort et certains subirent le martyre dans la tourmente révolutionnaire; il s'agit des bienheureux François Louis Hébert, Claude Pottier, supérieur du Séminaire de Rouen, et François Lefranc, supérieur du Séminaire de Coutances, massacrés aux Carmes.
- Recueil de pièces authentiques sur les martyrs depuis les origines du christianisme jusqu'au XX° siècle: La Révolution (1791-1794)
- Parmi ces martyrs, le diocèse de Quimper et Léon honore plus particulièrement les Bienheureux Claude, Vincent, Nicolas et François.
- le diocèse de Bayonne honore le Bienheureux François Dardan, texte de soeur Pascale du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron, extrait de son ouvrage 'Témoins du Christ en Béarn et au Pays Basque' (1.6Mo) - pour avoir l'édition imprimée.
- au diocèse d'Evreux, le Bienheureux Jacques de la Lande
- Parmi les prêtres martyrs se trouvaient un avignonnais et trois carpentrassiens qui exerçaient leur ministère dans des paroisses parisiennes: Jean Capeau, né vers 1730, chanoine coadjuteur de Saint-Pierre d'Avignon, prêtre auxiliaire à Saint-Paul, Louis-François Barret, né le 23 novembre 1758, vicaire à Saint-Roch, Jean Antoine Seguin, né le 12 juin 1754, vicaire à Saint-André-des-Arts, Pierre Vitalis, né le 11 juillet 1759, vicaire à Saint-Merry. (Jean Capeau et ses compagnons - diocèse d'Avignon)
- C'est "avec douceur et respect" que les prêtres emprisonnés formulèrent leurs refus de rompre avec l'Église de Rome. Si "le monde les a pris en haine", ils savaient que le Christ avait prié pour les garder dans la fidélité. Au nombre de ces martyrs, on compte trois prêtres originaires du diocèse du Puy. Ce sont Claude Pons, né à Saint-Pierre-Le-Monastier, en 1729; Jean Boucharend de Chaumeils, né à Pradelles, en 1738, et Matthias Nogier, né en 1764, au Puy, paroisse Saint-Jean-Baptiste. (Saints du diocèse du Puy-en-Velay)
- L'association des Martyrs de la Révolution: Les victimes par ordre alphabétique, par prison, par ordre religieux, par département, par paroisse... Les lieux...
Martyrologe romain
Nous voilà réfugiés dans l'oratoire. Voici les Marseillais ! Nous ne pouvons être mieux qu'au pied de la croix pour faire le sacrifice de nos vies.
Abbé Desprez, l'un des martyrs