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Regnum Galliae Regnum Mariae

Saint Camille de Lellis confesseur mémoire de Symphorose et ses sept Fils Martyrs

18 Juillet 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Camille de Lellis confesseur mémoire de Symphorose et ses sept Fils Martyrs

Collecte

Dieu, vous avez fait don à Saint Camille d’une charité extraordinaire pour aider les âmes dans la lutte suprême de l’agonie : nous vous supplions, par ses mérites, de répandre en nous l’esprit de votre charité ; afin que nous puissions, à l’heure du trépas, vaincre l’ennemi et parvenir à la céleste couronne.

Office

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Camille naquit à Bucchianico au diocèse de Chieti, de la noble famille des Lellis et d’une mère sexagénaire qui, tandis qu’elle le portait encore dans son sein, crut voir, durant son sommeil, qu’elle avait donné le jour à un petit enfant, muni du signe de la croix sur la poitrine et précédant une troupe d’enfants qui portaient le même signe. Camille ayant embrassé dans son adolescence la carrière militaire, se laissa pendant quelque temps gagner par les vices du siècle. Mais dans sa vingt-cinquième année, il fut soudain éclairé d’une telle lumière surnaturelle et saisi d’une si profonde douleur d’avoir offensé Dieu, qu’ayant versé des larmes abondantes, il prit la ferme résolution d’effacer sans retard les souillures de sa vie passée et de revêtir l’homme nouveau. Le jour même où ceci arriva, c’est-à-dire en la fête de la Purification de la très sainte Vierge, il s’empressa d’aller trouver les Frères Mineurs, appelés Capucins, et les pria très instamment de l’admettre parmi eux. On lui accorda ce qu’il désirait, une première fois, puis une deuxième, mais un horrible ulcère, dont il avait autrefois souffert à la jambe, s’étant ouvert de nouveau, Camille, humblement soumis à la divine Providence qui le réservait pour de plus grandes choses, et vainqueur de lui-même, quitta deux fois l’habit de cet Ordre, qu’à deux reprises il avait sollicité et reçu.

Cinquième leçon. Il partit pour Rome et fut admis dans l’hôpital dit des incurables, dont on lui confia l’administration, à cause de sa vertu éprouvée. Il s’acquitta de cette charge avec la plus grande intégrité et une sollicitude vraiment paternelle. Se regardant comme le serviteur de tous les malades, il avait coutume de préparer leurs lits, de nettoyer les salles, de panser les ulcères, de secourir les mourants à l’heure du suprême combat, par de pieuses prières et des exhortations, et il donna dans ces fonctions, des exemples d’admirable patience, de force invincible et d’héroïque charité. Mais ayant compris que la connaissance des lettres l’aiderait beaucoup à atteindre son but unique qui était de venir en aide aux âmes des agonisants, il ne rougit pas, à l’âge de trente-deux ans, de se mêler aux enfants pour étudier les premiers éléments de la grammaire. Initié dans la suite au sacerdoce, il jeta, de concert avec quelques amis associés à lui pour cette œuvre, les fondements de la congrégation des Clercs réguliers consacrés au service des infirmes ; et cela, malgré l’opposition et les efforts irrités de l’ennemi du genre humain. Miraculeusement encouragé par une voix céleste partant d’une mage du Christ en croix, qui, par un prodige admirable, tendait vers lui ses mains détachées du bois, Camille obtint du Siège apostolique l’approbation de son Ordre, où, par un quatrième vœu très méritoire, les religieux s’engagent à assister les malades, même atteints de la peste. Il parut que cet institut était singulièrement agréable à Dieu et profitable au salut des âmes ; car saint Philippe de Néri, confesseur de Camille, attesta avoir assez souvent vu les Anges suggérer des paroles aux disciples de ce dernier, lorsqu’ils portaient secours aux mourants.

Sixième leçon. Attaché par des liens si étroits au service des malades, et s’y dévouant jour et nuit jusqu’à son dernier soupir, Camille déploya un zèle admirable à veiller à tous leurs besoins, sans se laisser rebuter par aucune fatigue, sans s’alarmer du péril que courait sa vie. Il se faisait tout à tous et embrassait les fonctions les plus basses d’un cœur joyeux et résolu, avec la plus humble condescendance ; le plus souvent il les remplissait à genoux, considérant Jésus-Christ lui-même dans la personne des infirmes. Afin de se trouver prêt à secourir toutes les misères, il abandonna de lui-même le gouvernement général de son Ordre et renonça aux délices célestes dont il était inondé dans la contemplation. Son amour paternel à l’égard des pauvres éclata surtout pendant que les habitants de Rome eurent à souffrir d’une maladie contagieuse, puis d’une extrême famine, et aussi lorsqu’une peste affreuse ravagea Nole en Campanie. Enfin il brûlait d’une si grande charité pour Dieu et pour le prochain, qu’il mérita d’être appelé un ange et d’être secouru par des Anges au milieu des dangers divers courus dans ses voyages. Il était doué du don de prophétie et de guérison, et découvrait les secrets des cœurs grâce à ses prières, tantôt les vivres se multipliaient, tantôt l’eau se changeait en vin. Épuisé par les veilles, les jeûnes, les fatigues continuelles, et semblant ne plus avoir que la peau et les os, il supporta courageusement cinq maladies longues et fâcheuses, qu’il appelait des miséricordes du Seigneur. A l’âge de soixante cinq ans, au moment où il prononçait les noms si suaves de Jésus et de Marie, et ces paroles : « Que le visage du Christ Jésus t’apparaisse doux et joyeux » il s’endormit dans le Seigneur, muni des sacrements de l’Église, à Rome, à l’heure qu’il avait prédite, la veille des ides de juillet, l’an du salut mil six cent quatorze. De nombreux miracles l’ont rendu illustre, et Benoît XIV l’a inscrit solennellement dans les fastes des Saints. Léon XIII, se rendant au vœu des saints Évêques de l’Univers catholique, après avoir consulté la Congrégation des rites, l’a déclaré le céleste Patron de tous les hospitaliers et des malades du monde entier, et il a ordonné que l’on invoquât son nom dans les Litanies des agonisants.

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Augustin, Évêque. Tract. 83 in Joannem

Septième leçon. Que pensons-nous, mes frères ? Est-ce que le précepte qui veut qu’on s’entr’aime est le seul ? Et n’y en a-t-il pas un autre plus grand, celui d’aimer Dieu ? Ou plutôt Dieu ne nous a-t-il rien commandé de plus que la dilection, en sorte que nous n’ayons aucun souci du reste ? Évidemment l’Apôtre recommande trois choses, quand il dit : « La foi, l’espérance, la charité demeurent ; elles sont trois, mais la plus grande des trois, c’est la charité ». Et si la charité ou dilection, parce qu’elle renferme ces deux préceptes, est donnée comme étant plus grande, elle n’est pas donnée comme étant seule. Ainsi au sujet de la foi, quel nombre de commandements y a-t-il ? Quel nombre aussi en ce qui touche l’espérance ? Qui peut les rassembler tous ? Qui peut suffire à les énumérer ? Mais étudions cette parole du même Apôtre : « La charité est la plénitude de la loi ».

Huitième leçon. Là où se trouve la charité, que peut-il donc manquer ? et où elle n’existe pas, que peut-il y avoir de profitable ? Le démon croit, mais il n’aime pas, l’homme qui ne croit pas, n’aime pas non plus. De même l’homme qui n’aime pas, quoique l’espérance du pardon ne lui soit pas enlevée, l’espère en vain ; mais celui qui aime, ne peut désespérer. Ainsi où est la dilection, se trouvent la foi et l’espérance ; et là où est l’amour du prochain se trouve nécessairement aussi l’amour de Dieu. En effet, comment celui qui n’aime pas Dieu aimerait-il le prochain comme lui-même ; puisqu’il ne s’aime pas soi-même, impie qu’il est et ami de l’iniquité ? Or celui qui aime l’iniquité, celui-là, à coup sûr, n’aime pas son âme, il la hait au contraire.

Neuvième leçon. Observons donc le précepte d’aimer le Seigneur afin de nous entr’aimer, et par là nous accomplirons tout le reste, puisque tout le reste y est compris. Car l’amour de Dieu se distingue de l’amour du prochain, et le Sauveur a marqué cette distinction en ajoutant : « Comme je vous ai aimés »  ; or à quelle fin le Christ nous aime-t-il, si ce n’est pour que nous puissions régner avec lui ? Aimons-nous donc les uns les autres de manière à nous distinguer du reste des hommes, qui ne peuvent aimer les autres, par la raison qu’ils ne s’aiment pas eux-mêmes. Quant à ceux qui s’aiment en vue de posséder Dieu, ils s’aiment véritablement. Ainsi donc, qu’ils aiment Dieu pour s’aimer. Un tel amour n’existe pas chez tous les hommes ; il en est peu qui s’aiment afin que Dieu soit tout en tous.

 

Ne croyons pas que l’Esprit-Saint, dans son désir d’élever nos âmes au-dessus de la terre, n’ait que mépris pour les corps. C’est l’homme tout entier qu’il a reçu mission de conduire à l’éternité bienheureuse, comme tout entier l’homme est sa créature et son temple. Dans l’ordre de la création matérielle, le corps de l’Homme-Dieu fut son chef d’œuvre ; et la divine complaisance qu’il prend dans ce corps très parfait du chef de notre race, rejaillit sur les nôtres dont ce même corps, formé par lui au sein de la Vierge toute pure, a été dès le commencement le modèle. Dans l’ordre de réhabilitation qui suivit la chute, le corps de l’Homme-Dieu fournit la rançon du monde ; et telle est l’économie du salut, que la vertu du sang rédempteur n’arrive à l’âme de chacun de nous qu’en passant par nos corps avec les divins sacrements, qui tous s’adressent aux sens pour leur demander l’entrée. Admirable harmonie de la nature et de la grâce, qui fait qu’elle-même celle-ci honore l’élément matériel de notre être au point de ne vouloir élever l’âme qu’avec lui vers la lumière et les cieux ! Car dans cet insondable mystère de la sanctification, les sens ne sont point seulement un passage : eux-mêmes éprouvent l’énergie du sacrement, comme les facultés supérieures dont ils sont les avenues ; et l’âme sanctifiée voit dès ce monde l’humble compagnon de son pèlerinage associé à cette dignité de la filiation divine, dont l’éclat de nos corps après la résurrection ne sera que l’épanouissement.

C’est la raison qui élève à la divine noblesse de la sainte chargé les soins donnés au prochain dans son corps ; car, inspirés par ce motif, ils ne sont autres que l’entrée en participation de l’amour dont le Père souverain entoure ces membres, qui sont pour lui les membres d’autant de fils bien-aimés. J’ai été malade et vous m’avez visité dira le Seigneur au dernier des jours, montrant bien qu’en effet, dans les infirmités mêmes de la déchéance et de l’exil, le corps de ceux qu’il daigne appeler ses frères participe de la propre dignité du Fils unique engendré au sein du Père avant tous les âges. Aussi l’Esprit, chargé de rappeler les paroles du Sauveur à l’Église, n’a-t-il eu garde d’oublier celle-ci ; tombée dans la bonne terre des âmes d’élite elle a produit cent pour un en fruits de grâce et d’héroïque dévouement. Camille de Lellis l’a recueillie avec amour ; et par ses soins la divine semence est devenue un grand arbre offrant son ombre aux oiseaux fatigués qu’arrête plus ou moins longuement la souffrance, ou pour lesquels l’heure du dernier repos va sonner. L’Ordre des Clercs réguliers Ministres des infirmes, ou du bien mourir, mérite la reconnaissance de la terre ; depuis longtemps celle des cieux lui est acquise, et les Anges sont ses associés, comme on l’a vu plus d’une fois au chevet des mourants.

Ange de la charité, quelles voies ont été les vôtres sous la conduite du divin Esprit ! Il fallut un long temps avant que la vision de votre pieuse mère, quand elle vous portait, se réalisât : avant de paraître orné du signe de la Croix et d’enrôler des compagnons sous cette marque sacrée, vous connûtes la tyrannie du maître odieux qui ne veut que des esclaves sous son étendard, et la passion du jeu faillit vous perdre. O Camille, à la pensée du péril encouru alors, ayez pitié des malheureux que domine l’impérieuse passion, arrachez-les à la fureur funeste qui jette en proie au hasard capricieux leurs biens, leur honneur, leur repos de ce monde et de l’autre. Votre histoire montre qu’il n’est point de liens que la grâce ne brise, point d’habitude invétérée qu’elle ne transforme : puissent-ils comme vous retourner vers Dieu leurs penchants, et oublier pour les hasards de la sainte charité ceux qui plaisent à l’enfer ! Car, elle aussi, la charité a ses risques, périls glorieux qui vont jusqu’à exposer sa vie comme le Seigneur a donné pour nous la sienne : jeu sublime, dans lequel vous fûtes maître, et auquel plus d’une fois applaudirent les Anges. Mais qu’est-ce donc que l’enjeu de cette vie terrestre, auprès du prix réservé au vainqueur ?

Selon la recommandation de l’Évangile que l’Église nous fait lire aujourd’hui en votre honneur, puissions-nous tous à votre exemple aimer nos frères comme le Christ nous a aimés ! Bien peu, dit saint Augustin, ont aujourd’hui cet amour qui accomplit toute la loi ; car bien peu s’aiment pour que Dieu soit tout en tous. Vous l’avez eu cet amour, ô Camille ; et de préférence vous l’avez exercé à l’égard des membres souffrants du corps mystique de l’Homme-Dieu, en qui le Seigneur se révélait plus à vous, en qui son règne aussi approchait davantage. A cause de cela, l’Église reconnaissante vous a choisi pour veiller, de concert avec Jean de Dieu, sur ces asiles de la souffrance qu’elle a fondés avec les soins que seule une mère sait déployer pour ses fils malades. Faites honneur à la confiance de la Mère commune. Protégez les Hôtels-Dieu contre l’entreprise d’une laïcisation inepte et odieuse qui sacrifie jusqu’au bien-être des corps à la rage de perdre les âmes des malheureux livrés aux soins d’une philanthropie de l’enfer. Pour satisfaire à nos misères croissantes, multipliez vos fils ; qu’ils soient toujours dignes d’être assistés des Anges. Qu’en quelque lieu de cette vallée d’exil vienne à sonner pour nous l’heure du dernier combat, vous usiez de la précieuse prérogative qu’exalte aujourd’hui la Liturgie sacrée, nous aidant par l’esprit de la sainte dilection à vaincre l’ennemi et à saisir la couronne céleste

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