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Regnum Galliae Regnum Mariae

Vendredi de la IVème semaine de Carême

15 Mars 2024 , Rédigé par Ludovicus

Vendredi de la IVème semaine de Carême

Deditatio cordis mei in conspectu tuo semper

Collecte

O Dieu, qui renouvelez le monde par d’ineffables mystères, faites, nous vous en supplions, que votre Église profite de ce que vous avez institué pour la conduire à la bienheureuse éternité, et qu’elle ne soit point privée de votre secours dans ses besoins temporels. Par N.-S.

Lecture 3 R. 17, 17-24

En ces jours-là, le fils d’une mère de famille devint malade et sa maladie fut si violente qu’il ne resta plus en lui de respiration. Cette femme dit donc à Élie : Qu’y a-t-il de commun entre vous et moi, homme de Dieu ? Êtes-vous venu chez moi pour renouveler la mémoire de mes péchés, et pour faire mourir mon fils ? Élie lui dit : Donnez-moi votre fils. Et l’ayant pris d’entre ses bras, il le porta dans la chambre où il demeurait, et il le mit sur son lit. Il cria ensuite au Seigneur ; et il lui dit : Seigneur mon Dieu, avez-vous aussi affligé cette veuve, qui a soin de me nourrir comme elle peut, jusqu’à faire mourir son fils ? Après cela il s’étendit sur l’enfant par trois fois, en se mesurant à son petit corps, et il cria au Seigneur et lui dit : Seigneur mon Dieu, faites je vous prie, que l’âme de cet enfant rentre dans son corps. Et le Seigneur exauça la voix d’Élie ; l’âme de l’enfant rentra en lui, et il recouvra la vie. Et Élie prit l’enfant, le descendit de sa chambre au bas de la maison, le mit entre les mains de sa mère et lui dit : Voici que votre fils est vivant. La femme répondit à Élie : Je reconnais maintenant à cette action que vous êtes un homme de Dieu, et que la parole du Seigneur est véritable dans votre bouche.

ÉvangileJn. 11, 1-45

En ce temps-là : Il y avait un malade, Lazare, de Béthanie, village de Marie et de Marthe, sa sœur. Marie est celle qui oignit de parfum le Seigneur, et lui essuya les pieds avec ses cheveux ; et c’était son frère Lazare qui était malade. Les sœurs envoyèrent dire à Jésus : "Seigneur, celui que vous aimez est malade." Ce qu’ayant entendu, Jésus dit : "Cette maladie ne va pas à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle." Or, Jésus aimait Marthe, et sa sœur Marie, et Lazare. Ayant donc appris qu’il était malade, il resta deux jours encore au lieu où il était. Il dit ensuite à ses disciples : "Retournons en Judée." Les disciples lui dirent : "Maître, tout à l’heure les Juifs voulaient vous lapider, et vous retournez là ?" Jésus répondit : "N’y a-t-il pas douze heures dans le jour ? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne se heurte point, parce qu’il voit la lumière du monde. Mais s’il marche pendant la nuit, il se heurte parce qu’il manque de lumière." Il parla ainsi, et ajouta : "Notre ami Lazare dort, mais je me mets en route pour le réveiller." Ses disciples lui dirent : "S’il dort, il guérira." Mais Jésus avait parlé de sa mort, et ils pensaient que c’était du repos du sommeil. Alors Jésus leur dit clairement : "Lazare est mort ; et je me réjouis à cause de vous de n’avoir pas été là, afin que vous croyiez ; mais allons vers lui." Et Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples : "Allons-y, nous aussi, afin de mourir avec lui." Jésus vint donc et trouva Lazare depuis quatre jours dans le sépulcre. Or, Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ. Beaucoup de Juifs étaient venus près de Marthe et de Marie pour les consoler au sujet de leur frère. Dès que Marthe eut appris que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie se tenait assise à la maison. Marthe dit donc à Jésus : "Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je sais que tout ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous l’accordera." Jésus lui dit : "Votre frère ressuscitera." "Je sais, lui répondit Marthe, qu’il ressuscitera lors de la résurrection, au dernier jour ; Jésus lui dit : "Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra ; Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point pour toujours. Le croyez-vous ?" "Oui, Seigneur", lui dit-elle, "je crois que vous êtes le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir en ce monde." Lorsqu’elle eut ainsi parlé, elle s’en alla, et appela en secret Marie, sa sœur, disant : "Le Maître est là, et il t’appelle." Dès que celle-ci l’eut entendu, elle se leva promptement et alla vers lui. Car Jésus n’était pas encore entré dans le village ; il n’avait pas quitté le lieu où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient avec Marie, et la consolaient, l’ayant vue se lever en hâte et sortir, la suivirent en pensant : "Elle va au sépulcre pour y pleurer." Lorsque Marie fut arrivée au lieu où était Jésus, le voyant, elle tomba à ses pieds, et lui dit : "Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort." Jésus la voyant pleurer, elle et les Juifs qui l’accompagnaient, frémit en son esprit, et se laissa aller à l’émotion. Et il dit : "Où l’avez-vous mis ?" "Seigneur, lui répondirent-ils, venez et voyez." Et Jésus pleura. Les Juifs dirent : "Voyez comme il l’aimait." Mais quelques-uns d’entre eux dirent : " Ne pouvait-il pas, lui qui a ouvert les yeux d’un aveugle-né, faire aussi que cet homme ne mourût point ?" Jésus donc, frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre : c’était un caveau, et une pierre était posée dessus. "Ôtez la pierre", dit Jésus. Marthe, la sœur de celui qui était mort, lui dit : "Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu’il est là." Jésus lui dit : "Ne vous ai-je pas dit que si vous croyez, vous verrez la gloire de Dieu ?" Ils ôtèrent donc la pierre ; et Jésus leva les yeux en haut et dit : "Père, je vous rends grâces de ce que vous m’avez exaucé. Pour moi je savais que vous m’exaucez toujours ; mais j’ai dit cela à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est vous qui m’avez envoyé." Ayant parlé ainsi, il cria d’une voix forte : "Lazare, sors !" Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandelettes, et le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : "Déliez-le, et laissez-le aller." Beaucoup d’entre les Juifs qui étaient venus près de Marie et de Marthe, et qui avaient vu ce qu’avait fait Jésus, crurent en lui.

LEÇON.

C’est encore une mère aujourd’hui qui vient, en pleurs, solliciter la résurrection de son fils. Cette mère est la veuve de Sarepta, que nous connaissons déjà comme la figure de l’Église des Gentils. Elle a péché autrefois, elle été idolâtre, et le souvenir de son passé l’inquiète ; mais le Seigneur, qui l’a purifiée et l’a appelée à l’honneur d’être son Épouse, la rassure en rendant son fils à la vie. La charité d’Élie est l’image de celle du Fils de Dieu. Voyez comment ce grand prophète s’étend sur le corps de l’enfant, comment il se fait petit à sa mesure, ainsi que nous avons vu faire à Élisée. Reconnaissons encore ici le divin mystère de l’Incarnation. Par trois fois le prophète touche le cadavre ; et aussi par trois fois nos Catéchumènes seront plongés dans la piscine baptismale, avec l’invocation des trois personnes de l’adorable Trinité. Dans la nuit solennelle de la Pâque, Jésus aussi dira à l’Église son épouse : « Voici tes fils qui vivent maintenant » ; et l’Église, transportée de joie, sentira toujours plus la vérité des promesses du Seigneur. Les païens eux-mêmes la sentirent à leur manière, cette vérité, lorsque, voyant les mœurs de ce peuple nouveau qui sortait régénéré des eaux du Baptême, ils reconnurent que la divinité pouvait seule être le principe d’une si haute vertu dans des hommes. Au sein de l’empire romain en proie à toutes les corruptions, une race pure et toute céleste apparut soudain, et les fils de cette race si sainte étaient encore la veille mêlés à toutes les dépravations païennes. Où avaient-ils puisé cette vertu sublime ? dans la doctrine de Jésus, et dans les remèdes surnaturels qu’elle applique à la dégradation de l’homme. On vit alors les infidèles accourir en foule, bravant l’épreuve du martyre, et l’Église dilater son sein, pour accueillir ces générations qui lui disaient avec amour : « Nous reconnaissons que vous êtes de Dieu, et que la parole du Seigneur est dans votre bouche. »

ÉVANGILE.

Parcourons avec espérance cet admirable récit qui nous raconte ce que Jésus opère dans les âmes ; rappelons-nous ce qu’il a fait en faveur de la nôtre, et conjurons-le d’avoir enfin pitié de nos Pénitents, qui, en si grand nombre, par toute la terre, se disposent à recevoir ce pardon qui doit leur rendre la vie. Aujourd’hui ce n’est plus une mère qui demande la résurrection de son fils ; ce sont deux sœurs qui implorent cette grâce pour un frère chéri ; l’Église, par cet exemple, nous engage à prier pour nos frères. Mais suivons la sublime narration de notre Évangile.

Lazare a d’abord été malade et languissant ; enfin il est mort. Le pécheur commence par se laisser aller à la tiédeur, à l’indifférence, et bientôt il reçoit la blessure mortelle. Jésus n’a pas voulu guérir l’infirmité de Lazare ; pour rendre ses ennemis inexcusables, il veut opérer un prodige éclatant aux portes même de Jérusalem. Il veut prouver qu’il est le maître de la vie à ceux-là même qui, dans quelques jours, seront scandalisés de sa mort. Au sens moral, Dieu juge quelquefois à propos, dans sa sagesse, d’abandonner à elle-même une âme ingrate, bien qu’il prévoie qu’elle tombera dans le péché. Il la relèvera plus tard ; et la confusion qu’elle ressentira de sa chute servira à la maintenir dans l’humilité qui l’eût préservée.

Les deux sœurs, Marthe et Marie, apparaissent ici avec leurs caractères si tranchés ; toutes deux éplorées, toutes deux unanimes dans leur confiance. A Marthe, Jésus annonce qu’il est lui-même la Résurrection et la Vie, et que celui qui croit en lui ne mourra point de cette mort qui est la seule à craindre ; mais quand il voit les pleurs de Marie, de celle dont il connaissait tout l’amour, il frémit, il se trouble. La mort, châtiment du péché de l’homme, source de tant de larmes, émeut son cœur divin. Arrivé en face du tombeau qui recèle le corps de Lazare son ami, il verse des pleurs : sanctifiant ainsi les larmes que l’affection chrétienne nous arrache sur la tombe de ceux qui nous furent chers. Mais le moment est venu de lever la pierre, d’étaler au grand jour l’affreux triomphe de la mort. Lazare est là depuis quatre jours : c’est le pécheur envieilli dans son péché. N’importe : Jésus ne repousse pas ce spectacle. D’une voix qui commande a toute créature et qui épouvante l’enfer, il crie : Lazare, sors dehors ! et le cadavre s’élance hors du sépulcre. Le mort a entendu la voix ; mais ses membres sont encore enchaînés, son visage est voilé ; il ne peut agir ; la lumière n’a pas lui encore à ses yeux. Jésus commande qu’on le délie ; et par son ordre, des mains humaines rendent aux membres de Lazare la liberté, à ses yeux la vue du soleil. C’est jusqu’à la fin l’histoire du pécheur réconcilié. La voix seule de Jésus pouvait l’appeler à la conversion, émouvoir son cœur, l’amener à confesser son péché ; mais Jésus réserve à la main de ses prêtres de le délier, de l’éclairer, de lui rendre le mouvement. Grâces immortelles au Sauveur qui, par ce prodige opère dans les jours mêmes où nous sommes, mit le comble à la fureur de ses ennemis, et se dévoua par ce dernier bienfait à toute la rage qu’ils avaient conçue contre lui. Désormais il ne s’éloignera plus de Jérusalem ; Béthanie, où il vient d’accomplir le miracle, n’en est qu’à quelques pas. Dans neuf jours, la ville infidèle verra le triomphe pacifique du fils de David ; il retournera ensuite chez ses amis de Béthanie ; mais bientôt il rentrera dans la ville pour y consommer le sacrifice dont les mérites infinis sont le principe de la résurrection du pécheur.

Cet espoir consolant porta les premiers chrétiens à multiplier sur les peintures des Catacombes l’image de Lazare rappelé à la vie ; et ce type de la réconciliation de l’âme pécheresse, sculpté pareillement sur le marbre des sarcophages des IVe et Ve siècles, se reproduisit jusque sur les verrières de nos cathédrales. L’ancienne France honorait ce symbole de la résurrection spirituelle par une pieuse coutume qui s’est conservée dans l’insigne abbaye de la Trinité de Vendôme, jusqu’au renversement de nos institutions catholiques. Chaque année, en ce jour, un criminel condamné par la justice humaine était amené à l’Église Abbatiale. Il avait la corde au cou et tenait à la main une torche du poids de trente-trois livres, en mémoire des années du divin Libérateur. Les moines faisaient une procession à laquelle le criminel assistait humblement, ainsi qu’au sermon qui la suivait. On le conduisait ensuite au pied de l’autel, où l’Abbé, après une exhortation, lui enjoignait pour pénitence le pèlerinage de Saint-Martin de Tours. Il lui ôtait ensuite du cou la corde qu’il avait portée jusqu’à ce moment, et il le déclarait libre. Cet usage liturgique, si chrétien et si touchant, remontait à Louis de Bourbon, comte de Vendôme, qui, en 1426, durant sa captivité en Angleterre, avait fait le vœu, si Dieu lui rendait la liberté, d’établir dans l’Église de la Trinité, comme monument de sa reconnaissance, cet hommage annuel au Christ qui délivra Lazare du tombeau. Le Ciel agréant la piété du prince, celui-ci ne tarda pas à recevoir la grâce qu’il implorait avec tant de foi.

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