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Regnum Galliae Regnum Mariae

Vendredi de la Passion mémoire de Notre Dame des sept douleurs

22 Mars 2024 , Rédigé par Ludovicus

Vendredi de la Passion mémoire de Notre Dame des sept douleurs

Collecte

Daignez, Seigneur, dans votre bonté, répandre votre grâce en nos cœurs ; afin que, réprimant nos péchés par les châtiments volontaires, nous souffrions des peines temporelles, plutôt que d’être condamnés aux supplices éternels. Par Notre-Seigneur.

Lecture Jr. 17, 13-18

En ces jours-là, Jérémie dit : Seigneur, tous ceux qui vous abandonnent seront confondus ; ceux qui se retirent de vous seront écrits sur la terre, parce qu’ils ont abandonné le Seigneur, la source des eaux vives. Guérissez-moi, Seigneur, et je serai guéri ; sauvez-moi, et je serai sauvé, car vous êtes ma gloire. Voici qu’ils me disent : Où est la parole du Seigneur ? Qu’elle s’accomplisse. Et moi je n’ai pas été troublé en vous suivant comme mon pasteur, et je n’ai pas désiré le jour de l’homme, vous le savez : ce qui est sorti de mes lèvres a été droit devant vous. Ne soyez pas pour moi un sujet d’effroi vous qui êtes mon espérance au jour de l’affliction. Que ceux qui me persécutent soient confondus, et que je ne sois pas confondu moi-même ; qu’ils aient peur, et que je n’aie pas peur ; faites venir sur eux le jour du malheur, et brisez-les d’un double brisement, ô Seigneur notre Dieu.

Évangile Jn. 11, 47-54

En ce temps-là, les Pontifes et les Pharisiens assemblèrent le conseil contre Jésus et ils disaient : Que ferons-nous ? Car cet homme fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons agir ainsi, tous croiront en lui, et les Romains viendront, et ruineront notre ville et notre nation. Mais l’un d’eux, nommé Caïphe, qui était le grand-prêtre de cette année-là, leur dit : Vous n’y entendez rien, et vous ne réfléchissez pas qu’il vaut mieux pour vous qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse point. Or il ne dit pas cela de lui-même, mais, étant grand-prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation, et non seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un seul corps les enfants de Dieu qui étaient dispersés. A partir de ce jour, ils pensaient donc à le faire mourir. C’est pourquoi Jésus ne se montrait plus ouvertement parmi les Juifs ; mais il s’en alla dans une région voisine du désert, dans une ville nommée Ephrem et il demeurait là avec ses disciples.

ÉPÎTRE.

Jérémie est une des principales figures de Jésus-Christ dans l’Ancien Testament, où il représente spécialement le Messie persécuté par les Juifs. C’est ce qui a porté l’Église à choisir ses Prophéties pour sujet des lectures de l’Office de la nuit, dans les deux semaines consacrées à la Passion du Sauveur. Nous venons d’entendre une des plaintes que ce juste adresse à Dieu contre ses ennemis ; et c’est au nom du Christ qu’il parle. Écoutons ces accents désoles qui dépeignent à la fois la malice des Juifs, et celle des pécheurs qui persécutent Jésus-Christ au sein même du christianisme.

« Ils ont, dit le Prophète, abandonné la source des eaux vives. » Juda a perdu le souvenir de la roche du désert, d’où jaillirent les eaux dont il étancha sa soif ; ou, s’il se la rappelle encore, il ne sait plus que cette roche mystérieuse représentait le Messie.

Cependant Jésus est là dans Jérusalem, et il crie : « Que celui qui a soif vienne à moi, et qu’il se désaltère. » Sa bonté, sa doctrine, ses œuvres merveilleuses, les oracles accomplis en lui, disent assez que l’on doit croire à sa parole. Juda est sourd à l’invitation ; et plus d’un chrétien imite son endurcissement. Il en est qui ont goûté à la « source des eaux vives », et qui s’en sont détournés pour aller se désaltérer aux ruisseaux bourbeux du monde ; et leur soif s’en est irritée davantage. Qu’ils tremblent en voyant le châtiment des Juifs ; car s’ils ne reviennent pas au Seigneur leur Dieu, ils tomberont dans ces ardeurs dévorantes et éternelles, où l’on refuse une goutte d’eau à celui qui l’implore. Le Sauveur, par la bouche de Jérémie, annonce « un jour de malheur » qui doit fondre sur les Juifs ; plus tard, lorsqu’il vient en personne, il prévient les Juifs que la tribulation qui tombera sur Jérusalem, en punition de son déicide, sera si affreuse, que « depuis le commencement du monde elle n’a pas eu sa pareille, et ne l’aura jamais dans la suite des siècles ». Mais si le Seigneur a vengé avec tant de rigueur le sang de son Fils contre une ville qui fut longtemps l’escabeau de ses pieds, et contre un peuple qu’il avait préfère à tous les autres, épargnera-t-il le pécheur qui, malgré les invitations de l’Église, s’obstine à rester dans son endurcissement ? Juda eut le malheur de combler la mesure de ses iniquités ; nous aussi, nous avons tous une mesure de mal que la justice de Dieu ne nous permettrait pas de dépasser. Hâtons-nous d’ôter le péché ; songeons à remplir l’autre mesure, celle des bonnes œuvres ; et prions pour les pécheurs qui ne se convertiront pas en ces jours. Demandons que ce sang divin, qu’ils mépriseront encore une fois, et dont ils sont couverts, ne s’appesantisse pas sur eux.

ÉVANGILE.

La vie du Sauveur est menacée plus que jamais. Le conseil de la nation s’est réuni pour aviser à se défaire de lui. Écoutez ces hommes que la plus vile des passions, la jalousie, a rassemblés. Ils ne nient pas les miracles de Jésus ; ils sont donc en mesure de porter un jugement sur sa mission, et ce jugement devrait être favorable. Mais ce n’est pas dans ce but qu’ils sont venus ; c’est pour s’entendre sur les moyens de le faire périr. Que se diront-ils à eux-mêmes ? Quels sentiments exprimeront-ils en commun pour légitimer cette résolution sanguinaire ? Ils oseront mettre en avant la politique, l’intérêt de la nation. Si Jésus continue de se montrer et d’opérer des prodiges, bientôt la Judée va se lever pour le proclamer son Roi, et les Romains ne tarderont pas à venir venger l’honneur du Capitole outragé par la plus faible des nations qui soit dans l’Empire. Insensés, qui ne comprennent pas que si le Messie eût dû être roi à la manière de ce monde, toutes les puissances de la terre seraient demeurées sans force contre lui ! Que ne se souviennent-ils plutôt de la prédiction de Daniel, qui a annoncé que dans le cours de la soixante-dixième semaine d’années, à partir du décret pour la réédification du temple, le Christ sera mis à mort, et le peuple qui l’aura renié ne sera plus son peuple ; qu’après ce forfait un peuple commandé par un chef militaire viendra, et renversera la ville et le temple ; que l’abomination de la désolation entrera dans le sanctuaire, et que la désolation s’établira à Jérusalem, pour y demeurer jusqu’ à la fin ! En mettant à mort le Messie, ils vont du même coup anéantir leur patrie.

En attendant, l’indigne pontife qui préside aux derniers jours de la religion mosaïque s’est revêtu de l’éphod, et il a prophétisé, et sa prophétie est selon la vérité. Ne nous en étonnons pas. Le voile du temple n’est pas déchiré encore ; l’alliance entre Dieu et Juda n’est pas rompue. Caïphe est un homme de sang, un lâche, un sacrilège ; mais il est pontife. Dieu parle encore par sa bouche. Écoutons ce nouveau Balaam : « Jésus mourra pour la nation, et non pour la nation seulement, mais aussi pour rassembler et réunir les enfants de Dieu qui étaient dispersés. » Ainsi la Synagogue expirante est contrainte de prophétiser la naissance de l’Église par l’effusion du sang de Jésus ! Ça et là sur la terre il y a des enfants de Dieu qui le servent, au milieu de la gentilité, comme le centenier Corneille ; mais aucun lien visible ne les réunit. L’heure approche où la grande et unique Cité de Dieu va apparaître sur la montagne, « et toutes les nations se dirigeront vers elle. » Après que le sang de l’alliance universelle aura été répandu, après que le sépulcre aura rendu le vainqueur de la mort, cinquante jours seront à peine écoulés, que la trompette sacrée de la Pentecôte convoquera, non plus les Juifs au temple de Jérusalem, mais tous les peuples à l’Église de Jésus-Christ. Caïphe ne se souvient plus déjà de l’oracle qu’il a lui-même proféré ; il a fait rétablir le voile du Saint des Saints qui s’était déchiré en deux, au moment ou Jésus expirait sur la Croix ; mais ce voile ne cache plus qu’un réduit désert. Le Saint des Saints n’est plus là ; « on offre maintenant en tout lieu une hostie pure », et les vengeurs du déicide n’ont pas encore apparu, avec leurs aigles, sur la montagne des Oliviers, que déjà les sacrificateurs ont entendu retentir au fond du sanctuaire répudié une voix qui disait : « Sortons d’ici. »

Vendredi de la Passion mémoire de Notre Dame des sept douleurs
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