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Regnum Galliae Regnum Mariae

Saint Ephrem le Syrien diacre confesseur et docteur mémoire des Saints Marc et Marcellien Martyrs

18 Juin 2020 , Rédigé par Ludovicus

Saint Ephrem le Syrien diacre confesseur et docteur mémoire des Saints Marc et Marcellien Martyrs

Collecte

O Dieu, vous avez voulu illustrer votre Église par l’admirable érudition et les mérites éclatants du bienheureux Éphrem, votre Confesseur et Docteur : nous vous en supplions, daignez à son intercession la défendre par votre constant secours contre les embûches de l’erreur et de la dépravation.

Office

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. Éphrem de nationalité syrienne naquit à Nisibi, ville de Mésopotamie. Son père, qui était prêtre des idoles en même temps qu’il s’adonnait aux travaux des champs le chassa de sa demeure. Il était alors jeune encore, et il se rendit chez l’évêque saint Jacques de qui il reçut le baptême. Il fit en peu de temps de tels progrès dans la sainteté et dans la science, qu’il ne tarda pas à être chargé d’enseigner dans la florissante école de Nisibi. Après la mort de l’évêque Jacques, les Perses s’étant emparés de Nisibi, Éphrem partit pour Édesse : il y demeura quelque temps parmi les moines de la montagne, puis, pour se soustraire à des visites trop nombreuses, embrassa la vie érémitique. Ordonné diacre de l’Église d’Édesse et refusant par humilité le sacerdoce, il brilla de l’éclat de toutes les vertus et s’appliqua à acquérir, par la vraie pratique de la sagesse, la piété et la religion. Fixant en Dieu seul toute son espérance, il dédaignait tout ce qui est humain et éphémère, et aspirait assidûment à ce qui est divin et éternel.

Cinquième leçon. Une inspiration divine le conduisit à Césarée, en Cappadoce. Là il rencontra Basile le porte-parole de l’Église, et tous deux se lièrent d’une heureuse amitié. A cette époque, d’innombrables erreurs assaillaient l’Église de Dieu. Pour les réfuter et pour expliquer avec soin les mystères de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Éphrem publia de nombreux travaux écrits en syrien et presque tous traduits en grec ; saint Jérôme atteste qu’il s’acquit ainsi une telle célébrité que, dans certaines églises, on faisait la lecture publique de ses écrits après celle des Saintes Écritures.

Sixième leçon. Ces publications, pleines d’une doctrine si lumineuse, méritèrent à ce grand Saint que, de son vivant déjà, on l’honora comme un Docteur de l’Église. Il composa aussi des hymnes poétiques en l’honneur de la Très Sainte Vierge Marie et des Saints, ce qui lui valut d’être justement appelé par les Syriens, la cithare du Saint-Esprit, et se fit surtout remarquer par son extraordinaire et tendre dévotion à la Vierge immaculée. Il mourut plein de mérites à Édesse, en Mésopotamie, le quatorze des calendes de juillet, sous le règne de Valens. Cédant aux instances de nombreux Cardinaux, Patriarches, Archevêques, Évêques, abbés et familles religieuses, le Pape Benoît XV, après avoir pris l’avis de la Sacrée Congrégation des Rites, le déclara Docteur de l’Église universelle.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Éphrem de Syrie, Diacre.

Septième leçon. C’est une grande chose que d’entreprendre une bonne œuvre et de lui donner son achèvement, d’être agréable à Dieu et utile au prochain, de plaire enfin à notre souverain et très doux Maître le Christ Jésus qui a dit : Vous êtes le sel de la terre et les colonnes des cieux. Le labeur que tu poursuis dans l’affliction, très cher [frère, passe] comme un songe, mais le repos qui suivra ton labeur est indescriptible et inestimable. Veille donc attentivement sur toi-même, afin de ne point repousser l’un et perdre l’autre, en ne recherchant ni l’un ni l’autre, à savoir le contentement présent et la joie éternelle. Efforce-toi plutôt d’acquérir la vertu parfaite, ornée et caractérisée par toutes les dispositions que Dieu aime. Si tu y parviens, jamais tu ne provoqueras la colère de Dieu, ni ne feras tort à ton prochain. ’

Huitième leçon. Cette vertu [de charité] est appelée la seule vertu ; elle est dite d’une beauté unique car elle possède en soi la splendeur des diverses vertus. Le diadème des rois ne peut être achevé sans que des pierres précieuses et des perles brillantes y soient enchâssées et entrelacées, ainsi cette vertu unique ne peut-elle subsister sans l’éclat de vertus variées. Elle est assurément comparable à un diadème royal. Car de même que celui-ci ne peut scintiller entièrement sur la tête royale si une pierre ou une perle y fait défaut, de même cette unique vertu ne peut être appelée vertu parfaite, si elle n’a la gloire de réunir les autres vertus. Et semblablement dans un somptueux festin où les condiments les plus exquis ont été préparés mais où le sel fait défaut, comme ces mets précieux ne sauraient être mangés sans sel, ainsi, une vertu qui paraîtrait complète et posséder l’honneur et la gloire d’autres vertus variées, resterait assurément vile et méprisable, si l’amour de Dieu et du prochain en était absent.

Neuvième leçon. Quelques-uns sont parvenus à cette vertu et cherchant à l’orner comme on orne tout alentour un diadème royal, ils ont possédé en grande partie la parure qui lui convient. Mais, dans la suite, à l’occasion d’un objet quelconque, sûrement très méprisable, ils ont laissé décliner entièrement une vertu si précieuse. Leur âme s’est trouvée attachée aux sollicitudes terrestres et leur vertu arrêtée par des liens si vils, n’a pu entrer au ciel. Sois donc plein d’attention et de vigilance, mon très cher [frère], de peur qu’en t’embarrassant dans des entraves analogues, tu n’ouvres à l’ennemi en quête d’une proie et-que tu ne perdes cette vertu admirable et illustre recherchée par toi au prix de tant de labeurs ; de peur encore que tu ne la rendes incapable, ta vertu, de pénétrer dans les parvis célestes et que tu ne la places plutôt avec le rouge de la confusion devant le trône de l’époux divin, ou enfin que tu la laisses fixée à la terre par un cheveu. Donne-lui au contraire, l’essor d’une confiance, que rien n’empêche, ainsi qu’une voix élevée, afin qu’elle parvienne avec exultation au lieu du repos et puisse réclamer à haute voix sa récompense.

Cette fête a été introduite dans le Missel par Benoît XV, après que, dans une touchante encyclique, il eut orné saint Éphrem de l’auréole des docteurs. A la vérité, cet illustre champion de l’orthodoxie en Syrie contre les trompeuses menées des Ariens, avait obtenu dès l’antiquité, surtout en Orient, la renommée de Maître de l’Église universelle ; et non seulement les Syriens, mais aussi les Byzantins, les Slaves, les Arméniens et les Coptes avaient accueilli, dans leurs livres liturgiques, les compositions mélodiques du célèbre diacre d’Édesse, appelé pour cela la « cithare du Saint-Esprit ».

A la gloire de saint Éphrem manquait pourtant le dernier sceau que seule la Rome papale peut donner ; il vint enfin et y mit le comble. Benoît XV, en proclamant à la face du monde les mérites de saint Éphrem, en cette année 1920 où se célébraient les fêtes centenaires de saint Jérôme, compara entre eux ces deux grands personnages et fit remarquer que tous deux furent moines et vécurent en Syrie. — Jérôme est, de peu, postérieur à Éphrem dont il célébra les mérites et la gloire. — L’un comme l’autre firent des saintes Écritures l’objet de leurs études assidues, ils s’en nourrirent, jusqu’à les transformer en leur propre substance. Le prêtre de Bethléem et le diacre d’Édesse devinrent ainsi par leur science comme deux magnifiques flambeaux, destinés à illuminer, l’un l’Occident, et l’autre l’Orient.

Dès le XVIIe siècle, Rome chrétienne avait dédié à saint Éphrem — et l’encyclique papale le rappelle — un oratoire, maintenant détruit, sur l’Esquilin. L’extension de la fête du célèbre diacre syrien à l’Église universelle a pour but de montrer aux Orientaux, et surtout aux dissidents, la vénération dont le pontificat romain entoure les gloires et les fastes catholiques de ces très anciennes Églises. D’autre part, voici que l’on comptera désormais des docteurs de l’Église à tous les degrés de la hiérarchie sacrée, puisque Benoît XV, en donnant à saint Éphrem le titre de docteur, a résolu la controverse dont l’objet était de savoir si les diacres peuvent ou non atteindre ce suprême degré d’autorité et de magistère dans l’Église de Dieu. Jusqu’alors, seuls des évêques et des prêtres y avaient accédé.

Vraiment, la « lyre de l’Esprit Saint » comme les Orientaux appellent saint Éphrem, a de si grands et si nombreux mérites dans le domaine de la sainte liturgie, qu’il aurait peut-être été désirable que ceux-ci eussent été mis en relief dans la rédaction de sa messe, par exemple par quelque composition liturgique conforme au génie et au goût latin. Saint Ephrem a composé des poèmes admirables sur l’immaculée conception et la pureté de Marie, sur la primauté pontificale, sur les martyrs, sur l’efficacité du divin Sacrifice, sur les suffrages en faveur des défunts, etc. ; ces vers, associés au chant des vierges sacrées et à la musique, passionnèrent jadis les habitants d’Édesse, contemporains d’Éphrem, et les remplirent d’ardeur pour la défense de la foi de Nicée contre les Perses infidèles et contre les Ariens.

Dans le De viris illustribus saint Jérôme témoigne qu’Éphrem, par ses œuvres, ad tantam claritatem venisse, ut post lectionem Scriplurarum, publice in quibusdam ecclesiis eius scripta recitarentur

 

 

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Saint Grégoire Barbarigo évêque et confesseur

17 Juin 2020 , Rédigé par Ludovicus

Saint Grégoire Barbarigo évêque et confesseur

Collecte

Seigneur, vous avez voulu illuminer le bienheureux Grégoire, votre Confesseur et Pontife, par le zèle pastoral et la tendresse pour les pauvres : accordez-nos favorablement qu’en célébrant ses mérites, nous prenions exemple sur sa charité.

Office

Troisième leçon. Grégoire Barbarigo, né à Venise d’une famille très ancienne, obtint avec grands éloges les deux doctorats en droit à l’Université Padoue. A l’âge de dix-neuf ans, il se rendit à Munster pour y assister aux pourparlers réglant les préliminaires de la paix de Westphalie, et, sur les conseils du legs pontifical Fabio Chigi, il décida d’entrer dans les ordres. Quand il fut prêtre, le même Chigi, devenu Pape sous le nom d’Alexandre VII le nomma d’abord évêque de Pergame ; puis, l’ayant associé au Collège des cardinaux, il le choisit pour le siège de Padoue. Dans l’exercice de sa charge épiscopale, il se proposa comme modèle saint Charles Borromée et, jusqu’à dernier souffle, s’appuyant sur le avis et les décrets du saint concile de Trente, il travailla à extirper le vices et a propager les vertus, développa les séminaires de ces deux diocèses, il dota en particulier celui de Padoue d’une bibliothèque et d’une imprimerie, destinée notamment à publier des livres qu’il voulait répandre parmi les peuples du Proche-Orient. Il favorisa énergiquement l’enseignement catéchétique et parcourut avec ardeur chaque localité de son diocèse, en enseignant et en exhortant. Il se distingua par les œuvres de charité et par la sainteté de sa vie, il se montra si généreux envers les indigents et les pauvres qu’il alla jusqu’à distribuer pour leur venir en aide le mobilier de sa maison, ses vêtements et son lit. Enfin, après une courte maladie il s’endormit paisiblement dans le Seigneur le 18 juin 1697. Illustre par ses mérites et par ses vertus, il fut placé au nombre des bienheureux par Clément XIII et au nombre des saints par Jean XXIII.

 

En mai 1656 éclate à Rome la peste bubonique, qui dure jusqu'en août 1657, faisant des milliers de victimes. Le pape Alexandre VII (Fabio Chigi), qui était à Castelgandolfo, revient immédiatement à Rome et, pour encourager les Romains, on l’y voit marchant à pied. Pour diriger les secours au Trastevere, l'épicentre de l'infection, il choisit un prêtre de 31 ans, Grégoire Barbarigo, de la famille vénitienne de ce nom. Et il sait ce qu'il fait. Il était nonce à Münster (Allemagne) dans la décennie précédente, pour négocier la paix après la guerre de Trente Ans ; et là il avait rencontré le jeune Barbarigo, alors secrétaire de l'ambassadeur de Venise. Il le conseilla ensuite dans ses études, jusqu'au sacerdoce. Enfin, élu pape en 1655, il l'appelle à Rome. Il lui fait confiance comme à lui-même et l'envoie donc aux pestiférés du Trastevere.

Il obéit, sans cacher sa peur. Il en parle également dans des lettres à son père. Mais quand il voit comment ces gens vivent et meurent, il sait être chef, guide, frère ; il est prêtre, infirmier, fossoyeur, il est le père des Trasteverini.

En 1657, le pape le nomme évêque de Bergame et en 1658 cardinal. Dans son diocèse il prend Charles Borromée comme modèle, mettant un accent personnel passionné sur l'enseignement religieux. Nommé évêque de Padoue (1664), dans la ville de la grande université, il donne une impulsion au grand séminaire : il stimule la formation théologique et biblique et veut l'enrichir de connaissances classiques, de science et de pratique des langues ; il donne aux clercs une bibliothèque très riche et crée une imprimerie utilisant aussi des caractères grecs et orientaux, jetant des ponts culturels entre l'Europe et l'Asie. En même temps, dit un témoin, « il ne mange que parce qu’il le faut et ne cesse jamais d’enseigner la doctrine chrétienne, de faire des missions et d’assister les mourants ».

A propos des coutumes du clergé d’alors, il ne plaisantait pas. Nommé par le pape Innocent XI pour inspecter un couvent romain qui faisait jaser, celui-ci dut fermer définitivement, car « une crainte salutaire » avait frappé tous les frères de Rome (Pastor). Deux fois il est sur le point de devenir pape, et deux fois il dit non. Pour lui, vivre c’est Padoue, c'est étudier, c'est la charité. Il sonne la cloche du catéchisme pour les enfants, il prépare les bancs et les chaises lui-même, pour la joie de les éduquer personnellement à la foi, comme il avait soigné de ses mains les pestiférés du Trastevere.

Grégoire a été béatifié par Clément XIII en 1761. Puis tout s'est arrêté pendant 150 ans. En 1911, Pie X reçut des appels pour sa canonisation, et l'un d'eux avait parmi ses signataires le « prof. sac. Angelo Roncalli » de Bergame. Qui ne savait pas qu'un autre demi-siècle devait encore s'écouler. Et enfin, sous le nom de Jean XXIII, il proclamera Grégoire saint, le 26 mai 1960, à Saint-Jean de Latran, avec une légère touche élégante sur la longue attente: « Nous aimons nous féliciter avec ferveur de le voir élevé par la Sainte Eglise à son rang. »

Traduction d’un texte de Domenico Agasso. Il manque, à la fin, ce que voulait dire Jean XXIII quant au « rang » qui convenait à Grégoire Barbarigo : « stantem ante thronum, et in conspectu Agni, amictum stola alba, et palma in manibus ejus » (Ap 7,9).

 

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Saint Jean-François Régis confesseur

16 Juin 2020 , Rédigé par Ludovicus

Saint Jean-François Régis confesseur

Collecte

Dieu, vous avez orné le bienheureux Jean-François votre Confesseur d’une admirable charité et d’un patience invincible pour supporter le poids du labeur du salut des âmes : Faites, nous vous en prions ; qu’enseignés par ses exemples et aidés de ses prières, nous obtenions les récompenses de la vie éternelle.

Épitre 1 Th. 2, 2-9

Mes Frères : Si, pour vous annoncer l’Évangile en dépit de tant de difficultés, nous avons montré une telle assurance, c’est en Dieu que nous l’avons trouvée. Notre prédication ne procède ni de l’erreur, ni d’intentions impures ; elle n’use pas de diplomatie. Mais puisque Dieu nous a jugé digne de nous confier son Évangile, nous ne parlons pas pour plaire aux hommes, mais à Dieu qui juge notre cœur. De fait, à aucun moment, nous n’avons employé des paroles de flatterie, vous le savez bien. Jamais nous n’avons cherché de profits personnels, Dieu en est témoin ; nous n’avons pas ambitionné une célébrité parmi les hommes, ni chez vous, ni ailleurs. Comme apôtres du Christ, nous aurions pu cependant rester à votre charge ; mais nous nous sommes comportés parmi vous avec une simplicité d’enfants. Et comme une mère entoure de tendresse les enfants qu’elle nourrit, dans notre affection pour vous, nous désirons vivement vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais encore notre vie. Car vous êtes devenus très chers à notre cœur. Vous vous rappelez, frères, nos labeurs, nos fatigues ; c’est en travaillant nuit et jour, pour n’être à charge à aucun de vous, que nous avons prêché l’Évangile de Dieu.

 

Saint Jean François Régis

Jésuite - apôtre du Vivarais (+ 1640)

Né à Fontcouverte dans l'Aude, il entra très tôt dans la Compagnie de Jésus de Béziers d'où il fut envoyé au Puy.
Il se consacra alors avec succès à la prédication. Il fut l'un des plus grands prédicateurs du XVIIe siècle, parcourant le Velay, le Vivarais et le Forez, des régions qui avaient été très marquées par les Guerres de Religion ce qui lui mérita le titre d'apôtre du Velay et du Vivarais.
Il meurt épuisé de fatigue et de froid au cours d'une mission au bourg de La Louvesc dans le Massif Central français et depuis les pèlerins ne cessent d'y affluer.

- "Né à Foncouverte, dans l’ancien diocèse de Narbonne en 1597, Jean-François Régis entre à 19 ans dans la Compagnie de Jésus.
Ordonné Prêtre le 16 juin 1630, il devient l’apôtre du Vivarais (dont certains territoires appartiennent alors au diocèse de Valence) du Forez et du Velay.

Ses supérieurs l'affectèrent aux missions de France, que le roi Louis XIII avait créées pour la conversion des protestants.

Il travaille avec ardeur à refaire l’unité de l'Église et à l’évangélisation des campagnes. Il meurt à La Louvesc le 31 décembre 1640.
Son tombeau attire encore de nombreux pèlerins." (Saint Jean-François Régis, prêtre (Mémoire 16 juin) - diocèse de Valence)

- "Dur avec lui-même, doux avec les autres, son activité apostolique était grande et remplie de charité et de secours auprès des plus démunis; il est appelé 'père des pauvres'.
Enflammé de l'Amour Divin, il consacrait plusieurs heures de la nuit à l'oraison. Sa vie fut émaillée de miracles et de dons spirituels.
À Ax (pays de Foix), on a conservé longtemps une Croix en bois qu'il avait érigée lui-même, et son apostolat le fait parcourir un monde rural difficile dans les grandes étendues du Vivarais et du Forez, dans les montagnes du Velay au climat rigoureux.

C'est à Louvesc, dans le diocèse de Vienne, qu'il contracte une maladie mortelle. Il rendit l'esprit au Créateur, le 31 Décembre 1640 alors qu'il était âgé de 44 ans.
Le Pape Clément XI proclama solennellement Jean François Bienheureux et Clément XII l'inscrivit au catalogue des Saints.
Benoît XIV fixa la célébration de sa Fête au 16 Juin. Béatifié en 1716 il est Canonisé en 1737." (diocèse de Pamiers)

- "...il commença de dire la parole du Christ expirant 'Seigneur, je remets mon âme entre tes mains'. Ayant fini, il finit aussi sa vie. Il était âgé de 43 ans et 11 mois.
De peur qu’on enlevât le corps du Père Régis, le cercueil fut placé dans un tronc de châtaignier creusé et cerclé de fer, enterré profond dans la petite église de Lalouvesc.
La dévotion populaire pour le père Régis commença le jour même de sa mort..." (Saint Jean-François Régis - 1597-1640 - Église catholique en Ardèche)

- ...Le zèle dans l’action, c’est cela qui frappe dans les témoignages que nous retrouvons sur Saint Jean-François Régis. Cette action fut longuement préparée par une jeunesse durant laquelle son amour de l’Eucharistie n’a pu être dépassé par aucune autre orientation spirituelle. Sa fervente dévotion mariale accompagnait ce zèle pour l’Eucharistie. Son activité quotidienne débordante était préparée et orientée par des nuits entières et c’est là le secret de sa fécondité... (Saints du diocèse du Puy-en-Velay)
- saint Jean-François Régis, avant d'être Prêtre, a été enseignant au Collège d'Auch. (Diocèse d'Auch)

 

Fêté le 16 Juin par les jésuites en France ainsi qu'au diocèse de Nîmes et le 2 Juillet dans les autres provinces, il figure au 31 Décembre au martyrologe romain:

À La Louvesc dans le Vivarais, en 1640, Saint Jean-François Régis, Prêtre de la Compagnie de Jésus, qui parcourut les monts et les villages de la région, prêchant et administrant le Sacrement de Pénitence et veillant sans relâche à rénover la Foi Catholique dans les âmes des gens du pays.
Martyrologe romain.

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Pour se rafraichir la mémoire

16 Juin 2020 , Rédigé par Ludovicus

Pour se rafraichir la mémoire

Syllabus de Pie IX, ou Catalogue d'erreurs qui ont été condamnées dans différentes déclarations de Pie IX, publié le 8 décembre 1864

Par. V. Erreurs concernant l’Église et ses droits

2919
19. L'Eglise n'est pas une société vraie et parfaite, pleinement libre, et elle ne jouit pas des droits propres et constants qui lui ont été conférés par son divin fondateur, mais il appartient au pouvoir civil de définir quels sont les droits de l'Eglise et les limites au sein desquelles elle peut exercer ces droits.


2920
20. Le pouvoir ecclésiastique ne doit pas exercer son autorité sans la permission et l'assentiment du pouvoir civil.


2921
21. L'Eglise n'a pas le pouvoir de définir dogmatiquement que la religion catholique est l'unique vraie religion.


2922
22. L'obligation par laquelle les maîtres et les écrivains catholiques sont tenus absolument se limite seulement aux choses qui ont été proposées par le jugement infaillible de l'Eglise comme dogme de foi à croire par tous
2879 .

2923
23. Les pontifes romains et les conciles oecuméniques ont dépassé les limites de leur pouvoir, ont usurpé les droits des princes, et même ont erré en définissant en matière de foi et de mœurs.


2924
24. L’Église n'a pas le pouvoir d'employer la force, ni aucun pouvoir temporel direct ou indirect.


2925
25. Outre le pouvoir inhérent à l'épiscopat, un autre pouvoir, temporel, lui a été concédé de façon expresse ou tacite par l'autorité civile, lequel est révocable pour cette raison par le pouvoir civil à son gré.


2926
26. L’Église n'a pas le droit natif et légitime d'acquérir et de posséder.


2927
27. Les ministres sacrés de l’Église et le pontife romain doivent être absolument exclus de toute question et possession des choses temporelles.


2928
28. Sans l'autorisation du gouvernement il n'est pas permis aux évêques de promulguer même des lettres apostoliques.



2929
29. Les grâces concédées par le pontife romain doivent être considérées comme nulles si elles n'ont pas été sollicitées par le gouvernement.


2930
30. L'immunité de l’Église et des personnes ecclésiastiques avait son origine dans le droit civil.


2931
31. Le for ecclésiastique pour les causes temporelles des clercs, civiles ou criminelles, doit absolument être aboli même sans consulter le Siège apostolique et malgré son opposition.


2932
32. L'immunité personnelle en vertu de laquelle les clercs sont exempts d'assurer la charge du service militaire peut être abrogée sans aucune violation du droit naturel et de l'équité ; or le progrès demande cette abrogation, surtout dans une société constituée sous une forme libérale.


2933
33. Il n'appartient pas uniquement au pouvoir de juridiction ecclésiastique, par un droit propre et natif, de diriger en matière théologique
2875- 2880 .

2934
34. La doctrine de ceux qui comparent le pontife romain à un prince libre qui agit dans l'ensemble de l’Église est une doctrine qui a prévalu au Moyen Age.


2935
35. Rien n'empêche que par une décision d'un concile général ou du fait de l'ensemble des peuples, le souverain pontificat soit transféré de la Ville à un autre évêque ou à une autre ville.


2936
36. La définition d'un concile national n'admet pas d'autre discussion, et l'administration civile peut exiger la chose selon ses déterminations.


2937
37. Il peut être institué des Églises nationales soustraites à l'autorité du pontife romain, et totalement séparées d'elle.


2938
38. Trop d'actes arbitraires des pontifes romains ont contribué à la division de l’Église en orientale et occidentale.

Par. VI. Erreurs touchant la société civile considérée aussi bien en elle- même

2939
39. En tant qu'origine et source de tout droit, l’État jouit d'un droit qui n'est circonscrit par aucune limite.


2940
40. La doctrine de l’Église catholique s'oppose au bien et aux intérêts de la société humaine
2775 .

2941
41. Au pouvoir civil, même exercé par un détenteur infidèle, appartient un pouvoir indirect négatif dans le domaine des choses sacrées ; il ne lui appartient donc pas seulement le droit appelé 'exsequatur', mais aussi le droit appelé 'appel comme d'abus'.


2942
42. Dans un conflit de lois entre les deux pouvoirs, le droit civil prévaut.


2943
43. Le pouvoir laïc a autorité pour casser, déclarer et rendre nulles des conventions solennelles (appelées 'concordats') conclues avec le Siège apostolique relativement à l'usage de droits qui ont trait à l'immunité ecclésiastique, sans son consentement et même contre son opposition.


2944
44. L'autorité civile peut s'immiscer dans les affaires qui regardent la religion, les mœurs et le gouvernement spirituel. Elle peut donc juger des instructions que les pasteurs publient, conformément à leur charge, pour être une norme pour les consciences, et elle peut même se prononcer sur l'administration des sacrements et sur les dispositions nécessaires pour les recevoir.


2945
45. Toute la direction des écoles publiques dans lesquelles est éduquée la jeunesse d'un État chrétien, à l'exception dans une certaine mesure des séminaires épiscopaux, peut et doit être attribuée à l'autorité civile, et cela de telle manière que ne soit reconnu à aucune autre autorité le droit de s'immiscer dans la discipline des écoles, dans le régime des études, dans la collation des grades, dans le choix ou l'approbation des maîtres.


2946
46. Bien plus, dans les séminaires des clercs eux-mêmes, la méthode à suivre dans les études doit être soumise à l'autorité civile.


2947
47. Il est requis pour le meilleur de la société civile que les écoles populaires ouvertes à tous les enfants de n'importe quelle classe du peuple, et généralement les institutions publiques destinées à transmettre les lettres et les disciplines plus rigoureuses et à pourvoir à l'éducation des jeunes, soient soustraites à toute autorité, régulation et influence de l'Eglise, et qu'elles soient pleinement soumises à la décision de l'autorité civile et politique, selon ce qui plaît aux gouvernements et en conformité avec l'opinion commune du temps.


2948
48. Les catholiques peuvent approuver une méthode de formation des jeunes en dehors de la foi catholique et du pouvoir de l’Église, qui considère uniquement, ou en premier lieu, la connaissance des choses de la nature et les fins de la vie sociale terrestre.


2949
49. La société civile peut empêcher que les évêques et les fidèles du peuple communiquent librement avec le pontife romain et entre eux.


2950
50. L'autorité laïque a par elle-même le droit de présenter les évêques, et elle peut exiger d'eux qu'ils commencent à administrer les diocèses avant d'avoir reçu eux-mêmes du Saint-Siège l'institution canonique et les lettres apostoliques.


2951
51. Le gouvernement laïc a même le droit de retirer aux évêques l'exercice de leur ministère pastoral, et il n'est pas tenu d'obéir au pontife romain pour ce qui regarde l'institution des évêchés et des diocèses.


2952
52. Le gouvernement peut, de son propre droit, changer l'âge prescrit par l’Église pour la profession religieuse des femmes aussi bien que des hommes, et imposer à toutes les familles religieuses de n'admettre personne aux voeux solennels sans son autorisation.


2953
53. Il faut abroger les lois qui concernent la protection du statut des familles religieuses, de leurs droits et de leurs devoirs ; le gouvernement civil peut même offrir une aide à tous ceux qui veulent quitter l'état de la vie religieuse qu'ils avaient embrassé et enfreindre leurs voeux solennels ; de même il peut supprimer complètement les familles religieuses ainsi que les collégiales et les bénéfices simples, même avec droit de patronage, et soumettre et attribuer leurs biens et leurs revenus à l'administration et au contrôle du pouvoir civil.


2954
54. Les rois et les princes ne sont pas seulement exempts de la juridiction de l’Église, mais pour trancher les questions de juridiction ils sont supérieurs à l’Église.


2955
55. L’Église doit être séparée de l’État, et l’État de l’Église.

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II ème Dimanche après la Pentecôte

14 Juin 2020 , Rédigé par Ludovicus

II ème Dimanche après la Pentecôte

Introït

Le Seigneur s’est fait mon protecteur et il m’a conduit au large : il m’a sauvé, parce qu’il m’aime. Je vous aimerai, Seigneur, ma force : Le Seigneur est mon ferme appui, et mon refuge et mon libérateur.

Collecte

Faites, Seigneur, que nous ayons toujours la crainte et l’amour de votre saint nom, parce que vous ne cessez jamais de diriger ceux que vous établissez dans la solidité de votre amour.

Épitre 1. Jn. 3, 13-18

Mes bien-aimés : Ne vous étonnez pas, si le monde vous hait. Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. Quiconque hait son frère est un homicide ; et vous savez qu’aucun homicide n’a la vie éternelle demeurant en lui. A ceci nous avons connu l’amour de Dieu : c’est qu’il a donné sa vie pour nous ; et nous devons aussi donner notre vie pour nos frères. Si quelqu’un possède les biens de ce monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? Mes petits enfants, n’aimons pas en paroles ni avec la langue, mais par les actes et en vérité.

Évangile Lc. 14, 16-24.

En ce temps-là, Jésus dit cette parabole aux Pharisiens : Un homme fit un grand souper, et invita de nombreux convives, Et à l’heure du souper, il envoya son serviteur dire aux invités de venir, parce que tout était prêt. Mais tous, unanimement, commencèrent à s’excuser. Le premier lui dit : J’ai acheté une terre, et il est nécessaire que j’aille la voir ; je t’en prie, excuse-moi. Le second lui dit : J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je vais les essayer ; je t’en prie, excuse-moi. Et un autre dit : J’ai épousé une femme, et c’est pourquoi je ne puis venir. A son retour, le serviteur rapporta cela à son maître. Alors le père de famille, irrité, dit à son serviteur : Va promptement sur les places et dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. Le serviteur dit ensuite : Seigneur, ce que vous avez commandé a été fait, et il y a encore de la place. Et le maître dit au serviteur : Va dans les chemins et le long des haies, et contrains les gens d’entrer, afin que ma maison soit remplie. Car, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon souper.

Secrète

Que cette oblation qui va être consacrée en l’honneur de votre nom, nous purifie, Seigneur, et nous porte, de jour en jour, à la pratique d’une vie céleste.

Office

4e leçon

Sermon de saint Jean Chrysostome.

Puisque le Verbe a dit : « Ceci est mon corps, » adhérons et croyons à sa parole, et contemplons-le des yeux de l’esprit. Car le Christ ne nous a rien donné de sensible, mais sous des choses sensibles, il nous donne tout à comprendre. Il en est de même dans le baptême aussi, où par cette chose tout à fait sensible, l’eau, le don nous est conféré ; spirituelle est la chose accomplie, à savoir la régénération et la rénovation. Si tu n’avais point de corps, il n’y aurait rien de corporel dans les dons que Dieu te fait ; mais parce que l’âme est unie au corps, il te donne le spirituel au moyen du sensible. Combien y en a-t-il maintenant qui disent : Je voudrais le voir lui-même, son visage, ses vêtements, sa chaussure ? Eh bien, tu le vois, tu le touches, tu le manges. Tu désires de voir ses habits, et le voici lui-même qui te permet, non seulement de le voir, mais encore de le toucher, de le manger et de le recevoir au dedans de toi.

5e leçon

Que personne donc ne s’approche avec dégoût, avec nonchalance ; que tous viennent à lui, brûlants d’amour, remplis de ferveur et de zèle. Si les Juifs mangeaient l’agneau pascal debout, avec leur chaussure, un bâton à la main, avec empressement, à combien plus forte raison dois-tu pratiquer ici la vigilance ! Les Juifs étaient alors sur le point de passer de l’Égypte dans la Palestine, c’est pourquoi ils avaient l’attitude de voyageurs : mais toi, tu dois émigrer au ciel. Il te faut donc toujours veiller ; car ce n’est pas d’un léger supplice, que sont menacés ceux qui reçoivent le corps du Seigneur indignement. Songe à ta propre indignation contre celui qui a trahi et ceux qui ont crucifié le Sauveur ; prends garde que tu ne deviennes, toi aussi, coupable du corps et du sang du Christ. Ces malheureux firent souffrir la mort au très saint corps du Seigneur, et toi, tu le reçois avec une âme impure après tant de bienfaits. Non content de s’être fait homme, d’avoir été souffleté, crucifié, le Fils de Dieu a voulu de plus s’unir à nous, de telle sorte que nous devenons un même corps avec lui, non seulement par la foi, mais effectivement et en réalité.

6e leçon

Qui donc doit être plus pur que celui qui est participant d’un tel sacrifice ? Quel rayon de soleil ne doit point céder en splendeur à la main qui distribue cette chair, à la bouche qui est remplie de ce feu spirituel, à la langue qui est empourprée de ce sang redoutable ? Pense à tout l’honneur que tu reçois et à quelle table tu prends place. Ce que les Anges regardent en tremblant, ce dont ils ne peuvent soutenir la rayonnante splendeur, nous en faisons notre nourriture, nous nous y unissons et nous devenons avec le Christ un seul corps et une seule chair. « Qui dira les puissances du Seigneur, et fera entendre ses louanges ? » Quel pasteur a jamais donné son sang pour nourriture à ses brebis ? Que dis-je, un pasteur ? Il y a beaucoup de mères qui livrent à des nourrices étrangères les enfants qu’elles viennent de mettre au monde : Jésus-Christ n’agit pas de la sorte, il nous nourrit lui-même de son propre sang, il nous incorpore absolument à lui.

7e leçon

Homélie de saint Grégoire, Pape

Voici, très chers frères, en quoi les jouissances du corps et celles de l’âme diffèrent ordinairement ; les jouissances corporelles, avant leur possession, allument en nous un ardent désir ; mais pendant qu’on s’en repaît avidement, elles amènent bientôt au dégoût, par la satiété même, celui qui les savoure. Les jouissances spirituelles, au contraire, provoquent le mépris avant leur possession, mais excitent le désir quand on les possède ; et celui qui les goûte en est d’autant plus affamé qu’il s’en nourrit davantage. Dans celles-là, le désir plaît, mais l’expérience est déplaisir ; celles-ci semblent au contraire de peu de valeur lorsqu’on ne fait encore que les désirer, mais leur usage est ce qui plaît le plus. Dans les premières, l’appétit engendre le rassasiement, et le rassasiement, le dégoût ; dans les secondes, l’appétit fait naître la jouissance, et le rassasiement, l’appétit.

8e leçon

Les délices spirituelles augmentent en effet le désir dans l’âme, à mesure qu’elle s’en rassasie ; plus on goûte leur saveur, mieux on connaît qu’on doit les désirer avec avidité ; c’est ce qui explique pourquoi on ne peut les aimer sans les avoir éprouvées, puisqu’on n’en connaît pas la saveur. Qui peut, en effet, aimer ce qu’il ne connaît pas ? Aussi le Psalmiste nous en avertit en disant : « Goûtez et voyez combien le Seigneur est doux ». Comme s’il disait formellement : Vous ne connaissez pas sa douceur si vous ne le goûtez point, mais touchez avec le palais de votre cœur, l’aliment de vie, afin que, faisant l’expérience de sa douceur, vous deveniez capables de l’aimer. L’homme a perdu ces délices quand il pécha dans le paradis ; il en sortit lorsqu’il ferma sa bouche à l’aliment d’éternelle douceur.

9e leçon

De là, vient aussi qu’étant nés dans les peines de cet exil, nous en arrivons ici-bas à un tel dégoût, que nous ne savons plus ce que nous devons désirer. Cette maladie de l’ennui s’augmente d’autant plus en nous, que l’âme s’éloigne davantage de cette nourriture pleine de douceur. Elle en arrive à perdre tout appétit pour ces délices intérieures, par cette raison même qu’elle s’en est tenue éloignée et a perdu depuis longtemps l’habitude de les goûter. C’est donc notre dégoût qui nous fait dépérir ; c’est cette funeste inanition prolongée qui nous épuise. Et, parce que nous ne voulons pas goûter au dedans la douceur qui nous est offerte, nous aimons, misérables que nous sommes, la faim qui nous consume au dehors.

ÉPÎTRE.

Ces touchantes paroles du disciple bien-aimé ne pouvaient mieux être rappelées au peuple fidèle qu’en la radieuse Octave qui poursuit son cours. L’amour de Dieu pour nous est le modèle comme la raison de celui que nous devons à nos semblables ; la charité divine est le type de la nôtre. « Je vous ai donné l’exemple, dit le Sauveur, afin que, comme j’ai fait à votre égard, vous fassiez vous-mêmes ». Si donc il a été jusqu’à donner sa vie, il faut savoir aussi donner la nôtre à l’occasion pour sauver nos frères. A plus forte raison devons-nous les secourir selon nos moyens dans leurs nécessités, les aimer non de parole ou de langue, mais effectivement et en vérité.

Or le divin mémorial, qui rayonne sur nous dans sa splendeur, est-il autre chose que l’éloquente démonstration de l’amour infini, le monument réel et la représentation permanente de cette mort d’un Dieu à laquelle s’en réfère l’Apôtre ?

Aussi le Seigneur attendit-il, pour promulguer la loi de l’amour fraternel qu’il venait apporter au monde, l’institution du Sacrement divin qui devait fournir à cette loi son puissant point d’appui. Mais à peine a-t-il créé l’auguste Mystère, à peine s’est-il donné sous les espèces sacrées : « Je vous a donne un commandement nouveau, dit-il aussitôt ; et mon commandement, c’est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés ». Précepte nouveau, en effet, pour un monde dont l’égoïsme était l’unique loi ; marque distinctive qui allait foire reconnaître entre tous les disciples du Christ, et les vouer du même coup à la haine du genre humain  ; rebelle à cette loi d’amour. C’est à l’accueil hostile fait par le monde d’alors au nouveau peuple, que répondent les paroles de saint Jean dans notre Epître : « Mes bien-aimés, ne vous étonnez pas que le monde vous haïsse. Nous savons, nous, que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. »

L’union des membres entre eux par le Chef divin est la condition d’existence du christianisme ; l’Eucharistie est l’aliment substantiel de cette union, le lien puissant du corps mystique du Sauveur qui, par elle, croît tous les jours dans la charité. La charité, la paix, la concorde, est donc, avec l’amour de Dieu lui-même, la plus indispensable et la meilleure préparation aux sacrés Mystères. C’est ce qui nous explique la recommandation du Seigneur dans l’Évangile : « Si, lorsque vous présentez votre offrande à l’autel, vous vous souvenez là même que votre frère a quelque chose contre vous, laissez là votre offrande devant l’autel, et allez d’abord vous réconcilier avec votre frère, et venez ensuite présenter votre offrande ».

ÉVANGILE.

La fête du Corps du Seigneur n’était point encore établie, que déjà cet Évangile était attribué au présent Dimanche. C’est ce que témoignent, pour le XIIe siècle, Honorius d’Autun et Rupert. Le divin Esprit, qui assiste l’Église dans l’ordonnance de sa Liturgie, préparait ainsi à l’avance le complément des enseignements de cette grande solennité.

La parabole que propose ici le Sauveur à la table d’un chef des Pharisiens reviendra sur ses lèvres divines au milieu du temple, dans les jours qui précéderont immédiatement sa Passion et sa mort. Insistance significative, qui nous révèle assez l’importance de l’allégorie. Quel est, en effet, ce repas aux nombreux invités, ce festin des noces, sinon celui-là même dont la Sagesse éternelle a fait les apprêts dès l’origine du monde ? Rien n’a manqué aux magnificences de ces divins apprêts : ni les splendeurs de la salle du festin élevée au sommet des monts  et soutenue parles sept colonnes mystérieuses ; ni le choix des mets, ni l’excellence du pain, ni les délices du vin servis sur la table royale. Elle-même, de ses mains, la Sagesse du Père a pressuré dans la coupe la grappe de cypre au suc généreux, broyé le froment levé sans semence d’une terre sacrée, immolé la victime. Israël, l’élu du Père, était l’heureux convive qu’attendait son amour ; elle multipliait ses messages aux fils de Jacob. La Sagesse de Dieu s’était dit : Je leur enverrai les prophètes et les apôtres. Mais le peuple aimé, engraissé de bienfaits, a regimbé contre l’amour ; il a prisa tâche de provoquer par ses abandons méprisants la colère du Dieu son Sauveur. La fille de Sion, dans son orgueil adultère, a préféré le libelle de répudiation au festin des noces ; Jérusalem a méconnu les célestes messages, tué les prophètes, et crucifié l’Époux.

Mais, alors même, la Sagesse éternelle offre encore aux fils ingrats d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, en souvenir de leurs pères, la première place à son divin banquet ; c’est aux brebis perdues delà maison d’Israël que sont d’abord envoyés les Apôtres. « Ineffables égards, s’écrie saint Jean Chrysostome ! Le Christ appelle les Juifs avant la croix ; il persévère après son immolation et continue de les appeler. Lorsqu’il devait, semble-t-il, les accabler du plus dur châtiment, il les invite à son alliance et les comble d’honneurs. Mais eux, qui ont massacré ses prophètes et qui l’ont tué lui-même, sollicités par un tel Époux, conviés à dételles noces par leur propre victime, ils n’en tiennent nul compte, et prétextent leurs paires de bœufs, leurs femmes ou leurs champs ».

Bientôt ces pontifes, ces scribes, ces pharisiens hypocrites, poursuivront et tueront les Apôtres à leur tour ; et le serviteur de la parabole ne ramènera de Jérusalem au banquet du père de famille que les pauvres, les petits, les infirmes des rues et places de la ville, chez qui du moins l’ambition, l’avarice ou les plaisirs n’auront point fait obstacle à l’avènement du royaume de Dieu.

C’est alors que se consommera la vocation des gentils, et le grand mystère de la substitution du nouveau peuple à l’ancien dans l’alliance divine. « Les noces de mon Fils étaient prêtes, dira Dieu le Père à ses serviteurs ; mais ceux que j’y avais invités n’en ont point été dignes. Allez donc ; quittez la ville maudite qui a méconnu le temps de sa visite ; sortez dans les carrefours, parti courez toutes les routes, cherchez dans les champs de la gentilité, et appelez aux noces tous ceux que vous rencontrerez ».

Gentils, glorifiez Dieu pour sa miséricorde. Conviés sans mérites de votre part au festin préparé pour d’autres, craignez d’encourir les reproches qui les ont exclus des faveurs promises à leurs pères. Boiteux et aveugle appelé du carrefour, sois empressé à la table sacrée. Mais songe aussi, par honneur pour Celui qui t’appelle, à déposer les vêtements souillés du mendiant du chemin. Revêts en hâte la robe nuptiale. Ton âme est reine désormais par l’appel à ces noces sublimes : « Orne-la donc de pourpre, dit saint Jean Chrysostome ; mets-lui le diadème, et place-la sur un trône. Songe aux noces qui t’attendent, aux noces de Dieu ! De quels tissus d’or, de quelle variété d’ornements ne doit pas resplendir l’âme appelée à franchir le seuil de cette salle du festin, de cette chambre nuptiale » !

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Saint Antoine de Padoue confesseur et docteur

13 Juin 2020 , Rédigé par Ludovicus

Saint Antoine de Padoue confesseur et docteur

Collecte

Que la solennité annuelle de votre Confesseur et Docteur, le bienheureux Antoine, réjouisse votre Église, ô Dieu, afin qu’elle soit toujours munie des secours spirituels et qu’elle mérite de goûter les joies éternelles.

Office

Quatrième leçon. Antoine naquit à Lisbonne en Portugal, de parents nobles qui l’élevèrent pieusement. Jeune homme, il embrassa la vie des Chanoines réguliers. Comme on transportait à Coïmbre les corps de cinq bienheureux Martyrs, Frères mineurs qui avaient récemment souffert pour la foi au Maroc, leur vue embrasa Antoine du désir d’être aussi martyrisé, et il passa dans l’Ordre des Franciscains. Sous l’impulsion de ce désir, il se dirigea vers le pays des Sarrasins ; mais une maladie le réduisit à l’impuissance et le força de revenir. Or, bien que le navire qui le portait fît voile pour l’Espagne, les vents le poussèrent en Sicile.

Cinquième leçon. De la Sicile, il se rendit au chapitre général qui se tenait à Assise. Puis, retiré dans l’ermitage du mont Saint-Paul en Toscane, il y vaqua longtemps à la divine contemplation, aux jeûnes et aux veilles. Élevé plus tard aux saints Ordres, il reçut la mission de prêcher l’Évangile. La sagesse et la facilité de sa parole lui obtinrent tant de succès et excitèrent une telle admiration que, prêchant un jour devant le souverain Pontife, il fut appelé par lui l’arche du Testament. Il poursuivit les hérésies avec une extrême rigueur, et les coups qu’il leur porta lui valurent le nom de perpétuel marteau des hérétiques.

Sixième leçon. Le premier de son ordre, à cause de l’éclat de sa science, il expliqua les saintes lettres à Bologne et ailleurs, et dirigea les études de ses frères. Après avoir parcouru nombre de provinces, il vint, un an avant sa mort, à Padoue, où il laissa d’insignes monuments de sa sainteté. Enfin, ayant accompli de grands travaux pour la gloire de Dieu, chargé de mérites, illustré par ses miracles, il s’endormit dans le Seigneur aux ides de juin, l’an du salut mil deux cent trente et un. Le souverain Pontife Grégoire IX l’a inscrit au nombre des saints Confesseurs. Il fut déclaré Docteur de l’Église Universelle par le Pape Pie XII.

Réjouis-toi, heureuse Padoue, riche d’un trésor sans prix  ! Antoine, en te léguant son corps, a plus fait pour ta gloire que les héros qui te fondèrent en ton site fortuné, que les docteurs de ton université fameuse. Cité chérie du Fils de Dieu, dans le siècle même qui le vit prendre chair au sein de la Vierge bénie, il envoyait Prosdocime t’annoncer sa venue ; et tout aussitôt, répondant aux soins de ce disciple de Pierre, ton sol fertile offrait au Seigneur Jésus la plus belle fleur de l’Italie dans ces premiers jours, la noble Justine, joignant aux parfums de sa virginité la pourpre du martyre : mère illustre, à qui tu devras de voir se reformer dans tes murs les phalanges monastiques présentement dispersées ; nouvelle Debbora, qui bientôt étendra sur Venise ta rivale son patronage glorieux, et, unissant sa force suppliante à la puissance du lion de saint Marc, obtiendra du Dieu des armées le salut de la chrétienté dans les eaux de Lépante. Aujourd’hui, comme si, ô Padoue, tes gloires natives ne suffisaient pas aux ambitions pour toi de l’éternelle Sagesse, voici que du fond de l’antique Ibérie, Lisbonne est contrainte de te céder sa perle la plus précieuse. Au milieu des troubles qui agitent l’Église et l’empire, dans la confusion qu’amène l’anarchie au sein des villes italiennes, Antoine et Justine partageront le soin de ta défense contre les tyrans ; l’Occident tout entier bénéficiera de cette alliance redoutable sur terre et sur mer aux ennemis de la paix et du nom chrétien. Combats nouveaux, qu’aime le Seigneur ! Quand cessent de se montrer les forts en Israël, Dieu se lève et triomphe par les petits et les faibles. L’Église alors en paraît plus divine.

Le temps de Charlemagne n’est plus. L’œuvre de saint Léon III subsiste toujours ; mais les césars allemands ont trahi Rome, dont ils tenaient l’empire. L’homme ennemi, laissé libre, a semé l’ivraie dans le champ du Père de famille ; l’hérésie germe en divers lieux, le vice pullule ; et si les papes, aidés des moines, sont parvenus, en d’héroïques combats, à rejeter le désordre en dehors du sanctuaire, les peuples, exploités trop longtemps par des pasteurs vendus, restent sur la défiance, et se détachent maintenant de l’Église. Qui les ramènera ? Qui fera sur Satan cette nouvelle conquête du monde ? C’est alors que, toujours présent et vivant dans l’Église, l’Esprit de la Pentecôte suscite les fils de Dominique et de François. Milice nouvelle organisée pour des besoins nouveaux, ils se jettent dans l’arène, poursuivant l’hérésie dans ses repaires les plus secrets comme au grand jour, tonnant contre les vices des petits et des grands, combattant l’ignorance ; partout dans les campagnes et les villes ils se font écouter, déconcertant les faux docteurs tout à la fois par les arguments de la science et du miracle, se mêlant au peuple qu’ils subjuguent par la vue de leur héroïque détachement donné en spectacle au monde, et qu’ils rendent au Seigneur repentant et affermi, en l’enrôlant par foules compactes dans leurs tiers-ordres devenus en ces temps le refuge assuré de la vie chrétienne. Or, de tous les fils du patriarche d’Assise, le plus connu, le plus puissant devant les hommes et devant Dieu, est Antoine, que nous fêtons en ce jour.

Sa vie fut courte : à trente-cinq ans, il s’envolait au ciel. Mais ce petit nombre d’années n’avait pas empêché le Seigneur de préparer longuement son élu au ministère merveilleux qu’il devait remplir : tant il est vrai que, dans les hommes apostoliques, ce qui importe pour Dieu et doit faire d’eux l’instrument du salut d’un plus grand nombre d’âmes, est moins la durée du temps qu’ils pourront consacrer aux œuvres extérieures, que le degré de leur sanctification personnelle et leur docile abandon aux voies de la Providence. On dirait, pour Antoine, que l’éternelle Sagesse se plaît, jusqu’aux derniers temps de son existence, à déconcerter ses pensées. De ses vingt années de vie religieuse, il en passe dix chez les Chanoines réguliers, où, à quinze ans, l’appel divin a convié sa gracieuse innocence ; où, tout entière captivée par les splendeurs de la Liturgie, l’étude des saintes Lettres et le silence du cloître, son âme séraphique s’élève à des hauteurs qui le retiennent, pour jamais, semble-t-il, dans le secret de la face de Dieu. Soudain l’Esprit divin l’invite au martyre : et nous le voyons, laissant son cloître aimé, suivre les Frères Mineurs aux rivages où plusieurs d’entre eux ont déjà conquis la palme glorieuse. Mais le martyre qui l’attend est celui de l’amour ; malade, réduit à l’impuissance avant que son zèle ait pu rien tenter sur le sol africain, l’obéissance le rappelle en Espagne, et voici qu’une tempête le jette sur les côtes d’Italie.

On était dans les jours où, pour la troisième fois depuis la fondation de l’Ordre des Mineurs, François d’Assise réunissait autour de lui son admirable famille. Antoine, inconnu, perdu dans l’immense assemblée, vit les Frères à la fin du Chapitre recevoir chacun leur destination, sans que personne songeât à lui ; le descendant de l’illustre famille de Bouillon et des rois d’Asturies restait oublié dans ces assises de la sainte pauvreté. Au moment du départ, le ministre de la province de Bologne, remarquant l’isolement du jeune religieux dont personne ne semblait vouloir, l’admit par charité dans sa compagnie. A l’ermitage du Mont Saint-Paul, devenu sa résidence, on lui confia le soin d’aider à la cuisine et de balayer la maison, comme l’emploi qui semblait répondre le mieux à ses aptitudes. Durant ce temps, les chanoines de Saint-Augustin pleuraient toujours celui dont la noblesse, la science et la sainteté faisaient naguère la gloire de leur Ordre.

L’heure arriva pourtant, où la Providence s’était réservé de manifester Antoine au monde ; aussitôt, comme on l’avait dit du Sauveur lui-même, le monde entier se précipita sur ses pas. Autour des chaires où prêchait l’humble Frère, ce ne furent que prodiges dans l’ordre de la nature et dans l’ordre de la grâce. A Rome il méritait le noble titre d’arche du Testament, en France celui de marteau des hérétiques. Il nous est impossible de suivre en tout sa trace lumineuse ; mais nous ne devons pas oublier qu’en effet, une part principale revient à notre patrie dans les quelques années de son puissant ministère.

Saint François avait grandement désiré évangéliser lui-même le beau pays de France, ravagé par l’odieuse hérésie ; il lui envoya du moins le plus cher de ses fils, sa vivante image. Ce que saint Dominique avait été dans la première croisade contre les Albigeois, Antoine le fut dans la seconde. C’est à Toulouse qu’a lieu le miracle de la mule affamée, qui laisse sa nourriture pour se prosterner devant l’Hostie sainte. De la Provence au Berry, les diverses provinces entendent sa parole ardente ; tandis que le ciel réconforte par de délicieuses faveurs son âme restée celle d’un enfant, au milieu de ses triomphes et de l’enivrement des multitudes. Dans une maison solitaire du Limousin, sous le regard de son hôte, c’est le saint Enfant Jésus, rayonnant d’une admirable beauté, qui descend dans ses bras et lui prodigue ses caresses en réclamant les siennes. Un jour d’Assomption qu’il était tout triste, au sujet de certain passage de l’Office d’alors peu favorable à l’entrée de la divine Mère au ciel en corps et en âme, Notre-Dame vient le consoler dans sa pauvre cellule, l’assure de la véritable doctrine, et le laisse ravi des charmes de son doux visage et de sa voix mélodieuse. A Montpellier, comme il prêchait dans une église de la ville au milieu d’un immense concours, il se rappelle qu’il est désigné pour chanter à l’heure même dans son couvent l’Alléluia de la Messe conventuelle ; il avait oublié de se faire remplacer ; profondément chagrin de cette omission involontaire, il incline la tête ; or, tandis que, penché sur le bord de la chaire, il semble dormir, ses Frères le voient paraître au chœur, et remplir son office ; après quoi, reprenant vie devant son auditoire, il achève avec éloquence le sermon commencé.

C’est dans cette même ville de Montpellier où il enseignait la théologie aux Frères, que son Commentaire des Psaumes ayant disparu, le voleur fut contraint par Satan lui-même à rapporter l’objet dont la perte causait au Saint les plus vifs regrets. Plusieurs voient dans ce fait l’origine de la dévotion qui reconnaît Antoine comme le patron des choses perdues : dévotion appuyée dès l’origine sur les miracles les plus éclatants, et que des grâces incessantes ont confirmée jusqu’à nos jours.

 

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Saint Jean de Saint-Facond confesseur mémoire des Sts Basilide, Cyrin, Nabor, et Nazaire Martyrs

12 Juin 2020 , Rédigé par Ludovicus

Saint Jean de Saint-Facond confesseur mémoire des Sts Basilide, Cyrin, Nabor, et Nazaire Martyrs

Collecte

Dieu, auteur de la paix, et amant de la charité, vous avez orné le bienheureux Jean, votre Confesseur, d’un merveilleux don du ciel pour apaiser les différends : accordez-nous, par ses mérites et son intercession, d’être tellement affermis dans votre amour, que nous ne soyons plus séparés de vous par aucune tentation

Office

Quatrième leçon. Jean, issu d’une noble famille de Sahagun (Saint-Facond) en Espagne, fut obtenu de Dieu par les prières et les bonnes œuvres de ses pieux parents, restés longtemps sans enfant. Dès son jeune âge, il donna des signes remarquables de sa future sainteté. On le vit souvent adresser, d’un lieu élevé où il avait pris place, la parole aux autres enfants, pour les exhorter à la vertu et au culte de Dieu, ou pour apaiser leurs querelles. Confié, dans son pays même, aux moines bénédictins de Saint-Facond, il fut initié par eux aux premiers éléments des belles-lettres. Pendant qu’il s’appliquait à ces études, son père lui procura le bénéfice d’une paroisse ; mais le jeune homme ne voulut à aucun prix conserver les avantages de cette charge. Admis parmi les familiers de l’Évêque de Burgos, il devint son intime conseiller à cause de sa remarquable intégrité ; l’Évêque le fit prêtre et chanoine et lui donna de nombreux bénéfices. Mais Jean quitta le palais épiscopal pour servir Dieu plus paisiblement, et, renonçant à tous ses revenus ecclésiastiques, s’attacha à une petite chapelle, où tous les jours il célébrait la messe et parlait souvent des choses de Dieu, à la grande édification de ses auditeurs.

Cinquième leçon. S’étant rendu plus tard à Salamanque pour y étudier, et ayant été reçu au célèbre collège de Saint-Barthélemy, il exerça le ministère sacerdotal de telle sorte que, tout en se livrant à ses chères études, il n’en était pas moins assidu aux pieuses assemblées. Tombé gravement malade, il fit vœu de s’imposer une discipline plus sévère ; et, pour accomplir ce vœu, donna d’abord à un pauvre presque nu le meilleur des deux seuls vêtements qu’il possédait, puis se rendit au monastère de Saint-Augustin, alors très florissant par sa sévère observance. Admis dans ce couvent, il surpassa les plus avancés par son obéissance, son abnégation, ses veilles et ses prières. On lui confia le soin de la cave, et il lui suffit de toucher un petit fût de vin pour en tirer pendant une année entière ce qui était nécessaire à tous les religieux. Au bout d’une année de noviciat, il reprit, sur l’ordre du préfet du couvent, le ministère de la prédication. Salamanque était alors déchirée à ce point par les factions, que toutes les lois divines et humaines y étaient confondues ; des massacres avaient lieu presque à chaque heure, les rues et les places, et même les églises, regorgeaient du sang de personnes de toutes conditions et principalement de la noblesse.

Sixième leçon. Tant par ses prédications que par des entretiens particuliers, Jean parvint à calmer les esprits, et ramena la tranquillité dans la ville. Ayant vivement blessé un haut personnage en lui reprochant sa cruauté envers ses inférieurs, celui-ci envoya pour ce motif deux cavaliers sur son passage pour le mettre à mort. Déjà ils s’approchaient de lui, quand Dieu permit qu’ils fussent saisis de stupeur et immobilisés ainsi que leurs chevaux, jusqu’à ce que, prosternés aux pieds du saint homme, ils eussent demandé grâce pour leur crime. Ce seigneur, frappé lui-même d’une terreur subite, désespérait déjà de survivre ; mais, ayant rappelé Jean et s’étant repenti de ce qu’il avait fait, il fut rendu à la santé. Une autre fois, des factieux qui poursuivaient Jean avec des bâtons eurent les bras paralysés et ne recouvrèrent leurs forces qu’après avoir imploré leur pardon. Pendant sa Messe, Jean voyait notre Seigneur présent, et s’abreuvait des célestes mystères à la source même de la divinité. Souvent il pénétrait les secrets des cœurs, et prédisait l’avenir avec une rare sagacité. La fille de son frère étant morte à l’âge de sept ans, il la ressuscita. Enfin, après avoir prédit le jour de sa mort et avoir reçu avec une grande dévotion les sacrements de l’Église, il rendit le dernier soupir. Après comme avant sa mort, de nombreux miracles firent éclater sa gloire. Ces miracles furent constatés selon les rites de l’Église, et Alexandre VIII l’inscrivit au nombre des Saints.

Le règne que les Apôtres ont pour mission d’établir dans le monde est le règne de la paix. C’était elle que les cieux promettaient à la terre en la glorieuse nuit qui nous donna l’Emmanuel ; et dans cette autre nuit qui vit les adieux du Seigneur, au banquet de la Cène, l’Homme-Dieu fonda le Testament nouveau sur le double legs qu’il fit à l’Église de son corps sacré et de cette paix que les anges avaient annoncée : paix que le monde n’avait point connue jusque-là, disait le Sauveur ; paix toute sienne parce qu’elle procède de lui sans être lui-même, don substantiel et divin qui n’est autre que l’Esprit-Saint dans sa propre personne. Les jours de la Pentecôte ont répandu cette paix comme un levain sacré dans la race humaine. Hommes et peuples ont senti son intime influence. L’homme, en lutte avec le ciel et divisé contre lui-même, justement puni de son insoumission à Dieu par le triomphe des sens dans sa chair révoltée, a vu l’harmonie rentrer dans son être, et Dieu satisfait traiter en fils le rebelle obstiné des anciens jours. Les fils du Très-Haut formeront dans le monde un peuple nouveau, le peuple de Dieu, reculant ses confins jusqu’aux extrémités de la terre. Assis dans la beauté de la paix, selon l’expression du Prophète  il verra venir à lui tous les peuples, et attirera ici-bas les complaisances du ciel qui doit trouver en lui son image.

Autrefois sans cesse aux prises en d’atroces combats qui ne trouvaient fin qu’avec l’extermination du vaincu, les nations baptisées se reconnaîtront pour sœurs dans la filiation du Père qui est aux cieux. Sujettes fidèles du Roi pacifique, elles laisseront l’Esprit-Saint adoucir leurs mœurs ; et si la guerre, suite du péché, vient encore trop souvent rappeler au monde les désastreuses conséquences de la première chute, l’inévitable fléau connaîtra du moins désormais d’autres lois que la force. Le droit des gens, droit tout chrétien que n’admit point l’antiquité païenne, la foi des traités, l’arbitrage du vicaire de l’Homme-Dieu modérateur suprême de la conscience des rois, éloigneront les occasions de discordes sanglantes. En certains siècles, la paix de Dieu, la trêve de Dieu, mille industries de la Mère commune, restreindront les années et les jours où le glaive qui tue les corps aura licence de sortir du fourreau ; s’il outrepasse les bornes posées, il sera brisé par la puissance du glaive spirituel, plus redoutable à tous les points de vue dans ces temps que le fer du guerrier. Telle apparaîtra la force de l’Évangile, qu’en nos temps mêmes d’universelle décroissance, le respect de l’ennemi désarmé s’imposera aux plus fougueux adversaires, et qu’après la bataille vainqueurs et vaincus, se retrouvant frères, prodigueront les mêmes soins du corps et de l’âme aux blessés des deux camps : énergie persévérante du ferment surnaturel qui transforme progressivement l’humanité depuis dix-huit siècles, et agit à la fin sur ceux-là même qui continuent de nier sa puissance !

Or c’est un serviteur de cette conduite merveilleuse de la Providence, et l’un des plus glorieux, que nous fêtons en ce jour. La paix, fille du ciel, mêle ses reflets divins à l’auréole brillante qui rayonne sur son front. Noble enfant de la catholique Espagne, il prépara les grandeurs de sa patrie, non moins que ne le firent les héros des combats où le Maure succombait sans retour. Au moment où s’achevait la croisade huit fois séculaire qui chassa le Croissant du sol ibérique, lorsque les multiples royaumes de cette terre magnanime se rassemblaient dans l’unité d’un seul sceptre, l’humble ermite de Saint-Augustin fondait dans les cœurs cette unité puissante inaugurant déjà les gloires du XVIe siècle. Quand il parut, les rivalités qu’un faux point d’honneur excite trop facilement dans une nation armée, souillaient l’Espagne du sang de ses fils versé par des mains chrétiennes ; la discorde, abattue par ses mains désarmées, forme le piédestal où il reçoit maintenant les hommages de l’Église.

Vous méritiez, bienheureux Saint, d’apparaître au ciel de l’Église en ces semaines qui relèvent immédiatement de la glorieuse Pentecôte. Longtemps à l’avance, Isaïe, contemplant le monde au lendemain de l’avènement du Paraclet, décrivait ainsi le spectacle offert à ses yeux prophétiques : « Qu’ils sont beaux sur les montagnes les pieds des messagers de la paix, des porteurs du salut disant à Sion : Ton Dieu va régner ! » C’étaient les Apôtres, prenant pour Dieu possession du monde, qu’admirait ainsi le Prophète ; mais leur mission, telle qu’il la définit dans son enthousiasme inspiré, ne fut-elle pas aussi la vôtre ? Le même Esprit qui les animait dirigea vos voies ; le Roi pacifique vit par vous son sceptre affermi dans une des plus illustres nations formant son empire. Au ciel où vous régnez avec lui, la paix qui fut l’objet de vos travaux est aujourd’hui votre récompense. Vous éprouvez la vérité de cette parole que le Maître avait dite en pensant à ceux qui vous ressemblent, à tous ceux qui, apôtres ou non, établissent du moins la paix dans la terre de leurs cœurs : « Bienheureux les pacifiques ; car ils seront appelés fils de Dieu ! » Vous êtes entré en possession de l’héritage du Père ; le béatifiant repos de la Trinité sainte remplit votre âme, et s’épanche d’elle jusqu’à nos froides régions en ce jour.

Continuez à l’Espagne, votre patrie, le secours qui lui fut si précieux. Elle n’occupe plus dans la chrétienté cette place éminente qui fut la sienne après votre mort glorieuse. Persuadez-la que ce n’est pas en prêtant l’oreille toujours plus aux accents d’une fausse liberté, qu’elle retrouvera sa grandeur. Ce qui l’a faite dans le passé puissante et forte, peut toujours attirer sur elle les bénédictions de Celui par qui règnent les rois  Le dévouement au Christ fut sa gloire, l’attachement à la vérité son trésor. La vérité révélée met seule les hommes dans la vraie liberté ; seule encore, elle peut garder indissolublement uni dans une nation le faisceau des intelligences et des volontés : lien puissant, qui assure la force d’un pays en dehors de ses frontières, et au dedans la paix. Apôtre de la paix, rappelez donc à votre peuple, apprenez à tous, que la fidélité absolue aux enseignements de l’Église est le seul terrain où des chrétiens puissent chercher et trouver la concorde.

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Fête du Très Saint Sacrement

11 Juin 2020 , Rédigé par Ludovicus

Fête du Très Saint Sacrement

Introït

Il les a nourris de la fleur du froment, et il les a rassasiés du miel sorti du rocher, alléluia, alléluia, alléluia. Exultez en Dieu notre protecteur : jubilez en l’honneur du Dieu de Jacob.

Collecte

Dieu, vous nous avez laissé sous un Sacrement admirable le mémorial de votre passion : accordez-nous, nous vous en prions, de vénérer les mystères sacrés de votre Corps et de votre Sang ; de manière à ressentir toujours en nous le fruit de votre rédemption.

Épitre 1. Cor. 11, 23-29

Mes frères : j’ai appris du Seigneur ce que je vous ai moi-même transmis : que le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré, prit du pain, et après avoir rendu grâces, le rompit, et dit : Prenez et mangez ; ceci est mon corps, qui sera livré pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. Il prit de même le calice, après avoir soupé, en disant : Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois que vous en boirez. Car toutes les fois que vous mangerez ce pain, et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. C’est pourquoi quiconque mangera ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que l’homme s’éprouve donc lui-même, et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de ce calice. Car celui qui mange et boit indignement, mange et boit sa condamnation, ne discernant pas le corps du Seigneur.

Évangile  Jn. 6, 56-59

En ce temps-là : Jésus, dit aux Juifs : Ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. Comme le Père qui m’a envoyé est vivant, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange vivra aussi par moi. C’est ici le pain qui est descendu du ciel. Ce n’est pas comme la manne que vos pères ont mangée, après quoi ils sont morts. Celui qui mange ce pain vivra éternellement.

Secrète

Nous vous en supplions, Seigneur, accordez dans votre bonté à votre Église les dons de l’unité et de la paix : que figurent mystiquement les matières offertes en ce sacrifice.

Office

4e leçon

Sermon de saint Thomas d’Aquin.

Les immenses bienfaits de la divine largesse accordés au peuple chrétien lui confèrent une dignité inestimable. Il n’est point, en effet, et il ne fut jamais de nation si grande, qui eût ses dieux s’approchant d’elle comme notre Dieu est près de nous. Le Fils unique de Dieu, voulant nous faire participer à sa divinité, a pris notre nature, afin que, fait homme, il divinisât les hommes. En outre, tout ce qu’il avait pris de nous, il le livra pour notre salut. Car son sang, il l’a, pour notre réconciliation, offert comme victime à Dieu son Père sur l’autel de la croix ; son sang, il l’a répandu tout à la fois et comme le prix de notre liberté, et comme le bain sacré qui nous lave, afin que nous fussions tout ensemble rachetés d’un misérable esclavage et purifiés de tous nos péchés. Mais, afin que nous gardions à jamais en nous la mémoire d’un si grand bienfait, il a laissé aux fidèles, sous l’apparence du pain et du vin, son corps pour être notre nourriture et son sang pour être notre breuvage.

5e leçon

O festin précieux et admirable, salutaire et plein de toute suavité ! Que peut-il y avoir en effet de plus précieux que ce festin dans lequel on nous offre à manger, non la chair des veaux et des boucs, comme jadis sous la loi, mais le Christ, vrai Dieu ? Quoi de plus admirable que ce Sacrement ? En lui, en effet, le pain et le vin sont changés substantiellement au corps et au sang du Christ, tellement que le Christ, Dieu et homme parfait, est contenu sous l’apparence d’un peu de pain et d’un peu de vin ! Il est donc mangé par les fidèles sans être aucunement mis en pièces ; bien plus, si l’on divise le Sacrement, il demeure entier sous chacune des parties après la division. Les accidents subsistent dans sans leur sujet ou substance, afin que la foi ait à s’exercer, alors que l’on reçoit invisiblement ce corps, visible en soi, mais caché sous une apparence étrangère ; et afin que les sens soient préservés d’erreur, eux qui jugent d’accidents dont la connaissance leur appartient

6e leçon

Aucun sacrement n’est plus salutaire que celui-ci ; par lui les péchés sont effacés, les vertus s’accroissent, et l’âme est engraissée de l’abondance de tous les dons spirituels. Il est offert dans l’Église pour les vivants et pour les morts, afin que serve à tous ce qui a été établi pour le salut de tous. Personne enfin ne peut dire la suavité de ce Sacrement, où l’on goûte à sa source la douceur spirituelle, où l’on célèbre la mémoire de cet excès de charité que le Christ a manifesté dans sa passion. Aussi, pour que l’immensité de cette charité s’imprimât plus profondément dans les cœurs des fidèles, ce fut à la dernière cène, lorsqu’ayant célébré la Pâque avec ses disciples, il allait passer de ce monde à son Père, qu’il institua ce Sacrement, comme le mémorial perpétuel de sa passion, l’accomplissement des anciennes figures, le plus merveilleux de ses ouvrages ; et il le laissa aux siens comme une singulière consolation dans les tristesses de son absence.

7e leçon

Homélie de saint Augustin, Évêque

Les hommes, dans la nourriture et le breuvage, se proposent de n’avoir plus ni faim ni soif. Mais ils n’y peuvent parvenir dans la vérité que par cette unique nourriture et cet unique breuvage, qui rendent immortels et incorruptibles ceux qui les reçoivent. Et c’est là cette société des saints, où se trouve la paix et la parfaite unité. C’est pour cela, ainsi que l’ont entendu les hommes de Dieu qui nous ont précédés, que notre Seigneur Jésus-Christ, nous laissant son corps et son sang, a choisi pour ce dessein des matières dont l’unité est composée de beaucoup de parties. De ces matières, l’une est faite un seul pain de beaucoup de grains de froment ; l’autre, un seul vin du suc mêlé de beaucoup de grains de raisin. Le Seigneur à la fin expose ce dont il parle, et ce que c’est que manger son corps et boire son sang.

8e leçon

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. » Manger cette nourriture et boire ce breuvage, c’est donc demeurer dans le Christ et avoir le Christ demeurant en soi. Et par suite, celui qui ne demeure pas dans le Christ et en qui le Christ ne demeure pas, celui-là sans nul doute ne mange pas sa chair et ne boit point spirituellement son sang, bien que selon la chair et visiblement il presse de ses dents le Sacrement du corps et du sang du Christ ; mais au contraire, c’est pour son jugement qu’il mange et boit un si grand mystère, ayant osé s’approcher avec une conscience souillée du Sacrement du Christ, qu’on ne peut recevoir dignement que si l’on est pur, et selon cette parole : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu »

9e leçon

« De même que mon Père qui est vivant m’a envoyé, dit le Seigneur, et que moi, je vis par mon Père ; ainsi celui qui me mange, vivra aussi par moi. » C’est comme s’il disait : Que je vive, moi, par mon Père, c’est-à-dire, que je rapporte ma vie à lui comme à plus grand que moi, c’est le résultat de l’anéantissement dans lequel il m’a envoyé ; que quelqu’un ensuite vive par moi, c’est l’effet de la communion en laquelle il entre avec moi quand il me mange. Humilié, je vis par mon Père ; celui qui me reçoit est élevé et vit par moi. Si le Christ dit : « Je vis par mon Père », parce que lui, il procède de son Père, et que le Père ne procède pas de lui ; ces paroles ne portent aucun détriment à son égalité avec le Père. Cependant lorsqu’il ajoute : « Et celui qui me mange, vivra aussi par moi, » il ne veut point signifier que nous sommes ses égaux ; mais il nous manifeste quelle grâce il nous apporte comme médiateur.

Une grande solennité s’est levée sur le monde : la Fête-Dieu, ainsi l’ont appelée nos pères ; vraiment fête de Dieu, mais aussi fête de l’homme, étant la fête du Christ-médiateur présent dans l’Hostie pour donner Dieu à l’homme et l’homme à Dieu. L’union divine est l’aspiration de l’humanité ; à cette aspiration, ici-bas même, Dieu a répondu par une invention du ciel. L’homme célèbre aujourd’hui cette divine merveille.

Contre cette fête toutefois et son divin objet, des hommes ont répété la parole déjà vieille : Comment ces choses peuvent-elles se faire ? Et la raison semblait justifier leurs dires contre ce qu’ils appelaient les prétentions insensées du cœur de l’homme. Tout être a soif de bonheur, et cependant, et pour cela même, n’aspire qu’au bien dont il est susceptible ; car c’est la condition du bonheur de ne se rencontrer que dans la pleine satisfaction du désir qui le poursuit. De là vient qu’au commencement, la divine Sagesse préparant les cieux, creusant les abîmes, équilibrant la terre et composant toutes choses avec la Toute-Puissance, distribua inégalement la lumière et la vie dans ce vaste univers, et mesura ses dons aux destinées diverses ; plaçant l’harmonie du monde dans ce rapport parfait des divers degrés d’être avec les fins variées des créatures, sa bonté prévoyante adapta les besoins, l’instinct, le désir de chacune à leur nature propre, et n’ouvrit pas en elles des aspirations que celle-ci ne saurait satisfaire. La poursuite du bien et du beau, la recherche de Dieu, loi impérieuse de toute nature intelligente et libre, ne doit-elle pas s’arrêter en conséquence, elle aussi, aux proportions finies de cette nature même ? N’arriverait-il pas autrement que le bonheur fût placé, pour quelques êtres, en des jouissances que leurs facultés créées ne peuvent atteindre ?

Quelque étrange que puisse paraître une telle anomalie, elle existe pourtant : l’humanité, dans tous les âges, par ses tendances les plus universelles, les mieux constatées, par toutes ses religions vraies ou fausses, en rend témoignage. Comme tout ce qui vit autour de lui, l’homme a soif de bonheur ; et cependant, seul sur cette terre, il sent en lui des aspirations qui dépassent immensément les bornes de sa fragile nature. Tandis que, docilement rangés sous le sceptre remis en ses mains par l’Auteur du monde, les humbles hôtes de sa royale demeure accomplissent dans la pleine satisfaction de tout désir rempli leurs services divers, le roi de la création ne peut trouver dans le monde de contrepoids à l’irrésistible impulsion qui l’entraîne au delà des frontières de son empire et du temps, vers l’infini. Dieu même se révélant à lui, par ses œuvres, d’une façon correspondante à sa nature créée ; Dieu cause première et fin universelle, perfection sans limites, beauté infinie, bonté souveraine, objet bien digne de fixera jamais en les comblant son intelligence et son cœur : Dieu ainsi connu, ainsi goûté, ne suffit pas à l’homme. Cet être de néant veut l’infini dans sa substance ; il soupire après la face du Seigneur et sa vie intime. La terre n’est à ses yeux qu’un désert sans issue, sans eau pour étancher sa soif brûlante ; dès l’aurore, son âme veille, affamée du Dieu qui peut seul calmer ces ardeurs, et sa chair même éprouve vers lui d’ineffables tressaillements. « Comme le cerf, s’écrie-t-il, aspire après l’eau des fontaines, ainsi mon âme aspire a. après vous, ô Dieu ! Mon âme a soif du Dieu fort, du Dieu vivant. Oh ! Quand viendrai-je, quand paraîtrai-je devant la face de Dieu ? Mes larmes sont devenues mon pain du jour et de la nuit ; on médit tous les jours : Où est ton Dieu ? J’ai repassé leurs injures, j’ai répandu mon âme au dedans de moi-même. Mais je passerai jusqu’au lieu du tabernacle admirable, jusqu’à la maison de Dieu. Voix d’allégresse et de louange ! C’est l’écho du festin. Pourquoi es-tu triste, mon âme ? Pourquoi me troubles-tu ? Espère en Dieu, parce que je le louerai encore : il est le salut que verra mon visage, il est mon Dieu ».

Enthousiasme étrange assurément pour la froide raison ; prétentions, semble-t-il, vraiment insensées ! Cette vue de Dieu, cette vie divine, ce festin dont Dieu même serait l’aliment, l’homme fera-t-il jamais que ces sublimités ne demeurent infiniment au-dessus des puissances de sa nature, comme de toute nature créée ? Un abîme le sépare de l’objet qui l’enchante, abîme qui n’est autre que l’effrayante disproportion du néant à l’être. L’acte créateur dans sa toute-puissance ne saurait à lui seul combler l’abîme ; et pour que la disproportion cessât d’être un obstacle à l’union ambitionnée, il faudrait que Dieu même franchît la distance et daignât communiquer à ce rejeton du néant ses propres énergies. Mais qu’est donc l’homme, pour que l’Être souverain dont la magnificence est au-dessus des cieux abaisse jusqu’à lui leurs hauteurs ?

Mais alors aussi, qui donc a fait du cœur humain ce gouffre béant que rien ne saurait remplir ? Lorsque les cieux racontent la gloire de Dieu, et les œuvres de ses mains la sagesse et la puissance de leur auteur, d’où vient en l’homme un tel manque d’équilibre ? Le poids, le nombre et la mesure auraient-ils fait défaut pour lui seul au suprême ordonnateur ? Et celui qui devait être le chef-d’œuvre de la création, comme il en est le couronnement et le roi, ne serait-il qu’une de ces œuvres manquées accusant par leur défaut de proportions la lassitude ou l’impuissance de l’ouvrier ? Loin de nous un tel blasphème ! Dieu est amour », nous dit saint Jean ; et l’amour est le nœud du problème qui se dresse, aussi insoluble qu’inévitable, en face de la philosophie réduite à ses seules forces.

Dieu est amour ; et la merveille n’est pas que nous ayons aimé Dieu, mais qu’il nous ait lui-même prévenus d’amour. Mais l’amour appelle l’union, et l’union veut des semblables. O richesses de la divine nature en laquelle s’épanouissent, également infinis, Puissance, Sagesse et Amour, constituant dans leurs sublimes relations la Trinité auguste qui, depuis Dimanche, darde sur nous ses feux ! O profondeurs des divins conseils, où ce que veut l’Amour sans bornes trouve en la Sagesse infinie de sublimes expédients qui font la gloire de la Toute-Puissance !

Gloire à vous tout d’abord, Esprit-Saint, dont le règne à peine commencé illumine de tels rayons nos yeux mortels, qu’ils analysent ainsi les éternels décrets ! Au jour de votre Pentecôte, une loi nouvelle, toute de clartés, a remplacé l’ancienne et ses ombres. La loi du Sinaï, le pédagogue qui préparait à la vraie science et régissait l’enfance du monde, a reçu nos adieux : la lumière a brillé par la prédication des saints Apôtres ; et les fils de lumière, émancipés, connaissant Dieu, connus de lui, s’éloignent toujours plus chaque jour des maigres et infirmes éléments du premier âge. A peine s’achevait, Esprit divin, la triomphante Octave où l’Église célébrait avec votre avènement sa propre naissance : et déjà, empressé pour la mission reçue par vous de rappeler à l’Épouse les leçons du Seigneur, vous présentiez aux regards de sa foi le sublime et radieux triangle dont la contemplation ravit nos âmes éperdues dans l’adoration et la louange. Mais le premier des grands mystères de notre foi, le dogme sans fond de la très sainte Trinité, ne représentait pas l’économie entière de la révélation chrétienne ; vous aviez hâte d’étendre, avec le champ de vos enseignements, les horizons de la foi des peuples.

La connaissance de Dieu en lui-même et dans sa vie intime appelait comme complément celle de ses œuvres extérieures, et des rapports qu’il a voulu établir entre lui et ses créatures. Et voilà qu’en cette semaine qui nous voit commencer avec vous l’ineffable inventaire des dons précieux laissés en nos mains par l’Époux montant au ciel en ce premier jeudi qui nous rappelle le jeudi, saint entre tous, de la Cène du Seigneur, vous découvrez à nos cœurs tout à la fois la plénitude, le but, l’admirable harmonie des œuvres qu’opère le Dieu un dans son essence et trois dans ses personnes ; sous le voile des espèces sacrées, vous offrez à nos yeux, monument divin, le mémorial vivant des merveilles accomplies par le concert de la Toute-Puissance, de la Sagesse et de l’Amour !

L’Eucharistie pouvait seule, en effet, mettre en pleine lumière le développement dans le temps, la marche progressive des divines résolutions inspirées par l’amour infini qui les conduit jusqu’à la fin, jusqu’au dernier terme ici-bas qui est elle-même ; couronnement de l’ordre surnaturel en cette terre de l’exil, elle explique et suppose tous les actes divins antérieurs. Nous ne saurions donc pénétrer sa divine importance, qu’en embrassant d’un, même regard les opérations de l’amour infini dont elle est sur terre le sommet glorieux. Ainsi, en même temps, trouverons-nous le secret de ces aspirations supérieures à la nature qui donnent à l’histoire de l’humanité, jusqu’en ses égarements, tant de grandeur mystérieuse ; ainsi verrons-nous que celui-là seul a creusé l’abîme du cœur humain, qui peut et veut le combler.

Tout acte de la divine volonté, hors de Dieu comme en lui-même, est amour pur, se rapportant à la troisième des augustes personnes, qui est, par le mode de sa procession, l’Amour substantiel et infini. De même que le Père tout-puissant voit toutes choses, avant qu’elles existent, en son Verbe unique, en qui s’épuise la divine intelligence : de même, pour qu’elles soient, il les veut toutes dans l’Esprit-Saint, qui est à la divine volonté ce qu’est le Verbe à l’intelligence souveraine. Terme dernier auquel s’arrête l’intime fécondité des personnes, en la divine essence, l’Esprit d’amour est en Dieu le principe premier des œuvres extérieures : communes dans l’exécution aux trois personnes, elles ont en lui leur raison d’être. Ineffable solliciteur, il incline la Divinité en dehors d’elle-même ; il est le poids qui, rompant les éternelles barrières, plus violent que la foudre, entraîne des sommets de l’être aux confins du néant la Trinité auguste. Ouvrant le grand conseil, il y dit la parole : « Faisons l’homme à notre image et ressemblance ». Et Dieu crée l’homme à son image ; il le crée à l’image de Dieu, copiant son Verbe, l’archétype souverain, dans lequel toute création plonge ses racines comme dans le lieu des essences. Car le Verbe, pensée du Père, miroir très pur de l’intelligence infinie, renferme en soi l’idée divine de toute chose : règle des mondes, exemplaire éternel, lumière vivante et vivifiante qui donne leur forme et leur nature à tous les êtres. Mais dans l’homme seul, résumé des mondes, à la fois esprit et matière, se retrouvera l’expression complète de la pensée créatrice. L’âme même, en lui, portera directement l’image de la divine ressemblance, dont ce même Verbe est l’expression substantielle et infinie : doué d’intelligence et de liberté comme l’Être souverain, il animera pour Dieu la création entière ; elle remontera par lui vers son Auteur dans un hommage, borné sans doute, mais en rapport avec toute cette nature inférieure sortie du néant à l’appel divin. Tel est, tel serait du moins l’ordre naturel, ensemble harmonieux, chef-d’œuvre de bonté s’il eût existé jamais seul, mais loin encore des ineffables projets de l’Esprit d’amour.

Dans la pleine spontanéité d’une liberté qui pouvait s’abstenir et n’a d’égale que sa puissance, l’Esprit-Saint veut pour l’homme, au delà du temps, l’association à la vie même de Dieu dans la claire vision de son essence ; la vie terrestre des fils d’Adam revêtira elle-même par avance la dignité de cette vie supérieure, à tel point que celle-ci ne sera que le fruit direct, l’épanouissement régulier de la première. Aussi, pour que l’être chétif de la créature ne demeure pas au-dessous d’une telle destinée, pour que l’homme puisse suffire aux ambitions de son amour, l’Esprit fait-il que, simultanément à l’acte de création, les trois divines personnes infusent en lui leurs propres aptitudes et greffent sur ses puissances finies et bornées les puissances mêmes de la nature divine.

Cet ensemble d’une destinée supérieure à la nature et d’énergies en rapport avec cette destinée, qui se superposent aux facultés naturelles pour les transformer sans les détruire, prendra le nom d’ordre surnaturel, par comparaison avec l’ordre inférieur qui eût été celui de la nature, si les divines prévenances n’eussent ainsi dès l’abord élevé l’être humain au-dessus de lui-même. L’homme gardera de cet ordre inférieur les éléments qui constituent son humaine nature, avec l’emploi qui leur est propre ; mais tout ordre se spécifie surtout par la fin que poursuit l’ordonnateur : et la fin dernière de l’homme n’ayant jamais été autre en la pensée divine qu’une fin surnaturelle, il s’ensuivra que l’ordre naturel proprement dit n’aura jamais eu d’existence indépendante et séparée.

Vainement une orgueilleuse philosophie, s’appelant quand même « indépendante et séparée », prétendra s’en tenir aux dogmes naturels et aux vertus purement humaines : non moins que les merveilleuses ascensions des âmes fidèles, les effrayants écarts des révoltés dans les voies de l’erreur ou du crime prouveront à leur manière que la nature n’est plus, ne fut jamais pour l’homme un niveau auquel il puisse espérer se maintenir. En fût-il ainsi d’ailleurs, que l’homme ne pourrait encore légitimement se soustraire aux intentions divines. « En nous assignant une vocation surnaturelle, Dieu a fait acte d’amour ; mais il a fait acte aussi d’autorité. Son bienfait nous devient un devoir. Noblesse oblige : c’est un axiome parmi les hommes. Ainsi en est-il de la noblesse surnaturelle que Dieu a daigné conférer à la créature ».

Noblesse sans pareille, qui fait de l’homme non plus seulement l’image de Dieu, mais vraiment son semblable ! Entre l’infini, l’éternel, et celui qui naguère n’était pas et reste à jamais créature, l’amitié, l’amour désormais sont possibles : tel est le but de la communauté d’aptitudes, de puissances, de vie, établie entre eux par l’Esprit d’amour. Ils n’étaient donc pas tout à l’heure le fruit d’un enthousiasme insensé, ces soupirs de l’homme vers son Dieu, ces tressaillements de sa chair mortelle ! Elle n’était pas une vaine chimère cette soif du Dieu fort, du Dieu vivant, cette aspiration dévorante au festin de l’union divine ! Rendu participant de la nature divine, quoi d’étonnant que l’homme en ait conscience, et se laisse entraîner par la flamme incréée vers le foyer d’où elle rayonne jusqu’à lui ? Témoin autorisé de ses propres œuvres, l’Esprit est là d’ailleurs pour confirmer le témoignage de notre conscience, et attester à notre âme que nous sommes bien les fils de Dieu. C’est lui-même qui, se dérobant au plus intime de notre être où il demeure pour maintenir et conduire à bonne fin son œuvre d’amour, c’est l’Esprit qui, tantôt par de soudaines illuminations ouvrant aux yeux de notre cœur les horizons de la gloire future, inspire aux fils de Dieu les accents anticipés du triomphe ; tantôt soupire en eux ces gémissements inénarrables, ces chants d’exil imprégnés des larmes brûlantes d’un amour pour qui l’union se fait trop attendre. Comment redire la suavité victorieuse des incomparables harmonies qui, dans le secret des âmes blessées du trait divin, montent ainsi de la terre au ciel ? Victorieux en effet seront ces soupirs ; et si l’union éternelle est trop incompatible avec les jours du pèlerinage et de l’épreuve, la vallée des larmes verra pourtant d’ineffables mystères.

Dans ce concert merveilleux de l’Esprit et de l’âme, « celui qui scrute les cœurs, nous dit l’Apôtre, connaît le désir de l’Esprit, parce qu’il prie selon Dieu pour les saints ». Désir tout-puissant par suite comme Dieu lui-même ; désir, nouveau en tant que de l’homme né d’hier, mais éternel comme de l’Esprit dont l’immuable procession est avant tous les âges. En réponse au désir de l’Esprit, des insondables profondeurs de son éternité, Celui pour qui tout existe, et que nul œil mortel n’a contemplé ni ne peut voir, a résolu de se manifester dans le temps et de s’unir à l’homme encore voyageur, non par lui-même, mais en son Fils, la splendeur de sa gloire et l’expression très fidèle de sa substance. Dieu a tant aimé le monde, qu’il lui adonné son Verbe, la divine Sagesse engagée à l’humanité dès le sein du Père. Figuré par le sein d’Abraham, rendez-vous mystérieux des justes sous l’ancienne alliance, lieu de repos des âmes saintes avant que ne fût ouverte au peuple élu la voie du céleste sanctuaire, le sein du Père est le lit nuptial chanté par David, d’où procède l’Époux, quittant à l’heure marquée les sommets des cieux pour chercher sa fiancée, et l’y ramenant avec lui pour l’introduire au lieu des noces éternelles. Marche triomphante de l’Époux en sa beauté, dont le prophète Michée a dit, parlant de son passage en Bethléhem, que le point de départ en est des jours de l’éternité ! Tel est, en effet, d’après les sublimes enseignements de la théologie catholique, l’étroit rapport de la procession éternelle et de la mission dans le temps des divines personnes, qu’une même éternité les unit toutes deux en Dieu : éternellement l’auguste Trinité contemple l’ineffable naissance du Fils unique au sein du Père ; éternellement, du même regard, elle le voit procédant comme Époux du même sein paternel.

Que si maintenant nous venons à comparer entre eux les éternels décrets, il est facile de reconnaître ici le décret principal entre tous, et comme tel primant tous les autres en la pensée créatrice. Dieu le Père a tout fait pour cette union de la nature humaine avec son Fils : union si intime qu’elle devait aller, pour l’un des membres de cette humanité, jusqu’à l’identification personnelle avec le Fils très unique du Père ; union si universelle, qu’à des degrés divers, aucun des individus de la race humaine ne devait être exclu que par lui-même des noces divines avec la Sagesse éternelle ainsi manifestée dans le plus beau des enfants des hommes. Ainsi « Dieu, qui d’une parole autrefois fit jaillir la lumière au sein des ténèbres, resplendit lui-même en nos cœurs, les initiant à la connaissance de la gloire divine par la face du Christ Jésus. » Ainsi le mystère des noces est-il bien le mystère du monde ; ainsi le royaume des cieux est-il semblable à un roi qui fait les noces de son fils.

Mais où donc se fera la rencontre ici-bas du prince et de sa fiancée ? Où doit se consommer cette union merveilleuse ? Qui nous dira la dot de l’Épouse, le gage de l’alliance ? Sait-on l’ordonnateur du banquet nuptial, et quels mets seront servis aux convives ?

A ces questions la triomphante réponse éclate aujourd’hui de toutes parts sous la voûte du ciel. A la puissance des accents sublimes que se renvoient les échos de la terre et des cieux, reconnaissons le Verbe divin. L’adorable Sagesse est sortie des temples : elle crie sur les places publiques, en tête des foules, aux portes des villes ; établie sur les montagnes, occupant les points élevés des grandes routes, barrant les sentiers, elle fait entendre sa voix aux fils des hommes. Et dans le même temps courent ses servantes, les grâces variées portant son message aux humbles de cœur : « Venez, mangez mon pain, buvez le vin que j’ai mélangé pour vous. » Car la Sagesse s’est bâti une demeure ici-bas ; elle a elle-même immolé ses victimes, préparé le vin et dressé sa table : tout est prêt, venez au festin des noces !

O Sagesse, qui êtes sortie de la bouche du Très-Haut, atteignant d’une extrémité à l’autre et disposant toutes choses avec force et douceur, nous implorions au temps de l’Avent votre venue en Bethléem, la maison du pain ; vous étiez la première aspiration de nos cœurs haletants sous l’attente des siècles. Le jour de votre glorieuse Épiphanie manifesta le mystère des noces, et révéla l’Époux ; l’Épouse fut préparée dans les eaux du Jourdain ; nous chantâmes les Mages courant avec des présents au festin figuratif, et les convives s’enivrant d’un vin miraculeux Mais l’eau changée en vin pour suppléer à l’insuffisance d’une vigne inféconde présageait de plus grandes merveilles. La vigne, la vraie vigne dont nous sommes les branches, a donné ses fleurs embaumées, ses fruits de grâce et d’honneur Le froment abonde dans les vallées, elles chantent un hymne de louange ; car cette force du peuple couvre de ses épis jusqu’au sommet des montagnes, et sa tige nourricière domine le Liban.

Sagesse, noble souveraine, dont les charmes divins captivent dès l’enfance les cœurs avides de la vraie beauté, il est donc arrivé le jour du vrai festin des noces ! Comme une mère pleine d’honneur, comme la jeune vierge en ses attraits, vous accourez pour nous nourrir du pain de vie, nous enivrer du breuvage salutaire. Meilleur est votre fruit que l’or et la pierre précieuse, meilleure votre substance que l’argent le plus pur. Ceux qui vous mangent auront encore faim, ceux qui vous boivent n’éteindront pas leur soif. Car votre conversation n’a point d’amertume, votre société de dégoût ; avec vous sont l’allégresse et la joie, les richesses, la gloire et la vertu.

En ces jours où siégeant dans la nuée, vous élevez votre trône dans l’assemblée des saints, sondant à loisir les mystères du divin banquet, nous voulons publier vos merveilles, et, de concert avec vous, chanter vos louanges en face des armées du Très-Haut. Daignez ouvrir notre bouche et nous remplir de votre Esprit, divine Sagesse, afin que notre louange soit digne de son objet, et qu’elle abonde, selon votre promesse dans les saints Livres, en la bouche fidèle de vos adorateurs.

Fête du Très Saint Sacrement
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Sainte Marguerite d’Ecosse reine et veuve

10 Juin 2020 , Rédigé par Ludovicus

Sainte Marguerite d’Ecosse reine et veuve

Collecte

Dieu, vous avez rendu admirable la bienheureuse reine Marguerite, en lui inspirant une extrême charité pour les pauvres : faites que, par son intercession et à son exemple, votre charité croisse continuellement dans nos cœurs.

Office

Quatrième leçon. Marguerite, reine d’Écosse, qui avait la gloire de descendre des rois d’Angleterre par son père, et des Césars par sa mère, devint plus illustre encore par la pratique des vertus chrétiennes. Elle naquit en Hongrie, où son père était alors exilé. Après avoir passé son enfance dans la plus grande piété, elle vint en Angleterre avec son père qui était appelé par son oncle, saint Édouard, roi des Anglais, à monter sur le trône de ses aïeux. Bientôt, partageant les revers de sa famille, Marguerite quitta les rivages d’Angleterre, mais une tempête, ou plus véritablement un dessein de la divine Providence, la conduisit sur les côtes d’Écosse. Là, pour obéir à sa mère, elle épousa le roi de ce pays, Malcolm III, qui avait été charmé par ses belles qualités, et se rendit merveilleusement utile à tout le royaume par ses œuvres de sainteté et de piété pendant les trente années qu’elle régna.

Cinquième leçon. Au milieu des délices de la cour, elle affligeait son corps par des macérations, des veilles, et réservait une grande partie de la nuit à ses pieuses oraisons. Indépendamment des autres jeûnes qu’elle observait en diverses circonstances, elle avait l’habitude de jeûner quarante jours entiers avant les fêtes de Noël, et cela avec une telle rigueur, qu’elle persévérait à le faire malgré les plus vives souffrances. Dévouée au culte divin, elle construisit à nouveau ou restaura plusieurs églises et monastères, qu’elle enrichit d’objets précieux et d’un revenu abondant. Par son très salutaire exemple, elle amena le roi son époux à une conduite meilleure et à des œuvres semblables à celles qu’elle pratiquait. Elle éleva ses enfants avec tant de piété et de succès, que plusieurs d’entre eux embrassèrent, comme Agathe sa mère et Christine sa sœur, le genre de vie le plus saint. Pleine de sollicitude pour la prospérité du royaume entier, elle délivra le peuple de tous les vices qui s’y étaient glissés insensiblement, et le ramena à des mœurs dignes de la foi chrétienne.

Sixième leçon. Rien cependant ne fut plus admirable en elle que son ardente charité envers le prochain et surtout à l’égard des indigents. Non contente d’en soutenir des multitudes par ses aumônes, elle se faisait une fête de fournir tous les jours, avec une bonté maternelle, le repas de trois cents d’entre eux, de remplir à genoux l’office d’une servante envers ces pauvres, de leur laver les pieds de ses mains royales, et de panser leurs plaies, n’hésitant même point à baiser leurs ulcères. Pour ces générosités et autres dépenses, elle sacrifia ses parures royales et ses joyaux précieux, et alla même plus d’une fois jusqu’à épuiser le trésor. Enfin, après avoir enduré des peines très amères avec une patience admirable et avoir été purifiée par six mois de souffrances corporelles, elle rendit son âme à son Créateur le quatre des ides de juin. Au même instant, son visage défiguré pendant sa longue maladie par la pâleur et la maigreur, s’épanouit avec une beauté extraordinaire. Marguerite fut illustre, même après sa mort, par des prodiges éclatants. L’autorité de Clément X l’a donnée pour patronne à l’Écosse ; et elle est dans le monde entier très religieusement honorée.

 

Une semaine s’est écoulée depuis le jour où, s’élevant de la terre de France dédiée au Christ par ses soins, Clotilde apprenait au monde le rôle réservé à la femme près du berceau des peuples. Avant le christianisme, l’homme, amoindri par le péché dans sa personne et dans sa vie sociale, ne connaissait pas la grandeur en ce point des intentions divines ; la philosophie et l’histoire ignoraient l’une et l’autre que la maternité pût s’élever jusqu’à ces hauteurs. Mais l’Esprit-Saint, donné aux hommes pour les instruire de toute vérité, théoriquement et pratiquement, multiplie depuis sa venue les exemples, afin de nous révéler l’ampleur merveilleuse du plan divin, la force et la suavité présidant ici comme partout aux conseils de l’éternelle Sagesse.

L’Écosse était chrétienne depuis longtemps déjà, lorsque Marguerite lui fut donnée, non pour l’amener au baptême, mais pour établir parmi ses peuplades diverses et trop souvent ennemies l’unité qui fait la nation. L’ancienne Calédonie, défendue par ses lacs, ses montagnes et ses fleuves, avait jusqu’à la fin de l’empire romain gardé son indépendance. Mais, inaccessible aux armées, elle était devenue le refuge des vaincus de toute race, des proscrits de toutes les époques. Les irruptions, qui s’arrêtaient à ses frontières, avaient été nombreuses et sans merci dans les provinces méridionales de la grande île britannique ; Bretons dépossédés, Saxons, Danois, envahisseurs chassés à leur tour et fuyant vers le nord, étaient venus successivement juxtaposer leurs mœurs à celles des premiers habitants, ajouter leurs rancunes mutuelles aux vieilles divisions des Pictes et des Scots. Mais du mal même le remède devait sortir. Dieu, pour montrer qu’il est le maître des révolutions aussi bien que des flots en furie, allait confier l’exécution de ses desseins miséricordieux sur l’Écosse aux bouleversements politiques et à la tempête.

Dans les premières années du XIe siècle, l’invasion danoise chassait du sol anglais les fils du dernier roi saxon, Edmond Côte de fer. L’apôtre couronné de la Hongrie, saint Étienne Ier, recevait à sa cour les petits-neveux d’Édouard le Martyr et donnait à l’aîné sa fille en mariage, tandis que le second s’alliait à la nièce de l’empereur saint Henri, le virginal époux de sainte Cunégonde. De cette dernière union naquirent deux filles : Christine qui se voua plus tard au Seigneur, Marguerite dont l’Église célèbre la gloire en ce jour, et un prince, Edgard Etheling, que les événements ramenèrent bientôt sur les marches du trône d’Angleterre. La royauté venait en effet de passer des princes danois à Édouard le Confesseur, oncle d’Edgard ; et l’angélique union du saint roi avec la douce Édith n’étant appelée à produire de fruits que pour le ciel, la couronne semblait devoir appartenir après lui par droit de naissance au frère de sainte Marguerite, son plus proche héritier. Nés dans l’exil, Edgard et ses sœurs virent donc enfin s’ouvrir pour eux la patrie. Mais peu après, la mort d’Édouard et la conquête normande bannissaient de nouveau la famille royale ; le navire qui devait reconduire sur le continent les augustes fugitifs était jeté par un ouragan sur les côtes d’Écosse. Edgard Etheling, malgré les efforts du parti saxon, ne devait jamais relever le trône de ses pères ; mais sa sainte sœur conquérait la terre où le naufrage, instrument de Dieu, l’avait portée.

Devenue l’épouse de Malcolm III, sa sereine influence assouplit les instincts farouches du fils de Duncan, et triompha de la barbarie trop dominante encore en ces contrées jusque-là séparées du reste du monde. Les habitants des hautes et des basses terres, réconciliés, suivaient leur douce souveraine dans les sentiers nouveaux qu’elle ouvrait devant eux à la lumière de l’Évangile. Les puissants se rapprochèrent du faible et du pauvre, et, déposant leur dureté de race, se laissèrent prendre aux charmes de la charité. La pénitence chrétienne reprit ses droits sur les instincts grossiers de la pure nature. La pratique des sacrements, remise en honneur, produisait ses fruits. Partout, dans l’Église et l’État, disparaissaient les abus. Tout le royaume n’était plus qu’une famille, dont Marguerite se disait à bon droit la mère ; car l’Écosse naissait par elle à la vraie civilisation. David Ier, inscrit comme sa mère au catalogue des Saints, achèvera l’œuvre commencée ; pendant ce temps, un autre enfant de Marguerite, également digne d’elle, sainte Mathilde d’Écosse, épouse d’Henri Ier fils de Guillaume de Normandie, mettra fin sur le sol anglais aux rivalités persévérantes des conquérants et des vaincus par le mélange du sang des deux races.

Nous vous saluons, ô reine, digne des éloges que la postérité consacre aux plus illustres souveraines. Dans vos mains, la puissance a été l’instrument du salut des peuples. Votre passage a marqué pour l’Écosse le plein midi de la vraie lumière. Hier, en son Martyrologe, la sainte Église nous rappelait la mémoire de celui qui fut votre précurseur glorieux sur cette terre lointaine : au VIe siècle, Colomb-Kil, sortant de l’Irlande, y portait la foi. Mais le christianisme de ses habitants, comprimé par mille causes diverses dans son essor, n’avait point produit parmi eux tous ses effets civilisateurs. Une mère seule pouvait parfaire l’éducation surnaturelle de la nation. L’Esprit-Saint, qui vous avait choisie pour cette tâche, ô Marguerite, prépara votre maternité dans la tribulation et l’angoisse : ainsi avait-il procédé pour Clotilde ; ainsi fait-il pour toutes les mères. Combien mystérieuses et cachées n’apparaissent pas en votre personne les voies de l’éternelle Sagesse ! Cette naissance de proscrite loin du sol des aïeux, cette rentrée dans la patrie, suivie bientôt d’infortunes plus poignantes, cette tempête, enfin, qui vous jette dénuée de tout sur les rochers d’une terre inconnue : quel prudent de ce monde eût pressenti, dans une série de désastres pareils, la conduite d’une miséricordieuse providence faisant servir à ses plus suaves résolutions la violence combinée des hommes et des éléments ? Et pourtant, c’est ainsi que se formait en vous la femme forte, supérieure aux tromperies de la vie présente et fixée en Dieu, le seul bien que n’atteignent pas les révolutions de ce monde.

Loin de s’aigrir ou de se dessécher sous la souffrance, votre cœur, établi au-dessus des variations de cette terre à la vraie source de l’amour, y puisait toutes les prévoyances et tous les dévouements qui, sans autre préparation, vous tenaient à la hauteur de la mission qui devait être la vôtre. Ainsi fûtes-vous en toute vérité ce trésor qui mérite qu’on l’aille chercher jusqu’aux extrémités du monde, ce navire qui apporte des plages lointaines la nourriture et toutes les richesses au rivage où les vents l’ont poussé. Heureuse votre patrie d’adoption, si jamais elle n’eût oublié vos enseignements et vos exemples ! Heureux vos descendants, si toujours ils s’étaient souvenus que le sang des Saints coulait dans leurs veines ! Digne de vous dans la mort, la dernière reine d’Écosse porta du moins sous la hache du bourreau une tête jusqu’au bout fidèle à son baptême. Mais on vit l’indigne fils de Marie Smart, par une politique aussi fausse que sacrilège, abandonner en même temps l’Église et sa mère. L’hérésie desséchait pour jamais la souche illustre d’où sortirent tant de rois, au moment où l’Angleterre et l’Écosse s’unissaient sous leur sceptre agrandi ; car la trahison consommée par Jacques Ier ne devait pas être rachetée devant Dieu par la fidélité de Jacques II à la foi de ses pères. O Marguerite, du ciel où votre trône est affermi pour les siècles sans fin, n’abandonnez ni l’Angleterre à qui vous appartenez par vos glorieux ancêtres, ni l’Écosse dont la protection spéciale vous reste confiée par l’Église de la terre. L’apôtre André partage avec vous les droits de ce puissant patronage. De concert avec lui, gardez les âmes restées fidèles, multipliez le nombre des retours à l’antique foi, et préparez pour un avenir prochain la rentrée du troupeau tout entier sous la houlette de l’unique Pasteur 

 

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Fête de la Très Sainte Trinité

7 Juin 2020 , Rédigé par Ludovicus

Fête de la Très Sainte Trinité

Introït

Bénie soit la sainte Trinité et son indivisible unité : glorifions-la, parce qu’elle a fait éclater sur nous sa miséricorde. Seigneur notre Maître, que votre nom est admirable dans toute la terre !

Collecte

Dieu tout-puissant et éternel, vous avez donné à vos serviteurs, dans la confession de la vraie foi, de reconnaître la gloire de l’éternelle Trinité, et d’adorer une parfaite Unité en votre majesté souveraine : faites, nous vous en prions, qu’affermis par cette même foi, nous soyons constamment munis contre toutes les adversités.

Épitre Rm. 11, 33-36

Ô profondeur des richesses de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont incompréhensibles, et ses voies impénétrables ! Car qui a connu la pensée du Seigneur ? ou qui a été son conseiller ? Ou qui lui a donné le premier, et recevra de lui en retour ? Car c’est de lui, et par lui, et en lui que sont toutes choses ; à lui la gloire dans tous les siècles. Ainsi soit-il.

Évangile Mt. 28, 18-20

En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Toute puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et leur enseignant à observer tout ce que je vous ai commandé. Et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des siècles.

Postcommunion

Que la réception de ce sacrement contribue au salut de notre corps et de notre âme, Seigneur notre Dieu : et aussi notre profession de foi en la sainte et éternelle Trinité, et en son indivisible Unité.

Office

4e leçon

Du livre de saint Fulgence, Évêque : De la Foi à Pierre

La foi que les saints Patriarches et les Prophètes ont reçue de Dieu avant l’incarnation de son Fils, la foi que les saints Apôtres ont recueillie de la bouche du Seigneur conversant dans la chair, que le Saint-Esprit leur a enseignée et qu’ils ont non seulement prêchée par la parole, mais consignée dans leurs écrits pour la salutaire instruction de la postérité, cette foi proclame, avec l’unité de Dieu, la Trinité qui est en lui, c’est-à-dire le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Mais il n’y aurait pas une véritable Trinité, si c’était une seule et même personne qui fût appelée Père, Fils et Saint-Esprit.

5e leçon

Si en effet le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient une seule et même personne comme ils sont une seule et même substance, il n’y aurait plus lieu à professer une trinité véritable. Pareillement il y aurait trinité, mais cette trinité ne serait plus un seul Dieu, si le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient séparés entre eux par la diversité de leurs natures, comme ils sont distincts par leurs propriétés personnelles. Mais comme il est véritable que cet unique vrai Dieu par sa nature non seulement est un, mais qu’il est Trinité, ce vrai Dieu est Trinité dans les personnes et un dans l’unité de la nature.

6e leçon

Par cette unité de nature, le Père est tout entier dans le Fils et le Saint-Esprit ; le Fils tout entier dans le Père et le Saint-Esprit ; le Saint-Esprit tout entier dans le Père et dans le Fils. Aucune de ces trois personnes ne subsiste séparée et comme en dehors des deux autres, car il n’en est aucune qui précède les autres en éternité, ou qui les dépasse en grandeur, ou qui les surpasse en puissance. Le Père, en ce qui touche à l’unité de la nature divine, n’est ni plus ancien, ni plus grand que le Fils et que l’Esprit-Saint ; de même, l’éternité et l’immensité du Fils ne peut non plus, par la nécessité de la nature divine, surpasser l’éternité et l’immensité du Saint-Esprit

7e leçon

Homélie de saint Grégoire de Nazianze

Quel Catholique ignore que le Père est vraiment Père, le Fils vraiment Fils, et l’Esprit-Saint vraiment Esprit-Saint ? Ainsi que le Seigneur lui-même l’a dit à ses Apôtres : « Allez, baptisez toutes les nations au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » C’est là cette Trinité parfaite dans l’unité d’une unique substance, à laquelle nous faisons profession de croire. Car nous n’admettons point en Dieu de division à la manière des substances corporelles ; mais à cause de la puissance de la nature divine qui est immatérielle, nous faisons profession de croire, et à la distinction réelle des personnes que nous nommons, et à l’unité de la nature divine.

8e leçon

Nous ne disons point, comme quelques-uns l’ont imaginé, que le Fils de Dieu est une extension de quelque partie de Dieu ; nous n’admettons pas non plus un Verbe sans réalité, tel qu’est le simple son de la voix ; mais nous croyons que les trois appellations et les trois personnes ont une même essence, une même majesté, une même puissance. Nous confessons donc un seul Dieu, parce que l’unité de la majesté nous défend de nommer plusieurs Dieux. Enfin nous nommons distinctement, conformément aux règles catholiques du langage, le Père et le Fils, mais nous ne pouvons ni ne devons dire deux Dieux. Ce n’est pas que le Fils de Dieu ne soit Dieu, étant vrai Dieu de Dieu, mais parce que nous savons qu’il n’a point d’autre principe que son Père, nous disons qu’il n’y a qu’un Dieu. C’est là ce que nous ont transmis les Prophètes et les Apôtres ; c’est là ce que le Seigneur lui-même nous a enseigné, quand il a dit : « Moi et mon Père, nous sommes une seule chose ». Par ces mots « une seule chose, » il exprime, comme je l’ai dit, l’unité de la divinité ; et par ceux-ci : « nous sommes, » il marque la pluralité des personnes.

9e leçon

Homélie de saint Augustin, Évêque

Il y a deux œuvres de miséricorde qui délivrent les âmes et que le Seigneur nous propose brièvement dans l’Évangile : « Remettez et il vous sera remis, donnez et il vous sera donné. » Cette parole, « remettez et il vous sera remis » regarde le pardon des offenses ; cette autre, « donnez et il vous sera donné » regarde l’obligation de faire du bien au prochain. Pour ce qui concerne le pardon, d’une part, tu désires que ton péché te soit pardonné, et d’une autre part, tu as à pardonner à ton prochain. Et pour ce qui regarde le devoir de la bienfaisance, un mendiant te demande l’aumône, et tu es toi-même le mendiant de Dieu. Tous en effet, nous sommes, lorsque nous prions, les mendiants de Dieu ; nous nous tenons à la porte de ce père de famille grand et puissant, nous nous y prosternons, nous gémissons dans nos supplications, nous voulons recevoir un don : et ce don, c’est Dieu lui-même. Que te demande le mendiant ? Du pain. Et toi, que demandes-tu à Dieu, sinon le Christ qui a dit : « Je suis le pain vivant, qui suis descendu du ciel ». Voulez-vous qu’il vous soit pardonné ? Remettez et il vous sera remis. Voulez-vous recevoir ? Donnez et l’on vous donnera.

Symbolum Athanasianum LE SYMBOLE DE SAINT ATHANASE.
Quicúmque vult salvus esse, * ante ómnia opus est, ut téneat cathólicam fidem : Quiconque veut être sauvé doit, avant tout, tenir la foi catholique :
Quam nisi quisque íntegram inviolatámque serváverit, * absque dúbio in ætérnum períbit. Et celui qui ne l’aura pas gardée entière et inviolable, périra certainement pour l’éternité.
Fides autem cathólica hæc est : * ut unum Deum in Trinitáte, et Trinitátem in unitáte venerémur. Or la foi catholique consiste à révérer un seul Dieu dans la Trinité, et la Trinité dans l’Unité,
Neque confundéntes persónas, * neque substántiam separántes. sans confondre les Personnes ni diviser la substance :
Alia est enim persóna Patris, ália Fílii, * ália Spíritus Sancti : Car autre est la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint-Esprit.
Sed Patris, et Fílii, et Spíritus Sancti una est divínitas, * æquális glória, coætérna maiéstas. Mais la divinité du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, est une : la gloire égale, la majesté coéternelle.
Qualis Pater, talis Fílius, * talis Spíritus Sanctus. Tel qu’est le Père, tel est le Fils, tel est le Saint-Esprit.
Increátus Pater, increátus Fílius, * increátus Spíritus Sanctus. Le Père est incréé, le Fils incréé, le Saint-Esprit incréé.
Imménsus Pater, imménsus Fílius, * imménsus Spíritus Sanctus. Immense est le Père, immense le Fils, immense le Saint-Esprit ;
Ætérnus Pater, ætérnus Fílius, * ætérnus Spíritus Sanctus. Éternel le Père, éternel le Fils, éternel le Saint-Esprit.
Et tamen non tres ætérni, * sed unus ætérnus. Et néanmoins il n’y a pas trois éternels, mais un seul éternel ;
Sicut non tres increáti, nec tres imménsi, * sed unus increátus, et unus imménsus. Comme aussi ce ne sont pas trois incréés, ni trois immenses, mais un seul incréé, un seul immense.
Simíliter omnípotens Pater, omnípotens Fílius, * omnípotens Spíritus Sanctus. De même tout-puissant est le Père, tout-puissant le Fils, tout-puissant le Saint-Esprit ;
Et tamen non tres omnipoténtes, * sed unus omnípotens. Et néanmoins il n’y a pas trois tout-puissants, mais un seul tout-puissant.
Ita Deus Pater, Deus Fílius, * Deus Spíritus Sanctus. Ainsi le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu ;
Ut tamen non tres Dii, * sed unus est Deus. Et néanmoins il n’y a pas trois Dieux, mais un seul Dieu.
Ita Dóminus Pater, Dóminus Fílius, * Dóminus Spíritus Sanctus. Ainsi le Père est Seigneur, le Fils est Seigneur, le Saint-Esprit est Seigneur ;
Et tamen non tres Dómini, * sed unus est Dóminus. Et néanmoins il n’y a pas trois Seigneurs, mais un seul Seigneur.
Quia, sicut singillátim unamquámque persónam Deum ac Dóminum confitéri christiána veritáte compéllimur : * ita tres Deos aut Dóminos dícere cathólica religióne prohibémur. Car de même que la vérité chrétienne nous oblige de confesser que chacune des trois personnes prises à part est Dieu et Seigneur : de même la religion catholique nous défend de dire trois Dieux ou trois Seigneurs.
Pater a nullo est factus : * nec creátus, nec génitus. Le Père n’est ni fait, ni créé, ni engendré d’aucun autre.
Fílius a Patre solo est : * non factus, nec creátus, sed génitus. Le Fils est du Père seul : ni fait, ni créé, mais engendré.
Spíritus Sanctus a Patre et Fílio : * non factus, nec creátus, nec génitus, sed procédens. Le Saint-Esprit est du Père et du Fils : ni fait, ni créé, ni engendré, mais procédant.
Unus ergo Pater, non tres Patres : unus Fílius, non tres Fílii : * unus Spíritus Sanctus, non tres Spíritus Sancti. Il n’y a donc qu’un seul Père, et non trois Pères ; un seul Fils, et non trois Fils ; un seul Saint-Esprit, et non trois Saints-Esprits.
Et in hac Trinitáte nihil prius aut postérius, nihil maius aut minus : * sed totæ tres persónæ coætérnæ sibi sunt et coæquáles. Et dans cette Trinité il n’y a ni antérieur, ni postérieur, ni plus grand, ni moindre ; mais les trois personnes sont toutes coéternelles et égales entre elles ;
Ita ut per ómnia, sicut iam supra dictum est, * et únitas in Trinitáte, et Trínitas in unitáte veneránda sit. En sorte qu’en tout et partout, comme il a été dit ci-dessus, on doit révérer l’Unité en la Trinité, et la Trinité en l’Unité.
Qui vult ergo salvus esse, * ita de Trinitáte séntiat. Celui donc qui veut être sauvé doit penser ainsi de la Trinité.
Sed necessárium est ad ætérnam salútem, * ut Incarnatiónem quoque Dómini nostri Iesu Christi fidéliter credat. Mais il est nécessaire encore pour le salut éternel, qu’il croie fidèlement l’Incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ.
Est ergo fides recta ut credámus et confiteámur, * quia Dóminus noster Iesus Christus, Dei Fílius, Deus et homo est. Or la droiture de la foi consiste à croire et à confesser que notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, est Dieu et homme.
Deus est ex substántia Patris ante sǽcula génitus : * et homo est ex substántia matris in sæculo natus. Il est Dieu, étant engendré de la substance de son Père avant les siècles, et il est homme, étant né de la substance d’une mère dans le temps ;
Perféctus Deus, perféctus homo : * ex ánima rationáli et humána carne subsístens. Dieu parfait et homme parfait, subsistant dans une âme raisonnable et un corps d’homme,
Æquális Patri secúndum divinitátem : * minor Patre secúndum humanitátem. Égal au Père selon la divinité, moindre que le Père selon l’humanité.
Qui licet Deus sit et homo, * non duo tamen, sed unus est Christus. Bien qu’il soit Dieu et homme, il n’est néanmoins qu’un seul Christ, et non deux.
Unus autem non conversióne divinitátis in carnem, * sed assumptióne humanitátis in Deum. Il est un, non que la divinité ait été changée en l’humanité ; mais parce que Dieu a pris l’humanité et se l’est unie.
Unus omníno, non confusióne substántiæ, * sed unitáte persónæ. Il est un enfin, non par confusion de substance, mais par unité de personne.
Nam sicut ánima rationális et caro unus est homo : * ita Deus et homo unus est Christus. Car de même que l’âme raisonnable et la chair est un seul homme, ainsi Dieu et l’homme est un seul Christ :
Qui passus est pro salúte nostra : descéndit ad ínferos : * tértia die resurréxit a mórtuis. Qui a souffert pour notre salut, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts ;
Ascéndit ad cælos, sedet ad déxteram Dei Patris omnipoténtis : * inde ventúrus est iudicáre vivos et mórtuos. Qui est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu te Père tout-puissant, et de là viendra juger les vivants et les morts ;
Ad cuius advéntum omnes hómines resúrgere habent cum corpóribus suis ; * et redditúri sunt de factis própriis ratiónem. A l’avènement duquel tous les hommes ressusciteront avec leurs corps, et rendront compte de leurs actions personnelles :
Et qui bona egérunt, ibunt in vitam ætérnam : * qui vero mala, in ignem ætérnum. Et ceux qui auront fait le bien iront dans la vie éternelle ; et ceux qui auront fait le mal iront dans le feu éternel.
Hæc est fides cathólica, * quam nisi quisque fidéliter firmitérque credíderit, salvus esse non póterit. Telle est la foi catholique, et quiconque ne la gardera pas fidèlement et fermement ne pourra être sauvé.

A LA MESSE.

ÉPÎTRE.

Nous ne pouvons arrêter notre pensée sur les conseils divins, sans éprouver une sorte de vertige. L’éternel et l’infini éblouissent notre faible raison, et cette raison en même temps les reconnaît et les confesse. Or, si les desseins de Dieu sur les créatures nous dépassent déjà, comment la nature intime de ce souverain être nous serait-elle connue ? Cependant nous distinguons et nous glorifions dans cette essence incréée le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

C’est que le Père s’est révélé lui-même en nous envoyant son Fils, objet de son éternelle complaisance ; c’est que le Fils nous a manifesté sa personnalité en prenant notre chair, que le Père et le Saint-Esprit n’ont pas prise avec lui ; c’est que le Saint-Esprit, envoyé par le Père et le Fils, est venu remplir en nous la mission qu’il a reçue d’eux. Notre œil mortel plonge respectueusement dans ces profondeurs sacrées, et notre cœur s’attendrit en songeant que si nous connaissons Dieu, c’est par ses bienfaits qu’il a formé en nous la notion de ce qu’il est. Gardons cette foi avec amour, et attendons dans la confiance le moment où elle s’évanouira pour faire place à la vision éternelle de ce que nous aurons cru ici-bas.

ÉVANGILE.

Le mystère de la sainte Trinité manifesté par la mission du Fils de Dieu en ce monde et par la promesse de l’envoi prochain du Saint-Esprit, est intimé aux hommes dans ces solennelles paroles que Jésus prononce avant de monter au ciel. Il a dit : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé » ; mais il ajoute que le baptême sera donné au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Il faut désormais que l’homme confesse non plus seulement l’unité de Dieu, en abjurant le polythéisme, mais qu’il adore la Trinité des personnes dans l’unité d’essence. Le grand secret du ciel est une vérité divulguée maintenant par toute la terre.

Mais si nous confessons humblement Dieu connu tel qu’il est en lui-même, nous avons aussi à rendre l’hommage d’une éternelle reconnaissance à la glorieuse Trinité. Non seulement elle a daigné imprimer ses traits divins sur notre âme, en la faisant à sa ressemblance ; mais, dans l’ordre surnaturel, elle s’est emparée de notre être et l’a élevé à une grandeur incommensurable. Le Père nous a adoptés en son Fils incarné ; le Verbe illumine notre intelligence de sa lumière ; le Saint-Esprit nous a élus pour son habitation : c’est ce que marque la forme du saint baptême. Par ces paroles prononcées sur nous avec l’infusion de l’eau, la Trinité toute entière a pris possession de sa créature. Nous rappelons cette sublime merveille chaque fois que nous invoquons les trois divines personnes en imprimant sur nous le signe de la croix. Lorsque notre dépouille mortelle sera apportée dans la maison de Dieu pour y recevoir les dernières bénédictions et les adieux de l’Église de la terre, le prêtre suppliera le Seigneur de ne pas entrer en jugement avec son serviteur ; et afin d’attirer sur ce chrétien déjà entré dans son éternité les regards de la miséricorde divine, il représentera au souverain Juge que ce membre de la race humaine « fut marqué durant sa vie du sceau de la sainte Trinité ». Vénérons en nous cette auguste empreinte ; elle sera éternelle. La réprobation même ne l’effacerait pas. Qu’elle soit donc notre espoir, notre plus beau titre, et vivons à la gloire du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

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