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Regnum Galliae Regnum Mariae

Sainte Thérèse vierge

15 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Sainte Thérèse vierge

Collecte

Exaucez-nous, ô Dieu, qui êtes notre salut, et faites que, célébrant avec joie la fête de la bienheureuse Thérèse, votre Vierge, nous soyons nourris du pain de sa céleste doctrine et formés aux sentiments d’une piété fervente.

Office

Quatrième leçon. La vierge Thérèse naquit à Avila, en Espagne, de parents illustres par leur naissance et leur piété. Nourrie par eux du lait de la crainte de Dieu, elle donna, dans un âge bien tendre, un merveilleux présage de sa sainteté future. Car en lisant les actes des saints Martyrs et en les méditant, elle fut tellement embrasée du feu de l’Esprit-Saint que, s’enfuyant de la maison paternelle, elle voulut passer en Afrique, afin d’y donner sa vie pour la gloire de Jésus-Christ et le salut des âmes. Son oncle paternel l’ayant ramenée, elle compensa par des aumônes et d’autres œuvres de piété le souhait ardent, [mais irréalisé,] du martyre, se plaignant avec des larmes continuelles d’avoir été privée d’un si heureux sort. Sa mère étant morte, elle pria la très sainte Vierge de lui montrer qu’elle était mère aussi, et son vœu fut exaucé, car la Mère de Dieu la protégea toujours comme sa fille. En sa vingtième année, elle entra chez les religieuses de Notre Dame du Mont-Carmel, où, pendant dix-huit ans, elle fut affligée de très grandes maladies et agitée de diverses tentations ; mais elle demeura ferme sous les armes de la pénitence chrétienne, sans être soutenue par l’aliment de ces consolations célestes dont la sainteté est ordinairement comblée même sur la terre.
Cinquième leçon. Enrichie de vertus angéliques, Thérèse ne se contenta pas de travailler à son propre salut, mais elle se dépensa pour celui de tous, avec une charité pleine de sollicitude. C’est dans le but de le procurer que, d’après l’inspiration de Dieu et avec l’approbation de Pie IV, elle proposa d’abord aux femmes et ensuite aux hommes, l’observation de la règle plus austère des anciens Carmes. Le Seigneur tout-puissant et miséricordieux daigna bénir cette entreprise, car cette vierge, sans ressources, privée de toute assistance humaine, ayant même le plus souvent contre elle les princes du siècle, réussit à bâtir trente-deux monastères. Elle déplorait par des larmes continuelles l’aveuglement des infidèles et des hérétiques ; et afin d’apaiser la colère et de détourner la vengeance divine, elle offrait à Dieu, pour leur salut, les tourments volontaires qu’elle infligeait à son corps. Son âme était si embrasée du feu de l’amour divin, qu’elle mérita de voir un Ange lui percer le cœur avec un dard à la pointe enflammée, et d’entendre Jésus-Christ lui dire, en lui tendant sa main droite : Désormais, comme une véritable épouse, tu brûleras de zèle pour mon honneur. Ce fut par son inspiration qu’elle prononça le vœu si difficile de faire toujours ce qu’elle comprendrait être le plus parfait. Elle a écrit plusieurs ouvrages remplis d’une sagesse céleste, extrêmement propres à exciter les âmes des fidèles au désir de la patrie d’en haut.
Sixième leçon. Or, tandis qu’elle donnait de constants exemples de vertus, elle brûlait d’un si anxieux désir de châtier son corps, que, quoique les maladies dont elle était affligée lui persuadassent le contraire, elle tourmentait souvent ses membres par des cilices, des chaînes, des poignées d’orties et par d’autres pénitences très rigoureuses ; parfois même elle se roulait sur des épines, et elle avait coutume de dire à Dieu : « Seigneur, ou souffrir ou mourir ; » estimant toujours qu’elle périssait d’une très déplorable mort, aussi longtemps qu’elle vivait éloignée de la fontaine céleste de la vie éternelle. Elle eut à un très haut degré le don de prophétie, et le Seigneur l’enrichissait de faveurs spéciales avec tant de largesse, qu’elle le priait souvent avec d’ardentes exclamations de mettre des bornes à ses divins bienfaits, et de ne pas effacer par un si prompt oubli le souvenir de ses fautes. Réduite à s’aliter lors de son arrivée à Albe, moins par la violence de la maladie que par l’effet de l’amour divin dont elle ne pouvait plus supporter l’incendie, ayant prédit le jour de sa mort, reçu les sacrements de l’Église, et exhorté ses filles à la paix, à la charité ainsi qu’à l’observance régulière, Thérèse rendit à Dieu son âme très pure, [qu’on vit s’élever vers le ciel] sous l’aspect d’une colombe ; elle avait vécu soixante-sept ans, et c’était l’an mil cinq cent quatre-vingt-deux, le quinze octobre, selon la réformation du calendrier romain. A ses derniers moments, Jésus-Christ lui apparut au milieu des troupes d’anges, et un arbre desséché, proche de sa cellule, refleurit tout à coup. Le corps de Thérèse, demeuré jusqu’à ce jour exempt de corruption, répand une liqueur odoriférante et est l’objet d’une pieuse vénération. D’éclatants miracles l’ont glorifiée avant comme après sa mort, aussi Grégoire XV l’a-t-il mise au nombre des Saints.

 

La Prière de Sainte Thérèse d'Avila « Que rien ne te trouble… Dieu seul suffit ! » :

« Que rien ne te trouble, que rien ne t'épouvante, tout passe, Dieu ne change pas, la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit. Elève ta pensée, monte au ciel, ne t'angoisse de rien, que rien ne te trouble. Suis Jésus Christ d'un grand cœur, et quoi qu'il arrive, que rien ne t'épouvante. Tu vois la gloire du monde ? C’est une vaine gloire ; il n'a rien de stable, tout passe. Aspire au céleste, qui dure toujours ; fidèle et riche en promesses, Dieu ne change pas. Aime-Le comme Il le mérite, Bonté immense ; mais il n'y a pas d'amour de qualité sans la patience. Que confiance et foi vive maintiennent l'âme, celui qui croit et espère obtient tout. Même s'il se voit assailli par l'enfer, il déjouera ses faveurs, celui qui possède Dieu. Même si lui viennent abandons, croix, malheurs, si Dieu est son trésor, il ne manque de rien. Allez-vous-en donc, biens du monde ; allez-vous-en, vains bonheurs : même si l'on vient à tout perdre, Dieu seul suffit. Amen. »

 

« La fin n'est pas si lointaine qu'on pense,

Car vous vivez déjà l'Apostasie.

Les jeux sont faits, l'homme a tassé

Les charbons vifs, dévoreurs d'âmes.

Les jours sont comptés ; les heures, brèves.

Aussi, priez, œuvrez, trimez

Tant qu'on vous donne la Lumière.

Le temps vient de toutes ténèbres. »

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Saint Calixte Ier pape et martyr

14 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saint Calixte Ier pape et martyr

Collecte

O Dieu, qui nous voyez défaillir à cause de notre faiblesse, raffermissez-nous miséricordieusement dans votre amour au moyen des exemples de vos Saints.

Office

Quatrième leçon. Calixte, Romain d’origine, gouverna l’Église, Antonin Héliogabale étant empereur. Ce fut ce Pape qui établit les Quatre-Temps et qui ordonna qu’en ces jours, le jeûne reçu dans l’Église de tradition apostolique, serait obligatoire pour tous. Il construisit la basilique de Sainte Marie du Transtévère et agrandit un ancien cimetière sur la voie Appienne, où beaucoup de saints Prêtres et Martyrs avaient été ensevelis, et qu’on appela depuis cimetière de Calixte.
Cinquième leçon. Ce fut aussi par une inspiration de sa piété, qu’il eut soin de faire rechercher le corps du Prêtre et Martyr Callépode, qui avait été jeté dans le Tibre, et, quand on l’eut trouvé, de le faire ensevelir avec honneur. Ayant baptisé Palmatius, personnage consulaire, et Simplicius, illustre sénateur, ainsi que Félix et Blanda, qui, plus tard, subirent tous le martyre, il fut incarcéré, et, dans sa prison, guérit d’une manière merveilleuse le soldat Privatus, qui était couvert d’ulcères, et le gagna au Christ. Bientôt après, ce soldat frappé jusqu’à la mort à coups de fouets plombés, succomba pour Celui dont il venait de recevoir la foi.
Sixième leçon. Calixte occupa le Saint-Siège cinq ans, un mois et douze jours. En cinq ordinations, au mois de décembre, il ordonna seize Prêtres, quatre Diacres et sacra huit Évêques. Après lui avoir fait endurer la faim et subir de nombreuses fustigations, on le précipita dans un puits. Ainsi couronné du martyre, sous l’empereur Alexandre, il fut déposé, le premier jour des ides d’octobre, dans le cimetière de Callépode, sur la voie Aurélia, au troisième mille au sortir de Rome. Plus tard, on transporta son corps dans la basilique de Sainte-Marie du Transtévère, bâtie par lui, et on le plaça sous le maître autel, où il est l’objet d’une très grande vénération.

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Saint Edouard roi et confesseur

13 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saint Edouard roi et confesseur

Collecte

O Dieu, qui avez couronné de la gloire éternelle le roi Édouard, votre bienheureux Confesseur ; faites, s’il vous plaît, que nous l’honorions sur la terre de manière à mériter de régner avec lui dans les cieux.

Office

Quatrième leçon. Édouard surnommé le Confesseur, était petit-fils de S. Édouard, roi et Martyr, et fut le dernier souverain des Anglo-Saxons. Le Seigneur fit voir dans une extase, à un homme de très grande sainteté nommé Brithuald, qu’Édouard serait roi. Il n’avait que dix ans lorsque les Danois, qui alors dévastaient l’Angleterre le cherchant pour le faire mourir, il fut contraint de s’exiler, et se réfugia chez son oncle, le duc de Normandie. Là, au milieu des séductions du vice, il fit paraître une telle intégrité de vie et une si grande innocence de mœurs, qu’il fut un sujet d’admiration pour tous. On vit même alors éclater en lui une piété admirable envers Dieu et pour les choses divines. Il était d’un caractère très doux et sans aucune ambition du pouvoir ; on rapporte de lui cette parole, qu’il aimait mieux se passer de la royauté, s’il ne pouvait l’obtenir sans carnage et effusion de sang.
cinquième leçon. Après la mort des tyrans qui avaient enlevé à ses frères la vie avec la couronne, il fut rappelé dans sa patrie et mis en possession du trône, d’après les vœux et aux applaudissements de tous. Il s’appliqua tout entier à faire disparaître les traces de ressentiments et d’inimitiés. Commençant par les choses saintes et par les églises, dont il réédifia ou restaura les unes, enrichit les autres de revenus et de faveurs, il mit ses plus grands soins à relever et faire refleurir la religion. Poussé par les grands du royaume à se marier, il conserva avec son épouse la virginité dans l’état du mariage : les écrivains sont d’accord pour l’affirmer. Il avait tant de foi et d’amour envers Jésus-Christ que plusieurs fois, pendant la célébration des saints Mystères, il mérita de le voir apparaître, le visage empreint de douceur divine. Partout on l’appelait le père des orphelins et des indigents, et jamais il n’était plus joyeux que lorsqu’il avait épuisé les trésors royaux à soulager les pauvres.
Sixième leçon. Doué du don de prophétie, il prévit surnaturellement plusieurs faits à venir concernant l’état de l’Angleterre, et, chose remarquable entre toutes, il connut par inspiration divine, au moment même où elle arrivait, la mort de Suénon, roi des Danois, qui fut submergé en s’embarquant pour aller faire invasion en Angleterre. Édouard eut pour saint Jean l’Évangéliste un culte particulier, et il avait coutume de ne rien refuser de ce qu’on sollicitait de lui en son nom. Saint Jean, sous les haillons d’un pauvre, lui ayant un jour demandé l’aumône, le roi, dépourvu d’argent, prit l’anneau qu’il portait au doigt et le lui donna ; mais peu de temps après, le saint Apôtre le lui rendit en l’avertissant de sa fin prochaine. Le roi demanda donc aussitôt des prières, et le jour des nones de janvier, jour qu’avait prédit l’Évangéliste, il mourut très saintement, l’an du Seigneur mil soixante-six. Des miracles ayant jeté sur lui de l’éclat, le Pape Alexandre III, au cours du siècle suivant, le mit au nombre des Saints. Innocent XI ordonna d’honorer sa mémoire dans toute l’Église par un Office public, et cela, au jour même où, trente-six ans après sa mort, son corps, dans la translation qu’on en fit, fut trouvé exempt de corruption et exhalant une suave odeur.

Saint Edouard roi et confesseur

Sixième apparition
Voici le récit de la dernière apparition, celle du 13 octobre :

«Lorsque nous sommes arrivés à la Cova da Iria, près du chêne vert, une injonction intérieure m'a poussée à demander à la foule de fermer les parapluies, avant que nous ne récitions le chapelet. Peu après, nous avons vu le reflet de la lumière, puis Notre-Dame au-dessus du chêne vert.

_ Que voulez-vous de moi ?

_ Je veux te dire que l'on fasse construire ici une chapelle en mon honneur, que je suis Notre-Dame du Rosaire, que l'on continue à réciter le chapelet tous les jours. La guerre va finir et les militaires rentreront bientôt chez eux.

_ J'avais beaucoup de choses à vous demander : de guérir des malades, de convertir des pécheurs, etc.

_ Les uns, oui, les autres, non. Il faut qu'ils se corrigent, qu'ils demandent pardon pour leurs péchés.

Et prenant un air plus triste :

_ Qu'ils n'offensent pas davantage Dieu, Notre-Seigneur, qui est déjà très offensé.

Ouvrant alors les mains, elle les fit se refléter dans le soleil, puis, pendant qu'elle s'élevait, le reflet de sa propre lumière continua à se projeter dans le soleil.

Tel fut le motif pour lequel je me suis exclamée, en leur demandant de regarder vers le soleil. Mon but n'était pas d'attirer l'attention de la foule vers cette direction, puisque je ne me rendais même pas compte de sa présence : je l'ai fait seulement à cause d'une impulsion intérieure qui m'y a incitée.

Voici qu'allait se produire le miracle du soleil, promis trois mois plus tôt, comme preuve de la véracité des apparitions de Fatima. La pluie cessa et le soleil tourna trois fois sur lui-même, lançant de tous côtés des faisceaux de lumière de diverses couleurs : jaune, lilas, orangé et rouge. À un moment donné, il parut se détacher du firmament et tomber sur la foule qui cria terrorisée. Après un prodige de dix minutes, le soleil reprit son aspect normal.

Le 18 décembre 1917, le Dr José Maria Proença de Almeida Garret, témoin direct, décrivit ainsi ce qu'il avait contemplé :
«Quelques instants plus tôt, le soleil avait percé victorieusement l'épaisse couche de nuages qui l'avait caché, pour briller clairement et intensément. Je me suis retourné vers cet aimant qui attirait tous les regards et j'ai pu le voir semblable à un disque au bord net et à l'arête vive, lumineuse et luisante, mais qui ne faisait pas mal aux yeux... Il ne ressemblait en rien à la lune d'une nuit transparente et pure, parce que l'on voyait et sentait qu'il s'agissait d'un astre vivant... On ne pouvait pas non plus le confondre avec le soleil visible par temps de brouillard (d'ailleurs inexistant ce jour-là) puisqu'il n'était pas opaque, diffus ou voilé. À Fatima, le temps était chaud et ensoleillé.
Ce qui fut merveilleux, c'est que pendant un long moment, nous avons pu scruter l'astre, flamme de lumière et braise de chaleur, sans la moindre douleur oculaire et sans qu'aucun éblouissement ne nous aveugle. Ce disque nacré était animé d'un mouvement étourdissant... Il tournait sur lui-même à une vitesse vertigineuse.
Tout à coup, on entendit une clameur, comme un cri d'angoisse montant de la foule. Le soleil, conservant sa vitesse de rotation, se détacha du firmament et, sanguinaire, il prit la direction de la Terre, menaçant de nous écraser sous le poids de son énorme meule de feu. Ces secondes furent terrifiantes...
Tous ces événements, je les ai observés personnellement et sereinement, sans émotion ni agitation... Ce phénomène a dû s'étaler sur environ dix minutes.»

Pendant ce temps, les pastoureaux eurent droit à d'autres visions.

«Notre-Dame une fois disparue dans l'immensité du firmament, nous vîmes saint Joseph près du soleil avec l'Enfant-Jésus et Notre-Dame vêtue de blanc avec un manteau bleu. Saint Joseph et l'Enfant-Jésus paraissaient bénir le monde, avec les gestes en forme de croix qu'ils faisaient de la main.

Peu après, une fois dissipée l'image de cette apparition, je vis Notre-Seigneur et Notre-Dame (qui pour moi ressemblait à Notre-Dame des Douleurs). Notre-Seigneur semblait bénir le monde de la même manière que saint Joseph. Cette apparition s'évanouit à son tour et il m'a semblé voir de nouveau Notre-Dame sous une forme proche de Notre-Dame du Carmel.»

 

GRÂCES À DEMANDER À NOTRE-DAME DE FATIMA

Le 22 août 1987, Mgr Marcel Lefebvre, entouré de très nombreux prêtres et de 2000 fidèles, se rendait en pèlerinage à Fatima. Au cours de la messe solennelle, l’archevêque consacra la Russie au Cœur Immaculé de Marie et prononça cette magnifique homélie, reflet de sa dévotion envers Celle qui est Mère de l’Église.

Rendons grâces au bon Dieu et à la Très Sainte Vierge Marie d’avoir pu nous réunir, aujourd’hui, en cette fête de son Cœur Immaculé, pour chanter ses louanges, pour essayer pendant quelques instants, pendant quelques jours, de vivre de notre foi. Car si la Vierge Marie a voulu venir sur cette terre du Portugal, à Fatima, si Elle a voulu apparaître à ces quelques enfants pour leur donner un message pour le monde, c’est bien parce qu’Elle désirait que nos âmes s’élèvent vers le ciel.

Alors, essayons, mes bien chers frères, de nous remettre dans l’ambiance où se trouvaient ces petits pâtres, comme les personnes qui sont venues les entourer chaque 13 du mois en cette année 1917, jusqu’au mois d’octobre où eut lieu ce miracle extraordinaire, ici même. Ici même, car, dit-on, ce miracle s’est vu à 40 kilomètres autour de Fatima, par conséquent, si nous avions été présents ce jour du 13 octobre 1917, nous aurions vu ce phénomène extraordinaire du soleil tournoyant, lançant des feux de toutes les couleurs, inondant de ses couleurs magnifiques toute la région. Et cela pendant trois fois dix minutes ! Enfin le soleil descendant comme du ciel pour se rapprocher des fidèles qui étaient présents, pour manifester la vérité de l’apparition de la Très Sainte Vierge Marie à ces enfants de Fatima.

Pour que nos âmes soient sauvées

Encore une fois, pourquoi cette apparition de la Très Sainte Vierge Marie ? C’est pour que nos âmes soient sauvées, c’est pour que nos âmes aillent la rejoindre un jour au ciel. En quelques tableaux extraordinaires, Elle a manifesté à ces enfants de Fatima toute la réalité de notre foi. En effet, les enfants l’ont admirée et l’ont admirée de telle sorte qu’ils étaient comme en extase, ravis, enlevés, ne sachant comment exprimer la beauté de la Très Sainte Vierge Marie. On avait beau essayer de leur donner des comparaisons, aucune comparaison ne pouvait être donnée devant la beauté de la Vierge Marie qu’ils avaient vue.

Et puis ce n’est pas seulement la Vierge Marie qui s’est manifestée. Elle a voulu leur manifester quelque chose du ciel : saint Joseph portant Notre Seigneur dans ses bras et bénissant le monde. Elle a voulu se présenter aussi sous l’image de Notre-Dame du Mont-Carmel, de Notre-Dame des Douleurs et généralement Elle se présentait comme Notre-Dame du Rosaire. C’est parce qu’Elle a voulu inculquer aux enfants la nécessité du rosaire, la nécessité de souffrir avec Notre Seigneur Jésus-Christ, Notre-Dame des Douleurs. Ainsi Elle a voulu manifester ses sentiments intérieurs afin de les communiquer à ces enfants et que ces enfants, à leur tour, communiquent ces sentiments à tous ceux qui auront l’occasion d’écouter leur message. Puis, c’est l’archange saint Michel qui s’est présenté à eux.

Notre Dame leur a parlé également des âmes du purgatoire, lorsque Lucie l’interrogeait pour demander où est telle âme, où est telle personne qui est morte : est-elle au ciel, au purgatoire ? Elle leur disait quelquefois : « Non cette dame n’est pas encore au ciel, elle est au purgatoire ». Elle a voulu aussi leur montrer la réalité de l’enfer. C’est donc ici même, dans ces régions, que la Très Sainte Vierge a voulu montrer ce qu’était l’enfer à ces enfants horrifiés, afin de les encourager à faire pénitence, afin de les encourager à prier pour sauver les âmes, manifestant ainsi que le Cœur Immaculé de Marie est tout entier tourné vers la gloire de son divin Fils et vers le salut des âmes. Sauver les âmes, les faire aller au ciel. C’est donc tout notre catéchisme en quelque sorte que ces enfants ont vu en image, et cela par la grâce de la Très Sainte Vierge Marie.

Prier et faire pénitence

Alors, essayons de nous mettre dans cette ambiance aussi aujourd’hui, car ce qui s’est passé en 1917 est vrai encore aujourd’hui, et peut-être encore plus qu’en ce temps-là, parce que la situation du monde est encore pire maintenant qu’elle ne l’était en 1917. La foi disparaît, l’athéisme fait des progrès partout, et la Très Sainte Vierge Elle-même l’a annoncé. Car si Elle a voulu montrer une vision du ciel, Elle a voulu aussi parler de la terre. Elle a dit en substance à ces enfants : « Il faut prier, il faut faire pénitence afin d’arrêter les effets néfastes de cette erreur épouvantable qu’est le communisme qui dominera le monde, si l’on ne fait pas pénitence et si l’on ne prie pas et si l’on ne réalise pas ma volonté », volonté qui était de diffuser les secrets qu’elle a donnés à Lucie.

Hélas, nous sommes bien obligés de constater que ces secrets n’ayant pas été diffusés, l’erreur du communisme se répand partout ! Alors, efforçons-nous, mes bien chers frères, de nous mettre dans cette ambiance, dans ces dispositions pour partager les convictions de ces enfants, pour nous unir au Cœur de Marie, pour que notre cœur brûle des désirs qui étaient dans le Cœur de la Très Sainte Vierge Marie et qui y sont encore aujourd’hui, désirs du règne de son Fils.

Que peut-Elle vouloir d’autre que de voir régner son divin Fils sur le monde entier, sur les âmes, sur les familles et sur les sociétés, comme Il règne au ciel ? C’est pourquoi Elle vient sur la terre, pour nous supplier, chacun d’entre nous : « Il faut que Jésus règne sur vous ». Elle le veut, Elle le désire et Elle nous donne les moyens.

Le premier moyen, c’est la prière. « Il faut prier ». La Sainte Vierge ne cessait de répéter cela à Lucie, car Lucie lui posait la question chaque fois : « Madame, lui disait-elle, que voulez-vous de moi, qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? » Belle question ! Il ne peut pas y avoir de meilleures dispositions. Est-ce que c’est aussi notre disposition ? Marie ! Que voulez-vous que nous fassions ? Alors Marie disait : « Il faut prier, prenez votre chapelet, récitez tous les jours votre chapelet pour vous sanctifier et pour sauver les âmes, pour sauver les âmes des pécheurs ». Elle a répété cela chaque fois qu’elle est venue. Elle les a aussi encouragés à la Sainte Communion, à la Sainte Eucharistie, puisqu’elle a même permis que l’ange vienne donner la communion à ces enfants. Marie peut-elle vouloir autre chose que de nous donner son Fils, de nous donner Jésus dans nos cœurs.

Pour que nous gardions la foi et la grâce dans nos âmes

Et puis pourquoi ces secrets ? La Très Sainte Vierge dans son amour pour nous, dans sa condescendance pour nous, a voulu nous mettre en garde. Elle a voulu nous annoncer des événements futurs, afin de nous permettre de garder notre foi, de garder la grâce dans nos âmes. Voilà pourquoi elle a donné ses secrets. Si la Très Sainte Vierge a demandé à Lucie de diffuser le troisième secret à partir de 1960 – et que ce secret soit diffusé par le pape –, ce n’était pas sans raison : c’est parce qu’elle savait qu’après 1960, des événements très graves devaient traverser l’histoire de la Sainte Église. Elle voulait nous mettre en garde, et elle voulait mettre en garde les autorités de l’Église, afin d’éviter ces malheurs, afin d’éviter que la foi se perde et que les âmes se perdent. Ainsi nous sommes avertis, nous savons qu’après 1960, des événements graves doivent traverser l’histoire de l’Église et particulièrement eu égard aux responsables de l’Église. C’est pro­bablement pour cela, malheureusement, que les responsables de la Sainte Église n’ont pas voulu diffuser le secret. Ils ont pensé que cette diffusion n’était pas opportune. Grand mystère, mes bien chers frères, grand mystère !

Alors, voyez-vous, si la Très Sainte Vierge Marie veut que nous ayons dans nos âmes des dispositions d’amour du Bon Dieu, dispositions de prière, dispositions de nous unir à Notre Seigneur dans la Sainte Eucharistie, dispositions de nous sacrifier pour les pécheurs de ce monde, eh bien, demandons aujourd’hui cette grâce.

Mystère de la situation de Rome aujourd’hui

Vous voilà ici réunis auprès de la Vierge Marie de Fatima, ayant dans vos cœurs les dispositions de ces petits enfants qui ont reçu la Très Sainte Vierge Marie et qui l’ont vue : demandez, demandons à la Très Sainte Vierge Marie de dénouer ce mystère, qu’Elle vienne à notre secours. Grand mystère de Rome, grand mystère de la situation dans la papauté d’aujourd’hui.

On nous demande souvent : ne déchirez pas l’Église, ne divisez pas l’Église, ne faites pas de schisme ; mais, mes bien chers frères, dites-moi : où est l’unité de l’Église ? qu’est-ce qui fait l’unité de l’Église ? Ouvrez tous les livres de théologie, ouvrez tous les livres des saints, ouvrez tous les livres des docteurs et des théologiens, ce qui fait l’unité de l’Église, c’est l’unité de la foi. On se sépare de l’Église dès lors qu’on n’a plus la foi catholique. Voilà ! Et toute personne investie de pouvoirs dans l’Église depuis que Notre Seigneur l’a fondée, toute personne qui a quelques pouvoirs dans l’Église et particulièrement tous les clercs, et particulièrement les évêques, et spécialement le pape, tous sont au service de cette unité, sont au service de cette foi : « Allez enseigner l’Évangile », pas un autre Évangile, pas n’importe quel Évangile : « Allez enseigner l’Évangile. » Soyez au service de ce message que je vous ai donné, mais il ne faut pas changer le message.

Alors, nous qui gardons précieusement toute la foi, pour rien au monde nous ne voudrions enlever un iota, la moindre parcelle de notre foi, nous voulons la garder intacte, absolument intacte. Et c’est parce que nous voulons garder cette unité de la foi que ceux qui sont en train de la perdre nous persécutent. Voilà la véritable situation actuelle dans laquelle nous nous trouvons, situation mystérieuse, probablement annoncée par Notre-Dame de Fatima dans son troisième secret, disant que ceux qui voudront rester catholiques seront persécutés par ceux qui ayant l’autorité dans l’Église, s’écartent de la foi ; et s’écartant de la foi, ils voudraient nous entraîner avec eux. Parce que nous leur désobéissons en ne voulant pas perdre la foi avec eux, ils nous persécutent. Mais Notre Seigneur l’a dit, il a prédit qu’il y aurait de mauvais pasteurs et que nous ne devons pas suivre les mauvais pasteurs, nous devons suivre les bons pasteurs. Voilà le mystère que nous vivons aujourd’hui.

Alors demandons à la Sainte Vierge de nous dénouer ce mys­tère, c’est un martyre pour vous, pour nous, pour tous ceux qui vivent dans cette époque, un vrai martyre moral, peut-être pire que le martyre du sang, de constater que ceux qui devraient prêcher, défendre la foi catholique pour l’unité de l’Église, abandonnent cette foi catholique et cherchent à être bien avec le monde, avec les principes modernes, avec les principes de cette société qui est dirigée plus par Satan que par le bon Dieu.

Demander la grâce de la fidélité

Prenons la résolution, ici, aux pieds de la Sainte Vierge Marie, et demandons-lui la grâce de garder la foi, de demeurer catholiques jusqu’à la fin de nos jours, d’avoir cette grâce de la persévérance finale dans la foi catholique. Pourquoi tous les martyrs ont-ils versé leur sang ? Pour garder la foi. S’il nous faut être martyrs, si nous devons non pas être des martyrs du sang, mais des martyrs dans nos âmes, dans nos cœurs, dans nos esprits, eh bien ! nous serons martyrs, et nous serons les héritiers de ceux qui ont versé leur sang pour ne pas renier leur foi.

Voilà ce que nous devons promettre à la Très Sainte Vierge Marie et essayer de faire comprendre à tous ceux qui nous entourent afin qu’ils ne perdent pas la foi... de peur que, perdant la foi, ils ne perdent leur âme. Voilà, mes bien chers frères, les résolutions que nous devons prendre aujourd’hui, prier, nous sacrifier, faire le sacrifice de notre vie, offrir notre vie pour la rédemption du monde, pour le salut des âmes, pour le salut de nos âmes, le salut des âmes de nos familles, des membres de notre famille.

Et demander que l’Église retrouve sa splendeur

Et demandez enfin le renouveau de la Sainte Église Catholique : que l’Église retrouve sa splen­deur, que l’Église retrouve son unité dans la foi, que l’Église retrouve ses milliers et milliers de vocations religieuses comme autrefois, que de nouveau les noviciats se remplissent, que les séminaires se remplissent pour garder la foi catholique, pour vivre la foi catholique ! C’est ce que nous nous efforçons de faire, mes bien chers frères, avec ceux que vous voyez ici présents, ces jeunes prêtres, ces jeunes séminaristes. Dès lors qu’on veut garder la foi, dès lors qu’on veut garder le sacrifice de la messe et la véritable eucharistie, dès lors qu’on est dévoué corps et âme à l’Église, il y a des vocations, parce que nous sommes dans la vérité. Demandons à la Très Sainte Vierge Marie de bénir nos séminaires, de bénir nos jeunes prêtres afin qu’ils soient des apôtres ; de bénir nos religieuses, les sœurs de la Fraternité, toutes les sœurs qui se dévouent dans la Tradition, les carmélites, les dominicaines, les bénédictines..., toutes ces religieuses qui veulent garder la foi catholique et qui veulent la répandre.

Et que la Vierge Marie daigne nous bénir afin que nous puissions continuer courageusement malgré les épreuves à servir au règne de son Divin Fils. Adveniat regnum tuum, que votre règne arrive, oui, ô Seigneur Jésus, que votre règne arrive sur les personnes, sur les familles et sur les sociétés, afin que ce règne se continue dans l’éternité !

 

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Maternité de la Vierge Marie

11 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Maternité de la Vierge Marie

Collecte

O Dieu, vous avez voulu qu’à l’annonce de l’Ange, le Verbe votre Fils prenne chair dans le sein de la bienheureuse Vierge Marie : accordez à ceux qui vous supplient, et qui croient qu’elle est vraiment la Mère de Dieu, qu’elle nous secoure par son intercession.

Lecture Ec. 24, 23-31

Comme la vigne j’ai poussé des fleurs d’une agréable odeur, et mes fleurs donnent des fruits de gloire et d’abondance. Je suis la mère du bel amour, de la crainte, de la science et de la sainte espérance. En moi est toute la grâce de la voie et de la vérité ; en moi est toute l’espérance de la vie et de la vertu. Venez à moi, vous tous qui me désirez, et rassasiez-vous de mes fruits ; car mon esprit est plus doux que le miel, et mon héritage plus suave que le rayon de miel. Ma mémoire passera dans la suite des siècles. Ceux qui me mangent auront encore faim, et ceux qui me boivent auront encore soif. Celui qui m’écoute ne sera pas confondu, et ceux qui agissent par moi ne pécheront point. Ceux qui me mettent en lumière auront la vie éternelle.

Évangile Lc. 2, 42-52

En ce temps-là : Tandis que ses parents s’en retournaient, l’enfant Jésus resta à Jérusalem, et ses parents ne s’en aperçurent pas. Pensant qu’il était avec la caravane, ils marchèrent tout un jour, puis ils le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances. Ne l’ayant point trouvé, ils s’en retournèrent à Jérusalem en le recherchant. Or, au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et tous ceux qui l’entendaient étaient ravis de son intelligence et de ses réponses. En le voyant, ils furent stupéfaits, et sa mère lui dit : "Mon enfant, pourquoi nous avez-vous fait cela ? Voyez, votre père et moi, nous vous cherchions tout affligés." Et il leur répondit : "Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être dans les choses de mon Père ?" Mais ils ne comprirent pas la parole qu’il leur dit. Et il descendit avec eux, et il vint à Nazareth, et il leur était soumis.

Office

AU PREMIER NOCTURNE
Du livre de l’Ecclésiastique
Première leçon.Je suis sortie de la bouche du Très-Haut, la première engendrée avant toute créature. Dans les cieux j’ai fait surgir une lumière sans fin, et comme une vapeur j’ai couvert la terre. Au plus haut des cieux j’ai ma demeure, et mon trône, sur la colonne de nuée. Seule j’ai fait le tour du cercle des cieux, j’ai parcouru la profondeur des abîmes. Dans les flots de la mer j’ai marché, sur la terre entière j’ai séjourné, sur tout peuple et toute nation j’ai dominé. Les cœurs de tous, des grands et des petits, je les ai soumis par ma puissance. En toute choses, j’ai cherché du repos, et c’est dans l’héritage du Seigneur que je demeurerai.
Deuxième leçon.Alors a ordonné et m’a parlé le Créateur de l’univers ; et celui qui m’a créée a reposé dans mon tabernacle, et il m’a dit : Habite dans Jacob, et en Israël place ton héritage, et au milieu de mes élus, étends tes racines. Dès le commencement et avant tous les siècles, j’ai été créée, et jusqu’au siècle futur je ne cesserai pas d’être, et dans l’habitation sainte, j’ai exercé devant lui mon ministère. Et ainsi dans Sion j’ai été affermie, et dans la cité sainte je me suis reposée ; et dans Jérusalem est ma puissance. Et j’ai pris racine dans le peuple que le Seigneur a honoré, et dans la part de Dieu, [laquelle est] son héritage ; et dans l’assemblée entière des saints est ma demeure.
Troisième leçon. Comme un cèdre, je me suis élevée sur le Liban, et comme un cyprès sur la montagne de Sion ; comme un palmier, je me suis élevée à Cadès, et comme des rosiers à Jéricho ; je me suis élevée comme un bel olivier dans les champs, et comme un platane sur le bord de l’eau, dans les places publiques. Comme le cinnamome et le baume aromatique, j’ai répandu une odeur ; comme la myrrhe de choix, j’ai exhalé une odeur suave ; et comme le storax, le galbanum, l’onyx, le stacté, et comme le Liban qui sort sans incision, j’ai rempli de vapeur mon habitation et comme un baume non mélangé est mon odeur. Moi, comme un térébinthe, j’ai étendu mes rameaux, et mes rameaux sont d’honneur et de grâce.

AU DEUXIÈME NOCTURNE
Sermon de saint Léon, pape
Quatrième leçon. Une vierge, issue de la race royale de David, est choisie pour porter en elle le germe saint, à la fois divin et humain, qu’elle conçut dans son esprit, avant même de le concevoir en son corps. De peur que, si elle eût ignoré le dessein divin, elle n’eût été effrayée de ses conséquences inattendues, elle apprit de la bouche d’un ange ce que l’Esprit-Saint allait opérer en elle. Celle qui allait devenir la mère de Dieu ne craignit pas que ce ne fût au détriment de sa pudeur. Comment n’eut-elle pas espéré une conception insolite, celle à qui était promise l’efficacité de la puissance du Très-Haut ? La foi de l’âme croyante est encore confirmée par un précèdent miracle : à Élisabeth est donnée une fécondité inespérée ; ainsi ne pourrait-on douter que celui qui avait donné à une femme stérile la possibilité de concevoir, ne l’octroyât aussi à une vierge. Donc, le Verbe de Dieu, Dieu lui-même, fils de Dieu "qui était au commencement auprès de Dieu, par qui tout a été fait et rien sans lui" s’est fait homme pour libérer l’homme de la mort éternelle.
Cinquième leçon. Jésus Christ, notre Seigneur, descend de son trône du ciel pour pénétrer notre misère, sans pourtant quitter la gloire de son Père, en des conditions tout à fait nouvelles et d’une manière inusitée. Dans des conditions nouvelles, puisque invisible en soi, il se rend visible à nous, incompréhensible, il accepte d’être appréhendé, éternel, il commence à exister dans le temps. — D’une manière inusitée, puisque conçu et né d’une vierge sans la participation d’un homme et sans que soit faite injure à l’intégrité de sa mère. Une telle naissance convenait en effet au futur Sauveur des hommes qui, tout en revêtant la substance de la nature humaine, ignorerait les souillures de la chair. Il serait différent de nous par l’origine, mais semblable par la nature. Nous le croyons, cette naissance fut en dehors du cours normal de la génération humaine, mais elle s’appuya sur la puissance de Dieu, puisque la virginité de la mère demeura intacte dans la conception, l’enfantement et la suite des temps.
Sixième leçon. En l’an 1931, aux applaudissements de tout l’univers catholique, on célébrait le quinzième centenaire du concile d’Éphèse, au cours duquel la bienheureuse Vierge Marie, de qui est né Jésus, fut proclamée, contre l’hérésie de Nestorius, Mère de Dieu par les Pères en union avec le Pape Célestin ; le Souverain Pontife Pie XI voulut que le souvenir de cet heureux événement fut perpétué par un témoignage constant de sa piété. Il existait à Rome un monument glorieux de la proclamation d’Éphèse, l’arc triomphal de la basilique de Sainte-Marie-Majeure, sur l’Esquilin, orné par son prédécesseur Sixte III d’admirables mosaïques, mais détérioré par l’injure du temps ; il le fit heureusement restaurer à ses frais, ainsi que l’aile transversale de la basilique. Il décrivit dans une lettre encyclique la vraie physionomie du concile œcuménique d’Éphèse et exposa abondamment et avec piété le privilège ineffable de la Maternité divine de la bienheureuse Vierge Marie, afin que la connaissance d’un mystère si sublime se gravât plus profondément dans les âmes des fidèles. En même temps il proposa Marie Mère de Dieu, bénie entre toutes les femmes, et la famille de Nazareth, comme un modèle à imiter, illustre entre tous, tant pour la dignité et la sainteté d’un chaste mariage que pour la pieuse éducation de la jeunesse. Enfin, pour que subsistât aussi un monument liturgique, il décréta que la fête de la Maternité divine de la bienheureuse Vierge Marie serait célébrée chaque année le 11 octobre par l’Église universelle, sous le rite double de deuxième classe, avec une Messe et un office propres.
 

AU DEUXIÈME NOCTURNE

Homélie de saint Bernard, abbé
Septième leçon. Marie donne au Dieu et Seigneur des anges le nom de "fils" : "Mon fils, pourquoi nous as-tu fait cela ?" Quel est l’ange qui oserait en dire autant ? Il leur suffit, et ils le tiennent déjà pour un grand honneur, d’être promus et appelés "anges" par grâce, alors qu’ils sont par nature des esprits, au témoignage de David : "des esprits, le Seigneur fait ses anges". Mais Marie sait qu’elle est sa mère et, en toute simplicité, elle appelle son fils celui que les anges servent avec respect. Quant à Dieu, il ne dédaigne pas de recevoir le titre de ce qu’il a daigné être. Peu après, l’évangéliste ajoute : "Et il leur était soumis". Qui ? — A qui ? — Dieu à des hommes ! Dieu, dis-je, dont les anges sont les sujets, à qui obéissent Principautés et Puissances, c’est à Marie qu’il se soumet !
Huitième leçon. Des deux merveilles, laquelle faut-il admirer davantage ? La condescendance toute d’amour du Fils ou la dignité si remarquable de sa Mère ? Toutes deux provoquent la stupeur car elles sont toutes deux un prodige. Dieu obéit à une femme : humilité sans exemple ! Une femme commande à Dieu : sublimité sans pareille ! Comme un privilège des vierges, le Cantique assure qu’« elles suivent l’Agneau partout où il va ». De quelles louanges, pensez-vous sera digne celle qui même le précède ? Apprends, homme, l’obéissance ! Apprends, limon, la soumission ! Apprends, poussière, l’humble dépendance ! C’est en parlant de ton Créateur que l’évangéliste dit : "Et il leur était soumis". Rougis, cendre imbibée d’orgueil ! Dieu s’abaisse pendant que tu t’élèves ! Dieu se soumet aux hommes et toi, n’aspirant qu’à les dominer, tu veux prendre rang au-dessus de ton Créateur !
Neuvième leçon. Heureuse Marie à qui n’ont manqué ni l’humilité ni la virginité ! Singulière virginité que la fécondité, au lieu d’y apporter atteinte, a magnifiée ! Humilité non moins notable, que cette féconde virginité, au lieu de l’éteindre, a exaltée ! Incomparable fécondité enfin qu’accompagnent la virginité et l’humilité ! Tout n’est-il pas ici admirable, inégalable, inouï ? Il serait étonnant que vous n’hésitiez pas pour savoir ce qui vous paraît le plus digne d’admiration : la fécondité chez une vierge ou la virginité chez une mère, l’élévation que cause un tel enfantement ou l’humilité qui lui est jointe ? A moins que, sans doute, tout cela ne vous semble en même temps préférable et que vous ne pensiez incomparablement meilleur et heureux de recevoir à la fois tous ces bienfaits. D’ailleurs, quoi d’étonnant à ce que Dieu qui, nous le lisons, "est admirable dans ses saints", se montrât plus admirable encore en sa Mère ? Vénérez donc, épouses, l’intégrité de sa chair dans une chair corruptible et vous, vierges consacrées, vénérez la fécondité dans une vierge. Vous tous, qui que vous soyez, imitez l’humilité de la Mère de Dieu.

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XXème Dimanche après la Pentecôte

10 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

XXème Dimanche après la Pentecôte

Introït

Tout ce que vous nous avez fait, Seigneur, vous l’avez fait par un juste jugement, car nous avons péché contre vous et nous n’avons pas obéi à vos commandements ; mais glorifiez votre nom et agissez envers nous selon la multitude de vos miséricordes. Heureux ceux qui sont purs dans leurs voies, qui marchent dans la loi du Seigneur.

Collecte

Laissez-vous fléchir, Seigneur, et accordez à vos fidèles le pardon et la paix, afin qu’ils soient purifiés de toutes leurs fautes, et qu’ils vous servent avec un cœur rempli de confiance.

Épitre Ep. 5, 15-21

Mes frères, ayez soin de vous conduire avec circonspection, non comme des insensés, mais comme des sages ; rachetant le temps, parce que les jours sont mauvais. C’est pourquoi ne devenez pas inconsidérés mais comprenez quelle est la volonté de Dieu. Et ne vous enivrez pas de vin, c’est de la débauche ; mais remplissez-vous de saint-Esprit, vous entretenant par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant dans vos cœurs au Seigneur ; rendant grâces sans cesse pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ ; vous soumettant les uns aux autres dans la crainte du Christ.

Évangile Jn. 4, 46-53

En ce temps-là, il y avait un officier du roi, dont le fils était malade à Capharnaüm. Ayant appris que .Jésus venait de Judée en Galilée, il alla auprès de lui, et le pria de descendre, et de guérir son fils, qui était près de mourir. Jésus lui dit : Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croyez point. L’officier lui dit : Seigneur, descendez avant que mon fils meure. Jésus lui dit : Va, ton fils vit. Cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite, et il s’en alla. Comme déjà il descendait, ses serviteurs vinrent au-devant de lui, et lui annoncèrent que son fils vivait. Il leur demanda l’heure à laquelle il s’était trouvé mieux ; et ils lui dirent : Hier, à la septième heure, la fièvre l’a quitté. Le père reconnut que c’était à cette heure-là que Jésus lui avait dit : Ton fils vit ; et il crut, lui, et toute sa maison.

Secrète

Nous vous en supplions, Seigneur, faites que ces mystères nous soient un remède céleste et purifient notre cœur de ses vices.

Postcommunion

Afin que nous soyons rendus dignes de participer à vos dons sacrés, faites, nous vous en supplions, Seigneur, que nous obéissions toujours à vos préceptes.

Office

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Septième leçon. La lecture du saint Évangile que vous venez d’entendre, frères, n’a pas besoin d’explication ; mais pour ne pas sembler la passer sous silence, disons un mot d’exhortation plutôt que d’explication. Je ne vois rien que nous devions expliquer, sauf ceci : pourquoi celui qui était venu demander le salut pour son fils s’est-il entendu dire : « Si vous ne voyez des signes et des prodiges vous ne croirez pas » ? Il est évident que celui qui cherchait à sauver son fils croyait. Autrement, aurait-il cherché le salut auprès de quelqu’un qu’il ne croyait pas être Sauveur ? Pourquoi, donc, est-il dit : « Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croirez pas », à celui qui a cru avant d’avoir vu des miracles ?

Huitième leçon. Rappelez-vous ce qu’il a demandé alors vous verrez plus clairement qu’il a douté dans sa foi. Car il lui demanda de « descendre et de guérir son fils ». Donc il cherchait la présence corporelle du Seigneur qui, par son esprit était présent partout. C’est en cela qu’il n’a pas cru assez en celui qu’il n’a pas estimé capable de rendre le salut s’il n’était pas présent corporellement. S’il avait cru parfaitement, il aurait tenu pour certain qu’il n’y a pas de lieu où Dieu ne soit.

Neuvième leçon. Il a donc grandement manqué de confiance parce qu’il n’a pas rendu honneur à la majesté, mais à la présence corporelle. Il demanda donc le salut de son fils, et cependant il douta dans sa foi. Il crut celui à qui il était venu puissant pour guérir, pourtant il l’estima éloigné de son fils mourant. Mais le Seigneur qui est prié de venir montre qu’il n’est pas absent du lieu où il est invité : par son seul commandement il rendit le salut, lui qui par sa volonté a tout créé.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

ÉPÎTRE.

L’approche de la consommation des noces du Fils de Dieu coïncidera ici-bas avec un redoublement des fureurs de l’enfer pour perdre l’Épouse. Le dragon de l’Apocalypse, l’ancien serpent séducteur d’Ève, vomissant comme un fleuve sa bave immonde, déchaînera toutes les passions pour entraîner la vraie mère des vivants sous l’effort. Cependant il sera impuissant à souiller le pacte de l’alliance éternelle ; et, sans forces contre l’Église, il tournera sa rage contre les derniers fils de la nouvelle Ève, réservés pour l’honneur périlleux des luttes suprêmes qu’a décrites le prophète de Pathmos. C’est alors surtout que les chrétiens fidèles devront se souvenir des avis de l’Apôtre, et se conduire avec la circonspection qu’il recommande, mettant tous leurs soins à garder pure leur intelligence non moins que leur volonté, dans ces jours mauvais. Car la lumière n’aura point alors à subir seulement les assauts des fils de ténèbres étalant leurs perverses doctrines ; elle sera plus encore, peut-être, amoindrie et faussée par les défaillances des enfants de lumière eux-mêmes sur le terrain des principes, par les atermoiements, les transactions, l’humaine prudence des prétendus sages. Plusieurs sembleront ignorer pratiquement que l’Épouse de l’Homme-Dieu ne peut succomber sous le choc d’aucune force créée. S’ils se souviennent que le Christ s’est engagé à garder lui-même son Église jusqu’à la fin des siècles

, ils n’en croiront pas moins faire merveille en apportant à la bonne cause le secours d’une politique dont les concessions ne seront pas toujours pesées suffisamment au poids du sanctuaire : sans songer que le Seigneur n’a point besoin, pour l’aider à tenir sa promesse, d’habiletés détournées ; sans se dire surtout que la coopération qu’il daigne accepter des siens, pour la défense des droits de l’Église, ne saurait consister dans l’amoindrissement ou la dissimulation des vérités qui font la force et la beauté de l’Épouse. Combien oublieront la maxime de saint Paul écrivant aux Romains que se conformer à ce siècle, chercher une adaptation impossible de l’Évangile avec un monde déchristianisé, n’est point le moyen d’arriver à discerner sûrement le bon, le meilleur, le parfait aux yeux du Seigneur ! Aussi sera-ce un grand et rare mérite, en bien des circonstances de ces temps malheureux, de comprendre seulement quelle est la volonté de Dieu, comme le dit notre Épître.

Veillez, dirait saint Jean, à ne point perdre le fruit de vos œuvres ; assurez-vous la pleine récompense qui n’est donnée qu’à la plénitude persévérante de la doctrine et de la foi. Au reste, alors comme toujours, selon la parole de l’Esprit-Saint, la simplicité des justes les conduira sûrement ; l’humilité leur donnera la Sagesse ; et, s’attachant uniquement à cette très noble compagne, ils seront vraiment sages par elle et sauront ce qui plaît au Seigneur. Ils comprendront qu’aspirant comme l’Église à l’union au Verbe éternel, pour eux comme pour l’Église la fidélité à l’Époux n’est autre chose que la fidélité à à la vérité ; car le Verbe, objet de leur commun amour, n’est autre en Dieu que le rayonnement de la vérité infinie. Leur unique soin sera donc toujours de se rapprocher du Bien-Aimé par une ressemblance plus grande avec lui, c’est-à-dire par une reproduction plus complète du vrai dans leurs paroles et leurs actes. Et en cela ils serviront la société comme elle doit l’être, mettant en pratique le conseil du Seigneur qui nous demande de chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et de nous confier en lui pour le reste. Laissant à d’autres la recherche d’humaines et louvoyantes combinaisons, d’incertains compromis destinés, dans la pensée de leurs auteurs, à retarder de quelques semaines, de quelques mois peut-être, le flot montant de la révolution, ils comprendront différemment, pour eux, le conseil de racheter le temps que nous donne l’Apôtre.

L’Époux avait acheté le temps d’un grand prix, pour être employé par ses membres mystiques à la glorification du Très-Haut. Perdu parla multitude dévoyée dans la révolte et l’orgie, les âmes fidèles le rachèteront en donnant une telle intensité aux actes de leur foi et de leur amour, que rien ne soit diminué, s’il se peut, jusqu’au dernier moment, du tribut qu’offrait chaque jour la terre à la Trinité souveraine. Contre la bête à la bouche insolente et pleine de blasphèmes, ils reprendront le cri de Michel contre Satan promoteur de la bête : Qui est comme Dieu !

L’antiquité chrétienne appelait les dernières semaines du Cycle à son déclin : Semaines du saint Ange ; nous avons vu comment, dans un de ces Dimanches, elle chantait l’arrivée du grand Archange au secours du peuple de Dieu, ainsi que Daniel l’avait annoncé pour les derniers jours du monde. Quand donc commenceront les épreuves de la fin, lorsque l’exil dispersera les baptisés et que le glaive s’abattra sur leurs têtes aux applaudissements d’un monde prosterné devant la bête et son image, n’oublions point que nous avons un chef choisi par Dieu, acclamé par l’Église, pour nous conduire dans ces derniers combats où la défaite des saints (4) sera plus glorieuse que les triomphes de l’Église aux jours de sa domination sur le monde. Ce que Dieu alors, en effet, demandera des siens, ce ne sera plus ni le succès de la diplomatie, ni la victoire armée, mais la fidélité à sa vérité, à son Verbe : fidélité d’autant plus franche et plus entière, que la défection sera plus universelle autour de la petite troupe rangée sous la bannière de l’Archange. Proféré par une seule poitrine fidèle avec la vaillance de la foi et l’ardeur de l’amour en de telles circonstances, le cri de saint Michel, une fois déjà vainqueur des infernales légions, honorera plus Dieu que ne l’atteindront les ignobles blasphèmes des millions d’êtres dégradés sectateurs de la bête.

Pénétrons-nous de ces pensées que suggèrent les premières lignes de notre Épître ; comprenons également les autres instructions qu’elle renferme et qui, du reste, ne s’éloignent pas des premières. Pour ce Dimanche où se lisait autrefois l’Évangile des noces du Fils de l’homme et de l’appel à son divin banquet, la sainte Église remarque opportunément, dans l’Épître, combien l’ivresse et les délices des noces sacrées sont différentes des joies mondaines. La sérénité, la pureté, la paix du juste admis dans l’intimité divine, font en son âme un festin continuel dont la Sagesse est le mets savoureux et l’éternelle convive. Laissant le monde à ses mesquins et trop souvent honteux plaisirs, le Verbe et l’âme, qu’il a remplie de l’Esprit-Saint par un mode ineffable, s’unissent pour chanter le Père souverain dans un concert merveilleux, où l’action de grâces et la louange trouvent sans cesse un nouvel aliment. Le hideux spectacle qu’offrira la terre, quand ses habitants se porteront en foule au-devant de la prostituée siégeant sur la bête et leur offrant la coupe d’ignominie, n’empêchera point le ciel de se reposer délicieusement dans la contemplation de ces âmes fortunées. Car les convulsions du monde agonisant, les poursuites de la femme ivre du sang des martyrs, loin de troubler l’harmonie qui s’élève de l’âme unie au Verbe, ne feront que donner plus d’ampleur à ses notes divines, plus de suavité à ses accents humains. « Qui donc, en effet, nous séparera de l’amour de Jésus-Christ ? Sera-ce la tribulation ou l’angoisse ? la faim ou la nudité ? les dangers, la persécution, le glaive ? Oui, sans doute, il est écrit qu’à cause de vous, tous les jours on nous met à mort, qu’on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie ! Mais en tout cela nous sommes vainqueurs, à cause de celui qui nous a aimés. Car je suis sûr que ni la mort, ni la vie, ni anges, ni principautés, ni vertus, ni choses présentes, ni choses futures, ni violence, ni rien de ce qui est dans les hauteurs, ni rien de ce qui est dans les abîmes, ni créature quelconque ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur. »

ÉVANGILE.

L’Évangile est tiré de saint Jean aujourd’hui, pour la première et l’unique fois dans tout le cours des Dimanches après la Pentecôte. Il donne son nom de l’Officier de Capharnaüm au vingtième Dimanche. L’Église l’a choisi parce qu’il n’est pas sans une relation mystérieuse avec l’état du monde, dans les temps auxquels se rapportent prophétiquement les derniers jours du Cycle.

Le monde penche vers sa fin, et lui aussi commence à mourir. Miné par la fièvre des passions dans Capharnaüm, la ville du lucre et des jouissances, déjà il est sans forces pour aller de lui-même au-devant du médecin qui pourrait le guérir. C’est à son père, aux pasteurs qui l’ont engendré dans le baptême à la vie de la grâce, et gouvernent le peuple chrétien comme officiers de la sainte Église, c’est à eux de se rendre auprès du Seigneur et de lui demander le salut du malade. Le disciple bien-aimé nous fait savoir, en tête de son récit, qu’ils trouveront Jésus à Cana, la ville des noces et de la manifestation de sa gloire au banquet nuptial ; c’est le ciel, où l’Homme-Dieu réside depuis qu’il a quitté notre terre, laissant ses disciples, privés de l’Époux, s’exercer pour un temps dans le champ de la pénitence. Étymologiquement, en effet, Capharnaüm signifie le champ de la pénitence et de la consolation qui naît de la pénitence. Telle devait être cette terre pour l’homme depuis sa sortie d’Éden, telle était la consolation à laquelle devait aspirer pendant cette vie le pécheur ; et c’est pour en avoir préféré d’autres, pour avoir voulu faire du champ de la pénitence un paradis nouveau, que le monde est maintenant près de finir. Car il n’a remplacé les délices vivifiantes de l’Éden que par le plaisir défendu qui tue l’âme, énerve les corps, et appelle la vengeance de Dieu.

Son seul remède est dans le zèle des pasteurs, et dans la prière de cette portion du troupeau du Christ qui ne s’est point laissée entraîner aux séductions de la licence universelle. Mais combien il importe que fidèles et pasteurs, sans retours personnels, entrent pleinement sur ce point dans les sentiments de la sainte Église ! En butte à l’ingratitude la plus révoltante, aux injustices, aux calomnies, aux perfidies de tout genre, la mère des peuples oublie ses injures pour ne penser qu’à la saine prospérité et au salut des nations qui l’outragent. Elle sait, à n’en pas douter, que le terme approche où le Très-Haut se fera justice enfin ;et, cependant, elle n’en continue pas moins de lutter contre Dieu, comme Jacob, jusqu’à l’aurore du jour terrible qu’ont annoncé David et la sibylle. A la pensée de l’étang de feu dont les vapeurs maudites paraissent déjà empester l’air, et qui bientôt va engloutir en une seule fois tous ses enfants insoumis, elle semble oublier jusqu’à l’approche des noces éternelles et à la véhémence de ses désirs d’Épouse ; et, ne se souvenant plus de rien sinon qu’elle est mère, elle prie comme elle l’a toujours fait, mais avec plus d’ardeur que jamais, pour le retardement de la fin, pro mora finis.

Afin de répondre à sa pensée, « réunissons-nous donc, comme le dit Tertullien, en une seule troupe, en une seule assemblée, pour aller trouver Dieu et l’investir de nos prières comme d’une armée. Cette violence lui est agréable. » Mais c’est à la condition d’être inspirée par une foi entière et que rien ne puisse ébranler. Si c’est notre foi qui nous donne la victoire sur le monde, c’est elle aussi qui triomphe de Dieu dans les cas les plus extrêmes. Songeons, comme notre mère l’Église, au péril imminent de tant de malheureux qui dansent follement sur l’abîme, où demain va s’engloutir en rugissant leur désespoir. Sans doute, ils sont inexcusables ; Dimanche encore, on les avertissait des pleurs et des grincements de dents réservés, sous les ténèbres extérieures, aux contempteurs des noces sacrées. Mais ils sont nos frères, et nous ne devons pas nous résigner si facilement au deuil de leur perte. Espérons contre toute espérance. L’Homme-Dieu, qui connaissait de science certaine l’inévitable damnation des pécheurs obstinés, en a-t-il moins versé pour eux tout son sang ? Nous voulons mériter de nous unir à lui par une pleine ressemblance ; ayons donc la résolution de l’imiter en cela même, dans la mesure qui peut être la nôtre : prions sans repos ni trêve pour les ennemis de l’Église et nos ennemis, tant que leur damnation n’est pas consommée. Dans cet ordre, rien n’est inutile, rien ne se perd. Quoi qu’il arrive, le Seigneur sera grandement glorifié de notre foi et de l’ardeur de notre charité.

 

 

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Saint Jean Léonardi confesseur mémoire des Saints Denis Rustique et Eleuthère Martyrs

9 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saint Jean Léonardi confesseur mémoire des Saints Denis Rustique et Eleuthère Martyrs

Collecte

O Dieu, afin de répandre la foi parmi les païens, vous avez suscité d’une merveilleuse façon le bienheureux Jean votre Confesseur, et vous lui avez fait fonder dans votre Église une nouvelle famille pour instruire les fidèles : donnez-nous, à nous vos serviteurs, de profiter si bien de ses enseignements que nous obtenions la vie éternelle.

Office

Jean Leonardi, né près de la ville de Lucques, montra dès son premier âge un air de gravité et de maturité. Appelé par Dieu à l’âge de vingt-six ans à s’enrôler dans la milice ecclésiastique, il apprit d’abord parmi les enfants les rudiments du latin, puis il fit de tels progrès dans les lettres et dans les disciplines philosophiques et théologiques qu’au bout de quatre ans à peine il fut élevé au sacerdoce, en vertu de l’obéissance. Il institua la Congrégation des clercs réguliers de la Mère de Dieu ; leurs efforts et leur zèle amenèrent une grande transformation spirituelle dans la république de Lucques. Il connut alors les poursuites acharnées des méchants, mais acceptant toutes les épreuves d’une âme sereine, il obtint de Grégoire XIII l’approbation de sa congrégation. Profondément affligé de savoir beaucoup de peuples privés dans les contrées lointaines de la lumière de l’Évangile, il fonda, après des entretiens avec le pieux prélat Vives, un groupement de prêtres qui aurait pour charge la formation de jeunes gens destinés à aller ensuite dans des pays éloignés pour y propager la foi. Il n’abandonna jamais le saint ministère et, dans la cendre et le cilice, il s’en alla vers le Seigneur, à Rome, le 9 octobre 1609. Pie XI l’inscrivit au nombre des saints.

 

Saint Jean Léonardi confesseur mémoire des Saints Denis Rustique et Eleuthère Martyrs

Quatrième leçon. Denis, Athénien et membre de l’Aréopage, était un personnage versé en toutes sortes de sciences. On rapporte qu’étant encore imbu des erreurs du paganisme, il remarqua que le soleil s’éclipsa, contrairement aux lois ordinaires, le jour où notre Seigneur fut crucifié, et qu’il s’écria : « Ou c’est le Dieu de la nature qui souffre, ou c’est la destruction de la machine du monde qui s’annonce. » Lorsque saint Paul, venu à Athènes et conduit à l’Aréopage, eut expliqué la doctrine qu’il prêchait, affirmant que le Seigneur Jésus-Christ était ressuscité et que tous les morts reviendraient à la vie, Denis crut en Jésus-Christ et, avec lui, beaucoup d’autres.
Cinquième leçon. Baptisé par l’Apôtre, il se vit confier l’administration de l’Église d’Athènes et, comme il était ensuite venu à Rome, le Pape saint Clément l’envoya prêcher l’Évangile dans les Gaules. Le Prêtre Rustique et le Diacre Éleuthère l’accompagnèrent jusqu’à Paris, où, ayant converti un grand nombre d’infidèles, Denis fut, pour ce motif, battu de verges avec ses compagnons, par ordre du préfet Fescennius. N’en continuant pas moins de prêcher la foi chrétienne, il fut saisi de nouveau, jeté sur un gril au-dessus d’un brasier, et endura encore plusieurs autres supplices avec ceux qu’il s’était associé.
Sixième leçon. Ces divers tourments, tous trois les subirent courageusement et avec joie. Denis, qui était âgé de plus de cent ans, eut enfin la tête tranchée, ainsi que Rustique et Éleuthère, le septième jour des ides d’octobre. On rapporte de ce saint Évêque, qu’il prit dans ses mains sa tête coupée, et la porta l’espace de deux mille pas. Il a composé des ouvrages admirables et vraiment célestes sur les Noms divins, la Hiérarchie céleste et ecclésiastique, la Théologie mystique, et quelques autres écrits.

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Sainte Brigitte veuve mémoire des Saints Serge Bacchus Marcel et Apulée Martyrs

8 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Sainte Brigitte veuve mémoire des Saints Serge Bacchus Marcel et Apulée Martyrs

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Seigneur notre Dieu, qui avez révélé par votre Fils unique, à la bienheureuse Brigitte, les secrets célestes, faites que, par sa pieuse intercession, nous qui sommes vos serviteurs, nous jouissions dans l’éternelle félicité de la manifestation de votre gloire.

Office

Quatrième leçon. Brigitte née en Suède de parents illustres et pieux, vécut très saintement. A cause d’elle, sa mère, qui la portait encore dans son sein, fut préservée d’un naufrage. A l’âge de dix ans, après avoir entendu un sermon sur la passion de notre Seigneur, elle vit la nuit suivante, Jésus en croix, couvert de son sang, comme s’il venait de le répandre. Il s’entretint avec elle de sa passion, et depuis lors, elle était si vivement affectée en méditant ce mystère, qu’elle n’y pouvait jamais penser sans répandre des larmes.
Cinquième leçon. Mariée à Ulfon, prince de Méricie, elle le porta aux œuvres de piété autant par ses excellents exemples que par ses paroles convaincantes. Remplie de piété dans l’éducation qu’elle donnait à ses enfants, elle s’occupait aussi des pauvres et surtout des malades et les servait avec un si grand amour dans une maison disposée pour eux, qu’elle avait coutume de leur laver et de leur baiser les pieds. Au retour d’un pèlerinage qu’elle avait fait avec son époux au tombeau de l’Apôtre saint Jacques, à Compostelle, Ulfon étant tombé dangereusement malade à Arras, Saint Denis apparut à Brigitte pendant la nuit, et lui prédit la guérison de son mari et d’autres événements à venir.
Sixième leçon. Ulfon s’étant fait moine cistercien et étant mort bientôt après, Brigitte entendit en songe l’appel du Christ et embrassa un genre de vie plus austère. Dans la suite, Dieu lui révéla plusieurs choses ignorées. Elle fonda à Wastein un monastère, sous la règle du Saint-Sauveur, qu’elle avait reçue du Seigneur lui-même. Étant allée à Rome sur un ordre du ciel, elle y excita puissamment de nombreuses âmes à l’amour de Dieu. Elle fit ensuite le pèlerinage de Jérusalem et revint à Rome, où elle fut prise d’une fièvre qui persista et la fit souffrir pendant une année entière. Elle partit pour le ciel, comblée de mérites, après avoir annoncé le jour de sa mort. On transporta son corps au monastère de Wastein. Illustrée par des miracles, elle a été mise au nombre des Saints par Boniface IX.

 

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Notre-Dame du Rosaire mémoire de Saint Marc Pape et Confesseur

7 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Notre-Dame du Rosaire mémoire de Saint Marc Pape et Confesseur

Collecte

O Dieu, dont le Fils unique nous a obtenu le prix du salut éternel par sa vie, sa mort et sa résurrection ; faites, nous vous en prions, qu’honorant ces mystères au moyen du très saint Rosaire de la bienheureuse Vierge Marie, nous imitions ce qu’ils contiennent, et obtenions ce qu’ils promettent.

Office

AU PREMIER NOCTURNE.

Du livre de l’Ecclésiastique.

Première leçon. En toute choses, j’ai cherché du repos, et c’est dans l’héritage du Seigneur que je demeurerai. Alors a ordonné et m’a parlé le Créateur de l’univers ; et celui qui m’a créée a reposé dans mon tabernacle, et il m’a dit : Habite dans Jacob, et en Israël place ton héritage, et au milieu de mes élus, étends tes racines. Dès le commencement et avant tous les siècles, j’ai été créée, et jusqu’au siècle futur je ne cesserai pas d’être, et dans l’habitation sainte, j’ai exercé devant lui mon ministère. Et ainsi dans Sion j’ai été affermie, et dans la cité sainte je me suis reposée ; et dans Jérusalem est ma puissance. Et j’ai pris racine dans le peuple que le Seigneur a honoré, et dans la part de Dieu, [laquelle est] son héritage ; et dans l’assemblée entière des saints est ma demeure.
Deuxième leçon. Comme un cèdre, je me suis élevée sur le Liban, et comme un cyprès sur la montagne de Sion ; comme un palmier, je me suis élevée à Cadès, et comme des rosiers à Jéricho ; je me suis élevée comme un bel olivier dans les champs, et comme un platane sur le bord de l’eau, dans les places publiques. Comme le cinnamome et le baume aromatique, j’ai répandu une odeur ; comme la myrrhe de choix, j’ai exhalé une odeur suave ; et comme le storax, le galbanum, l’onyx, le stacté, et comme le Liban qui sort sans incision, j’ai rempli de vapeur mon habitation et comme un baume non mélangé est mon odeur. Moi, comme un térébinthe, j’ai étendu mes rameaux, et mes rameaux sont d’honneur et de grâce.
Troisième leçon. Moi, je suis la mère du pur amour, et de la crainte, et de la science, et de la sainte espérance. En moi est toute la grâce de la voie et de la vérité ; en moi toute l’espérance de la vie et de la vertu. Venez à moi, vous tous qui me désirez avec ardeur, et remplissez-vous de mes productions ; car mon esprit est plus doux que le miel, et mon héritage l’emporte sur le miel et le rayon. Ma mémoire vivra dans les générations des siècles. Ceux qui me mangent auront encore faim, et ceux qui me boivent auront encore soif. Celui qui m’écoute ne sera pas confondu ; et ceux qui agissent par moi ne pécheront pas. Ceux qui me font connaître auront la vie éternelle.
 

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. Quand l’hérésie albigeoise s’étendait avec impiété dans la province de Toulouse, et y poussait des racines de jour en jour plus profondes, saint Dominique, qui avait fondé récemment l’Ordre des Frères Prêcheurs, s’appliqua tout entier à la faire disparaître. Pour y arriver plus sûrement, il implora par des prières assidues le secours de la bienheureuse Vierge, dont les hérétiques attaquaient impudemment la dignité, et à laquelle il a été donné de détruire les hérésies dans l’univers entier. Dominique (à ce que rapporte la tradition), reçut de Marie l’avertissement de prêcher le Rosaire au peuple, comme un secours singulièrement efficace contre les hérésies et les vices ; et il est prodigieux de voir avec quelle ferveur, et aussi quel succès, il s’acquitta de la tâche qui lui avait été imposée. Or le Rosaire est une formule particulière de prière, dans laquelle on distingue quinze décades de salutations angéliques, décades séparées l’une de l’autre par l’oraison dominicale, et à chacune desquelles nous passons en revue et méditons pieusement les mystères de notre rédemption. C’est donc à partir de ce moment que, grâce à saint Dominique, cette manière de prier commença à se faire connaître et à se répandre ; et, qu’il en soit l’instituteur et l’auteur, on le trouve affirmé dans les lettres apostoliques de souverains Pontifes.
Cinquième leçon. De cette institution si salutaire, découlèrent sur le peuple chrétien d’innombrables bienfaits, parmi lesquels on cite avec raison la victoire que le très saint Pontife Pie V et les princes chrétiens, enflammés par ses paroles, remportèrent près des îles Echinades sur le puissant despote des Turcs. En effet, comme au jour même où fut remportée cette victoire, les confréries du très saint Rosaire adressaient à Marie, dans tout l’univers, les supplications accoutumées et les prières prescrites selon l’usage, le triomphe obtenu a été attribué, non sans raison, à ces prières. Grégoire XIII en a lui-même rendu témoignage, et, pour qu’en souvenir d’un bienfait si marqué, d’éternelles actions de grâces fussent rendues à la bienheureuse Vierge, invoquée par les fidèles sous l’appellation de Notre Dame du Rosaire, il a concédé un Office du rite double majeur, à célébrer à perpétuité, dans toutes les églises où il y avait un autel du Rosaire. D’autres Pontifes ont accordé des indulgences presque innombrables à ceux qui réciteraient le Rosaire, comme aux confréries de ce même Rosaire.
Sixième leçon. Clément XI attribuait en son cœur à l’efficacité des mêmes prières, la victoire également insigne remportée l’an mil sept cent seize dans le royaume de Hongrie, sur les troupes innombrables des Turcs, par Charles VI, empereur des Romains, car cette victoire arriva le jour où l’on célébrait la fête de la Dédicace de sainte Marie aux Neiges, et environ à l’heure où les confrères du très saint Rosaire, ayant organisé dans la Ville sainte une supplication publique et solennelle, avec un immense concours de peuple et une grande marque de religion, versaient aux pieds du Seigneur de ferventes prières pour la défaite des Turcs, et imploraient humblement le puissant secours de la Vierge Mère de Dieu, en faveur des Chrétiens. En raison de ces circonstances, Clément XI jugea donc devoir pieusement attribuer à la protection de la bienheureuse Vierge cette victoire, ainsi que la délivrance de l’île de Corcyre, assiégée par les Mahométans, qui la suivit de près. Pour que ce nouveau bienfait, si insigne aussi, laissât un souvenir et une reconnaissance perpétuels, il étendit à l’Église universelle, sous le même rite, la Fête du très saint Rosaire. Benoît XIII ordonna d’insérer toutes ces faveurs dans le Bréviaire romain. Enfin Léon XIII, dans nos temps si troublés pour l’Église et en présence de l’affreux déchaînement des maux qui nous accablent depuis si longtemps, a souvent et vivement excité par des lettres apostoliques, réitérées, tous les fidèles du monde à la dévotion du Rosaire de Marie, les engageant à le réciter, surtout pendant le mois d’octobre. Il a, de plus, élevé cette fête à un grade supérieur, et ajouté aux Litanies de Lorette l’invocation de « Reine du très saint Rosaire, » et enfin concédé à l’Église universelle un Office propre pour la même solennité. Vénérons donc toujours la très sainte Mère de Dieu, au moyen de cette dévotion qui lui est très agréable ; et celle qui, tant de fois invoquée par les fidèles du Christ confiants dans les supplications du Rosaire, nous a obtenu d’abaisser et d’anéantir nos ennemis terrestres, nous accordera pareillement de triompher de ceux de l’enfer.
 

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Bernard, Abbé.

Septième leçon. Voulant faire apprécier sa grâce et confondre la sagesse humaine, Dieu daigna prendre chair d’une femme, mais d’une vierge, afin de restituer la ressemblance par un semblable, de guérir le contraire par un contraire, d’arracher l’épine vénéneuse et d’effacer, avec une souveraine puissance, la cédule du péché. Eve a été l’épine, en blessant, et Marie, la rose, en gagnant l’affection de tous. Eve a été l’épine inoculant la mort à tous, et Marie la rose qui nous a tous guéris. Marie fut une rose blanche par la virginité, et rouge par la charité ; blanche par la chasteté de son corps, rouge par la ferveur de son esprit ; blanche en recherchant la vertu, rouge en foulant aux pieds les vices ; blanche par la pureté des affections, rouge par la mortification de la chair ; blanche en aimant Dieu, rouge en compatissant au prochain.
Huitième leçon. « Le Verbe s’est fait chair, » et déjà il habite en nous. Il habite dans notre mémoire, il habite dans notre pensée, car il descend jusque dans notre imagination elle-même. Comment cela, dites-vous ? En gisant sur la paille de la crèche, en reposant sur un sein virginal, en prêchant sur la montagne, en passant la nuit en prières, en se laissant suspendre à la croix et défigurer par le trépas, en se montrant « libre entre les morts » et en commandant à l’enfer ; en ressuscitant le troisième jour, en montrant à ses Apôtres, dans les traces des clous, les signes de sa victoire, enfin en s’élevant devant eux au plus haut du ciel.
Neuvième leçon. Est-ce que chacun de ces faits n’inspire pas des pensées vraies, pieuses, saintes ? Quand je les repasse dans mon esprit, c’est à Dieu que je pense, et dans ces mystères, je trouve mon Dieu. Méditer ces choses, selon moi, c’est sagesse, et, à mon jugement, c’est prudence que d’en ramener le souvenir, souvenir dont la douceur est comme l’amande du fruit produit en abondance par la verge d’Aaron, et que Marie est allée cueillir dans les hauteurs des cieux, pour le répandre sur nous à profusion. Oui, c’est bien au plus haut des cieux qu’elle est allée le prendre, et par delà les Anges, quand elle a reçu le Verbe du sein de Dieu même, pour nous enrichir. C’est dans les hauteurs et plus haut que les Anges, que Marie a reçu le Verbe, du sein même du Père.

 

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Saint Bruno confesseur

6 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saint Bruno confesseur

Collecte

Que l’intercession de votre Confesseur saint Bruno nous soit en aide, nous vous en prions, Seigneur, afin que ses mérites et ses prières nous obtiennent le pardon des péchés, par lesquels nous avons gravement offensé votre majesté.

Office

Quatrième leçon. Bruno, fondateur de l’Ordre des Chartreux, naquit à Cologne. Dès le berceau, il montra de tels indices de sa sainteté future, par la gravité de ses mœurs, par le soin qu’il mettait, avec le secours de la grâce divine, à fuir les amusements frivoles de cet âge, qu’on pouvait déjà reconnaître en lui le père des moines, en même temps que le restaurateur de la vie anachorétique. Ses parents, qui se distinguaient autant par leur noblesse que par leurs vertus, l’envoyèrent à Paris, et il y fit de tels progrès dans l’étude de la philosophie et de la théologie, qu’il obtint le titre de docteur et de maître dans l’une et l’autre faculté. Peu après, il se vit, en raison de ses remarquables vertus, appelé à faire partie du Chapitre de l’Église de Reims.
Cinquième leçon. Quelques années s’étant écoulées, Bruno renonçant au monde avec six de ses amis se rendit auprès de saint Hugues, Évêque de Grenoble. Instruit du motif de leur venue, et comprenant que c’était eux qu’il avait vus en songe, la nuit précédente, sous l’image de sept étoiles se prosternant à ses pieds, il leur concéda, dans son diocèse, des montagnes très escarpées connues sous le nom de Chartreuse. Hugues lui-même accompagna Bruno et ses compagnons jusqu’à ce désert, où le Saint mena pendant plusieurs années la vie érémitique. Urbain II, qui avait été son disciple, le fit venir à Rome, et s’aida quelques années de ses conseils dans les difficultés du gouvernement de l’Église, jusqu’à ce que, Bruno ayant refusé l’archevêché de Reggio, obtint du Pape la permission de s’éloigner.
Sixième leçon. Poussé par l’amour de la solitude, il se retira dans un lieu désert, sur les confins de la Calabre, près de Squillace. Ce fut là que Roger, comte de Calabre, étant à la chasse, le découvrit en prière, au fond d’une caverne où ses chiens s’étaient précipités à grand bruit. Le comte, frappé de sa sainteté, commença à l’honorer et à le favoriser beaucoup, lui et ses disciples. Les libéralités de Roger ne demeurèrent pas sans récompense. En effet, tandis qu’il assiégeait Capoue, Sergius, un de ses officiers, ayant formé le dessein de le trahir, Bruno, vivant encore dans le désert susdit, apparut en songe au comte et, lui découvrant tout le complot, le délivra d’un péril imminent. Enfin, plein de mérites et de vertus, non moins illustre par sa sainteté que par sa science, Bruno s’endormit dans le Seigneur et fut enseveli dans le monastère de Saint-Etienne, construit par Roger, où son culte est resté jusqu’ici en grand honneur.

Saint Bruno confesseur

« Séparés de tous, nous sommes unis à tous car c'est au nom de tous que nous nous tenons en présence du Dieu vivant. » Statuts 34.2

« Notre application principale et notre vocation sont de vaquer au silence et à la solitude de la cellule. Elle est la terre sainte, le lieu où Dieu et son serviteur entretiennent de fréquents colloques, comme il se fait entre amis. Là, souvent l'âme s'unit au Verbe de Dieu, l'épouse à l'Époux, la terre au ciel, l'humain au divin ». (Statuts 4.1)

« La grâce du Saint-Esprit rassemble les solitaires pour en faire une communion dans l'amour, à l'image de L'Église, une et répandue en tout lieu. » Statuts 21.1

« Qui persévère sans défaillance dans la cellule et se laisse enseigner par elle tend à faire de toute son existence une seule prière continuelle. Mais il ne peut entrer dans ce repos sans passer par l'épreuve d'un rude combat : ce sont les austérités auxquelles il s'applique comme un familier de la Croix, ou les visites du Seigneur, venu l'éprouver comme l'or dans le feu. Ainsi, purifié par la patience, nourri et fortifié par la méditation assidue de l'Écriture, introduit par la grâce du Saint-Esprit dans les profondeurs de son cœur, il pourra désormais, non seulement servir Dieu, mais adhérer à lui ». (Statuts 3.2).

Profession de foi de Saint Bruno à l'heure de sa mort
Nous avons pris soin de recueillir la profession de foi de Maître Bruno, prononcée devant tous ses frères réunis, quand il sentit approcher, pour lui, l'heure d'entrer dans la voie de toute chair; car il nous avait demandé de façon très pressante d'être les témoins de sa foi devant Dieu.

TEXTE DE LA PROFESSION

    Je crois fermement au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit : le Père non engendré, le Fils seul engendré, le Saint-Esprit procédant de l'un et de l'autre ; et je crois que ces trois Personnes sont un seul Dieu.
    Je crois que ce même Fils de Dieu a été conçu du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie.
    Je crois que la Vierge était très chaste avant l'enfantement, qu'elle est demeurée vierge dans l'enfantement et l´est restée éternellement par la suite.
    Je crois que ce même Fils de Dieu a été conçu parmi les hommes comme un homme véritable, sans péché.
    Je crois que ce même Fils de Dieu a été victime de la haine des Juifs 3, et qu´après avoir été injustement fait prisonnier, il a été couvert de crachats et d´insultes et flagellé ; qu'il est mort, a été enseveli et qu'il est descendu aux enfers pour en libérer les siens qui s'y trouvaient captifs; qu'il est descendu des Cieux pour notre rédemption, est ressuscité et est remonté aux Cieux d'où il viendra juger les vivants et les morts.
    Je crois aux Sacrements en lesquels croit l'Église catholique et qu´elle vénère ; je crois particulièrement que ce qui est consacré sur l'autel est le vrai Corps, la vraie Chair et le vrai Sang de notre Seigneur Jésus-Christ, que nous recevons pour la rémission de nos péchés, dans l´espérance du salut éternel.
    Je crois à la résurrection de la chair et à la vie éternelle. Amen.
    Je confesse et je crois en la sainte et ineffable Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, qui est un seul Dieu par nature, d'une seule substance, d'une seule nature, d'une seule majesté et puissance.
    Nous professons que le Père n'a été ni engendré ni créé, mais qu'il est inengendré. Le Père lui-même ne tire son origine de personne.
    De Lui, le Fils reçoit la naissance et le Saint-Esprit la procession.
    Il est donc la source et l´origine de toute la Divinité.
    Et le Père, ineffable par essence, a, de sa substance, engendré le Fils ineffablement ; sans engendrer autre chose que ce qu'il est lui-même : Dieu a engendré Dieu, la Lumière a engendré la Lumière.
    C'est donc de Lui que découle toute Paternité, au Ciel et sur la terre.
    Amen.

Saint Bruno confesseur
Stat crux, dum volvitur orbis : la croix demeure stable, tandis que le monde change”. Cette devise des chartreux vient de l’un d’eux, Dom Nicolas Molin (1600), qui ajoutait aussitôt : “et je me tiens inébranlable au-dessus du monde”. Ermites, les chartreux ont pour vocation de se laisser habiter par ce silence plein de Dieu, parce que vide du monde. Au contact de leurs écrits, leur grâce propre répand ses effluves jusqu’à nous. Le bruyant XX° siècle nous a précisément laissé une lumière pour notre temps, Dom Guillerand (1877 – 1945). Les extraits cités ci-après sont tirés de son ouvrage intitulé : Les portes du silence.

Dieu créa votre âme silencieuse : au baptême, dans un silence inviolé. Il la remplit de Lui-même ; rien que de Lui. C’est plus tard, peu à peu, que le monde y fit irruption. Le bruit l’envahit, couvrant la douce voix de Dieu. Depuis, le vacarme s’amplifie. Revenez au silence baptismal, mon Frère !


Réprimez la curiosité

Ne vous renseignez sur rien pour la simple satisfaction de « savoir ». Rien n’est plus opposé à la virginité d’âme que la curiosité. Le but de notre vie et les nécessités de notre existence terrestre déterminent ce dont il nous faut nous enquérir. Laissez tout le reste aux autres. Connaître, adorer, aimer, louer Dieu : c’est le tout de la vie, l’unique nécessaire. Notre pèlerinage est court ; notre esprit, borné ; nos loisirs, chiches. Jetez par-dessus bord l’accessoire. Vous êtes des anges de l’Apocalypse dont la seule fonction est de chanter, en se prosternant devant le trône de Dieu : « La louange, la gloire, la sagesse, l’action de grâce, l’honneur, la puissance et la force soient à notre Dieu, pour les siècles ! » Frères des séraphins d’Isaïe, qui se criaient l’un à l’autre : « Saint, saint, saint est Yahvé des armées ; toute la terre est remplie de sa gloire. » Vous le contemplerez en Lui-même, dans l’oraison ; non dans les livres savants.

Réprimez surtout trois curiosités : celle des « nouvelles », celle de la conduite des autres, et la curiosité intellectuelle enfin, la plus pernicieuse peut-être, parce qu’elle s’affuble de prétextes spécieux pour nous durcir dans l’orgueil.

Ignorez de bon cœur ce qui se passe dans le monde : priez pour lui, « sans vous retourner ». Si vous avez un esprit d’adoration, si vous aimez la transcendance de Dieu, la connaissance détaillée des besoins concrets des hommes ne donnera aucun élan nouveau à votre prière, à la générosité de votre sacrifice. L’amour de Dieu (qui comprend celui du prochain) est plus puissant que tout pour entraîner dans le sillage de Jésus, vous et le monde entier avec vous. La pensée que vous auriez de lui n’ajouterait rien à cette action efficace. Peu d’âmes sont capables de comprendre cela. Si vous le pouvez, ne vous enquérez pas de ce qui se passe dans le monde ; fixez en Dieu seul toutes les forces vives de votre âme. Ne demandez des « nouvelles » que par charité : pour faire plaisir quand c’est opportun, ou faire du bien ; non pour vous contenter, vous. Tout ce qu’on vous dit de celui-ci, de celui-là, de ses allées et venues, éveille des images, des réflexions, des discussions, des critiques intérieures ; bref, c’est le bruit que Dieu hait.

Sinon par devoir d’état, ne lisez pas les journaux ou les revues profanes. Refusez votre attention au contingent. Fixez les yeux sur l’éternel ou sur ce qui est authentique reflet de sa beauté : la nature et les âmes en qui II se mire. Dans votre amour pour Dieu, et la passion de sa gloire, sont incluses les trois premières demandes du « Pater » : les âmes y ont leur part. Vous, soyez exclusivement occupé de Lui. Vous êtes un Séraphin devant Lui. S’il vous faut, par devoir, connaître des événements du monde, faites-le superficiellement, sans vous y engager. Ainsi, gardez-vous, libres et silencieux ; gardez votre esprit et votre cœur. Sinon votre âme sera dans le tumulte. Il vous suffit de savoir combien Dieu aime les hommes, qu’il a leur cœur dans sa main, et répand sur eux le fruit des mérites des saints.

Que font-ils ? Peu vous importe. Ne vous occupez de rien dont vous ne soyez pas chargés. Soyez heureux d’ignorer ce qui se passe dans les emplois ; comment on les garde ; quelles sont les relations de chacun. Aimez tous vos frères, d’un amour égal, détaché. Ne vous enquérez point des événements insolites qui font le commérage : qui vient ? qui passe ? pourquoi telle démarche, telle entreprise ?… Ayez horreur de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas ; ne cherchez pas à savoir pourquoi ceci ou cela. N’accordez aucun intérêt à ce que vous en apprenez. Ne consentez pas prêter l’oreille, ni même attention, aux « potins ».

Voulez-vous garder limpide le miroir de votre âme ? Ne permettez pas à l’inutile pensée du prochain de venir le troubler. Si vous n’êtes pas chargé de la conduite des autres, ne vous informez pas de leur comportement ; ne faites pas de réflexions intérieures à leur sujet, surtout en ce qui concerne leurs défauts ou leurs fautes. Priez seulement pour que Dieu soit aimé et servi par tous. Toute pensée accordée à la créature vous ramène à vous, car c’est finalement par rapport à vous que vous l’appréciez d’ordinaire, non par rapport à Dieu. Quand tous les autres ne seraient pas ce qu’ils doivent, gardez la paix. Vous, soyez-le. Votre fidélité, silencieuse et paisible, fera beaucoup plus pour l’avancement d’autrui que votre agitation et vos blâmes souvent inefficaces. L’exemple de votre sérénité, votre transparence aux rayons de Dieu qui vous habite, porteront plus au bien que tous vos discours et vos algarades. Votre âme ne doit refléter que Dieu. Ne laissez pas la créature s’y mirer, surtout si elle est grimaçante ou difforme.

Évitez les discussions intérieures

Observez, un seul jour, le cours de vos pensées : l’étonnante fréquence de la vivacité de vos discussions intérieures avec des interlocuteurs imaginaires, vous surprendront. Ne serait-ce qu’avec ceux qui vous entourent.

Quelle est leur source habituelle ? Nos mécontentements à l’égard de ceux qui ne nous aiment pas, ne nous estiment pas, ne nous comprennent pas ; ils sont sévères, injustes ou trop étroits vis-à-vis de nous, ou d’autres « opprimés ». Mécontentements à l’égard de ceux qui sont incompréhensifs, entêtés, désinvoltes, brouillons ou insultants…

Un tribunal se dresse en notre esprit, où nous sommes tout à la fois procureur, président, juge et juré ; rarement avocat, sinon pour notre propre cause. On étale les torts ; on pèse les raisons ; on plaide ; on se justifie ; on condamne l’absent. Peut-être élabore-t-on des plans de revanche ou des manigances vengeresses. Temps et forces perdus pour qui tout n’est rien, hormis l’amour de Dieu. Au fond, soubresauts d’amour-propre, jugements hâtifs ou téméraires, agitation passionnelle qui se solde par la perte de la paix intérieure, une diminution de l’estime de nos supérieurs et de nos frères, une consolidation regrettable de celle que nous avons de nous- même. Grave erreur, préjudice certain.

En vous traitant mal, personne en réalité ne vous nuit, croyez-le. C’est amer, sans doute. Aimez être méconnu et méprisé. Le Christ s’est tu sous l’outrage et la dérision. Acceptez, d’une âme douce et silencieuse, tout mauvais traitement. L’homme n’est qu’un instrument. C’est la main aimante et forte de Dieu qui le mène et, par lui, cherche à briser votre superbe, à assouplir votre échine. Refusez-vous d’épiloguer au-dedans, fût-ce une seconde, de propos délibéré, sur ce qu’on vous a fait de mal. Rien d’utile ne sort de ce prétoire clandestin.

A celui de Jérusalem, Jésus se taisait. Quand se lève la tempête de votre indignation, redites avec une paisible douceur : « Gloire au Père, au Fils, au Saint-Esprit ». Abîmez-vous en l’amour, la gloire, la joie des divines Personnes ; refusez-vous tout regard sur vous-même. Rien ne trouble la radieuse et impassible félicité de la Trinité Sainte. L’opinion des hommes n’a ni valeur, ni intérêt : vous êtes ce que Dieu voit. N’est-ce pas une indicible joie qu’il soit le seul à jouir du plus beau et du plus pur de vous-même ? O mon frère, puissiez-vous comprendre et goûter la douceur de n’être connu que de Dieu seul ! Soyez heureux de rayonner le Christ, mais ne vous troublez point parce que ce rayonnement est encore trop discret. N’êtes-vous pas assez fatigué de converser avec les hommes, que vous les évoquiez encore en votre esprit pour leur asséner vos raisons ? Seul avec Dieu seul ! Il sait tout. Il peut tout. Il vous aime.

Si vous saviez comme il est bon d’avoir la tête vide de toute créature pour n’admettre que l’image de Jésus-Christ et de Marie, les plus purs reflets créés de l’invisible. Conversez avec eux ; cela se fait sans bruit de paroles. Les mots servent peu : voyez, regardez, contemplez. En eux, vous voyez le monde ; tous les hommes sont pour eux. Les membres ne sont-ils pas l’honneur de la tête ? Ne quittez pas des yeux le divin Visage du Corps mystique. Nos discussions intérieures ne sont souvent que la suite des démêlés du jour. Croyez-moi : ne contestez jamais avec personne ; cela ne sert de rien. Chacun et chacune est sûr de son bon droit et cherche moins à être éclairé qu’à vaincre dans une joute de mots. On se quitte mécontents, ancrés sur ses positions, et la dispute continue au- dedans. C’en est fait du silence et de la paix. Si vous n’en avez pas la charge, n’essayez pas de convaincre. Mais si vous voulez demeurer en repos, tournez plutôt la page habilement dès que s’amorce la controverse. Acceptez d’être terrassé au premier choc, et priez doucement Dieu de faire triompher Sa vérité en vous-même et dans les autres ; puis passez. Votre âme n’est pas un forum, mais un sanctuaire. Il s’agit pour vous non d’avoir raison, mais d’embaumer par le parfum de votre amour. La vérité de votre vie témoignera de celle de votre doctrine. Voyez Jésus dans son procès : Il s’est tu, acceptant d’avoir tort ; Il est maintenant la Lumière pour tout homme venant en ce monde.

N’ayez pas souci de vous-même

Ne parlez pas de vous-même à vous-même. Les moments d’examen sont rares et brefs : quelques minutes à midi et le soir. Hors de là, ne pensez à vous ni en bien ni en mal, pour ne pas éveiller l’amour-propre, ni vous décourager. Quand vous songez à vous, votre image si grossière se substitue, dans le miroir de votre âme, à la très pure Beauté de Dieu. Trois choses en troublent la limpidité : évitez-les.

  1. N’épiloguez pas sur les difficultés de votre vie

La vie est un combat : ne le savez-vous pas ? S’il faut se renoncer, prendre sa croix, suivre Jésus au Calvaire, quoi d’étonnant qu’il faille lutter, souffrir, saigner, pleurer ? Vos difficultés viennent de votre entourage, de votre emploi, de vos propres misères physiques et morales ; des trois à la fois, peut-être. Tracez-vous, une bonne fois, à leur égard, une ligne de conduite décidée devant Dieu de votre attitude d’âme : et dans les rencontres, refusez-vous de discuter. Les monologues alarmistes ne servent à rien. Faites ce que vous pouvez ; abandonnez le reste à la miséricorde de Dieu. « Dieu sait tout. Il peut tout, et il m’aime » : voilà qui justifie l’abandon. Vivez dans la chaude lumière du Psaume XXII : « Le Seigneur est mon berger ; je ne manque de rien ». Chaque soir, vous vous endormirez en murmurant : « Lui te couvre de ses ailes ; tu trouveras sous son pennage, un refuge ». Ayez confiance : il ne vous arrivera jamais rien de mal !

  1. Ne soupesez pas vos peines ni vos sacrifices

N’avez-vous donc pas tout accepté en bloc ? « Recevez, Seigneur… » : chaque matin, lors de l’eucharistie, l’Église vous offre comme une victime pure, sainte, immaculée avec Jésus, et par votre prière du matin, vous y consentez. Si vous comprenez le mystère de la croix et le sens de votre vie, ne vous apitoyez pas sur vous-même. Dieu aime qui donne en riant. Laissez donc le Christ souffrir en vous ; prêtez-lui votre corps et votre cœur, pour qu’il puisse « achever en son corps mystique ce qu’il a inauguré au Calvaire ».

  1. N’ayez pas la coquetterie de votre âme.

Faites, à tout instant, la volonté de Dieu, avec les forces et les grâces du moment. Il ne vous est rien demandé de plus. Acceptez cordialement vos limites. A quel degré de sainteté Dieu veut-il vous amener ? Vous ne le saurez qu’au ciel. Ne sondez pas ses mystérieux desseins ; ne lui refusez rien délibérément. Tendez à lui plaire selon votre pouvoir actuellement et laissez-vous conduire où il voudra, par ses chemins à lui, sans hâte fébrile.

Ne vous affligez pas de vos impuissances ni même, en un sens, de vos misères morales. Vous vous voudriez être beau, irréprochable. C’est chimère ; orgueil, peut-être. Jusqu’au bout, nous resterons pécheurs, objet de l’infinie miséricorde à laquelle Dieu tient tant. Ne pactisez jamais avec le mal ; soyez détaché de votre perfection morale. La sainteté est avant tout d’ordre théologal, et c’est l’Esprit Saint qui la répand dans nos cœurs ; ce n’est pas nous qui la fabriquons.

Se comparer aux autres en matière de vertu, se morfondre de sa médiocrité, se situer sur l’échelle de la perfection : tout cela encombre et fait du bruit. Il y a des saints de toute taille. Votre élévation reste le secret de Dieu ; sans doute ne vous en dira-t-Il rien. Faites ce qui est en votre pouvoir. Aimez offrir souvent à Dieu l’inégalable sainteté de Jésus, de Marie et des saints morts et vivants : tout cela vous appartient, à vous, bénéficiaire de la Communion des Saints. Offrez la sainteté globale du Corps mystique du Christ : c’est ce qui glorifie Dieu. Vous en êtes membre. Le moins noble peut-être, mais non sans utilité. Dites avec conviction mais sérénité « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour moi, pauvre pécheur ». Puis vivez en paix, sous l’aile protectrice de Dieu qui vous aime.

Source : Lou Pescadou n° 214

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Saint François d’Assise confesseur

4 Octobre 2021 , Rédigé par Ludovicus

Saint François d’Assise confesseur

Collecte

O Dieu, qui, par les mérites du bienheureux François, avez enrichi votre Église, en lui donnant une nouvelle famille, faites-nous la grâce de l’imiter en méprisant les biens de la terre, et d’avoir la joie de participer toujours aux dons célestes.

Office

Quatrième leçon. François naquit à Assise en Ombrie, et suivit l’exemple de son père, en se livrant au commerce, dès sa jeunesse. Un jour qu’un pauvre lui demanda l’aumône pour l’amour de Jésus-Christ, François, contre son habitude, le repoussa d’abord, mais troublé aussitôt de ce refus, il lui accorda plus qu’il n’avait coutume de donner, et, le jour même promit à Dieu de ne jamais refuser son aumône à quiconque la lui demanderait. Quelque temps après il tomba gravement malade, et à peine fut-il guéri qu’il commença à se livrer très ardemment aux offices de la charité, et fit de tels progrès dans cette vertu qu’épris de la perfection évangélique il distribuait aux pauvres tout ce qu’il possédait. Son père ne put souffrir une telle conduite, aussi l’obligea-t-il, par devant l’Évêque d’Assise, à renoncer à tous les biens patrimoniaux. François abandonna tout et jusqu’à ses habits, disant que désormais il aurait un motif de plus de répéter : Notre Père, qui êtes aux cieux.
Cinquième leçon. Ayant entendu lire cette parole de l’Évangile : « Ne possédez ni or, ni argent, ni aucune monnaie dans vos ceintures, ni sac pour la route, ni deux tuniques, ni chaussures, » François se proposa de la prendre pour règle de vie. Quittant donc ses chaussures, se contentant d’une seule tunique, et s’associant douze compagnons, il institua l’Ordre des Mineurs. En l’année mil deux cent neuf, il se rendit à Rome, pour que le Saint-Siège confirmât la règle de son Ordre. Sa demande fut d’abord rejetée par le souverain Pontife Innocent III. Mais ayant vu en songe, pendant la nuit, celui qu’il avait repoussé, soutenir sur ses épaules la basilique de Latran chancelante, le Pape, troublé par cette vision, fit rechercher François, le reçut avec bonté et confirma sa règle. Le saint fondateur envoya donc ses frères prêcher l’Évangile dans tout l’univers ; et lui-même, ambitionnant la gloire du martyre, fit voile pour la Syrie, où il fut reçu par le Soudan avec toutes sortes d’égards. N’obtenant pas le résultat qu’il désirait, il revint en Italie.
Sixième leçon. Après avoir construit quantité de maisons de son institut, François se retira dans la solitude, sur le mont Alverne. Ayant commencé là un jeûne de quarante jours, en l’honneur de l’Archange saint Michel, il advint qu’en la fête de l’Exaltation de la sainte Croix, un Séraphin lui apparut, portant entre ses ailes l’image du Crucifié. Ce Séraphin imprima sur les mains, les pieds et le côté de François, les stigmates des clous. Saint Bonaventure affirme dans ses lettres avoir entendu le Pape Alexandre IV déclarer, dans un sermon, qu’il avait vu les stigmates. Ces témoignages de l’amour de Jésus-Christ excitèrent l’admiration de tous. Enfin, deux ans après, se sentant gravement malade, François voulut qu’on le transportât dans l’église de Sainte-Marie-des-Anges, afin de rendre, son dernier souffle là même où Dieu lui avait accordé la vie de la grâce. En ce lieu, il exhorta ses frères à conserver très fidèlement la pauvreté, la patience et la foi de la sainte Église romaine. Pendant qu’il récitait le Psaume : « De ma voix, j’ai crié vers le Seigneur, » étant arrivé à ce verset : « Des justes m’attendent jusqu’à ce que vous m’exauciez, » il rendit son âme à Dieu. C’était le quatrième jour des nones d’octobre. De nombreux miracles l’ayant illustré, Grégoire IX l’inscrivit au catalogue des Saints.

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