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Regnum Galliae Regnum Mariae

Saint Pierre d’Alcantara confesseur

19 Octobre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Pierre d’Alcantara confesseur

 

Collecte

O Dieu, qui avez daigné faire briller dans votre Confesseur, le bienheureux Pierre, les dons d’une admirable pénitence et d’une sublime contemplation, faites, s’il vous plaît, qu’aidés de ses mérites et mortifiant notre chair, nous obtenions plus facilement les biens célestes.

Office

Quatrième leçon. Pierre, né de parents nobles, à Alcantara en Espagne, donna, dès ses plus tendres années, des signes de sa sainteté future. Étant entré à seize ans dans l’Ordre des Frères Mineurs, il s’y montra un modèle de toutes les vertus. Ayant eu alors à exercer par obéissance le ministère de la prédication, il amena un nombre incalculable de Chrétiens des désordres du vice à une véritable pénitence. Désirant rétablir dans toute son exactitude l’observance primitive de l’institut franciscain, confiant dans le secours du ciel et appuyé de l’autorité apostolique, il fonda, près de Pédrosa, un couvent très étroit et très pauvre, où il commença pieusement un genre de vie fort austère, qui s’est merveilleusement répandu dans diverses provinces de l’Espagne et jusqu’aux Indes. Il aida sainte Thérèse, dont il avait éprouvé l’esprit, à établir la réforme des Carmélites. Cette Sainte ayant appris de Dieu qu’elle ne lui demanderait rien au nom de Pierre sans être exaucée sur-le-champ, avait coutume de se recommander à ses prières et de lui donner le nom de Saint, quoiqu’il vécût encore.
Cinquième leçon. Il se dérobait avec la plus grande humilité aux faveurs des princes qui le consultaient comme un oracle, et il refusa d’être le confesseur de l’empereur Charles-Quint. Très rigide observateur de la pauvreté, il se contentait d’une seule tunique, la plus mauvaise de toutes. Il était si délicat pour tout ce qui concerne la pureté, qu’il ne permit pas au frère qui le servait dans sa dernière maladie de le toucher tant soit peu. Il réduisit son corps en servitude par une continuité de veilles, de jeûnes, de flagellations ; par le froid, la nudité, par toutes sortes de rigueurs, ayant fait pacte avec lui de ne lui donner aucun repos en ce monde. L’amour de Dieu et du prochain qui remplissait son cœur, y excitait parfois une flamme si vive, qu’il était obligé de sortir brusquement de son étroite cellule pour aller, en pleine campagne, tempérer par la fraîcheur de l’air, l’ardeur qui le brûlait.
Sixième leçon. Il fut élevé à un degré de contemplation si admirable que, comme son esprit en était continuellement nourri, il lui arriva parfois de passer plusieurs jours sans prendre ni nourriture ni boisson. Fréquemment élevé en l’air, on l’a vu briller d’un éclat admirable. Il passa des fleuves rapides à pied sec. Dans une disette extrême, il nourrit ses frères d’un aliment venu du ciel. Un bâton qu’il avait fixé en terre devint bientôt un figuier verdoyant. Une nuit qu’il cheminait, la neige tombant épaisse, il entra dans une maison en ruines toute découverte, et la neige, restant suspendue en l’air, lui servit de toit pour qu’il ne fût pas étouffé par son abondance. Sainte Thérèse atteste qu’il était doué du don de prophétie et de discernement des esprits. Enfin, étant dans sa soixante-troisième année, il s’en alla vers le Seigneur, à l’heure qu’il avait prédite, ayant été fortifié par une merveilleuse vision et par la présence de plusieurs Bienheureux. A ce moment-là même, sainte Thérèse qui se trouvait dans un lieu fort éloigné, le vit porté au ciel. Lui ayant apparu -ensuite, il lui dit : O bienheureuse pénitence, qui m’a valu une si grande gloire ! Beaucoup de miracles l’ont illustré après sa mort et Clément IX l’a inscrit au nombre des Saints.

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XXème Dimanche après la Pentecôte

15 Octobre 2023 , Rédigé par Ludovicus

XXème Dimanche après la Pentecôte

Introït

Tout ce que vous nous avez fait, Seigneur, vous l’avez fait par un juste jugement, car nous avons péché contre vous et nous n’avons pas obéi à vos commandements ; mais glorifiez votre nom et agissez envers nous selon la multitude de vos miséricordes. Heureux ceux qui sont purs dans leurs voies, qui marchent dans la loi du Seigneur.

Collecte

Laissez-vous fléchir, Seigneur, et accordez à vos fidèles le pardon et la paix, afin qu’ils soient purifiés de toutes leurs fautes, et qu’ils vous servent avec un cœur rempli de confiance.

Épitre Ep. 5, 15-21

Mes frères, ayez soin de vous conduire avec circonspection, non comme des insensés, mais comme des sages ; rachetant le temps, parce que les jours sont mauvais. C’est pourquoi ne devenez pas inconsidérés mais comprenez quelle est la volonté de Dieu. Et ne vous enivrez pas de vin, c’est de la débauche ; mais remplissez-vous de saint-Esprit, vous entretenant par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant dans vos cœurs au Seigneur ; rendant grâces sans cesse pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ ; vous soumettant les uns aux autres dans la crainte du Christ.

Évangile Jn. 4, 46-53

En ce temps-là, il y avait un officier du roi, dont le fils était malade à Capharnaüm. Ayant appris que .Jésus venait de Judée en Galilée, il alla auprès de lui, et le pria de descendre, et de guérir son fils, qui était près de mourir. Jésus lui dit : Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croyez point. L’officier lui dit : Seigneur, descendez avant que mon fils meure. Jésus lui dit : Va, ton fils vit. Cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite, et il s’en alla. Comme déjà il descendait, ses serviteurs vinrent au-devant de lui, et lui annoncèrent que son fils vivait. Il leur demanda l’heure à laquelle il s’était trouvé mieux ; et ils lui dirent : Hier, à la septième heure, la fièvre l’a quitté. Le père reconnut que c’était à cette heure-là que Jésus lui avait dit : Ton fils vit ; et il crut, lui, et toute sa maison.

Secrète

Nous vous en supplions, Seigneur, faites que ces mystères nous soient un remède céleste et purifient notre cœur de ses vices.

Postcommunion

Afin que nous soyons rendus dignes de participer à vos dons sacrés, faites, nous vous en supplions, Seigneur, que nous obéissions toujours à vos préceptes.

Office

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Septième leçon. La lecture du saint Évangile que vous venez d’entendre, frères, n’a pas besoin d’explication ; mais pour ne pas sembler la passer sous silence, disons un mot d’exhortation plutôt que d’explication. Je ne vois rien que nous devions expliquer, sauf ceci : pourquoi celui qui était venu demander le salut pour son fils s’est-il entendu dire : « Si vous ne voyez des signes et des prodiges vous ne croirez pas » ? Il est évident que celui qui cherchait à sauver son fils croyait. Autrement, aurait-il cherché le salut auprès de quelqu’un qu’il ne croyait pas être Sauveur ? Pourquoi, donc, est-il dit : « Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croirez pas », à celui qui a cru avant d’avoir vu des miracles ?

Huitième leçon. Rappelez-vous ce qu’il a demandé alors vous verrez plus clairement qu’il a douté dans sa foi. Car il lui demanda de « descendre et de guérir son fils ». Donc il cherchait la présence corporelle du Seigneur qui, par son esprit était présent partout. C’est en cela qu’il n’a pas cru assez en celui qu’il n’a pas estimé capable de rendre le salut s’il n’était pas présent corporellement. S’il avait cru parfaitement, il aurait tenu pour certain qu’il n’y a pas de lieu où Dieu ne soit.

Neuvième leçon. Il a donc grandement manqué de confiance parce qu’il n’a pas rendu honneur à la majesté, mais à la présence corporelle. Il demanda donc le salut de son fils, et cependant il douta dans sa foi. Il crut celui à qui il était venu puissant pour guérir, pourtant il l’estima éloigné de son fils mourant. Mais le Seigneur qui est prié de venir montre qu’il n’est pas absent du lieu où il est invité : par son seul commandement il rendit le salut, lui qui par sa volonté a tout créé.

 

L’Évangile d’il y a huit jours avait pour objet la promulgation des noces du Fils de Dieu et de la race humaine. La réalisation de ces noces sacrées est le but que Dieu se proposait dans la création du monde visible, le seul qu’il poursuive dans le gouvernement des sociétés. Dès lors, on ne doit pas s’étonner que la parabole évangélique, en nous révélant sur ce point la pensée divine, ait mis aussi en lumière le grand fait de la réprobation des Juifs et de la vocation des Gentils, qui est à la fois le plus important de l’histoire du monde et le plus intimement lié à la consommation du mystère de l’union divine.

L’exclusion de Juda doit cependant, nous l’avons dit, cesser un jour. Son obstination a valu aux Gentils de voir se diriger vers eux le message de l’amour. Mais aujourd’hui la plénitude des nations a entendu l’invitation céleste ; le temps est proche où l’accession d’Israël va compléter l’Église en ses membres, et donner à l’Épouse le signal de l’appel suprême qui mettra fin au long travail des siècles, en faisant apparaître l’Époux. L’heureuse jalousie que l’Apôtre voulait exciter dans les hommes de sa race en se tournant vers les nations se fera donc sentir enfin au cœur des descendants de Jacob. Quelle joie au ciel, quand leur voix, repentante et suppliante, s’unira devant Dieu aux chants d’allégresse de la gentilité célébrant l’entrée de ses peuples sans nombre dans la salle du banquet divin ! Un tel concert sera véritablement le prélude du grand jour salué par saint Paul à l’avance, lorsqu’il disait des Juifs dans son patriotique enthousiasme : Si leur chute a été la richesse du monde et leur diminution la richesse des Gentils, que sera-ce de leur plénitude. Le chœur des Gentils se fait entendre au Graduel et dans la Communion, le chœur des Juifs dans l’Introït et l’Offertoire.

L’Introït est tiré de Daniel. Le prophète exilé comme son peuple à Babylone, dans une captivité dont la longue amertume figurait les douleurs autrement prolongées de la dispersion présente, revient gémir avec Juda sur la terre étrangère et rendre à sa nation le grand secret du retour en grâce auprès du Seigneur. Ce secret perdu depuis le Calvaire, Israël pourtant l’avait bien connu et maintes fois expérimenté dans les siècles antérieurs de son histoire. Toujours le même, il consiste dans l’humble aveu des fautes commises, dans le regret suppliant du coupable et sa ferme confiance que la miséricorde infinie surpasse les plus énormes forfaits.

Le pardon divin, qui rend à l’âme la pureté et la paix, est le préliminaire indispensable des noces sacrées ; car la robe nuptiale des conviés doit être sans tache, sous peine d’exclusion, et leur cœur sans trouble, pour ne pas apporter d’amertume à la table de l’Époux. Implorons ce pardon précieux. Le Seigneur est d’autant mieux disposé à nous l’accorder, que nous le demandons, dans la Collecte, par l’intermédiaire de la sainte Église qui est l’Épouse.

ÉPÎTRE.

L’approche de la consommation des noces du Fils de Dieu coïncidera ici-bas avec un redoublement des fureurs de l’enfer pour perdre l’Épouse. Le dragon de l’Apocalypse, l’ancien serpent séducteur d’Ève, vomissant comme un fleuve sa bave immonde, déchaînera toutes les passions pour entraîner la vraie mère des vivants sous l’effort. Cependant il sera impuissant à souiller le pacte de l’alliance éternelle ; et, sans forces contre l’Église, il tournera sa rage contre les derniers fils de la nouvelle Ève, réservés pour l’honneur périlleux des luttes suprêmes qu’a décrites le prophète de Pathmos.

C’est alors surtout que les chrétiens fidèles devront se souvenir des avis de l’Apôtre, et se conduire avec la circonspection qu’il recommande, mettant tous leurs soins à garder pure leur intelligence non moins que leur volonté, dans ces jours mauvais. Car la lumière n’aura point alors à subir seulement les assauts des fils de ténèbres étalant leurs perverses doctrines ; elle sera plus encore, peut-être, amoindrie et faussée par les défaillances des enfants de lumière eux-mêmes sur le terrain des principes, par les atermoiements, les transactions, l’humaine prudence des prétendus sages. Plusieurs sembleront ignorer pratiquement que l’Épouse de l’Homme-Dieu ne peut succomber sous le choc d’aucune force créée. S’ils se souviennent que le Christ s’est engagé à garder lui-même son Église jusqu’à la fin des siècles, ils n’en croiront pas moins faire merveille en apportant à la bonne cause le secours d’une politique dont les concessions ne seront pas toujours pesées suffisamment au poids du sanctuaire : sans songer que le Seigneur n’a point besoin, pour l’aider à tenir sa promesse, d’habiletés détournées ; sans se dire surtout que la coopération qu’il daigne accepter des siens, pour la défense des droits de l’Église, ne saurait consister dans l’amoindrissement ou la dissimulation des vérités qui font la force et la beauté de l’Épouse. Combien oublieront la maxime de saint Paul écrivant aux Romains que se conformer à ce siècle, chercher une adaptation impossible de l’Évangile avec un monde déchristianisé, n’est point le moyen d’arriver à discerner sûrement le bon, le meilleur, le parfait aux yeux du Seigneur ! Aussi sera-ce un grand et rare mérite, en bien des circonstances de ces temps malheureux, de comprendre seulement quelle est la volonté de Dieu, comme le dit notre Épître.

Veillez, dirait saint Jean, à ne point perdre le fruit de vos œuvres ; assurez-vous la pleine récompense qui n’est donnée qu’à la plénitude persévérante de la doctrine et de la foi. Au reste, alors comme toujours, selon la parole de l’Esprit-Saint, la simplicité des justes les conduira sûrement ; l’humilité leur donnera la Sagesse  ; et, s’attachant uniquement à cette très noble compagne, ils seront vraiment sages par elle et sauront ce qui plaît au Seigneur. Ils comprendront qu’aspirant comme l’Église à l’union au Verbe éternel, pour eux comme pour l’Église la fidélité à l’Époux n’est autre chose que la fidélité à à la vérité ; car le Verbe, objet de leur commun amour, n’est autre en Dieu que le rayonnement de la vérité infinie. Leur unique soin sera donc toujours de se rapprocher du Bien-Aimé par une ressemblance plus grande avec lui, c’est-à-dire par une reproduction plus complète du vrai dans leurs paroles et leurs actes. Et en cela ils serviront la société comme elle doit l’être, mettant en pratique le conseil du Seigneur qui nous demande de chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et de nous confier en lui pour le reste. Laissant à d’autres la recherche d’humaines et louvoyantes combinaisons, d’incertains compromis destinés, dans la pensée de leurs auteurs, à retarder de quelques semaines, de quelques mois peut-être, le flot montant de la révolution, ils comprendront différemment, pour eux, le conseil de racheter le temps que nous donne l’Apôtre.

L’Époux avait acheté le temps d’un grand prix, pour être employé par ses membres mystiques à la glorification du Très-Haut. Perdu parla multitude dévoyée dans la révolte et l’orgie, les âmes fidèles le rachèteront en donnant une telle intensité aux actes de leur foi et de leur amour, que rien ne soit diminué, s’il se peut, jusqu’au dernier moment, du tribut qu’offrait chaque jour la terre à la Trinité souveraine. Contre la bête à la bouche insolente et pleine de blasphèmes, ils reprendront le cri de Michel contre Satan promoteur de la bête : Qui est comme Dieu !

L’antiquité chrétienne appelait les dernières semaines du Cycle à son déclin : Semaines du saint Ange ; nous avons vu comment, dans un de ces Dimanches, elle chantait l’arrivée du grand Archange au secours du peuple de Dieu, ainsi que Daniel l’avait annoncé pour les derniers jours du monde. Quand donc commenceront les épreuves de la fin, lorsque l’exil dispersera les baptisés et que le glaive s’abattra sur leurs têtes aux applaudissements d’un monde prosterné devant la bête et son image, n’oublions point que nous avons un chef choisi par Dieu, acclamé par l’Église, pour nous conduire dans ces derniers combats où la défaite des saints sera plus glorieuse que les triomphes de l’Église aux jours de sa domination sur le monde. Ce que Dieu alors, en effet, demandera des siens, ce ne sera plus ni le succès de la diplomatie, ni la victoire armée, mais la fidélité à sa vérité, à son Verbe : fidélité d’autant plus franche et plus entière, que la défection sera plus universelle autour de la petite troupe rangée sous la bannière de l’Archange. Proféré par une seule poitrine fidèle avec la vaillance de la foi et l’ardeur de l’amour en de telles circonstances, le cri de saint Michel, une fois déjà vainqueur des infernales légions, honorera plus Dieu que ne l’atteindront les ignobles blasphèmes des millions d’êtres dégradés sectateurs de la bête.

Pénétrons-nous de ces pensées que suggèrent les premières lignes de notre Épître ; comprenons également les autres instructions qu’elle renferme et qui, du reste, ne s’éloignent pas des premières. Pour ce Dimanche où se lisait autrefois l’Évangile des noces du Fils de l’homme et de l’appel à son divin banquet, la sainte Église remarque opportunément, dans l’Épître, combien l’ivresse et les délices des noces sacrées sont différentes des joies mondaines. La sérénité, la pureté, la paix du juste admis dans l’intimité divine, font en son âme un festin continuel dont la Sagesse est le mets savoureux et l’éternelle convive. Laissant le monde à ses mesquins et trop souvent honteux plaisirs, le Verbe et l’âme, qu’il a remplie de l’Esprit-Saint par un mode ineffable, s’unissent pour chanter le Père souverain dans un concert merveilleux, où l’action de grâces et la louange trouvent sans cesse un nouvel aliment. Le hideux spectacle qu’offrira la terre, quand ses habitants se porteront en foule au-devant de la prostituée siégeant sur la bête et leur offrant la coupe d’ignominie, n’empêchera point le ciel de se reposer délicieusement dans la contemplation de ces âmes fortunées. Car les convulsions du monde agonisant, les poursuites de la femme ivre du sang des martyrs, loin de troubler l’harmonie qui s’élève de l’âme unie au Verbe, ne feront que donner plus d’ampleur à ses notes divines, plus de suavité à ses accents humains. « Qui donc, en effet, nous séparera de l’amour de Jésus-Christ ? Sera-ce la tribulation ou l’angoisse ? la faim ou la nudité ? les dangers, la persécution, le glaive ? Oui, sans doute, il est écrit qu’à cause de vous, tous les jours on nous met à mort, qu’on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie ! Mais en tout cela nous sommes vainqueurs, à cause de celui qui nous a aimés. Car je suis sûr que ni la mort, ni la vie, ni anges, ni principautés, ni vertus, ni choses présentes, ni choses futures, ni violence, ni rien de ce qui est dans les hauteurs, ni rien de ce qui est dans les abîmes, ni créature quelconque ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur. »

L’ancien peuple a chanté, dans l’Introït, son repentir et son humble confiance. Les Gentils chantent, au Graduel, leurs espérances réalisées et surpassées dans les délices du banquet nuptial.

ÉVANGILE.

L’Évangile est tiré de saint Jean aujourd’hui, pour la première et l’unique fois dans tout le cours des Dimanches après la Pentecôte. Il donne son nom de l’Officier de Capharnaüm au vingtième Dimanche. L’Église l’a choisi parce qu’il n’est pas sans une relation mystérieuse avec l’état du monde, dans les temps auxquels se rapportent prophétiquement les derniers jours du Cycle.

Le monde penche vers sa fin, et lui aussi commence à mourir. Miné par la fièvre des passions dans Capharnaüm, la ville du lucre et des jouissances, déjà il est sans forces pour aller de lui-même au-devant du médecin qui pourrait le guérir. C’est à son père, aux pasteurs qui l’ont engendré dans le baptême à la vie de la grâce, et gouvernent le peuple chrétien comme officiers de la sainte Église, c’est à eux de se rendre auprès du Seigneur et de lui demander le salut du malade. Le disciple bien-aimé nous fait savoir, en tête de son récit, qu’ils trouveront Jésus à Cana, la ville des noces et de la manifestation de sa gloire au banquet nuptial ; c’est le ciel, où l’Homme-Dieu réside depuis qu’il a quitté notre terre, laissant ses disciples, privés de l’Époux , s’exercer pour un temps dans le champ de la pénitence. Étymologiquement, en effet, Capharnaüm signifie le champ de la pénitence et de la consolation qui naît de la pénitence. Telle devait être cette terre pour l’homme depuis sa sortie d’Éden, telle était la consolation à laquelle devait aspirer pendant cette vie le pécheur ; et c’est pour en avoir préféré d’autres, pour avoir voulu faire du champ de la pénitence un paradis nouveau, que le monde est maintenant près de finir. Car il n’a remplacé les délices vivifiantes de l’Éden que par le plaisir défendu qui tue l’âme, énerve les corps, et appelle la vengeance de Dieu.

Son seul remède est dans le zèle des pasteurs, et dans la prière de cette portion du troupeau du Christ qui ne s’est point laissée entraîner aux séductions de la licence universelle. Mais combien il importe que fidèles et pasteurs, sans retours personnels, entrent pleinement sur ce point dans les sentiments de la sainte Église ! En butte à l’ingratitude la plus révoltante, aux injustices, aux calomnies, aux perfidies de tout genre, la mère des peuples oublie ses injures pour ne penser qu’à la saine prospérité et au salut des nations qui l’outragent Elle sait, à n’en pas douter, que le terme approche où le Très-Haut se fera justice enfin ;et, cependant, elle n’en continue pas moins de lutter contre Dieu, comme Jacob, jusqu’à l’aurore du jour terrible qu’ont annoncé David et la sibylle. A la pensée de l’étang de feu dont les vapeurs maudites paraissent déjà empester l’air, et qui bientôt va engloutir en une seule fois tous ses enfants insoumis, elle semble oublier jusqu’à l’approche des noces éternelles et à la véhémence de ses désirs d’Épouse ; et, ne se souvenant plus de rien sinon qu’elle est mère, elle prie comme elle l’a toujours fait, mais avec plus d’ardeur que jamais, pour le retardement de la fin, pro mora finis.

Afin de répondre à sa pensée, « réunissons-nous donc, comme le dit Tertullien, en une seule troupe, en une seule assemblée, pour aller trouver Dieu et l’investir de nos prières comme d’une armée. Cette violence lui est agréable. » Mais c’est à la condition d’être inspirée par une foi entière et que rien ne puisse ébranler. Si c’est notre foi qui nous donne la victoire sur le monde, c’est elle aussi qui triomphe de Dieu dans les cas les plus extrêmes. Songeons, comme notre mère l’Église, au péril imminent de tant de malheureux qui dansent follement sur l’abîme, où demain va s’engloutir en rugissant leur désespoir. Sans doute, ils sont inexcusables ; Dimanche encore, on les avertissait des pleurs et des grincements de dents réservés, sous les ténèbres extérieures, aux contempteurs des noces sacrées. Mais ils sont nos frères, et nous ne devons pas nous résigner si facilement au deuil de leur perte. Espérons contre toute espérance. L’Homme-Dieu, qui connaissait de science certaine l’inévitable damnation des pécheurs obstinés, en a-t-il moins versé pour eux tout son sang ? Nous voulons mériter de nous unir à lui par une pleine ressemblance ; ayons donc la résolution de l’imiter en cela même, dans la mesure qui peut être la nôtre : prions sans repos ni trêve pour les ennemis de l’Église et nos ennemis, tant que leur damnation n’est pas consommée. Dans cet ordre, rien n’est inutile, rien ne se perd. Quoi qu’il arrive, le Seigneur sera grandement glorifié de notre foi et de l’ardeur de notre charité.

Mettons seulement tous nos soins à ne pas mériter les reproches qu’il adressait à la foi boiteuse de la génération dont faisait partie l’officier de Capharnaüm. Nous savons qu’il n’a nul besoin de descendre du ciel en terre, pour donner leur efficacité aux ordres émanés de sa volonté miséricordieuse. S’il daigne multiplier autour de nous les miracles et les prodiges, nous lui serons reconnaissants pour nos frères plus faibles dans la foi, nous prendrons de là occasion d’exalter sa gloire, mais en protestant que notre âme n’avait plus besoin, pour croire à lui, des manifestations nouvelles de sa puissance.

L’ancien peuple, promenant son infortune méritée sur toutes les rives lointaines, revient, dans l’Offertoire, aux accents de la pénitence, et chante, cette fois avec l’Église, son admirable psaume CXXXVI qu’aucun chant d’exil n’égala jamais dans aucune langue.

Toute la puissance du Dieu qui guérit d’une parole les âmes et les corps, réside dans les Mystères préparés sur l’autel. Demandons, dans la Secrète, que leur vertu s’exerce en nos cœurs.

La parole rappelée dans l’Antienne de la Communion, comme ayant relevé l’homme abîmé dans sa misère, est celle de l’Évangile du banquet divin : Venez aux noces ! Mais l’homme, déifié déjà par sa participation ici-bas au Mystère de la foi, aspire à la consommation éternelle de l’union dans le plein jour de la gloire.

Une fidélité constante à observer les divins commandements est la meilleure préparation que le chrétien puisse apporter à la table sainte, comme l’exprime la Postcommunion.

 

 

 

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Saint Calixte Ier pape et martyr

14 Octobre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Calixte 1er, au trumeau du portail central du transept nord, Cathédrale de Reims

Saint Calixte 1er, au trumeau du portail central du transept nord, Cathédrale de Reims

Collecte

O Dieu, qui nous voyez défaillir à cause de notre faiblesse, raffermissez-nous miséricordieusement dans votre amour au moyen des exemples de vos Saints.

Office

Quatrième leçon. Calixte, Romain d’origine, gouverna l’Église, Antonin Héliogabale étant empereur. Ce fut ce Pape qui établit les Quatre-Temps et qui ordonna qu’en ces jours, le jeûne reçu dans l’Église de tradition apostolique, serait obligatoire pour tous. Il construisit la basilique de Sainte Marie du Transtévère et agrandit un ancien cimetière sur la voie Appienne, où beaucoup de saints Prêtres et Martyrs avaient été ensevelis, et qu’on appela depuis cimetière de Calixte.
Cinquième leçon. Ce fut aussi par une inspiration de sa piété, qu’il eut soin de faire rechercher le corps du Prêtre et Martyr Callépode, qui avait été jeté dans le Tibre, et, quand on l’eut trouvé, de le faire ensevelir avec honneur. Ayant baptisé Palmatius, personnage consulaire, et Simplicius, illustre sénateur, ainsi que Félix et Blanda, qui, plus tard, subirent tous le martyre, il fut incarcéré, et, dans sa prison, guérit d’une manière merveilleuse le soldat Privatus, qui était couvert d’ulcères, et le gagna au Christ. Bientôt après, ce soldat frappé jusqu’à la mort à coups de fouets plombés, succomba pour Celui dont il venait de recevoir la foi.
Sixième leçon. Calixte occupa le Saint-Siège cinq ans, un mois et douze jours. En cinq ordinations, au mois de décembre, il ordonna seize Prêtres, quatre Diacres et sacra huit Évêques. Après lui avoir fait endurer la faim et subir de nombreuses fustigations, on le précipita dans un puits. Ainsi couronné du martyre, sous l’empereur Alexandre, il fut déposé, le premier jour des ides d’octobre, dans le cimetière de Callépode, sur la voie Aurélia, au troisième mille au sortir de Rome. Plus tard, on transporta son corps dans la basilique de Sainte-Marie du Transtévère, bâtie par lui, et on le plaça sous le maître autel, où il est l’objet d’une très grande vénération.

 

Saint Calixte Ier (155-222)
Pape (16ème) de 217 à 222
Martyr

Calixte naît vers 155 d'une famille d'esclaves d'origine grecque qui habitait le quartier du Transtévère (Trastevere) à Rome, Calixte (kalistos = le plus beau) devint Chrétien au début de sa vie d'adulte.
Il fut d'abord au service d'un haut fonctionnaire de l'empereur Commode, nommé Carpophore, Chrétien lui-même, qui le chargea d'administrer ses biens.
En relation d'affaires avec quelques Juifs de Rome, il fit de mauvaises opérations, s'affola, prit la fuite, fut finalement rattrapé et enfermé dans un cachot.

Son maître, qui l'estimait, le fit relâcher, pensant qu'il parviendrait à récupérer l'argent perdu.
Il était sur le point d'aboutir quand il pénétra un jour de sabbat dans la synagogue, perturba l'office qui s'y célébrait et se fit mettre rudement à la porte par les participants qui le livrèrent au préfet Tuscianus en le dénonçant comme Chrétien.
Il fut condamné aux mines de soufre de Sardaigne pour avoir troublé une réunion juive, et parce que Chrétien.
Il travailla donc durant 3 ans à l'extraction du minerai en Sardaigne et là, côtoya de nombreux Martyrs Chrétiens, relégués au bagne comme lui : il se montra auprès d'eux d'un dévouement admirable.

Libéré et affranchi vers 190, il passa quelques années à Antium (Anzio) au sud-est de Rome. Zéphyrin, dès son élection comme Pape en 199, l'appela à ses côtés, le faisant son secrétaire personnel et l'archidiacre de la ville : il le rendit responsable de la direction du clergé et de la création du premier cimetière Chrétien qu'il fit creuser dans le tuf sur la Via Appia : cimetière qui porte aujourd'hui son nom « Catacombe de Saint-Calixte ».

A la mort de Zéphyrin, en 217, Calixte est élu Pape. Il le demeura 5 ans 2 mois et 10 jours. Son court pontificat fut des plus difficiles, marqué par l'opposition d'un Prêtre de Rome, Hippolyte, brillant mais excessif.
Calixte défendit contre lui et quelques autres la Foi trinitaire et fit prévaloir l'usage d'absoudre tous les péchés, y compris ceux que les rigoristes, tel Tertullien, considéraient comme impardonnables : l'idolâtrie, l'adultère et le meurtre.
Il reconnut comme valide le mariage entre esclaves et femmes libres (non admis comme légal par le droit romain) et accepta le remariage des veufs ainsi que leur entrée éventuelle dans le clergé.

Politique d'indulgence générale qui lui valut beaucoup de critiques : face à ses opposants, il resta ferme et donna sans se lasser l'image du bon pasteur.
Il est à remarquer qu'envers l'État, il ne montra aucune servilité. Apprenant qu'un Chrétien venait d'être exécuté sur ordre de l'empereur Alexandre-Sévère et jeté dans le Tibre, Calixte se cacha sur les rives du fleuve et avec l'aide de quelques pêcheurs et membres du clergé, le retira des eaux, célébrant solennellement ses funérailles dans sa catacombe de la Via Appia.

Il mourut le 14 Octobre 222 dans son quartier du Transtévère, victime d'une émeute dirigée contre les Chrétiens.
Jeté du haut d'une fenêtre dans un puits, recouvert de décombres, il en fut retiré par un Prêtre une quinzaine de jours après : on l'enterra sur la Via Aurélia dans le cimetière de Calépode non loin de là.
Il laissait l'Église en pleine prospérité, organisée corporativement et dotée d'une école de théologie.

Dès le début du 4° siècle, il était déclaré Martyr et l'un des rares à avoir son anniversaire. Ses reliques se trouvent sous le maître-autel de la Basilique Sainte Marie du Transtévère : elle fut construite sur l'emplacement du modeste Oratoire consacré à Marie qu'il avait fait édifier dans sa maison : Ier lieu de culte connu érigé à la mémoire de la Mère du Christ dans la Ville éternelle.

 

 

Au milieu du XIXe siècle on découvrit un texte en grec intitulé Philosophumena, ou réfutation des hérésies, qui dans son livre 9 contient un ahurissant pamphlet contre Calixte Ier. L’auteur (sans aucun doute le premier antipape Hippolyte, qui deviendra le martyr saint Hippolyte…) accuse Calixte de diverses hérésies, d’être « un imposteur et un bandit », le chef d’une secte immonde que lui, l’auteur, a chassée de l’Eglise, mais qui continue de faire des ravages…

Une analyse fouillée de ce que les Philosophumena reprochent à Calixte a permis de retrouver en partie ce qui faisait la grandeur de ce pape, et qui était intolérable pour le rigoriste extrémiste qui avait écrit le pamphlet : Calixte avait notamment établi que les péchés d’adultère et de fornication pouvaient être remis après due pénitence (ce que Tertullien dénonça également), qu’il n’y avait pas à faire accomplir une pénitence publique à ceux qui revenaient de l’hérésie pour les péchés commis hors de l’Eglise, qu’il ne suffisait pas qu’un évêque ait commis un péché mortel pour qu’il soit déposé, que les patriciennes pouvaient se marier avec des esclaves, ce que la loi civile interdisait et que Hippolyte considérait comme une abomination (Calixte établissait ainsi la distinction entre la loi ecclésiastique et la loi civile, et la primauté de la première sur la seconde).

D’autre part Hippolyte se plaint que Calixte l’accuse de « dithéisme », et affirme que c’est Calixte qui est hérétique, car il aurait inventé une nouvelle forme de sabellianisme (ou modalisme : les « Personnes » de la Trinité ne sont que différents modes du Dieu unique). Mais ce qui est attesté est que dans ses œuvres Hippolyte verse dans le subordinatianisme (le Fils, créé par le Père, est subordonné au Père)… Et, vu le culte dont il jouira, il est plus que probable que Calixte ait professé la doctrine catholique de la Trinité (ce qui n’était d’ailleurs pas évident à l’époque).

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Saint Edouard roi et confesseur

13 Octobre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Edouard roi et confesseur

Collecte

O Dieu, qui avez couronné de la gloire éternelle le roi Édouard, votre bienheureux Confesseur ; faites, s’il vous plaît, que nous l’honorions sur la terre de manière à mériter de régner avec lui dans les cieux.

Office

Quatrième leçon. Édouard surnommé le Confesseur, était petit-fils de S. Édouard, roi et Martyr, et fut le dernier souverain des Anglo-Saxons. Le Seigneur fit voir dans une extase, à un homme de très grande sainteté nommé Brithuald, qu’Édouard serait roi. Il n’avait que dix ans lorsque les Danois, qui alors dévastaient l’Angleterre le cherchant pour le faire mourir, il fut contraint de s’exiler, et se réfugia chez son oncle, le duc de Normandie. Là, au milieu des séductions du vice, il fit paraître une telle intégrité de vie et une si grande innocence de mœurs, qu’il fut un sujet d’admiration pour tous. On vit même alors éclater en lui une piété admirable envers Dieu et pour les choses divines. Il était d’un caractère très doux et sans aucune ambition du pouvoir ; on rapporte de lui cette parole, qu’il aimait mieux se passer de la royauté, s’il ne pouvait l’obtenir sans carnage et effusion de sang.
cinquième leçon. Après la mort des tyrans qui avaient enlevé à ses frères la vie avec la couronne, il fut rappelé dans sa patrie et mis en possession du trône, d’après les vœux et aux applaudissements de tous. Il s’appliqua tout entier à faire disparaître les traces de ressentiments et d’inimitiés. Commençant par les choses saintes et par les églises, dont il réédifia ou restaura les unes, enrichit les autres de revenus et de faveurs, il mit ses plus grands soins à relever et faire refleurir la religion. Poussé par les grands du royaume à se marier, il conserva avec son épouse la virginité dans l’état du mariage : les écrivains sont d’accord pour l’affirmer. Il avait tant de foi et d’amour envers Jésus-Christ que plusieurs fois, pendant la célébration des saints Mystères, il mérita de le voir apparaître, le visage empreint de douceur divine. Partout on l’appelait le père des orphelins et des indigents, et jamais il n’était plus joyeux que lorsqu’il avait épuisé les trésors royaux à soulager les pauvres.
Sixième leçon. Doué du don de prophétie, il prévit surnaturellement plusieurs faits à venir concernant l’état de l’Angleterre, et, chose remarquable entre toutes, il connut par inspiration divine, au moment même où elle arrivait, la mort de Suénon, roi des Danois, qui fut submergé en s’embarquant pour aller faire invasion en Angleterre. Édouard eut pour saint Jean l’Évangéliste un culte particulier, et il avait coutume de ne rien refuser de ce qu’on sollicitait de lui en son nom. Saint Jean, sous les haillons d’un pauvre, lui ayant un jour demandé l’aumône, le roi, dépourvu d’argent, prit l’anneau qu’il portait au doigt et le lui donna ; mais peu de temps après, le saint Apôtre le lui rendit en l’avertissant de sa fin prochaine. Le roi demanda donc aussitôt des prières, et le jour des nones de janvier, jour qu’avait prédit l’Évangéliste, il mourut très saintement, l’an du Seigneur mil soixante-six. Des miracles ayant jeté sur lui de l’éclat, le Pape Alexandre III, au cours du siècle suivant, le mit au nombre des Saints. Innocent XI ordonna d’honorer sa mémoire dans toute l’Église par un Office public, et cela, au jour même où, trente-six ans après sa mort, son corps, dans la translation qu’on en fit, fut trouvé exempt de corruption et exhalant une suave odeur.

 

Très rarement représenté en France, un cycle consacré à saint Édouard le Confesseur, roi d’Angleterre (mort en 1066), figure sur un vitrail de la cathédrale d'Amiens, associé à des épisodes de la vie de saint Edmond, roi d’Est-Anglie (mort en 870).

Cette verrière, difficilement lisible aujourd’hui, orne la grande fenêtre du bras nord du transept, au-dessus des fonts baptismaux. Elle pourrait avoir été offerte par le roi d’Angleterre Henri III Plantagenêt après sa venue à Amiens le 23 janvier 1264 : ce jour-là, Saint Louis, son beau-frère, rendit dans la cathédrale un arbitrage politique entre le roi d’Angleterre et ses barons révoltés connu sous le nom de Mise d’Amiens.

Henri III vouait une grande dévotion à saint Édouard, dernier roi saxon d’Angleterre, restaurateur de l’abbaye de Westminster. Il mourut sans enfant le 5 janvier 1066. Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, souffla alors le royaume à Harold, et installa une nouvelle dynastie. Édouard fut canonisé par le pape Alexandre III en 1161 et son culte se répandit largement en Angleterre au Moyen Age. Sa fête, célébrée le 5 janvier, fut transférée au 13 octobre par le pape Innocent XI au XVIIe siècle.

Le vitrail amiénois montre l’entrée triomphale de saint Edouard à cheval et son voyage en bateau vers l’Angleterre. Ces scènes couplées deux à deux sous un arc trilobé, se détachent sur un fond de grisaille.

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Que personne ne vous séduise

12 Octobre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Que personne ne vous séduise

Mes petits enfants, que personne ne vous séduise.

Celui qui pratique la justice est juste, comme lui-même est juste.

Celui qui commet le péché est enfant du diable, car le diable pèche depuis le commencement.

Voici pourquoi le Fils de Dieu a paru : c’est pour détruire les œuvres du diable.

Quiconque est né de Dieu ne commet pas de péché, parce que la semence de Dieu demeure en lui ; et il ne peut pas pécher, parce qu’il est né de Dieu.

A ceci on reconnaît les enfants de Dieu et les enfants du diable : Quiconque n’est pas juste, n’est pas de Dieu, non plus que celui qui n’aime pas son frère.

Car voici le message que vous avez entendu dès le commencement : c’est que vous vous aimiez les uns les autres ; loin de faire comme Caïn, qui était enfant du malin, et qui tua son frère. Et pourquoi le tua-t-il ? Parce que ses œuvres étaient mauvaises, et celles de son frère justes.

Ne vous étonnez pas, frères, si le monde vous hait.

Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort.

Quiconque hait son frère est un homicide ; et vous savez qu’aucun homicide n’a la vie éternelle demeurant en lui.

A ceci nous avons connu l’amour de Dieu : c’est qu’Il a donné sa vie pour nous ; et nous devons aussi donner notre vie pour nos frères.

Si quelqu’un possède les biens de ce monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ?

Mes petits enfants, n’aimons pas en paroles ni avec la langue, mais par les actes et en vérité.

Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité, et rassurerons nos cœurs en sa présence ; car, si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de l’assurance devant Dieu ; et quoi que nous demandions, nous le recevrons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui lui est agréable.

Et voici son commandement : que nous croyions au nom de son Fils Jésus-Christ, et que nous nous aimions les uns les autres, comme il nous l’a commandé.

Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et nous connaissons qu’il demeure en nous, par l’Esprit qu’il nous a donné. 1 Jn 3, 7-24


 

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Maternité de la Vierge Marie

11 Octobre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Maternité de la Vierge Marie

Collecte

O Dieu, vous avez voulu qu’à l’annonce de l’Ange, le Verbe votre Fils prenne chair dans le sein de la bienheureuse Vierge Marie : accordez à ceux qui vous supplient, et qui croient qu’elle est vraiment la Mère de Dieu, qu’elle nous secoure par son intercession.

Office

AU PREMIER NOCTURNE
Du livre de l’Ecclésiastique
Première leçon. Je suis sortie de la bouche du Très-Haut, la première engendrée avant toute créature. Dans les cieux j’ai fait surgir une lumière sans fin, et comme une vapeur j’ai couvert la terre. Au plus haut des cieux j’ai ma demeure, et mon trône, sur la colonne de nuée. Seule j’ai fait le tour du cercle des cieux, j’ai parcouru la profondeur des abîmes. Dans les flots de la mer j’ai marché, sur la terre entière j’ai séjourné, sur tout peuple et toute nation j’ai dominé. Les cœurs de tous, des grands et des petits, je les ai soumis par ma puissance. En toute choses, j’ai cherché du repos, et c’est dans l’héritage du Seigneur que je demeurerai.
Deuxième leçon. Alors a ordonné et m’a parlé le Créateur de l’univers ; et celui qui m’a créée a reposé dans mon tabernacle, et il m’a dit : Habite dans Jacob, et en Israël place ton héritage, et au milieu de mes élus, étends tes racines. Dès le commencement et avant tous les siècles, j’ai été créée, et jusqu’au siècle futur je ne cesserai pas d’être, et dans l’habitation sainte, j’ai exercé devant lui mon ministère. Et ainsi dans Sion j’ai été affermie, et dans la cité sainte je me suis reposée ; et dans Jérusalem est ma puissance. Et j’ai pris racine dans le peuple que le Seigneur a honoré, et dans la part de Dieu, [laquelle est] son héritage ; et dans l’assemblée entière des saints est ma demeure.
Troisième leçon. Comme un cèdre, je me suis élevée sur le Liban, et comme un cyprès sur la montagne de Sion ; comme un palmier, je me suis élevée à Cadès, et comme des rosiers à Jéricho ; je me suis élevée comme un bel olivier dans les champs, et comme un platane sur le bord de l’eau, dans les places publiques. Comme le cinnamome et le baume aromatique, j’ai répandu une odeur ; comme la myrrhe de choix, j’ai exhalé une odeur suave ; et comme le storax, le galbanum, l’onyx, le stacté, et comme le Liban qui sort sans incision, j’ai rempli de vapeur mon habitation et comme un baume non mélangé est mon odeur. Moi, comme un térébinthe, j’ai étendu mes rameaux, et mes rameaux sont d’honneur et de grâce.
 

AU DEUXIÈME NOCTURNE
Sermon de saint Léon, pape
Quatrième leçon. Une vierge, issue de la race royale de David, est choisie pour porter en elle le germe saint, à la fois divin et humain, qu’elle conçut dans son esprit, avant même de le concevoir en son corps. De peur que, si elle eût ignoré le dessein divin, elle n’eût été effrayée de ses conséquences inattendues, elle apprit de la bouche d’un ange ce que l’Esprit-Saint allait opérer en elle. Celle qui allait devenir la mère de Dieu ne craignit pas que ce ne fût au détriment de sa pudeur. Comment n’eut-elle pas espéré une conception insolite, celle à qui était promise l’efficacité de la puissance du Très-Haut ? La foi de l’âme croyante est encore confirmée par un précèdent miracle : à Élisabeth est donnée une fécondité inespérée ; ainsi ne pourrait-on douter que celui qui avait donné à une femme stérile la possibilité de concevoir, ne l’octroyât aussi à une vierge. Donc, le Verbe de Dieu, Dieu lui-même, fils de Dieu "qui était au commencement auprès de Dieu, par qui tout a été fait et rien sans lui" s’est fait homme pour libérer l’homme de la mort éternelle.
Cinquième leçon. Jésus Christ, notre Seigneur, descend de son trône du ciel pour pénétrer notre misère, sans pourtant quitter la gloire de son Père, en des conditions tout à fait nouvelles et d’une manière inusitée. Dans des conditions nouvelles, puisque invisible en soi, il se rend visible à nous, incompréhensible, il accepte d’être appréhendé, éternel, il commence à exister dans le temps. — D’une manière inusitée, puisque conçu et né d’une vierge sans la participation d’un homme et sans que soit faite injure à l’intégrité de sa mère. Une telle naissance convenait en effet au futur Sauveur des hommes qui, tout en revêtant la substance de la nature humaine, ignorerait les souillures de la chair. Il serait différent de nous par l’origine, mais semblable par la nature. Nous le croyons, cette naissance fut en dehors du cours normal de la génération humaine, mais elle s’appuya sur la puissance de Dieu, puisque la virginité de la mère demeura intacte dans la conception, l’enfantement et la suite des temps.
Sixième leçon. En l’an 1931, aux applaudissements de tout l’univers catholique, on célébrait le quinzième centenaire du concile d’Éphèse, au cours duquel la bienheureuse Vierge Marie, de qui est né Jésus, fut proclamée, contre l’hérésie de Nestorius, Mère de Dieu par les Pères en union avec le Pape Célestin ; le Souverain Pontife Pie XI voulut que le souvenir de cet heureux événement fut perpétué par un témoignage constant de sa piété. Il existait à Rome un monument glorieux de la proclamation d’Éphèse, l’arc triomphal de la basilique de Sainte-Marie-Majeure, sur l’Esquilin, orné par son prédécesseur Sixte III d’admirables mosaïques, mais détérioré par l’injure du temps ; il le fit heureusement restaurer à ses frais, ainsi que l’aile transversale de la basilique. Il décrivit dans une lettre encyclique la vraie physionomie du concile œcuménique d’Éphèse et exposa abondamment et avec piété le privilège ineffable de la Maternité divine de la bienheureuse Vierge Marie, afin que la connaissance d’un mystère si sublime se gravât plus profondément dans les âmes des fidèles. En même temps il proposa Marie Mère de Dieu, bénie entre toutes les femmes, et la famille de Nazareth, comme un modèle à imiter, illustre entre tous, tant pour la dignité et la sainteté d’un chaste mariage que pour la pieuse éducation de la jeunesse. Enfin, pour que subsistât aussi un monument liturgique, il décréta que la fête de la Maternité divine de la bienheureuse Vierge Marie serait célébrée chaque année le 11 octobre par l’Église universelle, sous le rite double de deuxième classe, avec une Messe et un office propres.
 

AU DEUXIÈME NOCTURNE

Homélie de saint Bernard, abbé
Septième leçon. Marie donne au Dieu et Seigneur des anges le nom de "fils" : "Mon fils, pourquoi nous as-tu fait cela ?" Quel est l’ange qui oserait en dire autant ? Il leur suffit, et ils le tiennent déjà pour un grand honneur, d’être promus et appelés "anges" par grâce, alors qu’ils sont par nature des esprits, au témoignage de David : "des esprits, le Seigneur fait ses anges". Mais Marie sait qu’elle est sa mère et, en toute simplicité, elle appelle son fils celui que les anges servent avec respect. Quant à Dieu, il ne dédaigne pas de recevoir le titre de ce qu’il a daigné être. Peu après, l’évangéliste ajoute : "Et il leur était soumis". Qui ? — A qui ? — Dieu à des hommes ! Dieu, dis-je, dont les anges sont les sujets, à qui obéissent Principautés et Puissances, c’est à Marie qu’il se soumet !
Huitième leçon. Des deux merveilles, laquelle faut-il admirer davantage ? La condescendance toute d’amour du Fils ou la dignité si remarquable de sa Mère ? Toutes deux provoquent la stupeur car elles sont toutes deux un prodige. Dieu obéit à une femme : humilité sans exemple ! Une femme commande à Dieu : sublimité sans pareille ! Comme un privilège des vierges, le Cantique assure qu’« elles suivent l’Agneau partout où il va ». De quelles louanges, pensez-vous sera digne celle qui même le précède ? Apprends, homme, l’obéissance ! Apprends, limon, la soumission ! Apprends, poussière, l’humble dépendance ! C’est en parlant de ton Créateur que l’évangéliste dit : "Et il leur était soumis". Rougis, cendre imbibée d’orgueil ! Dieu s’abaisse pendant que tu t’élèves ! Dieu se soumet aux hommes et toi, n’aspirant qu’à les dominer, tu veux prendre rang au-dessus de ton Créateur !
Neuvième leçon. Heureuse Marie à qui n’ont manqué ni l’humilité ni la virginité ! Singulière virginité que la fécondité, au lieu d’y apporter atteinte, a magnifiée ! Humilité non moins notable, que cette féconde virginité, au lieu de l’éteindre, a exaltée ! Incomparable fécondité enfin qu’accompagnent la virginité et l’humilité ! Tout n’est-il pas ici admirable, inégalable, inouï ? Il serait étonnant que vous n’hésitiez pas pour savoir ce qui vous paraît le plus digne d’admiration : la fécondité chez une vierge ou la virginité chez une mère, l’élévation que cause un tel enfantement ou l’humilité qui lui est jointe ? A moins que, sans doute, tout cela ne vous semble en même temps préférable et que vous ne pensiez incomparablement meilleur et heureux de recevoir à la fois tous ces bienfaits. D’ailleurs, quoi d’étonnant à ce que Dieu qui, nous le lisons, "est admirable dans ses saints", se montrât plus admirable encore en sa Mère ? Vénérez donc, épouses, l’intégrité de sa chair dans une chair corruptible et vous, vierges consacrées, vénérez la fécondité dans une vierge. Vous tous, qui que vous soyez, imitez l’humilité de la Mère de Dieu.

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Saint François de Borgia confesseur

10 Octobre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint François de Borgia confesseur

Collecte

Seigneur Jésus-Christ, vous qui êtes le modèle et la récompense de la véritable humilité, et qui avez fait du bienheureux François votre glorieux imitateur dans le mépris des honneurs terrestres, accordez-nous la grâce de l’imiter et de partager sa gloire.

Office

Quatrième leçon. François, quatrième duc de Gandie, fils de Jean de Borgia et de Jeanne d’Aragon, petite-fille de Ferdinand le Catholique, après avoir passé au sein de sa famille une enfance admirable d’innocence et de piété, se montra plus admirable encore par la pratique exemplaire des vertus chrétiennes et l’austérité de sa vie, à la cour de l’empereur Charles-Quint, et ensuite dans le gouvernement de la Catalogne. A la mort de l’impératrice Isabelle, il fut chargé de conduire son corps à Grenade, pour y recevoir la sépulture. En voyant le changement opéré sur le visage de l’impératrice, il réfléchit à la vanité de tout ce qui est mortel, et s’engagea par vœu à se dépouiller de tous ses biens dès qu’il le pourrait, pour ne plus servir que le Roi des rois. Dès lors il avança tellement dans la vertu, qu’au milieu des affaires du siècle, il reproduisait tous les traits de la perfection religieuse, et qu’on l’appelait le prodige des princes.
Cinquième leçon. Éléonore de Castro, son épouse étant morte, il entra dans la Compagnie de Jésus, afin d’y mener plus sûrement une vie cachée, et de s’interdire l’accès aux dignités par l’engagement sacré d’un vœu. Il mérita que son exemple portât plusieurs princes à embrasser un genre de vie plus austère, et que Charles-Quint lui-même, en abdiquant l’empire, déclarât que François avait été son inspirateur et son guide. Dans cette profession de vie rigoureuse, François réduisit son corps à une maigreur extrême par le jeûne, les chaînes de fer, le cilice, des flagellations longues et sanglantes et la privation de sommeil. D’ailleurs, il ne s’épargnait aucune fatigue pour se vaincre et pour sauver les âmes. Orné de tant de vertus, il fut nommé, par saint Ignace, commissaire général de la Compagnie en Espagne, et quelques années après, on l’élut, malgré lui, troisième général de la Compagnie. Dans cette charge, il se rendit extrêmement cher aux princes temporels et aux souverains Pontifes, par sa prudence et sa sainteté. Il fonda ou développa en divers lieux nombre d’établissements, envoya des membres de sa Compagnie en Pologne, dans les îles de l’Océan, au Mexique et au Pérou, dirigea vers d’autres contrées des missionnaires qui, par leurs prédications, leurs sueurs et leur sang, propagèrent la foi catholique et romaine
Sixième leçon. Il avait de lui-même une si basse opinion qu’il s’appropriait le nom de pécheur, comme étant le sien. Il refusa avec une humilité qui ne se démentit jamais, la pourpre romaine que les souverains Pontifes lui offrirent à différentes reprises. Balayer la maison, mendier son pain aux portes, servir les malades dans les hôpitaux, par mépris de soi-même et du monde, il en faisait ses délices. Tous les jours il consacrait de longues heures, ordinairement huit et quelquefois dix, à la méditation des choses du ciel. Cent fois par jour, il faisait la génuflexion pour adorer Dieu. Jamais il n’omit de célébrer la sainte Messe. L’ardeur divine qui le consumait, se manifestait par l’éclat de son visage lorsqu’il offrait le saint Sacrifice, et quelquefois même pendant qu’il prêchait. Un instinct céleste lui marquait les lieux où le très saint corps de Jésus Christ, caché dans l’Eucharistie, se trouvait en réserve. Sur l’ordre de saint Pie V, il accompagna le Cardinal Alexandrin, légat du Siège apostolique, que le Pape envoyait auprès des princes chrétiens, pour former une ligue contre les Turcs. Ce fut donc par obéissance qu’il entreprit ce long voyage, malgré l’affaiblissement de ses forces. Il mourut à son retour à Rome, où il avait désiré achever sa vie, à l’âge de soixante-deux ans, en l’année mil cinq cent soixante-douze. Sainte Thérèse, qui recourait à ses conseils, l’appelait un saint, et Grégoire XIII, un fidèle administrateur. Enfin, de nombreux et grands miracles l’ayant glorifié, Clément X l’inscrivit au nombre des Saints.

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Saint Jean Léonardi confesseur mémoire des Saints Denis, Rustique et Eleuthère, Martyrs

9 Octobre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Jean Léonardi confesseur mémoire des Saints Denis, Rustique et Eleuthère, Martyrs

Collectes

O Dieu, afin de répandre la foi parmi les païens, vous avez suscité d’une merveilleuse façon le bienheureux Jean votre Confesseur, et vous lui avez fait fonder dans votre Église une nouvelle famille pour instruire les fidèles : donnez-nous, à nous vos serviteurs, de profiter si bien de ses enseignements que nous obtenions la vie éternelle.

O Dieu, qui, en ce jour, avez fortifié le bienheureux Denis, votre Martyr et Pontife, lui donnant la constance dans l’épreuve du martyre, et qui avez daigné lui associer Rustique et Éleuthère, pour annoncer votre gloire aux Gentils ; faites-nous, s’il vous plaît, la grâce de mépriser, à leur exemple et pour l’amour de vous, les prospérités du monde et de ne craindre aucune de ses adversités.

Office

Jean Leonardi, né près de la ville de Lucques, montra dès son premier âge un air de gravité et de maturité. Appelé par Dieu à l’âge de vingt-six ans à s’enrôler dans la milice ecclésiastique, il apprit d’abord parmi les enfants les rudiments du latin, puis il fit de tels progrès dans les lettres et dans les disciplines philosophiques et théologiques qu’au bout de quatre ans à peine il fut élevé au sacerdoce, en vertu de l’obéissance. Il institua la Congrégation des clercs réguliers de la Mère de Dieu ; leurs efforts et leur zèle amenèrent une grande transformation spirituelle dans la république de Lucques. Il connut alors les poursuites acharnées des méchants, mais acceptant toutes les épreuves d’une âme sereine, il obtint de Grégoire XIII l’approbation de sa congrégation. Profondément affligé de savoir beaucoup de peuples privés dans les contrées lointaines de la lumière de l’Évangile, il fonda, après des entretiens avec le pieux prélat Vives, un groupement de prêtres qui aurait pour charge la formation de jeunes gens destinés à aller ensuite dans des pays éloignés pour y propager la foi. Il n’abandonna jamais le saint ministère et, dans la cendre et le cilice, il s’en alla vers le Seigneur, à Rome, le 9 octobre 1609. Pie XI l’inscrivit au nombre des saints.

 

Saint Jean Léonardi confesseur mémoire des Saints Denis, Rustique et Eleuthère, Martyrs

Saint Denis est le premier évêque de Paris, il mourut martyr avec ses compagnons saint Rustique, prêtre, et saint Eleuthère, diacre.

Selon le texte le plus ancien de sa Passion, mise en forme vers l’an 500, Denys a été envoyé de Rome en Gaule comme évêque missionnaire par le pape saint Clément, troisième successeur de saint Pierre, de 88 à 97. Denys parvient à Paris avec un groupe de disciples évangélisateurs, parmi lesquels on compte saint Rustique, saint Eleuthère, saint Eugène (martyrisé à Deuil-la-Barre) et saint Yon (martyrisé à Chastres-sous-Montlhéry, aujourd’hui Arpajon). A Paris, Denys construit la première cathédrale, prêche la foi véritable aux habitants et les convertit au Christ. Les autorités romaines ne tardent pas à remarquer son action. Soumis à un interrogatoire, Denys et ses compagnons se déclarent chrétiens et sont mis à mort, décapités par le glaive du bourreau. Selon la tradition, les trois saints souffrirent le martyre à Montmartre (= le Mont des Martyrs). Pour empêcher que leurs dépouilles ne soient jetés dans la Seine, une aristocrate romaine encore païenne, Catulla, décide de s’en emparer par la ruse et de les ensevelir dans un champ de sa propriété au Nord de Lutèce. La tombe de saint Denys devint très tôt lieu de pèlerinage et de nombreux chrétiens se firent ensevelir au plus près de celle-ci dès la paix de l’Eglise survenue au IVème siècle sous le règne de Constantin. Sainte Geneviève fit construire vers 520 une première église sur la sépulture de saint Denys, qui devint par la suite l’Abbaye royale de Saint-Denis, lieu de sépulture des rois de France.

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XIXème Dimanche après la Pentecôte

8 Octobre 2023 , Rédigé par Ludovicus

XIXème Dimanche après la Pentecôte

Introït

Moi je suis le salut du peuple, dit le Seigneur ; en quelque tribulation qu’ils crient vers moi, je les exaucerai, et je serai leur Seigneur pour toujours. Mon peuple, soyez attentif à ma loi, prêtez l’oreille aux paroles de ma bouche.

Collecte

Dieu tout-puissant et miséricordieux, éloignez de nous, dans votre bonté, tout ce qui s’oppose à notre salut, afin que, libres d’esprit et de corps, nous accomplissions ce qui est de votre service avec des cœurs dégagés de toute entrave.

Épître Ep. 4, 23-28.

Mes frères, renouvelez-vous de l’esprit de votre intelligence, et revêtez-vous de l’homme nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté de la vérité. C’est pourquoi, renonçant au mensonge, dites chacun la vérité avec son prochain, parce que nous sommes membres les uns des autres. Si vous vous mettez en colère, ne péchez point ; que le soleil ne se couche pas sur votre colère. Ne donnez pas prise au diable. Que celui qui dérobait ne dérobe plus, mais plutôt qu’il s’occupe en travaillant des mains à quelque chose de bon, pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin.

Évangile Mt. 22, 1-14

En ce temps-là, Jésus, prenant la parole, parla de nouveau en paraboles, et il dit : Le royaume des deux est semblable à un roi qui fit faire les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces, mais ils ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs, en disant : Dites aux invités : J’ai préparé mon festin, mes bœufs, et mes animaux engraissés sont tués ; tout est prêt, venez aux noces. Mais ils ne s’en inquiétèrent point, et s’en allèrent, l’un à sa ferme et l’autre à son négoce ; les autres se saisirent de ses serviteurs, et les tuèrent, après les avoir accablés d’outrages. Lorsque le roi l’apprit, il fut irrité ; et ayant envoyé ses armées, il extermina ces meurtriers, et brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : Les noces sont prêtes, mais ceux qui avaient été invités n’en étaient pas dignes. Allez donc dans les carrefours, et appelez aux noces tous ceux qui seront là. Ses serviteurs, s’en allant par les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, mauvais et bons, et la salle des noces fut remplie de convives. Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut là un homme qui n’était pas revêtu de la robe nuptiale. Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir la robe nuptiale ? Et cet homme demeura muet. Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-lui les mains et les pieds, et jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents. Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.

Offertoire

Quand j’aurai marché au milieu des tribulations, vous me vivifierez, Seigneur ; vous étendrez votre main contre la fureur de mes ennemis et votre droite me sauvera.

Postcommunion

En vertu de votre clémence, ô Seigneur, que l’opération de votre grâce salutaire nous délivre de nos tendances perverses et nous fasse demeurer attachés toujours à vos commandements.

Office

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Grégoire, pape.

Septième leçon. Je me souviens de vous avoir déjà dit souvent que dans le saint Évangile l’Église présente est maintes fois nommée le Royaume des Cieux ; car on appelle Royaume des Cieux l’assemblée des justes. Le Seigneur en effet dit par le prophète : « Le ciel est mon trône ». Et Salomon assure que l’âme du juste est le trône de la sagesse. Paul aussi dit que le Christ est « puissance de Dieu et sagesse de Dieu ». C’est à nous de faire le lien : si Dieu est la sagesse, et l’âme du juste, le trône de la sagesse, vu que le ciel est appelé trône de Dieu, l’âme du juste est donc le ciel. Ceci est dit par le psalmiste à propos des saints prédicateurs : « Les cieux racontent la gloire de Dieu ».

Huitième leçon. Le Royaume des Cieux est donc l’Église des justes : car déjà le Seigneur règne en eux comme dans les cieux : du fait qu’ils soupirent après les choses d’en haut, leur cœur ne recherche rien sur la terre. On peut donc dire : « Le Royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils. » Votre charité comprend déjà qui est ce Roi, père du Fils Roi. N’est-il pas celui à qui le psalmiste dit : « Dieu, donne au Roi ton jugement, et ta justice au fils du Roi ». « Il célébra les noces de son fils. » Dieu le Père célébra les noces de Dieu son Fils, quand il l’unit à la nature humaine dans le sein de la Vierge ; quand celui qui est Dieu dès avant les siècles, il a voulu le faire devenir homme à la fin des temps. Mais, bien que, normalement, cette union nuptiale se fasse entre deux personnes, qu’il soit banni de nos esprits de croire que la personne du Dieu-homme notre Rédempteur Jésus Christ, soit l’union de deux personnes.

Neuvième leçon. Nous disons que le Christ est constitué de deux natures et en deux natures ; mais gardons-nous bien, comme interdit, de croire qu’il est composé de deux personnes. On peut dire plus clairement et plus sûrement que le père célébra les noces du Roi son Fils quand il lui unit la sainte Église par le mystère de l’Incarnation. Or le sein de la Vierge Mère fut la chambre nuptiale de cet Époux. Aussi le psalmiste dit-il : « Dans le soleil il a dressé sa tente, il est comme l’époux qui sort de la chambre nuptiale ».

L’auguste chef du peuple de Dieu est le salut des siens dans tous leurs maux. Ne l’a-t-il pas montré, Dimanche dernier, d’une façon éclatante, en restaurant à la fois le corps et l’âme du pauvre paralytique qui nous figurait tous ? Écoutons sa voix, dans l’Introït, avec reconnaissance et amour ; promettons-lui la fidélité qu’il demande : sa loi, observée, nous gardera de la rechute.

L’Antienne qui suit est inspirée de divers passages de l’Écriture, sans se trouver dans aucun. Le Verset est tiré du psaume LXXVII.

Pour bien comprendre la pensée qui domine les Collectes et plusieurs autres parties des Messes du Temps après la Pentecôte, il est bon, comme on le sait, de ne point perdre de vue l’Évangile du Dimanche précédent. C’est ainsi que l’Église s’inspire encore ci-après de l’épisode du paralytique que le Fils de l’homme, il y a huit jours, guérit doublement sous nos yeux en figure d’un plus grand mystère. Dégagé dans le corps et dans l’âme par la parole toute-puissante du Sauveur, le genre humain peut maintenant d’un cœur libre et dispos vaquer à Dieu. Obtenons du Très-Haut, en nous unissant à l’Église dans la Collecte, que jamais le fatal engourdissement qui nous fut si contraire ne ressaisisse nos facultés.

ÉPÎTRE.

La lecture de l’Épître aux Éphésiens, suspendue Dimanche en la manière que nous avons rapportée, est reprise aujourd’hui par la sainte Église. L’Apôtre a posé précédemment les principes dogmatiques de la vraie sainteté ; il déduit maintenant les conséquences morales de ces principes.

Rappelons-nous que la sainteté en Dieu est sa vérité même, la vérité vivante et harmonieuse, qui n’est autre que le concert admirable des trois divines personnes unies dans l’amour. Nous avons vu que la sainteté pour les hommes est aussi l’union à l’éternelle et vivante vérité par l’amour infini. Le Verbe a pris un corps pour manifester dans la chair cette vérité parfaite, dont il est l’expression substantielle ; son humanité, sanctifiée directement par la plénitude de la vie divine qui réside en lui, est devenue le modèle, et aussi le moyen, la voie unique de la sainteté pour toute créature.

Indépendamment du péché, les conditions de la nature finie retenaient l’homme bien loin de la vie divine ; mais il trouve en Jésus-Christ, tels qu’ils sont en Dieu, les deux éléments de cette vie : la vérité et l’amour. En Jésus, comme complément de son incarnation, la Sagesse aspire à s’unir aussi tous les membres de cette humanité dont il est le chef ; par lui l’Esprit-Saint, dont il est le réservoir sacré, se déverse sur l’homme pour l’adapter à sa vocation sublime, et consommer dans l’amour infini qui est lui-même cette union de toute créature avec le Verbe divin. Ainsi nous est communiquée la vie de Dieu, dont l’existence se résume dans la contemplation et l’amour de son Verbe ; ainsi sommes-nous sanctifiés dans la vérité, en participant à la sainteté même dont Dieu est saint par nature.

Mais si le Fils de l’homme, étant Dieu, participe pour sa race à la vie d’union dans la vérité, qui fait la sainteté de la Trinité souveraine, il ne communique cette vie, cette vérité, cette union déifiante, qu’à ceux des hommes qui sont devenus vraiment ses membres, qui reproduisent entre eux en lui, par l’opération de l’Esprit de vérité et d’amour l’unité dont cet Esprit sanctificateur est en Dieu le lien tout-puissant. Que tous ils soient un, comme vous en moi et moi en vous, ô Père, disait l’Homme-Dieu ; qu’ils soient eux aussi UN en nous : je leur ai donné la gloire, c’est-à-dire la sainteté que vous m’avez donnée, pour qu’ils soient UN comme nous-mêmes nous sommes un, pour que, moi en eux et vous en moi, ils soient consommés et parfaits dans l’unité.Tel est, formulé par le Christ en personne, l’axiome simple et fécond, fondement du dogme et de la morale du christianisme. Jésus, dans cette prière sublime, expliquait ce qu’il venait de dire auparavant : Je me sanctifie pour eux, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la VÉRITÉ.

Comprenons maintenant la morale de saint Paul en notre Épître, et ce qu’il entend par cette justice et cette sainteté de la vérité qui est celle du Christ, de l’homme nouveau que doit revêtir quiconque aspire à la possession des richesses énumérées dans les précédents passages de sa lettre immortelle. Qu’on relise l’Épître du XVIIe Dimanche, et l’on y verra que toutes les règles de l’ascétisme chrétien comme de la vie mystique se résument, pour l’Apôtre, dans ces mots : Soyons soucieux de l’UNITÉ. C’est le principe qu’il donne aux commençants comme aux parfaits ; c’est le couronnement des plus sublimes vocations dans l’ordre de la grâce, comme le fondement et la raison de tous les commandements de Dieu : tellement que, si nous devons nous abstenir du mensonge et dire la vérité à ceux qui nous écoutent, le motif en est, d’après l’Apôtre, que nous sommes membres les uns des autres !

Il est une sainte colère, dont parlait le psalmiste, et qu’inspire en certaines occasions le zèle de la loi divine et de la charité ; mais le mouvement d’irritation soulevé dans l’âme doit, alors même, s’apaiser au plus tôt : le prolonger serait donner place au diable, et lui laisser beau jeu pour ébranler ou renverser en nous, par la rancune et la haine, l’édifice de la sainte unité.

Avant notre conversion, le prochain n’avait pas moins que Dieu même à souffrir de nos fautes ; l’injustice nous coûtait peu, quand elle passait inaperçue ; l’égoïsme était notre loi, c’était la garantie du règne de Satan sur nos âmes. Maintenant que l’Esprit de sainteté a chassé l’indigne usurpateur, le meilleur signe de son empire reconquis est que non seulement les droits d’autrui sont désormais sacrés pour nous, mais que notre travail et toutes nos œuvres s’inspirent de la pensée des besoins du prochain à satisfaire. En un mot, poursuit et conclut l’Apôtre un peu plus loin, étant les imitateurs de Dieu comme ses fils très chers, nous marchons dans l’amour.

Ce n’est point autrement que l’Église, d’après saint Basile, manifeste au monde la grandeur des biens conférés à cette terre par l’Incarnation. L’assemblée des chrétiens parfaits montre la nature humaine, auparavant rompue et divisée en mille fragments, rejointe maintenant sur elle-même et pour Dieu ; c’est le résumé de ce que le Sauveur a fait dans la chair.

Le Christ a rendu la liberté de leurs mouvements à nos mains paralysées pour le bien surnaturel ; élevons-les spirituellement dans la prière, glorifiant Dieu par cet hommage qu’il agrée comme un sacrifice de suave odeur. C’est l’enseignement que la sainte Église nous donne par son exemple, au Graduel.

ÉVANGILE.

L’Évangile qu’on vient d’entendre a fait donner plus spécialement le nom de Dimanche des conviés aux noces au dix-neuvième Dimanche après la Pentecôte. Dès le commencement néanmoins de la série dominicale qui prend son point de départ à la descente de l’Esprit-Saint, l’Église proposait à ses fils l’enseignement évangélique qu’elle offre aujourd’hui derechef à leurs méditations ; au deuxième Dimanche après la Pentecôte, elle empruntait à saint Luc  l’exposé de la parabole du grand repas aux nombreux invités, que saint Matthieu, précisant davantage, appelle maintenant le festin des noces.

Placée ainsi au début et vers la fin de la saison liturgique à laquelle préside l’Esprit sanctificateur, cette parabole éclaire toute la partie de l’année qu’elle domine en cette manière, et révèle de nouveau le vrai but qu’y poursuit l’Église. Mais combien la lumière n’a-t-elle pas grandi, depuis le jour où nous furent présentées pour la première fois ces allégories mystérieuses ! Ce certain homme, homo quidam, qui fit un grand souper et y appela beaucoup de gens, est devenu le roi qui fait les noces de son fils et nous donne en ces noces l’image du royaume des cieux. L’histoire du monde, elle aussi, s’est depuis lors développée sous nos yeux, comme l’ont fait, en passant d’un évangéliste à l’autre, les termes eux-mêmes de l’allégorie. Les anciens et premiers conviés, qui d’abord se bornaient à décliner l’invitation du père de famille, ont crû en audace ; s’emparant des porteurs du message que leur adressait l’amour, ils les ont couverts d’insultes et mis à mort. Nous avons assisté à la vengeance de cet homme qui était Dieu même, du père d’Israël devenu le roi des nations ; nous avons vu ses armées perdre les homicides et briller leur ville. Et voilà qu’enfin, malgré le refus des invités de Juda et leur opposition perfide à la célébration des noces du Fils de Dieu, les noces sont prêtes et la salle est remplie.

Le roi céleste a laissé aux serviteurs de son amour le soin d’appeler de toute race les nouveaux conviés ; mais maintenant que les envoyés, selon ses ordres, ont parcouru la terre entière, rassemblé les nations pour ce jour de la joie de son cœur, il va descendre en personne, pour s’assurer lui-même que rien ne manque aux apprêts de la fête et donner le signal du festin éternel des noces sacrées. Or, pour une telle fête, en un tel lieu, rien ne saurait manquer que de la part des conviés ; que ceux-ci veillent donc à ne pas attirer sur eux, dans cet universel et suprême examen, la défaveur du très-haut prince qui les appelle à son alliance. S’il a daigné les convoquer, malgré leur pauvreté sordide, des places publiques et de tous les carrefours, il leur a laissé tout le temps de déposer les haillons du passé ; sachant bien qu’ils ne pouvaient se pourvoir eux-mêmes, il a mis à leur disposition, pour le banquet nuptial, les plus riches vêtements de sa grâce et des vertus. Malheur donc à quiconque serait trouvé, au dernier jour, sans la robe nuptiale de la charité ! sa faute n’aurait point d’excuse, et le roi la punirait justement par l’exclusion de la salle du festin, comme une insulte à son fils.

Tout ce qui précède, dans les Dimanches qui viennent de s’écouler, nous a montré l’Église soucieuse uniquement de préparer l’humanité à ces noces merveilleuses, dont la célébration est le seul but qu’ait poursuivi le Verbe divin en venant sur la terre. Dans son exil qui se prolonge, l’Épouse du Fils de Dieu nous est apparue comme le vivant modèle de ses fils ; mais elle n’a point cessé non plus de les disposer par ses instructions à l’intelligence du grand mystère de l’union divine. Il y a trois semaines, abordant plus directement qu’elle ne l’avait fait jusque-là le sujet de son unique préoccupation de Mère et d’Épouse, elle leur rappelait l’appel ineffable. Huit jours plus tard, par ses soins, l’Époux des noces auxquelles on les conviait se révélait à eux dans cet Homme-Dieu devenu l’objet du double précepte de l’amour qui résume toute la loi. Aujourd’hui, l’enseignement est complet. Elle le précise dans l’Office de la nuit, où saint Grégoire nous donne toute sa pensée ; avec la double autorité d’un grand Docteur et d’un grand Pape, au nom même de l’Église, il explique ainsi l’Évangile :

« Le royaume des cieux est l’assemblée des justes. Le Seigneur dit en effet par un prophète : Le ciel est mon trône ; et Salomon dit d’autre part : L’âme du juste est le trône de la Sagesse, pendant que Paul appelle le Christ : Sagesse de Dieu. Si donc le ciel est le trône de Dieu, nous devons conclure évidemment que, la Sagesse étant Dieu et l’âme du juste le trône de la Sagesse, cette âme est un ciel... Le royaume des cieux est donc bien l’assemblée des justes... Si ce royaume est déclaré semblable à un roi qui fait les noces de son fils, votre charité comprend aussitôt quel est ce roi, père d’un fils roi comme lui-même, à savoir celui dont il est dit dans le psaume : O Dieu, confiez au Roi vos jugements, et votre justice au Fils du Roi ! Dieu le Père a fait les noces de Dieu son Fils, quand il l’a uni à la nature humaine, quand il a voulu que celui qui était Dieu avant les siècles devînt homme sur la fin des siècles. Mais nous devons éviter le danger de laisser à entendre qu’il puisse exister dualité de personnes en notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ... A cause de cela, il peut être à la fois plus clair et plus sûr de dire que le Père a fait les noces du Roi son Fils, en lui unissant par le mystère de l’incarnation la sainte Église. Le sein de la Vierge mère a été la chambre nuptiale de cet Époux, dont le Psalmiste dit : Il a placé sa tente dans le soleil, il est l’Époux qui s’avance de sa chambre nuptiale. »

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Notre-Dame du Rosaire mémoire de Saint Marc Pape et Confesseur

7 Octobre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Notre-Dame du Rosaire  mémoire de Saint Marc Pape et Confesseur

Collecte

O Dieu, dont le Fils unique nous a obtenu le prix du salut éternel par sa vie, sa mort et sa résurrection ; faites, nous vous en prions, qu’honorant ces mystères au moyen du très saint Rosaire de la bienheureuse Vierge Marie, nous imitions ce qu’ils contiennent, et obtenions ce qu’ils promettent.

Office

AU PREMIER NOCTURNE.

Du livre de l’Ecclésiastique.

Première leçon. En toute choses, j’ai cherché du repos, et c’est dans l’héritage du Seigneur que je demeurerai. Alors a ordonné et m’a parlé le Créateur de l’univers ; et celui qui m’a créée a reposé dans mon tabernacle, et il m’a dit : Habite dans Jacob, et en Israël place ton héritage, et au milieu de mes élus, étends tes racines. Dès le commencement et avant tous les siècles, j’ai été créée, et jusqu’au siècle futur je ne cesserai pas d’être, et dans l’habitation sainte, j’ai exercé devant lui mon ministère. Et ainsi dans Sion j’ai été affermie, et dans la cité sainte je me suis reposée ; et dans Jérusalem est ma puissance. Et j’ai pris racine dans le peuple que le Seigneur a honoré, et dans la part de Dieu, [laquelle est] son héritage ; et dans l’assemblée entière des saints est ma demeure.
Deuxième leçon. Comme un cèdre, je me suis élevée sur le Liban, et comme un cyprès sur la montagne de Sion ; comme un palmier, je me suis élevée à Cadès, et comme des rosiers à Jéricho ; je me suis élevée comme un bel olivier dans les champs, et comme un platane sur le bord de l’eau, dans les places publiques. Comme le cinnamome et le baume aromatique, j’ai répandu une odeur ; comme la myrrhe de choix, j’ai exhalé une odeur suave ; et comme le storax, le galbanum, l’onyx, le stacté, et comme le Liban qui sort sans incision, j’ai rempli de vapeur mon habitation et comme un baume non mélangé est mon odeur. Moi, comme un térébinthe, j’ai étendu mes rameaux, et mes rameaux sont d’honneur et de grâce.
Troisième leçon. Moi, je suis la mère du pur amour, et de la crainte, et de la science, et de la sainte espérance. En moi est toute la grâce de la voie et de la vérité ; en moi toute l’espérance de la vie et de la vertu. Venez à moi, vous tous qui me désirez avec ardeur, et remplissez-vous de mes productions ; car mon esprit est plus doux que le miel, et mon héritage l’emporte sur le miel et le rayon. Ma mémoire vivra dans les générations des siècles. Ceux qui me mangent auront encore faim, et ceux qui me boivent auront encore soif. Celui qui m’écoute ne sera pas confondu ; et ceux qui agissent par moi ne pécheront pas. Ceux qui me font connaître auront la vie éternelle.
 

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. Quand l’hérésie albigeoise s’étendait avec impiété dans la province de Toulouse, et y poussait des racines de jour en jour plus profondes, saint Dominique, qui avait fondé récemment l’Ordre des Frères Prêcheurs, s’appliqua tout entier à la faire disparaître. Pour y arriver plus sûrement, il implora par des prières assidues le secours de la bienheureuse Vierge, dont les hérétiques attaquaient impudemment la dignité, et à laquelle il a été donné de détruire les hérésies dans l’univers entier. Dominique (à ce que rapporte la tradition), reçut de Marie l’avertissement de prêcher le Rosaire au peuple, comme un secours singulièrement efficace contre les hérésies et les vices ; et il est prodigieux de voir avec quelle ferveur, et aussi quel succès, il s’acquitta de la tâche qui lui avait été imposée. Or le Rosaire est une formule particulière de prière, dans laquelle on distingue quinze décades de salutations angéliques, décades séparées l’une de l’autre par l’oraison dominicale, et à chacune desquelles nous passons en revue et méditons pieusement les mystères de notre rédemption. C’est donc à partir de ce moment que, grâce à saint Dominique, cette manière de prier commença à se faire connaître et à se répandre ; et, qu’il en soit l’instituteur et l’auteur, on le trouve affirmé dans les lettres apostoliques de souverains Pontifes.Cinquième leçon. De cette institution si salutaire, découlèrent sur le peuple chrétien d’innombrables bienfaits, parmi lesquels on cite avec raison la victoire que le très saint Pontife Pie V et les princes chrétiens, enflammés par ses paroles, remportèrent près des îles Echinades sur le puissant despote des Turcs. En effet, comme au jour même où fut remportée cette victoire, les confréries du très saint Rosaire adressaient à Marie, dans tout l’univers, les supplications accoutumées et les prières prescrites selon l’usage, le triomphe obtenu a été attribué, non sans raison, à ces prières. Grégoire XIII en a lui-même rendu témoignage, et, pour qu’en souvenir d’un bienfait si marqué, d’éternelles actions de grâces fussent rendues à la bienheureuse Vierge, invoquée par les fidèles sous l’appellation de Notre Dame du Rosaire, il a concédé un Office du rite double majeur, à célébrer à perpétuité, dans toutes les églises où il y avait un autel du Rosaire. D’autres Pontifes ont accordé des indulgences presque innombrables à ceux qui réciteraient le Rosaire, comme aux confréries de ce même Rosaire.
Sixième leçon. Clément XI attribuait en son cœur à l’efficacité des mêmes prières, la victoire également insigne remportée l’an mil sept cent seize dans le royaume de Hongrie, sur les troupes innombrables des Turcs, par Charles VI, empereur des Romains, car cette victoire arriva le jour où l’on célébrait la fête de la Dédicace de sainte Marie aux Neiges, et environ à l’heure où les confrères du très saint Rosaire, ayant organisé dans la Ville sainte une supplication publique et solennelle, avec un immense concours de peuple et une grande marque de religion, versaient aux pieds du Seigneur de ferventes prières pour la défaite des Turcs, et imploraient humblement le puissant secours de la Vierge Mère de Dieu, en faveur des Chrétiens. En raison de ces circonstances, Clément XI jugea donc devoir pieusement attribuer à la protection de la bienheureuse Vierge cette victoire, ainsi que la délivrance de l’île de Corcyre, assiégée par les Mahométans, qui la suivit de près. Pour que ce nouveau bienfait, si insigne aussi, laissât un souvenir et une reconnaissance perpétuels, il étendit à l’Église universelle, sous le même rite, la Fête du très saint Rosaire. Benoît XIII ordonna d’insérer toutes ces faveurs dans le Bréviaire romain. Enfin Léon XIII, dans nos temps si troublés pour l’Église et en présence de l’affreux déchaînement des maux qui nous accablent depuis si longtemps, a souvent et vivement excité par des lettres apostoliques, réitérées, tous les fidèles du monde à la dévotion du Rosaire de Marie, les engageant à le réciter, surtout pendant le mois d’octobre. Il a, de plus, élevé cette fête à un grade supérieur, et ajouté aux Litanies de Lorette l’invocation de « Reine du très saint Rosaire, » et enfin concédé à l’Église universelle un Office propre pour la même solennité. Vénérons donc toujours la très sainte Mère de Dieu, au moyen de cette dévotion qui lui est très agréable ; et celle qui, tant de fois invoquée par les fidèles du Christ confiants dans les supplications du Rosaire, nous a obtenu d’abaisser et d’anéantir nos ennemis terrestres, nous accordera pareillement de triompher de ceux de l’enfer.
 

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Bernard, Abbé.

Septième leçon. Voulant faire apprécier sa grâce et confondre la sagesse humaine, Dieu daigna prendre chair d’une femme, mais d’une vierge, afin de restituer la ressemblance par un semblable, de guérir le contraire par un contraire, d’arracher l’épine vénéneuse et d’effacer, avec une souveraine puissance, la cédule du péché. Eve a été l’épine, en blessant, et Marie, la rose, en gagnant l’affection de tous. Eve a été l’épine inoculant la mort à tous, et Marie la rose qui nous a tous guéris. Marie fut une rose blanche par la virginité, et rouge par la charité ; blanche par la chasteté de son corps, rouge par la ferveur de son esprit ; blanche en recherchant la vertu, rouge en foulant aux pieds les vices ; blanche par la pureté des affections, rouge par la mortification de la chair ; blanche en aimant Dieu, rouge en compatissant au prochain.
Huitième leçon. « Le Verbe s’est fait chair, » et déjà il habite en nous. Il habite dans notre mémoire, il habite dans notre pensée, car il descend jusque dans notre imagination elle-même. Comment cela, dites-vous ? En gisant sur la paille de la crèche, en reposant sur un sein virginal, en prêchant sur la montagne, en passant la nuit en prières, en se laissant suspendre à la croix et défigurer par le trépas, en se montrant « libre entre les morts » et en commandant à l’enfer ; en ressuscitant le troisième jour, en montrant à ses Apôtres, dans les traces des clous, les signes de sa victoire, enfin en s’élevant devant eux au plus haut du ciel.
Neuvième leçon. Est-ce que chacun de ces faits n’inspire pas des pensées vraies, pieuses, saintes ? Quand je les repasse dans mon esprit, c’est à Dieu que je pense, et dans ces mystères, je trouve mon Dieu. Méditer ces choses, selon moi, c’est sagesse, et, à mon jugement, c’est prudence que d’en ramener le souvenir, souvenir dont la douceur est comme l’amande du fruit produit en abondance par la verge d’Aaron, et que Marie est allée cueillir dans les hauteurs des cieux, pour le répandre sur nous à profusion. Oui, c’est bien au plus haut des cieux qu’elle est allée le prendre, et par delà les Anges, quand elle a reçu le Verbe du sein de Dieu même, pour nous enrichir. C’est dans les hauteurs et plus haut que les Anges, que Marie a reçu le Verbe, du sein même du Père.

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