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Regnum Galliae Regnum Mariae

Saint Guillaume abbé

25 Juin 2020 , Rédigé par Ludovicus

Saint Guillaume abbé

Collecte

O Dieu, pour aplanir à notre faiblesse la voie du salut, vous nous avez donné l’exemple et la protection de vos Saints : faites que nous honorions les mérites du bienheureux Guillaume, Abbé, de manière à mériter le secours de ses prières et à marcher sur ses traces.

Office

Quatrième leçon. Né de parents nobles, à Verceil, en Piémont, Guillaume avait à peine achevé sa quatorzième année, qu’embrasé des ardeurs d’une admirable piété il entreprit de se rendre en pèlerinage à Compostelle, au célèbre sanctuaire de saint Jacques. Il fit ce voyage, vêtu d’une seule tunique, ceint d’un double cercle de fer et nu-pieds ; il y souffrit du froid et de la chaleur, de la faim et de la soif et l’accomplit au péril même de sa vie. De retour en Italie, Guillaume médita un nouveau pèlerinage au saint sépulcre du Seigneur ; mais divers obstacles très sérieux s’opposèrent à son projet, la divine Providence entravant les desseins du jeune homme, pour tourner vers des œuvres plus élevées et plus parfaites ses religieux penchants. C’est alors qu’il passa deux ans au mont Solicchio, priant assidûment, prolongeant ses veilles, couchant sur la dure, et multipliant ses jeûnes ; ayant, par le secours divin, rendu la vue à un aveugle, le bruit du miracle se répandit, aussi Guillaume, qui ne pouvait plus rester caché, songea de nouveau à se rendre à Jérusalem, et, plein de joie, se mit en route.

Cinquième leçon. Mais Dieu, qui voulait de lui une vie plus utile et plus profitable pour l’Italie et d’autres contrées, lui apparut et l’avertit de renoncer à sa résolution. Gagnant donc le mont Virgilien, appelé depuis mont de la Vierge, il bâtit avec une rapidité étonnante un monastère au sommet, en dépit des difficultés que présente ce lieu inaccessible. Des compagnons laïques et religieux s’adjoignirent à lui, et Guillaume les forma à un genre de vie parfaitement en rapport avec les préceptes et les conseils de l’Évangile, tant par des lois déterminées, qu’il tira en grande partie de celles instituées par saint Benoît, que par sa parole et les exemples de sa très sainte vie.

Sixième leçon. D’autres monastères s’élevèrent dans la suite, et de jour en jour la sainteté de Guillaume brillant davantage, de tous côtés l’on vint à lui, attiré par le parfum de cette sainteté et par la renommée de ses miracles. Car, à son intercession, la parole était rendue aux muets, l’ouïe aux sourds, la vigueur aux membres desséchés, la santé à tous ceux qu’affligeaient les plus diverses et les plus irrémédiables maladies. Il changea l’eau en vin, et accomplit une multitude d’autres merveilles, entre lesquelles on ne peut taire le trait suivant : une femme perdue ayant été envoyée pour tenter sa chasteté, il se roula, sans éprouver aucun mal, sur des charbons ardents répandus sur le sol. Roger roi de Naples, ayant eu connaissance de ce fait, conçut dès lors une vénération profonde pour l’homme de Dieu. Après avoir annoncé le moment de sa mort, au roi et à d’autres personnes, Guillaume, illustre par ses vertus et ses miracles, s’endormit dans le Seigneur, l’an du salut mil cent quarante-deux.

L’Octave de saint Jean verra les martyrs apparaître nombreux au Cycle sacré. Jean et Paul, Irénée, les deux princes des Apôtres eux-mêmes, viendront confirmer dans leur sang le témoignage de celui qui manifesta l’arrivée sur terre du Dieu longtemps attendu. Où trouver des noms plus, illustres, aux divers points de vue des grandeurs humaines, de la science sacrée, de la sainte hiérarchie ? Mais ce n’est pas seulement dans la gloire incomparable du martyre, que l’Emmanuel fait éclater la puissance de sa grâce et la force victorieuse des exemples laissés par son Précurseur au monde. Voici que s’offre tout d’abord à nos hommages, un de ces innombrables athlètes de la pénitence qui suivirent Jean au désert ; fuyant comme lui, dès le plus jeune âge, une société où leur âme pressent qu’elle ne trouverait que froissements et périls, consacrant leur vie au triomphe complet du Christ en eux sur la triple concupiscence, ils rendent témoignage au Seigneur par des œuvres que la terre ignore, mais qui réjouissent les anges et font trembler l’enfer. Guillaume fut un des chefs de cette milice sainte. L’Ordre du Mont-Vierge, qui lui doit l’existence, a bien mérité de l’institut monastique et de l’Église, en ces régions de l’Italie méridionale où Dieu voulut, à diverses reprises, opposer comme une digue à l’entraînement des sens le spectacle des plus austères vertus.

Personnellement et par ses disciples, Guillaume eut pour mission d’infuser au royaume de Sicile, qui se fondait alors, l’élément de la sainteté que tout peuple chrétien réclame à sa base. Au Midi comme au Nord de l’Europe, la race normande venait d’être providentiellement appelée à promouvoir le règne de Jésus-Christ. C’était le moment où Byzance, impuissante à protéger ses dernières possessions d’Occident contre l’invasion sarrasine, n’en prétendait pas moins garder les églises de ces contrées dans les liens du schisme, où l’avait récemment engagée l’intrigante ambition de Michel Cérulaire. Le Croissant s’était vu contraint de reculer devant les fils de Tancrède de Hauteville ; et la perfidie grecque fut déjouée à son tour parla rude simplicité de ces hommes, qui apprirent vite à n’opposer d’autre argument que celui de leur épée aux fourberies byzantines. La papauté, un instant hésitante, comprit bientôt également de quel secours lui seraient les nouveaux venus, dans les querelles féodales qui s’agitaient depuis deux siècles autour d’elle, et préparaient la longue lutte du sacerdoce et de l’empire.

C’était l’Esprit-Saint qui, comme toujours depuis les temps de la Pentecôte, dirigeait ici les événements au plus grand bien de l’Église. Il inspirait aux Normands d’établir leurs conquêtes sur la fermeté de la Pierre apostolique, en se reconnaissant les feudataires du Saint-Siège. Mais en même temps, pour récompenser la fidélité de ce début, pour les rendre aussi plus dignes de la mission qui eût continué de faire leur honneur et leur force, s’ils eussent continué de la comprendre, il leur donnait des saints. Roger Ier avait vu saint Bruno intercéder pour son peuple dans les solitudes de Calabre, et le sauver miraculeusement lui-même des embûches dressées par la trahison ; Roger II eut pour le ramener dans les sentiers de la justice, dont il s’écartait trop souvent, l’exemple et les exhortations du fondateur du Mont-Vierge.

A la suite de Jean vous comprîtes les attraits du désert, ô Guillaume, et Dieu voulut montrer par vous l’utilité que renferment ces existences qui, dans leur fuite du monde, semblent se désintéresser des affaires humaines. Le détachement complet des sens, dégageant l’âme, la rapproche du souverain Être ; la solitude, éteignant les bruits de la terre, permet d’entendre la voix du Créateur. L’homme alors, éclairé par l’Auteur même du monde sur les grands intérêts mis en jeu dans son œuvre, devient en ses mains un instrument aussi puissant que docile pour la poursuite de ces intérêts, qui ne sont autres que ceux de la créature elle-même et des nations. Ainsi devîntes-vous, illustre Saint, le boulevard d’un grand peuple qui trouva dans votre parole la règle du droit, dans vos exemples le stimulant des vertus les plus hautes, dans la surabondance de votre pénitence une compensation devant Dieu aux écarts de ses princes. Pour ce peuple nouveau, en qui le succès de ses armes excitait la violence et la fougue de toutes les passions, les miracles sans nombre qui accompagnaient vos exhortations avaient, eux aussi, leur éloquence : témoin ce loup qui, après avoir dévoré l’âne du monastère, fut condamné à le remplacer dans son humble service ; témoin la malheureuse qui, au jour où sur un lit de charbons ardents vous parûtes inaccessible à l’action de la flamme, renonça à sa vie criminelle et fut conduite par vous jusqu’à la sainteté.

Bien des révolutions sont venues depuis lors montrer en cette contrée, dans laquelle vous aviez souffert et prié, l’instabilité des royaumes et des dynasties qui ne cherchent pas avant tout le royaume de Dieu et sa justice. Malgré l’oubli où trop souvent, depuis que vous avez quitté la terre, ont été mis vos enseignements et vos exemples, protégez le pays où Dieu vous accorda des grâces si grandes, et qu’il daigna confier à votre intercession puissante. La foi reste vive en ces peuples : conservez-la, malgré les efforts de l’ennemi contre elle en nos jours ; faites-lui produire ses fruits dans le champ des vertus. A travers bien des épreuves, votre descendance monastique a pu, jusqu’en notre siècle de persécution, se propager et servir l’Église : obtenez qu’avec toutes les autres familles religieuses, elle se montre jusqu’au bout plus forte que la tempête. Notre-Dame, dont vous avez bien mérité, se tient prête à seconder vos efforts : du sanctuaire dont le nom a prévalu sur les souvenirs du poète qui, sans le savoir, avait chanté ses grandeurs, puisse-t-elle sourire toujours aux foules qui chaque année gravissent la sainte montagne, célébrant le triomphe de sa virginité ; puisse-t-elle, à nous qui ne pouvons que de cœur accomplir le sacré pèlerinage, tenir compte du désir et de l’hommage que nous lui présentons par vos mains !

 

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