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Regnum Galliae Regnum Mariae

Saints Jean et Paul martyrs

26 Juin 2020 , Rédigé par Ludovicus

Saints Jean et Paul martyrs

Collecte

Nous vous prions, Dieu tout-puissant : faites-nous entrer dans la joie de cette double fête, joie qui provient de la glorification des bienheureux Jean et Paul ; qu’une même foi et un même martyre ont rendus vraiment frères.

Office

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Les deux frères Jean et Paul étaient Romains. Ayant servi pieusement et fidèlement Constance, fille de Constantin, ils avaient reçu d’elle de grands biens qu’ils employaient à nourrir les pauvres du Christ. Julien l’Apostat les ayant invités à prendre place parmi ses familiers, ils répondirent avec liberté qu’ils ne voulaient point demeurer chez un homme qui avait abandonné Jésus-Christ. L’empereur leur donna dix jours pour délibérer, leur faisant savoir que, passé ce terme, s’ils refusaient de s’attacher à lui et de sacrifier à Jupiter, ils étaient certains d’aller à la mort.

Cinquième leçon. Ce temps fut mis par eux à profit pour distribuer aux pauvres le reste de leurs biens, afin de pouvoir s’en aller plus librement au Seigneur, et d’augmenter le nombre de ceux qui auraient à les recevoir dans les tabernacles éternels. Le dixième jour, Térentianus, chef de la garde prétorienne, fut envoyé vers eux ; il apportait la statue de Jupiter pour la leur faire adorer. Il leur intime l’ordre du prince, de rendre honneur à Jupiter s’ils veulent éviter la mort. Ils étaient alors en prière sans changer d’attitude, ils répondent qu’ils honorent de cœur et de bouche le Christ comme étant Dieu, et qu’ils sont prêts à mourir pour la foi.

Sixième leçon. Craignant qu’une exécution publique ne produisît quelque agitation dans le peuple, Térentianus les fit décapiter au lieu où ils étaient, dans leur propre maison. C’était le six des calendes de juillet. Ayant pris soin qu’on les ensevelît secrètement, il fit répandre le bruit que Jean et Paul avaient été envoyés en exil. Mais leur mort fut divulguée par les esprits impurs qui tourmentaient les corps d’un grand nombre de personnes ; parmi ces possédés se trouva le fils même de Térentianus : conduit au tombeau des Martyrs, il y obtint sa délivrance. Il fut amené par ce miracle à croire en Jésus-Christ, ainsi que Térentianus, son père, que l’on dit même avoir écrit l’histoire de ces bienheureux Martyrs.

Homélie de saint Bède le Vénérable, Prêtre. Lib. 4, in Lucæ cap. 12.

Septième leçon. C’est à ce levain que se rapporte la recommandation de l’Apôtre : « C’est pourquoi célébrons la Pâque, non avec le vieux levain, ni avec le levain de la malice et de l’iniquité, mais avec les azymes de la sincérité et de la vérité ». Car de même qu’un peu de levain, mêlé à une quantité de farine, agit sur la masse entière et communique bientôt son aigreur à toute la pâte, de même l’hypocrisie, une fois passée dans une âme, n’y laisse aucune vertu sincère et véritable. Voici donc le sens des paroles du Sauveur : Gardez-vous d’imiter les hypocrites, parce qu’il viendra pour vous un temps où tout le monde connaîtra, et votre vertu et leur hypocrisie.

Huitième leçon. Ce que notre Seigneur ajoute : « Ainsi ce que vous avez dit dans les ténèbres se dira à la lumière », peut très bien s’entendre, non seulement de la future manifestation qui divulguera tous les secrets des cœurs, mais encore du temps actuel. Car à présent que l’Église est partout en honneur, ce que les Apôtres ont dit ou ce qu’ils ont souffert, dans la nuit des tribulations ou dans l’obscurité des cachots, se proclame en public par la lecture de leurs actes. « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps ». Si les persécuteurs n’ont plus de mal à faire aux saints, une fois qu’ils ont tué leurs corps, en s’acharnant sur les Martyrs inanimés, en jetant aux bêtes fauves et aux oiseaux de proie leurs membres à déchirer, ils déploient une rage vaine et insensée, car ils ne peuvent empêcher la toute-puissance divine de leur rendre la vie en les ressuscitant.

Neuvième leçon. Mais il y a deux sortes de persécuteurs : les violents, dont la fureur éclate, et les fourbes qui flattent pour tromper. Voulant nous armer et nous bien munir contre les uns et les autres, le Sauveur nous fait deux recommandations : en premier lieu, de ne pas craindre les tourments des bourreaux, par ce motif que, ni la cruauté de ceux-ci, ni le déguisement de ceux-là, ne peut subsister après la mort. « Ne donne-t-on pas cinq passereaux pour deux as ? ». Il veut dire : si Dieu ne peut pas oublier les plus petits animaux, et ces oiseaux qu’on voit voler partout dans l’air, vous qui avez été faits à l’image du Créateur, vous ne devez pas craindre les méchants qui tuent le corps. Celui qui gouverne les animaux, qu’il n’a pas doués de raison, ne cesse de veiller avec soin sur ses créatures raisonnables.

Parmi les sanctuaires nombreux qui décorent la capitale de l’univers chrétien, l’Église des Saints-Jean-et-Paul est restée, depuis sa lointaine origine, un des centres principaux de la piété romaine. Du sommet du Cœlius elle domine le Colisée. On a retrouvé dans ses substructions les restes primitifs de la maison même qu’habitaient nos deux saints. Derniers des martyrs, ils achevèrent la couronne glorieuse offerte au Christ par cette Rome qu’il avait choisie pour siège de sa puissance. La lutte où leur sang fut versé consomma le triomphe dont l’heure avait sonné sous Constantin, mais qu’un retour offensif de l’enfer semblait compromettre.

Aucune attaque ne fut plus odieuse à l’Église, que celle du César apostat qu’elle avait nourri. Néron et Dioclétien, violemment et dans toute la franchise de leur haine, avaient déclaré au Dieu fait homme la guerre du glaive et des supplices ; et, sans récrimination, les chrétiens étaient morts par milliers, sachant que le témoignage ainsi réclamé d’eux était dans l’ordre, non moins que ne l’avait été, devant Ponce Pilate et sur la croix, celui de leur Chef. Avec l’astucieuse habileté des traîtres et le dédain affecté du faux philosophe, Julien se promit d’étouffer le christianisme dans les réseaux d’une oppression savamment progressive, et respectueuse du sang humain : écarter les chrétiens des charges publiques, les renvoyer des chaires où ils enseignaient la jeunesse, c’était tout ce que prétendait l’apostat. Mais le sang qu’il eût voulu éviter de répandre, devait couler quand même sur ses mains hypocrites ; car l’effusion du sang peut seule, selon le plan divin, dénouer les situations extrêmes, et jamais plus grand péril n’avait menacé l’Église : elle qu’on avait vue garder sa royale liberté devant les bourreaux, on la voulait esclave, en attendant qu’elle disparût d’elle-même dans l’impuissance et l’avilissement. Aussi les évêques d’alors trouvèrent-ils à l’adresse de l’apostat, dans leur âme indignée, des accents que leurs prédécesseurs avaient épargnés aux princes dont la violence avait inondé de sang chrétien tout l’empire. On rendit au tyran mépris pour mépris ; et le dédain, dont les témoignages arrivaient de toutes parts au fat couronné, finit par lui arracher son masque de fausse modération : Julien n’était plus qu’un vulgaire persécuteur, le sang coulait, l’Église était sauvée.

Ainsi nous est expliquée la reconnaissance que cette noble Épouse du Fils de Dieu n’a point cessé de manifester, depuis lors, aux glorieux martyrs que nous célébrons : parmi les chrétiens généreux dont l’indignation amena le dénouement de la terrible crise, il n’en est point de plus illustres. Julien eût été fier de les compter parmi ses familiers ; il les sollicitait dans ce sens, nous dit la Légende, et on ne voit pas qu’il y mît pour condition de renoncer à Jésus-Christ. N’auraient-ils donc pu, dira-t-on, se rendre au désir impérial, sans blesser leur conscience ? Trop de raideur devait fatalement indisposer le prince ; tandis que l’écouter, c’était l’adoucir, l’amener, peut-être, à relâcher quelque chose de ces malheureuses entraves administratives que son gouvernement prévenu imposait à l’Église. Et, qui sait ? La conversion possible de cette âme, le retour de tant d’égarés qui l’avaient suivie dans sa chute, tout cela ne méritait-il pas, tout cela n’imposait-il pas quelque ménagement ? Eh ! oui : ce raisonnement eût paru à plusieurs d’une sage politique ; cette préoccupation du salut de l’apostat n’eût rien eu, sans doute, que d’inspiré par le zèle de l’Église et des âmes ; et, véritablement, le casuiste le plus outré n’aurait pu faire un crime à Jean et à Paul, d’habiter une cour où l’on ne leur demandait rien de contraire aux préceptes divins. Telle ne fut point pourtant la résolution des deux frères ; à la voie des ménagements, ils préférèrent celle de la franche expression de leurs sentiments qui mit en fureur le tyran et causa leur mort. L’Église jugea qu’ils n’avaient point tort ; et il est, en conséquence, peu probable que la première de ces voies les eût conduits au même degré de sainteté devant Dieu.

Les noms de Jean et de Paul, inscrits au diptyque sacré, montrent bien leur crédit près de la grande Victime, qui ne s’offre jamais au Dieu trois fois saint sans associer leur souvenir à celui de son immolation. L’enthousiasme excité par la noble attitude des deux vaillants témoins du Seigneur, a prolongé jusqu’à nous ses échos dans les Antiennes et Répons propres à la fête. Autrefois précédée d’une Vigile avec jeûne, cette fête remonte au lendemain même du martyre des deux frères, ainsi que le sanctuaire qui s’éleva sur leur tombe. Par un privilège unique, exalté au Sacramentaire Léonien, tandis que les autres martyrs dormaient leur sommeil en dehors des murs de la ville sainte, Jean et Paul reposaient dans Rome même, dont la conquête définitive était acquise au Dieu des armées grâce à leurs combats. Un an jour pour jour après leur trépas victorieux, Julien mourait, lançant au ciel son cri de rage : « Tu as vaincu, Galiléen ! »

De la cité reine de l’univers, leur renommée, passant les monts, brilla aussitôt d’un éclat presque égal en notre terre des Gaules. Au retour des luttes que lui aussi avait soutenues pour la divinité du Fils de Dieu, Hilaire de Poitiers propagea leur culte. A peine cinq années s’étaient écoulées depuis leur martyre, que le grand évêque s’en allait au Seigneur ; mais il avait eu le temps de consacrer sous leur nom l’église où ses mains pieuses avaient déposé la douce Abra et celle qu’elle avait eue pour mère, en attendant que lui-même vînt, entre elles deux, attendre la résurrection. C’est de cette Église des Saints-Jean-et-Paul, devenue bientôt après Saint-Hilaire-le-Grand, que Clovis, à la veille de la bataille de Vouillé, vit sortir et se diriger vers lui la mystérieuse lumière, présage du triomphe qui devait chasser l’arianisme des Gaules et fonder l’unité monarchique. Les saints martyrs continuèrent de montrer, dans la suite, l’intérêt qu’ils prenaient à l’avancement du royaume de Dieu par les Francs ; lorsque l’issue de la seconde croisade abreuvait d’amertume saint Bernard qui l’avait prêchée, ils apparurent ici-bas pour relever son courage, et lui manifester par quels secrets le Roi des cieux avait tiré sa gloire d’événements où les hommes ne voyaient que désastres et fautes.

Un double triomphe éclate au ciel et renvoie une double joie à la terre, en ce jour où votre sang répandu proclama la victoire du Fils de Dieu. C’est par le martyre de ses fidèles, en effet, que le Christ triomphe. L’effusion de son propre sang marqua la défaite du prince du monde ; le sang de ses membres mystiques garde toujours, et possède seul, la vertu d’établir son règne. La lutte ne fut jamais un mal pour l’Église militante ; la noble Épouse du Dieu des armées se complaît dans les combats ; car elle sait que l’Époux est venu apporter sur terre, non la paix, mais le glaive. Aussi, jusqu’à la fin des siècles, proposera-t-elle en exemple à ses fils votre chevaleresque courage, et la franchise qui ne vous permit pas de dissimuler votre mépris au tyran apostat, de songer même aux considérations par lesquelles peut-être, en l’écoutant d’abord, votre conscience se fût tenue sauve. Malheur aux temps où le mirage décevant d’une paix trompeuse égare les intelligences ; où, parce que le péché proprement dit ne se dresse pas devant elle, l’âme chrétienne abaisse la noblesse de son baptême à des compromis que répudierait l’honneur même d’un monde redevenu païen ! Illustres frères, écartez des enfants de l’Église l’erreur fatale qui les porterait à méconnaître ainsi les traditions dont ils ont reçu l’héritage ; maintenez la race des fils de Dieu à la hauteur de sentiments que réclament leur céleste origine, le trône qui les attend, le sang divin dont ils s’abreuvent chaque jour ; loin d’eux toute bassesse, et cette vulgarité qui attirerait, contre leur Père qui est aux cieux, le blasphème des habitants de la cité maudite ! Nos temps ont vu s’élever une persécution qui rappelle en tout celle où vous avez remporté la couronne : le programme de Julien est remis en honneur ; si les émules de l’apostat ne l’égalent point en intelligence, ils le dépassent dans sa haine et son hypocrisie. Mais Dieu ne fait pas plus défaut à l’Église maintenant qu’autrefois ; obtenez que de notre part la résistance soit la même qu’en vos jours, et le triomphe aussi sera le même.

Jean et Paul, vous nous rappelez par vos noms et l’Ami de l’Époux dont l’Octave poursuit son cours, et ce Paul de la Croix qui fit revivre au dernier siècle l’héroïsme de la sainteté dans votre maison du Cœlius. Unissez votre protection puissante à celle que le Précurseur étend sur l’Église mère et maîtresse, devenue, en raison de sa primauté, le but premier des attaques de l’ennemi ; soutenez la milice nouvelle que les besoins des derniers temps ont suscitée près de votre tombe, et qui garde dans une commune vénération vos restes sacrés et le corps de son glorieux fondateur. Vous souvenant enfin du pouvoir que vous reconnaît l’Église d’ouvrir et de fermer les portes du ciel, pour répandre ou arrêter la pluie sur les biens de la terre : bénissez les moissons prêtes à mûrir ; soyez propices aux moissonneurs, allégez leurs pénibles travaux ; gardez du feu du ciel l’homme et ses possessions, la demeure qui l’abrite, les animaux qui le servent. Ingrate, oublieuse, trop souvent criminelle, l’humanité n’aurait droit qu’à votre colère ; montrez-vous les fils de Celui dont le soleil se lève pour les méchants comme pour les bons, et qui fait pleuvoir également sur les justes et les pécheurs

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