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Regnum Galliae Regnum Mariae

Lundi Saint

29 Mars 2021 , Rédigé par Ludovicus

Lundi Saint

Collecte

Dieu tout-puissant qui voyez que notre faiblesse succombe au milieu de tant d’épreuves, accordez-nous quelque soulagement par les mérites de la passion de votre Fils unique.

Lecture Is. 50, 5-10

En ces jours-là, Isaïe dit : Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille ! et moi, je n’ai pas résisté, je ne me suis pas retiré en arrière. J’ai livré mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ; je n’ai pas dérobé mon visage aux outrages et aux crachats. Le Seigneur Dieu m’est venu en aide ; c’est pourquoi l’outrage ne m’a point abattu ; c’est pourquoi j’ai rendu ma face semblable à un caillou ; et je savais que je ne serais pas confondu. Il est proche, celui qui me justifie : qui plaidera contre moi ? Comparaissons ensemble ! Qui est mon adversaire : qu’il s’approche de moi ! Le Seigneur Dieu m’est venu en aide : qui est-ce qui me condamnerait ? Ah ! ils tomberont tous en lambeaux comme un vêtement ; la teigne les dévorera. Qui d’entre vous craint le Seigneur, et écoute la voix de son Serviteur ? Quiconque marche dans les ténèbres, privé de lumière, qu’il se confie dans le nom du Seigneur, et qu’il s’appuie sur son Dieu !

Évangile Jn. 12, 1-9

Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare, le mort qu’il avait ressuscité. Là, on lui fit un souper, et Marthe servait. Or, Lazare était de ceux qui se trouvaient à table avec lui. Marie, ayant pris une livre d’un parfum de nard très pur, très précieux, en oignit les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux. Et la maison fut remplie de l’odeur du parfum. Alors, un de ses disciples, Judas Iscariote, celui qui devait le trahir, dit : "Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, pour les donner aux pauvres ?" Il dit cela, non qu’il se souciât des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et qu’ayant la bourse, il dérobait ce qu’on y mettait. Jésus lui dit donc : "Laisse-la ; elle a gardé ce parfum pour le jour de ma sépulture. Car vous aurez toujours des pauvres avec vous ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours !" Un grand nombre de Juifs surent que Jésus était à Béthanie, et ils vinrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir Lazare qu’il avait ressuscité des morts.

Postcommunion

Que vos saints sacrements, Seigneur, nous inspirent une ferveur divine, afin que leur réception et leurs effets fassent toutes nos délices. Par Jésus-Christ Notre Seigneur.

Office

1ère leçon

Homélie de saint Augustin, Évêque

Afin que les hommes ne s’imaginassent point que Lazare était un fantôme et n’avait pas été vraiment ressuscité, il était du nombre de ceux qui se trouvaient à table ; il était vivant, il parlait, il prenait part au festin : la vérité se manifestait ainsi au grand jour, et l’incrédulité des Juifs se trouvait confondue. Jésus était donc à table avec Lazare et les autres, et Marthe, une des sœurs de Lazare, les servait. « Or Marie », l’autre sœur de Lazare, « prit une livre d’un nard pur de grand prix, elle en oignit les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux, et la maison fut remplie de l’odeur du parfum. » Vous avez entendu le récit du fait, cherchons le mystère qu’il renferme.

2e leçon

Qui que tu sois, veux-tu être une âme fidèle, répands avec Marie sur les pieds du Seigneur un parfum précieux. Ce parfum, c’était la justice ; voilà pourquoi il pesait une livre ; c’était aussi un parfum « de nard » pur et précieux. Le nom de pisticus donné à ce parfum indique vraisemblablement la contrée d’où il venait, mais ce mot n’est pas mis sans dessein, et il est en parfait rapport avec le mystère dont il s’agit. Le mot grec pistis se rend en latin par fides, c’est-à-dire foi. Tu cherches à opérer la justice : « Le juste vit de la foi.» Oins les pieds de Jésus par une vie sainte, suis les traces du Seigneur. Essuie ses pieds avec tes cheveux ; si tu as du superflu, donne-le aux pauvres, et tu auras essuyé les pieds du Seigneur, car les cheveux semblent pour le corps quelque chose de superflu. Tu vois ce qu’il faut faire de ton superflu ; superflu pour toi, il est nécessaire aux pieds du Seigneur. Peut-être que, sur la terre, les pieds du Seigneur se trouvent dans le besoin.

3e leçon

N’est-ce pas de ses membres, en effet, que le Sauveur doit dire à la fin des temps : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ? » Vous avez distribué votre superflu, mais vous avez soulagé mes pieds. « La maison fut remplie de l’odeur du parfum » ; le monde s’est rempli de la bonne renommée ; car la bonne odeur, c’est la bonne renommée. Ceux qui vivent mal et qui portent le nom de chrétiens font injure à Jésus-Christ ; c’est de ceux-là qu’il est dit : « A cause de vous, le nom de Dieu est blasphémé. » Mais, si à cause d’eux le nom de Dieu est blasphémé, à cause des bons, le nom du Seigneur est comblé de louanges. Écoutez l’Apôtre : « Nous sommes, dit-il, une bonne odeur du Christ en tous lieux. »

Jésus se rend encore aujourd’hui à Jérusalem, dès le matin, avec ses disciples. Il était parti à jeun, et le récit sacré nous dit qu’il eut faim sur la route. Il s’approcha d’un figuier ; mais cet arbre n’avait encore que des feuilles. Jésus, voulant nous donner un enseignement, maudit le figuier, qui sécha tout à coup. Il exprimait par ce châtiment le sort de ceux qui n’ont que de bons désirs, et sur lesquels le fruit de la conversion ne se cueille jamais. L’allusion à Jérusalem n’était pas moins frappante. Cette ville était zélée pour l’extérieur du culte divin ; mais son cœur était aveugle et endurci ; bientôt elle allait rejeter et crucifier le Fils du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.

La journée se passa en grande partie dans le Temple, où Jésus eut de longs entretiens avec les princes des prêtres et les anciens du peuple. Il parla avec plus de force que jamais, et déjoua leurs questions insidieuses. On peut voir, principalement en saint Matthieu, Chapitres XXI, XXII et XXIII, le détail des discours du Sauveur, qui deviennent de plus en plus véhéments, et dénoncent aux Juifs avec une énergie toujours croissante le crime de leur infidélité et la terrible vengeance qu’elle doit amener.

Enfin Jésus sortit du Temple, et se dirigea vers Béthanie. Arrivé sur la montagne des Oliviers, d’où l’on dominait la ville, il s’assit un moment. Ses disciples profitèrent de cet instant de repos pour lui demander à quelle époque auraient lieu les châtiments qu’il venait de prédire contre le Temple. Alors Jésus, réunissant dans un même tableau prophétique le désastre de Jérusalem et la destruction violente de ce monde à la fin des temps, parce que la première de ces deux calamités est la figure de la seconde, annonça ce qui doit arriver quand la mesure du péché sera comblée. Quant à ce qui est de la ruine de Jérusalem en particulier, il en fixa la date par ces paroles : « En vérité, je vous le dis : Cette génération d’hommes ne passera pas que toutes ces choses ne soient accomplies. » En effet, quarante ans étaient à peine écoulés que l’armée romaine, accourue pour exterminer le peuple déicide, menaçait du haut de la montagne des Oliviers, de cette place même où le Sauveur est assis aujourd’hui, l’ingrate et dédaigneuse Jérusalem. Jésus, après avoir parlé longuement encore sur le jugement divin qui doit réviser un jour tous les jugements des hommes, rentre dans Béthanie, et vient rassurer par sa présence le cœur affligé de sa très sainte mère.

En ce jour, la Station, à Rome, est dans l’Église de Sainte-Praxède. Cette église dans laquelle, au IXe siècle, le pape saint Pascal I déposa deux mille trois cents corps de Martyrs qu’il avait extraits des Catacombes, possède la colonne à laquelle notre Seigneur tut attaché pendant le supplice de la flagellation.

A LA MESSE.

Les paroles de l’Introït sont extraites du Psaume XXXIV. Le Christ, par la bouche de David, implore le secours de son Père contre les ennemis qui l’environnent de toutes parts.

Dans la Collecte, l’Église nous apprend à recourir aux mérites de la Passion du Sauveur, quand nous voulons obtenir de Dieu le secours dont nous avons besoin dans nos nécessités.

ÉPITRE.

Aujourd’hui, c’est Isaïe, ce Prophète si précis et si éloquent sur les épreuves du Messie, qui vient nous révéler les souffrances de notre Rédempteur, et la patience qu’il opposera aux mauvais traitements de ses ennemis. Jésus a accepté sa mission de Victime universelle, et il ne recule devant aucune douleur, devant aucune humiliation. « Il ne détourne point son visage de ceux qui le frappent et le couvrent de crachats. » Quelles réparations ne devons-nous pas à cette souveraine majesté qui, pour nous sauver, s’est livrée à de tels outrages ? Voyez ces Juifs lâches et cruels : ils ne tremblent plus devant leur victime. Auparavant, dans le jardin des Oliviers, un seul mot de sa bouche les a jetés par terre ; mais, depuis, il s’est laissé lier et traîner chez le grand-prêtre. On l’accuse ; des clameurs s’élèvent contre lui ; il répond à peine quelques mots. Jésus de Nazareth, ce docteur, ce thaumaturge, a perdu son prestige ; on peut tout oser contre lui. C’est ainsi que le pécheur se rassure, quand il a entendu gronder la foudre et qu’elle ne l’a pas écrasé. Cependant les saints Anges s’anéantissent devant cette face auguste que ces misérables ont meurtrie et souillée ; prosternons-nous avec eux, et demandons grâce : car nos péchés aussi ont maltraité cet auguste visage.

Mais écoutons les dernières paroles de notre Sauveur, et rendons grâces. Il dit : « Celui qui marchait dans les ténèbres et qui n’avait pas la lumière, qu’il espère maintenant. » C’est le Gentil plongé dans le vice et dans l’idolâtrie. Il ignore ce qui se passe en ce moment à Jérusalem ; il ne sait pas que la terre possède un Homme-Dieu, et que cet Homme-Dieu est, à cette heure même, foulé sous les pieds d’un peuple qu’il avait choisi et comblé de faveurs ; mais bientôt la lumière de L’Évangile viendra poursuivre de ses rayons cet infidèle. Il croira, il se soumettra ; il aimera son libérateur jusqu’à lui rendre vie pour vie et sang pour sang. Alors s’accomplira l’oracle de l’indigne pontife qui, prophétisant malgré lui le salut des Gentils par la mort de Jésus, annonçait en ces derniers jours que cette mort allait réunir dans une seule famille les enfants de Dieu qui étaient dispersés sur la surface de la terre.

Dans le Graduel, David continue d’appeler contre les bourreaux du Messie les vengeances qu’ont méritées leur ingratitude et leur endurcissement.

Le Trait est celui que, depuis le Mercredi des Cendres, l’Église chante à la Messe chaque semaine, les lundi, mercredi et vendredi, pour implorer la miséricorde divine sur les œuvres de la pénitence quadragésimale.

ÉVANGILE.

Nous avons remarqué plus haut que le récit évangélique qui vient d’être lu se rapporte au Samedi, veille du Dimanche des Rameaux, et qu’il a été inséré dans la Messe d’aujourd’hui parce que, dans l’antiquité, ce Samedi n’avait pas de Station. La sainte Église a voulu porter notre attention sur cet intéressant épisode des derniers jours de notre Rédempteur, parce qu’il nous aide à saisir l’ensemble des circonstances qui se produisaient à ce moment autour de lui.

Marie-Madeleine, dont la conversion était, il y a quelques jours, l’objet de notre admiration, est appelée à figurer dans les scènes de la Passion et de la Résurrection de son maître. Type de l’âme purifiée et admise ensuite aux faveurs célestes, il nous importe de la suivre dans les diverses phases que la grâce divine lui fait parcourir. Nous l’avons montrée s’attachant aux pas de son Sauveur et subvenant à ses besoins ; ailleurs le saint Évangile nous la fait voir préférée à Marthe sa sœur, parce qu’elle a choisi la meilleure part ; dans les jours où nous sommes, elle nous intéresse surtout par son tendre attachement à Jésus. Elle sait qu’on le cherche pour le faire mourir ; et l’Esprit Saint, qui la conduit intérieurement à travers les états toujours plus parfaits qui se succèdent en elle, veut qu’aujourd’hui elle accomplisse une action prophétique à l’égard de ce qu’elle redoute le plus.

Entre les trois présents des Mages, l’un d’eux était un signe de mort pour le divin Roi que ces hommes fidèles étaient venus saluer du fond de l’Orient : c’était la myrrhe, parfum funéraire qui fut employé si abondamment dans la sépulture du Sauveur. Nous avons vu que Madeleine, au jour de sa pénitence, témoigna de son changement de vie par l’effusion du plus précieux de ses parfums sur les pieds de Jésus. Aujourd’hui, elle a recours encore à cette touchante manifestation de son amour. Son maître divin est à table chez Simon le Lépreux ; Marie, la Mère de douleurs, est avec lui, ainsi que les disciples ; Marthe veille au service ; tout est calme dans cette maison ; mais de tristes pressentiments sont au fond des cœurs. Tout à coup Madeleine paraît, portant dans ses mains un vase rempli d’une huile de nard du plus grand prix. Elle se dirige vers Jésus, et s’attachant à ses pieds, elle les inonde de ce parfum ; et cette fois encore elle les essuie avec ses cheveux.

Jésus était étendu sur un de ces lits dont les Orientaux se servaient, lorsqu’ils prenaient leur repas dans les festins ; il était donc facile à Madeleine d’arriver aux pieds de son maître, et de renouveler cette démonstration de respect et de tendresse à laquelle elle s’était livrée autrefois chez le pharisien ; mais en ce jour le récit sacré ne nous dit pas qu’elle ait mêlé ses larmes à son parfum. Deux des Évangélistes, dont saint Jean a voulu compléter la narration trop succincte, nous apprennent qu’elle répandit aussi cette huile de senteur sur la tête du Sauveur. Madeleine sentait-elle en ce moment toute la portée de l’action que l’Esprit divin lui inspirait ? L’Évangile ne le dit pas ; mais Jésus révéla le mystère à ses disciples ; et nous qui recueillons ses paroles, nous apprenons par ce fait que la Passion de notre Rédempteur est, pour ainsi dire, commencée, puisque déjà la main de Madeleine L’embaume pour le tombeau.

La suave et pénétrante odeur du parfum avait rempli toute la salle. L’un des disciples, Judas Iscariote, ose protester contre ce qu’il appelle une profusion. La bassesse de cet homme et son avarice l’ont rendu insensible et sans pudeur. La voix de plusieurs des disciples s’unit à la sienne : tant leurs pensées étaient vulgaires encore ! Jésus permit cette indigne réclamation pour plusieurs motifs. Il voulait d’abord annoncer sa mort prochaine à ceux qui l’entouraient, en leur dévoilant le secret exprime par cette effusion d’un parfum sur son corps. Son but ensuite était de glorifier Madeleine, dont l’amour était à la fois si tendre et si ardent ; et c’est alors qu’il annonça que la renommée de cette illustre pénitente s’étendrait par toute la terre, aussi loin que l’Évangile lui-même pénétrerait. Enfin il voulait par avance consoler les âmes pieuses auxquelles son amour inspirerait de faire des largesses à ses autels, et les venger des critiques mesquines dont elles devaient souvent être l’objet.

Recueillons ces enseignements divins. Aimons à honorer Jésus dans sa personne comme dans ses pauvres. Honorons Madeleine et mettons-nous à sa suite, lorsque bientôt nous la verrons si assidue au Calvaire et au sépulcre. Enfin préparons-nous à embaumer notre Sauveur, en réunissant pour sa sépulture la myrrhe des Mages, qui figure la pénitence, et le précieux nard de Madeleine, qui représente l’amour généreux et compatissant.

Dans l’Offertoire, le Psalmiste, au nom du Rédempteur, après avoir imploré le secours, demande à Dieu qu’il daigne être fidèle dans l’accomplissement de ses divins décrets pour le salut de l’homme.

La Secrète exprime toute la force divine de nos augustes Mystères. Non seulement ce Sacrifice purifie les âmes, mais il les élève jusqu’à l’union parfaite avec celui qui est leur principe et leur auteur.

Après la participation des fidèles au Mystère divin, on entend retentir, dans l’Antienne de la Communion, une malédiction contre les ennemis du Sauveur. C’est ainsi que, dans le gouvernement du monde, Dieu opère au même moment selon la miséricorde et selon la justice.

La sainte Église conclut les prières de ce Sacrifice en demandant pour ses enfants la conservation de l’esprit de ferveur qu’ils viennent de puiser à sa source.

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