Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Regnum Galliae Regnum Mariae

Vème Dimanche après Pâques

14 Mai 2023 , Rédigé par Ludovicus

Vème Dimanche après Pâques

Introït

Avec des cris de joie, publiez-le, faites-le savoir, alléluia ; proclamez-le jusqu’aux extrémités de la terre : le Seigneur a délivré son peuple, alléluia, alléluia. Poussez vers Dieu des cris de joie, ô terre entière ; chantez un hymne à son nom ; rendez glorieuse sa louange.

Collecte

Dieu, de qui procèdent tous les biens, accordez à vos serviteurs suppliants : que, par votre inspiration, nos pensées se portent à ce qui est bien ; et que notre volonté, guidée par vous, l’accomplisse.

Épitre Jc. 1, 22-27

Mes bien-aimés, mettez cette parole en pratique, et ne vous contentez pas de l’écouter, vous trompant vous-mêmes. Car si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel, et qui, après s’être regardé s’en va, et oublie aussitôt quel il était. Mais celui qui aura considéré attentivement la loi parfaite de la liberté, et qui l’aura fait avec persévérance, arrivant ainsi, non à écouter pour oublier, mais à pratiquer l’œuvre prescrite celui-là trouvera le bonheur dans son activité. Si quelqu’un croit être religieux, et ne met pas un frein à sa langue, mais trompe son propre cœur, la religion de cet homme est vaine. La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leur tribulation, et à se conserver pur du siècle présent.

Évangile Jn. 16, 23-30

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite. Je vous ai dit ces choses en paraboles. L’heure vient où je ne vous parlerai plus en paraboles, mais où je vous parlerai ouvertement du Père. En ce jour-là, vous demanderez en mon nom ; et je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous ; car le Père vous aime lui-même, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; je quitte de nouveau le monde, et je vais auprès du Père. Ses disciples lui dirent : Voici que, maintenant, vous parlez ouvertement, et vous ne dites plus de parabole. Maintenant nous savons que vous savez toutes choses, et que vous n’avez pas besoin que personne ne vous interroge ; voilà pourquoi nous croyons que vous êtes sorti de Dieu.

Offertoire

Nations, bénissez notre Dieu et faites entendre les accents de sa louange ; c’est lui qui a conservé la vie à mon âme, et qui n’a point permis que mes pieds soient ébranlés. Béni soit Dieu qui n’a pas rejeté ma prière ni éloigné de moi sa miséricorde, alléluia.

Office

4e leçon

Du livre de saint Ambroise, Évêque ‘De la Foi en la Résurrection’.

Comme la sagesse de Dieu ne pouvait pas mourir, et comme on ne peut ressusciter que si l’on meurt, le Verbe a pris une chair mortelle, afin de mourir en cette chair sujette au trépas, et d’y ressusciter une fois mort. La résurrection ne pouvait avoir lieu, en effet, qu’au moyen d’un homme, puisqu’il est dit : « Par un homme, la mort ; par un homme aussi, la résurrection des morts ». Jésus-Christ donc est ressuscité en tant qu’homme, parce qu’il est mort en tant qu’homme : il est tout ensemble, et homme ressuscité et Dieu ressuscitant ; il s’est alors montré homme en ce qui regarde la chair, il se montre maintenant Dieu en toutes choses, car nous ne le connaissons plus tel qu’il était selon la chair ; mais sa chair est cause que nous le connaissons comme prémices de ceux qui ont fermé les yeux, comme premier-né d’entre les morts.

5e leçon

Les prémices sont de la même espèce et de la même nature que le reste des fruits, dont on offre à Dieu la première récolte, en reconnaissance d’une production abondante : présent sacré pour tous ses dons, offrande pour ainsi dire de la nature renouvelée. Les prémices donc de ceux qui sont dans le repos, c’est le Christ. Mais l’est-il seulement de ceux qui reposent en lui, qui, débarrassés de la mort, sont sous l’empire d’un doux sommeil, ou l’est-il de tous les morts ? « Tous meurent en Adam, tous aussi recevront la vie dans le Christ ». C’est pourquoi de même que les prémices de la mort se trouvaient en Adam, de même, les prémices de la résurrection sont dans le Christ : tous ressusciteront. Que personne donc ne désespère, et que le juste ne s’afflige pas de cette résurrection commune, alors qu’il a à attendre une récompense toute spéciale de sa vertu. « Tous ressusciteront, dit l’Apôtre, mais chacun en son rang. » Le fruit de la clémence divine est commun à tous, mais on distinguera l’ordre des mérites.

6e leçon

Remarquons combien est grave le sacrilège de ne pas croire à la résurrection. Car si nous ne ressuscitons pas, c’est donc en vain que le Christ est mort, le Christ n’est donc pas ressuscité. En effet, si ce n’est pas pour nous que le Christ est ressuscité, il n’est ressuscité en aucune manière, lui qui n’avait aucune raison de ressusciter pour lui-même. Le monde est ressuscité en lui, le ciel est ressuscité en lui, la terre est ressuscitée en lui ; il y aura un ciel nouveau, et une terre nouvelle. A celui que les liens de la mort ne retenaient pas, la résurrection n’était point nécessaire ; car bien qu’il soit mort comme homme, il demeurait néanmoins libre jusque dans les enfers. Voulez-vous savoir combien il y était libre ? « Je suis devenu, nous dit-il, comme un homme sans secours, libre entre les morts ». Et certes, il était libre, lui qui avait le pouvoir de se ressusciter, selon ce qui est écrit : « Détruisez ce temple, et je le relèverai en trois jours ». Et certes, il était libre, celui qui était descendu pour racheter les autres.

7e leçon

Homélie de saint Augustin, Évêque.

Il nous faut maintenant expliquer ces paroles du Seigneur : « En vérité, en vérité, je vous le dis : si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera. » Déjà, en traitant des premières parties de ce discours du Seigneur, nous avons dit, pour l’instruction de ceux qui adressent à Dieu le Père, au nom de Jésus-Christ, des prières qui ne sont pas exaucées, que toute prière contraire aux intérêts du salut, n’est point faite au nom du Sauveur. Car par ces paroles : « En mon nom ; » il faut entendre non pas un bruit de lettres et de syllabes, mais ce que ce son signifie et ce que l’on doit comprendre avec justesse et vérité par ce son.

8e leçon

Aussi celui qui pense de Jésus-Christ ce qui ne doit pas être pensé du Fils unique de Dieu ne demande pas en son nom, bien qu’il prononce les lettres et les syllabes qui forment le nom de Jésus-Christ ; car il prie au nom de celui qui est présent à sa pensée au moment de sa prière. Celui, au contraire, qui pense de Jésus-Christ ce qu’il en doit penser, celui-là prie en son nom, et reçoit ce qu’il demande, si toutefois il ne demande rien de contraire à son salut éternel : il reçoit lorsqu’il est bon pour lui qu’il reçoive. Il est des grâces qui ne nous sont point refusées, mais qui sont différées, pour nous être accordées au temps opportun. On doit donc entendre que, par ces paroles : « Il vous donnera, » notre Seigneur a voulu désigner les bienfaits particuliers à ceux qui les demandent. Tous les saints, en effet, sont toujours exaucés pour eux-mêmes, mais ils ne le sont pas toujours pour tous, pour leurs amis, pour leurs ennemis ou pour d’autres ; car notre Seigneur ne dit pas absolument : « Il donnera, » mais : « Il vous donnera. »

9e leçon

« Jusqu’à présent, dit notre Seigneur, vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit complète. » Cette joie qu’il appelle une joie pleine, n’est pas une joie des sens, mais une joie spirituelle, et quand elle sera si grande qu’on ne pourra plus rien y ajouter, alors, sans le moindre doute, elle sera pleine. Nous devons donc demander au nom du Christ ce qui tend à nous procurer cette joie si nous comprenons bien la nature de la grâce divine, si l’objet de nos prières est la vie véritablement heureuse. Demander toute autre chose, c’est ne rien demander : non pas qu’il n’existe absolument autre chose, mais parce qu’en comparaison d’un si grand bien, tout ce que l’on désire en dehors de lui n’est rien.

Encore quatre jours, et le divin Ressuscité, dont la société nous était si chère et si précieuse, aura disparu de la terre. C’est par cette annonce que ce cinquième dimanche après la joyeuse Pâque semble nous préparer à la séparation. Le dimanche suivant ouvrira la longue série de ceux qui doivent se succéder d’ici qu’il revienne pour juger le monde. A cette pensée, le cœur du chrétien se serre ; car il sait qu’il ne verra son Sauveur qu’après cette vie ; et il s’unit à la tristesse que ressentirent les Apôtres à la dernière Cène, lorsqu’il leur dit cette parole : « Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ».

Mais après la résurrection de leur Maître, quelle dut être l’angoisse de ces hommes privilégiés qui comprenaient enfin ce qu’il était, lorsqu’ils s’aperçurent comme nous que l’heureuse quarantaine, si rapidement écoulée, touchait bientôt à sa fin ! Avoir vécu, pour ainsi dire, avec Jésus glorifié, avoir ressenti les effets de sa divine condescendance, de son ineffable familiarité, avoir reçu de sa bouche tous les enseignements qui devaient les mettre en état d’accomplir ses volontés, en fondant sur la terre cette Église qu’il était venu choisir pour son Épouse ; et se trouver tout d’un coup livrés à eux-mêmes, privés de sa présence visible, ne plus voir ses traits, ne plus entendre sa voix, et mener jusqu’au bout leur carrière avec de tels souvenirs : c’est le sort qui attendait les Apôtres et qu’ils avaient à accepter.

Nous éprouverons quelque chose de ce qu’ils durent ressentir, si nous nous sommes tenus unis à notre mère la sainte Église. Depuis le jour où elle ouvrit en notre faveur la série des émotions qui la transportent chaque année, lorsqu’elle repasse successivement tant de sublimes anniversaires, à partir de celui de la Naissance de son Emmanuel, jusqu’à celui de sa triomphante Ascension au ciel, n’est-il pas vrai que nous aussi nous avons vécu en société avec son divin Époux, qui est en même temps notre Rédempteur, et qu’au moment de le voir disparaître aux regards de notre foi attentive jusqu’à cette heure à le suivre dans tous ses états, l’émotion que ressentirent les Apôtres vient nous gagner nous-mêmes ?

Mais il est sur la terre, à la veille du jour où Jésus doit la quitter pour le ciel, une créature dont nous ne pourrons jamais sonder ni décrire les sentiments ; c’est Marie qui avait retrouvé son fils, et qui voit approcher le moment où il va s’éloigner encore. Jamais cœur ne fut plus soumis aux volontés de son Maître souverain ; mais jamais aussi semblable sacrifice ne fut demandé à une créature. Jésus veut que l’amour de Marie croisse encore, et c’est pour cela qu’il la soumet à l’épreuve de l’absence. Il veut en outre qu’elle coopère à la formation de l’Église, qu’elle ait la main dans ce grand œuvre qui ne devait s’élever qu’avec son concours. C’est en cela que se montre encore l’amour de Jésus pour sa mère ; il désire pour elle le mérite le plus grand, afin de déposer sur sa tète le diadème le plus glorieux, au jour où elle montera au ciel à son tour pour y occuper le trône qui a été préparé pour elle au-dessus de toute la création glorifiée.

Ce n’est plus, il est vrai, un glaive de douleur qui transpercera le cœur de Marie ; c’est le feu d’un amour que nul langage ne saurait décrire qui consumera ce cœur dans une angoisse à la fois poignante et délicieuse, sous l’effort de laquelle elle tombera un jour, comme le fruit mûr que la branche de l’arbre ne soutient plus, parce qu’elle n’a plus rien à lui donner. Mais à ces instants suprêmes où nous sommes, dans les dernières étreintes de ce fils divin qui va la laisser en exil, quel serrement au cœur d’une telle mère qui n’a joui que durant quarante jours du bonheur de le voir glorieux et triomphant, et de recevoir ses divines et filiales caresses !

C’est la dernière épreuve de Marie ; mais en face de cette épreuve elle n’a encore que sa même réponse : « Voici la servante du Seigneur. ; qu’il me soit fait selon votre parole. » Sa vie tout entière est dans le bon plaisir de Dieu, et c’est ainsi qu’elle devient toujours plus grande, plus rapprochée de Dieu. Une sainte âme du XVIIe siècle, favorisée des plus sublimes révélations, nous a appris que le choix fut donné à Marie d’entrer dans le repos de la gloire avec son fils, ou de demeurer encore sur la terre dans les labeurs de l’enfantement de la sainte Église ; mais qu’elle préféra retarder les joies maternelles que lui réservait l’éternité, et servir, aussi longtemps qu’il plairait à la divine Majesté, au grand œuvre qui importait tant à l’honneur de son fils et au bien de la race humaine, dont elle était devenue aussi la mère.

Si un tel dévouement éleva la coopératrice de notre salut au plus haut degré de la sainteté, en lui faisant atteindre le point culminant de sa mission, on est en droit de conclure que l’amour de Jésus pour sa mère s’accrut encore, lorsqu’il reçut d’elle une marque si sensible de l’union qu’elle avait aux plus intimes désirs de son cœur sacré. De nouveaux témoignages de sa tendresse furent pour Marie la récompense de cet oubli d’elle-même, et de cette conformité aux desseins qui l’appelaient à être véritablement dès ici-bas la Reine des Apôtres, comme l’appelle l’Église, et la coadjutrice de leurs travaux.

Le Seigneur, durant ces dernières heures, allait multipliant les témoignages de sa bonté envers tous ceux qu’il avait daigné admettre dans sa familiarité. Pour plusieurs d’entre eux la séparation devait être longue. Jean le bien-aimé aurait à attendre plus de cinquante années sa réunion à son Maître divin. Ce ne serait qu’après trente ans que Pierre monterait à son tour sur l’arbre de la croix, pour se réunir à celui qui lui avait confié les clefs du royaume des cieux. Le même intervalle de temps devait être rempli par les soupirs enflammés de Madeleine ; mais aucun d’eux ne murmurait ; car tous sentaient qu’il était juste que le divin Rédempteur du monde, ayant suffisamment établi la foi de sa résurrection, « entrât enfin dans sa gloire ».

Jésus avait fait donner ordre à ses disciples par les Anges, le jour même de sa résurrection, de se rendre en Galilée pour y jouir de sa présence. Nous avons vu comment ils obéirent à cet ordre, et en quelle manière le Sauveur se manifesta à sept d’entre eux sur les bords du lac de Génésareth ; ce fut la huitième des manifestations que les Évangiles ont enregistrées. La neuvième eut lieu pareillement dans la Galilée. Jésus aimait cette contrée, au sein de laquelle il avait pris la plupart de ses disciples, où Marie et Joseph avaient habité, et où lui-même avait passé tant d’années dans le travail et l’obscurité. La population, plus simple et plus morale que celle de la Judée, l’attirait davantage. Saint Matthieu nous révèle que la plus solennelle des manifestations de Jésus ressuscité, celle que nous compterons pour la dixième de fait, et pour la neuvième de celles que rapportent les Évangélistes, eut lieu sur une montagne de cette contrée.

Selon le sentiment de saint Bonaventure et celui du pieux et savant Denys le Chartreux, cette montagne fut le Thabor, dont le sommet avait déjà été honoré par le mystère de la Transfiguration. Là se trouvèrent réunis, comme nous l’apprenons de saint Paul, plus de cinq cents disciples de Jésus], assemblée formée en grande partie des habitants de la Galilée qui avaient cru en Jésus dans le cours de sa prédication, et qui avaient mérité d’être témoins de ce nouveau triomphe du Nazaréen. Jésus se montra à leurs regards, et leur donna une telle certitude de sa résurrection que l’Apôtre des Gentils, écrivant aux chrétiens de Corinthe, invoque leur témoignage à l’appui de ce mystère fondamental de notre foi.

Désormais nous demeurons sans renseignements positifs sur ce qui se passa encore dans la Galilée, quant à ce qui est des manifestations du Sauveur ressuscité ; mais nous savons qu’il intima à ses disciples l’ordre de se rendre à Jérusalem, où il devait bientôt reparaître à leurs yeux une dernière fois, avant de monter aux cieux. Suivons en ces jours la marche des disciples vers la ville coupable. Combien de fois, dans cette même ville, Jésus avait voulu réunir ses fils comme la poule ramasse ses poussins sous ses ailes, et elle ne l’a pas voulu ! Il va revenir dans ses murs ; mais elle ne le saura pas. Il ne se montrera pas à elle, il ne se révélera qu’à ses amis, et il partira en silence, pour ne plus revenir qu’au jour où il viendra juger ceux qui n’ont pas connu le temps de sa visite.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :