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Regnum Galliae Regnum Mariae

Publié depuis Overblog

8 Mars 2024 , Rédigé par Ludovicus

Collecte

Nous vous supplions, Seigneur, d’accorder dans votre bonté, un résultat favorable à nos jeûnes, afin que, comme nos corps pratiquent l’abstinence par rapport aux aliments, ainsi nos âmes s’abstiennent du péché. Par N.-S

Lecture Nm 20, 1, 3 et 6-13

En ces jours-là, les enfants d’Israël s’assemblèrent contre Moïse et Aaron, et ayant excité une sédition, ils leur dirent : Donnez-nous de l’eau, afin que nous buvions. Moïse et Aaron, ayant quitté le peuple, entrèrent dans le tabernacle de l’alliance, et, s’étant jetés le visage contre terre, ils crièrent au Seigneur, et lui dirent : Seigneur Dieu, écoutez le cri de ce peuple, et ouvrez-leur votre trésor, ouvrez-leur la source d’eau vive, afin qu’étant désaltérés, ils cessent de murmurer. Alors la gloire du Seigneur parut au-dessus d’eux. Et le Seigneur parla à Moïse, et lui dit : Prenez votre verge, et assemblez le peuple, vous et votre frère Aaron ; et parlez à la pierre devant eux, et elle vous donnera des eaux. Et lorsque vous aurez fait sortir l’eau de la pierre, tout le peuple boira et ses bêtes aussi. Moïse prit donc la verge qui était devant le Seigneur, selon qu’il le lui avait ordonné, et ayant assemblé le peuple devant la pierre, il leur dit : Écoutez, rebelles et incrédules. Pourrons-nous vous faire sortir de l’eau de cette pierre ? Moïse leva ensuite la main, et ayant frappé deux fois la pierre avec sa verge, il en sortit une grande abondance d’eau, en sorte que le peuple eut à boire, et les bêtes aussi. En même temps, le Seigneur dit à Moïse et à Aaron : Parce que vous ne m’avez pas cru, et que vous ne m’avez pas sanctifié devant les enfants d’Israël, vous ne ferez point entrer ce peuple dans la terre que je leur donnerai. C’est là l’eau de contradiction, où les enfants d’Israël murmurèrent contre le Seigneur, et où il fit paraître sa puissance et sa sainteté au milieu d’eux.

Évangile Jn 4, 5-42

En ce temps-là, Jésus vint dans une ville de Samarie, nommée Sichar, près du champ que Jacob avait donné à son fils Joseph. Or là était le puits de Jacob. Et Jésus, fatigué du chemin, était assis sur le puits. Il était environ la sixième heure. Une femme de la Samarie vint pour puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donne-moi à boire. Car ses disciples étaient allés à la ville, pour acheter des vivres.

Cette femme samaritaine lui dit : Comment vous, qui êtes Juif, me demandez-vous à boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? Les Juifs, en effet, n’ont point de rapports avec les Samaritains. Jésus lui répondit : Si tu connaissais le don de Dieu, et quel est celui qui te dit : Donnez-moi à boire, peut-être lui aurais-tu fait toi-même cette demande, et Il t’aurait donné de l’eau vive.

La femme lui dit : Seigneur, vous n’avez rien pour puiser, et le puits est profond ; d’où avez-vous donc de l’eau vive ? Êtes-vous plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses troupeaux ?

Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif, mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif ; car l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle.

La femme lui dit : Seigneur, donnez-moi de cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus Ici pour puiser.

Jésus lui dit : Va, appelle ton mari, et viens ici.

La femme répondit : Je n’ai pas de mari.

Jésus lui dit : Tu as eu raison de dire : Je n’ai pas de mari ; car tu as eu cinq maris, et maintenant celui que tu as n’est pas ton mari ; en cela, tu dis vrai.

La femme lui dit : Seigneur, je vois bien que vous êtes un prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous, vous dites que Jérusalem est le lieu où il faut adorer.

Jésus lui dit : Femme, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni à Jérusalem, que vous adorerez le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont de tels adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit, et II faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité.

La femme lui dit : Je sais que le Messie (c’est-à-dire le Christ) doit venir ; lors donc qu’il sera venu II nous annoncera toutes phases.

Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle.

Au même instant, ses disciples arrivèrent, et ils s’étonnaient de ce qu’il parlait avec une femme. Cependant aucun ne lui dit : Que demandez-vous ? ou : Pourquoi parlez-vous avec elle ? La femme laissa donc là sa cruche, et s’en alla dans la ville. Et elle dit aux gens : Venez, et voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? Ils sortirent donc de la ville, et vinrent auprès de lui. Cependant les disciples le priaient, en disant : Maître, mangez. Mais il leur dit : J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas. Les disciples se disaient donc l’un à l’autre : Quelqu’un lui a-t-il apporté à manger ? Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de Celui gui m’a envoyé, pour accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : Encore quatre mois, et la moisson viendra ? Voici que je vous dis : Levez les yeux, et voyez les campagnes qui blanchissent déjà pour la moisson. Et celui qui moissonne reçoit une récompense, et amasse du fruit pour la vie éternelle, afin que celui qui sème se réjouisse, aussi bien que celui qui moissonne. Car ici se vérifie cette parole : Autre est celui qui sème, et autre celui qui moissonne. Je vous ai envoyés moissonner là où vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous, vous êtes entrés dans leurs travaux.

Or beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en lui, sur la parole de la femme qui lui rendait ce témoignage : II m’a dit tout ce que j’ai fait. Les Samaritains, étant donc venus auprès de lui, le prièrent de demeurer chez eux ; et il y demeura deux jours. Et il y en eut un bien plus grand nombre qui crurent en lui, à cause de sa parole. Et ils disaient à la femme : Ce n’est plus à cause de ce que tu nous, as dit que nous croyons car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde.

 

LEÇON.

C’est ici l’un des plus augustes symboles de l’Ancien Testament, et la figure du Baptême auquel aspirent nos Catéchumènes. L’eau y paraît comme l’objet des désirs de tout un peuple, qui sans cette eau allait périr. Saint Paul, qui nous dévoile les mystères de l’ancienne Alliance, nous apprend que le rocher, la pierre, signifiait Jésus-Christ, dont est sortie la fontaine d’eau vive qui désaltère et purifie les âmes. Les saints Pères sont venus ensuite, qui nous font remarquer que la pierre n’a rendu l’eau vivifiante qu’elle contenait qu’après avoir été frappée par la verge, dont les coups donnés sur le rocher signifient la Passion du Rédempteur. Le bois de cette verge, nous disent aussi les anciens interprètes, est le symbole de la Croix, et le double coup représente le double bois dont elle est formée. Les peintures que l’Église primitive a laissées dans les Catacombes de Rome, nous offrent sans cesse cette image de Moïse frappant le rocher d’où s’écoulent les eaux ; et un verre peint trouvé dans ces souterrains, berceau de notre foi, nous apprend, par l’inscription qu’on y lit encore, que les premiers chrétiens considéraient sous les traits de Moïse, qui n’a agi qu’en figure, saint Pierre lui-même, qui, dans la nouvelle Alliance, a ouvert au vrai peuple de Dieu la source de toute grâce dans sa prédication au jour de la Pentecôte, et plus tard dans celle qu’il fit entendre aux Gentils en la personne du centurion Corneille. Ce symbole de Moïse frappant le rocher, et la plupart de ceux que nous avons reconnus, et que nous reconnaîtrons encore dans les lectures que l’Église destinait à l’instruction des Catéchumènes, non seulement ont été exprimés, aux premiers siècles, sur les fresques des catacombes romaines ; mais de nombreux monuments nous apprennent qu’on les représentait aussi dans toutes les églises de l’Orient et de l’Occident. Plusieurs de ces symboles sont arrivés jusqu’au XIIIe siècle et au delà, sur les verrières de nos cathédrales, conservant encore la forme hiératique qu’ils avaient reçue au commencement. Il est triste de voir que des sujets qui excitaient un si vif enthousiasme chez nos pères les martyrs, sont aujourd’hui si peu familiers à leurs derniers neveux. Sortons de cette indifférence qui n’est pas chrétienne, et revenons, par la méditation de la sainte Liturgie, à ces traditions auxquelles nos aïeux empruntèrent leur foi énergique et leur sublime dévouement à Dieu et à leur postérité.

ÉVANGILE.

Dans le récit de notre Évangile, le Fils de Dieu vient en personne continuer le ministère de Moïse en révélant à la Samaritaine, figure de la gentilité, le mystère de l’Eau qui donne la vie éternelle : aussi retrouvons-nous encore ce sujet sur les peintures murales des catacombes, et sur les bas-reliefs des sarcophages chrétiens des IVe et Ve siècles. Méditons donc cette histoire, où tout nous parle de la miséricorde du Rédempteur. Jésus est fatigué de la route qu’il a parcourue ; lui, le Fils de Dieu, à qui le monde n’a coûté qu’une parole, il s’est lassé en cherchant ses brebis. Le voilà réduit à s’asseoir pour reposer ses membres harassés ; mais c’est au bord d’un puits, près d’une source d’eau, qu’il vient prendre son repos. Une femme idolâtre est là, qui ne connaît que l’eau matérielle ; Jésus veut lui révéler une eau bien plus précieuse. Mais il commence par lui faire connaître la fatigue dont il est accablé, la soif qui le presse. Donne-moi à boire, lui dit-il ; comme il dira dans peu de jours sur la Croix : J’ai soif. C’est ainsi que, pour arriver à concevoir la grâce du Rédempteur, il faut d’abord l’avoir connu lui-même sous les traits de l’infirmité et de la souffrance.

Mais bientôt ce n’est plus Jésus qui demande de l’eau ; c’est lui qui en offre, et une eau qui enlève la soif pour jamais, une eau qui rejaillit jusque dans la vie éternelle. La femme aspire à goûter cette eau ; elle ne sait pas encore quel est celui qui lui parle, et déjà elle ajoute foi à ses paroles. Cette idolâtre montre plus de docilité que les Juifs ; cependant elle sait que celui qui lui parle appartient à une nation qui la méprise. L’accueil qu’elle fait au Sauveur lui obtient de nouvelles grâces de sa part. Il commence par l’éprouver. Va, lui dit-il, appelle ton mari, et reviens ici. Cette malheureuse n’avait point de mari légitime ; Jésus veut qu’elle l’avoue. Elle n’hésite pas ; et c’est parce qu’il lui a révèle sa honte qu’elle le reconnaît pour un prophète. Son humilité sera récompensée, et les sources d’eau vive sont pour elle. C’est ainsi que la gentilité s’est rendue à la prédication des Apôtres ; ils venaient révéler à ces hommes abandonnés la gravité du mal et la sainteté de Dieu ; et, loin d’en être repoussés, ils les trouvaient dociles, prêts à tout. La foi de Jésus-Christ avait besoin de martyrs ; ils se rencontrèrent en foule dans ces premières générations enlevées au paganisme et à tous ses désordres. Jésus, voyant cette simplicité dans la Samaritaine, juge, dans sa bonté, qu’il est temps de se révéler à elle. Il dit à cette pauvre pécheresse que le moment est venu où les hommes adoreront Dieu par toute la terre ; que le Messie est descendu, et que lui-même est le Messie. Telle est la divine condescendance du Sauveur pour L’âme simple et docile : il se manifeste a elle tout entier. Les Apôtres arrivent sur ces entrefaites ; mais ils sont trop israélites encore pour comprendre la bonté de leur Maître envers cette Samaritaine ; L’heure approche cependant où ils diront eux-mêmes avec le grand Paul : « Il n’y a plus de juif ni de gentil, plus d’esclave ni d’homme libre, plus d’homme ni de femme ; mais vous êtes tous une même chose en Jésus-Christ. »

En attendant, la femme de Samarie, transportée d’une ardeur céleste, devient apôtre elle-même. Elle laisse son vase sur le bord du puits ; l’eau matérielle n’a plus de prix à ses yeux, depuis que le Sauveur lui a donné à boire de son eau vive. Elle rentre dans la ville ; mais c’est pour y prêcher Jésus-Christ, pour amener à ses pieds, si elle le pouvait, tous les habitants de Samarie. Dans son humilité, elle donne pour preuve de la grandeur de son Prophète la révélation qu’il vient de lui faire des désordres dans lesquels elle a vécu jusqu’aujourd’hui. Ces païens abandonnés, objet d’horreur pour les Juifs, accourent au puits où Jésus est resté entretenant ses disciples de la moisson prochaine ; ils vénèrent en lui le Messie, le Sauveur du monde ; et Jésus daigne habiter pendant deux jours au milieu de cette ville où régnait l’idolâtrie mêlée à quelques débris des observances judaïques. La tradition chrétienne a conservé le nom de cette femme, qui, après les Mages de l’Orient, compte au nombre des prémices du nouveau peuple : elle se nommait Photine, et répandit son sang pour celui qui s’était tait connaître à elle au bord du puits de Jacob.

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