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Regnum Galliae Regnum Mariae

Samedi de la IIIème semaine de Carême

9 Mars 2024 , Rédigé par Ludovicus

Samedi de la IIIème semaine de Carême

Collecte

Nous vous en prions, Dieu tout-puissant, accordez à ceux qui, pour mortifier leur chair s’abstiennent des viandes, la grâce de jeûner aussi du péché, en pratiquant la justice. Par Notre-Seigneur.

Lecture Dn.13., 1-9, 15-17, 19-30 et 33-62

En ces jours-là, il y avait un homme qui habitait à Babylone, et dont le nom était Joakim. Il prit une femme nommée Suzanne, fille d’Helcias, parfaitement belle et craignant Dieu ; car ses parents, qui étaient justes, avaient instruit leur fille selon la loi de Moïse, Or Joakim était très riche, et il avait un jardin fruitier près de, sa maison ; les Juifs affluaient chez lui parce qu’il était le plus : honorable de tous. On avait établi pour juges, cette année-là, deux vieillards d’entre le peuple ; c’est d’eux que le Seigneur a dit : L’iniquité est sortie de Babylone par des vieillards qui étaient juges, qui semblaient conduire le peuple. Ceux-là fréquentaient la maison de Joakim, et tous ceux qui avaient des affaires à juger venaient les y trouver. Lorsque la foule était partie, sur le midi, Suzanne entrait et se promenait dans le jardin de son mari. Ces vieillards l’y voyaient tous les jours entrer et se promener, et ils brûlèrent de passion pour elle ; ils pervertirent leur sens, et ils détournèrent leurs yeux, pour ne pas voir le ciel et pour ne pas se souvenir des justes jugements. Comme ils cherchaient un jour convenable, il arriva que Suzanne entra, selon la coutume, accompagnée seulement de deux jeunes filles, et elle voulut se baigner dans le jardin, car il faisait chaud ; et il n’y avait là personne que les deux vieillards, qui étaient cachés et qui la regardaient. Elle dit donc aux jeunes filles : Apportez-moi de l’huile et des parfums, et fermez les portes du jardin, afin que je me baigne. Lorsque les jeunes filles furent sorties, les deux vieillards se levèrent, coururent à Suzanne et lui dirent : Voici, les du jardin sont fermées ; personne ne nous voit, et nous brûlons de passion pour toi ; rends-toi donc à notre désir, et unis-toi à nous. Si tu refuses, nous témoignerons contre toi, et nous dirons qu’un jeune homme était avec toi, et que c’est pour cela que tu as renvoyé tes jeunes filles. Suzanne gémit et dit : L’angoisse m’entoure de tous côtés ; car si je fais cela, c’est la mort pour moi ; si je ne le fais pas, je n’échapperai pas de vos mains. Mais il est meilleur pour moi de tomber sans motif entre vos mains, que de pécher en la présence du Seigneur. Alors Suzanne poussa un grand cri, et les vieillards crièrent aussi contre elle. Et l’un d’eux courut à la porte du jardin et l’ouvrit. Ayant entendu crier dans le jardin, les serviteurs de la maison se précipitèrent par la porte de derrière, pour voir ce que c’était. Après que les vieillards eurent parlé, les serviteurs éprouvèrent une grande honte, parce qu’on n’avait jamais rien dit de semblable de Suzanne. Le lendemain arriva, et te peuple étant venu chez Joakim son mari, les deux vieillards y vinrent aussi, pleins d’une résolution criminelle contre Suzanne, pour lui faire perdre la vie. Et ils dirent devant le peuple : Envoyez chercher Suzanne, fille d’Helcias, femme de Joakim. On y envoya aussitôt et elle vint avec ses parents, ses enfants et tous ses proches. Les, siens et tous ceux qui l’avaient connue pleuraient. Alors les deux vieillards, se levant au, milieu du peuple, mirent leurs mains sur sa tête. Elle, en pleurs, leva les yeux au ciel, car son cœur avait confiance dans le Seigneur. Et les vieillards dirent : Comme nous nous promenions seuls dans le jardin, cette femme est entrée avec deux servantes ; elle a fermé les portes du jardin et elle a renvoyé les jeunes filles. Et un jeune homme, qui était caché, est venu et a péché avec elle. Nous étions dans un coin du jardin, et voyant cette iniquité, nous sommes accourus à eux, et nous les avons vus s’unir. Lui, nous n’avons pu le prendre, parce qu’il était plus fort que nous et qu’ayant ouvert la porte, il s’est échappé. Mais elle, après l’avoir prise, nous lui avons demandé quel était ce jeune homme, et elle n’a pas voulu nous le dire. C’est de quoi nous sommes témoins. La multitude les crut, parce qu’ils étaient des anciens et des juges du peuple, et ils la condamnèrent à mort. Alors Suzanne poussa un grand cri et dit Dieu éternel, qui pénétrez ce qui est caché, et qui connaissez toutes choses avant qu’elles arrivent, vous savez qu’ils ont porté un faux témoignage contre moi ; et voici que je meurs, sans avoir rien fait de tout ce qu’ils ont inventé malicieusement contre moi. Et le Seigneur entendit sa voix. Et comme on la conduisait à la mort, le Seigneur suscita l’esprit saint d’un jeune enfant nommé Daniel, qui cria à haute voix : Je suis pur du sang de cette femme. Tout le peuple se tourna vers lui et dit : Quelle est cette parole que tu as proférée ? Se tenant debout au milieu d’eux, il dit : Êtes-vous assez insensés, fils d’Israël, pour condamner, sans la juger et sans connaître la vérité, une fille d’Israël ? Jugez-la de nouveau, car ils ont porté un faux témoignage contre elle. Le peuple revint donc en grande hâte, et Daniel dit au peuple : Séparez-les l’un de l’autre, et je les jugerai. Lorsqu’ils eurent été séparés l’un de l’autre, Daniel appela l’un d’eux et lui dit : Homme vieilli dans le mal, les péchés que tu as commis autrefois viennent maintenant sur toi, qui rendais des jugements injustes, qui opprimais les innocents et qui relâchais les coupables, quoique le Seigneur ait dit : Tu ne feras pas mourir l’innocent et le juste. Maintenant donc, si tu l’as vue, dis sous quel arbre tu les as vus : parler ensemble. Il dit : Sous un lentisque. Daniel lui dit : Vraiment tu as menti contre ta tête, car voici que l’ange de Dieu, ayant reçu son arrêt, te coupera en deux. Après l’avoir renvoyé, il ordonna qu’on fît venir l’autre, et il lui dit Race de Canaan, et non de Juda, la beauté t’a séduit, et la passion a perverti ton cœur. C’est ainsi vous traitiez les filles d’Israël, et, effrayées, elles vous parlaient ; mais une fille de Juda n’a pu souffrir votre iniquité. Maintenant donc, dis-moi sous quel arbre tu les as surpris lorsqu’ils se parlaient. Il dit : Sous un chêne. Daniel lui dit : Vraiment, toi aussi tu as menti contre ta tête ; car l’ange du Seigneur est prêt, et tient l’épée pour te couper par le milieu et pour te faire mourir. Alors toute l’assemblée poussa un grand cri, et ils bénirent Dieu, qui sauve ceux qui espèrent en lui. Et ils s’élevèrent contre les deux vieillards, que Daniel avait convaincus par leur propre bouche d’avoir porté un faux témoignage et ils leur firent le mal qu’ils avaient fait à leur prochain, pour exécuter la loi de Moïse. Ils les firent mourir, et le sang innocent fut sauvé en ce jour-là.

Évangile Jn. 8, 1-11

En ce temps-là, Jésus se rendit sur la montagne des Oliviers. Et, de grand matin, il vint de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui ; et s’étant assis, il les enseignait. Alors les scribes et les pharisiens lui amenèrent une femme surprise en adultère ; et ils la placèrent au milieu de la foule. Et ils dirent à Jésus : Maître, cette femme vient d’être surprise en adultère. Or Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Vous donc, que dites-vous ? Ils disaient cela pour le tenter, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus, se baissant, écrivait avec son doigt sur la terre. Et comme ils persistaient à l’interroger, il se releva, et leur dit : Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la pierre le premier. Puis, se baissant de nouveau, il écrivait sur la terre. Mais, ayant entendu cela, ils se retirèrent l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés ; et Jésus demeura seul avec cette femme, qui était debout au milieu. Alors Jésus, se relevant, lui dit : Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ? Elle dit : Personne, Seigneur. Jésus lui dit : Mol non plus, je ne te condamnerai pas ; va, et désormais ne pèche plus

LEÇON.

Hier, nous prenions part à la joie de nos Catéchumènes, aux yeux desquels l’Église dévoilait déjà cette source limpide et vivifiante qui procède du Sauveur, et dans les eaux de laquelle ils vont bientôt puiser une nouvelle vie. Aujourd’hui, l’enseignement s’adresse aux Pénitents dont la réconciliation approche. Mais comment peuvent-ils encore espérer le pardon, eux qui ont souillé la robe blanche de leur baptême, et foulé aux pieds le sang divin qui les avait rachetés ? Cependant le pardon descendra sur eux, et ils seront sauvés. Que si vous voulez comprendre ce mystère, lisez et méditez les saintes Écritures ; et vous y apprendrez qu’il y a pour l’homme un salut qui procède de la justice, et un salut qui vient de la miséricorde. Aujourd’hui nous avons sous les yeux le type de l’un et de l’autre. Suzanne accusée injustement d’adultère, reçoit de Dieu, qui la venge et la délivre, la récompense de sa vertu ; une autre femme véritablement coupable de ce crime est arrachée à la mort par Jésus-Christ lui-même. Que les justes attendent donc avec confiance et humilité la récompense qu’ils ont méritée ; mais aussi que les pécheurs espèrent dans la clémence du Rédempteur, qui est venu pour eux plus encore que pour les justes. C’est ainsi que la sainte Église relève le courage de ses pénitents, et les appelle à la conversion, en leur découvrant les richesses du cœur de Jésus et les miséricordes de la loi nouvelle que ce divin Rédempteur est venu sceller de son sang.

Dans cette admirable histoire de Suzanne, les premiers chrétiens voyaient aussi le type de l’Église de leur temps sollicitée au mal par les païens, et demeurant fidèle à son Époux divin jusqu’au péril de sa vie. Un saint évêque martyr du IIIe siècle, saint Hippolyte, nous donne la clef de ce symbole ; et les sculptures des antiques sarcophages chrétiens, ainsi que les fresques des catacombes romaines, sont d’accord pour nous présenter la fidélité de Suzanne à la loi de Dieu, malgré la mort qui la menace, comme le type des martyrs préférant la mort à l’apostasie, qui, selon le langage des saintes Écritures, est un véritable adultère de l’âme à l’égard de Dieu dont elle est devenue l’épouse par le baptême.

ÉVANGILE.

Voici maintenant le salut par la miséricorde. Le crime de cette femme est réel ; la loi la condamne a mort ; ses accusateurs, en requérant la peine, sont fondés en justice : et cependant la coupable ne périra pas. Jésus la sauve, et pour ce bienfait il ne lui impose qu’une seule condition : qu’elle ne pèche plus. Quelle dut être sa reconnaissance envers son libérateur ! Comme elle dut avoir à cœur désormais, de suivre les ordres de celui qui n’avait pas voulu la condamner et à qui elle devait la vie ! Pécheurs que nous sommes, entrons dans ces sentiments à l’égard de notre Rédempteur. N’est-ce pas lui qui a retenu le bras de la divine justice prêt à nous frapper ? N’en a-t-il pas détourné les coups sur lui-même ? Sauvés par sa miséricorde, unissons-nous aux Pénitents de l’Église primitive, et durant ces jours qui nous restent encore, établissons solidement les bases de notre nouvelle vie.

Jésus ne répond qu’un seul mot aux Pharisiens qui sont venus le tenter au sujet de cette femme ; mais cette parole si brève n’en doit pas moins être recueillie par nous avec respect et reconnaissance : car si elle exprime la pitié divine du Sauveur pour la pécheresse tremblante à ses pieds, elle renferme aussi une leçon pratique pour nous. Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre. Dans ce temps de réparation et de pénitence, rappelons-nous les médisances dont nous nous sommes rendus coupables envers le prochain, ces péchés de la langue que l’on se reproche si peu, que l’on oublie si vite, parce qu’ils coulent, pour ainsi dire, de source. Si la parole du Sauveur eût retenti, comme elle le devait, au fond de notre cœur ; si nous eussions songé avant tout à tant de côtés répréhensibles qui sont en nous, n’est-il pas vrai que jamais nous n’eussions trouvé le courage d’attaquer la conduite du prochain, de révéler ses fautes, de juger jusqu’à ses pensées et ses intentions ? Prenons-y garde dans l’avenir : Jésus connaissait la vie des accusateurs de cette femme ; il sait la nôtre tout entière : malheur donc à nous si nous ne devenons pas indulgents pour nos frères !

Considérons enfin la malice des ennemis du Sauveur, et avec quelle perfidie ils lui tendent un piège. S’il prononce en faveur de la vie de cette femme, ils l’accuseront de mépriser la loi de Moïse qui la condamne à être lapidée ; s’il répond conformément à la loi, ils le traduiront au peuple comme un homme cruel et sanguinaire. Jésus, par sa prudence céleste, échappe à leurs embûches ; mais nous devons prévoir déjà quel sort lui est réservé le jour où, s’étant livré entre leurs mains, il n’opposera plus à leurs calomnies et à leurs outrages que le silence et la patience d’une victime vouée à la mort.

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