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Regnum Galliae Regnum Mariae

IVème Dimanche de Carême

10 Mars 2024 , Rédigé par Ludovicus

IVème Dimanche de Carême

Introït

Réjouis-toi, Jérusalem, et rassemblez-vous, vous tous qui l’aimez ; tressaillez de joie avec elle, vous qui avez été dans la tristesse afin que vous exultiez et soyez rassasiés à la mamelle de vos consolations. Je me suis réjoui de ce qui m’a été dit : Nous irons dans la maison du Seigneur.

Collecte

Faites, s’il vous plaît, Dieu tout-puissant, que, justement affligés à cause de nos péchés, nous respirions par la consolation de votre grâce. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Épitre Ga. 4, 22-31

Mes frères, il est écrit qu’Abraham eut deux fils, l’un de l’esclave, et l’autre de la femme libre. Mais celui de l’esclave naquit selon la chair ; et celui de la femme libre, naquit en vertu de la promesse. Cela a été dit par allégorie ; car ces femmes sont deux alliances : l’une sur le mont Sina, qui enfante pour la servitude, et c’est Agar ; car Sina est une montagne d’Arabie, qui correspond à la Jérusalem d’à présent, laquelle est esclave avec ses enfants. Mais la Jérusalem d’en-haut est libre, et c’est notre mère. En effet, il est écrit : Réjouis-toi, stérile, qui n’enfantes pas ; éclate, pousse des cris de joie, toi qui ne deviens pas mère ; parce que les enfants de la délaissée sont plus nombreux que ceux de la femme mariée. Pour nous, mes frères, nous sommes, comme Isaac, les enfants de la promesse. Et de même qu’alors celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l’esprit, ainsi en est-il encore maintenant. Mais que dit l’Écriture ? Chasse l’esclave et son fils ; car le fils de l’esclave ne sera pas héritier avec le fils de la femme libre. Ainsi, mes frères, nous ne sommes point les enfants de l’esclave, mais de la femme libre ; et c’est par cette liberté que le Christ nous a rendus libres.

Évangile Jn. 6, 1-15

En ce temps-là, Jésus s’en alla au delà de la mer de Galilée ou de Tibériade ; et une multitude nombreuse le suivait, parce qu’elle voyait les miracles qu’il opérait sur les malades. Jésus monta donc sur une montagne, et là il s’assit avec ses disciples. Or la Pâque, jour de fête des Juifs, était proche. Ayant donc levé les yeux, et voyant qu’une très grande multitude venait à lui, Jésus dit à Philippe : Où achèterons-nous des pains pour leur donner à manger ? Mais il disait cela pour l’éprouver ; car, lui, il savait ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : Deux cents deniers de pain ne suffiraient pas pour que chacun en reçût un peu. Un de ses disciples, André, frère de Simon-Pierre, lui dit : Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? Jésus dit donc : Faites asseoir ces hommes. Or il y avait beaucoup d’herbe en ce lieu. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Jésus prit alors les pains et ayant rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient assis ; il leur donna de même des poissons, autant qu’ils en voulaient. Lorsqu’ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Ramassez les morceaux qui sont restés, pour qu’ils ne se perdent pas. Ils les ramassèrent donc, et ils remplirent douze corbeilles avec les morceaux qui étaient restés des cinq pains d’orge après que tous eurent mangé. Ces hommes, ayant donc vu le miracle qu’avait fait Jésus, disaient : Celui-là est vraiment le prophète, qui doit venir dans le monde. Mais Jésus, sachant qu’ils allaient venir l’enlever pour le faire roi, s’enfuit de nouveau, tout seul, sur la montagne.

Secrète

Jetez un regard favorable sur le présent sacrifice, nous vous en supplions, Seigneur, afin qu’il accroisse notre dévotion et contribue à notre salut. Par Notre-Seigneur.

Communion

Jetez un regard favorable sur le présent sacrifice, nous vous en supplions, Seigneur, afin qu’il accroisse notre dévotion et contribue à notre salut. Par Notre-Seigneur.

Office

4e leçon

Sermon de saint Basile le Grand

Nous savons que Moïse gravit la montagne grâce au jeûne, car il n’aurait pas osé approcher de ce sommet fumant et entrer dans la nuée, s’il n’avait été fortifié par le jeûne. C’est grâce au jeûne qu’il reçut les lois gravées par le doigt de Dieu sur des tables. De même, sur la montagne, le jeûne obtint le don de la loi, mais au pied de cette montagne, la gourmandise fit tomber le peuple dans l’idolâtrie et le souilla de péché. « La foule s’assit pour manger et pour boire ; puis ils se levèrent pour se divertir. » L’effort et la persévérance des quarante jours que le serviteur de Dieu avait passés dans la prière et le jeûne continuels, une seule ivresse du peuple les rendit inutiles et vains. Ces tables, en effet, gravées par le doigt de Dieu, que le jeûne avait accueillies, l’ivresse les brisa : le très saint prophète jugea qu’un peuple plein de vin était indigne de recevoir de Dieu une loi.

5e leçon

En un moment de temps, à cause de sa gourmandise, ce peuple que les plus grands prodiges avaient instruit du culte à rendre à Dieu, versa de la façon la plus honteuse dans l’idolâtrie des Égyptiens. Si l’on compare ces deux faits, on peut voir que le jeûne conduit à Dieu, tandis que les délices anéantissent le salut. Qu’est-ce qui corrompit Ésaü et le rendit serviteur de son frère ? N’est-ce pas un seul mets pour lequel il vendit son droit d’aînesse ? Et Samuel ? N’est-ce pas au contraire par le jeûne qu’il fut accordé à la prière de sa mère ? Qu’est-ce donc qui a rendu invincible le très fort Samson, sinon le jeûne avec lequel il fut conçu dans le sein de sa mère ? Le jeûne le conçut, le jeûne le nourrit, le jeûne en fit un homme. Un ange l’a sûrement prescrit à sa mère, l’avertissant de s’abstenir de tout ce qui provient de la vigne, de ne boire ni vin ni boisson fermentée. Le jeûne engendre les prophètes, affermit et fortifie les puissants.

6e leçon

Le jeûne rend les législateurs sages ; il est pour l’âme la meilleure sauvegarde ; pour le corps, un compagnon sûr ; pour les hommes courageux, une protection et une arme ; pour les athlètes et les combattants, un entraînement. En outre, il écarte les tentations, dispose à la piété, habite avec la sobriété, est artisan de la tempérance. Dans la guerre, il apporte le courage ; dans la paix, il apprend la tranquillité. Il sanctifie le nazir, rend le prêtre parfait, car il n’est pas permis d’aborder le sacrifice sans être à jeun, et cela, non seulement aujourd’hui, en cette adoration sacramentelle et véritable de Dieu, mais même dans celle où, en figure, le sacrifice était offert selon la loi. C’est le jeûne qui rendit Élie digne de contempler sa grande vision ; car, après avoir purifié son âme par un jeûne de quarante jours, il mérite, dans une caverne, de voir Dieu autant que cela est permis à un homme. Lorsque Moïse reçut de nouveau la loi, il observa de nouveau un jeûne. Les Ninivites n’auraient échappé en aucune manière à la destruction qui les menaçait s’ils n’avaient jeûné et fait jeûner avec eux jusqu’aux animaux. Dans le désert, par contre, qui vit fléchir ses membres, sinon ceux qui eurent envie de viandes ?

7e leçon

Homélie de saint Augustin, évêque

Les miracles accomplis par notre Seigneur Jésus-Christ sont vraiment des œuvres divines et ils invitent l’esprit humain à s’élever des événements visibles à la connaissance de Dieu. Dieu, en effet, n’est pas de telle substance qu’il puisse être vu des yeux du corps. D’autre part, ses miracles, grâce auxquels il régit le monde entier et prend soin de toute la création, sont, par leur fréquence, devenus communs, au point que personne, pour ainsi dire, ne daigne prêter attention à l’action admirable et étonnante de Dieu dans n’importe quelle semence. C’est pourquoi, en sa miséricorde même, il s’est réservé d’opérer, en temps opportun, certains prodiges en dehors du cours habituel et ordinaire de la nature : ainsi la vue de faits, non plus grands, mais insolites, frappera tout de même d’étonnement ceux pour qui les miracles quotidiens sont devenus quelconques.

8e leçon

Car c’est un plus grand miracle de gouverner le monde entier que de rassasier de cinq pains cinq mille personnes. Et pourtant, nul ne s’étonne du premier prodige, tandis que l’on est rempli d’admiration pour le second, non parce qu’il est plus grand, mais parce qu’il est rare. Qui, en effet, maintenant encore, nourrit le monde entier, sinon celui qui, de quelques grains, fait sortir les moissons ? Jésus a donc agi à la manière de Dieu. En effet, par cette même puissance qui d’un petit nombre de grains multiplie les moissons, il a multiplié entre ses mains les cinq pains. Car la puissance était entre les mains du Christ. Ces cinq pains étaient comme des semences non plus confiées à la terre, mais multipliées par celui qui a fait la terre.

9e leçon

Ce prodige a donc été présenté à nos sens pour élever notre esprit ; il a été placé sous nos yeux pour exercer notre intelligence. Alors, admirant le Dieu invisible à travers ses œuvres visibles, élevés jusqu’à la foi et purifiés par la foi, nous désirerons même voir l’Invisible en personne ; cet Invisible que nous connaissons à partir des choses visibles. Et pourtant, il ne suffit pas de considérer cela dans les miracles du Christ. Demandons aux miracles eux-mêmes ce qu’ils nous disent du Christ ; en effet, si nous les comprenons, ils ont leur langage. Car le Christ en soi est la Parole de Dieu, l’action de la Parole aussi est parole pour nous.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

ÉPÎTRE.

Réjouissons-nous donc, enfants de Jérusalem et non plus du Sinaï ! La mère qui nous a enfantés, la sainte Église, n’est point esclave, elle est libre ; et c’est pour la liberté qu’elle nous a mis au jour. Israël servait Dieu dans la terreur ; son cœur toujours porté à l’idolâtrie avait besoin d’être sans cesse comprimé par la crainte, et le joug meurtrissait ses épaules. Plus heureux que lui, nous servons par amour ; et pour nous « le joug est doux et le fardeau léger ». Nous ne sommes pas citoyens de la terre ; nous ne faisons que la traverser ; notre unique patrie est la Jérusalem d’en haut. Nous laissons celle d’ici-bas au Juif qui ne goûte que les choses terrestres, et qui, dans la bassesse de ses espérances, méconnaît le Christ, et s’apprête à le crucifier. Trop longtemps nous avons rampé avec lui sur la terre ; le péché nous tenait captifs ; et plus les chaînes de notre esclavage s’appesantissaient sur nous, plus nous pensions être libres. Le temps favorable est arrivé, les jours de salut sont venus ; et, dociles à la voix de l’Église, nous avons eu le bonheur d’entrer dans les sentiments et dans les pratiques de la sainte Quarantaine. Aujourd’hui, le péché nous apparaît comme le plus pesant des jougs, la chair comme un fardeau dangereux, le monde comme un tyran impitoyable ; nous commençons à respirer, et l’attente d’une délivrance prochaine nous inspire de vifs transports. Remercions avec effusion notre libérateur qui nous tire de la servitude d’Agar, qui nous affranchit des terreurs du Sinaï, et, nous substituant à l’ancien peuple, nous ouvre par son sang les portes de la céleste Jérusalem.

ÉVANGILE.

Ces hommes que le Sauveur venait de rassasier avec tant de bonté et une puissance si miraculeuse, n’ont plus qu’une pensée : ils veulent le proclamer leur roi. Cette puissance et cette bonté réunies en Jésus le leur font juger digne de régner sur eux. Que ferons-nous donc, nous chrétiens, auxquels ce double attribut du Sauveur est incomparablement mieux connu qu’il ne l’était à ces pauvres Juifs ? Il nous faut dès aujourd’hui l’appeler à régner sur nous. Nous venons de voir dans l’Épître que c’est lui qui nous a apporté la liberté, en nous affranchissant de nos ennemis. Cette liberté, nous ne la pouvons conserver que sous sa loi. Jésus n’est point un tyran, comme le monde et la chair : son empire est doux et pacifique, et nous sommes plus encore ses enfants que ses sujets. A la cour de ce grand roi, servir c’est régner. Venons donc oublier auprès de lui tous nos esclavages passés ; et si quelques chaînes nous retiennent encore, hâtons-nous de les rompre : car la Pâque est la fête de la délivrance, et déjà le crépuscule de ce grand jour paraît à l’horizon. Marchons sans faiblesse vers le terme ; Jésus nous donnera le repos, il nous fera asseoir sur le gazon comme ce peuple de notre Évangile ; et le Pain qu’il nous a préparé nous fera promptement oublier les fatigues de la route.

 

 

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