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RENÉ GUÉNON ET LA CRISE DU MONDE MODERNE

3 Novembre 2015 , Rédigé par Ludovicus

Les ennemis de l'Eglise sont légions, il est cependant utile de les connaître surtout les plus insidieux:

Le Chaos social

René Guénon a critiqué à juste titre le monde moderne, un monde sans principe, malade d’individualisme, de rationalisme et de matérialisme ; de ce fait un monde qui se dirige inévitablement vers un cataclysme. De façon logique, la démocratie est irréalisable car « il est contradictoire d’admettre que les mêmes hommes puissent être à la fois gouvernants et gouvernés, parce que, pour employer le langage aristotélicien, un même être ne peut être « en acte » et « en puissance » en même temps et sous le même rapport ».

Les critiques de Guénon ont séduit à la fois des lecteurs conscients du chaos social et des assoiffés de spiritualité. Son emploi du langage aristotélicien ne doit pas faire croire que Guénon adhère à la métaphysique du Stagirite ; loin de là ! Il considère que cette métaphysique est incomplète, et que l’ontologie qui prouve l’existence de l’Être (Dieu, Acte pur), ne le dépasse pas ! Dieu ne suffit pas à Guénon, car selon lui, au-delà de l’Être il y a l’Infini du Non-Être.

L’Homme, être social

La décadence sociale résulte de l’ignorance de « principes métaphysiques », qui, normalement doivent inspirer les applications d’ordre social, ordre qui n’est pour lui qu’une « réalité contingente ». Les êtres qui forment cette réalité contingente ne peuvent rien espérer de plus que le Salut – finalité exotérique de l’Église catholique – infiniment inférieure à la Délivrance des adeptes de l’initiation ésotérique.

Pour René Guénon, la morale ne présente pas beaucoup d’intérêt, de par son côté sentimental qu’il associe au moralisme. Pourtant, selon la doctrine catholique que Guénon méconnaissait (Frithjof Schuon était son conseiller), la morale définit notre agir envers Dieu, envers l’autre et envers nous-mêmes. La morale n’a rien de sentimental, elle fait appel à l’intelligence et à la volonté. Et, avant tout, elle est d’ordre naturel, car inscrite au cœur de l’homme depuis la Création, puis passée à l’état latent en raison du Péché. Le Décalogue de Moise est un rappel divin de ces prescriptions naturelles ; cette Loi incontournable et perpétuelle fait ainsi partie intégrante de la doctrine catholique.

Aristote, philosophe païen qui n’a pas connu la Révélation, a traité la question de la morale. Il conclut que l’homme est un « animal politique », c’est-à-dire un être social dès sa naissance. Tout nouveau-né dépend nécessairement de ses parents, contrastant ainsi avec certains animaux qui sont autonomes dès leur naissance. Les parents font nécessairement partie d’une communauté et se chargent de l’éducation de leurs enfants en accord avec les règles morales en vigueur dans la société. On reconnaît un arbre à ses fruits. Il en est de même pour toute société qui, lorsqu’elle respecte ces prescriptions, gouverne dans le but du bien commun et du bonheur pour tous, support de toute vie spirituelle.

La raison du mépris de l’ordre social ou du naturel découle du monisme métaphysique de Guénon, pour lequel tout est relatif et/ou illusoire en-dehors du « Principe ».

Création et manifestation

Selon Guénon, l’origine du chaos est due à un éloignement de la manifestation « de plus en plus grand du principe dont elle procède ». Il n’est pas question ici de Création, mais de manifestation qui émane et/ou« procède » du principe, impliquant une continuité entre l’un et l’autre, concept qui s’oppose à la Création ex nihilo. Nous avons affaire ici à l’émanatisme qui aboutit inévitablement au panthéisme, qu’on retrouve dans toutes les doctrines gnostiques. La chute est causée par le développement de la manifestation, qui part du point le plus haut vers le point le plus bas. Ce développement engendre des cycles cosmiques, qui constituent une doctrine que nous ne pouvons pas comprendre : « difficile de faire de ces lois un exposé complet sous une forme aisément accessible aux esprits occidentaux », « seule l’histoire est accessible aux profanes ».

Mais si les cycles cosmiques scellent fatalement nos destins, nous sommes alors les victimes d’une prédestination radicale, de quoi enfanter des complexes chez les calvinistes. Dans ce cas, l’homme n’a pas pu commettre de Péché, puisque ce sont les lois cosmiques qui en sont la cause ; de ce fait l’homme n’est pas un être responsable avec une intelligence et une volonté libre. Implicitement, nous avons affaire à la doctrine gnostique du mauvais-dieu-créateur-qui-enferme-les-âmes-non-créées ; c’est le Démiurge, l’« Artisan » dont on peut seulement se délivrer par la connaissance initiatique de l’Infini du Non-Être, l’Ein-Soph de la Kabbale.

Une Super religion initiatique

Quels sont les remèdes que Guénon propose à cette crise ? Il prescrit l’intervention d’une élite (des Élus), qui doit restaurer la seule organisation en Occident « qui possède un caractère traditionnel, et qui conserve une doctrine susceptible de fournir au travail dont il s’agit une base appropriée : c’est l’Église catholique.  Il suffirait de restituer à la doctrine de celle-ci, sans rien changer à la forme religieuse sous laquelle elle se présente au dehors, le sens profond qu’elle a réellement en elle-même, mais dont ses représentants actuels paraissent n’avoir plus conscience ». Cependant, cette « restitution doctrinale », qui est une soumission de l’Église, n’est pas un projet nouveau proposé par Guénon, mais un ancien projet des Rose-Croix. Dans leur manifeste Fama Fraternitatis en 1614, ces derniers prônaient déjà la réformation universelle de l’Église et des États, afin de les assujettir à une Superreligion ésotérique. Voici un bref aperçu de cette Supra-religion initiatique que René Guénon nous réserve.

Le martiniste et kabbaliste Saint Yves d’Alveydre (1842-1909) a détaillé ce projet Rose-Croix, qu’il intitulait« le gouvernement synarchique ». Dans son livre Mission de l’Inde, Saint Yves décrit un centre initiatique mystérieux, le Centre primordial des Traditions, désigné sous le nom d’Agartha avec son chef, le « Roi du Monde ». Guénon a écrit un livre sur le « Roi du Monde », et soutient qu’il est identique au Manu, le « législateur primordial ». Celui-ci  est l’intermédiaire entre le ciel et la terre et a depuis toujours le Pouvoir spirituel absolu sur toute chose.

Saint Yves affirme que les véritables Rose-Croix ont quitté l’Europe en 1648 pour se retirer en Asie, ce que confirmait en 1714 Samuel Richter, fondateur de la Rose-Croix d’Or ; et René Guénon souhaite leur retour… Mais sont-ils vraiment partis, puisqu’il en reste encore quelques traces en Occident au XVIIIe siècle ?

La Rose-Croix et l’Ordre des Frères d’Asie

Le martiniste Papus avait commis un « lapsus » éloquent en disant que l’Ordre des « Frères initiés de l’Asie » désignait une organisation réellement orientale et qu’il s’agissait des « Mahâtmâs », assesseurs du Roi du Monde d’Agartha !

C’est en Allemagne, au XVIIIe siècle, que dirigent en arrière-plan ces « Supérieurs Inconnus ». Cette Franc-Maçonnerie templière de la « Stricte Observance », se scinde en 1782 en deux parties : l’une pour fonder le Rite Écossais Rectifié, l’autre pour rejoindre les Illuminés de Bavière. Or 1782 est également l’année de la création de l’Ordre des Frères d’Asie, ce qui nous amène, plus explicitement, du côté des sabbataïstes et des frankistes, qui étaient tous Rose-Croix selon l’excellent historien Jacob Katz. Gershom Scholem indique que des passages entiers des rituels et des catéchismes étaient traduits mot pour mot du Zohar et du Talmud.

Les sabbataïstes et frankistes prêchent la Rédemption par le péché selon la Kabbale de Louria. D’après cette doctrine d’Ordo ab Chao, la destruction globale est nécessaire afin qu’il n’y ait plus d’obstacle à la venue de leur Messie, l’Antéchrist pour les catholiques. Jacob Frank prétendait être le nouveau Messie, successeur et réincarnation de Sabbataï Tsevi, qui se proclamait être le Messie en 1648, année du retrait des Rose-Croix en Asie selon Guénon !

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Ce que François omet de dire

2 Novembre 2015 , Rédigé par Ludovicus

Ce que François omet de dire

".....À l'entrée du chemin qui conduit à l'indigence spirituelle et morale des temps présents se trouvent les efforts néfastes d'un grand nombre d'hommes pour détrôner le Christ, l'abandon de la loi de la vérité, qu'il annonça, de la loi de l'amour, qui est le souffle vital de son règne. La reconnaissance des droits royaux du Christ et le retour des individus et de la société à la loi de sa vérité et de son amour sont la seule voie de salut.....

Mais précisément devant ces prévisions apocalyptiques de malheurs imminents ou futurs, Nous considérons comme Notre devoir d'élever avec une insistance croissante les yeux et les cœurs de quiconque garde encore un sentiment de bonne volonté, vers Celui de qui seul dérive le salut du monde, le Seul dont la main toute-puissante et miséricordieuse puisse mettre fin à cette tempête, le Seul dont la vérité et l'amour puissent illuminer les intelligences et enflammer les âmes d'une si grande partie de l'humanité plongée dans l'erreur, dans l'égoïsme, dans les oppositions et dans la lutte pour la replacer dans l'ordre, dans l'esprit de la Royauté du Christ.....

Beaucoup peut-être, qui ne saisissaient pas l'importance de la mission éducatrice et pastorale de l'Église, comprendront-ils mieux maintenant les avertissements de l'Église, par eux négligés dans la fausse sécurité des temps passés. Les angoisses du présent sont une apologie du Christianisme, qui ne saurait être plus impressionnante. Du gigantesque tourbillon d'erreurs et de mouvements antichrétiens ont mûri des fruits si amers, qu'ils en constituent une condamnation dont l'efficacité surpasse toute réfutation théorique.......

 

Le temps actuel, Vénérables Frères, ajoutant aux déviations doctrinales du passé de nouvelles erreurs les a poussées à des extrémités d'où ne pouvaient s'ensuivre qu'égarement et ruine. Et avant tout il est certain que la racine profonde et dernière des maux que Nous déplorons dans la société moderne est la négation et le rejet d'une règle de moralité universelle, soit dans la vie individuelle, soit dans la vie sociale et dans les relations internationales: c'est-à-dire la méconnaissance et l'oubli, si répandus de nos jours, de la loi naturelle elle-même, laquelle trouve son fondement en Dieu, créateur tout-puissant et père de tous, suprême et absolu législateur, omniscient et juste vengeur des actions humaines. Quand Dieu est renié, toute base de moralité s'en trouve ébranlée du même coup, et l'on voit s'étouffer ou du moins s'affaiblir singulièrement la voix de la nature, qui enseigne même aux ignorants et aux tribus non encore arrivées à la civilisation ce qui est bien et ce qui est mal, le licite et l'illicite, et fait sentir à chacun la responsabilité de ses actions devant un juge suprême.

Or la négation de la base fondamentale de la moralité eut en Europe sa racine originelle dans l'abandon de la doctrine du Christ, dont la Chaire de Pierre est dépositaire et maîtresse. Cette doctrine, durant un temps, avait donné une cohésion spirituelle à l'Europe, laquelle, éduquée, ennoblie et civilisée par la Croix, était arrivée à un tel degré de progrès civil, qu'elle pouvait enseigner d'autres peuples et d'autres continents. Une fois détachés, en revanche, du Magistère infaillible de l'Eglise, de nombreux frères séparés en sont arrivés à renverser le dogme central du christianisme, la divinité du Sauveur, accélérant ainsi le mouvement de dissolution spirituelle.

Le saint Evangile raconte que, quand Jésus fut crucifié, les ténèbres se firent sur toute la terre (Mt. XXVII, 45) : effrayant symbole de ce qui est arrivé et arrive encore dans les esprits, partout où l'incrédulité aveugle et orgueilleuse d'elle-même a de fait exclu le Christ de la vie moderne, spécialement de la vie publique, et avec la foi au Christ a ébranlé aussi la foi en Dieu. Les valeurs morales selon lesquelles, en d'autres temps, on jugeait les actions privées et publiques sont tombées, par voie de conséquence, comme en désuétude; et la laïcisation si vantée de la société, qui a fait des progrès toujours plus rapides, soustrayant l'homme, la famille et l'Etat à l'influence bienfaisante et régénératrice de l'idée de Dieu et de l'enseignement de l'Eglise, a fait réapparaître, même dans des régions où brillèrent pendant tant de siècles les splendeurs de la civilisation chrétienne, les signes toujours plus clairs, toujours plus distincts, toujours plus angoissants d'un paganisme corrompu et corrupteur : les ténèbres se firent tandis qu'ils crucifiaient Jésus (Brev. Rom., Parascev., respons. IV).

Beaucoup peut-être, en s'éloignant de la doctrine du Christ, n'eurent pas pleinement conscience d'être induits en erreur par le mirage de phrases brillantes, qui célébraient ce détachement comme une libération du servage dans lequel ils auraient été auparavant retenus; ils ne prévoyaient pas davantage les amères conséquences de ce triste échange entre la vérité qui délivre et l'erreur qui asservit; et ils ne pensaient pas qu'en renonçant à la loi infiniment sage et paternelle de Dieu et à l'unifiante et élevante doctrine d'amour du Christ, ils se livraient à l'arbitraire d'une pauvre et changeante sagesse humaine : ils parlèrent de progrès alors qu'ils reculaient ; d'élévation alors qu'ils se dégradaient; d'ascension vers la maturité, alors qu'ils tombaient dans l'esclavage; ils ne percevaient pas l'inanité de tout effort humain tendant à remplacer la loi du Christ par quelque autre chose qui l'égale: ils se perdirent dans la vanité de leurs pensées. (Rm. I, 21).


Quand fut affaiblie la foi en Dieu et en Jésus-Christ, quand fut obscurcie dans les âmes la lumière des principes moraux, du même coup se trouva sapé le fondement unique, et impossible à remplacer, de cette stabilité, de cette tranquillité, de cet ordre extérieur et intérieur, privé et public, qui seul peut engendrer et sauvegarder la prospérité des Etats.....

 

Vénérables Frères, si l'oubli de la loi de charité universelle, qui seule peut consolider la paix en éteignant les haines et en atténuant les rancœurs et les oppositions, est la source de maux très graves pour la pacifique vie en commun des peuples, il est une autre erreur non moins dangereuse pour le bien-être des nations et la prospérité de la grande société humaine qui rassemble et embrasse dans ses limites toutes les nations : c'est l'erreur contenue dans les conceptions qui n'hésitent pas à délier l'autorité civile de toute espèce de dépendance à l'égard de l'Être suprême, cause première et maître absolu, soit de l'homme soit de la société, et de tout lien avec la loi transcendante qui dérive de Dieu comme de sa première source. De telles conceptions accordent à l'autorité civile une faculté illimitée d'action, abandonnée aux ondes changeantes du libre arbitre ou aux seuls postulats d'exigences historiques contingentes et d'intérêts s'y rapportant.

L'autorité de Dieu et l'empire de sa loi étant ainsi reniés, le pouvoir civil, par une conséquence inéluctable, tend à s'attribuer cette autorité absolue qui n'appartient qu'au Créateur et Maître suprême, et à se substituer au Tout-Puissant, en élevant l'État ou la collectivité à la dignité de fin ultime de la vie, d'arbitre souverain de l'ordre moral et juridique, et en interdisant de ce fait tout appel aux principes de la raison naturelle et de la conscience chrétienne.....

Non, Vénérables Frères, le salut pour les nations ne vient pas des moyens extérieurs, de l'épée, qui peut imposer des conditions de paix, mais ne crée pas la paix. Les énergies qui doivent renouveler la face de la terre doivent venir du dedans, de l'esprit. Le nouvel ordre du monde, de la vie nationale et internationale, une fois apaisées les amertumes et les cruelles luttes actuelles, ne devra plus reposer sur le sable mouvant de règles changeantes et éphémères, laissées aux décisions de l'égoïsme collectif ou individuel.

Ces règles devront s'appuyer sur l'inébranlable fondement, sur le rocher infrangible du droit naturel et de la révélation divine. C'est là que le législateur humain doit puiser cet esprit d'équilibre, ce sens aigu de responsabilité morale sans lequel il est facile de méconnaître les limites entre l'usage légitime et l'abus du pouvoir. Alors seulement ses décisions auront une consistance interne, une noble dignité et une sanction religieuse, et ne seront plus à la merci de l'égoïsme et de la passion. Car s'il est vrai que les maux dont souffre l'humanité d'aujourd'hui proviennent en partie du déséquilibre économique et de la lutte des intérêts pour une plus équitable distribution des biens que Dieu a accordés à l'homme comme moyens de subsistance et de progrès, il n'en est pas moins vrai que leur racine est plus profonde et d'ordre interne : elle atteint en effet, les croyances religieuses et les convictions morales, qui se sont perverties au fur et à mesure que les peuples se détachaient de l'unité de doctrine et de foi, de coutumes et de mœurs, que faisait prévaloir jadis l'action infatigable et bienfaisante de l'Église.

La rééducation de l'humanité, si elle veut avoir quelque effet, doit être avant tout spirituelle et religieuse : elle doit, par conséquent, partir du Christ comme de son fondement indispensable, être réalisée par la justice et couronnée par la charité. Pie XII Summi Pontificatus 1939

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Commémoraison de tous les Fidèles défunts

2 Novembre 2015 , Rédigé par Ludovicus

Commémoraison de tous les Fidèles défunts

Collecte

Seigneur Dieu des miséricordes, accordez aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes, le lieu du rafraîchissement, la béatitude du repos et la splendeur de la lumière.

Lecture

En ces jours-là, le vaillant Judas Macchabée, après avoir fait une collecte, envoya douze mille drachmes d’argent à Jérusalem, afin qu’un sacrifice fût offert pour les péchés des morts, ayant de bonnes et de religieuses pensées touchant la résurrection, car s’il n’avait pas espéré que ceux qui avaient été tués ressusciteraient, il eût regardé comme une chose vaine et superflue de prier pour les morts ; et il considérait qu’une grande miséricorde était réservée à ceux qui étaient morts avec piété. C’est donc une sainte et salutaire pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés.

Evangile

En ce temps-là, Jésus dit aux foules des Juifs : Tout ce que mon Père me donne viendra à moi, et celui qui vient à moi je ne le jetterai pas dehors. Car je suis descendu du ciel, pour faire, non ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or la volonté du Père qui m’a envoyé, c’est que je ne perde rien de ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. La volonté de mon Père qui m’a envoyé, c’est que quiconque voit le Fils, et croit en lui, ait la vie éternelle ; et moi-même je le ressusciterai au dernier jour.

 

Bréviaire

AU PREMIER NOCTURNE.
Job 7, 16-21.
Première leçon. Épargnez-moi, Seigneur ; car mes jours ne sont rien. Qu’est-ce qu’un homme pour que vous fassiez un si grand cas de lui ? ou pourquoi mettez-vous sur lui votre cœur ? Vous le visitez au point du jour, et aussitôt vous l’éprouvez ; jusques à quand ne m’épargnerez-vous point, et ne me laisserez-vous pas avaler ma salive ? J’ai péché, que ferai-je pour vous, ô gardien des hommes ? Pourquoi m’avez-vous mis en opposition avec vous et suis-je à charge à moi-même ? Pourquoi n’ôtez-vous point mon péché, et pourquoi n’enlevez-vous pas mon iniquité ? Voilà que maintenant je dormirai dans la poussière, et, si vous me cherchez dès le matin, je ne serai plus.
Job 14, 1-6.
Deuxième leçon. L’homme né d’une femme, vivant peu de temps, est rempli de beaucoup de misères. Comme une fleur, il s’élève et il est brisé ; et il fuit comme l’ombre, et jamais il ne demeure dans un même état. Et vous croyez, ô Dieu, qu’il soit digne de vous d’ouvrir les yeux sur un tel être, et de l’appeler avec vous en jugement ? Qui peut rendre pur celui qui a été conçu d’un sang impur ? N’est-ce pas vous, qui seul êtes pur ? Les jours de l’homme sont courts ; le nombre de ses mois est en vos mains-vous avez marqué son terme, lequel ne pourra être dépassé. Retirez-vous un peu de lui, afin qu’il se repose, jusqu’à ce que vienne, comme pour un mercenaire, son jour désiré.
Job 19, 20-27.
Troisième leçon. A ma peau, après que ma chair a été consumée.se sont collés mes os, et il n’est resté seulement que les lèvres autour de mes dents. Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous du moins, mes amis, parce que la main du Seigneur m’a touché. Pourquoi me persécutez-vous comme Dieu.et vous rassasiez-vous de ma chair ? Qui m’accordera que mes paroles soient écrites ?Qui me donnera qu’elles soient tracées dans un livre avec un stylet de fer et sur une lame de plomb, ou qu’elles soient gravées au burin sur la pierre ? Car je sais que mon Rédempteur est vivant, et qu’au dernier jour, je ressusciterai de la terre ; et que de nouveau je serai environné de ma peau, et que dans ma chair je verrai mon Dieu. Je dois le voir moi-même, et non un autre, et mes yeux doivent le contempler : c’est là mon espérance, elle repose dans mon sein.
 

AU DEUXIÈME NOCTURNE.
Du livre de Saint Augustin, évêque : « Des devoirs à rendre aux morts ».
Quatrième leçon. Le soin des funérailles, les conditions honorables de la sépulture, la pompe des obsèques, sont plutôt une consolation pour les vivants qu’un secours pour les morts. Toutefois, ce n’est point là un motif de mépriser et de dédaigner les corps des défunts, surtout ceux des justes et des fidèles, qui ont été comme les instruments et les vases dont l’âme s’est saintement servie pour toutes sortes de bonnes œuvres. Si le vêtement et l’anneau d’un père, si quelque autre souvenir de ce genre, reste d’autant plus cher à des enfants que leur affection envers leurs parents est plus grande.il ne faut en aucune manière traiter sans respect le corps lui-même, que nous portons plus intimement et plus étroitement uni à nous que n’importe quel vêtement. Nos corps, en effet, ne nous sont pas un simple ornement ou un instrument mis extérieurement à notre usage, mais ils appartiennent à la nature même de l’homme. De là vient qu’une piété légitime s’est empressée de rendre aux anciens justes les soins funèbres, de célébrer leurs obsèques et de pourvoir à leur sépulture, et qu’eux-mêmes ont souvent, pendant leur vie, fait des recommandations à leurs fils au sujet de la sépulture ou même de la translation de leur corps.
Cinquième leçon. Quand les fidèles témoignent aux défunts l’affection d’un cœur qui se souvient et qui prie, leur action est sans nul doute profitable à ceux qui ont mérité, quand ils vivaient en leur corps, que de semblables suffrages leur soient utiles après cette vie. Mais lors même qu’en raison de quelque nécessité, l’on ne trouve point moyen, soit d’inhumer des corps, soit de les inhumer en quelque lieu saint, encore faut-il ne pas omettre d’offrir des supplications pour les âmes des morts. C’est ce que l’Église a entrepris de faire à l’intention de tous les chrétiens décèdes dans la communion de la société chrétienne, et même sans citer leurs noms, par une commémoraison générale, en sorte que ceux auxquels font défaut les prières de parents, d’enfants, de proches ou d’amis, reçoivent ce secours de cette pieuse mère, qui est une et commune à tous les-fidèles. Si ces supplications qui se font pour les morts avec foi droite et piété venaient à manquer, je pense qu’il n’y aurait pour les âmes aucune utilité à ce que leurs corps privés de vie fussent placés en n’importe quel lieu saint.
Sixième leçon. Cela étant, soyons bien persuadés que, dans les solennités funéraires, nous ne pouvons faire parvenir du soulagement aux morts auxquels nous nous intéressons, que si nous offrons pour eux au Seigneur le sacrifice de l’autel, celui de la prière ou de l’aumône. Il est vrai que ces supplications ne sont pas utiles à tous ceux pour lesquels elles se font, mais seulement à ceux qui, au temps de leur vie, ont mérité de se les voir appliquées. Mais il vaut mieux offrir des suffrages superflus pour des défunts à qui ils ne peuvent ni nuire ni profiter, que d’en laisser manquer ceux auxquels ils sont utiles. Chacun cependant s’empresse de s’acquitter avec ferveur de ce tribut de prières pour ses parents et ses amis, afin que les siens en fassent autant pour lui-même. Quant à ce qu’on fait pour le corps qui doit être inhumé, il n’en résulte point de secours pour le salut du défunt, mais c’est un témoignage humain de respect ou d’affection, conforme au sentiment selon lequel personne ne hait sa propre chair. Il faut donc prendre lesoin que l’on peut de l’enveloppe de chair laissée par un de nos proches, quand lui-même, qui en prenait soin, l’aura quittée. Et si ceux qui ne croient pas à la résurrection de la chair agissent ainsi, combien ceux qui croient ne doivent-ils pas faire davantage, afin que les derniers devoirs soient rendus de telle manière à ce corps mort, mais destiné à ressusciter et à demeurer éternellement, qu’on y trouve même, en quelque sorte, un témoignage de cette foi.
 

AU TROISIÈME NOCTURNE.
De l’Épitre de l’Apôtre S. Paul aux Corinthiens.
Septième leçon. Si on prêche que le Christ est ressuscité d’entre les morts, comment quelques-uns disent-ils parmi vous qu’il n’y a point de résurrection des morts ? Or, s’il n’y a point de résurrection des morts, le Christ n’est pas ressuscité. Et si le Christ n’est point ressuscité, notre prédication est donc vaine, et vaine est aussi votre foi. Nous nous trouvons même être de faux témoins à l’égard de Dieu, puisque nous rendons ce témoignage contre Dieu, qu’il a ressuscité le Christ, qu’il n’a pourtant pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent point. Car, si les morts ne ressuscitent point, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Que si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine ; vous êtes encore dans vos péchés. Donc ceux aussi qui se sont endormis dans le Christ ont péri. Si c’est pour cette vie seulement que nous espérons dans le Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes. Mais très certainement le Christ est ressuscité d’entre les morts, comme prémices de ceux qui dorment ; car par un homme est venue la mort, et par un homme la résurrection des morts. Et comme tous meurent en Adam, tous revivront aussi dans le Christ.
Huitième leçon. Mais, dira quelqu’un, comment les morts ressuscitent-ils ? Ou avec quel corps reviendront-ils ? Insensé, ce que tu sèmes n’est point vivifié, si auparavant il ne meurt. Et ce que tu sèmes n’est pas le corps même qui doit venir, mais une simple graine, comme de blé, ou de quelque autre chose. Mais Dieu lui donne un corps, comme il veut, de même qu’il donne à chaque semence son corps propre. Toute chair n’est pas la même chair ; mais autre est celle des hommes, autre celle des brebis, autre celle des oiseaux, autre celle des poissons. Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres ; mais autre est la gloire des célestes, autre celle des terrestres. Autre est la clarté du soleil, autre la clarté de la lune, autre la clarté des étoiles. Une étoile même diffère d’une autre étoile en clarté. Ainsi est la résurrection des morts. Le corps est semé dans la corruption, il ressuscitera dans l’incorruptibilité. Il est semé dans l’abjection, il ressuscitera dans la gloire ; il est semé dans la faiblesse, il ressuscitera dans la force. Il est semé corps animal, il ressuscitera corps spirituel.
Neuvième leçon. Voici que je vais vous dire un mystère. Nous ressusciterons bien tous, mais nous ne serons pas tous changés. En un moment, en un clin d’œil, au son de la dernière trompette ; car la trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés. Puisqu’il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l’immortalité. Et quand ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors sera accomplie cette parole qui est écrite : La mort a été absorbée dans sa victoire. O mort, où est ta victoire ? Où est, ô mort, ton aiguillon ? Or l’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la force du péché, la loi. Ainsi, grâces à Dieu qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! C’est pourquoi, mes frères bien-aimés, soyez fermes et inébranlables, vous appliquant toujours de plus en plus à l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur.
 

A la fête de la Toussaint se rattache intimement le souvenir des saintes âmes qui, retenues au purgatoire pour y expier leurs fautes vénielles ou se purger des peines temporelles dues au péché, sont toutefois confirmées en grâce et entreront un jour au ciel. Aussi, après avoir célébré dans la joie la gloire des Saints qui constituent l’Église du ciel, l’Église de la terre étend sa sollicitude maternelle jusqu’à ce lieu d’indicibles tourments où sont plongées les âmes qui appartiennent aussi à l’Église. « En ce jour, dit le Martyrologe Romain, la commémoraison de tous les fidèles défunts : commémoraison en laquelle notre commune et pieuse Mère l’Église, aussitôt après s’être efforcée de fêter par de dignes louanges tous ses fils qui déjà se réjouissent dans le ciel, s’efforce d’aider par de puissants suffrages auprès de son Seigneur et Époux, le Christ, tous ceux qui gémissent encore dans le Purgatoire, afin qu’ils se joignent au plus tôt à la société des habitants de la céleste Cité ». Jamais dans la liturgie ne s’affirme de façon plus vivante l’unité mystérieuse qui existe entre l’Église triomphante, l’Église militante et l’Église souffrante ; et jamais aussi ne s’accomplit d’une façon plus palpable le double devoir de charité et de justice qui découle pour chacun des chrétiens du fait de son incorporation dans le corps mystique du Christ. C’est en vertu du dogme si consolant de la Communion des Saints que les mérites et les suffrages des uns peuvent en effet être attribués aux autres. De telle sorte que, sans léser les droits imprescriptibles de la justice divine qui s’appliquent dans toute leur rigueur après cette vie, l’Église peut unir sa prière ici-bas à celle du ciel et suppléer à ce qui manque aux âmes du purgatoire, en offrant à Dieu pour elles, par la Sainte Messe, par les indulgences, par les aumônes et les sacrifices de ses enfants, les mérites surabondants de la passion du Christ et de ses Membres mystiques. Aussi la liturgie, dont le sacrifice du Calvaire continué sur l’autel est le centre, a toujours été le moyen principal employé par elle pour mettre en pratique à l’égard des défunt : la grande loi de charité qui fait un précepte de subvenir aux nécessités du prochain, comme s’il s’agissait de nous-mêmes, en vertu toujours de ce lien surnaturel qui unit en Jésus le ciel, le purgatoire et la terre. La liturgie des défunts est peut-être la plus belle et la plus consolante de toutes. Chaque jour, à la fin de chaque Heure de l’Office divin, on recommande à la miséricorde divine les âmes des fidèles trépassés. Au Suscipe de la messe le prêtre offre le sacrifice pour les vivants et les morts, et dans un Mémento spécial il prie le Seigneur de se souvenir de ses serviteurs et de ses servantes qui se sont endormis dans le Christ et de leur accorder le séjour de consolation, de lumière et de paix. Dès le cinquième siècle, on trouve des messes des défunts. Mais c’est à S. Odilon, quatrième Abbé du célèbre monastère bénédictin de Cluny, qu’est due la Commémoraison de tous les défunts en général. Ce fut lui qui l’institua en 998 et la fit célébrer au lendemain de la Toussaint.
L’influence de cette illustre congrégation française fit qu’on adopta bientôt cet usage dans tout l’univers chrétien et que ce jour fut même parfois chômé. En Espagne, au Portugal et dans l’Amérique du Sud, qui en était autrefois dépendante, les prêtres, en vertu d’un privilège accordé par Benoît XIV, célébraient trois messes le 2 Novembre. Un décret de Benoît XV, daté du 10 Août 1915, autorise les prêtres du monde entier à faire de même.
L’Église nous rappelle dans une Épitre, tirée de S. Paul, que les morts ressusciteront, et nous dit d’espérer, car en ce jour nous nous reverrons tous dans le Seigneur. La Séquence donne une description saisissante du jugement dernier où les bons seront à tout jamais séparés d’avec les méchants. L’Offertoire rappelle que c’est S. Michel qui introduit les âmes dans le ciel, car, disent les prières de la recommandation de l’âme, c’est lui qui est « le chef de la milice céleste » dans les rangs de laquelle les hommes sont appelés à prendre la place des anges déchus.
« Les âmes du purgatoire, déclare le Concile de Trente, sont secourues par les suffrages des fidèles, principalement par le sacrifice de l’autel ». La raison en est qu’à la Sainte Messe le prêtre offre officiellement à Dieu la rançon des âmes, le sang du Sauveur. Et Jésus lui-même, sous les espèces du pain et du vin, qui rappellent au Père le sacrifice du Golgotha, prie pour que Dieu en applique la vertu expiatrice à ces âmes. Assistons en ce jour au Saint Sacrifice de la messe où l’Église demande à Dieu d’accorder aux défunts, qui ne peuvent plus rien pour eux-mêmes, la rémission de tous leurs péchés (Or.) et le repos éternel (Intr., Grad., Com.). Visitons aussi les cimetières, où leurs corps reposent jusqu’au jour où, subitement, au son de la trompette, ils ressusciteront pour être revêtus d’immortalité et remporter par Jésus-Christ la victoire sur la mort (Ép.).

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Fête de tous les Saints

31 Octobre 2015 , Rédigé par Ludovicus

D’origine irlandaise, la Solemnitas sanctissima (Alcuin) de Tous les Saints commença à être célébrée en Angleterre au cours du VIIIe siècle. Elle gagna le continent aux abords de l’an 800. Selon Adon, l’empereur Louis le Pieu en prescrivit la célébration dans tout son Empire (833). Elle est attestée à Rome au Xe siècle. Elle était célébrée partout à l’égal des plus grandes fêtes de l’année, avec jeûne préparatoire et vigile. Au XVe siècle, Sixte IV lui attribue une octave. La fête est double de Ière classe dans le calendrier de 1968.

D’origine irlandaise, la Solemnitas sanctissima (Alcuin) de Tous les Saints commença à être célébrée en Angleterre au cours du VIIIe siècle. Elle gagna le continent aux abords de l’an 800. Selon Adon, l’empereur Louis le Pieu en prescrivit la célébration dans tout son Empire (833). Elle est attestée à Rome au Xe siècle. Elle était célébrée partout à l’égal des plus grandes fêtes de l’année, avec jeûne préparatoire et vigile. Au XVe siècle, Sixte IV lui attribue une octave. La fête est double de Ière classe dans le calendrier de 1968.

Collecte

Dieu tout-puissant et éternel, qui nous avez accordé de célébrer dans une même solennité les mérites de tous vos Saints ; faites, nous vous en prions, que nos intercesseurs étant multipliés, une abondante effusion de vos miséricordes, objet de nos désirs, nous vienne de votre munificence.

Epitre

En ces jours-là : Voici que moi, Jean, je vis un autre Ange, qui montait du côté du soleil levant, ayant le sceau du Dieu vivant ; et il cria d’une voix forte aux quatre anges auxquels il avait été donné de nuire à la terre et à la mer ; et il dit : Ne nuisez point à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. Et j’entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau : cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des enfants d’Israël, étaient marqués du sceau. De la tribu de Juda, douze mille étaient marqués du sceau ; de la tribu de Ruben, douze mille ; de la tribu de Gad, douze mille ; de la tribu d’Azer, douze mille ; de la tribu de Nephthali, douze mille ; de la tribu de Manassé, douze mille ; de la tribu de Siméon, douze mille ; de la tribu de Lévi, douze mille ; de la tribu d’Issachar, douze mille ; de la tribu de Zabulon, douze mille ; de la tribu de Joseph, douze mille ; de la tribu de Benjamin, douze mille étaient marqués du sceau. Après cela, je vis une grande multitude, que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue ; ils se tenaient devant le trône et en face de l’Agneau, vêtus de robes blanches, et ils avaient des palmes dans leurs mains. Et ils criaient d’une voix forte, et disaient : Le salut est à notre Dieu, qui est assis sur le trône, et à l’Agneau. Et tous les Anges se tenaient autour du trône, et des vieillards, et des quatre animaux ; et ils se prosternèrent devant le trône sur leurs visages, et adorèrent Dieu, en disant : Amen. Bénédiction, gloire, sagesse, action de grâces, honneur, puissance et force à notre Dieu dans tous les siècles des siècles. Amen.

Evangile

En ce temps-là : Jésus, voyant les foules, monta sur la montagne, et lorsqu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, prenant la parole, il se mit à les enseigner, en disant : "Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! Heureux ceux qui sont affligés, car ils seront consolés ! Heureux ceux qui sont doux, car ils posséderont la terre ! Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ! Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! Heureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu ! Heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! Heureux serez-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense est grande dans les cieux.

Communion

Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! Heureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu ! Heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !

 

Hymne

Soyez propice, ô Christ, à vos pauvres serviteurs,
pour qui la Vierge, leur patronne,
implore la clémence de votre Père,
auprès du tribunal de votre grâce.

Et vous, phalanges bienheureuses,
divisées en neuf chœurs,
éloignez de nous les maux passés,
présents et futurs.

Apôtres et Prophètes,
par vos instances auprès du Juge sévère,
obtenez son indulgence pour les coupables
qui pleurent si amèrement leurs péchés.

O vous, Martyrs empourprés,
et vous, saints Confesseurs,
dont la robe blanche symbolise la récompense de la foi,
appelez-nous dans la patrie, exilés que nous sommes.

Chaste chœur des Vierges,
et vous, qui du désert êtes allés
habiter par delà les astres,
ménagez-nous des places au séjour des Bienheureux.

Faites disparaître la race des infidèles
du milieu des croyants,
afin que nous ne formions tous
qu’un troupeau, guidé par le Pasteur unique.

Gloire à Dieu le Père
et au Fils unique du Père,
ainsi qu’à l’Esprit-Saint,
dans les siècles éternels.
Amen.

Bréviaire

Du livre de l’Apocalypse de l’Apôtre saint Jean.

Première leçon. 4, 2-8. Je vis un trône placé dans le ciel, et quelqu’un assis sur le trône. Celui qui était assis paraissait semblable à une pierre de jaspe et de sardoine ; et il y avait autour du trône un arc-en-ciel semblable à une émeraude. Autour du trône étaient encore vingt-quatre trônes, et sur les trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus d’habits blancs, et sur leurs têtes des couronnes d’or. Et du trône sortaient des éclairs, des voix et des tonnerres ; et il y avait devant le trône sept lampes ardentes, qui sont les sept esprits de Dieu. Et devant le trône, comme une mer de verre semblable à du cristal ; et au milieu du trône, et autour du trône, quatre animaux pleins d’yeux devant et derrière. Le premier animal ressemblait à un lion, le second à un veau, le troisième avait un visage comme celui d’un homme, et le quatrième était semblable à un aigle qui vole. Ces quatre animaux avaient chacun six ailes, et autour et au dedans ils étaient pleins d’yeux ; et ils ne se donnaient du repos ni jour ni nuit, disant : Saint, saint, saint est le Seigneur, Dieu tout-puissant, qui était, qui est, et qui doit venir.
Deuxième leçon. 5, 1-8. Je vis ensuite, dans la main droite de celui qui était assis sur le trône, un livre écrit dedans et dehors, scellé de sept sceaux. Je vis encore un Ange fort, qui criait d’une voix forte : Qui est digne d’ouvrir le livre, et d’en délier les sceaux ? Et nul ne pouvait ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ouvrir le livre, ni le regarder. Et moi je pleurais beaucoup, de ce que personne ne s’était trouvé digne d’ouvrir le livre ni de le regarder. Mais l’un des vieillards me dit : Ne pleure point ; voici le lion de la tribu de Juda, la racine de David, qui a obtenu par sa victoire d’ouvrir le livre et d’en délier les sept sceaux. Et je regardai, et voilà au milieu des vieillards, un Agneau debout, comme immolé, ayant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre. Et il vint, et prit le livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône. Et lorsqu’il eut ouvert le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards tombèrent devant l’Agneau, ayant chacun des harpes et des coupes pleines de parfums, qui sont les prières des saints.
Troisième leçon. 5, 9-14. Ils chantaient un cantique nouveau, disant : Vous êtes digne, Seigneur, de recevoir le livre et d’en ouvrir les sceaux, parce que vous avez été mis à mort, et que vous nous avez rachetés pour Dieu par votre sang, de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation. Et vous avez fait de nous un royaume et des prêtres pour notre Dieu ; et nous régnerons sur la terre. Je regardai encore, et j’entendis autour du trône, et des animaux, et des vieillards, la voix de beaucoup d’Anges ; leur nombre était des milliers de milliers qui disaient d’une voix forte : II est digne, l’Agneau qui a été immolé de recevoir la vertu, la divinité, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction. Et j’entendis toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre, et celles qui sont sur la mer et en elle ; je les entendis tous disant : A celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, bénédiction, honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles ! Et les quatre animaux disaient : Amen. Et les vingt-quatre vieillards tombèrent sur leurs faces, et adorèrent celui qui vit dans les siècles.

Sermon de saint Béde le Vénérable, Prêtre.

Quatrième leçon. Aujourd’hui, bien-aimés frères, nous célébrons, dans l’allégresse d’une solennité commune, la fête de tous les Saints. Leur société réjouit les cieux, leur protection console la terre, leur triomphe couronne la sainte Église. Plus la profession de leur foi a été ferme dans les tourments, plus ils ont d’éclat dans la gloire. Car la violence du combat s’augmentant, l’honneur des combattants s’est aussi accru. Les diverses tortures du martyre rehaussent le triomphe, et des souffrances plus affreuses ont procuré de plus délicieuses récompenses. Notre mère l’Église catholique, répandue au loin dans tout l’univers, à qui Jésus-Christ, son chef, apprit par son exemple à ne craindre ni les outrages, ni les croix, ni la mort, s’est de plus en plus fortifiée, non par la résistance, mais par la patience. Pour encourager toutes ces légions d’illustres athlètes, jetés en prison comme des criminels, et pour les animer tous à soutenir le combat avec la même ardeur et un courage égal, elle leur a inspiré la sainte ambition d’un glorieux triomphe.
Cinquième leçon. Heureuse en vérité, l’Église notre mère, d’être ainsi honorée des marques éclatantes de la miséricorde divine, empourprée du noble sang des Martyrs victorieux, parée du vêtement blanc de l’inviolable fidélité des Vierges ! Ni les roses, ni les lis ne manquent parmi ses fleurs. Et maintenant, très chers frères, que chacun de nous s’efforce d’acquérir la plus ample provision de titres à ces deux sortes d’honneurs, et de mériter, ou la couronne blanche de la virginité ou la couronne pourpre du martyre. Car, dans la milice des cieux, le repos et la lutte ont leurs fleurs pour couronner les soldats du Christ.
Sixième leçon. L’immense et ineffable bonté de Dieu a même eu soin de ne pas prolonger le temps des travaux et du combat, et de ne le faire ni long, ni éternel, mais court, et pour ainsi dire, d’un moment. Elle a voulu que les combats et les travaux fussent pour cette vie passagère et vite écoulée ; les couronnes et les récompenses du mérite, pour la vie éternelle ; que les travaux finissent promptement, que la récompense des mérites durât toujours ; qu’après les ténèbres de ce monde, il fût donné aux Saints de jouir de la plus resplendissante lumière, et de posséder une béatitude plus grande que le cruel excès de toutes les souffrances. Et voilà ce qu’attesté l’Apôtre quand il dit : « Les souffrances du temps n’ont aucune proportion avec la gloire qui doit un jour éclater en nous. »

Homélie de saint Augustin, Évêque.

Septième leçon. Si l’on demande ce que signifie la montagne, on peut bien dire qu’elle signifie des préceptes de justice plus élevés, parce que ceux qui avaient été donnés aux Juifs étaient inférieurs. C’est toutefois le même Dieu qui, réglant avec un ordre admirable l’économie des temps, a donné, par ses saints Prophètes et par ses autres serviteurs, des préceptes moins parfaits à un peuple qu’il fallait encore contenir au moyen de la crainte, et, par son Fils, des préceptes plus parfaits, à un peuple qu’il convenait d’affranchir au moyen de la charité. Si de moindres commandements sont donnés à des âmes moins parfaites, et de plus grands à de plus parfaites ils sont toujours donnés par Celui qui est le seul à bien savoir fournir au genre humain le remède approprié à la diversité de ses besoins.
Huitième leçon. Et il ne faut pas s’étonner que le même Dieu, créateur du ciel et de la terre, donne, en vue du royaume des cieux, de plus grands préceptes, après en avoir donné de moindres pour celui de la terre. C’est de cette justice plus grande, que le Prophète a dit : « Votre justice est comme les montagnes de Dieu. » Et c’est ce que figure très bien la montagne où cette justice est enseignée par l’unique et seul Maître capable d’enseigner des choses si sublimes. Or il enseigne étant assis, ce qui appartient à la dignité du magistère. Et ses disciples s’approchent de lui : rapprochés de Jésus par la volonté d’accomplir ses préceptes, il fallait bien qu’ils fussent aussi plus près pour entendre ses paroles. « Et ouvrant sa bouche, il les instruisait, disant. » Cette périphrase de l’écrivain sacré : « Et ouvrant sa bouche, » semble avertir, en retardant son début, que le discours doit avoir une certaine étendue. A moins encore que ce ne soit pour rappeler que celui qui ouvre en ce moment la bouche, a lui-même ouvert, dans l’ancien Testament, .la bouche des Prophètes.
Neuvième leçon. Or, que dit-il ? « Bienheureux les pauvres d’esprit, parce qu’à eux appartient le royaume des cieux. » Nous lisons dans l’Écriture, au sujet de la convoitise des biens temporels : « Tout est vanité et présomption d’esprit. » Présomption d’esprit veut dire orgueil et arrogance. On dit même vulgairement des superbes qu’ils ont de l’enflure d’esprit, et avec raison, puisque le vent est aussi appelé esprit ou souffle, comme nous le voyons dans ce verset d’un Psaume : « Feu, grêle, neige, glace, souffles des tempêtes. » Qui ne sait qu’on appelle les orgueilleux des gens bouffis, comme qui dirait gonflés de vent ? De là encore ce mot de l’Apôtre : « La science enfle, mais la charité édifie. » C’est pourquoi par ces pauvres en esprit, sont justement désignés ceux qui sont humbles et qui craignent Dieu, c’est-à-dire qui n’ont point en eux cet esprit d’enflure.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Vigile de la Toussaint

31 Octobre 2015 , Rédigé par Ludovicus

Vigile de la Toussaint

Épître

En ces jours-là, voici que moi, Jean, je vis : en face du Trône, en face des quatre Vivants et des Anciens, il y avait un Agneau ; il se tenait debout, et il était comme immolé ; ses cornes étaient au nombre de sept, ainsi que ses yeux, qui sont les sept esprits de Dieu en mission sur toute la terre. Il s’avança et reçut le Livre, que lui donna de la main droite celui qui siégeait sur le Trône. Quand l’Agneau eut reçu le Livre, les quatre Vivants et les vingt-quatre Anciens se prosternèrent devant lui. Chacun tenait une harpe et des coupes d’or pleines de parfums qui sont les prières des saints. Ils chantaient ce cantique nouveau : « Tu es digne de recevoir le Livre scellé et de l’ouvrir, car tu as été immolé ; par ton sang, tu as racheté pour Dieu des hommes de toute race, langue, peuple et nation, et tu en as fait pour notre Dieu un royaume de prêtres qui régneront sur la terre. » Alors, dans ma vision, j’ai entendu la voix d’une multitude d’anges qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens : ils étaient des millions, des centaines de millions. Ils criaient à pleine voix : « Lui, l’Agneau immolé, il est digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction. ». Ainsi soit-il.

Evangile

En ce temps-là, Jésus descendant de la montagne s’arrêta dans la plaine avec la troupe de ses disciples et une grande multitude de peuple de toute la Judée, et de Jérusalem, et de la contrée maritime, et de Tyr, et de Sidon ; ils étaient venus pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies. Et ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une vertu sortait de lui et les guérissait tous. Et lui, levant les yeux sur ses disciples, disait : Bienheureux, vous qui êtes pauvres, parce que le royaume de Dieu est à vous. Bienheureux, vous qui avez faim maintenant, parce que vous serez rassasiés. Bienheureux, vous qui pleurez maintenant, parce que vous rirez. Bienheureux serez-vous lorsque les hommes vous haïront, et vous repousseront, et vous outrageront, et lorsqu’ils rejetteront votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous en ce jour-là et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense est grande dans le ciel.

Communion

Les âmes des Justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas : aux yeux des insensés, ils ont paru mourir, mais ils sont dans la paix.

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Première leçon. Observez tout avec diligence, et notamment comme quoi notre Seigneur monte avec les Apôtres et descend vers les foules. Comment la multitude eût-elle vu Jésus-Christ, si Jésus-Christ (ne fût venu pour elle) dans un lieu bas ? Elle ne le suit point sur les hauteurs, elle ne s’élève point jusqu’aux cimes. Ainsi dès que notre Seigneur descend, il trouve des infirmes ; ceux-ci ne peuvent demeurer sur les hauteurs, et de là vient que saint Matthieu nous apprend aussi que les malades ont été guéris dans des lieux peu élevés. Il faut d’abord que chacun d’eux soit guéri, afin que peu à peu, et dans la mesure du progrès de ses forces, il puisse gravir la montagne. Notre Seigneur les guérit tous dans un lieu très bas, c’est-à-dire qu’il retire (le pécheur de l’abîme) de ses passions et remédie à son aveuglement. Il s’abaisse jusqu’à nos plaies, afin qu’en nous rapprochant en quelque sorte et nous enrichissant de sa nature divine, il nous rende participants de son céleste royaume.

Seconde leçon. « Bienheureux êtes-vous, ô pauvres ! Parce qu’à vous appartient le royaume de Dieu ». Saint Luc ne mentionne que quatre béatitudes, tandis que saint Matthieu en énumère huit, mais dans les huit sont comprises les quatre, et ces quatre renferment les huit. Saint Luc a tout ramené aux quatre vertus cardinales ; saint Matthieu en citant huit béatitudes, nous a dévoilé un nombre mystique. Beaucoup de Psaumes, en effet, sont intitulés ainsi : Pour les huit ou l’Octave (Pro octava) ; et vous recevez le commandement de vous mettre en état de participer en quelque manière à ces huit bénédictions. Comme l’octave, ou le nombre huit, exprime l’accomplissement parfait de notre espérance, il exprime de même la plénitude des vertus.

Troisième leçon. Examinons d’abord ce qu’il y a de plus important. (Vous êtes) « bienheureux, ô pauvres, dit notre Seigneur, parce qu’à vous appartient le royaume de Dieu ». Saint Matthieu et saint Luc énoncent tous deux en premier lieu cette béatitude ou bénédiction. Elle vient, en effet, au premier rang et est, en quelque sorte, la mère et la génératrice des vertus, car celui qui aura dédaigné les biens du siècle, méritera les biens éternels, tandis qu’il ne pourra mériter le royaume céleste celui qui, se trouvant embarrassé par les cupidités de ce monde, n’a pas le courage de s’en dégager.

Préparons nos âmes aux grâces que le ciel s’apprête à verser sur la terre, en retour des hommages de celle-ci. Telle sera demain l’allégresse de l’Eglise, qu’elle semblera déjà se croire en possession de l’éternité. Aujourd’hui pourtant, c’est sous les livrées de la pénitence qu’elle se montre à nos yeux, confessant bien qu’elle n’est qu’une exilée. Avec elle, jeûnons et prions. Nous aussi, que sommes-nous que des voyageurs, en ce monde où tout passe et se hâte de mourir ? D’années en années, la solennité qui va s’ouvrir compte parmi nos compagnons d’autrefois des élus nouveaux qui bénissent nos pleurs et sourient à nos chants d’espérance. D’années en années, le terme se rapproche où nous-mêmes, admis à la fête des cieux, recevrons l’hommage de ceux qui nous suivent, et leur tendrons la main pour les aider à nous rejoindre au pays du bonheur sans fin. Sachons, dès cette heure, affranchir nos âmes ; gardons nos cœurs libres, au sein des vaines sollicitudes, des plaisirs faux d’une terre étrangère : il n’est pour l’exilé d’autre souci que celui de son bannissement, d’autre joie que celle où il trouve l’avant-goût de la patrie.

La solennité de tous les Saints en cette saison de l’année semble une importation gallicane dans la liturgie romaine. En tant que fête collective de tous les bienheureux du Ciel, elle a toutefois de très anciens précédents dans les diverses liturgies, surtout orientales. Les Sacramentaires antérieurs au IXe siècle sont muets à son égard, puisque c’est seulement à cette époque que Rome l’accueillit.

La messe vigiliale révèle une époque où le bon goût liturgique était encore généralement répandu. Quand elle fut instituée, on ne célébrait déjà plus la nuit, mais l’après-midi précédant la fête, après le chant de none. La pensée prédominante est le triomphe céleste de ceux qui autrefois furent tourmentés, jugés et condamnés par le monde.

La première lecture est tirée du livre de l’Apocalypse (v, 6-12). Un coin du voile se soulève, et Jean contemple et nous décrit brièvement ce qu’il a observé dans l’Église triomphante. Là-haut également il y a une liturgie, un autel, des chandeliers d’or, des encensoirs et une victime. Le centre de cette liturgie est l’Agneau, immolé dans les éternels desseins de Dieu dès le commencement du monde. Le cortège des Anges, des Vieillards et des Saints n’est que pour lui ; l’Église triomphante proprement dite n’est que le nimbe qui illumine son front. Comme tous sont arrivés là-haut par sa grâce, et que les Saints ont lavé leurs robes dans son sang, ainsi maintenant au ciel ils bénissent sa miséricorde et son amour.

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Vigile de la Toussaint

31 Octobre 2015 , Rédigé par Ludovicus

Épître

En ces jours-là, voici que moi, Jean, je vis : en face du Trône, en face des quatre Vivants et des Anciens, il y avait un Agneau ; il se tenait debout, et il était comme immolé ; ses cornes étaient au nombre de sept, ainsi que ses yeux, qui sont les sept esprits de Dieu en mission sur toute la terre. Il s’avança et reçut le Livre, que lui donna de la main droite celui qui siégeait sur le Trône. Quand l’Agneau eut reçu le Livre, les quatre Vivants et les vingt-quatre Anciens se prosternèrent devant lui. Chacun tenait une harpe et des coupes d’or pleines de parfums qui sont les prières des saints. Ils chantaient ce cantique nouveau : « Tu es digne de recevoir le Livre scellé et de l’ouvrir, car tu as été immolé ; par ton sang, tu as racheté pour Dieu des hommes de toute race, langue, peuple et nation, et tu en as fait pour notre Dieu un royaume de prêtres qui régneront sur la terre. » Alors, dans ma vision, j’ai entendu la voix d’une multitude d’anges qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens : ils étaient des millions, des centaines de millions. Ils criaient à pleine voix : « Lui, l’Agneau immolé, il est digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction. ». Ainsi soit-il.

Evangile

En ce temps-là, Jésus descendant de la montagne s’arrêta dans la plaine avec la troupe de ses disciples et une grande multitude de peuple de toute la Judée, et de Jérusalem, et de la contrée maritime, et de Tyr, et de Sidon ; ils étaient venus pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies. Et ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une vertu sortait de lui et les guérissait tous. Et lui, levant les yeux sur ses disciples, disait : Bienheureux, vous qui êtes pauvres, parce que le royaume de Dieu est à vous. Bienheureux, vous qui avez faim maintenant, parce que vous serez rassasiés. Bienheureux, vous qui pleurez maintenant, parce que vous rirez. Bienheureux serez-vous lorsque les hommes vous haïront, et vous repousseront, et vous outrageront, et lorsqu’ils rejetteront votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous en ce jour-là et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense est grande dans le ciel.

Communion

Les âmes des Justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas : aux yeux des insensés, ils ont paru mourir, mais ils sont dans la paix.

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Première leçon. Observez tout avec diligence, et notamment comme quoi notre Seigneur monte avec les Apôtres et descend vers les foules. Comment la multitude eût-elle vu Jésus-Christ, si Jésus-Christ (ne fût venu pour elle) dans un lieu bas ? Elle ne le suit point sur les hauteurs, elle ne s’élève point jusqu’aux cimes. Ainsi dès que notre Seigneur descend, il trouve des infirmes ; ceux-ci ne peuvent demeurer sur les hauteurs, et de là vient que saint Matthieu nous apprend aussi que les malades ont été guéris dans des lieux peu élevés. Il faut d’abord que chacun d’eux soit guéri, afin que peu à peu, et dans la mesure du progrès de ses forces, il puisse gravir la montagne. Notre Seigneur les guérit tous dans un lieu très bas, c’est-à-dire qu’il retire (le pécheur de l’abîme) de ses passions et remédie à son aveuglement. Il s’abaisse jusqu’à nos plaies, afin qu’en nous rapprochant en quelque sorte et nous enrichissant de sa nature divine, il nous rende participants de son céleste royaume.

Seconde leçon. « Bienheureux êtes-vous, ô pauvres ! Parce qu’à vous appartient le royaume de Dieu ». Saint Luc ne mentionne que quatre béatitudes, tandis que saint Matthieu en énumère huit, mais dans les huit sont comprises les quatre, et ces quatre renferment les huit. Saint Luc a tout ramené aux quatre vertus cardinales ; saint Matthieu en citant huit béatitudes, nous a dévoilé un nombre mystique. Beaucoup de Psaumes, en effet, sont intitulés ainsi : Pour les huit ou l’Octave (Pro octava) ; et vous recevez le commandement de vous mettre en état de participer en quelque manière à ces huit bénédictions. Comme l’octave, ou le nombre huit, exprime l’accomplissement parfait de notre espérance, il exprime de même la plénitude des vertus.

Troisième leçon. Examinons d’abord ce qu’il y a de plus important. (Vous êtes) « bienheureux, ô pauvres, dit notre Seigneur, parce qu’à vous appartient le royaume de Dieu ». Saint Matthieu et saint Luc énoncent tous deux en premier lieu cette béatitude ou bénédiction. Elle vient, en effet, au premier rang et est, en quelque sorte, la mère et la génératrice des vertus, car celui qui aura dédaigné les biens du siècle, méritera les biens éternels, tandis qu’il ne pourra mériter le royaume céleste celui qui, se trouvant embarrassé par les cupidités de ce monde, n’a pas le courage de s’en dégager.

Préparons nos âmes aux grâces que le ciel s’apprête à verser sur la terre, en retour des hommages de celle-ci. Telle sera demain l’allégresse de l’Eglise, qu’elle semblera déjà se croire en possession de l’éternité. Aujourd’hui pourtant, c’est sous les livrées de la pénitence qu’elle se montre à nos yeux, confessant bien qu’elle n’est qu’une exilée. Avec elle, jeûnons et prions. Nous aussi, que sommes-nous que des voyageurs, en ce monde où tout passe et se hâte de mourir ? D’années en années, la solennité qui va s’ouvrir compte parmi nos compagnons d’autrefois des élus nouveaux qui bénissent nos pleurs et sourient à nos chants d’espérance. D’années en années, le terme se rapproche où nous-mêmes, admis à la fête des cieux, recevrons l’hommage de ceux qui nous suivent, et leur tendrons la main pour les aider à nous rejoindre au pays du bonheur sans fin. Sachons, dès cette heure, affranchir nos âmes ; gardons nos cœurs libres, au sein des vaines sollicitudes, des plaisirs faux d’une terre étrangère : il n’est pour l’exilé d’autre souci que celui de son bannissement, d’autre joie que celle où il trouve l’avant-goût de la patrie.

La solennité de tous les Saints en cette saison de l’année semble une importation gallicane dans la liturgie romaine. En tant que fête collective de tous les bienheureux du Ciel, elle a toutefois de très anciens précédents dans les diverses liturgies, surtout orientales. Les Sacramentaires antérieurs au IXe siècle sont muets à son égard, puisque c’est seulement à cette époque que Rome l’accueillit.

La messe vigiliale révèle une époque où le bon goût liturgique était encore généralement répandu. Quand elle fut instituée, on ne célébrait déjà plus la nuit, mais l’après-midi précédant la fête, après le chant de none. La pensée prédominante est le triomphe céleste de ceux qui autrefois furent tourmentés, jugés et condamnés par le monde.

La première lecture est tirée du livre de l’Apocalypse (v, 6-12). Un coin du voile se soulève, et Jean contemple et nous décrit brièvement ce qu’il a observé dans l’Église triomphante. Là-haut également il y a une liturgie, un autel, des chandeliers d’or, des encensoirs et une victime. Le centre de cette liturgie est l’Agneau, immolé dans les éternels desseins de Dieu dès le commencement du monde. Le cortège des Anges, des Vieillards et des Saints n’est que pour lui ; l’Église triomphante proprement dite n’est que le nimbe qui illumine son front. Comme tous sont arrivés là-haut par sa grâce, et que les Saints ont lavé leurs robes dans son sang, ainsi maintenant au ciel ils bénissent sa miséricorde et son amour.

 

 

 

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Vigile de la Toussaint

31 Octobre 2015 , Rédigé par Ludovicus

Épître

En ces jours-là, voici que moi, Jean, je vis : en face du Trône, en face des quatre Vivants et des Anciens, il y avait un Agneau ; il se tenait debout, et il était comme immolé ; ses cornes étaient au nombre de sept, ainsi que ses yeux, qui sont les sept esprits de Dieu en mission sur toute la terre. Il s’avança et reçut le Livre, que lui donna de la main droite celui qui siégeait sur le Trône. Quand l’Agneau eut reçu le Livre, les quatre Vivants et les vingt-quatre Anciens se prosternèrent devant lui. Chacun tenait une harpe et des coupes d’or pleines de parfums qui sont les prières des saints. Ils chantaient ce cantique nouveau : « Tu es digne de recevoir le Livre scellé et de l’ouvrir, car tu as été immolé ; par ton sang, tu as racheté pour Dieu des hommes de toute race, langue, peuple et nation, et tu en as fait pour notre Dieu un royaume de prêtres qui régneront sur la terre. » Alors, dans ma vision, j’ai entendu la voix d’une multitude d’anges qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens : ils étaient des millions, des centaines de millions. Ils criaient à pleine voix : « Lui, l’Agneau immolé, il est digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction. ». Ainsi soit-il.

Evangile

En ce temps-là, Jésus descendant de la montagne s’arrêta dans la plaine avec la troupe de ses disciples et une grande multitude de peuple de toute la Judée, et de Jérusalem, et de la contrée maritime, et de Tyr, et de Sidon ; ils étaient venus pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies. Et ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une vertu sortait de lui et les guérissait tous. Et lui, levant les yeux sur ses disciples, disait : Bienheureux, vous qui êtes pauvres, parce que le royaume de Dieu est à vous. Bienheureux, vous qui avez faim maintenant, parce que vous serez rassasiés. Bienheureux, vous qui pleurez maintenant, parce que vous rirez. Bienheureux serez-vous lorsque les hommes vous haïront, et vous repousseront, et vous outrageront, et lorsqu’ils rejetteront votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous en ce jour-là et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense est grande dans le ciel.

Communion

Les âmes des Justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas : aux yeux des insensés, ils ont paru mourir, mais ils sont dans la paix.

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Première leçon. Observez tout avec diligence, et notamment comme quoi notre Seigneur monte avec les Apôtres et descend vers les foules. Comment la multitude eût-elle vu Jésus-Christ, si Jésus-Christ (ne fût venu pour elle) dans un lieu bas ? Elle ne le suit point sur les hauteurs, elle ne s’élève point jusqu’aux cimes. Ainsi dès que notre Seigneur descend, il trouve des infirmes ; ceux-ci ne peuvent demeurer sur les hauteurs, et de là vient que saint Matthieu nous apprend aussi que les malades ont été guéris dans des lieux peu élevés. Il faut d’abord que chacun d’eux soit guéri, afin que peu à peu, et dans la mesure du progrès de ses forces, il puisse gravir la montagne. Notre Seigneur les guérit tous dans un lieu très bas, c’est-à-dire qu’il retire (le pécheur de l’abîme) de ses passions et remédie à son aveuglement. Il s’abaisse jusqu’à nos plaies, afin qu’en nous rapprochant en quelque sorte et nous enrichissant de sa nature divine, il nous rende participants de son céleste royaume.

Seconde leçon. « Bienheureux êtes-vous, ô pauvres ! Parce qu’à vous appartient le royaume de Dieu ». Saint Luc ne mentionne que quatre béatitudes, tandis que saint Matthieu en énumère huit, mais dans les huit sont comprises les quatre, et ces quatre renferment les huit. Saint Luc a tout ramené aux quatre vertus cardinales ; saint Matthieu en citant huit béatitudes, nous a dévoilé un nombre mystique. Beaucoup de Psaumes, en effet, sont intitulés ainsi : Pour les huit ou l’Octave (Pro octava) ; et vous recevez le commandement de vous mettre en état de participer en quelque manière à ces huit bénédictions. Comme l’octave, ou le nombre huit, exprime l’accomplissement parfait de notre espérance, il exprime de même la plénitude des vertus.

Troisième leçon. Examinons d’abord ce qu’il y a de plus important. (Vous êtes) « bienheureux, ô pauvres, dit notre Seigneur, parce qu’à vous appartient le royaume de Dieu ». Saint Matthieu et saint Luc énoncent tous deux en premier lieu cette béatitude ou bénédiction. Elle vient, en effet, au premier rang et est, en quelque sorte, la mère et la génératrice des vertus, car celui qui aura dédaigné les biens du siècle, méritera les biens éternels, tandis qu’il ne pourra mériter le royaume céleste celui qui, se trouvant embarrassé par les cupidités de ce monde, n’a pas le courage de s’en dégager.

Préparons nos âmes aux grâces que le ciel s’apprête à verser sur la terre, en retour des hommages de celle-ci. Telle sera demain l’allégresse de l’Eglise, qu’elle semblera déjà se croire en possession de l’éternité. Aujourd’hui pourtant, c’est sous les livrées de la pénitence qu’elle se montre à nos yeux, confessant bien qu’elle n’est qu’une exilée. Avec elle, jeûnons et prions. Nous aussi, que sommes-nous que des voyageurs, en ce monde où tout passe et se hâte de mourir ? D’années en années, la solennité qui va s’ouvrir compte parmi nos compagnons d’autrefois des élus nouveaux qui bénissent nos pleurs et sourient à nos chants d’espérance. D’années en années, le terme se rapproche où nous-mêmes, admis à la fête des cieux, recevrons l’hommage de ceux qui nous suivent, et leur tendrons la main pour les aider à nous rejoindre au pays du bonheur sans fin. Sachons, dès cette heure, affranchir nos âmes ; gardons nos cœurs libres, au sein des vaines sollicitudes, des plaisirs faux d’une terre étrangère : il n’est pour l’exilé d’autre souci que celui de son bannissement, d’autre joie que celle où il trouve l’avant-goût de la patrie.

La solennité de tous les Saints en cette saison de l’année semble une importation gallicane dans la liturgie romaine. En tant que fête collective de tous les bienheureux du Ciel, elle a toutefois de très anciens précédents dans les diverses liturgies, surtout orientales. Les Sacramentaires antérieurs au IXe siècle sont muets à son égard, puisque c’est seulement à cette époque que Rome l’accueillit.

La messe vigiliale révèle une époque où le bon goût liturgique était encore généralement répandu. Quand elle fut instituée, on ne célébrait déjà plus la nuit, mais l’après-midi précédant la fête, après le chant de none. La pensée prédominante est le triomphe céleste de ceux qui autrefois furent tourmentés, jugés et condamnés par le monde.

La première lecture est tirée du livre de l’Apocalypse (v, 6-12). Un coin du voile se soulève, et Jean contemple et nous décrit brièvement ce qu’il a observé dans l’Église triomphante. Là-haut également il y a une liturgie, un autel, des chandeliers d’or, des encensoirs et une victime. Le centre de cette liturgie est l’Agneau, immolé dans les éternels desseins de Dieu dès le commencement du monde. Le cortège des Anges, des Vieillards et des Saints n’est que pour lui ; l’Église triomphante proprement dite n’est que le nimbe qui illumine son front. Comme tous sont arrivés là-haut par sa grâce, et que les Saints ont lavé leurs robes dans son sang, ainsi maintenant au ciel ils bénissent sa miséricorde et son amour.

 

 

 

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Vigile de la Toussaint

31 Octobre 2015 , Rédigé par Ludovicus

Épître

En ces jours-là, voici que moi, Jean, je vis : en face du Trône, en face des quatre Vivants et des Anciens, il y avait un Agneau ; il se tenait debout, et il était comme immolé ; ses cornes étaient au nombre de sept, ainsi que ses yeux, qui sont les sept esprits de Dieu en mission sur toute la terre. Il s’avança et reçut le Livre, que lui donna de la main droite celui qui siégeait sur le Trône. Quand l’Agneau eut reçu le Livre, les quatre Vivants et les vingt-quatre Anciens se prosternèrent devant lui. Chacun tenait une harpe et des coupes d’or pleines de parfums qui sont les prières des saints. Ils chantaient ce cantique nouveau : « Tu es digne de recevoir le Livre scellé et de l’ouvrir, car tu as été immolé ; par ton sang, tu as racheté pour Dieu des hommes de toute race, langue, peuple et nation, et tu en as fait pour notre Dieu un royaume de prêtres qui régneront sur la terre. » Alors, dans ma vision, j’ai entendu la voix d’une multitude d’anges qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens : ils étaient des millions, des centaines de millions. Ils criaient à pleine voix : « Lui, l’Agneau immolé, il est digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction. ». Ainsi soit-il.

Evangile

En ce temps-là, Jésus descendant de la montagne s’arrêta dans la plaine avec la troupe de ses disciples et une grande multitude de peuple de toute la Judée, et de Jérusalem, et de la contrée maritime, et de Tyr, et de Sidon ; ils étaient venus pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies. Et ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une vertu sortait de lui et les guérissait tous. Et lui, levant les yeux sur ses disciples, disait : Bienheureux, vous qui êtes pauvres, parce que le royaume de Dieu est à vous. Bienheureux, vous qui avez faim maintenant, parce que vous serez rassasiés. Bienheureux, vous qui pleurez maintenant, parce que vous rirez. Bienheureux serez-vous lorsque les hommes vous haïront, et vous repousseront, et vous outrageront, et lorsqu’ils rejetteront votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous en ce jour-là et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense est grande dans le ciel.

Communion

Les âmes des Justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas : aux yeux des insensés, ils ont paru mourir, mais ils sont dans la paix.

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Première leçon. Observez tout avec diligence, et notamment comme quoi notre Seigneur monte avec les Apôtres et descend vers les foules. Comment la multitude eût-elle vu Jésus-Christ, si Jésus-Christ (ne fût venu pour elle) dans un lieu bas ? Elle ne le suit point sur les hauteurs, elle ne s’élève point jusqu’aux cimes. Ainsi dès que notre Seigneur descend, il trouve des infirmes ; ceux-ci ne peuvent demeurer sur les hauteurs, et de là vient que saint Matthieu nous apprend aussi que les malades ont été guéris dans des lieux peu élevés. Il faut d’abord que chacun d’eux soit guéri, afin que peu à peu, et dans la mesure du progrès de ses forces, il puisse gravir la montagne. Notre Seigneur les guérit tous dans un lieu très bas, c’est-à-dire qu’il retire (le pécheur de l’abîme) de ses passions et remédie à son aveuglement. Il s’abaisse jusqu’à nos plaies, afin qu’en nous rapprochant en quelque sorte et nous enrichissant de sa nature divine, il nous rende participants de son céleste royaume.

Seconde leçon. « Bienheureux êtes-vous, ô pauvres ! Parce qu’à vous appartient le royaume de Dieu ». Saint Luc ne mentionne que quatre béatitudes, tandis que saint Matthieu en énumère huit, mais dans les huit sont comprises les quatre, et ces quatre renferment les huit. Saint Luc a tout ramené aux quatre vertus cardinales ; saint Matthieu en citant huit béatitudes, nous a dévoilé un nombre mystique. Beaucoup de Psaumes, en effet, sont intitulés ainsi : Pour les huit ou l’Octave (Pro octava) ; et vous recevez le commandement de vous mettre en état de participer en quelque manière à ces huit bénédictions. Comme l’octave, ou le nombre huit, exprime l’accomplissement parfait de notre espérance, il exprime de même la plénitude des vertus.

Troisième leçon. Examinons d’abord ce qu’il y a de plus important. (Vous êtes) « bienheureux, ô pauvres, dit notre Seigneur, parce qu’à vous appartient le royaume de Dieu ». Saint Matthieu et saint Luc énoncent tous deux en premier lieu cette béatitude ou bénédiction. Elle vient, en effet, au premier rang et est, en quelque sorte, la mère et la génératrice des vertus, car celui qui aura dédaigné les biens du siècle, méritera les biens éternels, tandis qu’il ne pourra mériter le royaume céleste celui qui, se trouvant embarrassé par les cupidités de ce monde, n’a pas le courage de s’en dégager.

Préparons nos âmes aux grâces que le ciel s’apprête à verser sur la terre, en retour des hommages de celle-ci. Telle sera demain l’allégresse de l’Eglise, qu’elle semblera déjà se croire en possession de l’éternité. Aujourd’hui pourtant, c’est sous les livrées de la pénitence qu’elle se montre à nos yeux, confessant bien qu’elle n’est qu’une exilée. Avec elle, jeûnons et prions. Nous aussi, que sommes-nous que des voyageurs, en ce monde où tout passe et se hâte de mourir ? D’années en années, la solennité qui va s’ouvrir compte parmi nos compagnons d’autrefois des élus nouveaux qui bénissent nos pleurs et sourient à nos chants d’espérance. D’années en années, le terme se rapproche où nous-mêmes, admis à la fête des cieux, recevrons l’hommage de ceux qui nous suivent, et leur tendrons la main pour les aider à nous rejoindre au pays du bonheur sans fin. Sachons, dès cette heure, affranchir nos âmes ; gardons nos cœurs libres, au sein des vaines sollicitudes, des plaisirs faux d’une terre étrangère : il n’est pour l’exilé d’autre souci que celui de son bannissement, d’autre joie que celle où il trouve l’avant-goût de la patrie.

La solennité de tous les Saints en cette saison de l’année semble une importation gallicane dans la liturgie romaine. En tant que fête collective de tous les bienheureux du Ciel, elle a toutefois de très anciens précédents dans les diverses liturgies, surtout orientales. Les Sacramentaires antérieurs au IXe siècle sont muets à son égard, puisque c’est seulement à cette époque que Rome l’accueillit.

La messe vigiliale révèle une époque où le bon goût liturgique était encore généralement répandu. Quand elle fut instituée, on ne célébrait déjà plus la nuit, mais l’après-midi précédant la fête, après le chant de none. La pensée prédominante est le triomphe céleste de ceux qui autrefois furent tourmentés, jugés et condamnés par le monde.

La première lecture est tirée du livre de l’Apocalypse (v, 6-12). Un coin du voile se soulève, et Jean contemple et nous décrit brièvement ce qu’il a observé dans l’Église triomphante. Là-haut également il y a une liturgie, un autel, des chandeliers d’or, des encensoirs et une victime. Le centre de cette liturgie est l’Agneau, immolé dans les éternels desseins de Dieu dès le commencement du monde. Le cortège des Anges, des Vieillards et des Saints n’est que pour lui ; l’Église triomphante proprement dite n’est que le nimbe qui illumine son front. Comme tous sont arrivés là-haut par sa grâce, et que les Saints ont lavé leurs robes dans son sang, ainsi maintenant au ciel ils bénissent sa miséricorde et son amour.

 

 

 

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Vigile de la Toussaint

31 Octobre 2015 , Rédigé par Ludovicus

Epître

En ces jours-là, voici que moi, Jean, je vis : en face du Trône, en face des quatre Vivants et des Anciens, il y avait un Agneau ; il se tenait debout, et il était comme immolé ; ses cornes étaient au nombre de sept, ainsi que ses yeux, qui sont les sept esprits de Dieu en mission sur toute la terre. Il s’avança et reçut le Livre, que lui donna de la main droite celui qui siégeait sur le Trône. Quand l’Agneau eut reçu le Livre, les quatre Vivants et les vingt-quatre Anciens se prosternèrent devant lui. Chacun tenait une harpe et des coupes d’or pleines de parfums qui sont les prières des saints. Ils chantaient ce cantique nouveau : « Tu es digne de recevoir le Livre scellé et de l’ouvrir, car tu as été immolé ; par ton sang, tu as racheté pour Dieu des hommes de toute race, langue, peuple et nation, et tu en as fait pour notre Dieu un royaume de prêtres qui régneront sur la terre. » Alors, dans ma vision, j’ai entendu la voix d’une multitude d’anges qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens : ils étaient des millions, des centaines de millions. Ils criaient à pleine voix : « Lui, l’Agneau immolé, il est digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction. ». Ainsi soit-il.

Evangile

En ce temps-là, Jésus descendant de la montagne s’arrêta dans la plaine avec la troupe de ses disciples et une grande multitude de peuple de toute la Judée, et de Jérusalem, et de la contrée maritime, et de Tyr, et de Sidon ; ils étaient venus pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies. Et ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une vertu sortait de lui et les guérissait tous. Et lui, levant les yeux sur ses disciples, disait : Bienheureux, vous qui êtes pauvres, parce que le royaume de Dieu est à vous. Bienheureux, vous qui avez faim maintenant, parce que vous serez rassasiés. Bienheureux, vous qui pleurez maintenant, parce que vous rirez. Bienheureux serez-vous lorsque les hommes vous haïront, et vous repousseront, et vous outrageront, et lorsqu’ils rejetteront votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous en ce jour-là et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense est grande dans le ciel.

Communion

Les âmes des Justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas : aux yeux des insensés, ils ont paru mourir, mais ils sont dans la paix.

 

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31 Octobre 2015 , Rédigé par Ludovicus

Epître

En ces jours-là, voici que moi, Jean, je vis : en face du Trône, en face des quatre Vivants et des Anciens, il y avait un Agneau ; il se tenait debout, et il était comme immolé ; ses cornes étaient au nombre de sept, ainsi que ses yeux, qui sont les sept esprits de Dieu en mission sur toute la terre. Il s’avança et reçut le Livre, que lui donna de la main droite celui qui siégeait sur le Trône. Quand l’Agneau eut reçu le Livre, les quatre Vivants et les vingt-quatre Anciens se prosternèrent devant lui. Chacun tenait une harpe et des coupes d’or pleines de parfums qui sont les prières des saints. Ils chantaient ce cantique nouveau : « Tu es digne de recevoir le Livre scellé et de l’ouvrir, car tu as été immolé ; par ton sang, tu as racheté pour Dieu des hommes de toute race, langue, peuple et nation, et tu en as fait pour notre Dieu un royaume de prêtres qui régneront sur la terre. » Alors, dans ma vision, j’ai entendu la voix d’une multitude d’anges qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens : ils étaient des millions, des centaines de millions. Ils criaient à pleine voix : « Lui, l’Agneau immolé, il est digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction. ». Ainsi soit-il.

Evangile

En ce temps-là, Jésus descendant de la montagne s’arrêta dans la plaine avec la troupe de ses disciples et une grande multitude de peuple de toute la Judée, et de Jérusalem, et de la contrée maritime, et de Tyr, et de Sidon ; ils étaient venus pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies. Et ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une vertu sortait de lui et les guérissait tous. Et lui, levant les yeux sur ses disciples, disait : Bienheureux, vous qui êtes pauvres, parce que le royaume de Dieu est à vous. Bienheureux, vous qui avez faim maintenant, parce que vous serez rassasiés. Bienheureux, vous qui pleurez maintenant, parce que vous rirez. Bienheureux serez-vous lorsque les hommes vous haïront, et vous repousseront, et vous outrageront, et lorsqu’ils rejetteront votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous en ce jour-là et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense est grande dans le ciel.

Communion

Les âmes des Justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas : aux yeux des insensés, ils ont paru mourir, mais ils sont dans la paix.

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Première leçon. Observez tout avec diligence, et notamment comme quoi notre Seigneur monte avec les Apôtres et descend vers les foules. Comment la multitude eût-elle vu Jésus-Christ, si Jésus-Christ (ne fût venu pour elle) dans un lieu bas ? Elle ne le suit point sur les hauteurs, elle ne s’élève point jusqu’aux cimes. Ainsi dès que notre Seigneur descend, il trouve des infirmes ; ceux-ci ne peuvent demeurer sur les hauteurs, et de là vient que saint Matthieu nous apprend aussi que les malades ont été guéris dans des lieux peu élevés. Il faut d’abord que chacun d’eux soit guéri, afin que peu à peu, et dans la mesure du progrès de ses forces, il puisse gravir la montagne. Notre Seigneur les guérit tous dans un lieu très bas, c’est-à-dire qu’il retire (le pécheur de l’abîme) de ses passions et remédie à son aveuglement. Il s’abaisse jusqu’à nos plaies, afin qu’en nous rapprochant en quelque sorte et nous enrichissant de sa nature divine, il nous rende participants de son céleste royaume.

Seconde leçon. « Bienheureux êtes-vous, ô pauvres ! Parce qu’à vous appartient le royaume de Dieu ». Saint Luc ne mentionne que quatre béatitudes, tandis que saint Matthieu en énumère huit, mais dans les huit sont comprises les quatre, et ces quatre renferment les huit. Saint Luc a tout ramené aux quatre vertus cardinales ; saint Matthieu en citant huit béatitudes, nous a dévoilé un nombre mystique. Beaucoup de Psaumes, en effet, sont intitulés ainsi : Pour les huit ou l’Octave (Pro octava) ; et vous recevez le commandement de vous mettre en état de participer en quelque manière à ces huit bénédictions. Comme l’octave, ou le nombre huit, exprime l’accomplissement parfait de notre espérance, il exprime de même la plénitude des vertus.

Troisième leçon. Examinons d’abord ce qu’il y a de plus important. (Vous êtes) « bienheureux, ô pauvres, dit notre Seigneur, parce qu’à vous appartient le royaume de Dieu ». Saint Matthieu et saint Luc énoncent tous deux en premier lieu cette béatitude ou bénédiction. Elle vient, en effet, au premier rang et est, en quelque sorte, la mère et la génératrice des vertus, car celui qui aura dédaigné les biens du siècle, méritera les biens éternels, tandis qu’il ne pourra mériter le royaume céleste celui qui, se trouvant embarrassé par les cupidités de ce monde, n’a pas le courage de s’en dégager.

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