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Regnum Galliae Regnum Mariae
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Vigile de la Nativité

24 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Vigile de la Nativité

Introït

Aujourd’hui, vous saurez que le Seigneur va venir et qu’il nous sauvera. Et demain matin, vous le verrez dans sa gloire. Au Seigneur appartient la terre et tout ce qui la remplit, l’univers et tous ceux qui l’habitent.

Collecte

Seigneur Dieu, vous nous donnez chaque année la joie d’attendre notre rédemption. Et puisque c’est dans la joie que nous accueillons votre Fils unique, lorsqu’il viendra nous racheter, accordez-nous de pouvoir encore le regarder sans inquiétude, quand il reviendra pour nous juger.

Épitre Rm. 1, 1–6

Paul, serviteur du Christ-Jésus, apôtre par son appel, mis à part pour annoncer l’Évangile de Dieu, Évangile que Dieu avait promis auparavant par ses prophètes dans les saintes Écritures, touchant son Fils né de la postérité de David selon la chair, et déclaré Fils de Dieu miraculeusement, selon l’Esprit de sainteté, par une résurrection d’entre les morts, Jésus-Christ Notre-Seigneur, par qui nous avons reçu la grâce et l’apostolat, pour amener en son nom à l’obéissance de la foi tous les Gentils, du nombre desquels vous êtes, vous aussi, par appel de Jésus-Christ.

Évangile Mt, 1, 18–21

Marie, la mère de Jésus, ayant été fiancée à Joseph, il se trouva, avant qu’ils eussent habité ensemble, qu’elle avait conçu par la vertu du Saint-Esprit. Joseph, son mari, qui était juste et ne voulait pas la diffamer, se proposa de la répudier secrètement. Comme il était dans cette pensée, voici qu’un ange du Seigneur lui apparut en songe, et lui dit : « Joseph, fils de David, ne craint point de prendre chez toi Marie ton épouse, car ce qui est conçu en elle est du Saint-Esprit. Et elle enfantera un fils, et tu lui donneras pour nom Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés. »

Secrète

Dieu tout Puissant, nous accourons dès aujourd’hui pour adorer la naissance de votre Fils. Permettez-nous de recevoir avec la même joie les dons éternels qu’il nous apporte.

Postcommunion

Nous vous en prions, Seigneur : en l’anniversaire de la Nativité de votre Fils unique, accordez-nous de reprendre vie, puisque déjà nous sommes nourris et abreuvés par son mystère céleste.

Office

Homélie de saint Jérôme, Prêtre.

Première leçon. Pourquoi n’est-ce pas simplement par une vierge, mais par une vierge fiancée, qu’il est conçu ? D’abord, afin que par la généalogie de Joseph, celle de Marie fût constatée ; en second lieu, de peur qu’elle ne fût lapidée par les Juifs comme adultère ; en troisième lieu, pour que, fugitive en Égypte, elle eût un soutien en la personne de Joseph. Le Martyr saint Ignace ajoute une quatrième raison : s’il est conçu par une fiancée, c’est, dit-il, pour cacher cet enfantement au démon, qui le croira le fruit, non d’une vierge, mais d’une épouse.
Deuxième leçon. « Avant qu’ils vinssent ensemble, il fut découvert qu’elle avait conçu du Saint-Esprit. » Personne ne le découvrit, sinon saint Joseph, aux regards duquel ne pouvait rien échapper de ce qui concernait sa future épouse. Quand il est dit : « Avant qu’ils vinssent ensemble », il ne s’ensuit pas qu’ils se soient unis plus tard ; l’Écriture constate ce qui n’avait pas eu lieu.
Troisième leçon. « Mais Joseph, qui était un homme juste et ne voulait point la dénoncer, songea à la renvoyer sans éclat. » « Si quelqu’un s’unit à une femme de mauvaise vie, il devient un même corps avec elle », et il est marqué dans la Loi que, non seulement ceux qui commettent le crime, mais les complices eux-mêmes du crime, sont coupables. Comment donc Joseph, cachant le crime de son épouse, est-il appelé juste ? Mais c’est un témoignage en faveur de Marie ; car Joseph, connaissant sa chasteté et plein d’admiration pour ce qui se passe, cache sous le voile du silence, l’événement dont il ne comprend point le mystère.

Enfin, dit saint Pierre Damien dans son Sermon pour ce jour,

« nous voici arrivés de la haute mer dans le port, de la promesse à la récompense, du désespoir à l’espérance, du travail au repos, de la voie à la patrie. Les courriers de la divine promesse s’étaient succédé ; mais ils n’apportaient rien avec eux, si ce n’est le renouvellement de cette même promesse. C’est pourquoi notre Psalmiste s’était laissé aller au sommeil, et les derniers accents de sa harpe semblaient accuser les retards du Seigneur. Vous nous avez repoussés, disait-il, vous nous avez dédaignés ; et vous avez différé l’arrivée de votre Christ. Puis, passant de la plainte à l’audace, il s’était écrié d’une voix impérative : Manifestez-vous donc, ô vous qui êtes assis sur les Chérubins ! En repos sur le trône de votre puissance, entouré des bataillons volants de vos Anges, ne daignerez-vous pas abaisser vos regards sur les enfants des hommes, victimes d’un péché commis par Adam, il est vrai, mais permis par vous-même ? Souvenez-vous de ce qu’est notre nature ; c’est à votre ressemblance que vous l’avez créée ; et si tout homme vivant est vanité, ce n’est pas du moins en ce qu’il a été fait à votre image. Abaissez donc vos cieux et descendez ; abaissez les cieux de votre miséricorde sur les misérables qui vous supplient, et du moins ne nous oubliez pas éternellement.

« Isaïe à son tour, dans la violence de ses désirs, disait : A cause de Sion, je ne me tairai pas ; à cause de Jérusalem, je ne me reposerai pas, jusqu’à ce que le Juste quelle attend se lève enfin dans son éclat. Forcez donc les deux et descendez ! Enfin, tous les Prophètes, fatigués d’une trop longue attente, n’ont cessé de faire entendre tour à tour les supplications, les plaintes, et souvent même les cris de l’impatience. Quant à nous, nous les avons assez écoutés ; assez longtemps nous avons répété leurs paroles : qu’ils se retirent maintenant ; il n’est plus pour nous de joie, ni de consolation, jusqu’à ce que le Sauveur, nous honorant du baiser de sa bouche, nous dise lui-même : Vous êtes exaucés.

« Mais que venons-nous d’entendre ? Sanctifiez-vous, enfants d’Israël, et soyez prêts : car demain descendra le Seigneur. Le reste de ce jour, et à peine la moitié de la nuit qui va venir nous séparent de cette entrevue glorieuse, nous cachent encore l’Enfant-Dieu et son admirable Naissance. Courez, heures légères ; achevez rapidement votre cours, pour que nous puissions bientôt voir le Fils de Dieu dans son berceau et rendre nos hommages à cette Nativité qui sauve le monde. Je pense, mes Frères, que vous êtes de vrais enfants d’Israël, purifiés de toutes les souillures de la chair et de l’esprit, tout prêts pour les mystères de demain, pleins d’empressement à témoigner de votre dévotion. C’est du moins ce que je puis juger, d’après la manière dont vous avez passé les jours consacrés à attendre l’Avènement du Fils de Dieu. Mais si pourtant quelques gouttes du fleuve de la mortalité avaient touché votre cœur, hâtez-vous aujourd’hui de les essuyer et de les couvrir du blanc linceul de la Confession. Je puis vous le promettre de la miséricorde de l’Enfant qui va naître : celui qui confessera son péché avec repentir, la Lumière du monde naîtra en lui ; les ténèbres trompeuses s’évanouiront, et la splendeur véritable lui sera donnée. Car comment la miséricorde serait-elle refusée aux mal-ci heureux, en cette nuit même où prend naissance le Seigneur miséricordieux ? Chassez donc l’orgueil de vos regards, la témérité de votre langue, la cruauté de vos mains, la volupté de vos reins ; retirez vos pieds du chemin tortueux, et puis venez et jugez le Seigneur, si, cette nuit, il ne force pas les Cieux, s’il ne descend pas jusqu’à vous, s’il ne jette pas au fond de la mer tous vos péchés. »

Ce saint jour est, en effet, un jour de grâce et d’espérance, et nous devons le passer dans une pieuse allégresse. L’Église, dérogeant à tous ses usages habituels, veut que si la Vigile de Noël vient à tomber au Dimanche, le jeûne seul soit anticipé au samedi ; mais dans ce cas l’Office et la Messe de la Vigile l’emportent sur l’Office et la Messe du quatrième Dimanche de l’Avent : tant ces dernières heures qui précèdent immédiatement la Nativité lui semblent solennelles ! Dans les autres Fêtes, si importantes qu’elles soient, la solennité ne commence qu’aux premières Vêpres ; jusque-là l’Église se tient dans le silence, et célèbre les divins Offices et le Sacrifice suivant le rite quadragésimal. Aujourd’hui, au contraire, dès le point du jour, à l’Office des Laudes, la grande Fête semble déjà commencer. L’intonation solennelle de cet Office matutinal annonce le rite Double ; et les Antiennes sont chantées avec pompe avant et après chaque Psaume ou Cantique. A la Messe, si l’on retient encore la couleur violette, du moins on ne fléchit plus les genoux comme dans les autres Fériés de l’Avent ; et il n’y a plus qu’une seule Collecte, au lieu des trois qui caractérisent une Messe moins solennelle.

Entrons dans l’esprit de la sainte Église, et préparons-nous, dans toute la joie de nos cœurs, à aller au-devant du Sauveur qui vient à nous. Accomplissons fidèlement le jeûne qui doit alléger nos corps et faciliter notre marche ; et, dès le matin, songeons que nous ne nous étendrons plus sur notre couche que nous n’ayons vu naître, à l’heure sacrée, Celui qui vient illuminer toute créature ; car c’est un devoir, pour tout fidèle enfant de l’Église Catholique, de célébrer avec elle cette Nuit heureuse durant laquelle, malgré le refroidissement de la piété, l’univers entier veille encore à l’arrivée de son Sauveur : dernier vestige de la piété des anciens jours, qui ne s’effacerait qu’au grand malheur de la terre.

Parcourons en esprit de prière les principales parties de l’Office de cette Vigile. D’abord, la sainte Église éclate par un cri d’avertissement qui sert d’Invitatoire à Matines, d’Introït et de Graduel à la Messe. C’est la parole de Moïse annonçant au peuple la Manne céleste que Dieu enverra le lendemain. Nous aussi, nous attendons notre Manne, Jésus-Christ, Pain de vie, qui va naître dans Bethléhem, la Maison du Pain.

Considérons la très pure Marie, toujours accompagnée de son fidèle époux Joseph, sortant de Jérusalem et se dirigeant vers Bethléhem. Ils y arrivent après quelques heures de marche, et, pour obéira la volonté céleste, ils se rendent au lieu où ils devaient être enregistrés, selon l’édit de l’Empereur. On inscrit sur le registre public un artisan nommé Joseph, charpentier à Nazareth de Galilée ; sans doute on ajoute le nom de son épouse Marie qui l’a accompagné dans le voyage ; peut-être même est-elle qualifiée de femme enceinte, dans son neuvième mois : c’est là tout. O Verbe incarné ! aux yeux des hommes, vous n’êtes donc pas encore un homme ? vous visitez cette terre, et vous y êtes inconnu ; et pourtant, tout ce mouvement, toute l’agitation qu’entraîne le dénombrement de l’Empire, n’ont d’autre but que d’amener Marie, votre auguste Mère, à Bethléhem, afin qu’elle vous y mette au monde. O Mystère ineffable ! que de grandeur dans cette bassesse apparente ! que de puissance dans cette faiblesse ! Toutefois, le souverain Seigneur n’est pas encore descendu assez. Il a parcouru les demeures des hommes, et les hommes ne Font pas reçu. Il va maintenant chercher un berceau dans l’étable des animaux sans raison : c’est là qu’en attendant les cantiques des Anges, les hommages des Bergers, les adorations des Mages, il trouvera le bœuf qui connaît son Maître, et l’âne qui s’attache à la crèche de son Seigneur. » O Sauveur des hommes, Emmanuel, Jésus, nous allons nous rendre aussi à l’étable ; nous ne laisserons pas s’accomplir solitaire et délaissée la nouvelle Naissance que vous allez prendre en cette nuit qui s’approche. A cette heure, vous allez frappant aux portes de Bethléhem, sans que les hommes consentent à vous ouvrir ; vous dites aux âmes, par la voix du divin Cantique : « Ouvre-moi, ma sœur, mon amie ! car ma tête est pleine de rosée, et mes cheveux imbibés des gouttes de la nuit. » Nous ne voulons pas que vous franchissiez notre demeure : nous vous supplions d’entrer ; nous nous tenons vigilants à notre porte. « Venez donc, « ô Seigneur Jésus ! venez ! »

 

 

 

 

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Samedi des Quatre-Temps de l’Avent

23 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Samedi des Quatre-Temps de l’Avent

Oraison

Seigneur Dieu, vous voyez les épreuves que nous subissons à cause du péché qui est en nous : accordez-nous de trouver le réconfort dans votre venue.

Lecture Is. 19, 20–22

En ces jours là : quand ils crieront vers le Seigneur, à cause des oppresseurs, il leur enverra un sauveur et un champion pour les délivrer. Le Seigneur se fera connaître de l’Égypte, et l’Égypte connaîtra le Seigneur, en ce jour-là ; ils feront des sacrifices et des offrandes ; ils feront des vœux au Seigneur et les accompliront. Le Seigneur frappera l’Égypte, frappant et guérissant. Ils se convertiront au Seigneur, et il se laissera fléchir par eux et les guérira.

Lecture Is. 35, 1–7

Voici ce que dit le Seigneur : Le désert et la terre aride se réjouiront ; la steppe sera dans l’allégresse, et fleurira comme le narcisse ; il se couvrira de fleurs et tressaillira, il poussera des cris de joie. La gloire du Liban lui sera donnée, avec la magnificence du Carmel et de Saron. Ils verront la gloire du Seigneur, la magnificence de notre Dieu ! Fortifiez les mains défaillantes, et affermissez les genoux qui chancellent ! Dites à ceux qui ont le cœur troublé ; « Prenez courage, ne craignez point : Voici votre Dieu ; la vengeance vient, une revanche divine, il vient lui-même et vous sauvera. » Alors s’ouvriront les yeux des aveugles, alors s’ouvriront les oreilles des sourds. Le boiteux bondira comme un cerf, et la langue du muet éclatera de joie. Car des eaux jailliront dans le désert, et des ruisseaux dans les steppes ; .Le sol brûlé se changera en un lac, et la terre altérée en sources d’eaux : Oracle du Seigneur Tout puissant.

Lecture Is. 40, 9–11

Voici ce que dit le Seigneur : Monte sur une haute montagne, toi qui portes à Sion la bonne nouvelle ; élève la voix avec force, toi qui portes à Jérusalem la bonne nouvelle ; élève-la, ne crains point ; dis aux villes de Juda « Voici votre Dieu ! » Voici que le Seigneur Dieu vient avec puissance ; son bras exerce la domination ; Voici que sa récompense est avec lui, et son salaire est devant lui. Comme un berger, il fera paître son troupeau ; il recueillera les agneaux dans ses bras, et les portera dans son sein, le Seigneur notre Dieu.

Lecture Is. 45, 1–8

Ainsi parle le Seigneur à son oint, à Cyrus , que j’ai pris par la main droite pour terrasser devant lui les nations, et pour délier la ceinture des rois, pour ouvrir devant lui les portes, afin que les entrées ne lui soient pas fermées. Moi, je marcherai devant toi ; j’aplanirai les chemins montueux ; je romprai les portes d’airain, et je briserai les verrous de fer. Je te donnerai les trésors cachés, et les richesses enfouies, afin que tu saches que je suis le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui t’ai appelé par ton nom. A cause de Jacob, mon serviteur, et d’Israël, mon élu, je t’ai appelé par ton nom ; je t’ai désigné quand tu ne me connaissais pas. Je suis le Seigneur, et il n’y en a point d’autre ; hors moi, il n’y a point de Dieu ! Je t’ai ceint quand tu ne me connaissais pas, afin que l’on sache ; du levant au couchant, qu’il n’y a rien en dehors de moi ! Je suis le Seigneur, et il n’y en a point d’autre ; je forme la lumière et crée les ténèbres, je fais la paix et je crée le malheur c’est moi le Seigneur qui fais tout cela. Cieux, répandez d’en haut votre rosée, et que les nuées fassent pleuvoir la justice ! Que la terre s’ouvre et produise le salut, qu’elle fasse germer la justice en même temps ! Moi ! Le Seigneur, je crée ces choses.

Épitre 2 Th. 2, 1–8

Mes Frères : En ce qui concerne l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ et notre réunion avec lui, nous vous prions, frères, de ne pas vous laisser ébranler facilement dans vos sentiments, ni alarmer, soit par quelque esprit, soit par quelque parole ou lettre supposées venir de nous, comme si le jour du Seigneur était imminent. Que personne ne vous égare d’aucune manière ; car auparavant viendra l’apostasie, et se manifestera l’homme de péché, le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou honoré d’un culte, jusqu’à s’asseoir dans le sanctuaire de Dieu, et à se présenter comme s’il était Dieu. Ne vous souvenez-vous pas que je vous disais ces choses, lorsque j’étais encore chez vous ? Et maintenant vous savez ce qui le retient, pour qu’il se manifeste en son temps. Car le mystère d’iniquité s’opère déjà, mais seulement jusqu’à ce que celui qui le retient encore paraisse au grand jour. Et alors se découvrira l’impie, que le Seigneur Jésus exterminera par le souffle de sa bouche, et anéantira par l’éclat de son avènement.

Évangile Lc. 3, 1–6

La quinzième année du règne de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée ; Hérode, tétrarque de la Galilée ; Philippe, son frère, tétrarque de l’Iturée et du pays de la Trachonitide, et Lysanias, tétrarque de l’Abilène ; au temps des grands prêtres Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut sur Jean, fils de Zacharie, dans le désert. Et il vint dans toute la région du Jourdain, prêchant un baptême de repentir pour la rémission des péchés, ainsi qu’il est écrit au livre des oracles du prophète Isaïe : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers. Toute vallée sera comblée, toute montagne et colline seront abaissées ; les chemins tortueux deviendront droits, et les raboteux unis. Et toute chair verra le salut de Dieu. »

Office

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Première leçon. A quel temps le Précurseur de notre Rédempteur reçut le mandat de prêcher, nous le trouvons indiqué par la double mention que fait l’Évangile, et du chef de l’empire Romain et des rois de la Judée. Il venait annoncer Celui qui allait en racheter quelques-uns d’entre les Juifs et un plus grand nombre d’entre les Gentils : voilà pourquoi on précise l’époque de sa prédication, en citant et un empereur des Gentils et les princes des Juifs. La Gentilité devait être rassemblée, tandis que la nation juive allait être dispersée, en punition de sa perfidie, cela aussi nous est indiqué par la mention faite des chefs du pouvoir civil : un seul, dit l’Évangile, dominait dans la République Romaine, tandis que plusieurs princes commandaient dans la Judée, divisée en quatre parties.
Deuxième leçon. En effet, voici la parole de notre Rédempteur : « Tout royaume divisé contre lui-même sera détruit. » II est donc visible que le royaume de Judée, divisé et soumis à tant de chefs, touchait à son terme. C’est aussi avec raison qu’on ne dit pas seulement sous quels princes, mais encore sous quels prêtres la parole du Seigneur se fit entendre au Fils de Zacharie dans le désert. Comme Celui que Jean-Baptiste annonçait devait être à la fuis Roi et Prêtre, l’Évangéliste saint Luc désigne le temps de sa prédication par la mention et des chefs du gouvernement civil et des autorités sacerdotales.
Troisième leçon. « Et il vint dans toute la région du Jourdain, prêchant le baptême de pénitence pour la rémission des péchés. » Il est évident pour tous les lecteurs, que Jean n’a pas seulement prêché le baptême de la pénitence, mais qu’il le donna aussi à plusieurs : cependant il n’a pas pu donner son baptême en rémission des péchés, car la rémission des péchés ne nous est accordée que par le seul baptême du Christ. Aussi, faut-il remarquer qu’il est dit : « prêchant le baptême de la pénitence pour la rémission des péchés » ; car, ne pouvant donner le baptême qui remet les péchés, il le prêchait. De sorte que, comme la parole de sa prédication était l’avant-coureur de la Parole incarnée du Père, de même son baptême, par lequel les péchés ne pouvaient être remis, fut l’avant-coureur du baptême de pénitence qui remet les péchés.

Prope est iam Dóminus : veníte, adorémus. Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

La lecture du Prophète Isaïe est encore suspendue en ce jour, et remplacée à Matines par une Homélie sur l’Évangile de la Messe. Cet Évangile se trouvant répété à la Messe du IVe Dimanche de l’Avent, qui est demain, nous ne nous en occuperons pas aujourd’hui. Nous donnerons seulement ici la raison pour laquelle le Missel n’assigne qu’un seul Évangile à ces deux Messes.

L’usage fut d’abord, dans l’Église Romaine, de célébrer l’Ordination dans la nuit du Samedi au Dimanche, en la même manière qu’on administrait le Baptême aux catéchumènes dans la nuit du Samedi saint au jour de Pâques. La cérémonie avait lieu vers minuit, et se prolongeait toujours d’une manière notable sur le Dimanche, en sorte que la Messe de l’Ordination comptait pour celle du Dimanche lui-même. Plus tard, la discipline s’adoucit, et ces veilles pénibles furent supprimées ; on avança la Messe de l’Ordination, comme on a avancé aussi celle du Samedi saint ; en sorte que le quatrième Dimanche de l’Avent et le deuxième de Carême n’ayant point eu jusqu’alors d’Évangile propre, puisqu’ils n’avaient pas de Messe propre, il fut réglé, vers les Xe ou XIe siècles, qu’on répéterait l’Évangile de la Messe de l’Ordination dans la Messe spéciale de ces deux Dimanches.

La Station est à Saint-Pierre, le Samedi, à cause de l’Ordination. Cette Basilique convenait mieux que toute autre pour réunir le peuple, ayant toujours été une des plus vastes de la ville de Rome.

Honorons Marie en ce jour du Samedi qui lui est consacré, en nous unissant aux cantiques de l’Église Orientale, toujours inépuisable dans les louanges de la Mère de Dieu.

 

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Vendredi des Quatre-Temps de l’Avent

22 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Vendredi des Quatre-Temps de l’Avent

Collecte

Excitez votre puissance, Seigneur, et venez, pour que vos fidèles confiants en votre bonté, soient très vite délivrés de tout ce qui leur fait obstacle.

Lecture Is. 11, 1–5

Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Un rameau sortira du tronc de Jessé, et de ses racines croîtra un rejeton. Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur, esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur ; Il mettra ses délices dans la crainte du Seigneur. Il ne jugera point sur ce qui paraîtra à ses yeux, et il ne prononcera point sur ce qui frappera ses oreilles. Il jugera les petits avec justice, et prononcera selon le droit pour les humbles de la terre. Il frappera la terre de la verge de sa bouche, et par le souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant. La justice ceindra ses flancs, et la fidélité sera la ceinture de ses reins.

Évangile Lc. 1, 39–47

En ce temps-là : Marie partit et s’en alla en hâte vers la montagne, en une ville de Juda. Et elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit. Et elle s’écria à haute voix, disant : « Vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. Et d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? Car votre voix, lorsque vous m’avez saluée, n’a pas plus tôt frappé mes oreilles, que l’enfant a tressailli de joie dans mon sein.Heureuse celle qui a cru ! Car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur ! » Et Marie dit : « Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu, mon Sauveur »

Office

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Première leçon. Ordinairement, qui veut être cru commence par prouver qu’il est digne de foi. Aussi l’Ange, annonçant à Marie le mystère qui va s’accomplir, lui dit, pour la convaincre, qu’une femme stérile et avancée en âge est devenue mère, et il lui fait ainsi comprendre que Dieu peut tout ce qui lui plaît. Dès que Marie eut appris cette nouvelle, elle se dirigea vers les montagnes. Ce n’est pas qu’elle fût incrédule à l’oracle de l’Ange, ou qu’elle doutât de la réalité de la mission du messager qui lui était envoyé, ni même qu’elle hésitât sur l’exemple qui lui avait été donné ; mais Marie était heureuse de voir les désirs de sa cousine réalisés ; elle voulut remplir, en la visitant, un pieux devoir, et partit en toute hâte, car la joie la transportait. Déjà pleine de Dieu, où se dirigerait-elle avec tant d’empressement, sinon vers des régions plus élevées ? La grâce du Saint-Esprit ne connaît pas de lenteur dans les efforts qu’elle inspire.
Deuxième leçon. O saintes femmes, apprenez avec quel empressement vous, devez assister vos parentes lorsqu’elles sont enceintes. Auparavant, Marie vivait seule dans le fond de sa demeure ; maintenant, sa pudeur virginale ne la détourne pas de paraître en public ; l’aspérité des montagnes n’arrête pas les élans de son zèle, la longueur du chemin ne la décourage pas dans son empressement à rendre service. La Vierge quitte sa maison et se dirige en grande hâte vers les montagnes et elle part, préoccupée de son devoir, sans penser aux difficultés, écoutant sa charité plutôt que la faiblesse de son sexe. O Vierges, apprenez à ne pas courir ça et là chez les autres, à ne pas vous arrêter sur les places, à ne prendre part à aucun entretien en public. Marie, lente à sortir de chez elle, pressée quand elle est au milieu du monde, resta trois mois chez sa cousine.
Troisième leçon. Vous avez appris, ô vierges, la pudeur de Marie ; apprenez son humilité. Une parente vient chez sa parente ; la plus jeune vient voir la plus âgée ; et non seulement elle vient, mais aussi, elle salue la première. Car il convient qu’une vierge soit d’autant plus humble qu’elle est plus chaste. Qu’elle sache user de déférence envers les personnes plus âgées ; que celle qui fait profession de chasteté enseigne l’humilité. C’est à la fois, un effet de sa piété et une règle pour notre instruction. Il faut remarquer avec soin, que c’est ici le supérieur qui vient à l’inférieur, pour que l’inférieur soit secouru : Marie vient à Élisabeth et le Christ à Jean.

Prope est iam Dóminus : veníte, adorémus. Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

L’Église ne lit rien du Prophète Isaïe en ce jour ; elle se contente de rappeler, à l’Office des Matines, le passage de l’Évangile où saint Luc raconte le mystère de la Visitation de la Sainte Vierge ; après quoi on lit un fragment du Commentaire de saint Ambroise sur ce même passage. Nous réservons, pour le Propre des Saints ci-après, les considérations et les affections que doit inspirer aux fidèles cette importante circonstance de la vie de la Mère de Dieu.

La Station de ce jour est en l’Église des Saints-Apôtres, que plusieurs pensent avoir été bâtie d’abord par Constantin, et dans laquelle les glorieux corps des deux saints Apôtres Philippe et Jacques le Mineur, ensevelis sous l’autel, attendent le second Avènement de celui qui les choisit pour ses coopérateurs dans l’œuvre du premier, et aux côtés auquel ils siégeront sur des trônes au dernier jour, pour juger les douze Tribus d’Israël. (Mt. XIX.)

Nous nous unirons aux intentions de la sainte Église, qui nous propose aujourd’hui la Visitation de la Sainte Vierge, en récitant la Prose suivante, composée à la louange de ce mystère, dans les siècles de foi :

PROSE EN L’HONNEUR DE LA SAINTE VIERGE.
(Tirée des anciens Missels Romains-Français.)

Salut, Mère du Verbe divin, ô virginale humilité ! Salut, Mère sans tache humble virginité !
Soyez dans la joie, vous qui devenez féconde, et votre fardeau n’est point lourd ; soyez dans la joie, vous dont le fils est un poids doux à porter.
Salut, rejeton de Jessé, branche en fruits féconde ; salut, porte close du temple, ouverte à Dieu seul.
Triomphez, toison de Gédéon, baignée de la rosée de l’Esprit-Saint ; triomphez, tente de Salomon, de toutes la plus éclatante.
Salut, Etoile scintillante de Jacob, dont la lueur illumine toutes les mers ; salut, demeure scellée, buisson à la puissante flamme.
Réjouissez-vous : le soleil est votre vêtement ; humble Etoile, vous enfanterez le Soleil. Réjouissez-vous, vous l’élue entre mille, la radieuse Échelle des cieux.
Chantez, vous l’aurore naissante dans l’éclat d’un astre nouveau. Chantez, vous l’Arche d’alliance, dont le sein garde trois trésors pour les pécheurs.
Il est temps que votre âme glorifie le Christ Jésus ; et pour que nous le chantions avec vous, priez, ô douce Marie ! Amen.

PRIÈRE DU SACRAMENTAIRE GALLICAN.
(In Adventu Domini, Collecte.)

Purifiez, Seigneur Dieu tout-puissant, les secrets de nos cœurs ; et dans votre miséricorde, lavez toutes les taches de nos péchés. Faites, Seigneur, que par votre clémence à jamais bénie, étant dégagés de nos crimes, nous puissions attendre sans frayeur le redoutable et terrible Avènement de notre Seigneur Jésus-Christ.

Vendredi des Quatre-Temps de l’Avent
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IIª-IIae q. 26

21 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

IIª-IIae q. 26

Quaestio 26

Prooemium

IIª-IIae q. 26 pr. Deinde considerandum est de ordine caritatis. Et circa hoc quaeruntur tredecim. Primo, utrum sit aliquis ordo in caritate. Secundo, utrum homo debeat Deum diligere plus quam proximum. Tertio, utrum plus quam seipsum. Quarto, utrum se plus quam proximum. Quinto, utrum homo debeat plus diligere proximum quam corpus proprium. Sexto, utrum unum proximum plus quam alterum. Septimo, utrum plus proximum meliorem, vel sibi magis coniunctum. Octavo, utrum coniunctum sibi secundum carnis affinitatem, vel secundum alias necessitudines. Nono, utrum ex caritate plus debeat diligere filium quam patrem. Decimo, utrum magis debeat diligere matrem quam patrem. Undecimo, utrum uxorem plus quam patrem vel matrem. Duodecimo, utrum magis benefactorem quam beneficiatum. Decimotertio, utrum ordo caritatis maneat in patria.

Articulus 1

IIª-IIae q. 26 a. 1 arg. 1 Ad primum sic proceditur. Videtur quod in caritate non sit aliquis ordo. Caritas enim quaedam virtus est. Sed in aliis virtutibus non assignatur aliquis ordo. Ergo neque in caritate aliquis ordo assignari debet.

IIª-IIae q. 26 a. 1 arg. 2 Praeterea, sicuti fidei obiectum est prima veritas, ita caritatis obiectum est summa bonitas. Sed in fide non ponitur aliquis ordo, sed omnia aequaliter creduntur. Ergo nec in caritate debet poni aliquis ordo.

IIª-IIae q. 26 a. 1 arg. 3 Praeterea, caritas in voluntate est. Ordinare autem non est voluntatis, sed rationis. Ergo ordo non debet attribui caritati.

IIª-IIae q. 26 a. 1 s. c. Sed contra est quod dicitur Ct. II, introduxit me rex in cellam vinariam; ordinavit in me caritatem.

IIª-IIae q. 26 a. 1 co. Respondeo dicendum quod, sicut philosophus dicit, in V Metaphys., prius et posterius dicitur secundum relationem ad aliquod principium. Ordo autem includit in se aliquem modum prioris et posterioris. Unde oportet quod ubicumque est aliquod principium, sit etiam aliquis ordo. Dictum autem est supra quod dilectio caritatis tendit in Deum sicut in principium beatitudinis, in cuius communicatione amicitia caritatis fundatur. Et ideo oportet quod in his quae ex caritate diliguntur attendatur aliquis ordo, secundum relationem ad primum principium huius dilectionis, quod est Deus.

IIª-IIae q. 26 a. 1 ad 1 Ad primum ergo dicendum quod caritas tendit in ultimum finem sub ratione finis ultimi, quod non convenit alicui alii virtuti, ut supra dictum est. Finis autem habet rationem principii in appetibilibus et in agendis, ut ex supradictis patet. Et ideo caritas maxime importat comparationem ad primum principium. Et ideo in ea maxime consideratur ordo secundum relationem ad primum principium.

IIª-IIae q. 26 a. 1 ad 2 Ad secundum dicendum quod fides pertinet ad vim cognitivam, cuius operatio est secundum quod res cognitae sunt in cognoscente. Caritas autem est in vi affectiva, cuius operatio consistit in hoc quod anima tendit in ipsas res. Ordo autem principalius invenitur in ipsis rebus; et ex eis derivatur ad cognitionem nostram. Et ideo ordo magis appropriatur caritati quam fidei. Licet etiam in fide sit aliquis ordo, secundum quod principaliter est de Deo, secundario autem de aliis quae referuntur ad Deum.

IIª-IIae q. 26 a. 1 ad 3 Ad tertium dicendum quod ordo pertinet ad rationem sicut ad ordinantem, sed ad vim appetitivam pertinet sicut ad ordinatam. Et hoc modo ordo in caritate ponitur.

Articulus 2

IIª-IIae q. 26 a. 2 arg. 1 Ad secundum sic proceditur. Videtur quod Deus non sit magis diligendus quam proximus. Dicitur enim I Ioan. IV, qui non diligit fratrem suum, quem videt, Deum, quem non videt, quomodo potest diligere? Ex quo videtur quod illud sit magis diligibile quod est magis visibile, nam et visio est principium amoris, ut dicitur IX Ethic. Sed Deus est minus visibilis quam proximus. Ergo etiam est minus ex caritate diligibilis.

IIª-IIae q. 26 a. 2 arg. 2 Praeterea, similitudo est causa dilectionis, secundum illud Eccli. XIII, omne animal diligit simile sibi. Sed maior est similitudo hominis ad proximum suum quam ad Deum. Ergo homo ex caritate magis diligit proximum quam Deum.

IIª-IIae q. 26 a. 2 arg. 3 Praeterea, illud quod in proximo caritas diligit, Deus est; ut patet per Augustinum, in I de Doct. Christ. Sed Deus non est maior in seipso quam in proximo. Ergo non est magis diligendus in seipso quam in proximo. Ergo non debet magis diligi Deus quam proximus.

IIª-IIae q. 26 a. 2 s. c. Sed contra, illud magis est diligendum propter quod aliqua odio sunt habenda. Sed proximi sunt odio habendi propter Deum, si scilicet a Deo abducunt, secundum illud Lc. XIV, si quis venit ad me et non odit patrem et matrem et uxorem et filios et fratres et sorores, non potest meus esse discipulus. Ergo Deus est magis ex caritate diligendus quam proximus.

IIª-IIae q. 26 a. 2 co. Respondeo dicendum quod unaquaeque amicitia respicit principaliter illud in quo principaliter invenitur illud bonum super cuius communicatione fundatur, sicut amicitia politica principalius respicit principem civitatis, a quo totum bonum commune civitatis dependet; unde et ei maxime debetur fides et obedientia a civibus. Amicitia autem caritatis fundatur super communicatione beatitudinis, quae consistit essentialiter in Deo sicut in primo principio, a quo derivatur in omnes qui sunt beatitudinis capaces. Et ideo principaliter et maxime Deus est ex caritate diligendus, ipse enim diligitur sicut beatitudinis causa; proximus autem sicut beatitudinem simul nobiscum ab eo participans.

IIª-IIae q. 26 a. 2 ad 1 Ad primum ergo dicendum quod dupliciter est aliquid causa dilectionis. Uno modo, sicut id quod est ratio diligendi. Et hoc modo bonum est causa diligendi, quia unumquodque diligitur inquantum habet rationem boni. Alio modo, quia est via quaedam ad acquirendum dilectionem. Et hoc modo visio est causa dilectionis, non quidem ita quod ea ratione sit aliquid diligibile quia est visibile; sed quia per visionem perducimur ad dilectionem non ergo oportet quod illud quod est magis visibile sit magis diligibile, sed quod prius occurrat nobis ad diligendum. Et hoc modo argumentatur apostolus. Proximus enim, quia est nobis magis visibilis, primo occurrit nobis diligendus, ex his enim quae novit animus discit incognita amare, ut Gregorius dicit, in quadam homilia. Unde si aliquis proximum non diligit, argui potest quod nec Deum diligit, non propter hoc quod proximus sit magis diligibilis; sed quia prius diligendus occurrit. Deus autem est magis diligibilis propter maiorem bonitatem.

IIª-IIae q. 26 a. 2 ad 2 Ad secundum dicendum quod similitudo quam habemus ad Deum est prior et causa similitudinis quam habemus ad proximum, ex hoc enim quod participamus a Deo id quod ab ipso etiam proximus habet similes proximo efficimur. Et ideo ratione similitudinis magis debemus Deum quam proximum diligere.

IIª-IIae q. 26 a. 2 ad 3 Ad tertium dicendum quod Deus, secundum substantiam suam consideratus, in quocumque sit, aequalis est, quia non minuitur per hoc quod est in aliquo. Sed tamen non aequaliter habet proximus bonitatem Dei sicut habet ipsam Deus, nam Deus habet ipsam essentialiter, proximus autem participative.

Articulus 3

IIª-IIae q. 26 a. 3 arg. 1 Ad tertium sic proceditur. Videtur quod homo non debeat ex caritate plus Deum diligere quam seipsum. Dicit enim philosophus, in IX Ethic., quod amicabilia quae sunt ad alterum veniunt ex amicabilibus quae sunt ad seipsum. Sed causa est potior effectu. Ergo maior est amicitia hominis ad seipsum quam ad quemcumque alium. Ergo magis se debet diligere quam Deum.

IIª-IIae q. 26 a. 3 arg. 2 Praeterea, unumquodque diligitur inquantum est proprium bonum. Sed id quod est ratio diligendi magis diligitur quam id quod propter hanc rationem diligitur, sicut principia, quae sunt ratio cognoscendi, magis cognoscuntur. Ergo homo magis diligit seipsum quam quodcumque aliud bonum dilectum. Non ergo magis diligit Deum quam seipsum.

IIª-IIae q. 26 a. 3 arg. 3 Praeterea, quantum aliquis diligit Deum, tantum diligit frui eo. Sed quantum aliquis diligit frui Deo, tantum diligit seipsum, quia hoc est summum bonum quod aliquis sibi velle potest. Ergo homo non plus debet ex caritate Deum diligere quam seipsum.

IIª-IIae q. 26 a. 3 s. c. Sed contra est quod Augustinus dicit, in I de Doct. Christ., si teipsum non propter te debes diligere, sed propter ipsum ubi dilectionis tuae rectissimus finis est, non succenseat aliquis alius homo si et ipsum propter Deum diligas. Sed propter quod unumquodque, illud magis. Ergo magis debet homo diligere Deum quam seipsum.

IIª-IIae q. 26 a. 3 co. Respondeo dicendum quod a Deo duplex bonum accipere possumus, scilicet bonum naturae, et bonum gratiae. Super communicatione autem bonorum naturalium nobis a Deo facta fundatur amor naturalis, quo non solum homo in suae integritate naturae super omnia diligit Deum et plus quam seipsum, sed etiam quaelibet creatura suo modo, idest vel intellectuali vel rationali vel animali, vel saltem naturali amore, sicut lapides et alia quae cognitione carent, quia unaquaeque pars naturaliter plus amat commune bonum totius quam particulare bonum proprium. Quod manifestatur ex opere, quaelibet enim pars habet inclinationem principalem ad actionem communem utilitati totius. Apparet etiam hoc in politicis virtutibus, secundum quas cives pro bono communi et dispendia propriarum rerum et personarum interdum sustinent. Unde multo magis hoc verificatur in amicitia caritatis, quae fundatur super communicatione donorum gratiae. Et ideo ex caritate magis debet homo diligere Deum, qui est bonum commune omnium, quam seipsum, quia beatitudo est in Deo sicut in communi et fontali omnium principio qui beatitudinem participare possunt.

IIª-IIae q. 26 a. 3 ad 1 Ad primum ergo dicendum quod philosophus loquitur de amicabilibus quae sunt ad alterum in quo bonum quod est obiectum amicitiae invenitur secundum aliquem particularem modum, non autem de amicabilibus quae sunt ad alterum in quo bonum praedictum invenitur secundum rationem totius.

IIª-IIae q. 26 a. 3 ad 2 Ad secundum dicendum quod bonum totius diligit quidem pars secundum quod est sibi conveniens, non autem ita quod bonum totius ad se referat, sed potius ita quod seipsam refert in bonum totius.

IIª-IIae q. 26 a. 3 ad 3 Ad tertium dicendum quod hoc quod aliquis velit frui Deo, pertinet ad amorem quo Deus amatur amore concupiscentiae. Magis autem amamus Deum amore amicitiae quam amore concupiscentiae, quia maius est in se bonum Dei quam participare possumus fruendo ipso. Et ideo simpliciter homo magis diligit Deum ex caritate quam seipsum.

Articulus 4

IIª-IIae q. 26 a. 4 arg. 1 Ad quartum sic proceditur. Videtur quod homo ex caritate non magis debeat diligere seipsum quam proximum. Principale enim obiectum caritatis est Deus, ut supra dictum est. Sed quandoque homo habet proximum magis Deo coniunctum quam sit ipse. Ergo debet aliquis magis talem diligere quam seipsum.

IIª-IIae q. 26 a. 4 arg. 2 Praeterea, detrimentum illius quem magis diligimus, magis vitamus. Sed homo ex caritate sustinet detrimentum pro proximo, secundum illud Proverb. XII, qui negligit damnum propter amicum, iustus est. Ergo homo debet ex caritate magis alium diligere quam seipsum.

IIª-IIae q. 26 a. 4 arg. 3 Praeterea, I ad Cor. XIII dicitur quod caritas non quaerit quae sua sunt. Sed illud maxime amamus cuius bonum maxime quaerimus. Ergo per caritatem aliquis non amat seipsum magis quam proximum.

IIª-IIae q. 26 a. 4 s. c. Sed contra est quod dicitur Lv. XIX, et Mt. XXII, diliges proximum tuum sicut teipsum, ex quo videtur quod dilectio hominis ad seipsum est sicut exemplar dilectionis quae habetur ad alterum. Sed exemplar potius est quam exemplatum. Ergo homo ex caritate magis debet diligere seipsum quam proximum.

IIª-IIae q. 26 a. 4 co. Respondeo dicendum quod in homine duo sunt, scilicet natura spiritualis, et natura corporalis. Per hoc autem homo dicitur diligere seipsum quod diligit se secundum naturam spiritualem, ut supra dictum est. Et secundum hoc debet homo magis se diligere, post Deum, quam quemcumque alium. Et hoc patet ex ipsa ratione diligendi. Nam sicut supra dictum est, Deus diligitur ut principium boni super quo fundatur dilectio caritatis; homo autem seipsum diligit ex caritate secundum rationem qua est particeps praedicti boni; proximus autem diligitur secundum rationem societatis in isto bono. Consociatio autem est ratio dilectionis secundum quandam unionem in ordine ad Deum. Unde sicut unitas potior est quam unio, ita quod homo ipse participet bonum divinum est potior ratio diligendi quam quod alius associetur sibi in hac participatione. Et ideo homo ex caritate debet magis seipsum diligere quam proximum. Et huius signum est quod homo non debet subire aliquod malum peccati, quod contrariatur participationi beatitudinis, ut proximum liberet a peccato.

IIª-IIae q. 26 a. 4 ad 1 Ad primum ergo dicendum quod dilectio caritatis non solum habet quantitatem a parte obiecti, quod est Deus; sed ex parte diligentis qui est ipse homo caritatem habens, sicut et quantitas cuiuslibet actionis dependet quodammodo ex ipso subiecto. Et ideo, licet proximus melior sit Deo propinquior, quia tamen non est ita propinquus caritatem habenti sicut ipse sibi, non sequitur quod magis debeat aliquis proximum quam seipsum diligere.

IIª-IIae q. 26 a. 4 ad 2 Ad secundum dicendum quod detrimenta corporalia debet homo sustinere propter amicum, et in hoc ipso seipsum magis diligit secundum spiritualem mentem, quia hoc pertinet ad perfectionem virtutis, quae est bonum mentis. Sed in spiritualibus non debet homo pati detrimentum peccando ut proximum liberet a peccato, sicut dictum est.

IIª-IIae q. 26 a. 4 ad 3 Ad tertium dicendum quod, sicut Augustinus dicit, in regula, quod dicitur, caritas non quaerit quae sua sunt, sic intelligitur quia communia propriis anteponit. Semper autem commune bonum est magis amabile unicuique quam proprium bonum, sicut etiam ipsi parti est magis amabile bonum totius quam bonum partiale sui ipsius, ut dictum est.

Articulus 5

IIª-IIae q. 26 a. 5 arg. 1 Ad quintum sic proceditur. Videtur quod homo non magis debeat diligere proximum quam corpus proprium. In proximo enim intelligitur corpus nostri proximi. Si ergo debet homo diligere proximum plus quam corpus proprium, sequitur quod plus debeat diligere corpus proximi quam corpus proprium.

IIª-IIae q. 26 a. 5 arg. 2 Praeterea, homo plus debet diligere animam propriam quam proximum, ut dictum est. Sed corpus proprium propinquius est animae nostrae quam proximus. Ergo plus debemus diligere corpus proprium quam proximum.

IIª-IIae q. 26 a. 5 arg. 3 Praeterea, unusquisque exponit id quod minus amat pro eo quod magis amat. Sed non omnis homo tenetur exponere corpus proprium pro salute proximi, sed hoc est perfectorum, secundum illud Ioan. XV, maiorem caritatem nemo habet quam ut animam suam ponat quis pro amicis suis. Ergo homo non tenetur ex caritate plus diligere proximum quam corpus proprium.

IIª-IIae q. 26 a. 5 s. c. Sed contra est quod Augustinus dicit, in I de Doct. Christ., quod plus debemus diligere proximum quam corpus proprium.

IIª-IIae q. 26 a. 5 co. Respondeo dicendum quod illud magis est ex caritate diligendum quod habet pleniorem rationem diligibilis ex caritate, ut dictum est. Consociatio autem in plena participatione beatitudinis, quae est ratio diligendi proximum, est maior ratio diligendi quam participatio beatitudinis per redundantiam, quae est ratio diligendi proprium corpus. Et ideo proximum, quantum ad salutem animae, magis debemus diligere quam proprium corpus.

IIª-IIae q. 26 a. 5 ad 1 Ad primum ergo dicendum quod quia, secundum philosophum, in IX Ethic., unumquodque videtur esse id quod est praecipuum in ipso; cum dicitur proximus esse magis diligendus quam proprium corpus, intelligitur hoc quantum ad animam, quae est potior pars eius.

IIª-IIae q. 26 a. 5 ad 2 Ad secundum dicendum quod corpus nostrum est propinquius animae nostrae quam proximus quantum ad constitutionem propriae naturae. Sed quantum ad participationem beatitudinis maior est consociatio animae proximi ad animam nostram quam etiam corporis proprii.

IIª-IIae q. 26 a. 5 ad 3 Ad tertium dicendum quod cuilibet homini imminet cura proprii corporis, non autem imminet cuilibet homini cura de salute proximi, nisi forte in casu. Et ideo non est de necessitate caritatis quod homo proprium corpus exponat pro salute proximi, nisi in casu quod tenetur eius saluti providere. Sed quod aliquis sponte ad hoc se offerat, pertinet ad perfectionem caritatis.

Articulus 6

IIª-IIae q. 26 a. 6 arg. 1 Ad sextum sic proceditur. Videtur quod unus proximus non sit magis diligendus quam alius. Dicit enim Augustinus, in I de Doct. Christ., omnes homines aeque diligendi sunt. Sed cum omnibus prodesse non possis, his potissimum consulendum est qui pro locorum et temporum vel quarumlibet rerum opportunitatibus, constrictius tibi quasi quadam sorte iunguntur. Ergo proximorum unus non est magis diligendus quam alius.

IIª-IIae q. 26 a. 6 arg. 2 Praeterea, ubi una et eadem est ratio diligendi diversos, non debet esse inaequalis dilectio. Sed una est ratio diligendi omnes proximos, scilicet Deus; ut patet per Augustinum, in I de Doct. Christ. Ergo omnes proximos aequaliter diligere debemus.

IIª-IIae q. 26 a. 6 arg. 3 Praeterea, amare est velle bonum alicui; ut patet per philosophum, in II Rhet. Sed omnibus proximis aequale bonum volumus, scilicet vitam aeternam. Ergo omnes proximos aequaliter debemus diligere.

IIª-IIae q. 26 a. 6 s. c. Sed contra est quod tanto unusquisque magis debet diligi, quanto gravius peccat qui contra eius dilectionem operatur. Sed gravius peccat qui agit contra dilectionem aliquorum proximorum quam qui agit contra dilectionem aliorum, unde Lv. XX praecipitur quod qui maledixerit patri aut matri, morte moriatur, quod non praecipitur de his qui alios homines maledicunt. Ergo quosdam proximorum magis debemus diligere quam alios.

IIª-IIae q. 26 a. 6 co. Respondeo dicendum quod circa hoc fuit duplex opinio. Quidam enim dixerunt quod omnes proximi sunt aequaliter ex caritate diligendi quantum ad affectum, sed non quantum ad exteriorem effectum; ponentes ordinem dilectionis esse intelligendum secundum exteriora beneficia, quae magis debemus impendere proximis quam alienis; non autem secundum interiorem affectum, quem aequaliter debemus impendere omnibus, etiam inimicis. Sed hoc irrationabiliter dicitur. Non enim minus est ordinatus affectus caritatis, qui est inclinatio gratiae, quam appetitus naturalis, qui est inclinatio naturae, utraque enim inclinatio ex divina sapientia procedit. Videmus autem in naturalibus quod inclinatio naturalis proportionatur actui vel motui qui convenit naturae uniuscuiusque, sicut terra habet maiorem inclinationem gravitatis quam aqua, quia competit ei esse sub aqua. Oportet igitur quod etiam inclinatio gratiae, quae est affectus caritatis, proportionetur his quae sunt exterius agenda, ita scilicet ut ad eos intensiorem caritatis affectum habeamus quibus convenit nos magis beneficos esse. Et ideo dicendum est quod etiam secundum affectum oportet magis unum proximorum quam alium diligere. Et ratio est quia, cum principium dilectionis sit Deus et ipse diligens, necesse est quod secundum propinquitatem maiorem ad alterum istorum principiorum maior sit dilectionis affectus, sicut enim supra dictum est, in omnibus in quibus invenitur aliquod principium, ordo attenditur secundum comparationem ad illud principium.

IIª-IIae q. 26 a. 6 ad 1 Ad primum ergo dicendum quod dilectio potest esse inaequalis dupliciter. Uno modo, ex parte eius boni quod amico optamus. Et quantum ad hoc, omnes homines aeque diligimus ex caritate, quia omnibus optamus bonum idem in genere, scilicet beatitudinem aeternam. Alio modo dicitur maior dilectio propter intensiorem actum dilectionis. Et sic non oportet omnes aeque diligere. Vel aliter dicendum quod dilectio inaequaliter potest ad aliquos haberi dupliciter. Uno modo, ex eo quod quidam diliguntur et alii non diliguntur. Et hanc inaequalitatem oportet servare in beneficentia, quia non possumus omnibus prodesse, sed in benevolentia dilectionis talis inaequalitas haberi non debet. Alia vero est inaequalitas dilectionis ex hoc quod quidam plus aliis diliguntur. Augustinus ergo non intendit hanc excludere inaequalitatem, sed primam, ut patet ex his quae de beneficentia dicit.

IIª-IIae q. 26 a. 6 ad 2 Ad secundum dicendum quod non omnes proximi aequaliter se habent ad Deum, sed quidam sunt ei propinquiores, propter maiorem bonitatem. Qui sunt magis diligendi ex caritate quam alii, qui sunt ei minus propinqui.

IIª-IIae q. 26 a. 6 ad 3 Ad tertium dicendum quod ratio illa procedit de quantitate dilectionis ex parte boni quod amicis optamus.

 

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Saint Thomas apôtre mémoire de la Férie de l’Avent

21 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Thomas apôtre  mémoire de la Férie de l’Avent

Collecte

Faites-nous la grâce, nous vous en prions, Seigneur, de célébrer avec joie la solennité de votre bienheureux Apôtre Thomas, afin qu’étant toujours soutenus par sa protection, nous soyons, avec l’ardeur qui convient, les disciples de la foi qu’il a prêchée.

Office

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. L’Apôtre Thomas, appelé aussi Didyme, était galiléen. Après avoir reçu le Saint-Esprit, il alla prêcher l’Évangile dans beaucoup de provinces. Il enseigna les vérités de la foi et les préceptes de la vie chrétienne aux Parthes, aux Mèdes, aux Perses, aux Hircaniens, aux Bactriens. Enfin il se rendit dans les Indes, et instruisit les habitants de ces pays dans la religion chrétienne. La sainteté de sa vie et de sa doctrine et la grandeur de ses miracles ayant excité l’admiration des Indiens pour l’Apôtre, et leur amour pour Jésus-Christ, le roi de la contrée, adorateur zélé des idoles, en fut tout enflammé de colère. Il condamna Thomas à mourir, et celui-ci tomba, percé de traits, à Calamine, rehaussant ainsi par la couronne du martyre, l’honneur de son apostolat.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Septième leçon. Quelles sont vos réflexions, mes très chers frères, en entendant lire ce passage de l’Évangile ? Attribuez-vous à l’effet du hasard qu’un disciple, choisi par le Seigneur, se soit trouvé absent au moment de son apparition ; mais que, venant ensuite, il en ait entendu le récit, que l’entendant il ait douté, qu’ayant douté il ait touché, qu’ayant touché il ait cru ? Non, cela n’est point arrivé par hasard, mais par une disposition de la Providence. La divine bonté à tout, conduit d’une manière admirable, afin que ce disciple, sous l’empire du doute, jusqu’à ce qu’il eût palpé les blessures du corps de son Maître, guérît en nous les plaies de l’infidélité. En effet, l’incrédulité de Thomas a plus servi à l’affermissement de notre foi, que la foi des autres disciples déjà convaincus ; car en voyant que cet Apôtre revient à la foi en touchant le Christ, notre esprit renonce au moindre doute et se sent fortifié dans la foi.
Huitième leçon. Si le Seigneur a permis qu’après sa résurrection, un disciple doutât de la sorte, il ne l’a cependant pas abandonné dans le doute : c’est ainsi qu’avant sa naissance il voulut que Marie eût un époux, sans néanmoins qu’elle cessât d’être vierge. Or, de même que ce disciple, doutant d’abord, puis touchant les plaies de son Maître, devint un témoin de la vérité de la résurrection, ainsi l’époux de la Mère de Dieu avait été le gardien de sa très pure virginité. Thomas palpa les plaies du Sauveur et s’écria : « Mon Seigneur et mon Dieu ! Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, tu as cru. » Puisque l’Apôtre Paul dit : « La foi est le fondement des choses qu’on doit espérer, et la démonstration de celles qu’on ne voit point », il est clair et certain que la foi est la démonstration des vérités qui ne peuvent paraître à nos yeux ; car les vérités apparentes ne sont plus l’objet de la foi, mais de la connaissance.
Neuvième leçon. Pourquoi donc le Seigneur dit-il à Thomas, lorsque cet Apôtre eut vu, lorsqu’il eut palpé : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ? » C’est que, autre chose est ce qu’il a vu, et autre chose, ce qu’il a cru. Car un homme mortel ne peut voir la divinité. Il vit donc Jésus homme et il le confessa Dieu, disant : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » C’est donc en voyant qu’il a cru, c’est en considérant l’humanité véritable du Christ, qu’il a proclamé sa divinité que ses regards ne pouvaient atteindre. Les paroles qui suivent sont pour nous un sujet de joie : « Heureux ceux qui n’ont point vu et qui ont cru ! » Cette sentence s’adresse spécialement à nous qui, ne l’ayant point vu en sa chair, le retenons dans nos âmes par la foi. C’est nous que le Sauveur a désignés ; pourvu toutefois que nos œuvres soient conformes à notre foi. Car celui-là croit véritablement qui pratique ce qu’il croit.

Voici la dernière Fête que va célébrer l’Église avant celle de la Nativité de son Seigneur et Époux. Elle interrompt les Féries majeures pour honorer Thomas, Apôtre du Christ, et dont le glorieux martyre, consacrant à jamais ce jour, procura au peuple chrétien un puissant introducteur auprès du divin Messie. Il appartenait à ce grand Apôtre de paraître sur le Cycle dans les jours où nous sommes, afin que sa protection aidât les fidèles à croire et à espérer en ce Dieu qu’ils ne voient pas encore, et qui vient à eux sans bruit et sans éclat, afin d’exercer leur Foi. Saint Thomas douta un jour, et ne comprit le besoin de la Foi qu’après avoir passé parles ombres de l’incrédulité : il est juste qu’il vienne maintenant en aide aux enfants de l’Église, et qu’il les fortifie contre les tentations qui pourraient leur survenir de la part d’une raison orgueilleuse. Adressons-nous donc à lui avec confiance ; et du sein de la lumière où son repentir et son amour l’ont placé, il demandera pour nous la docilité d’esprit et de cœur qui nous est nécessaire pour voir et pour reconnaître Celui qui fait l’attente des nations, et qui, destiné à régner sur elles, n’annoncera son arrivée que par les faibles vagissements d’un enfant, et non par la voix tonnante d’un maître. L’Église a jugé à propos de nous présenter le récit des Actes de notre saint Apôtre aux Matines sous la forme la plus abrégée, dans la crainte de mêler quelques détails fabuleux aux faits incontestables que les sources authentiques nous fournissent.

GRANDE ANTIENNE DE SAINT THOMAS.

O Thomas Didyme ! vous qui avez mérité de voir le Christ, nous faisons monter vers vous nos prières à haute voix ; secourez-nous dans notre misère ; afin que nous ne soyons pas condamnés avec les impies, en l’Avènement du Juge.

L’Église grecque traite avec sa solennité ordinaire la fête de saint Thomas ; mais c’est au six octobre qu’elle la célèbre. Nous allons extraire quelques strophes des chants qu’elle lui a consacrés.

HYMNE DE SAINT THOMAS. (Tirée des Menées des Grecs.)
Quand ta main toucha le côté du Seigneur, tu trouvas le comble de tous les biens ; car ainsi qu’une éponge mystique, tu en exprimas de célestes liqueurs, tu y puisas la vie éternelle, bannissant toute ignorance dans les âmes, et faisant couler comme de source les dogmes divins de la connaissance de Dieu.
Par ton incrédulité et par ta foi tu as rendu stables ceux qui étaient dans la tentation, en proclamant le Dieu et Seigneur de toute créature, incarné pour nous sur cette terre, crucifié, soumis à la mort, percé de clous, et dont le côté fut ouvert par une lance, afin que nous y puisions la vie.
Tu as fais resplendir la terre des Indiens d’un vif éclat, ô très saint Apôtre, contemplateur de la divinité ! Après avoir illuminé ces peuples et les avoir rendus enfants de la lumière et du jour, tu renversas les temples de leurs idoles par la vertu de l’Esprit-Saint, et tu les fis s’élever, ô très prudent, jusqu’à la charité de Dieu, pour la louange et la gloire de l’Église, ô bienheureux intercesseur de nos âmes !
O contemplateur des choses divines, tu fus la coupe mystique de la Sagesse du Christ ! ô Thomas Apôtre, en qui se réjouissent les âmes des fidèles ! tu retiras les peuples de l’abime de l’ignorance avec les filets du divin Esprit : c’est pourquoi, tu as coulé, semblable à un fleuve de charité, répandant sur toute créature comme une source d’eau vive les enseignements divins. Percé aussi de la lance en ton propre côté, tu as imité la Passion du Christ, et tu as revêtu l’immortalité : supplie-le d’avoir pitié de nos âmes.

Glorieux Apôtre Thomas, vous qui avez amené au Christ un si grand nombre de nations infidèles, c’est à vous maintenant que s’adressent les âmes fidèles, pour que vous les introduisiez auprès de ce même Christ qui, dans cinq jours, se sera déjà manifesté à son Église. Pour mériter de paraître en sa divine présence, nous avons besoin, avant toutes choses, d’une lumière qui nous conduise jusqu’à lui. Cette lumière est la Foi : demandez pour nous la Foi. Un jour, le Seigneur daigna condescendre à votre faiblesse, et vous rassurer dans le doute que vous éprouviez sur la vérité de sa Résurrection ; priez, afin qu’il daigne aussi soutenir notre faiblesse, et se faire sentir à notre cœur. Toutefois, ô saint Apôtre, ce n’est pas une claire vision que nous demandons, mais la Foi simple et docile ; car Celui qui vient aussi pour nous vous a dit en se montrant à vous : Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui cependant ont cru ! Nous voulons être du nombre de ceux-là. Obtenez-nous donc cette Foi qui est du cœur et de la volonté, afin qu’en présence du divin Enfant enveloppé de langes et couché dans la crèche, nous puissions nous écrier aussi : Mon Seigneur et mon Dieu ! Priez, ô saint Apôtre, pour ces nations que vous avez évangélisées, et qui sont retombées dans les ombres de la mort. Que le jour vienne bientôt où le Soleil de justice luira une seconde fois pour elles. Bénissez les efforts des hommes apostoliques qui consacrent leurs sueurs et leur sang à l’œuvre des Missions ; obtenez que les jours de ténèbres soient abrégés,, et que les régions arrosées de votre sang voient enfin commencer le règne du Dieu que vous leur avez annoncé et que nous attendons.

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Mercredi des Quatre-Temps de l’Avent

20 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Mercredi des Quatre-Temps de l’Avent

Oraison

Faites, nous vous le demandons, Seigneur : que la solennité approchant de notre rédemption nous apporte avec elle les grâces nécessaires pour la vie présente et nous obtienne la récompense du bonheur éternel.

Lecture Is. 2. 2–5

En ces jours-là : Voici ce que dit le Prophète Isaïe : Il arrivera, à la fin des jours, que la Montagne de la maison du Seigneur sera établie au sommet des montagnes et élevée au-dessus des collines. Et vers elle toutes les nations afflueront, et des nations nombreuses viendront et diront : « Venez et montons à la montagne du Seigneur, à la maison du Dieu de Jacob ; il nous instruira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers. » Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem la parole du Seigneur. Il sera l’arbitre des peuples et le juge de nations nombreuses. Ils forgeront leurs épées en socs de charrue ; et leurs lances en faucilles. Une nation ne lèvera plus l’épée contre l’autre, et l’on n’apprendra plus la guerre. Maison de Jacob, venez, et marchons à la lumière du Seigneur.

Lecture Is. 7, 10–15

En ces jours là : Le Seigneur parla encore à Achaz, en disant : « Demande un signe au Seigneur, ton Dieu, demande-le dans les profondeurs du schéol ou dans les hauteurs du ciel. » Mais Achaz dit : « Je ne le demanderai pas, je ne tenterai pas le Seigneur. » Et Isaïe dit : « Écoutez, maison de David : Est-ce trop peu pour vous de fatiguer les hommes, que vous fatiguiez aussi mon Dieu ? C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la Vierge a conçu, et elle enfante un fils, et on lui donne le nom d’Emmanuel. Il mangera de la crème et du miel, jusqu’à ce qu’il sache rejeter le mal et choisir le bien. »

Évangile

En ce temps là : Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, vers une vierge qui était fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ; et le nom de la vierge était Marie. Étant entré où elle était, il lui dit : « Salut, pleine de grâce ! Le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre les femmes. » Mais à cette parole elle fut fort troublée, et elle se demandait ce que pouvait être cette salutation. L’ange lui dit : « Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n’aura point de fin. » Marie dit à l’ange : « Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais point l’homme ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit-Saint viendra sur vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu’Élisabeth, votre parente, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et ce mois-ci est le sixième pour elle que l’on appelait stérile, car rien ne sera impossible pour Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur : qu’il me soit fait selon votre parole ! » Et l’ange la quitta.

Office

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Première leçon. A la vérité, les secrets et les mystères de Dieu sont cachés, et, selon la parole d’un Prophète, il n’est pas facile aux hommes de pénétrer ses desseins ; cependant, par les autres actions et instructions du Sauveur, nous pouvons comprendre que ce n’est pas sans un dessein particulier que celle-là a été choisie pour enfanter le Seigneur, qui était l’épouse d’un homme. Mais, pourquoi n’a-t-elle pas été mère avant d’être épousée ? De crainte, peut-être, qu’on ne l’accusât d’adultère.
Deuxième leçon. Or, l’Ange vint vers elle. Reconnaissez la Vierge à ses actes, reconnaissez la Vierge à sa modestie, apprenez à la connaître par l’oracle qui lui est annoncé par le mystère qui s’opère en elle. C’est le propre des vierges de trembler, de s’effrayer à l’approche d’un homme, et de craindre tous ses discours. Que les femmes apprennent à imiter cet exemple de modestie. Marie vit seule dans le secret de sa demeure, se dérobant aux regards des hommes, un Ange seul trouve accès auprès d’elle. Elle est seule, sans compagnie ; seule, sans témoin, de crainte d’être corrompue par un entretien profane ; et l’Ange la salue.
Troisième leçon. Ce n’était pas la bouche d’un homme, mais celle d’un Ange, qui devait exposer le mystère d’un tel message. Aujourd’hui, pour la première fois l’on entend : « L’Esprit-Saint surviendra en vous. » On entend et on croit. « Voici, dit Marie, la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. » Voyez son humilité, voyez sa dévotion. Elle se dit la Servante du Seigneur, elle qui est choisie pour sa mère ; et elle ne s’enorgueillit pas de cette promesse inattendue.

Prope est iam Dóminus : veníte, adorémus. Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

Les Quatre-Temps

L’Église commence à pratiquer en ce jour le jeûne appelé des Quatre-Temps, lequel s’étend aussi au Vendredi et au Samedi suivants. Cette observance n’appartient point à l’économie liturgique de l’Avent : elle est une des institutions générales de l’Année Ecclésiastique. On peut la ranger au nombre des usages qui ont été imités de la Synagogue par l’Église ; car le prophète Zacharie parle du Jeûne du quatrième, du cinquième, du septième et du dixième mois. L’introduction de cette pratique dans l’Église chrétienne semble remonter aux temps apostoliques ; c’est du moins le sentiment de saint Léon, de saint Isidore de Séville, de Raban Maur et de plusieurs autres écrivains de l’antiquité chrétienne : néanmoins, il est remarquable que les Orientaux n’observent pas ce jeûne.

Dès les premiers siècles, les Quatre-Temps ont été fixés, dans l’Église Romaine, aux époques où on les garde encore présentement ; et si l’on trouve plusieurs témoignages des temps anciens dans lesquels il est parlé de Trois Temps et non de Quatre, c’est parce que les Quatre-Temps du printemps, arrivant toujours dans le cours de la première Semaine de Carême, n’ajoutent rien aux observances de la sainte Quarantaine déjà consacrée à une abstinence et à un jeûne plus rigoureux que ceux qui se pratiquent dans tout autre temps de l’année.

Les intentions du jeûne des Quatre-Temps sont les mêmes dans l’Église que dans la Synagogue : c’est-à-dire de consacrer par la pénitence chacune des saisons de l’année. Les Quatre-Temps de L’Avent sont connus, dans l’antiquité ecclésiastique, sous le nom de Jeûne du dixième mois ; et saint Léon nous apprend, dans un des Sermons qu’il nous a laissés sur ce jeûne, et dont l’Église a placé un fragment au second Nocturne du troisième dimanche de l’Avent, que cette époque a été choisie pour une manifestation spéciale de la pénitence chrétienne, parce que c’est alors que la récolte des fruits de la terre étant terminée, il convient que les chrétiens témoignent au Seigneur leur reconnaissance par un sacrifice d’abstinence, se rendant d’autant plus dignes d’approcher de Dieu, qu’ils sauront dominer davantage l’attrait des créatures ; « car, ajoute le saint Docteur, le jeûne a toujours été l’aliment de la vertu. Il est la source des pensées chastes, des t résolutions sages, des conseils salutaires. Par la mortification volontaire, la chair meurt aux 0 désirs de la concupiscence, l’esprit se renouvelle dans la vertu. Mais parce que le jeûne seul ne nous suffit pas pour acquérir le salut de nos âmes, suppléons au reste par des œuvres de miséricorde envers les pauvres. Faisons servira la vertu ce que nous retrancherons au plaisir ; et que l’abstinence de celui qui jeûne devienne la nourriture de l’indigent. »

Prenons notre part de ces avertissements, nous qui sommes les enfants de la sainte Église ; et puisque nous vivons à une époque où le jeûne de l’Avent n’existe plus, portons-nous avec d’autant plus de ferveur à remplir le précepte des Quatre-Temps, que ces trois jours, en y joignant la Vigile de Noël, sont les seuls auxquels la discipline actuelle de l’Église nous enjoigne d’une manière précise, en cette saison, l’obligation du jeûne. Ranimons en nous, à l’aide de ces légères observances, le zèle des siècles antiques, nous souvenant toujours que si la préparation intérieure est surtout nécessaire pour l’Avènement de Jésus-Christ dans nos âmes, cette préparation ne saurait être véritable en nous, sans se produire à l’extérieur par les pratiques de la religion et de la pénitence.

Le jeûne des Quatre-Temps a encore une autre fin que celle de consacrer, par un acte de piété, les diverses saisons de l’année ; il a une liaison intime avec l’Ordination des Ministres de l’Église, qui reçoivent le samedi leur consécration, et dont la proclamation avait lieu autrefois devant le peuple à la Messe du Mercredi. Dans l’Église Romaine, l’Ordination du mois de Décembre fut longtemps célèbre ; et il paraît, par les anciennes Chroniques des Papes, que, sauf les cas tout à fait extraordinaires, le dixième mois fut, durant plusieurs siècles, le seul où l’on conférât les saints Ordres à Rome. Les fidèles doivent s’unir aux intentions de l’Église, et présenter à Dieu l’offrande de leurs jeûnes et de leurs abstinences, dans le but d’obtenir de dignes Ministres de la Parole et des Sacrements, et de véritables Pasteurs du peuple chrétien.

Le Mercredi des Quatre-Temps de l’Avent

En l’Office des Matines, l’Église ne lit rien aujourd’hui du prophète Isaïe ; elle se contente de rappeler le passage de l’Évangile de saint Luc dans lequel est racontée l’Annonciation de la Sainte Vierge, et lit ensuite un fragment du Commentaire de saint Ambroise sur ce même passage. Le choix de cet Évangile, qui est le même que celui de la Messe, selon l’usage de toute l’année, a donné une célébrité particulière au Mercredi de la troisième semaine de l’Avent. On voit, par d’anciens Ordinaires à l’usage de plusieurs Églises insignes, tant Cathédrales qu’Abbatiales, que l’on transférait les fêtes qui tombaient en ce Mercredi ; qu’on ne disait point ce jour-là, à genoux, les prières fériales ; que l’Évangile Missus est, c’est-à-dire de l’Annonciation, était chanté à Matines par le Célébrant revêtu d’une chape blanche, avec la croix, les cierges et l’encens, et au son de la grosse cloche ; que, dans les Abbayes, l’Abbé devait une homélie aux Moines, comme aux fêtes solennelles. C’est même à cet Usage que nous sommes redevables des quatre magnifiques Sermons de saint Bernard sur les louanges de la Sainte Vierge, et qui sont intitulés : Super Missus est.

Comme il est rare que la Messe des Quatre-Temps soit chantée hors des Églises où l’on célèbre l’Office Canonial, et aussi, pour ne pas grossir ce volume outre mesure, nous n’avons pas jugé à propos de donner ici le texte des Messes des Mercredi, Vendredi et Samedi des Quatre-Temps de l’Avent. Nous nous contenterons d’indiquer la Station. Le Mercredi, elle a lieu à Sainte-Marie-Majeure, à cause de l’Évangile de l’Annonciation qui, comme on vient de le voir, a fait pour ainsi dire attribuer à ce jour les honneurs d’une véritable Fête de la Sainte Vierge.

Comme nous devons toucher quelque chose de ce mystère ci-après, dans le Propre des Saints de l’Avent, nous nous contenterons d’insérer ici une Prose du moyen âge, en l’honneur delà glorieuse Vierge saluée par l’Ange, et une prière tirée des anciennes Liturgies.

PROSE EN L’HONNEUR DE LA SAINTE VIERGE.
(Tirée du Missel de Çluny de 1523.)

Sur le seuil de la demeure virginale, l’Ange apparaît à Marie, et, pour rassurer son effroi, lui dit avec douceur :
Salut, Reine des vierges ! Vous concevrez le Maître du ciel et de la terre, et sans cesser d’être vierge, vous enfanterez le Salut des hommes, ô vous, la porte du ciel, le baume de nos iniquités !
Comment concevrai-je, moi qui ne connais point l’homme ? Comment pourrai-je enfreindre le vœu que mon cœur a juré ?
L’Esprit-Saint, par sa grâce, consommera tous ces mystères ; ne craignez point, mais pleine de joie, rassurez-vous ; car la pudeur en vous demeurera sans tache, par la puissance de Dieu.
Adonc, la noble Vierge répond et dit : Je suis l’humble petite servante du Dieu tout-puissant.
Céleste messager, confident d’un si haut secret, je consens et veux voir accomplie cette parole que j’entends : me voici prête à condescendre au dessein de Dieu.
L’Ange disparut, et soudain le sein très pur de la Vierge montra l’indice de la future maternité.
Son fruit, captif neuf mois dans de si chastes entrailles, en sortit et s’en alla au grand combat, appuyant sur son épaule la croix de laquelle il frappa à mort l’homicide ennemi.
Las ! Mère du Seigneur, qui avez rendu la paix à l’Ange et à l’homme, en mettant le Christ au monde ;
Suppliez votre Fils, qu’il nous soit secourable et qu’il efface nos fautes ; qu’il nous vienne en aide, et nous fasse jouir de la vie bienheureuse, au terme de cet exil. Amen.
Mercredi des Quatre-Temps de l’Avent
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Super II Cor., cap. 4

20 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Super II Cor., cap. 4

 

Lectio 2

Super II Cor., cap. 4 l. 2 Hic consequenter apostolus respondet cuidam tacitae obiectioni. Posset enim dici sibi ab aliquo: tu dicis, quod non deficis in manifestatione veritatis Christi, sed hoc non videtur, quia multi contradicunt tibi. Huic ergo quaestioni respondet. Et circa hoc duo facit. Primo enim respondet quaestioni praedictae; secundo excludit quoddam dubium, quod videtur ex responsione sua sequi, ibi non enim nosmetipsos, et cetera. Circa primum tria facit. Primo ostendit quibus occultatur veritas Christi; secundo occultationis causam assignat, ibi in quibus Deus huius saeculi; tertio ostendit quod hoc non est ex defectu veritatis Evangelii, ut occultetur, ibi ut non fulgeat, et cetera. Dicit ergo: dixi quod non deficimus in manifestatione, quod, idest sed, si Evangelium nostrum, quod scilicet nos praedicamus, est opertum, id est occultum, non est opertum omnibus, sed illis tantum, qui pereunt, scilicet praebendo impedimentum ne eis manifestetur. I Cor. I, 18: verbum crucis pereuntibus stultitia est, et cetera. Causa ergo huius occultationis est non ex parte Evangelii, sed propter eorum culpam et malitiam. Et hoc est quod subdit in quibus Deus huius saeculi, et cetera. Et hoc potest exponi tribus modis. Primo modo sic: Deus huius saeculi, id est Deus qui est Dominus huius saeculi et omnium rerum creatione et natura, iuxta illud Ps. XXIII, 1: Domini est terra, et plenitudo eius, orbis terrarum, excaecavit mentes infidelium, non inducendo malitiam, sed merito, imo demerito praecedentium peccatorum subtrahendo gratiam. Is. VI, 10: excaeca cor populi huius, et cetera. Unde et praecedentia peccata insinuat, cum dicit infidelium, quasi infidelitas eorum fuerit causa huius excaecationis. Secundo modo sic: Deus huius saeculi, id est Diabolus, qui dicitur Deus huius saeculi, id est saeculariter viventium, non creatione sed imitatione, qua saeculares eum imitantur. Sg. II, 25: imitantur eum, qui sunt, et cetera. Et hic excaecat suggerendo, trahendo et inclinando ad peccata. Et sic quando iam sunt in peccatis, operiuntur in tenebris peccatorum ne videant. Ep. IV, 18: tenebris obscuratum habentes intellectum, et cetera. Tertio modo sic: Deus habet rationem ultimi finis, et complementum desideriorum totius creaturae. Unde quidquid aliquis sibi pro fine ultimo constituit in quo eius desiderium quiescit, potest dici Deus illius. Unde cum habes pro fine delicias, tunc deliciae dicuntur Deus tuus; similiter etiam si voluptates carnis, vel honores. Et tunc exponitur sic: Deus huius saeculi, id est illud quod homines saeculariter viventes sibi pro fine constituunt, ut puta voluptates, vel divitiae et huiusmodi. Et sic Deus excaecat mentes, inquantum impedit ne homines lumen gratiae hic, et gloriae in futuro, videre possint. Ps. LVII, 9: supercecidit ignis, scilicet concupiscentiae, ut non viderent solem. Sic ergo excaecatio infidelium non est ex parte Evangelii, sed ex culpa infidelium. Et ideo subdit ut non fulgeat, et cetera. Ubi sciendum est, quod Deus Pater est fons totius luminis. I Jn. I, 5: Deus lux est, et tenebrae in eo non sunt, et cetera. Ex hoc autem fontanoso lumine derivatur imago huius luminis, scilicet filius verbum Dei. He. I, 3: qui cum sit splendor, et cetera. Hic ergo splendor gloriae, imago fontanosae lucis, carnem nostram accepit et multa gloriosa et divina in hoc mundo opera fecit. Declaratio igitur huius lucis est Evangelium, unde et Evangelium dicitur notitia claritatis Christi, quae quidem notitia virtutem habet illuminativam. Sg. VI, 13: clara est et quae numquam marcescit sapientia, et cetera. Et quidem, quantum est de se, in omnibus refulget et omnes illuminat, sed illi qui praebent impedimentum, non illuminantur. Et hoc est quod dicit: ideo excaecavit mentes infidelium, ut scilicet non effulgeat in eis, scilicet in mentibus infidelium, licet in se effulgens sit, illuminatio Evangelii illuminantis. Quod quidem est illuminans, quia est gloria Christi, id est claritas. Jn. I, 14: vidimus gloriam, et cetera. Quae quidem gloria provenit Christo ex eo quod est imago Dei. Col. I, 15: qui est imago invisibilis Dei. Nota, secundum Glossam, quod Christus perfectissima imago Dei est. Nam ad hoc quod aliquid perfecte sit imago alicuius, tria requiruntur, et haec tria perfecte sunt in Christo. Primum est similitudo, secundum est origo, tertium est perfecta aequalitas. Si enim inter imaginem et eum, cuius est imago, esset dissimilitudo, et unum non oriretur ex alio, similiter etiam si non sit aequalitas perfecta, quae est secundum eamdem naturam, non esset ibi perfecta ratio imaginis. Nam similitudo regis in denario, non perfecte dicitur imago regis, quia deest ibi aequalitas secundum eamdem naturam; sed similitudo regis in filio dicitur perfecta imago regis, quia sunt ibi illa tria quae dicta sunt. Cum ergo ista tria sint in Christo filio Dei, quia scilicet est similis Patri, oritur a Patre, et aequalis est Patri, maxime et perfecte dicitur imago Dei. Consequenter cum dicit non enim nosmetipsos, etc., removet apostolus quoddam dubium. Posset enim aliquis, contra praedicta, dicere apostolo: supra dixisti Evangelium vestrum esse opertum, modo dicis Evangelium Christi illuminare; si ergo detur quod Evangelium Christi sit illuminans, non potest hinc sequi quod opertum sit Evangelium vestrum. Et ideo ad hoc removendum, duo facit. Primo, ostendit quod idem est Evangelium suum et Christi; secundo, ostendit unde sit quod Evangelium suum sit illuminativum, ibi quoniam Deus qui dixit, et cetera. Dicit ergo primo: dico quod manifestatio claritatis Christi est Evangelium Christi et nostrum. Nostrum quidem tamquam per nos praedicatum; Christi vero, tamquam in ipso Evangelio praedicati. Et hoc est quod non praedicamus nosmetipsos, id est non commendamus nos, nec ad nos, id est ad laudem, vel lucrum nostrum convertimus praedicationem nostram, sed ad Christum totum referimus et laudem eius. I Cor. I, 23: nos autem praedicamus Christum, et cetera. Ps. LXXII, 28: ut annuntiem omnes praedicationes tuas, non meas, in portis, et cetera. Sed Iesum Dominum nostrum, nos autem servos vestros per Iesum. Quasi dicat: Iesum praedicamus ut Dominum, nos autem servos. Et huius ratio est quia principaliter quaerimus laudem Christi et non nostram. Nam servus est, qui est propter utilitatem Domini. Et inde est, quod minister Ecclesiae, qui non quaerit honorem Dei et utilitatem subditorum, non dicitur verus rector, sed tyrannus. Nam quicumque bene regit, debet esse sicut servus, quaerens honorem et utilitatem subditorum. Gn. XXV, 23: maior serviet minori. I Cor. IX, 19: cum essem liber, omnium vestrum me servum feci. Consequenter cum dicit quoniam Deus qui dixit, etc., ostendit unde Evangelium suum habet virtutem illuminativam. Ubi nota ordinem procedendi servatum ab apostolo, qui talis est: nos aliquando, scilicet antequam conversi essemus ad Christum, eramus tenebrosi sicut et vos et alii in quibus non fulget claritas gloriae Christi. Nunc vero, postquam Christus vocavit nos per gratiam suam ad se, tenebrae istae remotae sunt a nobis, et iam fulget in nobis virtus gloriae claritatis Christi; et intantum refulget in nobis, quod non solum illuminamur ad hoc quod videre possimus, sed etiam quod alios illuminemus. Ex spirituali ergo gratia et abundanti refulgentia claritatis gloriae Christi in nos, habet Evangelium nostrum virtutem illuminativam. Et hoc est quod dicit: dico quod ideo illuminat Evangelium nostrum, quoniam Deus, qui dixit, id est praecepto solo fecit, lucem splendescere, quod fuit in separatione elementorum, quando chaos tenebrosum illuminavit per lucem quam fecit. Gn. I, 3: dixit, fiat lux. Eccli. XXIV, 6: ego feci, ut in caelis oriretur lux, et cetera. Iste, inquam, Deus, illuxit in cordibus, id est in mentibus, nostris, prius tenebrosis per absentiam luminis gratiae et obscuritatem peccati. Lc. I, 79: illuminare his qui in tenebris, et cetera. Illuxit, inquam, non solum ut nos illuminaremur, sed ad illuminationem, id est ut et alios illuminemus. Ep. III, 8: mihi omnium sanctorum minimo data est, et cetera. Mt. V, 14: vos estis lux, et cetera. Ad illuminationem dico, scientiae, id est ut faciamus alios scire. Dico, claritatis Dei, id est clarae divinae visionis, in facie Iesu Christi. Glossa: id est per Iesum Christum, qui est facies Patris, quia sine ipso non cognoscitur Pater. Sed melius dicitur sic: ad illuminationem sanctae claritatis Dei, quae quidem claritas fulget in facie Christi Iesu, id est ut per ipsam gloriam et claritatem, cognoscatur Christus Iesus. Quasi dicat: in summa, ad hoc Deus illuxit nobis ad illuminationem, ut ex hoc Iesus Christus cognoscatur et praedicetur in gentibus.

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Lundi de la IIIème semaine de l’Avent

18 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Lundi de la IIIème semaine de l’Avent

Collecte

Seigneur, prêtez l’oreille à nos prières : et quand vous nous ferez la grâce de venir parmi nous, apportez votre lumière dans l’obscurité de nos âmes.

Office

Du Prophète Isaïe. Cap. 28, 1-7 ; 16-18.

Première leçon. Malheur à la couronne d’orgueil, aux hommes ivres d’Éphraïm, et à la fleur qui tombe, à la gloire de son exultation, à ceux qui étaient au haut de la vallée très grasse, chancelant par le vin. Voici que le Seigneur, fort et puissant, sera comme l’impétuosité de ta grêle, comme un tourbillon qui brise, comme l’impétuosité des grandes eaux inondantes et lâchées sur une terre spacieuse. Aux pieds sera foulée la couronné d’orgueil des hommes ivres d’Éphraïm.
Deuxième leçon. Et elle tombera, la fleur de la gloire et de l’exultation de celui qui est au haut des vallées grasses, comme le [fruit] venant à temps avant l’automne ; dès que celui qui, le voyant, l’aura regardé et pris de la main, il le dévorera. En ce jour-là le Seigneur des armées sera une couronne de gloire, et un bouquet d’exultation pour le reste de son peuple ; et un esprit de jugement pour celui qui sera assis sur le [tribunal du] jugement ; et une force pour ceux qui retourneront de la guerre à la porte [de la ville]. Mais ceux-ci même ont manqué de connaissance par le vin, et, par l’ivresse, ils ont chancelé ; le prêtre et le Prophète ont manqué de connaissance par l’ivresse, absorbés par le vin.
Troisième leçon. C’est pourquoi le Seigneur Dieu dit ceci : Voici que moi, je poserai dans les fondements de Sion, une pierre, une pierre éprouvée, angulaire, précieuse, enfoncée dans le fondement. Que celui qui croit ne se hâte pas. Et j’établirai avec un poids le jugement, et la justice avec mesure ; et la grêle détruira l’espérance du mensonge ; et la protection, les eaux l’inonderont. Et votre alliance avec la mort sera détruite, et votre pacte avec l’enfer ne subsistera pas.

 

O Adonái, * et Dux domus Israël, qui Móysi in igne flammæ rubi apparuísti, et ei in Sina legem dedísti : veni ad rediméndum nos in bráchio exténto.

 

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IIIème dimanche de l’Avent

17 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

IIIème dimanche de l’Avent

Introït

Soyez toujours joyeux dans le Seigneur ! Je vous le répète : soyez joyeux. Votre sérénité dans la vie doit frapper tous les regards, car le Seigneur est proche. Ne vous inquiétez de rien, mais dans toutes vos prières exposez à Dieu vos besoins. Seigneur, vous avez béni votre domaine, vous avez délivré Jacob de la captivité.

Collecte

Seigneur, prêtez l’oreille à nos prières : et quand vous nous ferez la grâce de venir parmi nous, apportez votre lumière dans l’obscurité de nos âmes.

Épitre Ph. 4, 4–7

Mes Frères : Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, réjouissez-vous. Que votre modération soit connue de tous les hommes : le Seigneur est proche. Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute circonstance faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâce. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus.

Évangile Jn, I, 19–28

En ce temps-là : Les Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites vers Jean pour demander : « Qui êtes-vous ? » Il déclara, et ne le nia point ; il déclara : " »Je ne suis point le Christ. » Et ils lui demandèrent : « Quoi donc ! Êtes-vous Élie ? » Il dit « Je ne le suis point » « Êtes-vous le prophète ? » Il répondit « Non » « Qui êtes-vous donc », lui dirent-ils, « afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés ». « Que dites-vous de vous-même ? » Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme l’a dit le prophète Isaïe. » Or ceux qu’on lui avait envoyés étaient des Pharisiens. Et ils l’interrogèrent, et lui dirent : « Pourquoi donc baptisez-vous, si vous n’êtes ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? » Jean leur répondit : « Moi je baptise dans l’eau ; mais au milieu de vous il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas, C’est celui qui vient après moi ; je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure. » Cela se passait à Béthanie, au delà du Jourdain, où Jean baptisait.

Secrète

Faites, Seigneur, que sans cesse vous soit offerte la victime de notre sacrifice, pour que s’accomplisse le mystère divin que vous avez institué, et que s’opère en nous l’œuvre merveilleuse de notre salut.

Office

Au premier nocturne.

Du Prophète Isaïe. Cap. 26, 1-14.

Première leçon. En ce jour-là, sera chanté ce cantique dans la terre de Juda : Notre ville forte est Sion ; le Sauveur y sera mis comme mur et avant-mur. Ouvrez les portes, et qu’il entre une nation juste, observant la vérité. L’ancienne erreur a disparu ; vous nous conserverez la paix : la paix, parce que nous avons espéré en vous. Vous avez espéré dans le Seigneur durant les siècles éternels, dans le Seigneur Dieu puissant à jamais. Parce qu’il abaissera ceux qui habitent dans les hauteurs, il humiliera la cité élevée. Il l’humiliera jusqu’à terre, et il la renversera jusque dans la poussière. Le pied la foulera, les pieds du pauvre, le pas des indigents].
Deuxième leçon. Le sentier du juste est droit, droit est le chemin où le juste doit marcher. Et dans le sentier de vos jugements, Seigneur, nous vous avons attendu patiemment ; votre nom et votre souvenir sont dans le désir de l’âme. Mon âme vous a désiré dans la nuit ; mais, et par mon esprit [et] dans mon cœur, dès le matin je veillerai pour vous. Lorsque vous aurez exercé vos jugements sur la terre, les habitants du globe apprendront la justice. Ayons pitié de l’impie, mais il n’apprendra pas la justice ; dans la terre des Saints, il a fait des choses iniques, et il ne verra pas la gloire du Seigneur.
Troisième leçon. Seigneur, que votre main s’élève et qu’ils ne voient pas ; qu’ils voient, et qu’ils soient confondus, ceux qui sont jaloux [de votre peuple, et qu’un feu dévore vos ennemis. Seigneur, vous nous donnerez la paix ; car vous avez opéré toutes nos œuvres pour nous. Seigneur, notre Dieu, des maîtres étrangers nous ont possédés sans vous ; que seulement par vous, nous nous souvenions de votre nom. Que les morts ne revivent point, que les géants ne ressuscitent point ; à cause de cela, vous les avez visités et brisés et vous avez anéanti toute leur mémoire.
 

Au deuxième nocturne.

Sermon de saint Léon, Pape.

Quatrième leçon. Nous vous avertissons publiquement, mes très chers frères, et avec une sollicitude pastorale d’observer le jeûne du dixième mois. Le temps où nous sommes et la coutume de notre dévotion nous y engagent. Par ce jeûne, qu’on célèbre lorsque la récolte de tous les fruits de la terre est terminée, on offre à Dieu, qui nous a donné ces fruits, un très juste sacrifice de continence. En effet, que peut-il y avoir de plus utile que le jeûne ? Par son observance, nous nous approchons de Dieu, et, résistant au démon, nous surmontons les attraits des vices.
Cinquième leçon. Le jeûne a toujours été un aliment pour la vertu. L’abstinence produit les pensées chastes, les résolutions sages, les conseils salutaires ; et, par les mortifications volontaires, la chair meurt à ses convoitises, tandis que l’esprit reçoit une nouvelle vigueur pour pratiquer les vertus. Mais, parce que le salut de nos âmes ne s’acquiert pas uniquement par le jeûne, ajoutons au jeûne, des œuvres de miséricorde envers les pauvres. Faisons servir à la vertu ce que nous retranchons à la sensualité, et que l’abstinence de celui qui jeûne devienne le repas du pauvre.
Sixième leçon. Appliquons-nous à la défense des veuves, à l’assistance des orphelins, à la consolation de ceux qui pleurent : occupons-nous de pacifier ceux qui se querellent. Que l’étranger reçoive l’hospitalité ; secourons l’opprimé, donnons des vêtements à ceux qui sont nus ; environnons le malade de nos soins et de nos sollicitudes ; pour que tous ceux d’entre nous qui, par ces bonnes œuvres, auront offert à Dieu, l’auteur de tous les biens, un sacrifice de piété, méritent de recevoir de lui, en récompense, le royaume des cieux. Jeûnons donc mercredi et vendredi prochains ; et samedi, veillons ensemble dans l’église du bienheureux Apôtre saint Pierre, afin qu’aidés du suffrage de ses mérites, nous puissions obtenir ce que nous demandons, par notre Seigneur Jésus-Christ, qui vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Amen.
 

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Septième leçon. Les paroles qu’on vient de nous lire, mes très chers frères, portent notre attention sur l’humilité de saint Jean. Lui, dont la vertu était si grande qu’on avait pu croire qu’il était le Christ, il préféra demeurer simplement et inébranlablement en son propre rôle et ne pas être vainement élevé dans l’opinion des hommes au-dessus de lui-même. Car il le déclara et ne le nia point ; il le proclama : « Je ne suis pas, moi, le Christ. » En disant : « Je ne le suis pas », il a clairement nié qu’il fût ce qu’il n’était pas ; mais il n’a pas nié être ce qu’il était, afin que, parlant selon la vérité, il devînt membre de celui dont il ne voulait pas usurper fallacieusement le nom. Parce qu’il ne veut pas chercher à prendre le nom de Christ, il est fait membre du Christ. Tandis qu’il s’étudie à reconnaître humblement sa propre faiblesse, il mérite de participer véritablement à la grandeur du Christ.
Huitième leçon. Mais, quand revient à l’esprit une autre parole de notre Rédempteur, les expressions que nous venons de lire soulèvent une question très compliquée. En effet, dans un autre endroit, le Seigneur, interrogé par ses disciples au sujet de l’avènement d’Élie, répondit : « Élie est déjà venu, et ils ne l’ont pas connu ; mais ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu : et, si vous voulez le savoir, Jean lui-même est Élie. » — Jean, cependant, étant interrogé, dit : « Je ne suis point Élie. » Comment se fait-il, mes frères, que la Vérité affirme une chose et que le Prophète de la Vérité la nie ? Car il y a opposition complète entre ces expressions : « Il est », et, « Je ne suis pas. » Comment donc est-il le Prophète de la Vérité, fil n’est pas d’accord avec les paroles de cette même Vérité ?
Neuvième leçon. Mais si l’on cherche à approfondir la vérité, on découvre comment ce qui paraît contradictoire ne l’est point. Car l’Ange, parlant de Jean, dit à Zacharie : « Il marchera devant Lui, dans l’esprit et la vertu d’Élie, » L’Ange parla de Jean, comme devant venir dans l’esprit et la vertu d’Élie, parce que, de même qu’Élie préviendra le second avènement du Seigneur, Jean a prévenu le premier ; et, comme celui-là sera le précurseur du Juge, celui-ci a été le précurseur du Rédempteur. Jean était donc Élie en esprit ; il ne l’était pas en personne. Ainsi ce que le Seigneur affirme de l’esprit, Jean le nie de la personne.

ÉPÎTRE.

Nous devons, nous réjouir dans le Seigneur ; car le Prophète et l’Apôtre s’accordent à encourager nos désirs vers le Sauveur : l’un et l’autre nous annoncent la paix. Soyons donc sans inquiétude : Le Seigneur est proche ; il est proche de son Église ; il est proche de chacune de nos âmes. Pouvons-nous demeurer auprès d’un feu aussi ardent, et demeurer glacés ? Ne le sentons-nous pas venir, à travers tous les obstacles que sa souveraine élévation, notre profonde bassesse, nos nombreux péchés lui suscitaient ? Il franchit tout. Encore un pas, et il sera en nous. Allons au-devant de lui par ces prières, ces supplications, ces actions de grâces dont parle l’Apôtre. Redoublons de ferveur et de zèle pour nous unir à la sainte Église, dont les vœux vont devenir de jour en jour plus ardents vers celui qui est sa lumière et son amour. Répétons d’abord avec elle : « Vous qui êtes assis sur les Chérubins, faites éclater votre puissance, Seigneur, et venez. V/. Écoutez-nous, ô vous qui gouvernez Israël, qui conduisez Joseph comme une brebis. Alléluia, alléluia. V/. Seigneur, faites éclater votre puissance, venez et sauvez-nous. Alléluia. »

ÉVANGILE.

Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas, dit saint Jean-Baptiste aux envoyés des Juifs. Le Seigneur peut donc être proche ; il peut même être venu, et cependant demeurer encore inconnu à plusieurs. Ce divin Agneau fait la consolation du saint Précurseur, qui estime à si grand honneur de n’être que la Voix qui crie aux hommes de préparer les sentiers du Rédempteur. Saint Jean est en cela le type de l’Église et de toutes les âmes qui cherchent Jésus-Christ. Sa joie est entière à cause de l’arrivée de l’Époux ; mais il est entouré d’hommes pour qui ce divin Sauveur est comme s’il n’était pas. Or, nous voici parvenus à la troisième semaine de ce saint temps de l’Avent : tous les cœurs sont-ils ébranlés au bruit de la grande nouvelle de l’arrivée du Messie ? Ceux qui ne veulent pas l’aimer comme Sauveur, songent-ils du moins à le craindre comme juge ? Les voies tortueuses se redressent-elles ? les collines songent-elles à s’abaisser ? la cupidité et la sensualité ont-elles été sérieusement attaquées dans le cœur des chrétiens ? Le temps presse : Le Seigneur est proche ! Si ces lignes tombaient sous les yeux de quelques-uns de ceux qui dorment au lieu de veiller dans l’attente du divin Enfant, nous les conjurerions d’ouvrir les yeux et de ne plus tarder à se rendre dignes d’une visite qui sera pour eux, dans le temps, l’objet d’une grande consolation, et qui les rassurera contre les terreurs du dernier jour. O Jésus ! Envoyez votre grâce avec plus d’abondance encore ; forcez-les d’entrer, afin que ce que saint Jean disait de la Synagogue ne soit pas dit du peuple chrétien : Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas.

 

Antienne Magnificat

O Sapiéntia, * quæ ex ore Altíssimi prodiísti, attíngens a fine usque ad finem, fórtiter suavitérque dispónens ómnia : veni ad docéndum nos viam prudéntiæ

 

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Saint Eusèbe évêque et martyr

16 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Eusèbe évêque et martyr

Collecte

O Dieu, qui nous donnez chaque année un nouveau sujet de joie par la solennité de votre Martyr et Pontife, le bienheureux Eusèbe, accordez-nous, dans votre miséricorde,de pouvoir ressentir les effets de la protection de celui dont nous célébrons la naissance.

Office

Quatrième leçon. Eusèbe, Sarde de nation, Lecteur de l’Église romaine, puis Évêque de Verceil, sembla non sans raison choisi par un jugement divin pour gouverner cette Église ; car les électeurs, qui ne le connaissaient nullement auparavant, le désignèrent aussitôt qu’ils l’eurent vu, à l’exclusion de tous leurs concitoyens. Il ne leur fallut pas plus de temps pour l’apprécier que pour le voir. Eusèbe fut en Occident le premier que qui établit dans son Église des moines remplissant les fonctions de clercs, afin qu’on vît en eux tout à la fois le mépris des richesses et les occupations propres aux Lévites. C’était l’époque où les impiétés ariennes envahissaient de toutes parts l’Occident. Eusèbe les attaqua si vigoureusement, que le souverain Pontife Libère trouva dans la foi invincible de cet Évêque la consolation qui soutenait sa vie. Reconnaissant en lui la ferveur de l’Esprit de Dieu, le Pape le chargea d’aller avec ses légats plaider devant l’Empereur la cause de la foi. Eusèbe se rendit aussitôt avec eux auprès de Constance, et parvint à force de zèle à en obtenir tout ce qu’on se proposait dans cette légation, c’est-à-dire la célébration d’un concile.

Cinquième leçon. Le concile se réunit à Milan, l’année suivante ; Eusèbe fut invité par Constance à s’y rendre, tandis que les légats de Libère désiraient et réclamaient également sa présence. Bien loin de se laisser influencer par les menées de la synagogue arienne et de prendre part à ses fureurs contre saint Athanase, il déclara hautement dès l’abord que plusieurs des membres de l’assemblée lui étaient connus comme entachés d’hérésie, et proposa de leur faire souscrire à la foi de Nicée, avant de traiter d’autres matières. Les Ariens vivement irrités ne le voulurent point ; Eusèbe refusa de son côté de souscrire à la condamnation de saint Athanase et parvint même à dégager fort habilement la simplicité de saint Denys, le Martyr, qui, trompé par les hérétiques, avait souscrit à cette injustice. C’est pourquoi les Ariens, furieux contre Eusèbe, l’accablèrent de mauvais traitements, puis le firent condamner à l’exil. Mais le Saint, ayant secoué la poussière de ses pieds, et ne redoutant ni les menaces de César ni le tranchant du glaive, accepta l’exil comme une fonction de son ministère. Envoyé à Scythopolis, il y souffrit la faim, la soif, les coups et divers autres supplices ; mais il méprisa courageusement sa vie pour confesser la foi, et sans crainte de la mort, il livra son corps aux bourreaux.

Sixième leçon. Les lettres importantes que saint Eusèbe adressa de Scythopolis au clergé et au peuple de Verceil, et à quelques personnes du voisinage, montrent quelles furent envers lui la cruauté et l’insolence effrontée des Ariens. Elles prouvent encore qu’ils ne purent jamais, ni l’abattre par leurs menaces et leurs traitements inhumains, ni l’attirer à leur parti au moyen de ruses adroites et flatteuses. Déporté, à cause de sa fermeté, de Scythopolis en Cappadoce, et enfin en Thébaïde dans la Haute-Égypte, il supporta les rigueurs de l’exil jusqu’à la mort de Constance. Il lui fut alors permis de rejoindre son troupeau, mais il ne voulut partir qu’après avoir assisté au synode réuni à Alexandrie pour réparer les pertes de la foi. Il parcourut ensuite les provinces de l’Orient pour rendre à la santé, à l’instar d’un habile médecin, ceux qui étaient infirmes dans la foi, les instruisant dans la doctrine de l’Église. Continuant cette mission salutaire, i1 passa en Illyrie, et revint enfin dans l’Italie qui, à son retour, dépouilla ses vêtements de deuil. Ce fut là qu’il publia les commentaires d’Origène et d’Eusèbe de Césarée sur les Psaumes : commentaires qu’il avait expurgés de toute erreur et traduits du grec en latin. Enfin, illustré par tant d’actions excellentes, il alla recevoir l’inflétrissable couronne de gloire, que tant de souffrances lui avaient méritée. Sa mort eut lieu à Verceil, sous Valentinien et Valens.

Aux glorieux noms des défenseurs de la divinité du Verbe dont l’Église honore la mémoire au temps de l’Avent, vient s’associer de lui-même le nom de l’intrépide Eusèbe de Verceil. La foi catholique, ébranlée dans ses fondements au IVe siècle par l’hérésie arienne, se maintint debout par les travaux de quatre souverains Pontifes : Silvestre, qui confirma le Concile de Nicée ; Jules, qui fut l’appui de saint Athanase ; Libère, dont la foi ne défaillit pas, et qui, rendu à la liberté, confondit les Ariens ; et Damase, qui acheva de ruiner leurs espérances. L’un de ces quatre Pontifes brille sur le Cycle, au temps de l’Avent : c’est Damase, dont nous venons de célébrer la mémoire. A côté des Pontifes romains, combattent pour la divinité du Verbe quatre grands Évêques, desquels on peut affirmer que leur cause personnelle était en même temps celle du Fils de Dieu Consubstantiel : en sorte que leur dire anathème était dire anathème au Christ lui-même ; tous quatre puissants en œuvres et en paroles, la lumière des Églises, l’amour du peuple fidèle, les invincibles témoins du Christ. Le premier et le plus grand des quatre est l’Évêque du second Siège de l’Église, saint Athanase, Patriarche d’Alexandrie ; le deuxième est saint Ambroise de Milan, que nous avons fêté il va peu de jours ; le troisième est la gloire des Gaules, saint Hilaire, Évêque de Poitiers ; le quatrième est l’ornement de l’Italie, saint Eusèbe, Évêque de Verceil. C’est ce dernier que nous avons à honorer aujourd’hui. Hilaire aura son tour et confessera bientôt le Verbe éternel auprès de son berceau ; pour Athanase, il paraîtra en son temps, et célébrera dans sa Résurrection triomphante Celui qu’il proclama avec un courage magnanime, en ces jours de ténèbres où la sagesse humaine eût espéré volontiers que le royaume du Christ, après avoir triomphé de trois siècles de persécutions, ne survivrait pas à cinquante années de paix. Saint Eusèbe a donc été élu par la souveraine Providence de Dieu pour conduire le peuple fidèle à la Crèche, et lui révéler le Verbe divin sous les traits de notre faible mortalité. Les souffrances qu’il a endurées pour la divinité du Christ ont été si grandes, que l’Église lui a décerné les honneurs du Martyre, quoiqu’il n’ait pas répandu son sang dans les supplices.

Athlète invincible du Christ que nous attendons, Eusèbe, Martyr et Pontife, que vos fatigues et vos souffrances pour la cause de ce divin Messie ont été grandes ! Elles vous ont cependant paru légères, en comparaison de ce qui est dû à ce Verbe éternel du Père, que son amour a porté à devenir, par l’Incarnation, le serviteur de sa créature. Nous avons, envers ce divin Sauveur, les mêmes obligations que vous. C’est pour nous qu’il va naître d’une Vierge aussi bien que pour vous ; priez donc, afin que notre cœur lui soit toujours fidèle dans la guerre comme dans la paix, en face de nos tentations et de nos penchants, comme s’il s’agissait de le confesser devant les puissances du monde. Fortifiez les Pontifes de la sainte Église, afin que nulle erreur ne puisse tromper leur vigilance, nulle persécution lasser leur courage. Qu’ils soient fidèles imitateurs du souverain Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis, et qu’ils paissent toujours le troupeau dans l’unité et la charité de Jésus-Christ.

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