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Regnum Galliae Regnum Mariae
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Octave de l’Immaculée Conception

15 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Octave de l’Immaculée Conception

Ce jour qui est le huitième à partir de celui où nous avons célébré l’Immaculée Conception de Marie, s’appelle proprement l’Octave ; tandis que les jours précédents étaient désignés simplement sous le nom de jours dans l’Octave. L’usage de célébrer durant une semaine entière les principales Fêtes, est du nombre de ceux qui ont passé de la Synagogue dans l’Église chrétienne. Le Seigneur avait dit dans le Lévitique : « Le premier jour de la fête sera le plus solennel et le plus saint ; vous n’y ferez aucune œuvre servile. Le huitième jour sera aussi très solennel et très saint ; vous y offrirez un holocauste au Seigneur ; ce sera un jour d’assemblée, et vous n’y ferez point non plus d’œuvre servile. » Nous lisons pareillement dans les Livres des Rois, que Salomon ayant convoqué tout Israël à Jérusalem, pour la Dédicace du Temple, ne renvoya le peuple qu’au huitième jour.

Les livres du Nouveau Testament nous apprennent que cette coutume était encore observée au temps de notre Seigneur, qui autorisa par son exemple ce genre de solennité. En effet, il est dit dans saint Jean que Jésus vint une fois prendre part à quelqu’une des Fêtes de la Loi, seulement au milieu de l’Octave ; et le même Évangéliste remarque, en un autre endroit, que lorsqu’on entendit le Sauveur, dans la Fête de Pâques, crier au peuple : Que celui qui a soif vienne à moi, et il se désaltérera, ce jour était le dernier jour de la fête, le jour de l’Octave.

Dans l’Église chrétienne, on solennise deux sortes d’Octaves : les Octaves privilégiées, et les Octaves non privilégiées. Les premières sont si solennelles, qu’il n’est pas permis d’y célébrer les Fêtes des Saints qui viendraient à s’y rencontrer ; on en fait une simple mémoire, ou on les transfère après l’Octave. Il est défendu pareillement d’y dire la Messe des Morts, si ce n’est en présence du corps d’un défunt qu’il faut inhumer. Les Octaves non privilégiées admettent les fêtes qui se rencontrent, pourvu qu’elles soient du degré semi-double et au-dessus ; mais, dans ce cas, on fait toujours mémoire de l’Octave dans l’Office et à la Messe de la Fête qui s’est trouvée l’emporter sur l’Octave, à moins que la Fête ne fût elle-même d’un degré tout à fait supérieur.

L’Octave de l’Immaculée Conception, la première des Octaves qui se rencontre sur le Cycle, n’est pas privilégiée. Elle cède, non seulement au Dimanche, mais aux fêtes de saint Damase et de sainte Lucie, et aux diverses fêtes locales du même degré.

Saluons encore une fois le haut Mystère de Marie conçue sans péché ; notre Emmanuel aime à voir glorifier sa Mère. N’est-ce pas pour lui qu’elle a été créée, pour lui que le lever radieux de cet astre si pur a été préparé de toute éternité ? Quand nous exaltons la Conception immaculée de Marie, nous rendons honneur à la divine Incarnation. Jésus et Marie sont inséparables ; Isaïe nous l’a dit : elle est la branche, il est la fleur.

Grâces vous soient donc rendues, ô Emmanuel, qui avez daigné placer notre existence dans les jours où fut proclamé, sur la terre, le privilège dont vous avez embelli le premier instant de la vie de celle à qui vous deviez emprunter la nature humaine ! Votre sainteté infinie a brillé d’un nouvel éclat à nos regards ; et nous avons mieux compris l’harmonie de vos mystères. En même temps, nous avons senti qu’appelés nous-mêmes à contracter avec vous les liens les plus intimes en cette vie, et à vous contempler en l’autre face à face, nous devions tendre à nous purifier de plus en plus de nos moindres taches. Vous avez dit : « Heureux ceux dont le cœur est pur ; car ils verront Dieu » ; la Conception immaculée de votre Mère nous révèle à son tour les exigences de votre souveraine sainteté. Daignez, ô Emmanuel, par l’amour qui vous a porté à la préserver du souffle de l’ennemi, prendre en pitié ceux dont elle est aussi la mère. Voici que vous venez à eux ; dans quelques jours ils oseront aborder votre berceau. Les suites du péché d’origine sont encore visibles en eux, et pour comble de malheur, ils ont ajouté leurs propres fautes à la prévarication de leur premier père ; purifiez, ô Jésus, leurs cœurs et leurs sens, afin qu’ils puissent paraître devant vous. Ils savent que nulle créature n’atteindra jamais à la sainteté de votre mère ; mais ils vous demandent le pardon, le retour de votre grâce, l’aversion pour le monde et pour ses maximes, la persévérance dans votre amour.

O vous qui êtes le Miroir créé de la Justice divine, plus pure que les Chérubins et les Séraphins, en retour des hommages que notre génération vous a offerts au jour fortuné où la gloire de votre Conception immaculée a été proclamée aux applaudissements de toute la terre, daignez épancher sur nous ce trésor de tendresse et de protection que vous teniez en réserve pour cette heure si longtemps attendue. Le monde ébranlé jusqu’en ses fondements appelle, pour se raffermir, le secours de votre main maternelle. L’enfer a déchaîné sur la race humaine les plus redoutables de ces esprits de malice qui ne respirent que blasphème et destruction ; mais en même temps l’Église de votre Fils ressent en elle une jeunesse nouvelle, et la semence de la parole divine se répand et germe en mille endroits. Une lutte formidable est ouverte ; et souvent nous serions tentés de nous demander qui devra l’emporter, et si le dernier jour du monde n’est pas sur le point de se lever !

O Reine des hommes, l’astre de votre Conception immaculée n’aurait-il brillé au ciel que pour éclairer des ruines ? Le signe annoncé par Jean le Bien-Aimé, la Femme qui paraît au ciel revêtue du soleil, le front ceint d’un diadème de douze étoiles, et foulant le croissant sous ses pieds, ce signe n’a-t-il pas plus d’éclat, plus de puissance, que l’arc qui se dessina sur le ciel pour annoncer l’apaisement de la colère divine, aux jours du déluge ? C’est une Mère qui luit sur nous, qui descend vers nous pour consoler et pour guérir. C’est le sourire du ciel miséricordieux à la terre malheureuse et coupable. Nous avons mérité le châtiment ; la divine justice nous a éprouvés, elle a le droit d’exiger d’autres expiations encore ; mais elle se laissera fléchir. La nouvelle effusion de grâces que le Seigneur a répandue sur le monde, au grand jour dont nous célébrons la mémoire, ne demeurera pas stérile ; nous entrons dès lors dans une autre période. Marie, que l’hérésie blasphémait depuis plus de trois siècles, descend vers nous pour régner ; elle vient porter le dernier coup aux erreurs dont les nations ont été trop longtemps séduites ; elle fera sentir son pied vainqueur au dragon qui s’agite avec tant de rage, et le divin Soleil de justice dont elle est revêtue versera sur le monde renouvelé les flots d’une lumière plus brillante et plus pure que jamais. Nos yeux ne verront pas encore ce jour ; mais déjà nous en pouvons saluer l’aurore.

Au siècle dernier, un serviteur de Dieu que l’Église a depuis placé sur les autels, votre dévot serviteur, ô Marie, Léonard de Port-Maurice semble avoir désigné l’époque de votre triomphe futur comme celle où le monde devait recouvrer la paix. Les agitations au milieu desquelles s’écoule notre existence sont, nous voudrions le croire, le prélude de cette heureuse paix, au sein de laquelle la divine parole pourra parcourir le monde sans entraves, et l’Église de la terre cueillir sa moisson pour l’Église du ciel. O Mère de Dieu, le monde fut agité aussi dans les temps qui précédèrent votre enfantement divin ; mais la paix régnait par toute la terre, lorsque, dans Bethlehem, vous lui donnâtes son Sauveur. En attendant l’heure où vous déploierez la force de votre bras, assistez-nous, dans les touchants anniversaires qui se préparent ; rendez-nous purs et sans aucune tache, en cette nuit glorieuse au sein de laquelle va sortir de vous Jésus-Christ, Fils de Dieu, Lumière éternelle.

PROSE EN L’HONNEUR DE LA SAINTE VIERGE. (Tirée des anciens Missels Romains-Français.)
 
Élevez-vous, cœurs pieux, pour célébrer dévotement la Conception de la Vierge.
Que d’amour l’âme s’embrase, et qu’à l’amour s’unissent louange et jubilation.
En sa merveilleuse Conception, elle est comme la rose en son éclat ; elle est comme le lis en sa blancheur.
Comme le fruit sort de la fleur, elle apparaît avec pudeur ; son Fils l’a devancée de sa grâce.
Comme de la terre s’élève la rosée, sans être souillée par la poudre grossière ;
Ainsi, dans le sein maternel, la Vierge est conçue sans être flétrie de l’originelle souillure.
Donc, en des hymnes suaves, chantons, en cette Vierge, une Conception sans nuage.
Formée comme les autres mortels, mais pure dès son origine, chœurs, chantez-la dans votre joie ;
Afin qu’émue de nos doux accents, elle nous garde, en ce siècle, exempts de tout péché ;
Et qu’à l’article du trépas, elle nous délivre du péril et des gouffres de l’enfer.
Amen.
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VIIème jour dans l’Octave de l’Immaculée Conception

14 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

VIIème jour dans l’Octave de l’Immaculée Conception

Office

De la Bulle dogmatique du Pape Pie IX.

Quatrième leçon. Tout le monde sait avec quel zèle cette doctrine de l’Immaculée Conception de la Vierge Mère de Dieu, a été enseignée, soutenue, défendue par les ordres religieux les plus recommandables, par les facultés de théologie les plus célèbres et par les docteurs les plus versés dans la science des choses divines. Tout le monde sait également combien les Évêques ont montré de sollicitude pour soutenir hautement et publiquement, même dans les assemblées ecclésiastiques, que la très sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, en prévision des mérites de Jésus-Christ, notre Seigneur et Rédempteur n’avait jamais été soumise au péché originel ; mais qu’elle avait été entièrement préservée de la tache d’origine, et par conséquent rachetée d’une manière plus sublime. A tout cela il faut ajouter une chose qui est assurément d’un grand poids et de la plus haute autorité, c’est que le concile de Trente lui-même, en publiant son décret dogmatique sur le péché originel, dans lequel, d’après le témoignage des saintes Écritures, des saints Pères et des conciles les plus autorisés, il est établi et défini que tous les hommes naissent atteints du péché originel ; le saint concile déclare pourtant d’une manière solennelle que, malgré l’étendue d’une définition si générale, il n’avait pas l’intention de comprendre dans ce décret la bienheureuse et immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu. Par cette déclaration, les Pères du concile de Trente ont fait suffisamment entendre, eu égard aux circonstances et aux temps, que la bienheureuse Vierge avait été exempte de la tache originelle, et ils ont très clairement démontré qu’on ne pouvait alléguer avec raison, ni dans les divines Écritures, ni dans la tradition, ni dans l’autorité des Pères, rien qui fût, de quelque manière que ce soit, en contradiction avec cette grande prérogative de la Vierge.

Cinquième leçon. C’est qu’en effet cette doctrine de l’Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge a toujours existé dans l’Église : l’Église, par la très grave autorité de son sentiment, par son enseignement, par son zèle, sa science et son admirable sagesse, l’a de plus en plus mise en lumière, déclarée, confirmée et propagée d’une manière merveilleuse chez tous les peuples et chez toutes les nations du monde catholique ; mais, de tout temps, elle l’a possédée comme reçue des anciens et des Pères, et comme revêtue des caractères d’une doctrine révélée. Les plus illustres monuments de l’Église d’Orient et de l’Église d’Occident, les plus vénérables par leur antiquité, en sont un témoignage irrécusable. Or, les Pères et les écrivains ecclésiastiques, nourris des paroles célestes, n’ont rien eu plus à cœur, dans les livres qu’ils ont écrits pour expliquer l’Écriture, pour défendre les dogmes et instruire les fidèles, que de louer et d’exalter à l’envie de mille manières et dans les termes les plus magnifiques, la parfaite sainteté de Marie, son excellente dignité, sa préservation de toute tache du péché et sa glorieuse victoire sur le cruel ennemi du genre humain.

Sixième leçon. C’est ce qu’ils ont fait en expliquant les paroles par lesquelles Dieu, annonçant dès les premiers jours du monde les remèdes préparés par sa miséricorde pour la régénération et le salut des hommes, confondit l’audace du serpent trompeur, et releva d’une façon si consolante l’espérance de notre race. Ils ont enseigné que par ce ’divin oracle : « Je mettrai l’inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne, » Dieu avait clairement et ouvertement montré à l’avance le miséricordieux Rédempteur du genre humain, son Fils unique, Jésus-Christ ; désigné sa bienheureuse Mère, la Vierge Marie, et nettement exprimé l’inimitié de l’un et de l’autre contre le démon. En sorte que, comme le Christ, médiateur entre Dieu et les hommes, détruisit, en prenant la nature humaine, l’arrêt de condamnation qui était porté contre nous et l’attacha triomphalement à la croix : ainsi la très sainte Vierge, unie étroitement, unie inséparablement avec lui, fut, par lui et avec lui, l’éternelle ennemie du serpent venimeux, le vainquit, le terrassa sous son pied virginal et sans tache, et lui brisa la tête.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Sophrone, Évêque.

Septième leçon. Vous êtes, ô Marie, vraiment bénie entre les femmes, car vous avez changé en bénédiction la malédiction portée contre Ève ; vous avez fait qu’Adam, qui auparavant gisait sous le poids de l’anathème dont il avait été frappé, a été par vous béni. Vous êtes vraiment bénie entre les femmes, puisque c’est par vous que la bénédiction du Père céleste s’est répandue sur les hommes et les a délivrés de l’ancienne malédiction. Vous êtes vraiment bénie entre les femmes, car c’est par vous que vos ancêtres ont trouvé le salut, puisque vous deviez enfanter le Libérateur qui leur obtiendrait le salut de Dieu. Vous êtes vraiment bénie entre les femmes, parce que, tout en demeurant vierge, vous avez porté le fruit qui répand sur le monde entier la plus abondante bénédiction, et rachète cette terre où la malédiction a fait germer les épines. Vous êtes vraiment bénie entre les femmes, puisque, n’étant qu’une simple femme selon la nature, vous deviendrez la Mère de Dieu. En effet, si celui qui doit naître de vous est, en vérité, un Dieu incarné, c’est à bon droit qu’on vous appelle Mère de Dieu, puisque c’est un Dieu que très véritablement vous avez conçu.

Huitième leçon. « Ne craignez pas, ô Marie, vous avez trouvé grâce devant Dieu », et une grâce qui ne saurait périr, une grâce au-dessus de toute grâce ; vous avez trouvé grâce devant Dieu, une grâce méritant d’être l’objet de tous les vœux, une grâce dont la splendeur défasse toutes les autres grâces, une grâce qui jamais ne diminue ; vous avez trouvé grâce devant Dieu, une grâce qui vous procure le salut, une grâce qui ne sera ébranlée par aucune attaque, une grâce toujours victorieuse, une grâce dont la durée sera éternelle. Il en est d’autres, il en est beaucoup, qui, avant vous ont brillé par une éminente sainteté. Mais à personne n’a été donnée, comme à vous, la plénitude de la grâce ; personne n’a été élevé, comme vous, à une telle magnificence ; personne n’a été prévenu, comme vous, par la grâce qui purifie ; personne n’a brillé comme vous, d’une céleste lumière ; personne n’a été exalté, comme vous, au-dessus de toute grandeur.

Neuvième leçon. Et il convenait assurément qu’il en fût ainsi, car il n’est personne qui se soit approché de Dieu d’aussi près que vous. Personne, comme vous, n’a été enrichi des dons de Dieu ; personne n’a eu part autant que vous, à la grâce de Dieu. Vous l’emportez sur tout ce qu’il y a d’éminent parmi les hommes, et les dons que le Seigneur vous a faits surpassent tous les bienfaits répandus par la divine largesse sur les autres créatures. Vous êtes, en effet, enrichie plus que toutes, de la possession de Dieu qui habite en vous. Aucune autre créature n’a pu ainsi contenir Dieu au dedans d’elle-même ; personne n’a joui ainsi de la présence de Dieu ; personne n’a été jugé digne d’être éclairé comme vous, par le Seigneur. Et c’est pourquoi vous n’avez pas seulement reçu en vous le Dieu, Créateur et souverain Maître de l’univers, mais c’est en vous qu’il a pris chair d’une manière ineffable ; vous l’avez porté dans votre sein ; vous l’avez ensuite mis au monde, ce Dieu qui allait racheter tous les hommes de la condamnation fulminée contre notre premier père, et procurer généreusement à tous un salut qui n’aura pas de fin. Et c’est pour cela que, m’adressant à vous, je me suis écrié et m’écrierai encore de toute l’ardeur de mon âme : « Je vous salue, pleine de grâce, vous êtes bénie entre les femmes. »

Considérons la très pure Marie, dans la maison de sainte Élisabeth, rendant avec une ineffable charité toute sorte de service à sa bienheureuse cousine, la favorisant de ses doux entretiens, assistant à la glorieuse Nativité de saint Jean-Baptiste, et enfin retournant, après son ministère rempli, dans son humble demeure de Nazareth. Mais pour mieux pénétrer tous ces divins mystères, empruntons encore le secours du Docteur Séraphique :

« Adoncques, son terme arrivant, Élisabeth accoucha d’un fils, lequel Notre-Dame leva de terre et apprêta soigneusement, pour autant qu’il était expédient. Or, le petit regardait icelle, comme s’il eût eu jà de l’entendement ; et quand elle voulait le donner à sa mère, il se détournait la tête devers notre dite Dame, et ne se plaisait que sur elle ; et elle, de son côté, se jouait gaiement avec que lui, l’embrassait et baisait joyeusement. Considérez la magnificence de Jehan : jamais oncques nul poupon n’eut telle porteuse. L’on compte maints autres privilèges d’icelui, sur lesquels je n’insiste pas pour le présent.

« Or, le jour huitième, fut circoncis l’enfant, et fut nommé Jehan. Pour lors, fut ouverte la bouche de Zacharie, et il prophétisa, disant : Béni le Seigneur Dieu d’Israël ! et c’est ainsi qu’en icelle maison furent faits ces deux très beaux Cantiques ; à savoir, le Magnificat et le Benedictus. Cependant Notre-Dame se tenant derrière une courtine, à ce qu’elle ne fût vue des hommes qui s’étaient assemblés pour la circoncision de Jehan, écoutait attentivement le présent Cantique, en lequel était mention de son Fils, et recueillait toutes choses en son cœur, moult sagement. Finalement, disant adieu à Élisabeth, à Zacharie, et puis, bénissant Jehan, elle s’en retourna avecque son époux à la maison de son habitation, en Nazareth. En cette présente réversion, rappelle en ton esprit la pauvreté d’icelle. Elle s’en retourne. en effet, vers une maison où elle ne va trouver ni pain, ni vin, ni autres nécessaires ; joint à cela, qu’elle n’avait ni chevance, ni pécune. Or, elle a demeuré ces trois mois durant chez les honnêtes personnes que nous venons de dire, lesquelles, peut-être bien, étaient riches ; mais à cette heure la voilà qui revient à sa pauvreté, et qui, pour se procurer le vivre, s’en va travailler de ses propres mains. Compatis à icelle, enflamme-toi en l’amour de pauvreté. »

SÉQUENCE EN L’HONNEUR DE LA SAINTE VIERGE. (Tirée des anciens Missels Romains-Français.)
Salut, Vierge glorieuse, reflet du Ciel, Rose du monde, Lis de virginité !
Salut, Perle précieuse, plus splendide que le soleil ; joie des cœurs purs !
Vous êtes l’espoir des pécheurs, Marie ! la tendre Mère du Rédempteur, la gloire des âmes rachetées.
A vous finit la mort, commence la vie ; à vous, les trois Hiérarchies offrent de dignes hommages.
Branche fleurie de Jessé, radieuse Etoile de la mer, astre de vraie lumière !
Vous portez le Fruit de vie ; et tout ce que votre main conduit, arrive au port du salut.
Jardin fleuri, doux aux malades, Fontaine de pureté toujours scellée, d’où jaillissent les eaux de la grâce !
Trône du vrai Salomon, que le Roi de gloire a enrichi des plus magnifiques dons du ciel !
O reine de piété et de toute sainteté ; fleuve intarissable !
Sauvez ceux qui se confient en vous, et du breuvage du salut étanchez notre soif.
Vers vous, pleurant, nous soupirons ; guidez nos âmes, nous vous supplions, nous, malheureux enfants d’Ève.
Considérez avec clémence, de l’œil de votre bonté, l’état de notre misère.
Vase embaumé de tous les parfums ; Trésor de toutes les grâces du salut !
Exhalez en nous vos suavités, et répandez sur nous la grâce qui vous enrichit.
Bonne Mère du doux Jésus, Salut du monde, Dame des célestes habitants.
Donnez-nous une paix sans fin, et transportez-nous dans les clartés d’en haut après ce sombre exil. Amen.
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Sainte Lucie vierge et martyre Mémoire de l’Octave de l’Immaculée Conception

13 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Sainte Lucie vierge et martyre Mémoire de l’Octave de l’Immaculée Conception

Collecte

Exaucez-nous, ô Dieu notre Sauveur, afin que, comme la fête de la Bienheureuse Lucie, votre Vierge, nous donne la joie, elle nous enseigne aussi la ferveur d’une sainte dévotion.

Office

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. Lucie, vierge de Syracuse, illustre dès l’enfance non seulement par la noblesse de sa race, mais encore par la foi chrétienne, vint à Catane avec sa mère Eutychia malade d’un flux de sang, pour vénérer le corps de sainte Agathe. Après avoir prié humblement près du tombeau de la sainte, elle y obtint la santé de sa mère. Aussitôt elle supplia celle-ci de souffrir qu’elle distribuât aux pauvres de Jésus-Christ la dot qu’elle comptait lui donner. C’est pourquoi Lucie revint à Syracuse, vendit tous ses biens, et en distribua le prix aux pauvres.
Cinquième leçon. Celui à qui cette vierge avait été fiancée par ses parents contre sa volonté, apprenant ce fait, la dénonça comme chrétienne au préfet Paschasius. Ce dernier ne pouvant, ni par ses prières ni par ses menaces, amener Lucie au culte des idoles, voyant au contraire que plus il s’efforçait de la faire changer de sentiments, plus elle semblait ardente à célébrer les louanges de la foi chrétienne, lui dit : « Tu ne parleras plus ainsi lorsqu’on en sera venu aux coups. — La parole, répondit la vierge, ne peut manquer aux serviteurs de Dieu, car le Seigneur, le Christ leur a dit : Lorsque vous serez conduits devant les rois et les gouverneurs, ne vous mettez pas en peine de la manière dont vous parlerez ou de ce que vous direz ; ce que vous aurez à dire vous sera inspiré à l’heure même, car ce n’est pas vous qui parlez, mais l’Esprit-Saint. »
Sixième leçon. Paschasius lui adressant cette question : « Le Saint-Esprit est-il donc en toi ? » Elle répondit : « Ceux qui vivent chastement et pieusement sont le temple de l’Esprit-Saint. — Je vais donc te faire conduire en un lieu infâme, repartit le préfet, pour que le Saint-Esprit t’abandonne. » La vierge répondit : « Si vous ordonnez qu’on me fasse violence malgré moi, ma chasteté méritera doublement la couronne. » A ces mots Paschasius, enflammé de colère, ordonna d’entraîner la vierge ; mais, par un miracle de la puissance divine, celle-ci demeura ferme et immobile au même lieu, sans qu’aucun effort l’en pût arracher. C’est pourquoi le préfet, ayant fait répandre sur Lucie de la poix, de la résine et de l’huile bouillante, ordonna d’allumer du feu autour d’elle ; mais comme la flamme ne lui faisait aucun mal, après qu’on l’eut tourmentée en plusieurs manières, on lui perça la gorge d’un coup d’épée. Mortellement blessée, Lucie prédit la tranquillité dont l’Église devait jouir après la mort de Dioclétien et de Maximien, et rendit son esprit à Dieu, le jour des ides de décembre. Son corps, enseveli à Syracuse, fut ensuite transporté à Constantinople, et enfin à Venise.
 

Voici la quatrième de nos Vierges sages, la vaillante Lucie. Son nom glorieux étincelle au sacré Diptyque du Canon de la Messe, à côté de ceux d’Agathe, d’Agnès et de Cécile ; mais, dans les jours de l’Avent, le nom de Lucie annonce la Lumière qui approche, et console merveilleusement l’Église. Lucie est aussi une des trois gloires de la Sicile chrétienne ; elle triomphe à Syracuse, comme Agathe brille à Catane, comme Rosalie embaume Palerme de ses parfums. Fêtons-la donc avec amour, afin qu’elle nous soit en aide en ce saint temps, et nous introduise auprès de Celui dont l’amour l’a rendue victorieuse du monde. Comprenons encore que si le Seigneur a voulu que le berceau de son Fils parût ainsi entouré d’une élite de Vierges, et s’il ne s’est pas contenté d’y faire paraître des Apôtres, des Martyrs et des Pontifes, c’est afin qu’au milieu de la joie d’un tel Avènement, les enfants de l’Église n’oublient pas d’apporter à la crèche du Messie, avec la foi qui l’honore comme le souverain Seigneur, cette pureté du cœur et des sens que rien ne saurait remplacer dans ceux qui veulent approcher de Dieu.

Nous prenons dans l’Office de la Sainte quelques Antiennes, dont l’ensemble forme une œuvre lyrique pleine de grâce et de fraîcheur :

Sainte Lucie étant en prières, la bienheureuse Agathe lui apparut, et consolait la servante du Christ.
Vierge Lucie, lui dit-elle, pourquoi me demandes-tu pour ta mère un secours que toi-même lui peux procurer ?
A cause de toi, Vierge Lucie, la ville de Syracuse sera comblée de gloire par le Seigneur Jésus-Christ.
Voix de Lucie : Je vous bénis, ô Père de mon Seigneur Jésus-Christ, de ce que, par votre Fils, le feu qui m’environnait a été éteint.
Dans ta patience, tu as possédé ton âme, ô Lucie, Épouse du Christ ! tu as haï les choses du monde, et tu brilles avec les Anges : par ton propre sang, tu as vaincu l’ennemi.

Nous nous adressons à vous, ô Vierge Lucie, pour obtenir la grâce de voir dans son humilité Celui que vous contemplez présentement dans la gloire : daignez nous accepter sous votre puissant patronage. Le nom que vous avez reçu signifie Lumière : soyez notre flambeau dans la nuit qui nous environne. O Lampe toujours brillante de la splendeur de virginité, illuminez nos yeux ; guérissez les blessures que leur a faites la concupiscence, afin qu’ils s’élèvent, au-dessus de la créature, jusqu’à cette Lumière véritable qui luit dans les ténèbres, et que les ténèbres ne comprennent point. Obtenez que notre œil purifié voie et connaisse, dans l’Enfant qui va naître, l’Homme nouveau, le second Adam, l’exemplaire de notre vie régénérée. Souvenez-vous aussi, Vierge Lucie, de la sainte Église Romaine et de toutes celles qui empruntent d’elle la forme du Sacrifice : car elles prononcent chaque jour votre doux nom à l’autel, en présence de l’Agneau votre Époux, à qui il est agréable de l’entendre. Répandez vos bénédictions particulières sur l’île fortunée qui vous donna le jour terrestre et la palme de l’éternité. Maintenez-y l’intégrité de la foi, la pureté des mœurs, la prospérité temporelle, et guérissez les maux que vous connaissez.

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Vème jour dans l’Octave de l’Immaculée Conception

12 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Vème jour dans l’Octave de l’Immaculée Conception

Office

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

De la Bulle dogmatique du Pape Pie IX.

Quatrième leçon. Comme les cérémonies du culte sont intimement liées avec ce qui en est l’objet, et ne peuvent demeurer fixement établies si cet objet est vague et mal défini ; les Pontifes romains, nos prédécesseurs, en même temps qu’ils faisaient tous leurs efforts pour accroître le culte de la Conception, se sont attachés, pour cette raison, avec le plus grand soin, à en faire connaître l’objet et à en bien préciser et inculquer la doctrine. Ils ont, en effet, enseigné clairement et manifestement que c’était la Conception de la Vierge dont on célébrait la fête, et ils ont proscrit comme fausse et entièrement éloignée de la pensée de l’Église, l’opinion de ceux qui croyaient et affirmaient que ce n’était pas la Conception, mais la sanctification de la sainte Vierge, que l’Église honorait.

Cinquième leçon. Ils n’ont pas cru devoir garder plus de ménagements avec ceux qui, pour ébranler la doctrine de l’Immaculée Conception de la Vierge, imaginaient une distinction entre le premier et le second instant de la Conception, et prétendaient qu’à la vérité c’était bien la Conception qu’on célébrait, mais pas le premier moment de la Conception. Nos prédécesseurs, en effet, ont cru de leur devoir de soutenir et de défendre de toutes leurs forces, tant la fête de la Conception de la Vierge bienheureuse, que le premier moment de sa Conception, comme étant le véritable objet du culte. De là ces paroles d’une autorité pleinement décisive, par lesquelles Alexandre VII, l’un de Nos prédécesseurs, a déclaré la véritable pensée de l’Église. « C’est assurément dit-il, une ancienne croyance que celle des pieux fidèles qui pensent que l’âme de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le premier instant où elle a été créée et unie à son corps, a été, par un privilège et une grâce spéciale de Dieu, préservée et mise à l’abri de la tache du péché originel, et qui, dans ce sentiment, honorent et célèbrent solennellement la fête de sa Conception. »

Sixième leçon. Mais surtout Nos prédécesseurs ont toujours, et par un dessein suivi, travaillé avec zèle et de toutes leurs forces, à soutenir, à défendre et à maintenir dans son intégrité la doctrine de l’Immaculée Conception de la Mère de Dieu. En effet, non seulement ils n’ont jamais souffert que cette doctrine fût l’objet d’un blâme ou d’une censure quelconque, mais ils sont allés beaucoup plus loin. Par des déclarations positives et réitérées, ils ont enseigné que la doctrine par laquelle nous professons la Conception Immaculée de la Vierge est tout à fait d’accord avec le culte de l’Église et qu’on la considère à bon droit comme telle ; que c’était l’ancienne doctrine presque universelle et si considérable, que l’Église romaine s’était chargée elle-même de la favoriser et de la défendre ; enfin, qu’elle est digne sous tout rapport, d’avoir place dans la Liturgie sacrée et dans les prières les plus solennelles. Non contents de cela, afin que la doctrine de la Conception Immaculée de la Vierge demeurât à l’abri de toute atteinte, ils ont sévèrement interdit de soutenir, publiquement ou en particulier, l’opinion contraire à cette doctrine, et ils ont voulu que, frappée pour ainsi dire, de tant de coups, elle succombât pour ne plus se relever.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Tharaise, Évêque.

Septième leçon. De quelles louanges vous comblerons-nous, ô Marie ? O fille immaculée, ô Vierge sans souillure ! ô l’honneur des femmes, la gloire des filles ! Ô Vierge et Mère toute sainte ! Vous êtes bénie entre toutes les femmes ; vous êtes illustre pour votre innocence, et vous portez le sceau de la virginité. Vous avez expié la malédiction portée contre Adam ; vous avez payé la dette contractée par Ève. Vous êtes l’offrande très pure d’Abel et comme les prémices choisies de son troupeau ; vous êtes le sacrifice immaculé qu’il offrait. Vous êtes cette espérance en Dieu qu’Enos ne rougissait pas de faire paraître ; vous êtes cette justice d’Énoch, qui commence sur la terre pour passer dans une vie plus sûre. Vous êtes l’arche de Noé, et, près de Dieu, vous nous obtenez le bienfait de la régénération. Vous êtes la splendeur très illustre de la royauté et du sacerdoce de Melchisédech ; vous êtes la ferme confiance d’Abraham et cette foi docile dans la promesse d’une postérité qui devait naître de lui. Vous êtes le nouveau sacrifice d’Isaac et l’holocauste d’une créature raisonnable ; c’est à cause de vous que Jacob vit en songe l’échelle où montaient les Anges ; vous êtes l’expression la plus noble de cette fécondité d’où sortent Ses douze tribus. Vous avez paru fille de Juda par l’origine ; vous êtes la chasteté de Joseph et la ruine de l’antique Égypte, c’est-à-dire de la synagogue des Juifs, ô Immaculée ! Vous êtes le livre donné par Dieu à Moïse, le promulgateur de la loi ; ce livre dans lequel est écrit le mystère de la régénération et qui contient, gravée sur des tables par le doigt divin, la loi reçue sur le mont Sinaï. C’est par vous que le nouvel Israël sera tiré de la servitude des Égyptiens spirituels, et nourri comme l’ancien peuple qui fut rassasié dans le désert de la manne et de l’eau du rocher : or, la pierre était le Christ qui devait sortir de votre sein, comme un époux de la chambre nuptiale. Vous êtes la verge d’Aaron, qui se couvre de fleurs ; vous êtes la fille de David revêtue de vêtements aux franges d’or, et brillante d’ornements variés.

Huitième leçon. Vous êtes le miroir des Prophètes et le terme de leurs prophéties. C’est vous qu’Ézéchiel, dans son ardeur prophétique, appelait la porte close, par laquelle personne ne passera jamais, excepté le Seigneur Dieu lui seul ; et lui-même la conservera close. C’est vous qu’Isaïe, éloquent parmi tous les Prophètes, annonce comme la tige de Jessé d’où naîtra cette fleur, le Christ, qui, après avoir arraché avec leurs racines les rejetons des vices, mettra dans son champ la plante de la connaissance de Dieu. C’est vous que Jérémie a prédite, en s’écriant : « Voilà que des jours viennent, dit le Seigneur, et je ferai une nouvelle alliance avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda », cette nouvelle alliance que j’ai promise à leurs pères ; indiquant ainsi la venue et la naissance de votre Fils, et invitant le peuple des Gentils, de la terre entière, à adorer Dieu, lui aussi. C’est vous encore que Daniel, cet homme de désirs, a proclamée sous l’image d’une grande montagne ; vous êtes, en effet, cette montagne d’où le Christ, pierre angulaire, sera détaché pour venir ruiner et réduire en poussière les simulacres du serpent représenté sous mille formes. C’est vous que j’honore brebis sans tache, vous que je publie pleine de grâce, vous que je chante comme l’habitation pure et immaculée de Dieu. Et certes, « là où le péché avait abondé, la grâce a surabondé. » Par une femme nous est venue la mort ; par une femme, Dieu réparera toutes choses. Par le serpent nous avons reçu un aliment d’amère saveur ; mais votre Fils nous nourrira d’un nouvel aliment d’immortalité. Ève, notre première mère, donna le jour à Caïn, le premier des envieux et des méchants ; votre Fils unique sera le premier-né de la vie et de la résurrection. O prodige inouï ! O admirable nouveauté ! O sagesse dont aucune parole ne peut égaler la grandeur !

Neuvième leçon. Pour nous, peuple de Dieu et nation sainte, société agréable à ses yeux, fils de la colombe, enfants de la grâce ; élevons, dans la solennité de cette fête de la Vierge, élevons au ciel nos suaves cantiques avec des lèvres pures et de toute la force de nos voix. Honorant, comme il convient, cette fête insigne, cette auguste solennité qui réjouit les Anges et qui mérite d’être célébrée par toutes les louanges des hommes, chantons ensemble, avec respect et sainte joie, le salut de Gabriel. Salut, délices du Père, par qui la connaissance de Dieu s’est étendue jusqu’aux extrémités de la terre. Salut, demeure du Fils, d’où il est sorti revêtu de chair. Salut, ineffable sanctuaire de l’Esprit-Saint. Salut, Vierge plus sainte que les Chérubins ; salut, Vierge plus glorieuse que les Séraphins ; salut, Vierge plus grande que le ciel ; salut, Vierge plus resplendissante que le soleil ; salut, Vierge puis brillante que là lune ; salut, ô vous qui possédez l’éclat de tous les astres ensemble ; salut, nuée légère, qui répandez la rosée de la pluie céleste. Salut, brise sainte, qui chassez de la terre l’esprit de malice. Salut, noble objet des louanges des Prophètes ; salut, ô vous dont les Apôtres ont fait retentir le nom dans tout l’univers ; salut, témoignage excellent des Martyrs, salut, vous que les Patriarches ont acclamée avec tant d’éloges ; salut, ô le plus sublime ornement des Saints. Salut, cause de salut pour tous les mortels ; salut, Reine qui nous obtenez la paix ; salut, splendeur immaculée des mères. Salut, médiatrice de tout ce qui est sous le ciel ; salut, réparatrice de tout l’univers ; salut, ô pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, lui qui étant avant vous est né de vous, pour vivre avec nous. A lui soit la louange, en union avec le Père et l’Esprit très saint et vivificateur, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Amen.

Considérons la très pure Marie ayant conçu dans son sein le Verbe de Vie, et toute remplie des sentiments que lui inspirent sa religion profonde envers le souverain Seigneur, et son ineffable tendresse de mère envers un tel fils. Admirons une si haute dignité, rendons-lui hommage, et glorifions la Mère d’un Dieu. En elle s’accomplissent et la prophétie d’Isaïe : Une Vierge concevra et enfantera un Fils ; et celle de Jérémie : Le Seigneur a créé quelque chose de nouveau sur la terre : une Femme environnera un Homme ; oracles que les Gentils eux-mêmes avaient mystérieusement recueillis : en sorte que la gloire de la cité des Carnutes d’avoir dédié un autel à la vierge qui devait enfanter, Virgini pariturae, loin d’être douteuse, comme elle le parut aux yeux d’un siècle plus ignorant encore que rationaliste, doit être également attribuée à plusieurs autres villes de l’Occident. Mais qui pourrait raconter la dignité de cette Vierge qui porte en ses flancs bénis le Salut du Monde ? Si Moïse, sortant d’un simple entretien avec Dieu, reparut aux yeux du peuple d’Israël la tête encore environnée des rayons de la majesté de Jéhovah, quelle auréole devait entourer Marie, renfermant en elle, comme un ciel vivant, le souverain Seigneur lui-même ? Mais la divine Sagesse tempérait cet éclat aux yeux des hommes, afin que l’humilité que le Fils de Dieu avait choisie comme le moyen de se manifester à eux, ne fût pas dès l’abord anéantie par la gloire prématurée qui eût éclaté dans sa Mère.

Les sentiments du Cœur de Marie durant ces neuf mois de son union ineffable avec le Verbe divin, nous sont retracés au sacré Cantique, lorsque l’Épouse dit dans son ivresse : « Me voici établie à l’ombre de celui que je désirais, et son fruit est doux à ma bouche ; si je dors, mon cœur veille. Mon âme se fond au bruit de la voix de mon Bien-Aimé ; je suis à lui et il est à moi, celui qui paît entre les lis de ma virginité, jusqu’à ce que le jour de sa Nativité se lève, et que les ombres du péché disparaissent enfin. » Mais souvent aussi, trop faible dans sa mortalité pour soutenir l’amour qui l’oppresse, elle s’écrie aux âmes pieuses, ses compagnes : « O filles de Jérusalem ! Couvrez-moi de fleurs, environnez-moi de fruits odorants ; car je languis d’amour. » — « Cette douce parole, dit le vénérable Pierre de Celles dans son Sermon pour la Vigile de Noël, cette douce parole est celle de l’Épouse qui habite dans les jardins, et qui a voit approcher le temps de son enfantement divin. Quoi de plus aimable entre toutes les créatures que cette Vierge, l’amante du Seigneur, mais premièrement aimée de lui ? C’est elle qui, dans le Cantique, est appelée la biche à jamais chérie. Quoi de plus aimable aussi que a ce Fils de Dieu, né éternellement, et éternellement aimé ; formé, comme dit l’Apôtre, à la fin des temps, au sein de la bien-aimée, et devenu, suivant l’expression du Cantique, le faon, objet de sa tendresse ? Cueillons donc, et préparons nos fleurs, pour les offrir au fils et à la mère. Mais voici les fleurs que nous présenterons en particulier à Notre-Dame. Purifions et renouvelons nos corps par Jésus, qui dit être la Fleur des champs et le Lis des vallons, et efforçons-nous d’approcher de lui par la chasteté. Puis, a défendons la fleur de pureté de tout contact étranger ; car elle se fane, et s’effeuille en un instant, si on l’expose au moindre souffle. Lavons nos mains pour l’offrir dans l’innocence ; et a d’un cœur pur, d’un corps chaste, d’une bouche a sanctifiée, d’une âme intacte, cueillons au jardin du Seigneur les fleurs nouvelles, pour la nouvelle Nativité du nouveau Roi ; environnons de ces fleurs la Sainte des Saintes, la Vierge des Vierges, la Reine des Reines, la Dame des Dames, pour mériter d’avoir notre part en son a Enfantement. »

SÉQUENCE EN L’HONNEUR DE LA SAINTE VIERGE. (Tirée des anciens Missels Romains-Français.)
Salut, Vierge gracieuse, Vierge-Mère glorieuse, Mère du Roi de gloire !
Salut, perle éclatante, par qui nous vint la vie du monde, le Christ, Soleil de justice !
Branche d’olivier chargée de fruits ! Les entrailles de votre tendresse ne sont fermées à aucun mortel.
Dans notre exil, vous nous réjouissez, lorsque, vigne féconde, vous produisez pour fruit le Sauveur, le Seigneur.
Salut, Vierge Mère d’un Dieu ! Soleil du jour céleste, Lune dans la nuit de ce monde !
Clémente par-dessus toutes les mères, secourez-nous, malheureux que nous sommes, ô unique espérance des mortels !
Salut, honneur de virginité, temple à Dieu seul réservé ! Rendez pardonnables toutes nos offenses.
Vous êtes toute à nous ; guidez-nous, Étoile de la mer ! Et nous protégez toujours : nous voici dans vos bras.
Vers vous, clémente, nous soupirons ; si vous ne nous conduisez, nous nous égarons ; donc, enseignez-nous ce qu’il faut faire, pour vivre, au terme de ces jours, éternellement avec les Saints.
Jésus-Christ, Fils de Dieu, tout le fondement de notre espérance, par la médiation de votre Mère, donnez-nous part, avec l’assemblée des Anges, à l’éternelle réjouissance.
Amen.
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Saint Damase Ier pape et confesseur Mémoire de l’Octave de l’Immaculée Conception

11 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Damase Ier pape et confesseur Mémoire de l’Octave de l’Immaculée Conception

Collecte

Pasteur éternel de l’Église, regardez avec bienveillance votre troupeau, protégez-le et gardez-le toujours. Nous vous le demandons par le bienheureux Pape Damase que vous avez placé comme berger à la tête de l’Église.

Office

Quatrième leçon. Damase, espagnol, homme excellent et versé dans les Écritures, ayant convoqué le premier concile de Constantinople, étouffa la criminelle hérésie d’Eunomius et de Macédonius. Il condamna de nouveau l’assemblée de Rimini, déjà rejetée par Libère, dans laquelle, comme l’écrit saint Jérôme, les artifices d’Ursace et surtout de Valens avaient fait proclamer une condamnation de la foi de Nicée, en sorte que le monde gémissant, s’étonnait d’être arien.

Cinquième leçon. Il édifia deux basiliques, l’une sous le nom de Saint-Laurent (près du théâtre de Pompée), qu’il enrichit par les plus grands présents, et à laquelle il attribua des revenus de maisons et de terres ; l’autre sur la voie Ardéatine, aux Catacombes. Il dédia le lieu enrichi de marbres où les corps de saint Pierre et de saint Paul ont reposé quelque temps, et l’orna de vers élégamment composés. Il écrivit aussi sur la virginité en vers et en prose, et composa beaucoup d’autres poésies. Sixième leçon. Il établit la peine du talion contre ceux qui auraient accusé quelqu’un faussement, et ordonna que, selon l’usage déjà reçu en plusieurs lieux on chanterait jour et nuit, dans toutes les églises, les Psaumes à deux chœurs, et qu’on ajouterait à la fin de chaque Psaume : Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. Ce fut lui qui chargea saint Jérôme de traduire le nouveau Testament selon la fidélité du texte grec. Il gouverna l’Église pendant dix-sept ans, deux mois et vingt-six jours, et fit cinq ordinations au mois de décembre, dans lesquelles il créa trente et un Prêtres, onze Diacres, et soixante-deux Évêques pour divers lieux. Illustre par sa vertu, sa science et sa prudence, et presque octogénaire, Damase s’endormit dans le Seigneur, sous l’empire de Théodose le Grand, et fut enseveli avec sa mère et sa sœur, dans la basilique qu’il avait lui-même élevée sur la voie Ardéatine. Ses reliques ont été transportées depuis dans l’église de Saint-Laurent, appelée de son nom, in Damaso.

Ce grand Pontife apparaît au Cycle, non plus pour annoncer la Paix comme saint Melchiade, mais comme un des plus illustres défenseurs du grand Mystère de l’Incarnation. Il venge la foi des Églises dans la divinité du Verbe, en condamnant, comme son prédécesseur Libère, les actes et les fauteurs du trop fameux concile de Rimini ; il atteste par sa souveraine autorité l’Humanité complète du Fils de Dieu incarné, en proscrivant l’hérésie d’Apollinaire. Enfin, nous pouvons considérer comme un nouvel et éclatant témoignage de sa foi et de son amour envers l’Homme-Dieu, la charge qu’il donna à saint Jérôme de travailler à une nouvelle version du Nouveau Testament sur l’original grec, pour l’usage de l’Église Romaine. Honorons un si grand Pontife que le Concile de Chalcédoine appelle l’ornement et la force de Rome par sa piété, et que son illustre ami et protégé saint Jérôme qualifie d’homme excellent, incomparable, savant dans les Écritures, Docteur vierge d’une Eglise vierge.

Saint Pontife Damase ! Vous avez été durant votre vie le flambeau des enfants de l’Église ; car vous leur avez fait connaître le Verbe incarné, vous les avez prémunis contre les doctrines perfides au moyen desquelles l’Enfer cherchera toujours à dissoudre ce Symbole glorieux, dans lequel sont écrites la souveraine miséricorde d’un Dieu pour l’œuvre de ses mains, et la dignité sublime de l’homme racheté. Du haut de la Chaire de Pierre, vous avez confirmé vos frères, et votre foi n’a point défailli ; car le Christ avait prié pour vous. Nous nous réjouissons de la récompense infinie que le Prince des Pasteurs a octroyée à votre intégrité, ô Docteur vierge de l’Église vierge ! Du haut du ciel, faites descendre jusqu’à nous un rayon de cette lumière dans laquelle le Seigneur Jésus se fait voir à vous en sa gloire ; afin que nous puissions aussi le voir, le reconnaître, le goûter dans l’humilité sous laquelle il va bientôt se montrer à nous. Obtenez-nous et l’intelligence des saintes Écritures, dans la science desquelles vous fûtes un si grand Docteur, et la docilité aux enseignements du Pontife romain, auquel il a été dit, en la personne du Prince des Apôtres : Duc in altum : avancez dans la haute mer.

Faites, ô puissant successeur de ce pêcheur d’hommes, que tous les Chrétiens soient animés des mêmes sentiments que Jérôme, lorsque, s’adressant à votre Apostolat, dans une célèbre Épître, il disait : « C’est la Chaire de Pierre que je veux consulter ; je veux que d’elle me vienne la foi, nourriture démon âme. La vaste étendue des mers, la distance des terres, ne m’arrêteront point dans la recherche de cette perle précieuse : là où se trouve le corps, il est juste que les aigles s’y rassemblent. C’est à l’Occident que maintenant se lève le Soleil de justice : c’est pourquoi je demande au Pontife la Victime du salut ; du Pasteur, moi brebis, j’implore le secours. Sur la Chaire de Pierre est bâtie l’Église : quiconque mange l’Agneau hors de cette Maison est un profane ; quiconque ne sera pas dans l’Arche de Noé, périra dans les eaux du déluge. Je ne connais pas Vital ; je n’ai rien de commun avec Mélèce ; Paulin m’est inconnu : quiconque ne recueille pas avec vous, ô Damase, dissipe ce qu’il a amassé ; car celui qui n’est pas au Christ est à l’Antéchrist »

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IIème dimanche de l’Avent

10 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

IIème dimanche de l’Avent

Introït

Peuple de Sion, voici que le Seigneur vient pour sauver les nations. Il va faire retentir sa voix majestueuse, et vous aurez le cœur en joie. Écoutez-moi, Pasteur d’Israël, vous qui menez le peuple de Joseph comme un berger son troupeau.

Collecte

Excitez, Seigneur, nos cœurs pour préparer la route à votre Fils unique, afin que sa venue nous permette de vous servir avec une âme plus pure.

Lecture Rm. 15, 4-13

Mes Frères : Tout ce qui a été écrit avant nous l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience et la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l’espérance. Que le Dieu de la patience et de la consolation vous donne d’avoir les uns envers les autres les mêmes sentiments selon Jésus-Christ, afin que, d’un même cœur et d’une même bouche, vous glorifiez Dieu, le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. J’affirme, en effet, que le Christ a été ministre des circoncis, pour montrer la véracité de Dieu, en accomplissant les promesses faites à leurs pères, tandis que les Gentils glorifient Dieu à cause de sa miséricorde, selon qu’il est écrit : " C’est pourquoi je te louerai parmi les nations, et je chanterai à la gloire de ton nom. " L’Écriture dit encore : " Nations, réjouissez-vous avec son peuple. " Et ailleurs : " Nations, louez toutes le Seigneur ; peuples, célébrez-le tous. " Isaïe dit aussi : " Il paraîtra, le rejeton de Jessé, celui qui se lève pour régner sur les nations ; en lui les nations mettront leur espérance. " Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi, afin que, par la vertu de l’Esprit-Saint, vous abondiez en espérance !

Évangile Mt, 11, 2–10

En ce temps-là : Jean, dans sa prison, ayant entendu parler des œuvres du Christ, lui envoya dire par ses disciples : « Êtes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute ! » Comme ils s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules au sujet de Jean : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent ? Qu’êtes-vous donc aller voir ? Un homme vêtus d’(habits) somptueux ? Mais ceux qui portent des (habits) somptueux se trouvent dans les demeures des rois. Mais qu’êtes-vous allés (voir) ? Voir un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète. C’est celui dont il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de vous, pour vous préparer la voie devant vous. »

Offertoire

Mon Dieu, tournez-vous vers nous pour nous donner la vie ; et votre peuple en vous trouvera la joie. Faites-nous voir votre miséricorde, Seigneur, et donnez-nous votre Sauveur.

Secrète

Soyez apaisé, Seigneur, vous vous en prions, par les prières et les sacrifices de notre humilité : et puisque nous n’avons pas de mérite à y joindre en recommandation, que votre grâce vienne à notre secours.

Office

Au premier nocturne.

Du Prophète Isaïe. Cap. 11, 1-10.

Première leçon. Et il sortira un rejeton de la racine de Jessé, et une fleur s’élèvera de sa racine. Et l’esprit du Seigneur reposera sur lui : l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de science et de piété ; et l’esprit de la crainte du Seigneur le remplira. II ne jugera pas d’après ce qu’auront vu les yeux, et il ne condamnera pas d’après ce qu’auront ouï les oreilles ; mais il jugera les pauvres dans la justice, et il se prononcera avec équité pour les doux de la terre.
Deuxième leçon. Et il frappera !a terre de la verge de sa bouche, et du souffle de ses lèvres, il tuera l’impie. Et la justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité, le ceinturon de ses flancs. Le loup habitera avec l’agneau ; et le léopard se couchera près du chevreau ; le jeune taureau, et le lion, et la brebis demeureront ensemble ; et un petit enfant les conduira. Le veau et l’ours iront aux mêmes pâturages, leurs petits se reposeront ensemble ; et le lion, comme le bœuf, mangera la paille.
Troisième leçon. Et l’enfant à la mamelle se jouera sur te trou de l’aspic : et celui qui viendra d’être sevré portera sa main dans la caverne du basilic. Ils ne nuiront pas et ils ne tueront pas sur toute ma montagne sainte ; parce que la terre est remplie de la connaissance du Seigneur, comme les eaux qui couvrent la mer. En ce jour-là viendra la racine de Jessé, qui est comme l’étendard des peuples ; c’est lui à qui les nations adresseront leurs prières, et son sépulcre sera glorieux.
 

Au deuxième nocturne.

du Commentaire de saint Jérôme, prêtre, sur le Prophète Isaïe.

Quatrième leçon. « Et il y sortira un rejeton de la racine de Jessé. » Jusqu’au commencement de la vision ou du poids  de Babylone, que vit Isaïe, fils d’Amos, toute cette prophétie se rapporte au Christ. Nous allons l’expliquer par parties, de peur que, proposée et discutée à la fois tout entière, elle ne jette la confusion dans la mémoire du lecteur. Les Juifs prétendent que le rejeton et la fleur, sortis de la racine de Jessé, désignent le Seigneur lui-même, dont la puissance royale serait indiquée par le rejeton, et la beauté figurée par la fleur.
Cinquième leçon. Quant à nous, par la tige s’élevant de la racine de Jessé, entendons plutôt la sainte Vierge Marie, qui ne s’est jamais unie à quelque autre tige et dont il est dit plus haut déjà : « Voici qu’une vierge concevra, et enfantera un fils. » Par la fleur, nous entendons le Seigneur, notre Sauveur, qui dit, dans le Cantique des cantiques : « Je suis la fleur du champ et le lys des vallées. »
Sixième leçon. Donc, sur cette fleur qui, par la Vierge Marie, s’élève tout à coup du tronc et de la racine de Jessé, se reposera l’Esprit du Seigneur ; puisqu’il a plu à Dieu que « toute la plénitude de la divinité habite en lui corporellement » et qu’elle n’y soit pas en partie, comme dans les autres Saints, selon ces paroles que les Nazaréens lisent dans leur Évangile, écrit en langue hébraïque : Toute la source du Saint-Esprit descendra sur lui. Or, le Seigneur est esprit, et où est l’esprit du Seigneur se trouve la liberté.

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Septième leçon. Après tant de signes et de prodiges que le Sauveur avait fait voir, il ne pouvait être pour personne un sujet de scandale, mais il aurait dû rester pour tous un sujet d’admiration. Cependant après tant de miracles, sa mort causa un très grand scandale dans l’esprit des infidèles ; et c’est pourquoi saint Paul a dit : « Nous prêchons le Christ crucifié ; scandale pour les Juifs, folie pour les Gentils ». Oui, les hommes regardèrent comme une folie que l’auteur de la vie mourût pour le salut des hommes ; et ainsi l’homme a tiré un sujet de scandale de ce qui devait le plus exciter sa reconnaissance. Car Dieu doit être honoré par les hommes d’une manière d’autant plus digne, qu’il a souffert pour les hommes de plus indignes traitements.
Huitième leçon. Quel est donc le sens de ces paroles : « Bienheureux celui qui ne sera point scandalisé de moi ? » N’est-ce pas une déclaration manifeste de l’abjection et de l’humiliation de sa mort ? Comme s’il disait ouvertement : II est vrai que je fais des choses admirables ; mais je ne dédaigne pas d’en souffrir d’abjectes. Puisque donc, en mourant, je me fais semblable à toi, que les hommes qui vénèrent mes miracles, se gardent bien de mépriser en moi la mort.
Neuvième leçon. Mais, écoutons ce que le Sauveur dit aux foules, en leur parlant de Jean, après avoir renvoyé les disciples de ce même Jean : « Qu’êtes-vous allé voir au désert ? un roseau agité par le vent ? » Question qu’il pose non pour affirmer l’exactitude de la comparaison, mais pour la nier. Un roseau s’incline vers le côté opposé dès que la brise le touche. Et que nous désigne le Sauveur par ce terme de roseau, sinon l’âme charnelle ? Celle-ci, aussitôt que la faveur ou la disgrâce viennent l’atteindre, s’incline d’un côté ou de l’autre.

L’Office de ce Dimanche est rempli tout entier des sentiments d’espérance et de joie que donne à l’âme fidèle l’heureuse nouvelle de la prochaine arrivée de celui qui est son Sauveur et son Époux. L’Avènement intérieur, celui qui s’opère dans les âmes, est l’objet presque exclusif des prières de l’Église en ce jour : ouvrons donc nos cœurs, préparons nos lampes, et attendons dans l’allégresse ce cri qui se fera entendre au milieu de la nuit : Gloire à Dieu ! Paix aux hommes !

L’Église Romaine fait en ce jour la Station en la Basilique de Sainte-Croix-en-Jérusalem. C’est dans cette vénérable Église que Constantin déposa une portion considérable de la vraie Croix, avec le Titre qui y fut attaché par ordre de Pilate, et qui proclamait la Royauté du Sauveur des hommes. On y garde encore ces précieuses reliques ; et, enrichie d’un si glorieux dépôt, la Basilique de Sainte-Croix-en-Jérusalem est considérée, dans la Liturgie Romaine, comme Jérusalem elle-même ; ainsi qu’on peut le voir aux allusions que présentent les diverses Messes des Stations qu’on y célèbre. Dans le langage des saintes Écritures et de l’Église, Jérusalem est le type de l’âme fidèle ; telle est aussi la pensée fondamentale qui a présidé à la composition de l’Office et de la Messe de ce Dimanche. Nous regrettons de ne pouvoir développer ici tout ce magnifique ensemble, et nous nous hâtons d’ouvrir le Prophète Isaïe. et d’y lire, avec l’Église, le passage où elle puise aujourd’hui le motif de ses espérances dans le règne doux et pacifique du Messie. Mais adorons d’abord ce divin Messie.

Regem ventúrum Dóminum, veníte, adorémus. Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du Prophète Isaïe. Chap. XI. (Voir leçons des Matines plus haut)

Que de choses dans ces magnifiques paroles du Prophète ! La Branche ; la Fleur qui en sort ; l’Esprit qui se repose sur cette fleur ; les sept dons de cet Esprit ; la paix et la sécurité rétablies sur la terre ; une fraternité universelle dans l’empire du Messie. Saint Jérôme, dont l’Église emprunte aujourd’hui les paroles dans les Leçons du second Nocturne, nous dit « que cette Branche sans aucun nœud qui sort de la tige de Jessé, est la Vierge Marie, et que la Fleur est le Sauveur a lui-même, qui a dit dans le Cantique : Je suis la fleur des champs et le lis des vallons ». Tous les siècles chrétiens ont célébré avec transport et la Branche merveilleuse, et sa divine Fleur. Au moyen âge, l’Arbre de Jessé couvrait de ses prophétiques rameaux le portail des Cathédrales, étincelait sur leurs vitraux, s’épandait en broderie sur les tapisseries du sanctuaire ; et la voix mélodieuse des prêtres chantait le doux Répons composé par Fulbert de Chartres et mis en chant grégorien par le pieux roi Robert :

R/. La tige de Jessé a produit une branche, et la branche une fleur ; * Et sur cette fleur l’Esprit divin s’est reposé. V/. La Vierge Mère de Dieu est la branche, et son fils est la fleur ; * Et sur cette fleur l’Esprit divin s’est reposé.

Et le dévot saint Bernard, commentant ce Répons dans sa deuxième Homélie sur l’Avent, disait : « Le Fils de la Vierge est la fleur, fleur blanche et pourprée, choisie entre mille ; fleur dont la vue réjouit les Anges, et dont l’odeur rend la vie aux morts ; Fleur des champs, comme elle le dit elle-même, et non fleur des jardins ; car la fleur des champs pousse d’elle-même sans le secours de l’homme, sans les procédés de l’agriculture. Ainsi le chaste sein de la Vierge, comme un champ d’une verdure éternelle, a produit cette divine fleur dont la beauté ne se corrompt pas, dont l’éclat ne se fanera jamais. O Vierge ! branche sublime, à quelle hauteur ne montez-vous pas ? Vous arrivez jusqu’à celui qui est assis sur le Trône, jusqu’au Seigneur de majesté. Et je ne m’en étonne pas ; car vous jetez profondément en terre les racines de l’humilité. O plante céleste, la plus précieuse de toutes et la plus sainte ! O vrai arbre de vie, qui seule avez été digne de porter le fruit du salut ! »

Parlerons-nous de l’Esprit-Saint et de ses dons, qui ne se répandent sur le Messie qu’afin de descendre ensuite sur nous, qui seuls avons besoin de Sagesse et d’Intelligence, de Conseil et de Force, de Science, de Piété et de Crainte de Dieu ? Implorons avec instances ce divin Esprit par l’opération duquel Jésus a été conçu et formé au sein de Marie, et demandons-lui de le former aussi dans notre cœur. Mais réjouissons-nous encore sur les admirables récits que nous fait le Prophète, de la félicité, de la concorde, de la douceur qui règnent sur la Montagne sainte. Depuis tant de siècles le monde attendait la paix : elle vient enfin. Le péché avait tout divisé ; la grâce va tout réunir. Un tendre enfant sera le gage de l’alliance universelle. Les Prophètes l’ont annoncé, la Sibylle l’a déclaré, et dans Rome même encore ensevelie sous les ombres du Paganisme, le prince des poètes latins, écho des traditions antiques, a entonné le chant fameux dans lequel il dit : « Le dernier âge, l’âge prédit par la Sibylle de Cumes va s’ouvrir ; une nouvelle race d’hommes descend du ciel. Les troupeaux n’auront plus à craindre la fureur des lions. Le serpent périra ; et l’herbe trompeuse qui donne le poison sera anéantie. »

Venez donc, ô Messie, rétablir l’harmonie primitive ; mais daignez vous souvenir que c’est surtout dans le cœur de l’homme que cette harmonie a été brisée ; venez guérir ce cœur, posséder cette Jérusalem, indigne objet de votre prédilection. Assez longtemps elle a été captive en Babylone ; ramenez-la de la terre étrangère. Rebâtissez son temple ; et que la gloire de ce second temple soit plus grande que celle du premier, par l’honneur que vous lui ferez de l’habiter, non plus en figure, mais en personne. L’Ange l’a dit à Marie : Le Seigneur Dieu donnera à votre fils le trône de David son père ; et il régnera dans la maison de Jacob à jamais, et son règne n’aura point de fin. Que pouvons-nous faire, ô Jésus ! si ce n’est de dire, comme Jean le bien-aimé, à la fin de sa Prophétie : Amen ! Ainsi soit-il ! Venez, Seigneur Jésus !

 

 

IIème dimanche de l’Avent
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O Dieu

9 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

O Dieu

O Dieu, créateur de l'univers ! accordez-moi d'abord de vous bien prier, ensuite de me rendre digne d'être exaucé par vous, enfin d'être délivré ; ô Dieu ! par qui toutes les choses qui n'auraient pas d'existence par elles-mêmes tendent à exister; ô Dieu ! qui ne laissez pas périr les créatures mêmes qui se détruisent l'une l'autre; ô Dieu ! qui avez créé de rien ce monde, que les yeux de tous les hommes regardent comme votre plus bel ouvrage;

ô Dieu ! qui n'êtes pas l'auteur du mal et qui le permettez pour prévenir un plus grand mal; ô Dieu ! qui faites voir au petit nombre de ceux qui se tournent. vers la vérité que le mal lui-même n'est rien; ô Dieu ! qui donnez la perfection à l'univers même avec des défauts; ô Dieu ! dont les ouvrages n'offrent aucune dissonance, puisque ce qu'il y a de plus imparfait répond à ce qu'il y a de meilleur; ô Dieu ! qu'aime toute créature qui peut aimer, le sachant ou à son insu; ô Dieu ! en qui sont toutes choses et qui ne souffrez rien, ni de la honte, ni de la méchanceté, ni des erreurs de quelque créature que ce soit; ô Dieu ! qui avez voulu que les cœurs purs connussent seuls la vérité ; ô Dieu ! père de la vérité, père de la sagesse, père de la véritable et souveraine vie, père de la béatitude, père du bon et du beau, père de la lumière intelligible, père des avertissements et des inspirations qui dissipent notre assoupissement, père de Celui qui nous a enseigné à retourner vers vous !

Je vous invoque, ô Dieu de vérité! dans qui, de qui et par qui sont vraies toutes les choses qui sont vraies; ô Dieu de sagesse! dans qui, de qui et par qui sont sages tous les êtres doués de sagesse; ô Dieu véritable et souveraine vie ! dans qui, de qui et par qui vivent tous les êtres qui possèdent la véritable et souveraine vie; ô Dieu de béatitude ! en qui, de qui et par qui sont heureuses toutes les créatures qui jouissent de la félicité; ô Dieu, bonté et beauté! par qui, de qui et dans qui sont bonnes et belles toutes les choses qui possèdent la bonté et la beauté; ô Dieu, lumière intelligible! dans qui, de qui et par qui sont rendues intelligibles toutes les choses qui brillent à notre esprit; ô Dieu ! qui avez pour royaume ce monde intellectuel, que les sens ne peuvent apercevoir; ô Dieu ! qui gouvernez votre royaume par des lois dont nos empires terrestres portent l'empreinte; ô Dieu ! se détourner de vous c'est tomber; se convertir à vous c'est se relever; demeurer en vous c'est se conserver; ô Dieu ! se retirer de vous c'est mourir; retourner vers vous c'est revivre; habiter en vous c'est vivre; ô Dieu ! personne ne vous quitte , s'il n'est trompé; personne ne vous cherche, s'il n'est averti ; personne ne vous trouve s'il n'est purifié; ô Dieu ! vous abandonner c'est périr, vous être attentif c'est vous aimer, vous voir c'est vous posséder; ô Dieu ! c'est vers vous que la foi nous éveille, à vous que l'espérance nous élève, à vous que la charité nous unit; ô Dieu ! par qui nous triomphons de l'ennemi, je vous implore; ô Dieu! c'est à vous que nous devons de ne pas périr entièrement; c'est vous qui nous exhortez à veiller; c'est vous qui nous faites distinguer le bien du mal; c'est vous qui nous faites embrasser le bien et fuir le mal, c'est par votre secours que nous résistons à l'adversité; c'est par vous que nous savons bien commander et bien obéir ; c'est vous qui nous apprenez à regarder comme étrangères les choses que nous croyions autrefois nous appartenir, et comme nous appartenant celles que nous regardions autrefois comme étrangères; c'est vous qui empêchez en nous l'attachement aux plaisirs et aux attraits des méchants; c'est vous qui ne permettez pas que les vanités du monde nous rapetissent; c'est par vous que ce qu'il y a de plus grand en nous n'est pas soumis à ce qu'il y a d'inférieur; c'est par vous que la mort sera absorbée dans sa victoire ; c'est vous qui nous convertissez, c'est vous qui nous dépouillez de ce qui n'est pas et qui nous revêtez de ce qui est; c'est vous qui nous rendez dignes d'être exaucés; c'est vous qui nous fortifiez; c'est vous qui nous persuadez toute vérité; c'est vous qui nous suggérez toute bonne pensée, qui ne nous ôtez pas le sens et qui ne permettez à personne de nous l'ôter ; c'est vous qui nous rappelez dans la voie; c'est vous qui nous conduisez jusqu'à la porte; c'est vous qui faites ouvrir à ceux qui frappent; c'est vous qui nous donnez le pain de vie; c'est par vous que nous désirons de boire à cette fontaine qui doit nous désaltérer à jamais ; c'est vous qui êtes venu convaincre le monde sur le péché, sur la justice et sur le jugement; c'est par vous que ceux qui ne croient point n'ébranlent point notre foi; c'est par vous que nous improuvons l'erreur de ceux qui pensent que les âmes ne méritent rien auprès de vous; c'est par vous que nous ne sommes point assujettis aux éléments faibles et pauvres; ô Dieu ! qui nous purifiez et nous préparez aux récompenses éternelles, soyez-moi propice !

Ô Dieu ! qui êtes seul tout ce que je viens de dire, venez à mon secours; vous êtes la seule substance éternelle et véritable, où il n'y a ni discordance, ni confusion, ni changement, ni indigence, ni mort, mais souveraine concorde, évidence souveraine, souveraine immutabilité, souveraine plénitude, souveraine vie. Rien ne manque en vous, rien n'y est superflu. En vous celui qui engendre et celui qui est engendré n'est qu'un ; ô Dieu! c'est à vous que sont soumises toutes les créatures capables de soumission; c'est à vous qu'obéit toute âme bonne; d'après vos lois les pôles tournent, les astres poursuivent leur course, le soleil active le jour, la lune repose la nuit, et pendant les jours que forment les vicissitudes de la lumière et de l'obscurité; pendant les mois dus aux accroissements et aux décroissements de la lune; pendant les années que composent ces successions de l'été, de l'automne, du printemps et de l'hiver; pendant ces lustres où le soleil achève sa course; au milieu de ces orbes immenses que décrivent les astres pour revenir sur eux-mêmes, le monde entier observe, autant que la matière insensible en est capable, une constance invariable dans la marche et les révolutions du temps; ô Dieu ! c'est vous qui, par les lois constantes que vous avez établies, éloignez le trouble du mouvement perpétuel des choses muables, et qui, par le frein des siècles qui s'écoulent, rappelez ce mouvement à l'image de la stabilité; vos lois donnent à l'âme le libre arbitre, et selon les règles inviolables que rien ne peut détruire, assignent des récompenses aux bons, des châtiments aux méchants; ô Dieu ! c'est de vous que nous viennent tous les biens, c'est vous qui empêchez tous les maux de nous atteindre; ô Dieu ! rien n'est au-dessus de vous, rien n'est hors de vous, rien n'est sans vous; ô Dieu! tout vous est assujetti, tout est en vous, tout est avec vous; vous avez fait l'homme à votre image et à votre ressemblance, ce que connaît celui qui se connaît : exaucez, exaucez, exaucez-moi, ô mon Dieu, ô mon Seigneur, mon roi, mon père, mon Créateur, mon espérance, mon bien, ma gloire, ma demeure, ma patrie, mon salut, ma lumière, ma vie; exaucez, exaucez, exaucez-moi, à la manière que si peu connaissent.

Enfin, je n'aime que vous, je ne veux suivre que vous, je ne cherche que vous, je suis disposé à ne servir que vous; vous seul avez droit de me commander, je désire être à vous. Commandez, je vous conjure, prescrivez tout ce que vous voudrez; mais guérissez et ouvrez mon oreille pour que j'entende votre voix; guérissez et ouvrez mes yeux, pour que je puisse apercevoir les signes de votre volonté. Éloignez de moi la folie, afin que je vous connaisse. Dites-moi où je dois regarder pour vous voir, et j'ai la confiance d'accomplir fidèlement tout ce que vous m'ordonnerez. Recevez, je vous en supplie, ô Dieu et père très-clément, ce fugitif dans votre empire. Ah ! j'ai souffert assez longtemps; assez longtemps j'ai été l'esclave des ennemis que vous foulez aux pieds; assez longtemps j'ai été le jouet des tromperies; je suis votre serviteur, j'échappe à l'esclavage de ces maîtres odieux : recevez-moi; pour eux je n'étais qu'un étranger, et quand je fuyais loin de vous, ils m'ont bien reçu. Je sens que j'ai besoin de retourner vers vous; je frappe à votre porte, qu'elle me soit ouverte; enseignez-moi comment on parvient jusqu'à vous. Je ne possède rien que ma volonté; je ne sais rien, sinon qu'il faut mépriser ce qui est changeant et passager, pour rechercher ce qui est immuable et éternel. C'est ce que je fais, ô mon Père ! parce que c'est la seule chose que je connaisse; mais j'ignore comment on peut arriver jusqu'à vous. Inspirez-moi, éclairez-moi, fortifiez-moi. Si c'est par la foi que vous trouvent ceux qui vous cherchent, donnez-moi la foi; si c'est par la vertu, donnez-moi la vertu; si c'est par la science, donnez-moi la science. Augmentez en moi la foi, augmentez l'espérance, augmentez la charité.

Oh ! que votre bonté est admirable et singulière !

Je vous désire, et c'est à vous que je demande encore les moyens de suivre ce désir. Si vous nous abandonnez, nous périssons; mais vous ne nous abandonnez point, parce que vous êtes le souverain bien, et personne ne vous a jamais cherché avec droiture sans vous trouver. Ceux-là vous ont cherché avec droiture à qui vous avez accordé la grâce de vous chercher avec droiture. Faites, ô Père ! que je vous cherche ; préservez-moi de l'erreur, et qu'en vous cherchant, je ne rencontre que vous. Si je ne désire plus que vous, faites, ô Père ! que je vous trouve enfin. S'il reste en moi quelques désirs d'un bien passager, purifiez-moi et rendez-moi capable de vous voir. Quant à la santé de ce corps mortel, comme je ne sais de quelle utilité elle peut être pour moi ou pour ceux que j'aime, je vous la confie entièrement, ô Père souverainement sage et souverainement bon ! et je vous [428] demanderai pour lui ce que vous m'inspirerez au besoin; seulement, ce que je sollicite de votre souveraine clémence, c'est de me convertir entièrement à vous, c'est de m'empêcher de résister à la grâce qui me porte vers vous: et tandis que j'habite dans ce corps mortel, faites que je sois pur, magnanime, juste, prudent; que j'aime parfaitement et que je reçoive votre sagesse; que je sois digne d'habiter et que j'habite, en effet, dans le royaume éternel, séjour de la suprême félicité. Ainsi soit-il

Saint Augustin Soliloques

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Immaculée Conception de la Vierge Marie mémoire de la Férie de l’Avent

8 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Immaculée Conception de la Vierge Marie mémoire de la Férie de l’Avent

Collecte

O Dieu, qui, par l’Immaculée Conception de la Vierge, avez préparé à votre Fils une demeure digne de lui, nous vous en supplions, vous qui, en prévision de la mort de ce même Fils, l’avez préservée de toute tache, accordez-nous, par son intercession, d’être purifiés et de parvenir à vous.

Lecture Pr. 8. 22-35

Le Seigneur m’a possédée au commencement de ses voies, avant de faire quoi que ce soit, dès le principe. J’ai été établie dès l’éternité, et dès les temps anciens, avant que la terre fût créée. Les abîmes n’étaient pas encore, et déjà j’étais conçue ; les sources des eaux n’avaient pas encore jailli ; les montagnes ne s’étaient pas encore dressées avec leur pesante masse ; j’étais enfantée avant les collines. Il n’avait pas encore fait la terre, ni les fleuves, ni les bases du globe terrestre. Lorsqu’il préparait les cieux, j’étais là ; lorsqu’il environnait les abîmes de leurs bornes, par une loi inviolable ; lorsqu’il affermissait l’air dans les régions supérieures, et qu’il équilibrait les sources des eaux ; lorsqu’il entourait la mer de ses limites, et qu’il imposait une loi aux eaux, pour qu’elles ne franchissent point leurs bornes, lorsqu’il posait les fondements de la terre, j’étais avec lui, réglant toutes choses, et j’étais chaque jour dans les délices, me jouant sans cesse devant lui, me jouant sur le globe de la terre, et mes délices sont d’être avec les enfants des hommes. Maintenant donc, mes fils, écoutez-moi : Heureux ceux qui gardent mes voies. Écoutez mes instructions et soyez sages, et ne les rejetez pas. Heureux l’homme qui m’écoute, et qui veille tous les jours à ma porte, et qui se tient à la porte de ma maison. Celui qui me trouvera, trouvera la vie, et puisera le salut dans le Seigneur.

Secrète

Recevez, Seigneur, l’hostie salutaire que nous vous offrons en la solennité commémoraison de l’Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie, et accordez-nous que, de même que nous confessons qu’elle a été exempte de toute tache par votre grâce qui l’a prévenue, nous soyons ainsi, par son intercession, délivrés de toutes nos fautes.

Office

AU PREMIER NOCTURNE.

Du livre de la Genèse.

Première leçon. Première leçon. — Le serpent était le plus rusé de tous les animaux de la terre qu’avait faits le Seigneur. Il dit à la femme : Pourquoi Dieu vous a-t-il commandé de ne pas manger de tous les arbres du paradis ? La femme lui répondit : Nous mangeons du fruit des arbres qui sont dans le paradis ; mais pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du paradis, Dieu nous a commandé de n’en point manger, et de n’y point toucher, de peur que nous ne mourions. Mais le serpent dit à la femme ; Point du tout, vous ne mourrez point de mort. Car Dieu sait qu’en quelque jour que ce soit que vous en mangiez, vos yeux s’ouvriront ; et vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal.
Deuxième leçon. La femme donc vit que le fruit de l’arbre était bon à manger, beau à voir et d’un aspect qui excitait le désir ; elle en prit, en mangea et en donna à son mari, qui en mangea. En effet leurs yeux s’ouvrirent ; et lorsqu’ils eurent connu qu’ils étaient nus, ils entrelacèrent des feuilles de figuier, et s’en firent des ceintures. Et lorsqu’ils eurent entendu la voix du Seigneur Dieu qui se promenait dans le paradis, à la brise du soir, Adam et sa femme se cachèrent de la face du Seigneur Dieu au milieu des arbres du paradis.
Troisième leçon. Mais le Seigneur Dieu appela Adam, et il lui dit : Où es-tu ? Adam répondit : J’ai entendu votre voix dans le paradis ; et j’ai eu peur, parce que j’étais nu, et je me suis caché. Dieu lui dit : Mais qui t’a appris que tu étais nu, si ce n’est que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? Et Adam répondit : La femme que vous m’avez donnée pour compagne m’a présenté du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. Alors le Seigneur Dieu dit à.la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? Elle répondit : Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé. Le Seigneur Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux de la terre : tu ramperas sur ton ventre, et tu mangeras de la terre tous les jours de ta vie. Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : elle te brisera la tête, et toi, tu lui tendras des embûches au talon.
 

AU DEUXIÈME NOCTURNE.
 

Sermon de saint Jérôme, Prêtre.

Quatrième leçon. Les qualités et les grandeurs de la bienheureuse et glorieuse Marie, toujours vierge, l’ange nous les déclare de la part de Dieu, quand il dit : « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes. » Il convenait que de tels dons fussent assurés à la Vierge. Celle-là devait être pleine de grâce, qui a donné de la gloire au ciel et le Seigneur à la terre, qui a fait luire la paix, qui a apporté la foi aux nations, une fin aux vices, une règle de vie, .une discipline pour les mœurs. Pleine de grâce, en effet, Marie en a reçu la plénitude, tandis que la grâce n’est donnée aux autres que partiellement. Vraiment pleine de grâce, parce que si la grâce s’est trouvée dans les saints Pères et dans les Prophètes, elle ne leur fut pas octroyée dans sa plénitude ; mais en Marie fut mise, quoique d’une manière différente, toute la somme des grâces qui se trouvent dans le Christ. Et c’est pourquoi l’Ange lui dit : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes ; » c’est-à-dire bénie au-dessus de toutes les femmes. Et par cela même, tout ce qu’il y avait de malédiction attirée par Ève, a été effacé par la bénédiction de Marie. C’est d’elle que Salomon chante comme à sa louange dans ses Cantiques : « Viens, ma colombe, mon immaculée ; déjà l’hiver est passé, la pluie a cessé ; » et il ajoute : « Viens du Liban, viens, tu seras couronnée. »
Cinquième leçon. C’est donc bien justement qu’on l’invite à venir du Liban, parce que Liban s’interprète : blancheur éclatante. Elle était éclatante de mérites et de vertus sans nombre, plus blanche que la neige la plus pure. Comblée des dons du Saint-Esprit, elle offre en tout la simplicité de la colombe, parce que tout ce qui s’accomplit en elle est pureté et simplicité, tout est vérité et grâce, tout est miséricorde et justice, de cette justice qui vient du ciel ; et elle est immaculée, parce qu’il n’y a en elle aucune souillure. Elle a conçu, en effet, un homme dans son sein, comme l’atteste Jérémie, sans rien perdre de sa virginité. « Le Seigneur, dit ce Prophète, a créé un nouveau prodige sur la terre : une femme environnera un homme. » Nouveauté vraiment inouïe, nouveauté des vertus, excellente entre toutes les nouveautés : Dieu, que le monde ne saurait contenir, que nul ne peut voir sans mourir, entre dans le sein d’une vierge comme dans un saint asile, sans être prisonnier dans ce corps, et cependant il s’y renferme tout entier, et il en sort, comme le dit Ézéchiel, les portes fermées. Aussi est-il chanté dans le Cantique au sujet de Marie : « Jardin fermé, fontaine scellée, source des délices du paradis. » Véritable jardin de délices, qui réunit toutes les espèces de fleurs et tous les parfums des vertus : si bien fermé que ni la violence ni la ruse ne peuvent en forcer l’entrée ; fontaine scellée du sceau de toute la Trinité.
 

Des Actes du Pape Pie IX.

Sixième leçon. Or, la victoire de la Vierge, Mère de Dieu, remportée sur le très cruel ennemi du genre humain, cette victoire que les divines Écritures, la tradition la plus vénérable, le sentiment perpétuel de l’Église, l’accord singulier des Évêques et des fidèles, les actes insignes des souverains Pontifes, aussi bien que leurs constitutions avaient déjà merveilleusement célébrée, Pie IX, Pontife suprême, déférant au vœu de toute l’Église, résolut de la proclamer solennellement par un oracle souverain et infaillible. C’est pourquoi le six des ides de décembre de l’année 1854, dans la basilique du Vatican, au milieu d’une immense assemblée de Pères de la sainte Église romaine, de Cardinaux et d’Évêques venus même des contrées les plus lointaines, le Pape, aux applaudissements de l’univers entier, proclama et définit solennellement que la doctrine qui tient la bienheureuse Vierge Marie pure et préservée de toute tache de la faute originelle, dès le premier instant de sa Conception, par un privilège et un don singulier de la faveur divine, a été révélée de Dieu, et doit, par conséquent, être crue fermement et invariablement par tous les fidèles.
 

AU TROISIÈME NOCTURNE.

Homélie de saint Germain, Évêque.

Septième leçon. Je vous salue, Marie, pleine de grâce, plus sainte que les Saints, plus élevée que les cieux, plus glorieuse que les Chérubins, plus digne d’honneur que les Séraphins, et vénérable au-dessus de toute créature. Salut, ô colombe, qui nous apportez le fruit de l’olivier et nous annoncez Celui par qui nous sommes préservés du déluge spirituel, et qui est le port du salut ; vous dont les ailes ont la blancheur de l’argent et dont le dos brille de l’éclat de l’or et des rayons de l’Esprit très saint et illuminateur. Salut, paradis de Dieu, jardin raisonnable et très agréable, planté aujourd’hui à l’Orient par la main toute bienveillante et toute puissante de ce même Dieu, exhalant pour lui l’odeur suave du lis, et produisant la rosé d’une inaltérable beauté pour la guérison de ceux qui avaient, du côté de l’Occident, bu jusqu’à la lie l’amertume d’une mort désastreuse et funeste à l’âme ; paradis, dans lequel l’arbre de vie fleurit pour la connaissance de la vérité, donnant l’immortalité à ceux qui goûtent de son fruit. Salut, édifice sacrosaint, immaculé, palais très pur de Dieu le souverain Roi, orné tout autour par la magnificence de ce même Roi divin. Ce palais offre à tous l’hospitalité, et les réconforte par de mystérieuses délices ; dans son enceinte se trouve la couche nuptiale de l’Époux spirituel, elle n’a pas été faite à la main et elle brillé d’ornements divers ; c’est là que le Verbe, voulant rappeler dans la voie droite l’humanité errante, s’est uni la chair, afin de réconcilier avec son Père, ceux qui s’étaient exilés par l’effet de leur propre volonté.Huitième leçon. Salut, montagne de Dieu très fertile et ombragée, sur laquelle a été nourri l’agneau plein de sagesse qui a porté nos péchés et nos infirmités ; montagne d’où a roulé, sans qu’aucune main la détachât, cette pierre qui a brisé les autels des idoles et qui « est devenue le sommet de l’angle : fait admirable à nos yeux. » Salut, trône sacré de Dieu, autel divin, maison de gloire, ornement d’une beauté incomparable, trésor choisi, propitiatoire de tout l’univers, ciel qui raconte la gloire de Dieu. Salut, vase formé d’un or pur, contenant le plus suave attrait de nos âmes : le Christ, qui est la manne véritable. O Vierge très pure et très digne de toute louange comme de tout respect, temple consacré à Dieu et surpassant en excellence toute créature, terre intacte, champ fécond sans culture, vigne entièrement fleurie, fontaine répandant des eaux abondantes, vierge féconde et mère sans union, trésor caché d’innocence et beauté toute sainte, intercédez pour nous auprès de celui qui est à la fois votre Fils (né de vous, sans avoir de père terrestre) et le Seigneur notre Dieu, Créateur de toutes choses. Daignez, par vos prières toujours agréées et douées de la puissance qui donne l’autorité maternelle, prendre en main le gouvernement de l’ordre ecclésiastique et nous conduire au port tranquille.
Neuvième leçon. O Marie, revêtez les prêtres de justice, inspirez-leur les pieux transports d’une foi éprouvée, pure et sincère. Quant aux princes orthodoxes dont vous êtes, de préférence à l’éclat de la pourpre et de l’or, aux perles et aux pierres précieuses, le diadème, le manteau royal, la gloire la plus solide, dirigez-les dans la tranquillité et la paix. Abattez et soumettez-leur les nations infidèles, qui blasphèment contre vous et contre le Dieu né de vous. Affermissez leurs peuples dans la foi, afin qu’ils persévèrent, selon le précepte de Dieu, dans l’obéissance et dans une douce dépendance. Couronnez de l’honneur de la victoire cette cité qui vous est consacrée, et pour laquelle vous êtes comme une tour et un fondement ; gardez, en l’environnant de force, l’habitation de Dieu ; conservez toujours la beauté du temple. Délivrez de tout danger et de toute angoisse ceux qui vous louent ; donnez la liberté aux captifs, un asile .aux voyageurs, et soyez la consolation des malheureux, quel que soit le secours dont ils sont dépourvus. Tendez à l’univers entier votre main secourable, afin que nous célébrions vos fêtes dans la joie et l’allégresse, et que toutes se terminent comme celle que nous venons de solenniser, en nous laissant des fruits éclatants de salut, en Jésus-Christ, Roi de tous et notre vrai Dieu, à qui soient gloire et puissance, avec Dieu le Père, le saint principe de sa vie, et l’Esprit coéternel, consubstantiel et corégnant, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Enfin, l’aurore du Soleil tant désiré brille aux extrémités du ciel, tendre et radieuse. L’heureuse Mère du Messie devait naître avant le Messie lui-même ; et ce jour est celui de la Conception de Marie. La terre possède déjà un premier gage des célestes miséricordes ; le Fils de l’homme est à la porte. Deux vrais Israélites, Joachim et Anne, nobles rejetons de la famille de David, voient enfin, après une longue stérilité, leur union rendue féconde par la toute-puissance divine. Gloire au Seigneur qui s’est souvenu de ses promesses, et qui daigne, du haut du ciel, annoncer la fin du déluge de l’iniquité, en envoyant à la terre la blanche et douce colombe qui porte la nouvelle de paix !

La fête de l’Immaculée Conception de la Sainte Vierge est la plus solennelle de toutes celles que l’Église célèbre au saint temps de l’Avent ; et s’il était nécessaire que la première partie du Cycle présentât la commémoration de quelqu’un des Mystères de Marie, il n’en est aucun dont l’objet pût offrir de plus touchantes harmonies avec les pieuses préoccupations de l’Église en cette mystique saison de l’attente. Célébrons donc avec joie cette solennité ; car la Conception de Marie présage la prochaine Naissance de Jésus.

L’intention de l’Église, dans cette fête, n’est pas seulement de célébrer l’anniversaire de l’instant fortuné auquel commença, au sein de la pieuse Anne, la vie de la très glorieuse Vierge Marie ; mais encore d’honorer le sublime privilège en vertu duquel Marie a été préservée de la tache originelle que, par un décret souverain et universel, tous les enfants d’Adam contractent au moment même où ils sont conçus dans le sein de leurs mères. La foi de l’Église catholique que nous avons entendu solennellement reconnaître comme révélée de Dieu même, au jour à jamais mémorable du huit Décembre 1854, cette foi qu’a proclamée l’oracle apostolique, par la bouche de Pie IX, aux acclamations de la chrétienté tout entière, nous enseigne qu’au moment où Dieu a uni l’âme de Marie qu’il venait de créer au corps qu’elle devait animer, cette âme à jamais bénie, non seulement n’a pas contracté la souillure qui envahit à ce moment toute âme humaine, mais qu’elle a été remplie d’une grâce immense qui l’a rendue, dès ce moment, le miroir de la sainteté de Dieu même, autant qu’il est possible à un être créé.

Une telle suspension de la loi portée par la justice divine contre toute la postérité de nos premiers parents était motivée par le respect que Dieu porte à sa propre sainteté. Les rapports que Marie devait avoir avec la divinité même, étant non seulement la Fille du Père céleste, mais appelée à devenir la propre Mère du Fils, et le Sanctuaire ineffable de l’Esprit-Saint, ces rapports exigeaient que rien de souillé ne se rencontrât, même un seul instant, dans la créature prédestinée à de si étroites relations avec l’adorable Trinité ; qu’aucune ombre n’eût jamais obscurci en Marie la pureté parfaite que le Dieu souverainement saint veut trouver même dans les êtres qu’il appelle à jouir au ciel de sa simple vue ; en un mot, comme le dit le grand Docteur saint Anselme : « Il était juste qu’elle fût ornée d’une pureté au-dessus de laquelle on n’en puisse concevoir de plus grande que celle de Dieu même, cette Vierge à qui Dieu le Père devait donner son Fils d’une manière si particulière que ce Fils deviendrait par nature le Fils commun et unique de Dieu et de la Vierge ; cette Vierge que le Fils devait élire pour en faire substantiellement sa Mère, et au sein de laquelle l’Esprit-Saint voulait opérer la conception et la naissance de Celui dont il procédait lui-même. » (De Conceptu Virginali. Cap. XVIII.)

En même temps, les relations que le Fils de Dieu avait à contracter avec Marie, relations ineffables de tendresse et de déférence filiales, avant été éternellement présentes à sa pensée, elles obligent à conclure que le Verbe divin a ressenti pour cette Mère qu’il devait avoir dans le temps, un amour d’une nature infiniment supérieure à celui qu’il éprouvait pour tous les êtres créés par sa puissance. L’honneur de Marie lui a été cher au-dessus de tout, parce qu’elle devait être sa Mère, qu’elle l’était même déjà dans ses éternels et miséricordieux desseins. L’amour du Fils a donc protégé la Mère ; et si celle-ci, dans son humilité sublime, n’a repoussé aucune des conditions auxquelles sont soumises toutes les créatures de Dieu, aucune des exigences même de la loi de Moïse qui n’avait pas été portée pour elle, la main du Fils divin a abaissé pour elle l’humiliante barrière qui arrête tout enfant d’Adam venant en ce monde, et lui ferme le sentier de la lumière et de la grâce jusqu’à ce qu’il ait été régénéré dans une nouvelle naissance.

Le Père céleste ne pouvait pas faire moins pour la nouvelle Ève qu’il n’avait fait pour l’ancienne, qui fut établie tout d’abord, ainsi que le premier homme, dans l’état de sainteté originelle où elle ne sut pas se maintenir. Le Fils de Dieu ne devait pas souffrir que la femme à laquelle il emprunterait sa nature humaine eût à envier quelque chose à celle qui a été la mère de prévarication. L’Esprit-Saint, qui devait la couvrir de son ombre et la rendre féconde par sa divine opération, ne pouvait pas permettre que sa Bien-Aimée fût un seul instant maculée de la tache honteuse avec laquelle nous sommes conçus. La sentence est universelle ; mais une Mère de Dieu devait en être exempte. Dieu auteur de la loi, Dieu qui a posé librement cette loi, n’était-il pas le maître d’en affranchir celle qu’il avait destinée à lui être unie en tant de manières ? Il le pouvait, il le devait : il l’a donc fait.

Et n’était-ce pas cette glorieuse exception qu’il annonçait lui-même au moment où comparurent devant sa majesté offensée les deux prévaricateurs dont nous sommes tous issus ? La promesse miséricordieuse descendait sur nous dans l’anathème qui tombait sur le serpent. « J’établirai moi-même, disait le Seigneur, une inimitié entre toi et la femme, entre ta race et son fruit ; et elle-même t’écrasera la tête. » Ainsi, le salut était annoncé à la famille humaine sous la forme d’une victoire contre Satan ; et cette victoire, c’est la Femme qui la devait remporter pour nous tous. Et que l’on ne dise pas que ce sera le fils de la femme qui la remportera seul, cette victoire : le Seigneur nous dit que l’inimitié de la femme contre le serpent sera personnelle, et que, de son pied vainqueur, elle brisera la tête de l’odieux reptile ; en un mot, que la nouvelle Ève sera digne du nouvel Adam, triomphante comme lui ; que la race humaine un jour sera vengée, non seulement parle Dieu fait homme, mais aussi par la Femme miraculeusement soustraite à toute atteinte du péché ; en sorte que la création primitive dans la sainteté et la justice (Ep. 4, 24) reparaîtra en elle, comme si la faute primitive n’avait pas été commise.

Relevez donc la tête, enfants d’Adam, et secouez vos chaînes. Aujourd’hui, l’humiliation qui pesait sur vous est anéantie. Voici que Marie, qui est votre chair et votre sang, a vu reculer devant elle le torrent du péché qui entraîne toutes les générations : le souffle du dragon infernal s’est détourné pour ne pas la flétrir ; la dignité première de votre origine est rétablie en elle. Saluez donc ce jour fortuné où la pureté première de votre sang est renouvelée : la nouvelle Ève est produite ; et de son sang qui est aussi le vôtre, moins le péché, elle va vous donner, sous peu d’heures, le Dieu-homme qui procède d’elle selon la chair, comme il sort de son Père par une génération éternelle.

Et comment n’admirerions-nous pas la pureté incomparable de Marie dans sa conception immaculée, lorsque nous entendons, dans le divin Cantique, le Dieu même qui l’a ainsi préparée pour être sa Mère, lui dire avec l’accent d’une complaisance toute d’amour : « Vous êtes toute belle, ma bien-aimée, et il n’y a en vous aucune tache ? » (Ct. 4, 7.) C’est le Dieu de toute sainteté qui parle ; son œil qui pénètre tout ne découvre en Marie aucune trace, aucune cicatrice du péché ; voilà pourquoi il se conjoint avec elle, et la félicite du don qu’il a daigné lui faire. Après cela, nous étonnerons-nous que Gabriel, descendu des cieux pour lui apporter le divin message, soit saisi d’admiration à la vue de cette pureté dont le point de départ a été si glorieux et les accroissements sans limites ; qu’il s’incline profondément devant une telle merveille, et qu’il dise : « Salut, ô Marie, pleine de grâce ! » Gabriel mène sa vie immortelle au centre de toutes les magnificences de la création, de toutes les richesses du ciel ; il est le frère des Chérubins et des Séraphins, des Trônes et des Dominations ; son regard parcourt éternellement ces neuf hiérarchies angéliques où la lumière et la sainteté resplendissent souverainement, croissant toujours de degré en degré ; mais voici qu’il a rencontré sur la terre, dans une créature d’un rang inférieur aux Anges, la plénitude de la grâce, de cette grâce qui n’a été donnée qu’avec mesure aux Esprits célestes, et qui repose en Marie depuis le premier instant de sa création. C’est la future Mère de Dieu toujours sainte, toujours pure, toujours immaculée.

Cette vérité révélée aux Apôtres par le divin Fils de Marie, recueillie dans l’Église, enseignée par les saints Docteurs, crue avec une fidélité toujours plus grande par le peuple chrétien, était contenue dans la notion même d’une Mère de Dieu. Croire Marie Mère de Dieu, c’était déjà croire implicitement que celle en qui devait se réaliser ce titre sublime n’avait jamais rien eu de commun avec le péché, et que nulle exception n’avait pu coûter à Dieu pour l’en préserver. Mais désormais l’honneur de Marie est appuyé sur la sentence explicite qu’a dictée l’Esprit-Saint. Pierre a parlé par la bouche de Pie IX ; et lorsque Pierre a parlé, tout fidèle doit croire ; car le Fils de Dieu a dit : « J’ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille jamais » (Lc. 27, 32) ; et il a dit aussi : « Je vous enverrai l’Esprit de vérité qui demeurera avec vous à jamais, et vous fera souci venir de tout ce que je vous avais enseigné. » (Jn. 14, 20.)

Le symbole de notre foi a donc acquis, non une vérité nouvelle, mais une nouvelle lumière sur la vérité qui était auparavant l’objet de la croyance universelle. En ce jour, le serpent infernal a senti de nouveau la pression victorieuse du pied de la Vierge-mère, et le Seigneur a daigné nous donner le gage le plus signalé de ses miséricordes. Il aime encore cette terre coupable ; car il a daigné l’éclairer tout entière d’un des plus beaux rayons de la gloire de sa Mère. N’a-t-elle pas tressailli, cette terre ? N’a-t-elle pas ressenti à ce moment un enthousiasme que notre génération n’oubliera jamais ? Quelque chose de grand s’accomplissait à cette moitié du siècle ; et nous attendrons désormais les temps avec plus de confiance, puisque si l’Esprit-Saint nous avertit de craindre pour les jours où les vérités diminuent chez les enfants des hommes, il nous dit assez par là que nous devons regarder comme heureux les jours où les vérités croissent pour nous en lumière et en autorité.

En attendant l’heure de la proclamation solennelle du grand dogme, la sainte Église le confessait chaque année, en célébrant la fête d’aujourd’hui. Cette fête n’était pas appelée, il est vrai, la Conception immaculée, mais simplement la Conception de Marie. Toutefois, le fait de son institution et de sa célébration exprimait déjà suffisamment la croyance de la chrétienté. Saint Bernard et l’Angélique Docteur saint Thomas s’accordent à enseigner que l’Église ne peut pas célébrer la fête de ce qui n’est pas saint ; la Conception de Marie fut donc sainte et immaculée, puisque l’Église, depuis tant de siècles, l’honore d’une fête spéciale. La Nativité de Marie est l’objet d’une solennité dans l’Église, parce que Marie naquit pleine de grâce ; si donc le premier instant de son existence eût été marqué par la flétrissure commune, sa Conception n’aurait pu être l’objet d’un culte. Or, il est peu de fêtes plus générales et mieux établies dans l’Église que celle que nous célébrons aujourd’hui.

L’Église grecque, héritière plus prochaine des pieuses traditions de l’Orient, la célébrait déjà au VIe siècle, comme on le voit par le Type ou cérémonial de saint Sabbas. En Occident nous la trouvons établie dès le VIIIe siècle, dans l’Église gothique d’Espagne. Un célèbre calendrier gravé sur le marbre, au IXe siècle, pour l’usage de l’Église de Naples, nous la montre déjà instituée à cette époque. Paul Diacre, secrétaire de Charlemagne, puis moine au Mont-Cassin, célébrait le mystère de l’Immaculée-Conception dans une Hymne remarquable. En 1066, la fête s’établissait en Angleterre à la suite d’un prodige opéré sur mer en faveur du pieux abbé Helsin, et bientôt elle s’étendait dans cette île par les soins du grand saint Anselme, moine et archevêque de Cantorbéry ; delà elle passait en Normandie, et prenait possession du sol français. Nous la trouvons en Allemagne sanctionnée dans un concile présidé, en 1049, par saint Léon IX ; dans la Navarre, en 1090, à l’abbaye d’Irach ; en Belgique, à Liège, en 1142. C’est ainsi que toutes les Églises de l’Occident rendaient tour à tour témoignage au mystère, en acceptant la fête qui l’exprimait.

Enfin, l’Église de Rome l’adopta elle-même, et par son concours vint rendre plus imposant encore ce concert de toutes les Églises. Ce fut Sixte IV qui, en 1476, rendit le décret qui instituait la fête de la Conception de Notre-Dame dans la ville de saint Pierre. Au siècle suivant, en 1568, saint Pie V publiait l’édition universelle du Bréviaire Romain ; on y voyait cette fête inscrite au calendrier, comme l’une des solennités chrétiennes qui doivent chaque année réunir les vœux des fidèles. Rome n’avait pas déterminé le mouvement de la piété catholique envers le mystère ; elle le sanctionnait de son autorité liturgique, comme elle l’a confirmé, dans ces derniers temps, de son autorité doctrinale.

Les trois grands États de l’Europe catholique, l’Empire d’Allemagne, la France et l’Espagne, se signalèrent, chacun à sa manière, par les manifestations de leur piété envers Marie immaculée dans sa Conception. La France, par l’entremise de Louis XIV, obtint de Clément IX que la fête serait célébrée avec Octave dans le royaume : faveur qui fut bientôt étendue à l’Église universelle par Innocent XII. Déjà, depuis des siècles, la Faculté de théologie de Paris astreignait tous ses Docteurs à prêter serment de soutenir le privilège de Marie, et elle maintint cette pieuse pratique jusqu’à son dernier jour.

L’empereur Ferdinand III, en 1647, fit élever sur la grande place de Vienne une splendide colonne couverte d’emblèmes et de figures qui sont autant de symboles de la victoire que Marie a remportée sur le péché, et surmontée de la statue de notre Reine immaculée.

L’Espagne dépassa tous les États catholiques par son zèle pour le privilège de Marie. Dès l’année 1398, Jean Ier, roi d’Aragon, donnait une charte solennelle pour mettre sa personne et son royaume sous la protection de Marie conçue sans péché. Plus tard, les rois Philippe III et Philippe IV faisaient partir pour Rome des ambassades qui sollicitaient en leur nom la solennelle décision que le ciel, dans sa miséricorde, avait réservée pour nos temps. Charles III, au siècle dernier, obtenait de Clément XIII que la Conception immaculée devînt la fête patronale des Espagnes. Les habitants du royaume Catholique inscrivaient sur la porte ou sur la façade de leurs maisons la louange du privilège de Marie ; ils se saluaient en le prononçant dans une formule touchante. Marie de Jésus, abbesse du monastère de l’Immaculée-Conception d’Agréda, écrivait son livre de la Cité mystique de Dieu, dans lequel Murillo s’inspirait pour produire le chef-d’œuvre de la peinture espagnole.

Mais il ne serait pas juste d’omettre, dans cette énumération des hommages rendus à Marie immaculée, la part immense qu’a eue l’Ordre Séraphique au triomphe terrestre de cette auguste Souveraine de la terre et des cieux. Le pieux et profond docteur Jean Duns Scot, qui le premier sut assigner au dogme de la Conception immaculée le rang qu’il occupe dans la divine théorie de l’Incarnation du Verbe, ne mérite-t-il pas d’être nommé aujourd’hui avec l’honneur qui lui est dû ? Et toute l’Église n’a-t-elle pas applaudi à l’audience sublime que reçut du Pontife la grande famille des Frères-Mineurs, au moment où toutes les pompes de la solennelle proclamation du dogme paraissant accomplies, Pie IX y mit le dernier sceau en acceptant des mains de l’Ordre de Saint-François l’hommage touchant et les actions de grâces que lui offrait l’École scotiste, après quatre siècles de savants travaux en faveur du privilège de Marie ?  En présence de cinquante-quatre Cardinaux, de quarante-deux Archevêques et de quatre-vingt-douze Évêques, sous les regards d’un peuple immense qui remplissait le plus vaste temple de l’univers, et avait joint sa voix pour implorer la présence de l’Esprit de vérité, le Vicaire du Christ venait de prononcer l’oracle attendu depuis des siècles ; le divin Sacrifice avait été offert par lui sur la Confession de saint Pierre ; la main du Pontife avait orné d’un splendide diadème l’image de la Reine immaculée ; porté sur son trône aérien et le front ceint de la triple couronne, il était arrivé près du portique de la basilique. Là, prosternés à ses pieds, les deux représentants du Patriarche Séraphique arrêtèrent sa marche triomphale. L’un présentait une branche de lis en argent : c’était le Général des Frères-Mineurs de l’Observance ; une tige de rosier chargée de ses fleurs, de même métal, brillait aux mains du second : c’était le Général des Frères-Mineurs Conventuels. Lis et roses, fleurs de Marie, pureté et amour symbolisés dans cette offrande que rehaussait la blancheur de l’argent, pour rappeler le doux éclat de l’astre sur lequel se réfléchit la lumière du soleil : car Marie « est belle comme la lune », nous dit le divin Cantique (4, 9). Le Pontife ému daigna accepter le don de la famille Franciscaine, de qui l’on pouvait dire en ce jour, comme de l’étendard de notre héroïne française, « qu’ayant été à la lutte, il était juste qu’elle fût aussi au triomphe. » Et ainsi se terminèrent les pompes si imposantes de cette grande matinée du huit décembre 1854.

C’est ainsi que vous avez été glorifiée sur la terre en votre Conception Immaculée, ô vous la plus humble des créatures ! Mais comment les hommes ne mettraient-ils pas toute leur joie à vous honorer, divine aurore du Soleil de justice ? Ne leur apportez-vous pas, en ces jours, la nouvelle de leur salut ? N’êtes-vous pas, ô Marie, cette radieuse espérance qui vient tout d’un coup briller au sein même de l’abîme de la désolation ? Qu’allions-nous devenir sans le Christ qui vient nous sauver ? Et vous êtes sa Mère à jamais chérie, la plus sainte des créatures de Dieu, la plus pure des vierges, la plus aimante des mères !

O Marie ! Que votre douce lumière réjouit délicieusement nos yeux fatigués ! De génération en génération, les hommes se succédaient sur la terre ; ils regardaient le ciel avec inquiétude, espérant à chaque instant voir poindre à l’horizon l’astre qui devait les arracher à l’horreur des ténèbres ; mais la mort avait fermé leurs yeux, avant qu’ils eussent pu seulement entrevoir l’objet de leurs désirs. Il nous était réservé de voir votre lever radieux, ô brillante Étoile du matin ! Vous dont les rayons bénis se réfléchissent sur les ondes de la mer, et lui apportent le calme après une nuit d’orages ! Oh ! Préparez nos yeux à contempler l’éclat vainqueur du divin Soleil qui marche à votre suite. Préparez nos cœurs ; car c’est à nos cœurs qu’il veut se révéler. Mais, pour mériter de le voir, il est nécessaire que nos cœurs soient purs ; purifiez-les, ô vous, l’Immaculée, la très pure ! Entre toutes les fêtes que l’Église a consacrées à votre honneur, la divine Sagesse a voulu que celle de votre Conception sans tache se célébrât dans ces jours de l’A vent, afin que les enfants de l’Église, songeant avec quelle divine jalousie le Seigneur a pris soin d’éloigner de vous tout contact du péché, par honneur pour Celui dont vous deviez être la Mère, ils se préparassent eux-mêmes à le recevoir par le renoncement absolu à tout ce qui est péché et affection au péché. Aidez-nous, ô Marie ! à opérer ce grand changement. Détruisez en nous, par votre Conception Immaculée, les racines de la cupidité, éteignez les flammes de la volupté, abaissez les hauteurs de la superbe. Souvenez-vous que Dieu ne vous a choisie pour son habitation, qu’afin de venir ensuite faire sa demeure en chacun de nous.

O Marie ! Arche d’alliance, formée d’un bois incorruptible, revêtue de l’or le plus pur, aidez-nous à correspondre aux desseins ineffables du Dieu qui, après s’être glorifié dans votre pureté incomparable, veut maintenant se glorifier dans notre indignité, et ne nous a arrachés au démon que pour faire de nous son temple et sa demeure la plus chère Venez à notre aide, ô vous qui, par la miséricorde de votre Fils, n’avez jamais connu le péché ! et recevez en ce jour nos hommages. Car vous êtes l’Arche de Salut qui surnage seule sur les eaux du déluge universel ; la blanche Toison rafraîchie par la rosée du ciel, pendant que la terre entière demeure dans la sécheresse ; la Flamme que les grandes eaux n’ont pu éteindre ; le Lis qui fleurit entre les épines ; le Jardin fermé au serpent infernal ; la Fontaine scellée, dont la limpidité ne fut jamais troublée ; la Maison du Seigneur, sur laquelle ses yeux sont ouverts sans cesse, et dans laquelle rien de souillé ne doit jamais entrer ; la Cité mystique dont on raconte tant de merveilles (Ps. 86). Nous nous plaisons à redire vos titres d’honneur, ô Marie ! Car nous vous aimons ; et la gloire de la Mère est celle des enfants. Continuez de bénir et de protéger ceux qui honorent votre auguste privilège, vous qui êtes conçue en ce jour ; et bientôt naissez, concevez l’Emmanuel, enfantez-le et montrez-le à notre amour.

Immaculée Conception de la Vierge Marie mémoire de la Férie de l’Avent
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Saint Ambroise évêque confesseur et docteur mémoire de Vigile de l'Immaculée Conception

7 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Ambroise évêque confesseur et docteur mémoire de Vigile de l'Immaculée Conception

Collecte

Dieu, vous avez accordé à votre peuple le bienheureux Ambroise pour ministre du salut éternel : faites, nous vous en prions, que nous méritions d’avoir pour intercesseur dans les cieux, celui qui fut sur cette terre Docteur de la vie.

Lecture 2 Tm. 4, 1-8

Fils bien-aimé, je t’adjure devant Dieu et le Christ Jésus, qui doit juger les vivants et les morts, au nom de son Avènement et de son règne : prêche la parole, insiste à temps et à contre-temps ; réfute, menace, exhorte avec beaucoup de patience et le souci d’instruire. Car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine ; mais, au gré de leurs passions, ils collectionneront les maîtres, pour satisfaire leur démangeaison d’entendre. Ils détourneront leurs oreilles de la vérité pour se tourner vers les fables. Mais toi, reste toujours sur tes gardes, supporte l’épreuve, travaille à répandre l’Évangile, accomplis avec fidélité ton service. Pour moi, je suis déjà offert en sacrifice, et le moment de mon départ approche. J’ai combattu le bon combat ; j’ai achevé la course ; j’ai maintenu la foi. A présent la couronne des justes est préparée pour moi ; le Seigneur me la donnera en ce grand jour, lui, le juste Juge, et non seulement à moi, mais à tous ceux qui auront attendu avec amour son Avènement.

Office

Quatrième leçon. Ambroise, Évêque de Milan, fils d’Ambroise citoyen romain, vint au monde tandis que son père était préfet des Gaules. On dit qu’en son enfance un essaim d’abeilles se posa sur ses lèvres : présage de la divine éloquence qu’il devait montrer un jour. On l’instruisit dans les arts libéraux, et bientôt le préfet Probus le préposa au gouvernement de la Ligurie et de l’Émilie. Il se rendit à Milan par l’ordre du même Probus, au moment où le peuple, après la mort de l’évêque arien Auxence, était en dissension touchant le choix de son successeur. Ambroise se rendit donc à l’église selon le devoir de sa charge, pour calmer la sédition. Quand il eut, à cette fin, parlé avec éloquence de la paix et de la tranquillité publique, un enfant s’écria tout à coup : « Ambroise Évêque ! » Tout le peuple répéta cette acclamation, demandant Ambroise pour son Évêque.

Cinquième leçon. Comme Ambroise refusait d’accepter et résistait aux prières de la multitude, le vœu ardent du peuple fut déféré à l’empereur Valentinien, auquel il fut très agréable de voir qu’on demandait pour le sacerdoce ceux qu’il avait choisis pour magistrats. Cette élection ne satisfit pas moins le préfet Probus qui, au départ d’Ambroise pour Milan, lui avait dit comme par inspiration divine : « Allez et agissez, non pas en juge mais en Évêque. » La volonté impériale s’accordant avec le désir du peuple, Ambroise fut baptisé (car il était encore catéchumène), initié aux mystères sacrés, et, ayant passé par tous les degrés des Ordres de l’Église, il reçut la charge épiscopale huit jours après son élection, le sept des ides de décembre. Devenu Évêque, il défendit résolument la foi catholique et la discipline ecclésiastique, convertit à la vraie foi beaucoup d’Ariens et d’autres hérétiques, et parmi ceux-ci il enfanta à Jésus-Christ saint Augustin, cette lumière éclatante de l’Église.

Sixième leçon. Quand l’empereur Gratien eut été tué, Ambroise se rendit deux fois en députation auprès de Maxime, son meurtrier ; mais celui-ci refusant de faire pénitence, il cessa toute relation avec lui. Il interdit à l’empereur Théodose l’entrée de l’église, à cause du massacre des Thessaloniciens ; comme le prince représentait que David, roi comme lui, avait été adultère et homicide : « Vous l’avez imité dans sa faute, répondit Ambroise, imitez-le dans sa pénitence. » C’est pourquoi Théodose accomplit humblement la pénitence publique que lui avait imposée Ambroise. Le saint Évêque s’étant donc acquitté de sa charge en multipliant pour l’Église de Dieu ses travaux et ses soins, et ayant écrit beaucoup de livres remarquables, prédit le jour de sa mort, avant de tomber malade. Honorat, Évêque de Verceil, trois fois averti par la voix de Dieu, accourut auprès de lui, et lui donna le corps sacré du Seigneur. Ambroise, l’ayant reçu, pria, les mains étendues en forme de croix, puis il rendit son âme à Dieu. C’était la veille des nones d’avril, l’an de Jésus-Christ trois cent quatre-vingt-dix-sept.

Cet illustre Pontife figure dignement sur le Cycle catholique, à côté du grand Évêque de Myre. Celui-ci a confessé, à Nicée, la divinité du Rédempteur des hommes ; celui-là, dans Milan, a été en butte à toute la fureur des Ariens, et par son courage invincible, il a triomphé des ennemis du Christ. Qu’il unisse donc sa voix de Docteur à celle de saint Pierre Chrysologue, et qu’il nous annonce les grandeurs et les abaissements du Messie. Mais telle est en particulier la gloire d’Ambroise, comme Docteur, que si, entre les brillantes lumières de l’Église latine, quatre illustres Maîtres de la Doctrine marchent en tête du cortège des divins interprètes de la Foi, le glorieux Pontife de Milan complète, avec Grégoire, Augustin et Jérôme, ce nombre mystique.

Ambroise doit l’honneur d’occuper sur le Cycle une si noble place en ces jours, à l’antique coutume de l’Église qui, aux premiers siècles, excluait du Carême les fêtes des Saints. Le jour de sa sortie de ce monde et de son entrée au ciel fut le quatre Avril ; or, l’anniversaire de cet heureux trépas se rencontre, la plupart du temps, dans le cours de la sainte Quarantaine : on fut donc contraint de faire choix d’un autre jour dans l’année, et le sept Décembre, anniversaire de l’Ordination épiscopale d’Ambroise, se recommandait de lui-même pour recevoir la fête annuelle du saint Docteur.

Au reste, le souvenir d’Ambroise est un des plus doux parfums dont pût être embaumée la route qui conduit à Bethlehem. Quelle plus glorieuse, ci en même temps quelle plus charmante mémoire que celle de ce saint et aimable Évêque, en qui la force du lion s’unit à la douceur de la colombe ? En vain les siècles ont passé sur cette mémoire : ils n’ont fait que la rendre plus vive et plus chère. Comment pourrait-on oublier ce jeune gouverneur de la Ligurie et de l’Émilie, si sage, si lettré, qui fait son entrée à Milan, encore simple catéchumène, et se voit tout à coup élevé, aux acclamations du peuple fidèle, sur le trône épiscopal de celte grande ville ? Et ces beaux présages de son éloquence enchanteresse, dans l’essaim d’abeilles qui, lorsqu’il dormait un jour, encore enfant, sur les gazons du jardin paternel, l’entoura et pénétra jusque dans sa bouche, comme pour annoncer la douceur de sa parole ! et cette gravité prophétique avec laquelle l’aimable adolescent présentait sa main à baiser à sa mère et à sa sœur, parce que, disait-il, cette main serait un jour celle d’un Évêque !

Mais quels combats attendaient le néophyte de Milan, sitôt régénéré dans l’eau baptismale, sitôt consacré prêtre et pontife ! Il lui fallait se livrer sans retard à l’étude assidue des saintes lettres, pour accourir docteur à la défense de l’Église attaquée dans son dogme fondamental par la fausse science des Ariens ; et telle fut en peu de temps la plénitude et la sûreté de sa doctrine que, non seulement elle opposa un mur d’airain aux progrès de l’erreur contemporaine, mais encore que les livres écrits par Ambroise mériteront d’être signalés par l’Église, jusqu’à la fin des siècles, comme l’un des arsenaux de la vérité.

Mais l’arène de la controverse n’était pas la seule où dût descendre le nouveau docteur ; sa vie devait être menacée plus d’une fois par les sectateurs de l’hérésie qu’il avait confondue. Quel sublime spectacle que celui de cet Évêque bloqua dans son église par les troupes de l’impératrice Justine, et gardé au dedans, nuit et jour, par son peuple ! Quel pasteur ! Quel troupeau ! Une vie dépensée tout entière pour la cité et la province avait valu à Ambroise cette fidélité et cette confiance de la part de son peuple. Par son zèle, son dévouement, son constant oubli de lui-même, il était l’image du Christ qu’il annonçait.

Au milieu des périls qui l’environnent, sa grande âme demeure calme et tranquille. C’est ce moment même qu’il choisit pour instituer, dans l’Église de Milan, le chant alternatif des Psaumes. Jusqu’alors la voix seule du lecteur faisait entendre du haut d’un ambon le divin Cantique ; il n’a fallu qu’un moment pour organiser en deux chœurs l’assistance, ravie de pouvoir désormais prêter sa voix aux chants inspirés du royal Prophète. Née ainsi au fort de la tempête, au milieu d’un siège héroïque, la psalmodie alternative est désormais acquise aux peuples fidèles de l’Occident. Rome adoptera l’institution d’Ambroise, et cette institution accompagnera l’Église jusqu’à la fin des siècles. Durant ces heures de lutte, le grand Évêque a encore un don à faire à ces fidèles catholiques qui lui ont fait un rempart de leurs corps. Il est poète, et souvent il a chanté dans des vers pleins de douceur et de majesté les grandeurs du Dieu des chrétiens et les mystères du salut de l’homme. Il livre à son peuple dévoué ces nobles hymnes qui n’étaient pas destinées à un usage public, et bientôt les basiliques de Milan retentissent de leur mélodie. Elles s’étendront plus tard à l’Église latine tout entière ; à l’honneur du saint Évêque qui ouvrit ainsi une des plus riches sources de la sainte Liturgie, on appellera longtemps un Ambrosien ce que, dans la suite, on a désigné sous le nom d’Hymne, et l’Église romaine acceptera dans ses Offices ce nouveau mode de varier la louange divine, et de fournir à l’Épouse du Christ un moyen de plus d’épancher les sentiments qui l’animent.

Ainsi donc, notre chant alternatif des Psaumes, nos Hymnes elles-mêmes sont autant de trophées de la victoire d’Ambroise. Il avait été suscité de Dieu, non seulement pour son temps, mais pour les âges futurs. C’est ainsi que l’Esprit-Saint lui donna le sentiment du droit chrétien avec la mission de le soutenir, dès cette époque où le paganisme abattu respirait encore, où le césarisme en décadence conservait encore trop d’instincts de son passé. Ambroise veillait appuyé sur l’Évangile. Il n’entendait pas que l’autorité impériale pût à volonté livrer aux Ariens, pour le bien de la paix, une basilique où s’étaient réunis les catholiques. Pour défendre l’héritage de l’Église, il était prêt à verser son sang. Des courtisans osèrent l’accuser de tyrannie auprès du prince. Il répondit : « Non ; les évêques ne sont pas des tyrans, mais c’est de la part des tyrans qu’ils ont eu souvent à souffrir. » L’eunuque Calligone, chambellan de Valentinien II, osa dire à Ambroise : « Comment, moi vivant, tu oses mépriser Valentinien ! Je te trancherai la tête. » — « Que Dieu te le permette ! répondit Ambroise : je souffrirai alors ce que souffrent les évêques ; et toi tu auras a fait ce que savent faire les eunuques. »

Cette noble constance dans la défense des droits de l’Église avait paru avec plus d’éclat encore, lorsque le Sénat romain, ou plutôt la minorité du Sénat restée païenne, tenta, à l’instigation du Préfet de Rome Symmaque, d’obtenir le rétablissement de l’autel de la Victoire au Capitole, sous le vain prétexte d’opposer un remède aux désastres de l’empire. Ambroise qui disait : « Je déteste la religion des Nérons », s’opposa comme un lion à cette prétention du polythéisme aux abois. Dans d’éloquents mémoires à Valentinien, il protesta contre une tentative qui avait pour but d’amener un prince chrétien à reconnaître des droits à l’erreur, et de faire reculer les conquêtes du Christ, seul maître des peuples. Valentinien se rendit aux vigoureuses remontrances de l’Évêque qui lui avait appris « qu’un empereur chrétien ne devait savoir respecter que l’autel du Christ », et ce prince répondit aux sénateurs païens qu’il aimait Rome comme sa mère, mais qu’il devait obéir à Dieu comme à l’auteur de son salut.

On peut croire que si les décrets divins n’eussent irrévocablement condamné l’empire à périr, des influences comme celles d’Ambroise, exercées sur des princes d’un cœur droit, l’auraient préservé de la ruine. Sa maxime était ferme ; mais elle ne devait être appliquée que dans les sociétés nouvelles qui surgirent après la chute de l’empire, et que le Christianisme constitua à son gré. Il disait donc : « Il n’est pas de titre plus honorable pour un Empereur que celui de Fils de l’Église. L’Empereur est dans l’Église ; il n’est pas au-dessus d’elle. »

Quoi de plus touchant que le patronage exercé avec tant de sollicitude par Ambroise sur le jeune Empereur Gratien, dont le trépas lui fit répandre tant de larmes ! Et Théodose, cette sublime ébauche du prince chrétien, Théodose, en faveur duquel Dieu retarda la chute de l’Empire, accordant constamment la victoire à ses armes, avec quelle tendresse ne fut-il pas aimé de l’évêque de Milan ? Un jour, il est vrai, le César païen sembla reparaître dans ce fils de l’Église ; mais Ambroise, par une sévérité aussi inflexible qu’était profond son attachement pour le coupable, rendit son Théodose à lui-même et à Dieu. « Oui, dit le saint Évêque, dans l’éloge funèbre d’un si grand prince, j’ai aimé cet homme qui préféra à ses flatteurs celui qui le réprimandait. Il jeta à terre tous les insignes de la dignité impériale, il pleura publiquement dans l’Église le péché dans lequel on l’avait perfidement entraîné, il en implora le pardon avec larmes et gémissements. De simples particuliers se laissent détourner par la honte, et un Empereur n’a pas rougi d’accomplir la pénitence publique ; et désormais, pas un seul jour ne s’écoula pour lui sans qu’il eût déploré sa faute. » Qu’ils sont beaux dans le même amour de la justice, ce César et cet Évêque ! le César soutient l’Empire prêt à crouler, et l’Évêque soutient le César.

Mais que l’on ne croie pas qu’Ambroise n’aspire qu’aux choses élevées et retentissantes. Il sait être le pasteur attentif aux moindres besoins des brebis de son troupeau. Nous avons sa vie intime écrite par son diacre Paulin. Ce témoin nous révèle qu’Ambroise, lorsqu’il recevait la confession des pécheurs, versait tant de larmes qu’il entraînait à pleurer avec lui celui qui était venu découvrir sa faute. « Il semblait, dit le biographe, qu’il fût tombé lui-même avec celui qui avait failli. » On sait avec quel touchant et paternel intérêt il accueillit Augustin captif encore dans les liens de l’erreur et des passions ; et qui voudra connaître Ambroise, peut lire dans les Confessions de l’évêque d’Hippone les épanchements de son admiration et de sa reconnaissance. Déjà Ambroise avait accueilli Monique, la mère affligée d’Augustin ; il l’avait consolée et fortifiée par l’espérance du retour de son fils. Le jour si ardemment désiré arriva ; et ce fut la main d’Ambroise qui plongea dans les eaux purifiantes du baptême celui qui devait être le prince des Docteurs.

Un cœur aussi fidèle à ses affections ne pouvait manquer de se répandre sur ceux que les liens du sang lui avaient attachés. On sait l’amitié qui unit Ambroise à son frère Satyre, dont il a raconté les vertus avec l’accent d’une si émouvante tendresse dans le double éloge funèbre qu’il lui consacra. Marcelline sa sœur ne fut pas moins chère à Ambroise. Dès sa première jeunesse, la noble patricienne avait dédaigné le monde et ses pompes. Sous le voile de la virginité qu’elle avait reçu des mains du pape Libère, elle habitait Rome au sein de la famille. Mais l’affection d’Ambroise ne connaissait pas de distances ; ses lettres allaient chercher la servante de Dieu dans son mystérieux asile. Il n’ignorait pas quel zèle elle nourrissait pour l’Église, avec quelle ardeur elle s’associait à toute les œuvres de son frère, et plusieurs des lettre qu’il lui adressait nous ont été conservées. On est ému en lisant seulement la suscription de ces épîtres : « Le frère à la sœur », ou encore : « A Marcelline ma sœur, plus chère à moi que mes yeux et ma vie. » Le texte de la lettre vient ensuite, rapide, animé, comme les luttes qu’il retrace. Il en est une qui fut écrite dans les heures même où grondait l’orage, pendant que le courageux pontife était assiégé dans sa basilique par les troupes de Justine. Ses discours au peuple de Milan, ses succès comme ses épreuves, les sentiments héroïques de son âme épiscopale, tout se peint dans ces fraternelles dépêches, tout y révèle la force et la sainteté du lien qui unit Ambroise et Marcelline. La basilique Ambrosienne garde encore le tombeau du frère et celui de la sœur ; sur l’un et l’autre chaque jour le divin Sacrifice est offert.

Tel fut Ambroise, dont Théodose disait un jour : « Il n’y a qu’un évêque au monde ». Glorifions l’Esprit-Saint qui a daigné produire un type aussi sublime dans l’Église, et demandons au saint Pontife qu’il daigne nous obtenir une part à cette foi vive, à cet amour si ardent qu’il témoigne dans ses suaves et éloquents écrits envers le mystère de la divine Incarnation. En ces jours qui doivent aboutir à celui où le Verbe fait chair va paraître, Ambroise est l’un de nos plus puissants intercesseurs.

Sa piété envers Marie nous apprend aussi quelle admiration et quel amour nous devons avoir pour la Vierge bénie. Avec saint Éphrem, l’évêque de Milan est celui des Pères du IVe siècle qui a le plus vivement exprimé les grandeurs du ministère et de la personne de Marie. Il a tout connu, tout ressenti, tout témoigné. Marie exempte par grâce de toute tache de péché, Marie au pied de la Croix s’unissant à son fils pour le salut du genre humain, Jésus ressuscité apparaissant d’abord à sa mère, et tant d’autres points sur lesquels Ambroise est l’écho de la croyance antérieure, lui donnent un des premiers rangs parmi les témoins de la tradition sur les mystères de la Mère de Dieu.

Cette tendre prédilection pour Marie explique l’enthousiasme dont Ambroise est rempli pour la virginité chrétienne, dont il mérite d’être considéré comme le Docteur spécial. Aucun des Pères ne l’a égalé dans le charme et l’éloquence avec lesquels il a proclamé la dignité et la félicité des vierges. Quatre de ses écrits sont consacres à glorifier cet état sublime, dont le paganisme expirant essayait encore une dernière contrefaçon dans ses vestales, recrutées au nombre de sept, comblées d’honneurs et de richesses, et déclarées libres après un temps. Ambroise leur oppose l’innombrable essaim des vierges chrétiennes, remplissant le monde entier du parfum de leur humilité, de leur constance et de leur désintéressement. Mais sur un tel sujet sa parole était plus attrayante encore que sa plume, et l’on sait, par les récits contemporains, que, dans les villes qu’il visitait et où sa voix devait se faire entendre, les mères retenaient leurs filles à la maison, dans la crainte que les discours d’un si saint et si irrésistible séducteur ne leur eussent persuadé de n’aspirer plus qu’aux noces éternelles.

Saluons un si grand Docteur, en répétant ces paroles de la sainte Église, dans l’Office des Vêpres : « O Docteur excellent ! Lumière de la sainte Église, bienheureux Ambroise, amateur de la loi divine, priez pour nous le Fils de Dieu. »

Nous vous louerons aussi, tout indignes que nous en sommes, immortel Ambroise ! Nous exalterons les dons magnifiques que le Seigneur a placés en vous. Vous êtes la Lumière de l’Église, le Sel de la terre, par votre doctrine céleste ; vous êtes le Pasteur vigilant, le Père tendre, le Pontife invincible : mais combien votre cœur aima le Seigneur Jésus que nous attendons ! Avec quel indomptable courage vous sûtes, au péril de vos jours, vous opposer à ceux qui blasphémaient ce Verbe divin ! Par là, vous avez mérité d’être choisi pour initier, chaque année, le peuple fidèle à la connaissance de Celui qui est son Sauveur et son Chef. Faites donc pénétrer jusqu’à notre œil le rayon de la vérité qui vous éclairait ici-bas ; faites goûter à notre bouche la saveur emmiellée de votre parole ; touchez notre cœur d’un véritable amour pour Jésus qui s’approche d’heure en heure. Obtenez qu’à votre exemple, nous prenions avec force sa cause en main, contre les ennemis de la foi, contre les esprits de ténèbres, contre nous-mêmes. Que tout cède, que tout s’anéantisse, que tout genou ploie, que tout cœur s’avoue vaincu, en présence de Jésus-Christ, Verbe éternel du Père, Fils de Dieu et fils de Marie, notre Rédempteur, notre Juge, notre souverain bien.

Glorieux Ambroise, abaissez-nous comme vous avez abaissé Théodose ; relevez-nous contrits et changés, comme vous le relevâtes dans votre pastorale charité. Priez aussi pour le Sacerdoce catholique, dont vous serez à jamais l’une des plus nobles gloires. Demandez à Dieu, pour les Prêtres et les Pontifes de l’Église, cette humble et inflexible vigueur avec laquelle ils doivent résister aux Puissances du siècle, quand elles abusent de l’autorité que Dieu a déposée entre leurs mains. Que leur front, suivant la parole du Seigneur, soit dur comme le diamant ; qu’ils sachent s’opposer comme un mur pour la maison d’Israël ; qu’ils estiment comme un souverain honneur, comme le plus heureux sort, de pouvoir exposer leurs biens, leur repos, leur vie, pour la liberté de l’Épouse du Christ.

Vaillant champion de la vérité, armez-vous de ce fouet vengeur que l’Église vous a donné pour attribut ; et chassez loin du troupeau de Jésus-Christ ces restes impurs de l’Arianisme qui, sous divers noms, se montrent encore jusqu’en nos temps. Que nos oreilles ne soient plus attristées par les blasphèmes de ces hommes vains qui osent mesurer à leur taille, juger, absoudre et condamner comme leur semblable le Dieu redoutable qui les a créés, et qui, par un pur motif de dévouement à sa créature, a daigné descendre et se rapprocher de l’homme, au risque d’en être méconnu.

Bannissez de nos esprits, ô Ambroise, ces timides et imprudentes théories qui font oublier à des chrétiens que Jésus est le Roi de ce monde, et les entraînent à penser qu’une loi humaine qui reconnaît des droits égaux à l’erreur et à la vérité, pourrait bien être le plus haut perfectionnement des sociétés. Obtenez qu’ils comprennent, à votre exemple, que si les droits du Fils de Dieu et de son Église peuvent être foulés aux pieds, ils n’en existent pas moins ; que la promiscuité de toutes les religions sous une protection égale est le plus sanglant outrage envers Celui « à qui toute puissance a été donnée au ciel et sur la terre » ; que les désastres périodiques de la société sont la réponse qu’il fait du haut du ciel aux contempteurs du Droit chrétien, de ce Droit qu’il a acquis en mourant sur la Croix pour les hommes ; qu’enfin, s’il ne dépend pas de nous de relever ce Droit sacré chez les nations qui ont eu le malheur de l’abjurer, notre devoir est de le confesser courageusement, sous peine d’être complices de ceux qui n’ont plus voulu que Jésus régnât sur eux.

Enfin, au milieu de ces ombres qui s’appesantissent sur le monde, consolez, ô Ambroise, la sainte Église qui n’est plus qu’une étrangère, une pèlerine à travers les nations dont elle fut la mère et qui l’ont reniée ; qu’elle cueille encore sur sa route, parmi ses fidèles, les fleurs de la virginité ; qu’elle soit l’aimant des âmes élevées qui comprennent la dignité d’Épouse du Christ. S’il en fut ainsi aux glorieux temps des persécutions qui signalèrent le commencement de son ministère, à notre époque d’humiliations et de défections, qu’il lui soit donné encore de consacrer à son Époux une élite nombreuse de cœurs purs et généreux, afin que sa fécondité la venge de ceux qui l’ont repoussée comme une mère stérile, et qui sentiront un jour cruellement son absence.

 

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Saint Nicolas évêque et confesseur

6 Décembre 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Nicolas évêque et confesseur

Collecte

O Dieu, qui avez rendu illustre par d’innombrables miracles, le bienheureux Pontife Nicolas, accordez-nous, s’il vous plaît, par ses mérites et ses prières d’être préservés des feux de l’enfer.

Lecture He. 13, 7-17

Mes Frères : Souvenez-vous de vos guides, qui vous ont prêché la parole de Dieu ; considérant quelle a été la fin de leur vie, imitez leur foi. Jésus-Christ était hier, il est aujourd’hui, et il sera de même dans tous les siècles. Ne vous laissez pas entraîner par toutes sortes de doctrines étrangères. Car il est bon d’affermir son cœur par la grâce, non par des aliments, qui n’ont servi de rien à ceux qui en font leur règle de conduite. Nous avons un autel, dont ceux qui font le service dans le tabernacle n’ont pas le droit de manger. Car les corps des animaux dont le sang est porté par le pontife dans le sanctuaire pour le péché, sont brûlés hors du camp. C’est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc hors du camp pour aller à lui, en portant son opprobre. Car nous n’avons point ici de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir. Offrons donc par lui sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire, le fruit de lèvres qui confessent son nom. N’oubliez pas la bienfaisance et la libéralité ; car c’est par de tels sacrifices que l’on se rend Dieu favorable. Obéissez à vos guides et soyez-leur soumis ; car ils veillent, comme devant rendre compte pour vos âmes.

Pour faire honneur au Messie Pontife, la souveraine Sagesse a multiplié les Pontifes sur la route qui conduit à lui. Deux Papes, saint Melchiade et saint Damase ; deux Docteurs, saint Pierre Chrysologue et saint Ambroise ; deux Évêques, l’amour de leur troupeau, saint Nicolas et saint Eusèbe : tels sont les glorieux Pontifes qui ont reçu la charge de préparer, par leurs suffrages, la voie du peuple fidèle vers Celui qui est le souverain Prêtre selon l’ordre de Melchisédech. Nous développerons successivement leurs titres à faire partie de cette noble cour. Aujourd’hui, l’Église célèbre avec joie la mémoire de l’insigne thaumaturge Nicolas, aussi fameux dans l’Orient que le grand saint Martin l’est dans l’Occident, et honoré depuis près de mille ans par l’Église latine. Rendons hommage au souverain pouvoir que Dieu lui avait donné sur la nature ; mais félicitons-le surtout d’avoir été du nombre des trois cent dix-huit Évêques qui proclamèrent, à Nicée, le Verbe consubstantiel au Père. Il ne fut point scandalisé des abaissements du Fils de Dieu ; ni la bassesse de la chair que le souverain Seigneur de toutes choses revêtit au sein de la Vierge, ni l’humilité de la crèche, ne l’empêchèrent de proclamer Fils de Dieu, égal à Dieu, le fils de Marie ; c’est pourquoi il a été élevé en gloire et a reçu la charge d’obtenir, chaque année, pour le peuple chrétien, la grâce d’aller au-devant du Verbe de vie, avec une foi simple et un ardent amour.

Presque tous les Bréviaires de l’Église Latine, jusqu’au XVIIe siècle, sont très abondants sur les vertus et les œuvres merveilleuses de saint Nicolas, et contiennent le bel Office du saint Évêque tel qu’il fut composé vers le XVIIe siècle. Nous avons parlé ailleurs de cet Office sous le rapport musical ; ici, nous nous bornerons à dire qu’il est tout entier puisé dans les Actes de saint Nicolas, et plus explicite sur certains faits que la Légende du Bréviaire romain. Les pièces qui vont suivre insistent sur un fait dont cette Légende ne dit rien : nous voulons parler de l’huile miraculeuse qui, depuis près de huit siècles, découle sans cesse du tombeau du saint Évêque, et au moyen de laquelle Dieu a souvent opéré des prodiges. Le Répons et l’Antienne que nous donnons tout d’abord, célèbrent le miracle de cette huile ; et ces deux pièces étaient autrefois si populaires, qu’au XIIIe siècle on en emprunta la mélodie, pour l’appliquer au Répons Unus panis et à l’Antienne O quam suavis est, dans l’Office du Saint-Sacrement.

RÉPONS.
R/. De son tombeau de marbre, découle une huile sacrée qui guérit les aveugles dont les yeux en sont oints, * Rend l’ouïe aux sourds, et remet en santé tous ceux qui sont débiles. V/. Les peuples courent en foule, empressés de voir les merveilles qui se font par l’entremise de Nicolas. * Cette huile rend l’ouïe aux sourds, et remet en santé tous ceux qui sont débiles.
 
ANTIENNE.
 
O bonté du Christ, digne d’être relevée par toutes sortes de louanges ! C’est elle qui manifeste au loin les mérites de Nicolas son serviteur ; car de la tombe de ce Saint découle une huile, et elle guérit tous ceux qui sont dans la langueur.

Nous donnons ensuite les deux Hymnes qui se trouvent dans tous les Bréviaires Romains-Français.

Ière HYMNE
Chante, ô ma langue, les louanges du pontife Nicolas : afin que le suprême Adonaï, Roi et Père de tous les êtres, nous fasse aborder par l’entremise de son divin Fils au port du salut.
A l’âge où Nicolas pendait encore aux mamelles de sa mère, jamais on ne le vit plus d’une fois le jour s’y désaltérer, à la quatrième et sixième férié de la semaine : il craignait, le pieux enfant, de rompre son jeûne par une goutte de lait.
Élevé à l’honneur de Prélat, Nicolas fit pleuvoir si abondamment la rosée de la piété sur tous les peuples, qu’à peine a-t-il son pareil dans toute la série des siècles.
Par l’usage qu’il fait de son or, il sauve trois vierges de la prostitution ; dans la famine il multiplie le blé et le distribue au peuple ; il retire un vase tombé dans la mer, et porte secours aux nautoniers qui craignaient le naufrage.
Du milieu des morts est par lui ressuscité un homme qui avait commis un vol : par lui un Juif est baptisé et recouvre le bien qu’on lui avait dérobé ; l’un est rendu à la vie, l’autre s’élance dans la voie de la foi.
Des Pontifes l’ornement, l’honneur et la gloire, Nicolas, que la grâce dont vous êtes enrichi vienne en aide au peuple et au clergé ; qu’elle assiste nos âmes, nos mains et nos lèvres, et nous fasse rendre à Dieu nos vœux.
Louange à la souveraine Trinité : à elle puissance et victoire ; qu’elle daigne nous accorder d’entrer après la vie, chargés de palmes, dans la patrie des cieux, en part des joies éternelles de Nicolas. Amen.
 
IIe HYMNE.
Que le clergé, déployant la voix et les chants de l’allégresse, exalte et préconise Nicolas, du clergé le père et le patron ! Que le cœur prompt et docile se dilate au son de la voix.
Que tous, Grecs, Latins, langues, tribus, nations ; étendue des terres, profondeurs des mers ; sexes, conditions , hôtes , citoyens , étrangers ; tous chantent avec un pareil enthousiasme.
Il n’a cessé, ne cesse, ne cessera de nous combler tous de ses bienfaits, cet immortel Prélat, dont le nom ne s’échappera jamais de notre mémoire. Par lui, tout homme qui sema dans la tristesse fleurira comme le lis.
Ce héros magnanime, revêtu de la chair, méprisa les œuvres de la chair, ne faisant, ne disant rien que de salutaire ; délivré des liens du corps, il vole enfin au séjour éthéré.
Quelle fut sa vertu de charité, l’huile qui coule de son tombeau le déclare assez hautement jusqu’en ce siècle même ; elle donne au peuple qui implore son assistance le bienfait de la santé.
Louange à la souveraine Trinité : à elle puissance et victoire ; qu’elle daigne nous accorder d’entrer, après la vie, chargés de palmes, dans la patrie des cieux, en part des joies éternelles de Nicolas. Amen.

Adam de Saint-Victor ne pouvait faire défaut à saint Nicolas : les Églises du moyen âge lui durent la belle Séquence qui suit :

SÉQUENCE.
Réjouissons-nous et tressaillons, unis de bouche et de cœur, à cette solennelle fête du bienheureux Nicolas.
Encore enfant au berceau, il observe les jeûnes ;
Encore enfant à la mamelle, déjà il mérite les joies suprêmes.
Adolescent, il embrasse l’étude des lettres,
Sans pécher, sans connaître la licence de son âge.
Bienheureux Confesseur, une voix venue du ciel l’appelle aux dignités.
Promu par elle, il monte au faîte le plus élevé de la Prélature.
Il avait dans le cœur une tendre miséricorde, et il prodiguait ses bienfaits aux opprimés.
Par ses trésors, des vierges sont sauvées de l’opprobre ; et la pauvreté de leur père est soulagée.
Des matelots en mer luttaient contre la furie des flots, sur une nef à demi brisée.
Déjà désespérant de la vie, en ce danger si pressant, ils crient et disent tous d’une voix :
« O bienheureux Nicolas ! Ramenez-nous à un port de mer ; sauvez-nous de ce péril de mort.
Ramenez-nous à un port de mer, vous dont la compassion généreuse est tant de fois venue en aide. »
Pendant qu’ils criaient, et non sans fruit, voici quelqu’un qui leur dit : « J’arrive à votre secours. »
Soudain souffle un vent favorable, et la tempête est apaisée, et les mers sont en repos.
De sa tombe découle une huile abondante,
Qui guérit tous les malades par l’intercession du Saint.
Nous que voici en ce monde, naufragés déjà plus d’une fois dans l’abîme du vice,
Glorieux Nicolas, menez-nous au port du salut où sont paix et gloire.
Obtenez-nous du Seigneur, par vos secourables prières, l’onction qui sanctifie ;
Cette onction qui a guéri les blessures d’innombrables iniquités dans Marie la pécheresse.
Qu’à jamais soient dans la joie ceux qui célèbrent cette fête ;
Et qu’après cette course de la vie, le Christ les couronne.
Amen.

La plus populaire de toutes les Séquences de saint Nicolas est néanmoins celle qui suit. On la trouve dans un grand nombre de Processionnaux jusqu’au XVIIe siècle, et elle a servi de type à quantité d’autres qui, bien que consacrées à la louange de divers Patrons, gardent non seulement la mesure et la mélodie de la Séquence de saint Nicolas, mais retiennent encore, par un tour de force ingénieux, le fond même des expressions.

SÉQUENCE.
Les malades sont rendus à la santé par l’huile miraculeuse.
Au milieu du naufrage, Nicolas est d’un puissant secours.
Il ressuscite du tombeau un mort étendu sur le chemin.
Un juif aperçoit de l’or, et demande le Baptême.
Nicolas retire de l’eau le vase et l’enfant qu’il rend à son père !
Oh ! qu’il parut bien le Saint de Dieu , quand il multiplia la farine dans la disette !
Qu’ainsi les louanges de Nicolas soient chantées en cette assemblée ;
Car quiconque le prie de cœur, met le vice en fuite, et s’en retourne guéri.
Ainsi soit-il.

(On trouvera la Séquence du Propre du Diocèse de Toul, où se trouve le plus grand centre de pèlerinage à St Nicolas en dehors de Bari, à la messe propre de ce diocèse. N.d.W.)

Mais aucune Église n’a marqué autant d’enthousiasme pour saint Nicolas, que l’Église grecque dans ses Menées. On voit que l’illustre Thaumaturge était une des plus fermes espérances de l’Empire Byzantin ; et cette confiance en saint Nicolas, Constantinople l’a transmise à la Russie qui la garde encore aujourd’hui. Nous allons, selon notre usage, extraire quelques strophes de la masse de ces chants sacrés que Sainte-Sophie répétait autrefois en langue grecque, et que les coupoles dorées des Sobors de Moscou entendent retentir encore chaque année dans l’idiome Slavon.

HYMNE DE SAINT NICOLAS. (Tirée des Menées des Grecs.)
Tu as vraiment habité à Myre, exhalant un parfum précieux ; parfumé toi-même d’un baume spirituel, ô bienheureux Nicolas, grand Hiérarque du Christ ; et tu parfumes la face de ceux qui, avec foi et amour, honorent ton illustre mémoire, les délivrant de toutes nécessités et tribulations, ô Père saint, par tes prières auprès du Seigneur.
Ton nom propre est véritablement : Victoire du peuple, bienheureux Nicolas, souverain prêtre du Christ ; car, invoqué en tous lieux, tu préviens aussitôt ceux qui avec amour requièrent ta protection ; apparaissant nuit et jour à ceux qui t’invoquent avec foi, tu les délivres des nécessités et des tentations.
Tu apparus à l’Empereur Constantin et à Ablavius, et leur inspiras une terrible frayeur par ces mots, afin de les engager à la clémence : « Les innocents que vous retenez dans les fers ne méritent point un injuste supplice ; et si tu v méprises mes paroles, ô Prince ! j’en porterai contre toi ma plainte au Seigneur. »
Ton œil intrépide a pu fixer les sublimes hauteurs de la Gnose, et tu as sondé le profond abîme de la Sagesse, toi qui as enrichi le monde de tes enseignements, ô Père saint ! prie pour nous le Christ, ô grand Pontife Nicolas !
Le Christ t’a fait voir à ton troupeau, comme la règle de la foi et l’image de la douceur, ô grand Hiérarque Nicolas ! Car tu répands à Myre un précieux parfum, tout y resplendit de la gloire de tes œuvres, ô protecteur des veuves et des orphelins ! prie sans cesse le Seigneur de sauver nos âmes.
Réjouis-toi, ô très sainte âme, demeure très pure de la Trinité, colonne de l’Église, soutien des fidèles, appui de ceux qui sont fatigués, astre rayonnant qui, par l’éclat de tes agréables prières, dissipes en tous lieux les ténèbres des tentations ; saint Pontife Nicolas, port tranquille où trouve un abri quiconque dans la fureur de la tempête réclame ton secours, prie le Christ qu’il daigne accorder à nos âmes une grande miséricorde.
Réjouis-toi, homme rempli d’un divin zèle, qui, par un terrible avertissement et par l’éclat de ta voix menaçante dans un songe, as délivré ceux que le glaive allait immoler. Fontaine abondante, tu répands dans Myre la richesse de tes parfums ; tu verses dans les âmes une douce rosée, tu écartes les ordures des passions mauvaises, tu coupes avec le glaive l’ivraie de l’erreur ; prends le van de ton zèle, dissipe les futiles enseignements d’Arius, et prie le Christ d’accorder à nos âmes une grande miséricorde.
Roi très haut de tous les rois, vous dont la puissance est infinie, à la prière c notre saint Pasteur, rendez paisible, ô Verbe, non en conjurons, la vie de tous les Chrétiens. Donnez contre les barbares à notre pieux Empereur la force et la victoire ; afin que tous, et toujours, nous chantions votre puissance, et l’exaltions dans les siècles des siècles.

Saint Pontife Nicolas, que votre gloire est grande dans l’Église de Dieu ! Vous avez confessé Jésus-Christ devant les Proconsuls, et endure la persécution pour son Nom ; vous avez ensuite été témoin des merveilles du Seigneur, quand il rendit la paix à son Église ; et peu après, votre bouche s’ouvrait dans l’Assemblée des trois cent dix-huit Pères, pour confesser, avec une autorité irréfragable, la divinité du Sauveur Jésus-Christ, pour lequel tant de millions de Martyrs avaient répandu leur sang. Recevez les félicitations du peuple chrétien qui, par toute la terre, tressaille de joie à votre doux souvenir ; et soyez-nous propice, en ces jours où nous attendons la venue de Celui que vous avez proclamé Consubstantiel au Père. Daignez aider notre foi et seconder notre amour. Vous le voyez maintenant face à face, ce Verbe par qui toutes choses ont été faites et réparées ; demandez-lui qu’il daigne se laisser approcher par notre indignité. Soyez notre médiateur entre lui et nous. Vous l’avez fait connaître à notre intelligence, comme le Dieu souverain et éternel ; révélez-le à notre cœur, comme le suprême bienfaiteur des fils d’Adam. C’est en lui, ô Pontife charitable, que vous aviez puisé cette compassion tendre pour toutes les misères, qui fait que tous vos miracles sont autant de bienfaits : continuez, du haut du ciel, de secourir le peuple chrétien.

Ranimez et augmentez la foi des nations dans le Sauveur que Dieu leur a envoyé. Que, par l’effet de vos prières, le Verbe divin cesse d’être méconnu et oublié dans ce monde qu’il a racheté de son sang. Demandez, pour les Pasteurs de l’Église, l’esprit de charité qui brilla si excellemment en vous, cet esprit qui les rend imitateurs de Jésus-Christ, et leur gagne le cœur du troupeau.

Souvenez-vous aussi, saint Pontife, de cette Église d’Orient qui vous garde encore une si vive tendresse. Votre pouvoir sur la terre s’étendait jusqu’à ressusciter les morts ; priez, afin que la véritable vie, celle qui est dans la Foi et l’Unité, revienne animer cet immense cadavre. Par vos instances auprès de Dieu, obtenez que le Sacrifice Je l’Agneau que nous attendons soit de nouveau et bientôt célébré sous les Dômes de Sainte-Sophie. Restituez à l’unité les Sanctuaires de Kiev et de Moscou, et après avoir soumis à la Croix l’orgueil du Croissant, abaissez devant les Clefs de saint Pierre la majesté des Tzars, afin qu’il n’y ait plus ni Scythe, ni Barbare, mais un seul pasteur.

 

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