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Regnum Galliae Regnum Mariae
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Jeudi de la IVème semaine de Carême

23 Mars 2023 , Rédigé par Ludovicus

Jeudi de la IVème semaine de Carême

Collecte

Faites, nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, que, nous mortifiant par ces jeûnes solennels, nous ressentions la joie d’une dévotion sainte, en sorte que l’ardeur de nos affections terrestres étant diminuée, nous goûtions plus aisément les choses du ciel. Par NSJC.

Lecture 4 R. 4, 25-38

En ces jours-là une femme de Sunam vint trouver le prophète Élisée, sur la montagne du Carmel ; et, lorsque l’homme de Dieu l’eut aperçue de loin, il dit à Giézi son serviteur : Voilà cette Sunamite. Va au-devant d’elle, et dis-lui : Tout va-t-il bien pour vous, et pour votre mari, et pour votre fils ? Et elle lui répondit : Bien. Et lorsqu’elle fut arrivée auprès de l’homme de Dieu sur la montagne, elle lui saisit les pieds, et Giézi s’approcha pour l’éloigner. Mais l’homme de Dieu lui dit : Laisse-la ; son âme est dans l’amertume, et le Seigneur me l’a caché et ne me l’a pas révélé. Alors cette femme lui dit : Vous ai-je demandé un fils, mon seigneur ? Ne vous ai-je pas dit : Ne me trompez pas ? Élisée dit à Giézi : Ceins tes reins, prends mon bâton dans ta main, et pars. Si tu rencontres quelqu’un, ne le salue point ; et si quelqu’un te salue, ne lui réponds pas, et mets mon bâton sur le visage de l’enfant. Mais la mère de l’enfant dit à Élisée : Vive le Seigneur et vive votre âme, je ne vous quitterai pas. Il alla donc avec elle, et il la suivit. Cependant Giézi les avait précédés, et il avait mis le bâton sur le visage de l’enfant. Mais il n’y avait ni voix ni sentiment ! Il revint au-devant de son maître, et lui dit : L’enfant n’est pas ressuscité. Élisée entra donc dans la maison, et il trouva l’enfant mort couché sur son lit. Il ferma aussitôt la porte sur lui et sur l’enfant, et invoqua le Seigneur. Il monta alors sur le lit et se coucha sur l’enfant. Il mit sa bouche sur sa bouche, ses yeux sur ses yeux et ses mains sur ses mains, et il se courba sur lui, et la chair de l’enfant fut échauffée. Et Élisée s’éloigna, alla ça et là dans la maison, puis il remonta sur le lit et se coucha sur l’enfant. Alors l’enfant éternua sept fois, et ouvrit les yeux. Élisée appela Giézi, et lui dit : Fais venir cette Sunamite, elle vint et entra dans la chambre. Élisée lui dit : Prenez votre fils. Et elle s’approcha de lui et se jeta à ses pieds et se prosterna contre terre et ayant pris son fils, elle s’en alla. Et Élisée retourna à Galgala.

Évangile Lc. 7, 11-16

En ce temps-là, Jésus se rendait dans une ville appelée Naïm ; et ses disciples allaient avec lui, ainsi qu’une foule nombreuse. Et comme il approchait de la porte de la ville, voici qu’on emportait un mort, fils unique de sa mère, et celle-ci était veuve ; et il y avait avec elle beaucoup de personnes de la ville. Lorsque le Seigneur l’eut vue, touché de compassion pour elle, il lui dit : Ne pleure point. Puis il s’approcha, et toucha le cercueil. Ceux qui le portaient s’arrêtèrent. Et il dit : Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. Et le mort se mit sur son séant, et commença à parler. Et Jésus le rendit à sa mère. Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu, en disant : Un grand prophète a surgi parmi nous, et Dieu a visité son peuple.

Office

1ère leçon

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Cet endroit de l’Évangile se rapporte à l’une et à l’autre grâce (dont nous allons parler). Il a d’abord pour but de nous donner l’assurance que la miséricorde divine se laisse vite fléchir par les gémissements d’une mère veuve, et surtout d’une mère brisée par la maladie ou la mort de son fils unique, d’une veuve enfin dont le mérite et la gravité sont prouvés par la foule qui l’accompagne aux funérailles. Il est destiné encore à nous faire voir plus qu’une simple femme dans cette veuve, entourée d’une grande foule de peuple, qui mérita d’obtenir par ses larmes la résurrection d’un jeune homme, son fils unique ; parce que cette veuve est l’image de la sainte Église, qui, en considération de ses larmes, obtient de rappeler du sein des pompes funèbres ou des profondeurs du sépulcre, pour le faire revenir à la vie, un jeune peuple qu’on lui a défendu de pleurer, parce que la résurrection lui est promise.

2e leçon

Le mort était porté au tombeau dans un cercueil par les quatre éléments matériels ; mais il avait l’espoir de ressusciter puisqu’il était porté dans du bois. Bien que le bois ne nous ait pas été utile autrefois, il a néanmoins, depuis que Jésus-Christ l’a touché, commencé à servir pour la vie ; afin de montrer que le salut devait être rendu au monde par le gibet de la croix. En entendant la parole de Dieu, ils s’arrêtèrent donc, ces impitoyables conducteurs de convois funèbres qui poussaient le corps humain vers la dissolution, par suite du cours mortel de la nature matérielle. Et nous, ne gisons-nous pas inanimés sur la civière mortuaire, c’est-à-dire sur un instrument des dernières pompes funèbres, lorsque le feu des passions déréglées nous brûle, ou que la froideur inonde nos âmes ou bien quand nous sentons la vigueur de notre esprit s’émousser sous le poids de ce corps terrestre et paresseux, ou encore lorsque la pure lumière faisant défaut à notre esprit, il nourrit notre âme d’un air épais et vicié ? Voilà les porteurs qui nous mènent au tombeau.

3e leçon

Mais quoique les derniers devoirs rendus aux morts aient enlevé toute espérance de vie, et que les corps des défunts gisent déjà près du tombeau, cependant, à la parole de Dieu, les cadavres ressuscitent aussitôt, la voix leur revient, un fils est rendu à sa mère, il est rappelé du tombeau, arraché du sépulcre. Quel est pour toi ce tombeau, sinon les mauvaises habitudes ? Ton tombeau, c’est ta déloyauté ; ton gosier est un sépulcre : « C’est un sépulcre ouvert que leur gosier », d’où sont proférées des paroles de mort. Le Christ te délivre de ce sépulcre ; tu sortiras de ce tombeau si tu écoutes la parole de Dieu. Et s’il est un péché grave que tu ne puisses laver toi-même par les larmes de la pénitence, que l’Église ta mère pleure pour toi, elle qui intervient en faveur de chacun de ses enfants, comme une mère veuve pour son fils unique, car elle est pleine de compassion et éprouve une douleur spirituelle qui lui est propre, lorsqu’elle voit ses enfants entraînés à leur perte par des vices mortels.

La Station est à l’Église de Saint-Sylvestre-et-Saint-Martin aux Monts, l’une des plus vénérées de la piété romaine. Élevée d’abord par le pape saint Sylvestre, dont elle a retenu le nom et le patronage, elle était consacrée, dès le VIe siècle, au grand thaumaturge des Gaules, saint Martin. Au VIIe siècle on y apporta de la Chersonèse le corps du saint pape Martin, qui avait mérité la couronne du martyre peu d’années auparavant. Cette Église a été le premier titre cardinalice de saint Charles Borromée, et, au siècle dernier, celui du Bienheureux cardinal Joseph-Marie Tommasi, savant liturgiste, dont on y vénère aussi le corps.

LEÇON

Toutes les merveilles du plan divin pour le salut de l’homme sont réunies dans cette mystérieuse narration ; empressons-nous de les y découvrir, afin que nous n’ayons rien à envier à nos Catéchumènes. Cet enfant mort, c’est le genre humain que le péché a privé de la vie ; mais Dieu a résolu de le ressusciter. D’abord un serviteur est envoyé près du cadavre ; ce serviteur est Moïse. Sa mission est de Dieu ; mais, par elle-même, la loi qu’il apporte ne donne pas la vie. Cette loi est figurée par le bâton que Giézi tient à la main, et dont il essaie en vain le contact sur le corps de l’enfant. La Loi n’est que rigueur : elle établit un régime de crainte, à cause de la dureté du cœur d’Israël ; mais elle triomphe à peine de cette dureté ; et les justes dans Israël, pour être vraiment justes, doivent aspirer à quelque chose de plus parfait et de plus filial que la loi du Sinaï. Le Médiateur, qui doit tout adoucir en apportant du ciel l’élément de la charité, n’est pas venu encore ; il est promis, il est figuré ; mis il ne s’est pas fait chair, il n’a pas encore habité parmi nous. Le mort n’est pas ressuscité. Il faut que le Fils de Dieu descende lui-même.

Élisée est la figure de ce divin Rédempteur. Voyez comme il se rapetisse à la mesure du corps de l’enfant, comme il s’unit étroitement à tous ses membres dans le mystérieux silence de cette chambre fermée. C’est ainsi que le Verbe du Père, voilant sa splendeur au sein d’une vierge, s’y est uni à notre nature, et, « prenant la forme de l’esclave, s’est anéanti jusqu’à devenir semblable à l’homme», « afin de nous rendre la vie, et une vie plus abondante encore » que celle que nous avions eue au commencement. Observez aussi ce qui se passe dans l’enfant, et quelles sont les marques de la résurrection qui s’opère en lui. Sept fois sa poitrine se dilate, et il aspire, afin de marquer par ce mouvement que l’Esprit aux sept dons reprendra possession de l’âme humaine qui doit être son temple. Il ouvre les yeux, pour signifier la fin de cet aveuglement qui est le caractère de la mort : car les morts ne jouissent plus de la lumière, et les ténèbres du tombeau sont leur partage. Enfin considérez cette femme, cette mère : c’est la figure de l’Église qui implore de notre divin Élisée la résurrection de ses chers Catéchumènes, de tous les infidèles qui sont encore sous les ombres de la mort  ; unissons-nous à sa prière, et efforçons-nous d’obtenir que la lumière de l’Évangile s’étende de plus en plus, et que les obstacles qu’apporte à sa propagation la perfidie de Satan, jointe à la malice des hommes, disparaissent sans retour.

ÉVANGILE.

Aujourd’hui et demain encore, la sainte Église ne cesse de nous offrir des types de la résurrection : c’est l’annonce de la Pâque prochaine, et en même temps un encouragement à l’espérance pour tous les morts spirituels qui demandent à revivre. Avant d’entrer dans les deux semaines consacrées aux douleurs du Christ, l’Église rassure ses enfants sur le pardon qui les attend, en leur offrant le spectacle consolant des miséricordes de celui dont le sang est notre réconciliation. Délivrés de toutes nos craintes, nous serons plus à nous-mêmes pour contempler le sacrifice de notre auguste victime, pour compatir à ses douleurs. Ouvrons donc les yeux de l’âme, et considérons la merveille que nous offre notre Évangile. Une mère éplorée conduit le deuil de son fils unique, et sa douleur est inconsolable. Jésus est touché de compassion ; il arrête le convoi ; sa main divine touche le cercueil ; et sa voix rappelle à la vie le jeune homme dont le trépas avait causé tant de larmes. L’écrivain sacré insiste pour nous dire que Jésus le rendit à sa mère. Quelle est cette mère désolée, sinon la sainte Église qui mène le deuil d’un si grand nombre de ses enfants ? Jésus s’apprête à la consoler. Il va bientôt, par le ministère de ses prêtres, étendre la main sur tous ces morts ; il va bientôt prononcer sur eux la parole qui ressuscite ; et l’Église recevra dans ses bras maternels tous ces fils dont elle pleurait la perte, et qui seront pleins de vie et d’allégresse.

Considérons le mystère des trois résurrections opérées par le Sauveur : celle de la fille du prince de la synagogue, celle du jeune homme d’aujourd’hui, et celle de Lazare, à laquelle nous assisterons demain. La jeune fille ne fait que d’expirer ; elle n’est pas ensevelie encore : c’est l’image du pécheur qui vient de succomber, mais qui n’a pas contracté encore l’habitude et l’insensibilité du mal. Le jeune homme représente le pécheur qui n’a voulu faire aucun effort pour se relever, et chez lequel la volonté a perdu son énergie : on le conduit au sépulcre ; et, sans la rencontre du Sauveur, il allait être rangé parmi ceux qui sont morts à jamais. Lazare est un symbole plus effrayant encore. Déjà il est en proie à la corruption. Une pierre roulée sur le tombeau condamne le cadavre à une lente et irrémédiable dissolution. Pourra-t-il revivre ? Il revivra si Jésus daigne exercer sur lui son divin pouvoir. Or, en ces jours où nous sommes, l’Église prie, elle jeûne ; nous prions, nous jeûnons avec elle, afin que ces trois sortes de morts entendent la voix du Fils de Dieu, et qu’ils ressuscitent. Le mystère de la Résurrection de Jésus-Christ va produire son merveilleux effet à ces trois degrés. Associons-nous aux desseins de la divine miséricorde ; faisons instance, jour et nuit, auprès du Rédempteur, afin que, dans quelques jours, nous puissions, à la vue de tant de morts rendus à la vie, nous écrier avec les habitants de Naïm : « Un grand Prophète s’est levé « parmi nous, et Dieu a visité son peuple. »

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Mercredi de la IVème semaine de Carême

22 Mars 2023 , Rédigé par Ludovicus

Mercredi de la IVème semaine de Carême

Collecte

O Dieu, qui, par le moyen du jeûne, accordez aux justes la récompense de leurs mérites et aux pécheurs le pardon de leurs fautes, ayez pitié de ceux qui vous supplient, afin que l’aveu de notre culpabilité nous obtienne de recevoir la rémission de nos offenses. Par Notre-Seigneur.

Lecture Ez. 36, 23-28

Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je sanctifierai mon grand nom, qui a été profané parmi les nations, que vous avez profané au milieu d’elles, afin que les nations sachent que je suis le Seigneur, lorsque j’aurai été sanctifié en vous devant elles. Car je vous retirerai d’entre les nations, et je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous amènerai dans votre pays. Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés de toutes vos souillures, et je vous purifierai de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai un esprit nouveau au milieu de vous ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon esprit au milieu de vous, et je ferai que, vous marchiez dans mes préceptes, que vous gardiez et que vous pratiquiez mes ordonnances. Vous habiterez dans le pays que j’ai donné à vos pères, et vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu, dit le Seigneur tout-puissant.

Lecture Is. 1, 16-19

Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de devant mes yeux ta malice de vos pensées, cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien, recherchez la justice, assistez l’opprimé, faites droit à l’orphelin, défendez la veuve. Et venez et attaquez-moi, dit le Seigneur ; et si vos péchés sont comme l’écarlate, Ils deviendront blancs comme la neige et s’ils sont rouges comme le vermillon, ils seront blancs comme la laine. Si vous voulez et si vous m’écoutez, vous mangerez les biens de la terre, dit le Seigneur tout-puissant.

Évangile Jn. 9, 1-38

En ce temps-là, Jésus, en passant, vit un homme aveugle de naissance. Et ses disciples lui demandèrent : Maître, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ?

Jésus répondit : Ni lui n’a péché, ni ses parents ; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. Il faut que j’accomplisse les œuvres de celui qui m’a envoyé, pendant qu’il est jour ; la nuit vient, pendant laquelle personne ne peut travailler. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. Après avoir dit cela, il cracha à terre, et fit de la boue avec sa salive ; puis il oignit de cette boue les yeux de l’aveugle. Et il lui dit : Va, lave-toi dans la piscine de Siloé (nom qui signifie : Envoyé).

Il y alla donc, se lava, et revint voyant. De sorte que ses voisins, et ceux qui l’avaient vu auparavant mendier, disaient : N’est-ce pas là celui qui était assis, et qui mendiait ? Les uns disaient : C’est lui. Et d’autres : Nullement, mais c’est quelqu’un qui lui ressemble.

Mais lui, il disait : C’est moi.

Ils lui dirent donc : Comment tes yeux ont-ils été ouverts ? Il répondit : Cet homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, et en a oint mes yeux, puis il m’a dit : Va à la piscine de Siloé, et lave-toi. J’y suis allé, et Je me suis lavé, et je vois.

Ils lui dirent : Où est-il ? Il répondit : Je ne sais pas.

Ils amenèrent aux pharisiens celui qui avait été aveugle.

Or c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. Les pharisiens lui demandèrent donc aussi comment il avait recouvré la vue.

Et il leur dit : Il m’a mis de la boue sur les yeux, et je me suis lavé, et je vois. Là-dessus, quelques-uns des pharisiens disaient : Cet homme ne vient pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le sabbat.

Mais d’autres disaient : Comment un homme pécheur pourrait-il faire de tels miracles ?

Et il y avait division entre eux.

Ils dirent donc de nouveau à l’aveugle : Toi, que dis-tu de celui qui t’a ouvert les yeux ?

Il répondit : C’est un prophète.

Mais les Juifs ne crurent point qu’il eût été aveugle et qu’il eût recouvré la vue, jusqu’à ce qu’ils eussent fait venir ses parents. Et ils les interrogèrent, en disant : Est-ce là votre fils que vous dites être né aveugle ? Comment donc voit-il maintenant ?

Les parents répondirent, en disant : Nous savons que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle ; mais comment voit-il maintenant ? nous ne le savons pas ; ou qui lui a ouvert les yeux ? nous l’ignorons. Interrogez-le, il a l’âge ; qu’il parle pour lui-même. Ses parents dirent cela, parce qu’ils craignaient les Juifs ; car les Juifs étaient déjà convenus ensemble que, si quelqu’un reconnaissait Jésus pour le Christ, il serait chassé de la synagogue. C’est pour cela que ses parents dirent : Il a l’âge, interrogez-le lui-même.

Ils appelèrent donc une seconde fois l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : Rends gloire à Dieu ; nous savons que cet homme est un pécheur.

Il leur dit : Si c’est un pécheur, je ne sais ; je sais une chose, c’est que j’étais aveugle, et que maintenant je vois.

Ils lui dirent donc : Que t’a-t-il fait ? Comment t’a-t-il ouvert les yeux ?

Il leur répondit : Je vous l’a déjà dit, et vous l’avez entendu ; pourquoi voulez-vous l’entendre de nouveau ? Est-ce que vous aussi, vous voulez devenir ses disciples ?

Alors ils l’accablèrent d’injures et dirent : Toi sois son disciple ; nous, nous sommes disciples de Moïse. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-ci, nous ne savons d’où il est.

Cet homme leur répondit, et dit : C’est ceci qui est étonnant, que vous ne sachiez pas d’où il est, et qu’il m’ait ouvert les yeux. Or nous savons que Dieu n’exauce pas les pécheurs ; mais si quelqu’un honore Dieu et fait sa volonté, c’est celui-là qu’il exauce. Jamais on n’a entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire.

Ils lui répondirent : Tu es né tout entier dans le péché, et tu veux nous enseigner ? Et ils le jetèrent dehors.

Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors ; et l’ayant rencontré, il lui dit : Crois-tu au Fils de Dieu ?

Il lui répondit, et dit : Qui est-Il, Seigneur, afin que je croie en lui ?

Et Jésus lui dit : Tu l’as vu, et celui qui te parle, c’est lui.

Il répondit ; Je crois, Seigneur. Et se prosternant. Il l’adora.

Office

1ère leçon

Homélie de saint Augustin, Évêque

Les faits surprenants et merveilleux de la vie de notre Seigneur Jésus-Christ, sont à la fois des œuvres et des paroles, des œuvres, parce que ces faits se sont réellement passés, des paroles, parce qu’ils sont des signes. Si donc nous réfléchissons à la signification de ce miracle, nous verrons que l’aveugle représente, le genre humain. Cette cécité a été chez le premier homme le résultat du péché, et il nous a communiqué à tous, non seulement le germe de la mort, mais encore celui de l’iniquité. Si la cécité est l’infidélité, si l’illumination est la foi, quel est celui que le Christ a trouvé fidèle au moment de sa venue sur la terre, puisque l’Apôtre, né de la race des Prophètes, dit lui-même : « Nous étions autrefois par nature enfants de colère, comme tous les autres. » Si nous étions enfants de colère, nous étions aussi enfants de la vengeance, enfants du châtiment, enfants de la géhenne. Comment l’étions-nous par nature, si ce n’est que, par le péché du premier homme, le vice est passé pour nous comme en nature ? Si le vice est de venu pour nous une seconde nature, tout homme naît aveugle, quant à son âme.

2e leçon

Le Seigneur est venu : Qu’a-t-il fait ? Il a voulu attirer notre attention sur un grand mystère. « Il cracha à terre et il fit de la boue avec sa salive », parce que le Verbe s’est fait chair, « et il oignit les yeux de l’aveugle. » Les yeux de cet homme étaient couverts de cette boue, et il ne voyait pas encore. Le Sauveur l’envoya à la piscine qui porte le nom de Siloé. L’Évangéliste a cru devoir nous faire remarquer le nom de cette piscine et il nous dit « qu’on l’interprète par Envoyé. » Vous savez déjà qui a été envoyé. S’il n’avait pas été envoyé, nul d’entre nous n’eût été délivré du péché. L’aveugle lava donc ses yeux dans cette piscine dont le nom signifie Envoyé : il fut baptisé dans le Christ. Si donc le Sauveur l’a baptisé en quelque sorte lorsqu’il lui rendit la vue, on peut dire qu’il l’avait fait catéchumène quand il oignit ses yeux.

3e leçon

Ce que vous venez d’entendre est un grand mystère. Demande à un homme : Es-tu chrétien ? Il te répond : Je ne le suis pas. Tu lui demandes encore : Es-tu païen ou juif ? S’il te répond : Je ne le suis pas ; tu continues de l’interroger : Es-tu catéchumène ou fidèle ? S’il te répond : Catéchumène, il a été oint, mais non encore lavé. Comment a-t-il été oint ? Interroge-le, et il te répondra. Demande-lui en qui il croit ? Par cela même qu’il est catéchumène, il te dira : Je crois au Christ. Je m’adresse maintenant aux fidèles et aux catéchumènes. Qu’ai-je dit de la salive et de la boue ? Que le Verbe s’est fait chair. C’est ce qui est enseigné aux catéchumènes ; mais il ne leur suffit pas d’avoir été oints : qu’ils se hâtent vers le bain salutaire, s’ils recherchent la lumière.

Ce jour est la Férie du Grand-Scrutin, parce que, dans l’Église de Rome, après les informations et examens nécessaires, on y consommait l’admission du plus grand nombre des Catéchumènes au Baptême. La Station se tenait dans la Basilique de Saint-Paul-hors-les-murs, tant à cause de la vaste étendue de cet édifice, que pour faire hommage à l’Apôtre de la Gentilité des nouvelles recrues que l’Église se disposait à faire au sein du paganisme. Le lecteur verra avec intérêt et édification les formes et les cérémonies observées en cette circonstance.

Le Grand Scrutin.

Les fidèles et les aspirants au Baptême étant réunis dans la Basilique vers l’heure de midi, on recueillait d’abord les noms de ces derniers ; et un acolyte les faisait ranger avec ordre devant le peuple, plaçant les hommes à droite, et les femmes à gauche. Un prêtre récitait ensuite sur chacun d’eux l’Oraison qui les faisait Catéchumènes ; car c’est improprement et par anticipation que nous leur avons jusqu’ici donné ce nom. Il les marquait d’abord du signe de la croix au front, et leur imposait la main sur la tête. Il bénissait ensuite le sel, qui signifie la Sagesse, et le faisait goûter à chacun d’eux.

Après ces cérémonies préliminaires, on les faisait sortir tous de l’église, et ils demeuraient sous le portique extérieur, jusqu’à ce qu’on les rappelât. Après leur départ, l’assemblée des fidèles étant demeurée dans l’église, on commençait l’Introït, qui est compose des paroles du Prophète Ézéchiel, dans lesquelles le Seigneur annonce qu’il réunira ses élus de toutes les nations, et qu’il répandra sur eux une eau purifiante pour laver toutes leurs souillures.

L’acolyte rappelait ensuite tous les Catéchumènes par leur nom, et ils étaient introduits par le portier. On les rangeait de nouveau selon la différence des sexes, et les parrains et marraines se tenaient auprès d’eux. Le Pontife chantait alors la Collecte, après laquelle, sur l’invitation du diacre, les parrains et marraines traçaient le signe de la croix sur le front de chacun des aspirants qu’ils devaient cautionner à l’Église. Des acolytes les suivaient, et prononçaient les exorcismes sur chacun des élus, en commençant par les hommes, et passant ensuite aux femmes.

Un lecteur lisait ensuite la Leçon du Prophète Ézéchiel que l’on verra ci-après. Elle était suivie d’un premier Graduel composé de ces paroles de David : « Venez, mes enfants, écoutez-moi ; je vous enseignerai la crainte du Seigneur. Approchez de lui, et vous serez illuminés, et vos visages ne seront point dans la confusion. »

Dans la Collecte qui suivait cette Leçon, on demandait pour les fidèles les fruits du jeûne quadragésimal. et cette prière était suivie d’une seconde Leçon du Prophète Isaïe, qui annonce la rémission des péchés pour ceux qui recevront le bain mystérieux.

Un second Graduel, pareillement tiré des Psaumes, était ainsi conçu : « Heureux le peuple qui a le Seigneur pour son Dieu, le peuple que le Seigneur a choisi a pour son héritage. »

Pendant la lecture des deux Leçons et le chant des deux Graduels, avait lieu la cérémonie mystérieuse de l’ouverture des oreilles. Des prêtres allaient successivement toucher les oreilles des Catéchumènes, imitant l’action de Jésus-Christ sur le sourd-muet de l’Évangile, et disant comme lui cette parole : Ephpheta, c’est-à-dire : Ouvrez-vous. Ce rite avait pour but de préparer les Catéchumènes à recevoir la révélation des mystères qui jusqu’alors ne leur avaient été montrés que sous le voile de l’allégorie. La première initiation qu’ils recevaient était relative aux saints Évangiles.

Après le second Graduel, on voyait sortir du Secretarium, et précédés des cierges et de l’encensoir, quatre diacres portant chacun un des quatre Évangiles. Ils se dirigeaient vers le sanctuaire, et plaçaient les livres sacrés à chacun des quatre angles de l’autel. Le Pontife, ou un simple prêtre par son ordre, adressait alors aux Catéchumènes l’allocution suivante que nous lisons encore au Sacramentaire Gélasien :

Étant sur le point de vous ouvrir les Évangiles, c’est-à-dire le récit des gestes de Dieu, nous devons d’abord, très chers fils, vous faire connaître ce que sont les Évangiles, d’où ils viennent, de qui sont les paroles qu’on y lit, pourquoi ils sont au nombre de quatre, qui les a écrits ; enfin quels sont ces quatre hommes, qui, annoncés d’avance par l’Esprit-Saint, ont été désignés par le Prophète. Si nous ne vous donnions pas la raison de tous ces détails, nous laisserions de l’étonnement dans vos âmes ; et comme vous êtes venus aujourd’hui pour que vos oreilles soient ouvertes, nous ne devons pas commencer par mettre votre esprit dans l’impuissance.

Évangile signifie proprement bonne nouvelle : parce que c’est l’annonce de Jésus-Christ notre Seigneur. L’Évangile est descendu de lui, afin d’annoncer et de montrer que celui qui parlait par les Prophètes est venu dans la chair, ainsi qu’il est écrit : Moi qui parlais, me voici. Ayant à vous expliquer brièvement ce qu’est l’Évangile, et quels sont ces quatre hommes montres d’avance par le Prophète, nous allons désigner leurs noms d’après les figures qui les indiquent. Le Prophète Ézéchiel dit : Et voici leurs traits : un homme et un lion à sa droite, un taureau et un aigle à sa gauche. Nous savons que ces quatre figures sont celles des Évangélistes, et voici leurs noms : Matthieu, Marc, Luc et Jean.

Après ce grave discours, un diacre, du haut de l’ambon, s’adressant aussi aux Catéchumènes, disait :

Tenez-vous en silence ; écoutez avec attention.

Puis, ouvrant l’Évangile de saint Matthieu, qu’il avait pris sur l’autel, il en lisait le commencement jusqu’au verset vingt-unième.

Cette lecture terminée, un prêtre prenait la parole en ces termes :

Très chers fils, nous ne voulons pas vous tenir plus longtemps en suspens ; nous vous exposerons donc la figure de chaque Évangéliste. Matthieu a la figure d’un Homme, parce que, au commencement de son livre, il raconte tout au long la généalogie du Sauveur. Voici, en effet, son début : Le livre de la généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham. Vous voyez donc que ce n’est pas sans raison que l’on a assigné à Matthieu la figure de l’Homme, puisqu’il commence par la naissance humaine du Sauveur.

Le diacre resté à l’ambon disait encore :

Tenez-vous en silence ; écoutez avec attention.

Puis il lisait le commencement de l’Évangile de saint Marc, jusqu’au verset huitième. Après cette lecture, le prêtre reprenait la parole en ces termes :

L’Évangéliste Marc porte la figure du Lion, parce qu’il commence par le désert, dans ces paroles : La voix qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur ; ou encore, parce que le Sauveur règne invincible. Ce type du Lion est fréquent dans les Écritures, afin de ne pas laisser sans application cette parole : Juda, mon fils, tu es le petit du Lion ; tu es sorti de ma race. Il s’est couché, il a dormi comme un Lion, et comme le petit de la lionne : qui osera le réveiller ?

Le diacre, ayant ensuite répété son avertissement, lisait le commencement de l’Évangile de saint Luc, jusqu’au verset dix-septième ; et le prêtre reprenant la parole disait :

L’Évangéliste Luc porte la figure du Taureau, pour rappeler l’immolation de notre Sauveur. Cet Évangéliste commence par parler de Zacharie et d’Élisabeth, desquels naquit Jean-Baptiste, dans leur vieillesse.

Le diacre ayant annoncé avec la même solennité l’Évangile de saint Jean, dont il lisait les quatorze premiers versets, le prêtre reprenait en ces termes :

Jean a la figure de l’Aigle, parce qu’il plane dans les hauteurs. C’est lui qui dit : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu ; il était dans le principe en Dieu. Et David, parlant de la personne du Christ, s’exprime ainsi : Ta jeunesse sera renouvelée comme celle de l’Aigle : parce que Jésus-Christ notre Seigneur, ressuscité d’entre les morts, est monté jusqu’aux cieux. Ainsi, très chers frères, l’Église qui vous a conçus, qui vous porte encore en son sein, se félicite à la pensée du nouvel accroissement que va recevoir la loi chrétienne, lorsque, au jour vénérable de la Pâque, vous allez renaître dans l’eau baptismale, et recevoir du Christ notre Seigneur, comme tous les saints, le don d’une enfance fidèle.

La manifestation des quatre Évangélistes était suivie de la cérémonie qu’on appelait tradition du Symbole, par laquelle on proposait aux Catéchumènes le Symbole des Apôtres, et dans les siècles suivants celui de Nicée. Un prêtre faisait d’abord entendre cette allocution :

Admis à recevoir le Sacrement de Baptême, et devant être l’objet d’une nouvelle création dans le Saint-Esprit, il vous faut en ce moment, très chers fils, concevoir dans votre cœur la foi qui doit vous justifier : il vous faut, par vos esprits changés désormais par l’habitude de la vérité, approcher de Dieu qui est l’illumination de vos âmes. Recevez donc le secret du Symbole évangélique inspiré parle Seigneur, institué par les Apôtres. Il est en peu de mots ; mais les mystères qu’il contient sont grands : car l’Esprit-Saint, qui a dicté cette formule aux premiers maîtres de l’Église, y a formulé la foi qui nous sauve, avec une grande précision de paroles, afin que les vérités que vous devez croire et considérer toujours ne puissent ni se dérober à l’intelligence, ni fatiguer la mémoire. Soyez donc attentifs pour apprendre ce Symbole, et ce que nous vous donnons traditionnellement comme nous l’avons reçu, écrivez-le, non sur une matière corruptible, mais sur les pages de votre cœur. Or donc, la confession de la foi que vous avez reçue commence ainsi.

On faisait alors avancer un des Catéchumènes, et le prêtre demandait à l’acolyte qui l’avait amené :

En quelle langue ceux-ci confessent-ils notre Seigneur Jésus-Christ ?

L’acolyte répondait :

En grec.

On sait qu’à Rome, sous les empereurs, l’usage du grec était, pour ainsi dire, aussi répandu que l’usage du latin. Le prêtre disait alors à l’acolyte :

Annoncez-leur la foi qu’ils croient.

Et l’acolyte, tenant la main étendue sur la tête du Catéchumène, prononçait le Symbole en grec, sur un récitatif solennel. On faisait ensuite approcher une des femmes catéchumènes de la langue grecque ; l’acolyte répétait le Symbole de la même manière. Le prêtre disait alors :

Très chers fils, vous avez entendu le Symbole en grec ; écoutez-le maintenant en latin.

On amenait donc successivement deux Catéchumènes de la langue latine, homme et femme, et l’acolyte récitait deux fois devant eux, et à haute voix, de manière à ce que tous les autres pussent entendre, le Symbole en latin. La tradition du Symbole étant ainsi accomplie, le prêtre prononçait cette allocution :

Tel est l’abrégé de notre foi, très chers fils, et telles sont les paroles du Symbole, disposées non d’après les pensées de la sagesse humaine, mais selon la raison divine. Il n’est personne qui ne soit capable de les comprendre et de les retenir. C’est là qu’est exprimée la puissance une et égale de Dieu Père et Fils ; là que nous est montré le Fils unique de Dieu, naissant, selon la chair, de la Vierge Marie par l’opération de l’Esprit-Saint ; là que sont racontés son crucifiement, sa sépulture et sa résurrection le troisième jour ; là que l’on confesse son ascension au-dessus des cieux, sa séance à la droite de la majesté du Père, son futur avènement pour juger les vivants et les morts ; là qu’est annoncé le Saint-Esprit qui a la même divinité que le Père et le Fils ; là enfin que sont enseignées la vocation de l’Église, la rémission des péchés et la résurrection de la chair. Vous quittez donc le vieil homme, mes très chers fils, pour être réformés selon le nouveau ; de charnels, vous commencez à devenir spirituels ; de terrestres, célestes. Croyez d’une foi ferme et constante que la résurrection qui s’est accomplie dans le Christ s’accomplira aussi en vous, et que ce prodige qui s’est opéré dans notre Chef se reproduira dans tous les membres de son corps. Le sacrement du Baptême que vous devez bientôt recevoir nous donne une expression visible de cette espérance. Il s’y manifeste comme une mort et comme une résurrection ; on y quitte l’homme ancien, et on y en prend un nouveau. Le pécheur entre dans l’eau, et il en sort justifié. Celui qui nous avait entraînés dans la mort est rejeté ; et l’on reçoit celui qui nous a ramenés à la vie, et qui, par sa grâce qu’il vous donnera, vous rendra enfants de Dieu, non par la chair, mais par la vertu du Saint-Esprit. Vous devez donc retenir dans vos cœurs cette courte formule, de manière à user en tout temps, comme d’un secours, de la Confession qu’elle contient. Le pouvoir de cette arme est invincible contre toutes les embûches de l’ennemi ; elle doit être familière aux vrais soldats du Christ. Que le diable, qui ne cesse jamais de tenter l’homme, vous trouve toujours armés de ce Symbole. Triomphez de l’adversaire auquel vous venez de renoncer ; conservez, par le secours du Seigneur, jusqu’à la fin, incorruptible et immaculée la grâce qu’il se prépare à vous faire : afin que celui en qui vous allez recevoir la rémission des péchés vous procure la gloire de la résurrection. Ainsi donc, très chers fils, vous connaissez présentement le Symbole de la foi catholique ; apprenez-le avec soin, sans y changer un seul mot. La miséricorde de Dieu est puissante ; qu’elle vous conduise à la foi du Baptême à laquelle vous aspirez ; et nous-mêmes qui vous ouvrons aujourd’hui les mystères, qu’elle nous fasse parvenir avec vous au royaume des cieux, par le même Jésus-Christ notre Seigneur, qui vit et règne dans les siècles des siècles. Amen.

Après la tradition du Symbole, on donnait aux Catéchumènes l’Oraison Dominicale. Le diacre annonçait d’abord cette nouvelle faveur, et après qu’il avait recommandé le silence et l’attention, un prêtre adressait aux candidats cette nouvelle allocution :

Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, entre divers préceptes salutaires, au jour que ses disciples lui demandaient comment ils devaient prier, leur donna cette forme de prière que vous allez entendre, et dont on va vous révéler le sens dans sa plénitude. Que Votre Charité écoute donc maintenant en quelle manière le Sauveur a appris à ses disciples qu’il faut prier le Dieu Père tout-puissant : Lorsque vous prierez, dit-il, entrez dans votre chambre, et ayant ferme la porte, priez votre Père. Ce qu’il entend par la chambre, ce n’est pas un appartement secret, mais l’intime de votre cœur qui n’est connu que de Dieu seul. Quand il dit que l’on doit adorer Dieu après avoir fermé la porte, il nous avertit que nous devons fermer notre cœur aux pensées mauvaises avec la clef mystique, et, les lèvres fermées, parler à Dieu dans la pureté de notre âme. Ce que notre Dieu écoute, c’est la foi, et non le bruit des paroles. Que notre cœur soit donc fermé avec la clef de la foi aux embûches de l’ennemi ; qu’il ne soit ouvert qu’à Dieu dont nous savons qu’il est le temple ; et le Seigneur habitant ainsi dans nos cœurs, il sera propice à nos prières. Le Verbe, la Sagesse de Dieu, le Christ notre Seigneur, nous a donc appris la prière que voici :

NOTRE PÈRE QUI ÊTES AUX CIEUX.

Remarquez cette parole de liberté et d’une pleine confiance. Vivez donc de manière à pouvoir être les fils de Dieu et les frères du Christ. Quelle ne serait pas la témérité de celui qui oserait appeler Dieu son père, et qui se montrerait dégénéré de lui en supposant à sa volonté ? Très chers fils, montrez-vous dignes de la divine adoption ; car il est écrit : Tous ceux qui ont cru en lui, il leur a donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu.

QUE VOTRE NOM SOIT SANCTIFIÉ.

Ce n’est pas que Dieu, qui est toujours saint, ait besoin d’être sanctifié par nous ; nous demandons que son Nom soit sanctifié en nous : en sorte que nous qui sommes rendus saints dans son Baptême, nous persévérions dans le nouvel être que nous avons reçu.

QUE VOTRE RÈGNE ARRIVE.

Notre Dieu, dont le royaume est immortel, ne règne-t-il donc pas toujours ? assurément ; mais quand nous disons : Que votre règne arrive, nous demandons l’avènement du royaume que Dieu nous a promis, et lui nous a été mérité par le sang et les souffrances du Christ.

QUE VOTRE VOLONTÉ SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL.

C’est-à-dire : Votre volonté s’accomplisse, en sorte que ce que vous voulez dans le ciel, nous qui sommes sur la terre le fassions fidèlement.

DONNEZ-NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN QUOTIDIEN.

Entendons ici la nourriture spirituelle : car le Christ est notre pain, lui qui a dit : Je suis le Pain vivant descendu du ciel. Nous l’appelons quotidien, parce que nous devons constamment demander exemption du péché, afin d’être dignes de l’aliment céleste.

ET PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES, COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.

Ces paroles veulent dire que nous ne pouvons mériter le pardon des péchés, qu’en remettant d’abord aux autres ce qu’ils ont fait contre nous. C’est ainsi que le Seigneur dit dans l’Évangile : Si vous ne remettez pas aux hommes leurs fautes contre vous, votre Père ne vous remettra pas non plus vos péchés.

ET NE NOUS INDUISEZ PAS EN TENTATION.

C’est-à-dire, ne souffrez pas que nous y soyons induits par celui qui tente, par l’auteur du mal. L’Écriture, en effet, nous dit : Dieu n’est pas celui qui nous tente pour le mal. C’est le diable qui nous tente ; et pour le vaincre, le Seigneur nous dit : Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation.

MAIS DÉLIVREZ-NOUS DU MAL.

Ces paroles se rapportent à ce que dit l’Apôtre : Vous ne savez pas ce qu’il vous convient de demander.

Le Dieu unique et tout-puissant doit être supplié par nous, afin que les maux qui ne peuvent être évités par la fragilité humaine le soient cependant par nous, en vertu du secours que daignera nous accorder Jésus-Christ notre Seigneur, qui, étant Dieu, vit et règne en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles.

Après cette allocution, le diacre disait :

Tenez-vous en ordre et en silence, et prêtez une oreille attentive.

Et le prêtre reprenait ainsi :

Vous venez d’entendre, très chers fils, les mystères de l’Oraison Dominicale ; maintenant établissez-les dans vos cœurs, en allant et venant, afin que vous arriviez à devenir parfaits, pour demander et recevoir la miséricorde de Dieu. Le Seigneur notre Dieu est puissant, et vous qui êtes en marche vers la foi, il vous conduira au bain de l’eau qui régénère. Qu’il daigne nous faire arriver avec vous au royaume céleste, nous qui venons de vous livrer les mystères de la foi catholique ; lui qui vit et règne avec Dieu le Père, en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles.

Après la lecture de l’Évangile dans lequel était racontée la guérison de l’aveugle-né, le diacre, selon l’usage, faisait sortir de l’église tous les Catéchumènes ; leurs parrains et marraines les conduisaient eux-mêmes dehors, et rentraient ensuite dans l’église pour assister au Sacrifice avec les autres fidèles. A l’Offrande, ils venaient présenter à l’autel les noms de leurs clients spirituels ; et le Pontife récitait ces noms, ainsi que ceux des parrains et marraines, dans les prières du Canon. Vers la fin de la Messe, on faisait rentrer les Catéchumènes, et on leur déclarait le jour où ils devraient se présenter à l’église, pour rendre compte du Symbole et des autres instructions qu’ils venaient de recevoir.

L’imposante cérémonie dont nous venons d’exposer quelques traits, n’avait pas lieu seulement aujourd’hui ; elle se répétait plusieurs fois, selon le nombre des Catéchumènes, et le plus ou moins de temps nécessaire pour recueillir, sur la conduite de chacun d’eux, les renseignements dont l’Église avait besoin pour juger de leur préparation au Baptême. Dans l’Église Romaine, on tenait, comme nous l’avons dit, jusqu’à sept scrutins ; mais le plus nombreux et le plus solennel était celui d’aujourd’hui ; et ils se terminaient tous par la cérémonie que nous venons de décrire.

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Mardi de la IVème semaine de Carême mémoire de saint Benoit abbé

21 Mars 2023 , Rédigé par Ludovicus

Mardi de la IVème semaine de Carême mémoire de saint Benoit abbé

Collecte

Daignez faire, Seigneur, que les jeûnes que nous observons dans ce saint temps, nous aident à avancer dans la piété et nous procurent la continuelle assistance de votre miséricorde. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Lecture Ex 32, 7-14

En ces jours-là, le Seigneur parla à Moïse et lui dit : Descendez de la montagne ; car votre peuple, que vous avez tiré de l’Égypte, a péché. Ils se sont bientôt retirés de la voie que vous leur aviez montrée ; ils se sont fait un veau en fonte, ils l’ont adoré, et lui immolant des victimes, ils ont dit : Ce sont là vos dieux, Israël, qui vous ont tiré de l’Égypte. Le Seigneur dit encore à Moïse : Je vois que ce peuple a la tête dure. Laissez-moi faire, afin que la fureur de mon indignation s’allume contre eux et que je les extermine, et je vous rendrai le chef d’un grand peuple. Mais Moïse conjurait le Seigneur son Dieu en disant : Seigneur, pourquoi votre fureur s’allume-t-elle contre votre peuple, que vous avez fait sortir de l’Égypte avec une grande force et une main puissante ? Ne permettez pas, je vous prie, que les Égyptiens disent : Il les a tirés d’Égypte avec ruse pour les tuer sur les montagnes et pour les exterminer de la terre. Que votre colère s’apaise, et laissez-vous fléchir pour pardonner à l’iniquité de votre peuple. Souvenez-vous d’Abraham, d’Isaac et d’Israël vos serviteurs, auxquels vous avez juré par vous-même en disant : Je multiplierai votre race comme les étoiles du ciel, et je donnerai à votre postérité toute cette terre dont je vous ai parlé, et vous la posséderez pour jamais. Alors le Seigneur s’apaisa, et il résolut de ne point faire à son peuple le mal qu’il lui voulait faire.

Évangile Jn. 7, 14-31

En ce temps-là, lorsqu’on était déjà au milieu de la fête, Jésus monta au temple, et il enseignait. Et les Juifs s’étonnaient, disant : Comment connaît-il les lettres, lui qui n’a pas étudié ? Jésus répondit : Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. Si quelqu’un veut faire la volonté de Dieu, il saura, au sujet de ma doctrine, si elle est de Dieu, ou si je parle de moi-même. Celui qui parle de lui-même cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé est véridique, et il n’y a pas d’injustice en lui. Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi et aucun de vous n’accomplit la loi. Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir ? La foule répond dit : Vous êtes possédé du démon ; qui est-ce qui cherche à vous faire mourir ? Jésus leur répliqua et dit : J’ai fait une œuvre, et vous en êtes tous étonnés. Cependant Moïse vous a donné la circoncision (quoiqu’elle ne vienne pas de Moïse, mais des patriarches), et vous pratiquez la circoncision le jour du sabbat. Si un homme reçoit la circoncision le jour du sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit pas violée, pourquoi vous irritez-vous contre moi, parce que j’ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat ? Ne jugez pas selon l’apparence, mais jugez selon la justice. Quelques-uns, qui étaient de Jérusalem, disaient : N’est-ce pas là celui qu’ils cherchent à faire mourir ? Et voilà qu’il parle publiquement, et ils ne lui disent rien. Est-ce que vraiment les autorités ont reconnu qu’il est le Christ ? Mais, celui-ci, nous savons d’où il est ; or, quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il est. Jésus criait donc dans le temple, enseignant et disant : Vous me connaissez, et vous savez d’où je suis. Je ne suis pas venu de moi-même ; mais celui qui m’a envoyé est véritable, et vous ne le connaissez pas. Moi, je le connais, parce que je viens de lui et que c’est lui qui m’a envoyé. Ils cherchaient donc à l’arrêter ; et personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue. Mais, parmi la foule, beaucoup crurent en lui.

Office

1ère leçon

Homélie de saint Augustin, Évêque

Celui qui s’était caché, enseignait, il parlait en public et on ne s’emparait pas de sa personne. Il s’était caché pour nous donner l’exemple ; et il ne permettait pas qu’on s’emparât de lui pour montrer sa puissance. Quand il enseignait, « les Juifs s’étonnaient » ; autant que je puis en juger, tous s’étonnaient, mais tous ne se convertissaient pas. Et d’où venait leur surprise ? De ce que beaucoup savaient où il était né, comment il avait été élevé. Jamais ils ne l’avaient vu apprendre les Écritures, pourtant ils l’entendaient disserter sur la loi, citer à l’appui de ses paroles des passages de la loi, que personne ne pouvait citer sans les avoir lus, et que personne n’aurait pu lire sans avoir étudié, et c’est pourquoi ils s’étonnaient. Leur surprise fut, pour le divin Maître, l’occasion de leur insinuer profondément la vérité.

2e leçon

En effet, leur étonnement et les paroles qu’il leur inspire, donnent lieu au Seigneur de leur révéler une vérité profonde, bien digne d’être soigneusement méditée et expliquée. Que répond donc le Seigneur à ceux qui s’étonnaient qu’il sût les écritures sans les avoir apprises ? « Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. » Voici une première profondeur, car ce peu de paroles semble renfermer une contradiction. En effet, il ne dit pas : Cette doctrine n’est pas la mienne ; mais il dit : « Ma doctrine n’est pas de moi. » Si cette doctrine n’est pas de vous, comment est-elle la vôtre ? Et si elle est la vôtre, comment se fait-il qu’elle ne vienne pas de vous ? Vous dites pourtant l’un et l’autre : « c’est ma doctrine », et, « elle n’est pas de moi. »

3e leçon

Si nous examinons avec attention ce que le saint Évangéliste dit de lui-même en son premier chapitre : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu », nous trouverons dans ces paroles le principe de solution de cette difficulté. Quelle est la doctrine du Père, si ce n’est le Verbe du Père ? Le Christ est donc lui-même la doctrine du Père, puisqu’il est le Verbe du Père. Comme un verbe ne peut être le verbe de personne, mais doit l’être de quelqu’un, il a pu dire également, d’une part, qu’il était lui-même sa propre doctrine, et d’autre part, qu’elle n’était pas de lui, puisqu’il est le Verbe du Père. Et, en effet, qu’y a-t-il qui soit plus à vous que vous-même ? et qu’y a-t-il aussi qui soit moins à vous que vous-même, si ce que vous êtes est de quelque autre ?

La Station est dans l’Église de Saint-Laurent in Damaso, ainsi appelée parce qu’elle fut bâtie, au IVe siècle, en l’honneur du glorieux Archidiacre de l’Église Romaine, par le Pape saint Damase, dont elle conserve encore aujourd’hui le corps.

LEÇON.

Le crime de l’idolâtrie était le plus répandu dans le monde, à l’époque de la prédication de l’Évangile. Durant plusieurs siècles, toutes les générations de Catéchumènes que l’Église initiait, en ces jours, à la vraie foi, étaient entachées de cette souillure. C’est afin d’inspirer à ces élus une horreur salutaire de leur conduite passée, qu’on leur lisait aujourd’hui ces terribles paroles de Dieu qui, sans l’intervention de Moïse, allait exterminer, en punition de sa rechute dans l’idolâtrie, un peuple en faveur duquel il avait opéré des prodiges inouïs, et auquel il venait en personne donner sa loi. Ce culte grossier des faux dieux n’existe plus parmi nous ; mais il est encore exercé chez des peuples nombreux, rebelles jusqu’ici à la prédication de l’Évangile. Disons tout : il pourrait encore renaître au sein de notre Europe civilisée, si la foi en Jésus-Christ venait à s’y éteindre. La génération qui nous a précédés n’a-t-elle pas vu l’idole de la Raison placée sur l’autel, couronnée de fleurs et recevant l’hommage d’un sacrilège encens ? Un homme ou une société livrés à Satan ne sont pas maîtres de s’arrêter où il leur plaît. Les descendants de Noé devaient sans doute être émus de l’affreuse catastrophe du déluge, dont la terre porta si longtemps les traces ; cependant, l’idolâtrie avait fait déjà d’immenses progrès, lorsque Dieu fut contraint de séquestrer Abraham pour l’en préserver. Soyons reconnaissants envers l’Église qui, par son enseignement et par la morale qui en découle, nous préserve de cette honte et de cet abrutissement, et gardons-nous de suivre nos passions : car toutes conduiraient à l’idolâtrie, si la lumière de la foi nous était enlevée.

ÉVANGILE.

La lecture du saint Évangile que l’Église nous propose aujourd’hui, reporte notre pensée sur le prochain sacrifice de l’Agneau divin qui va s’offrir à Jérusalem. L’heure n’est pas encore venue ; mais elle ne doit pas tarder. On le cherche déjà pour le faire mourir. La passion de ses ennemis les aveugle au point de leur faire voir en lui un violateur du Sabbat, parce qu’il guérit les malades par un simple acte de sa volonté, en ce jour du Seigneur. En vain Jésus réfute leurs préjugés, et leur rappelle qu’ils ne font pas difficulté eux-mêmes d’y pratiquer la circoncision, et même, comme il le leur a fait remarquer dans une autre circonstance, de retirer du puits leur bœuf ou leur âne, s’ils y sont tombés. Ils n’écoutent plus rien, ils ne comprennent qu’une seule chose : c’est qu’il faut que Jésus périsse. Ses prodiges sont incontestables, et tous dirigés dans un but de miséricorde pour les hommes ; il refuse seulement d’offrir à la stérile admiration de ses ennemis les signes qu’ils lui demandent d’opérer pour flâner leur curiosité et leur orgueil ; et loin de lui savoir gré de l’usage qu’il daigne faire en faveur des hommes du don des miracles qui brille en lui, ils osent dire, non plus seulement qu’il agit par le pouvoir de Belzébuth, mais que le démon lui-même est en lui. On frémit d’entendre un si horrible blasphème ; cependant l’orgueil de ces docteurs juifs les entraîne jusqu’à cet excès de déraison et d’impiété ; et la soif du sang s’allume toujours plus ardente dans leur cœur. Pendant qu’une partie du peuple, séduite par ses chefs, se laisse aller à un aveugle fanatisme, d’autres plus indifférents raisonnent sur le Messie, et ne trouvent pas en Jésus les caractères de cet envoyé de Dieu. Ils prétendent que, lorsqu’il paraîtra, on ne saura pas son origine. Cependant, les prophètes ont annoncé qu’il doit sortir du sang de David ; sa généalogie sera un de ses principaux caractères : or, tout Israël sait que Jésus procède de cette race royale. Remarquons d’autre part qu’ils savent aussi que le Messie doit avoir une origine mystérieuse, qu’il doit venir de Dieu. La docilité aux enseignements de Jésus, enseignements confirmés par tant de miracles, les eût éclaires en même temps sur sa naissance temporelle et sur sa filiation divine ; mais l’indifférence et quelque chose de mauvais au fond du cœur de l’homme les empêchaient d’approfondir ; peut-être ceux-là même, au jour du déicide, crieront comme les autres : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants. »

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Saint Joseph époux de la bienheureuse Vierge Marie confesseur mémoire de la férie

20 Mars 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Joseph époux de la bienheureuse Vierge Marie confesseur mémoire de la férie

Collecte

Faites Seigneur, que les mérites de l’Époux de votre Mère très sainte nous viennent en aide ; afin que les grâces que nous ne pouvons obtenir par nous-mêmes nous soient accordées par son intercession.

Lecture Eccli. 45, 1-6

Il a été aimé de Dieu et des hommes ; sa mémoire est en bénédiction. Le Seigneur lui a donné une gloire égale à celle des saints ; il l’a rendu grand et redoutable à ses ennemis, et il a fait cesser les prodiges par ses paroles. Il l’a glorifié en présence des rois, il lui a donné ses ordres devant son peuple, et lui a montré sa gloire. Il l’a sanctifié dans sa foi et dans sa douceur, et il l’a choisi entre tous les hommes. Il l’a écouté et a entendu sa voix, et il l’a fait entrer dans la nuée. Il lui a donné ses préceptes face à face, et la loi de la vie et de la science.

Évangile Mt, 1, 18–21

Marie, la mère de Jésus, ayant été fiancée à Joseph, il se trouva, avant qu’ils eussent habité ensemble, qu’elle avait conçu par la vertu du Saint-Esprit. Joseph, son mari, qui était juste et ne voulait pas la diffamer, se proposa de la répudier secrètement. Comme il était dans cette pensée, voici qu’un ange du Seigneur lui apparut en songe, et lui dit : "Joseph, fils de David, ne craint point de prendre chez toi Marie ton épouse, car ce qui est conçu en elle est du Saint-Esprit. Et elle enfantera un fils, et tu lui donneras pour nom Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés."

Office

Du livre de la Genèse. Cap. 39, 1-5 ; 41, 37-44.

Première leçon. Joseph fut donc mené en Égypte, et Putiphar, égyptien, eunuque de Pharaon et chef de l’armée, l’acheta de la main des Ismaélites par lesquels il avait été amené. Et le Seigneur fut avec lui, et c’était un homme prospérant en toutes choses : il demeura dans la maison de son maître, qui connaissait très bien que le Seigneur était avec lui, et que tout ce qu’il faisait, le Seigneur le dirigeait entre ses mains. Ainsi Joseph trouva grâce devant son maître, et il le servait ; préposé par lui à toutes choses, il gouvernait la maison qui lui était confiée, et tout ce qui avait été remis à ses soins. Et le Seigneur bénit la maison de l’Égyptien à cause de Joseph.
Deuxième leçon. Le conseil de Joseph plut à Pharaon et à tous ses ministres ; et il leur demanda : Pourrons-nous trouver un tel homme qui soit plein de l’esprit de Dieu ? Il dit donc à Joseph : Puisque Dieu t’a montré tout ce que tu as dit, pourrai-je trouver quelqu’un plus sage que toi, et même semblable à toi ? C’est toi qui seras sur ma maison, et au commandement de ta bouche, tout le peuple obéira : et c’est par le trône royal seulement que j’aurai sur toi la préséance.
Troisième leçon. Pharaon dit encore à Joseph : Voici que je t’établis sur toute la terre d’Égypte. Et il ôta l’anneau de sa main, et le mit à la main de Joseph : il le revêtit aussi d’une robe de fin lin, et lui mit autour du cou un collier d’or. Il le fit monter sur son second char, un héraut criant que tous devant lui fléchissent le genou, et sussent qu’il était préposé sur toute la terre d’Égypte. Le roi dit aussi à Joseph : Moi je suis Pharaon, mais sans ton commandement nul ne remuera la main ou le pied dans toute la terre d’Égypte.
 

Au deuxième nocturne.

Sermon de saint Bernard, Abbé.

Quatrième leçon. Quel homme fut le bienheureux Joseph, vous pouvez vous en faire idée d’après le titre dont il a mérité d’être honoré, le Seigneur ayant voulu qu’on l’appelât et qu’on le crût père du Fils de Dieu, titre qui n’est vrai cependant, qu’au sens de nourricier. Jugez-en aussi d’après son propre nom qu’on interprète, vous le savez, par accroissement. Rappelez-vous, en même temps, le grand Patriarche qui fut autrefois vendu en Égypte ; et sachez que non seulement celui-ci a été l’héritier de son nom, mais qu’il eut encore sa chasteté, son innocence et sa grâce.
Cinquième leçon. Si ce Joseph, vendu par l’envie de ses frères et conduit en Égypte, préfigura le Christ qui devait être vendu, lu : aussi, saint Joseph fuyant la haine d’Hérode porta le Christ en Égypte. Le premier, pour demeurer fidèle à son maître, refusa de consentir à la passion de la maîtresse (de maison ; le second, reconnaissant une Maîtresse (sainte) dans la vierge devenue mère de son Maître (divin) vécut aussi dans la continence et se montra son fidèle gardien. A l’un fut donnée l’intelligence des songes mystérieux ; à l’autre, il a été accordé d’être le confident des mystères célestes, et d’y coopérer pour sa part.
Sixième leçon. L’un a mis du blé en réserve, non pour lui, mais pour tout un peuple ; l’autre a reçu la garde du pain du ciel, tant pour lui que pour le monde entier. On ne peut douter que ce Joseph à qui fut fiancée la mère du Sauveur, n’ait été un homme bon et fidèle. C’est, dis-je, le serviteur fidèle et prudent que le Seigneur a établi (sur sa famille), pour être ! le consolateur de sa mère, le nourricier de son enfance, enfin le seul et très digne coopérateur, ici-bas, de l’accomplissement de son grand dessein.

Au troisième nocturne.

Homélie de saint Jérôme, Prêtre.

Septième leçon. Pourquoi n’est-ce pas seulement par une vierge, mais par une fiancée, qu’il est conçu ? D’abord, afin que par la généalogie de Joseph, celle de Marie fût constatée ; en second lieu, de peur qu’elle ne fût lapidée par les Juifs comme adultère ; en troisième lieu, pour que, fugitive en Égypte, elle eût un soutien en la personne de Joseph. Le Martyr saint Ignace ajoute une quatrième raison ; S’il est conçu par une fiancée, c’est, dit-il, pour cacher cet enfantement au démon, qui le croira le fruit, non d’une vierge, mais d’une épouse.
Huitième leçon. « Avant qu’ils vinssent ensemble, il fut découvert qu’elle avait conçu du Saint-Esprit ». Personne ne le découvrit, sinon saint Joseph, aux regards duquel ne pouvait échapper rien de ce qui concernait sa future épouse. Quand il est dit : « Avant qu’ils vinssent ensemble », il ne s’ensuit pas qu’ils se soient unis plus tard : l’Écriture constate ce qui n’avait pas eu lieu.
Neuvième leçon. Mais Joseph, qui était un homme juste et ne voulait point la dénoncer, songea à la renvoyer sans éclat. « Si quelqu’un s’unit à une femme de mauvaise vie, il devient un même corps avec elle », et il est marqué dans la loi que non seulement ceux qui commettent le crime, mais les complices eux-mêmes du crime sont coupables. Comment donc Joseph, cachant le crime de son épouse, est-il appelé juste ? Mais c’est un témoignage en faveur de Marie ; car Joseph connaissant sa chasteté, et plein d’admiration pour ce qui se passe, cache, sous le voile du silence, l’événement dont il ne comprend point le mystère.

Une nouvelle joie nous arrive, au sein des tristesses du Carême. Hier, c’était le radieux Archange qui déployait devant nous ses ailes ; aujourd’hui, c’est Joseph, l’Époux de Marie, le Père nourricier du Fils de Dieu, qui vient nous consoler par sa chère présence. Dans peu de jours, l’auguste mystère de l’Incarnation va s’offrir à nos adorations : qui pouvait mieux nous initier à ses splendeurs, après l’Ange de l’Annonciation, que l’homme qui fut à la fois le confident et le gardien fidèle du plus sublime de tous les secrets ?

Le Fils de Dieu descendant sur la terre pour revêtir l’humanité, il lui fallait une Mère ; cette Mère ne pouvait être que la plus pure des Vierges, et la maternité divine ne devait altérer en rien son incomparable virginité. Jusqu’à ce que le Fils de Marie fût reconnu pour le Fils de Dieu, l’honneur de sa Mère demandait un protecteur : un homme devait donc être appelé à l’ineffable gloire d’être l’Époux de Marie. Cet heureux mortel, le plus chaste des hommes, fut Joseph.

Le ciel le désigna comme seul digne d’un tel trésor, lorsque la verge qu’il tenait dans le temple poussa tout à coup une fleur, comme pour donner un accomplissement sensible à l’oracle prophétique d’Isaïe : « Une branche sortira de la tige de Jessé, et une fleur s’élèvera de cette branche ». Les riches prétendants à la main de Marie furent écartés ; et Joseph scella avec la fille de David une alliance qui dépassait en amour et en pureté tout ce que les Anges ont jamais connu dans le ciel.

Ce ne fut pas la seule gloire de Joseph, d’avoir été choisi pour protéger la Mère du Verbe incarné ; il fut aussi appelé à exercer une paternité adoptive sur le Fils de Dieu lui-même. Pendant que le nuage mystérieux couvrait encore le Saint des saints, les hommes appelaient Jésus, fils de Joseph, fils du charpentier ; Marie, dans le temple, en présence des docteurs de la loi, que le divin Enfant venait de surprendre par la sagesse de ses réponses et de ses questions, Marie adressait ainsi la parole à son fils : « Votre père et moi nous vous cherchions, remplis d’inquiétude » ; et le saint Évangile ajoute que Jésus leur était soumis, qu’il était soumis à Joseph, comme il l’était à Marie.

Qui pourrait concevoir et raconter dignement les sentiments qui remplirent le cœur de cet homme que l’Évangile nous dépeint d’un seul mot, en l’appelant homme juste ? Une affection conjugale qui avait pour objet la plus sainte et la plus parfaite des créatures de Dieu ; l’avertissement céleste donné par l’Ange qui révéla à cet heureux mortel que son épouse portait en elle le fruit du salut, et qui l’associa comme témoin unique sur la terre à l’œuvre divine de l’Incarnation ; les joies de Bethléem lorsqu’il assista à la naissance de l’Enfant, honora la Vierge-Mère, et entendit les concerts angéliques ; lorsqu’il vit arriver près du nouveau-né d’humbles et simples bergers, suivis bientôt des Mages opulents de l’Orient ; les alarmes qui vinrent si promptement interrompre tant de bonheur, quand, au milieu de la nuit, il lui fallut fuir en Égypte avec l’Enfant et la Mère ; les rigueurs de cet exil, la pauvreté, le dénuement auxquels furent en proie le Dieu caché dont il était le nourricier, et l’épouse virginale dont il comprenait de plus en plus la dignité" sublime ; le retour à Nazareth, la vie humble et laborieuse qu’il mena dans cette ville, où tant de fois ses yeux attendris contemplèrent le Créateur du monde partageant avec lui un travail grossier ; enfin, les délices de cette existence sans égale, au sein de la pauvre maison qu’embellissait la présence de la Reine des Anges, que sanctifiait la majesté du Fils éternel de Dieu ; tous deux déférant à Joseph l’honneur de chef de cette famille qui réunissait autour de lui par les liens les plus chers le Verbe incréé, Sagesse du Père, et la Vierge, chef-d’œuvre incomparable de la puissance et de la sainteté de Dieu ?

Non, jamais aucun homme, en ce monde, ne pourra pénétrer toutes les grandeurs de Joseph. Pour les comprendre, il faudrait embrasser toute retendue du mystère avec lequel sa mission ici-bas le mit en rapport, comme un nécessaire instrument. Ne nous étonnons donc pas que ce Père nourricier du Fils de Dieu ait été figuré dans l’Ancienne Alliance, et sous les traits d’un des plus augustes Patriarches du peuple choisi. Saint Bernard a rendu admirablement ce rapport merveilleux : « Le premier Joseph, dit-il, vendu par ses frères, et en cela figure du Christ, fut conduit en Égypte ; le second, fuyant la jalousie d’Hérode, porta le Christ en Égypte. Le premier Joseph, gardant la foi à son maître, respecta l’épouse de celui-ci ; le second, non moins chaste, fut le gardien de sa Souveraine, de la Mère de son Seigneur, et le témoin de sa virginité. Au premier fut donnée l’intelligence des secrets révélés par les songes ; le second reçut la confidence des mystères du ciel même. « Le premier conserva les récoltes du froment, non pour lui-même, mais pour tout le peuple ; le second reçut en sa garde le Pain vivant descendu du ciel, pour lui-même et pour le monde entier]. »

Une vie si pleine de merveilles ne pouvait se terminer que par une mort digne d’elle. Le moment arrivait où Jésus devait sortir de l’obscurité de Nazareth et se manifester au monde. Désormais ses œuvres allaient rendre témoignage de sa céleste origine : le ministère de Joseph était donc accompli. Il était temps qu’il sortît de ce monde, pour aller attendre, dans le repos du sein d’Abraham, le jour où la porte des cieux serait ouverte aux justes. Près de son lit de mort veillait celui qui est le maître de la vie, et qui souvent avait appelé cet humble mortel du nom de Père ; son dernier soupir fut reçu par la plus pure des vierges, qu’il avait eu le droit de nommer son Épouse. Ce fut au milieu de leurs soins et de leurs caresses que Joseph s’endormit d’un sommeil de paix. Maintenant, l’Époux de Marie, le Père nourricier de Jésus, règne au ciel avec une gloire inférieure sans doute à celle de Marie, mais décoré de prérogatives auxquelles n’est admis aucun des habitants de ce séjour de bonheur.

C’est de là qu’il répand sur ceux qui l’invoquent une protection puissante. Dans quelques semaines, la sainte Église nous révélera toute l’étendue de cette protection ; une fête spéciale sera consacrée à honorer le Patronage de Joseph ; mais désormais la sainte Église veut que la fête présente, élevée à l’honneur des premières solennités, devienne le monument principal de la confiance qu’elle éprouve et qu’elle veut nous inspirer envers le haut pouvoir de l’époux de Marie. Le huit décembre 1870, Pie IX, au milieu de la tempête qui jusqu’à cette heure mugit encore, s’est levé sur la nacelle apostolique, et a proclamé, à la face de la Ville et du monde, le sublime Patriarche Joseph comme devant être honoré du titre auguste de Patron de l’Église universelle. Bonis soient l’année et le jour d’un tel décret, qui apparait comme un arc-en-ciel sur les sombres nuages de l’heure présente ! Grâces soient rendues au Pontife qui a voulu que le 19 mars comptât à l’avenir entre les jours les plus solennels du Cycle, et que la sainte Église, plus en butte que jamais à la rage de ses ennemis, reçût le droit de s’appuyer sur le bras de cet homme merveilleux à qui Dieu, au temps des mystères évangéliques, confia la glorieuse mission de sauver de la tyrannie d’Hérode, et la Vierge-mère et le Dieu-homme à peine déclaré à la terre !

 

 

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IVème Dimanche de Carême

19 Mars 2023 , Rédigé par Ludovicus

IVème Dimanche de Carême

Introït

Réjouis-toi, Jérusalem, et rassemblez-vous, vous tous qui l’aimez ; tressaillez de joie avec elle, vous qui avez été dans la tristesse afin que vous exultiez et soyez rassasiés à la mamelle de vos consolations. Je me suis réjoui de ce qui m’a été dit : Nous irons dans la maison du Seigneur.

Collecte

Faites, s’il vous plaît, Dieu tout-puissant, que, justement affligés à cause de nos péchés, nous respirions par la consolation de votre grâce. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Épitre Ga. 4, 22-31

Mes frères, il est écrit qu’Abraham eut deux fils, l’un de l’esclave, et l’autre de la femme libre. Mais celui de l’esclave naquit selon la chair ; et celui de la femme libre, naquit en vertu de la promesse. Cela a été dit par allégorie ; car ces femmes sont deux alliances : l’une sur le mont Sina, qui enfante pour la servitude, et c’est Agar ; car Sina est une montagne d’Arabie, qui correspond à la Jérusalem d’à présent, laquelle est esclave avec ses enfants. Mais la Jérusalem d’en-haut est libre, et c’est notre mère. En effet, il est écrit : Réjouis-toi, stérile, qui n’enfantes pas ; éclate, pousse des cris de joie, toi qui ne deviens pas mère ; parce que les enfants de la délaissée sont plus nombreux que ceux de la femme mariée. Pour nous, mes frères, nous sommes, comme Isaac, les enfants de la promesse. Et de même qu’alors celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l’esprit, ainsi en est-il encore maintenant. Mais que dit l’Écriture ? Chasse l’esclave et son fils ; car le fils de l’esclave ne sera pas héritier avec le fils de la femme libre. Ainsi, mes frères, nous ne sommes point les enfants de l’esclave, mais de la femme libre ; et c’est par cette liberté que le Christ nous a rendus libres.

Évangile Jn. 6, 1-15

En ce temps-là, Jésus s’en alla au delà de la mer de Galilée ou de Tibériade ; et une multitude nombreuse le suivait, parce qu’elle voyait les miracles qu’il opérait sur les malades. Jésus monta donc sur une montagne, et là il s’assit avec ses disciples. Or la Pâque, jour de fête des Juifs, était proche. Ayant donc levé les yeux, et voyant qu’une très grande multitude venait à lui, Jésus dit à Philippe : Où achèterons-nous des pains pour leur donner à manger ? Mais il disait cela pour l’éprouver ; car, lui, il savait ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : Deux cents deniers de pain ne suffiraient pas pour que chacun en reçût un peu. Un de ses disciples, André, frère de Simon-Pierre, lui dit : Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? Jésus dit donc : Faites asseoir ces hommes. Or il y avait beaucoup d’herbe en ce lieu. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Jésus prit alors les pains et ayant rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient assis ; il leur donna de même des poissons, autant qu’ils en voulaient. Lorsqu’ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Ramassez les morceaux qui sont restés, pour qu’ils ne se perdent pas. Ils les ramassèrent donc, et ils remplirent douze corbeilles avec les morceaux qui étaient restés des cinq pains d’orge après que tous eurent mangé. Ces hommes, ayant donc vu le miracle qu’avait fait Jésus, disaient : Celui-là est vraiment le prophète, qui doit venir dans le monde. Mais Jésus, sachant qu’ils allaient venir l’enlever pour le faire roi, s’enfuit de nouveau, tout seul, sur la montagne.

Postcommunion

Donnez-nous, s’il vous plaît, ô Dieu miséricordieux, de traiter avec un respect sincère vos choses saintes dont nous sommes sans cesse nourris et de nous en approcher avec esprit de foi. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Office

4e leçon

Sermon de saint Basile le Grand

Nous savons que Moïse gravit la montagne grâce au jeûne, car il n’aurait pas osé approcher de ce sommet fumant et entrer dans la nuée, s’il n’avait été fortifié par le jeûne. C’est grâce au jeûne qu’il reçut les lois gravées par le doigt de Dieu sur des tables. De même, sur la montagne, le jeûne obtint le don de la loi, mais au pied de cette montagne, la gourmandise fit tomber le peuple dans l’idolâtrie et le souilla de péché. « La foule s’assit pour manger et pour boire ; puis ils se levèrent pour se divertir. » L’effort et la persévérance des quarante jours que le serviteur de Dieu avait passés dans la prière et le jeûne continuels, une seule ivresse du peuple les rendit inutiles et vains. Ces tables, en effet, gravées par le doigt de Dieu, que le jeûne avait accueillies, l’ivresse les brisa : le très saint prophète jugea qu’un peuple plein de vin était indigne de recevoir de Dieu une loi.

5e leçon

En un moment de temps, à cause de sa gourmandise, ce peuple que les plus grands prodiges avaient instruit du culte à rendre à Dieu, versa de la façon la plus honteuse dans l’idolâtrie des Égyptiens. Si l’on compare ces deux faits, on peut voir que le jeûne conduit à Dieu, tandis que les délices anéantissent le salut. Qu’est-ce qui corrompit Ésaü et le rendit serviteur de son frère ? N’est-ce pas un seul mets pour lequel il vendit son droit d’aînesse ? Et Samuel ? N’est-ce pas au contraire par le jeûne qu’il fut accordé à la prière de sa mère ? Qu’est-ce donc qui a rendu invincible le très fort Samson, sinon le jeûne avec lequel il fut conçu dans le sein de sa mère ? Le jeûne le conçut, le jeûne le nourrit, le jeûne en fit un homme. Un ange l’a sûrement prescrit à sa mère, l’avertissant de s’abstenir de tout ce qui provient de la vigne, de ne boire ni vin ni boisson fermentée. Le jeûne engendre les prophètes, affermit et fortifie les puissants.

6e leçon

Le jeûne rend les législateurs sages ; il est pour l’âme la meilleure sauvegarde ; pour le corps, un compagnon sûr ; pour les hommes courageux, une protection et une arme ; pour les athlètes et les combattants, un entraînement. En outre, il écarte les tentations, dispose à la piété, habite avec la sobriété, est artisan de la tempérance. Dans la guerre, il apporte le courage ; dans la paix, il apprend la tranquillité. Il sanctifie le nazir, rend le prêtre parfait, car il n’est pas permis d’aborder le sacrifice sans être à jeun, et cela, non seulement aujourd’hui, en cette adoration sacramentelle et véritable de Dieu, mais même dans celle où, en figure, le sacrifice était offert selon la loi. C’est le jeûne qui rendit Élie digne de contempler sa grande vision ; car, après avoir purifié son âme par un jeûne de quarante jours, il mérite, dans une caverne, de voir Dieu autant que cela est permis à un homme. Lorsque Moïse reçut de nouveau la loi, il observa de nouveau un jeûne. Les Ninivites n’auraient échappé en aucune manière à la destruction qui les menaçait s’ils n’avaient jeûné et fait jeûner avec eux jusqu’aux animaux. Dans le désert, par contre, qui vit fléchir ses membres, sinon ceux qui eurent envie de viandes ?

7e leçon

Homélie de saint Augustin, évêque

Les miracles accomplis par notre Seigneur Jésus-Christ sont vraiment des œuvres divines et ils invitent l’esprit humain à s’élever des événements visibles à la connaissance de Dieu. Dieu, en effet, n’est pas de telle substance qu’il puisse être vu des yeux du corps. D’autre part, ses miracles, grâce auxquels il régit le monde entier et prend soin de toute la création, sont, par leur fréquence, devenus communs, au point que personne, pour ainsi dire, ne daigne prêter attention à l’action admirable et étonnante de Dieu dans n’importe quelle semence. C’est pourquoi, en sa miséricorde même, il s’est réservé d’opérer, en temps opportun, certains prodiges en dehors du cours habituel et ordinaire de la nature : ainsi la vue de faits, non plus grands, mais insolites, frappera tout de même d’étonnement ceux pour qui les miracles quotidiens sont devenus quelconques.

8e leçon

Car c’est un plus grand miracle de gouverner le monde entier que de rassasier de cinq pains cinq mille personnes. Et pourtant, nul ne s’étonne du premier prodige, tandis que l’on est rempli d’admiration pour le second, non parce qu’il est plus grand, mais parce qu’il est rare. Qui, en effet, maintenant encore, nourrit le monde entier, sinon celui qui, de quelques grains, fait sortir les moissons ? Jésus a donc agi à la manière de Dieu. En effet, par cette même puissance qui d’un petit nombre de grains multiplie les moissons, il a multiplié entre ses mains les cinq pains. Car la puissance était entre les mains du Christ. Ces cinq pains étaient comme des semences non plus confiées à la terre, mais multipliées par celui qui a fait la terre.

9e leçon

Ce prodige a donc été présenté à nos sens pour élever notre esprit ; il a été placé sous nos yeux pour exercer notre intelligence. Alors, admirant le Dieu invisible à travers ses œuvres visibles, élevés jusqu’à la foi et purifiés par la foi, nous désirerons même voir l’Invisible en personne ; cet Invisible que nous connaissons à partir des choses visibles. Et pourtant, il ne suffit pas de considérer cela dans les miracles du Christ. Demandons aux miracles eux-mêmes ce qu’ils nous disent du Christ ; en effet, si nous les comprenons, ils ont leur langage. Car le Christ en soi est la Parole de Dieu, l’action de la Parole aussi est parole pour nous.

Ce Dimanche, appelé Lætare, du premier mot de l’Introït de la Messe, est un des plus célèbres de l’année. L’Église, en ce jour, suspend les saintes tristesses du Carême ; les chants de la Messe ne parlent que de joie et de consolation ; l’orgue, muet aux trois Dimanches précédents, fait entendre sa voix mélodieuse ; le diacre reprend la dalmatique, le sous-diacre la tunique : et il est permis de remplacer sur les ornements sacrés la couleur violette par la couleur rose. Nous avons vu, dans l’Avent, ces mêmes rites pratiques au troisième Dimanche appelé Gaudete. Le motif de l’Église, en exprimant aujourd’hui l’allégresse dans la sainte Liturgie, est de féliciter ses enfants du zèle avec lequel ils ont déjà parcouru la moitié de la sainte carrière, et de stimuler leur ardeur pour en achever le cours. Nous avons parlé, au jeudi précédent, de ce jour central du Carême, jour d’encouragement, mais dont la solennité ecclésiastique devait être transférée au Dimanche suivant, dans la crainte qu’une trop grande liberté ne vint altérer en quelque chose l’esprit du jeune : aujourd’hui rien ne s’oppose a la joie des fidèles, et l’Église elle-même les y convie.

La Station, à Rome, est dans la Basilique de Sainte-Croix-en-Jérusalem, l’une des sept principales de la ville sainte. Élevée au IVe siècle par Constantin, dans la villa de Sessorius, ce qui l’a fait appeler aussi la basilique Sessorienne, elle fut enrichie des plus précieuses reliques par sainte Hélène, qui voulait en faire comme la Jérusalem de Rome. Elle y fit transporter, dans cette pensée, une grande quantité de terre prise sur le mont du Calvaire, et déposa dans ce sanctuaire, entre autres monuments de la Passion du Sauveur, l’inscription qui était placée au-dessus de sa tête pendant qu’il expirait sur la Croix, et qu’on y vénère encore sous le nom du Titre de la Croix. Le nom de Jérusalem attaché à cette Basilique, nom qui réveille toutes les espérances du chrétien, puisqu’il rappelle la patrie céleste qui est la véritable Jérusalem dont nous sommes encore exilés, a porté dès l’antiquité les souverains Pontifes à la choisir pour la Station d’aujourd’hui. Jusqu’à l’époque du séjour des Papes à Avignon, c’était dans son enceinte qu’était inaugurée la Rose d’or, cérémonie qui s’accomplit de nos jours dans le palais où le Pape fait sa résidence.

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Samedi de la IIIème semaine de Carême

18 Mars 2023 , Rédigé par Ludovicus

Samedi de la IIIème semaine de Carême

Collecte

Nous vous en prions, Dieu tout-puissant, accordez à ceux qui, pour mortifier leur chair s’abstiennent des viandes, la grâce de jeûner aussi du péché, en pratiquant la justice. Par Notre-Seigneur.

Lecture Dn.13., 1-9, 15-17, 19-30 et 33-62

En ces jours-là, il y avait un homme qui habitait à Babylone, et dont le nom était Joakim. Il prit une femme nommée Suzanne, fille d’Helcias, parfaitement belle et craignant Dieu ; car ses parents, qui étaient justes, avaient instruit leur fille selon la loi de Moïse, Or Joakim était très riche, et il avait un jardin fruitier près de, sa maison ; les Juifs affluaient chez lui parce qu’il était le plus : honorable de tous. On avait établi pour juges, cette année-là, deux vieillards d’entre le peuple ; c’est d’eux que le Seigneur a dit : L’iniquité est sortie de Babylone par des vieillards qui étaient juges, qui semblaient conduire le peuple. Ceux-là fréquentaient la maison de Joakim, et tous ceux qui avaient des affaires à juger venaient les y trouver. Lorsque la foule était partie, sur le midi, Suzanne entrait et se promenait dans le jardin de son mari. Ces vieillards l’y voyaient tous les jours entrer et se promener, et ils brûlèrent de passion pour elle ; ils pervertirent leur sens, et ils détournèrent leurs yeux, pour ne pas voir le ciel et pour ne pas se souvenir des justes jugements. Comme ils cherchaient un jour convenable, il arriva que Suzanne entra, selon la coutume, accompagnée seulement de deux jeunes filles, et elle voulut se baigner dans le jardin, car il faisait chaud ; et il n’y avait là personne que les deux vieillards, qui étaient cachés et qui la regardaient. Elle dit donc aux jeunes filles : Apportez-moi de l’huile et des parfums, et fermez les portes du jardin, afin que je me baigne. Lorsque les jeunes filles furent sorties, les deux vieillards se levèrent, coururent à Suzanne et lui dirent : Voici, les du jardin sont fermées ; personne ne nous voit, et nous brûlons de passion pour toi ; rends-toi donc à notre désir, et unis-toi à nous. Si tu refuses, nous témoignerons contre toi, et nous dirons qu’un jeune homme était avec toi, et que c’est pour cela que tu as renvoyé tes jeunes filles. Suzanne gémit et dit : L’angoisse m’entoure de tous côtés ; car si je fais cela, c’est la mort pour moi ; si je ne le fais pas, je n’échapperai pas de vos mains. Mais il est meilleur pour moi de tomber sans motif entre vos mains, que de pécher en la présence du Seigneur. Alors Suzanne poussa un grand cri, et les vieillards crièrent aussi contre elle. Et l’un d’eux courut à la porte du jardin et l’ouvrit. Ayant entendu crier dans le jardin, les serviteurs de la maison se précipitèrent par la porte de derrière, pour voir ce que c’était. Après que les vieillards eurent parlé, les serviteurs éprouvèrent une grande honte, parce qu’on n’avait jamais rien dit de semblable de Suzanne. Le lendemain arriva, et te peuple étant venu chez Joakim son mari, les deux vieillards y vinrent aussi, pleins d’une résolution criminelle contre Suzanne, pour lui faire perdre la vie. Et ils dirent devant le peuple : Envoyez chercher Suzanne, fille d’Helcias, femme de Joakim. On y envoya aussitôt et elle vint avec ses parents, ses enfants et tous ses proches. Les, siens et tous ceux qui l’avaient connue pleuraient. Alors les deux vieillards, se levant au, milieu du peuple, mirent leurs mains sur sa tête. Elle, en pleurs, leva les yeux au ciel, car son œur avait confiance dans le Seigneur. Et les vieillards dirent : Comme nous nous promenions seuls dans le jardin, cette femme est entrée avec deux servantes ; elle a fermé les portes du jardin et elle a renvoyé les jeunes filles. Et un jeune homme, qui était caché, est venu et a péché avec elle. Nous étions dans un coin du jardin, et voyant cette iniquité, nous sommes accourus à eux, et nous les avons vus s’unir. Lui, nous n’avons pu le prendre, parce qu’il était plus fort que nous et qu’ayant ouvert la porte, il s’est échappé. Mais elle, après l’avoir prise, nous lui avons demandé quel était ce jeune homme, et elle n’a pas voulu nous le dire. C’est de quoi nous sommes témoins. La multitude les crut, parce qu’ils étaient des anciens et des juges du peuple, et ils la condamnèrent à mort. Alors Suzanne poussa un grand cri et dit Dieu éternel, qui pénétrez ce qui est caché, et qui connaissez toutes choses avant qu’elles arrivent, vous savez qu’ils ont porté un faux témoignage contre moi ; et voici que je meurs, sans avoir rien fait de tout ce qu’ils ont inventé malicieusement contre moi. Et le Seigneur entendit sa voix. Et comme on la conduisait à la mort, le Seigneur suscita l’esprit saint d’un jeune enfant nommé Daniel, qui cria à haute voix : Je suis pur du sang de cette femme. Tout le peuple se tourna vers lui et dit : Quelle est cette parole que tu as proférée ? Se tenant debout au milieu d’eux, il dit : Êtes-vous assez insensés, fils d’Israël, pour condamner, sans la juger et sans connaître la vérité, une fille d’Israël ? Jugez-la de nouveau, car ils ont porté un faux témoignage contre elle. Le peuple revint donc en grande hâte, et Daniel dit au peuple : Séparez-les l’un de l’autre, et je les jugerai. Lorsqu’ils eurent été séparés l’un de l’autre, Daniel appela l’un d’eux et lui dit : Homme vieilli dans le mal, les péchés que tu as commis autrefois viennent maintenant sur toi, qui rendais des jugements injustes, qui opprimais les innocents et qui relâchais les coupables, quoique le Seigneur ait dit : Tu ne feras pas mourir l’innocent et le juste. Maintenant donc, si tu l’as vue, dis sous quel arbre tu les as vus : parler ensemble. Il dit : Sous un lentisque. Daniel lui dit : Vraiment tu as menti contre ta tête, car voici que l’ange de Dieu, ayant reçu son arrêt, te coupera en deux. Après l’avoir renvoyé, il ordonna qu’on fît venir l’autre, et il lui dit Race de Canaan, et non de Juda, la beauté t’a séduit, et la passion a perverti ton cœur. C’est ainsi vous traitiez les filles d’Israël, et, effrayées, elles vous parlaient ; mais une fille de Juda n’a pu souffrir votre iniquité. Maintenant donc, dis-moi sous quel arbre tu les as surpris lorsqu’ils se parlaient. Il dit : Sous un chêne. Daniel lui dit : Vraiment, toi aussi tu as menti contre ta tête ; car l’ange du Seigneur est prêt, et tient l’épée pour te couper par le milieu et pour te faire mourir. Alors toute l’assemblée poussa un grand cri, et ils bénirent Dieu, qui sauve ceux qui espèrent en lui. Et ils s’élevèrent contre les deux vieillards, que Daniel avait convaincus par leur propre bouche d’avoir porté un faux témoignage et ils leur firent le mal qu’ils avaient fait à leur prochain, pour exécuter la loi de Moïse. Ils les firent mourir, et le sang innocent fut sauvé en ce jour-là.

Evangile  Jn. 8, 1-11

En ce temps-là, Jésus se rendit sur la montagne des Oliviers. Et, de grand matin, il vint de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui ; et s’étant assis, il les enseignait. Alors les scribes et les pharisiens lui amenèrent une femme surprise en adultère ; et ils la placèrent au milieu de la foule. Et ils dirent à Jésus : Maître, cette femme vient d’être surprise en adultère. Or Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Vous donc, que dites-vous ? Ils disaient cela pour le tenter, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus, se baissant, écrivait avec son doigt sur la terre. Et comme ils persistaient à l’interroger, il se releva, et leur dit : Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la pierre le premier. Puis, se baissant de nouveau, il écrivait sur la terre. Mais, ayant entendu cela, ils se retirèrent l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés ; et Jésus demeura seul avec cette femme, qui était debout au milieu. Alors Jésus, se relevant, lui dit : Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ? Elle dit : Personne, Seigneur. Jésus lui dit : Mol non plus, je ne te condamnerai pas ; va, et désormais ne pèche plus.

Office

1ère leçon

Homélie de saint Augustin, évêque

« Jésus se rendit au Mont des Oliviers », au mont fertile, au mont du parfum, au mont de l’onction. Où convenait-il au Christ d’enseigner sinon sur le Mont des Oliviers ? En effet, le nom Christ vient de ‘chrisma’ et le mot ‘chrisma’, en grec, correspond au latin ‘unctio’, onction. Ainsi donc le Christ nous a oints parce qu’il a fait de nous des lutteurs contre le démon. « Mais, dès l’aurore, il revint dans le Temple et tout le peuple se rassembla autour de lui. S’étant assis, il les enseignait. » Et l’on ne mettait pas la main sur lui parce qu’il ne consentait pas encore à souffrir. Considérez maintenant sur quel point la mansuétude du Seigneur fut mise à l’épreuve par ses ennemis.

2e leçon

« Les scribes et les pharisiens lui amenèrent alors une femme surprise en adultère. Il la mirent bien au milieu et dirent à Jésus : ‘Maître, cette femme a été surprise à commettre l’adultère. Dans la Loi, Moïse a commandé de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ?’ Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve afin de pouvoir l’accuser. » L’accuser de quoi ? Est-ce lui qu’ils avaient surpris dans quelque crime ou cette femme passait-elle pour avoir quelque rapport avec lui ?

3e leçon

Comprenons, mes frères, l’admirable mansuétude qui était dans le Seigneur. Ils ont remarqué qu’il était d’une extrême douceur, d’une extrême mansuétude. C’est de lui qu’il avait été dit autrefois : « Ceins ton épée à ton côté, tout-puissant. Dans ton éclat et ta beauté, avance, triomphe et règne pour la vérité, la mansuétude et la justice. » Il a donc apporté la vérité comme docteur, la mansuétude comme libérateur, la justice comme juge. C’est à cause de cela qu’il devait régner, selon que dans l’Esprit-Saint le prophète l’avait prédit. Lorsqu’il parlait, on reconnaissait la vérité ; lorsqu’il restait sans s’émouvoir face à ses ennemis, on louait la mansuétude. Ses ennemis donc, torturés par la jalousie et l’envie, au sujet de ces deux vertus, la vérité et la mansuétude, placèrent un piège dans la troisième, la justice.

La Station est dans l’Église de sainte Suzanne, Vierge romaine et Martyre. La raison qui a porté à choisir cette Église est la lecture que l’on fait aujourd’hui de l’histoire de la chaste Suzanne, fille d’Helcias, que l’Église propose à l’imitation des chrétiens.

LEÇON.

Hier, nous prenions part à la joie de nos Catéchumènes, aux yeux desquels l’Église dévoilait déjà cette source limpide et vivifiante qui procède du Sauveur, et dans les eaux de laquelle ils vont bientôt puiser une nouvelle vie. Aujourd’hui, l’enseignement s’adresse aux Pénitents dont la réconciliation approche. Mais comment peuvent-ils encore espérer le pardon, eux qui ont souillé la robe blanche de leur baptême, et foulé aux pieds le sang divin qui les avait rachetés ? Cependant le pardon descendra sur eux, et ils seront sauvés. Que si vous voulez comprendre ce mystère, lisez et méditez les saintes Écritures ; et vous y apprendrez qu’il y a pour l’homme un salut qui procède de la justice, et un salut qui vient de la miséricorde. Aujourd’hui nous avons sous les yeux le type de l’un et de l’autre. Suzanne accusée injustement d’adultère, reçoit de Dieu, qui la venge et la délivre, la récompense de sa vertu ; une autre femme véritablement coupable de ce crime est arrachée à la mort par Jésus-Christ lui-même. Que les justes attendent donc avec confiance et humilité la récompense qu’ils ont méritée ; mais aussi que les pécheurs espèrent dans la clémence du Rédempteur, qui est venu pour eux plus encore que pour les justes. C’est ainsi que la sainte Église relève le courage de ses pénitents, et les appelle à la conversion, en leur découvrant les richesses du cœur de Jésus et les miséricordes de la loi nouvelle que ce divin Rédempteur est venu sceller de son sang.

Dans cette admirable histoire de Suzanne, les premiers chrétiens voyaient aussi le type de l’Église de leur temps sollicitée au mal par les païens, et demeurant fidèle à son Époux divin jusqu’au péril de sa vie. Un saint évêque martyr du IIIe siècle, saint Hippolyte, nous donne la clef de ce symbole] ; et les sculptures des antiques sarcophages chrétiens, ainsi que les fresques des catacombes romaines, sont d’accord pour nous présenter la fidélité de Suzanne à la loi de Dieu, malgré la mort qui la menace, comme le type des martyrs préférant la mort à l’apostasie, qui, selon le langage des saintes Écritures, est un véritable adultère de l’âme à l’égard de Dieu dont elle est devenue l’épouse par le baptême.

ÉVANGILE.

Voici maintenant le salut par la miséricorde. Le crime de cette femme est réel ; la loi la condamne a mort ; ses accusateurs, en requérant la peine, sont fondés en justice : et cependant la coupable ne périra pas. Jésus la sauve, et pour ce bienfait il ne lui impose qu’une seule condition : qu’elle ne pèche plus. Quelle dut être sa reconnaissance envers son libérateur ! Comme elle dut avoir à cœur désormais, de suivre les ordres de celui qui n’avait pas voulu la condamner et à qui elle devait la vie ! Pécheurs que nous sommes, entrons dans ces sentiments à l’égard de notre Rédempteur. N’est-ce pas lui qui a retenu le bras de la divine justice prêt à nous frapper ? N’en a-t-il pas détourné les coups sur lui-même ? Sauvés par sa miséricorde, unissons-nous aux Pénitents de l’Église primitive, et durant ces jours qui nous restent encore, établissons solidement les bases de notre nouvelle vie.

Jésus ne répond qu’un seul mot aux Pharisiens qui sont venus le tenter au sujet de cette femme ; mais cette parole si brève n’en doit pas moins être recueillie par nous avec respect et reconnaissance : car si elle exprime la pitié divine du Sauveur pour la pécheresse tremblante à ses pieds, elle renferme aussi une leçon pratique pour nous. Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre. Dans ce temps de réparation et de pénitence, rappelons-nous les médisances dont nous nous sommes rendus coupables envers le prochain, ces pèches de la langue que l’on se reproche si peu, que l’on oublie si vite, parce qu’ils coulent, pour ainsi dire, de source. Si la parole du Sauveur eût retenti, comme elle le devait, au fond de notre cœur ; si nous eussions songé avant tout à tant de côtés répréhensibles qui sont en nous, n’est-il pas vrai que jamais nous n’eussions trouvé le courage d’attaquer la conduite du prochain, de révéler ses fautes, de juger jusqu’à ses pensées et ses intentions ? Prenons-y garde dans l’avenir : Jésus connaissait la vie des accusateurs de cette femme ; il sait la nôtre tout entière : malheur donc à nous si nous ne devenons pas indulgents pour nos frères !

Considérons enfin la malice des ennemis du Sauveur, et avec quelle perfidie ils lui tendent un piège. S’il prononce en faveur de la vie de cette femme, ils l’accuseront de mépriser la loi de Moïse qui la condamne à être lapidée ; s’il répond conformément à la loi, ils le traduiront au peuple comme un homme cruel et sanguinaire. Jésus, par sa prudence céleste, échappe à leurs embûches ; mais nous devons prévoir déjà quel sort lui est réservé le jour où, s’étant livré entre leurs mains, il n’opposera plus à leurs calomnies et à leurs outrages que le silence et la patience d’une victime vouée à la mort.

 

 

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Vendredi de la IIIème semaine de Carême

17 Mars 2023 , Rédigé par Ludovicus

Vendredi de la IIIème semaine de Carême

Collecte

Nous vous supplions, Seigneur, d’accorder dans votre bonté, un résultat favorable à nos jeûnes, afin que, comme nos corps pratiquent l’abstinence par rapport aux aliments, ainsi nos âmes s’abstiennent du péché. Par N.-S.

Lecture Nm 20, 1, 3 et 6-13

En ces jours-là, les enfants d’Israël s’assemblèrent contre Moïse et Aaron, et ayant excité une sédition, ils leur dirent : Donnez-nous de l’eau, afin que nous buvions. Moïse et Aaron, ayant quitté le peuple, entrèrent dans le tabernacle de l’alliance, et, s’étant jetés le visage contre terre, ils crièrent au Seigneur, et lui dirent : Seigneur Dieu, écoutez le cri de ce peuple, et ouvrez-leur votre trésor, ouvrez-leur la source d’eau vive, afin qu’étant désaltérés, ils cessent de murmurer. Alors la gloire du Seigneur parut au-dessus d’eux. Et le Seigneur parla à Moïse, et lui dit : Prenez votre verge, et assemblez le peuple, vous et votre frère Aaron ; et parlez à la pierre devant eux, et elle vous donnera des eaux. Et lorsque vous aurez fait sortir l’eau de la pierre, tout le peuple boira et ses bêtes aussi. Moïse prit donc la verge qui était devant le Seigneur, selon qu’il le lui avait ordonné, et ayant assemblé le peuple devant la pierre, il leur dit : Écoutez, rebelles et incrédules. Pourrons-nous vous faire sortir de l’eau de cette pierre ? Moïse leva ensuite la main, et ayant frappé deux fois la pierre avec sa verge, il en sortit une grande abondance d’eau, en sorte que le peuple eut à boire, et les bêtes aussi. En même temps, le Seigneur dit à Moïse et à Aaron : Parce que vous ne m’avez pas cru, et que vous ne m’avez pas sanctifié devant les enfants d’Israël, vous ne ferez point entrer ce peuple dans la terre que je leur donnerai. C’est là l’eau de contradiction, où les enfants d’Israël murmurèrent contre le Seigneur, et où il fit paraître sa puissance et sa sainteté au milieu d’eux.

Évangile Jn 4, 5-42

En ce temps-là, Jésus vint dans une ville de Samarie, nommée Sichar, près du champ que Jacob avait donné à son fils Joseph. Or là était le puits de Jacob. Et Jésus, fatigué du chemin, était assis sur le puits. Il était environ la sixième heure. Une femme de la Samarie vint pour puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donne-moi à boire. Car ses disciples étaient allés à la ville, pour acheter des vivres.

Cette femme samaritaine lui dit : Comment vous, qui êtes Juif, me demandez-vous à boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? Les Juifs, en effet, n’ont point de rapports avec les Samaritains. Jésus lui répondit : Si tu connaissais le don de Dieu, et quel est celui qui te dit : Donnez-moi à boire, peut-être lui aurais-tu fait toi-même cette demande, et Il t’aurait donné de l’eau vive.

La femme lui dit : Seigneur, vous n’avez rien pour puiser, et le puits est profond ; d’où avez-vous donc de l’eau vive ? Êtes-vous plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses troupeaux ?

Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif, mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif ; car l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle.

La femme lui dit : Seigneur, donnez-moi de cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus Ici pour puiser.

Jésus lui dit : Va, appelle ton mari, et viens ici.

La femme répondit : Je n’ai pas de mari.

Jésus lui dit : Tu as eu raison de dire : Je n’ai pas de mari ; car tu as eu cinq maris, et maintenant celui que tu as n’est pas ton mari ; en cela, tu dis vrai.

La femme lui dit : Seigneur, je vois bien que vous êtes un prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous, vous dites que Jérusalem est le lieu où il faut adorer.

Jésus lui dit : Femme, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni à Jérusalem, que vous adorerez le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont de tels adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit, et II faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité.

La femme lui dit : Je sais que le Messie (c’est-à-dire le Christ) doit venir ; lors donc qu’il sera venu II nous annoncera toutes phases.

Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle.

Au même instant, ses disciples arrivèrent, et ils s’étonnaient de ce qu’il parlait avec une femme. Cependant aucun ne lui dit : Que demandez-vous ? ou : Pourquoi parlez-vous avec elle ?

La femme laissa donc là sa cruche, et s’en alla dans la ville. Et elle dit aux gens : Venez, et voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? Ils sortirent donc de la ville, et vinrent auprès de lui.

Cependant les disciples le priaient, en disant : Maître, mangez.

Mais il leur dit : J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas.

Les disciples se disaient donc l’un à l’autre : Quelqu’un lui a-t-il apporté à manger ?

Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de Celui gui m’a envoyé, pour accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : Encore quatre mois, et la moisson viendra ? Voici que je vous dis : Levez les yeux, et voyez les campagnes qui blanchissent déjà pour la moisson. Et celui qui moissonne reçoit une récompense, et amasse du fruit pour la vie éternelle, afin que celui qui sème se réjouisse, aussi bien que celui qui moissonne. Car ici se vérifie cette parole : Autre est celui qui sème, et autre celui qui moissonne. Je vous ai envoyés moissonner là où vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous, vous êtes entrés dans leurs travaux.

Or beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en lui, sur la parole de la femme qui lui rendait ce témoignage : II m’a dit tout ce que j’ai fait. Les Samaritains, étant donc venus auprès de lui, le prièrent de demeurer chez eux ; et il y demeura deux jours. Et il y en eut un bien plus grand nombre qui crurent en lui, à cause de sa parole. Et ils disaient à la femme : Ce n’est plus à cause de ce que tu nous, as dit gué nous croyons car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde.

Office

1ère leçon

Homélie de saint Augustin, évêque

Déjà voici le commencement des mystères. Ce n’est pas en vain que Jésus est fatigué, ce n’est pas en vain qu’est fatiguée la puissance de Dieu, ce n’est pas en vain qu’est fatigué celui par qui sont recréés ceux qui sont fatigués, ce n’est pas en vain qu’est fatigué celui dont l’abandon est notre fatigue et la présence notre force. Jésus cependant est fatigué, et il est fatigué par la route et il s’assied et il s’assied auprès du puits et à la sixième heure, fatigué, il s’assied. Toutes ces circonstances suggèrent quelque chose, veulent indiquer quelque chose : elles stimulent notre attention elles nous exhortent à frapper. Qu’il ouvre donc et pour nous et pour vous celui qui a daigné nous exhorter, jusqu’à dire : « Frappez et l’on vous ouvrira. »

2e leçon

C’est pour toi que Jésus est fatigué de la route. Nous trouvons Jésus fort et nous trouvons Jésus faible, fort et faible. Fort, car « au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. » Veux-tu voir combien est fort ce Fils de Dieu ? « Tout a été fait par lui et sans lui, rien n’a été fait »], et tout a été fait sans peine. Qui pourrait être plus fort que celui par qui tout a été fait sans peine ? Veux-tu le connaître faible ? « Le Verbe s’est fait chair et il a demeuré parmi nous. » La force du Christ t’a créé, la faiblesse du Christ t’a recréé. La force du Christ a fait que ce qui n’était pas, fût. La faiblesse du Christ a fait que ce qui était ne pérît pas. Il nous a créés par sa force. Il nous a cherchés par sa faiblesse.

3e leçon

Faible, il nourrit lui-même les faibles, comme la poule ses poussins. Cette comparaison vient de lui. « Que de fois, dit-il à Jérusalem, j’ai voulu rassembler tes enfants sous mes ailes comme la poule rassemble ses poussins et tu n’as pas voulu ! »] Vous voyez, frères, comment la poule se rend faible avec ses poussins. Nul autre oiseau ne se fait ainsi reconnaître comme mère. Nous voyons certains passereaux faire leur nid sous nos yeux. Tous les jours, nous voyons des hirondelles, des cigognes, des colombes faire leur nid, mais ce n’est que lorsque nous les voyons sur leur nid que nous pouvons constater qu’ils ont des petits. Mais la poule se rend si faible envers ses poussins que même lorsque ses poussins ne la suivent pas, sans voir ses petits, tu comprends néanmoins qu’elle est mère.

La Station est à l’Église de Saint-Laurent in Lucina, antique et célèbre sanctuaire, où l’on conserve le gril sur lequel le saint Archidiacre de l’Église Romaine consomma son martyre.

LEÇON.

C’est ici l’un des plus augustes symboles de l’Ancien Testament, et la figure du Baptême auquel aspirent nos Catéchumènes. L’eau y paraît comme l’objet des désirs de tout un peuple, qui sans cette eau allait périr. Saint Paul, qui nous dévoile les mystères de l’ancienne Alliance, nous apprend que le rocher, la pierre, signifiait Jésus-Christ], dont est sortie la fontaine d’eau vive qui désaltère et purifie les âmes. Les saints Pères sont venus ensuite, qui nous font remarquer que la pierre n’a rendu l’eau vivifiante qu’elle contenait qu’après avoir été frappée par la verge, dont les coups donnés sur le rocher signifient la Passion du Rédempteur. Le bois de cette verge, nous disent aussi les anciens interprètes, est le symbole de la Croix, et le double coup représente le double bois dont elle est formée. Les peintures que l’Église primitive a laissées dans les Catacombes de Rome, nous offrent sans cesse cette image de Moïse frappant le rocher d’où s’écoulent les eaux ; et un verre peint trouvé dans ces souterrains, berceau de notre foi, nous apprend, par l’inscription qu’on y lit encore, que les premiers chrétiens considéraient sous les traits de Moïse, qui n’a agi qu’en figure, saint Pierre lui-même, qui, dans la nouvelle Alliance, a ouvert au vrai peuple de Dieu la source de toute grâce dans sa prédication au jour de la Pentecôte, et plus tard dans celle qu’il fit entendre aux Gentils en la personne du centurion Corneille. Ce symbole de Moïse frappant le rocher, et la plupart de ceux que nous avons reconnus, et que nous reconnaîtrons encore dans les lectures que l’Église destinait à l’instruction des Catéchumènes, non seulement ont été exprimés, aux premiers siècles, sur les fresques des catacombes romaines ; mais de nombreux monuments nous apprennent qu’on les représentait aussi dans toutes les églises de l’Orient et de l’Occident. Plusieurs de ces symboles sont arrivés jusqu’au XIIIe siècle et au delà, sur les verrières de nos cathédrales, conservant encore la forme hiératique qu’ils avaient reçue au commencement. Il est triste de voir que des sujets qui excitaient un si vif enthousiasme chez nos pères les martyrs, sont aujourd’hui si peu familiers à leurs derniers neveux. Sortons de cette indifférence qui n’est pas chrétienne, et revenons, par la méditation de la sainte Liturgie, à ces traditions auxquelles nos aïeux empruntèrent leur foi énergique et leur sublime dévouement à Dieu et à leur postérité.

ÉVANGILE.

Dans le récit de notre Évangile, le Fils de Dieu vient en personne continuer le ministère de Moïse en révélant à la Samaritaine, figure de la gentilité, le mystère de l’Eau qui donne la vie éternelle : aussi retrouvons-nous encore ce sujet sur les peintures murales des catacombes, et sur les bas-reliefs des sarcophages chrétiens des IVe et Ve siècles. Méditons donc cette histoire, où tout nous parle de la miséricorde du Rédempteur. Jésus est fatigué de la route qu’il a parcourue ; lui, le Fils de Dieu, à qui le monde n’a coûté qu’une parole, il s’est lassé en cherchant ses brebis. Le voilà réduit à s’asseoir pour reposer ses membres harassés ; mais c’est au bord d’un puits, près d’une source d’eau, qu’il vient prendre son repos. Une femme idolâtre est là, qui ne connaît que l’eau matérielle ; Jésus veut lui révéler une eau bien plus précieuse. Mais il commence par lui faire connaître la fatigue dont il est accablé, la soif qui le presse. Donne-moi à boire, lui dit-il ; comme il dira dans peu de jours sur la Croix : J’ai soif. C’est ainsi que, pour arriver à concevoir la grâce du Rédempteur, il faut d’abord l’avoir connu lui-même sous les traits de l’infirmité et de la souffrance.

Mais bientôt ce n’est plus Jésus qui demande de l’eau ; c’est lui qui en offre, et une eau qui enlève la soif pour jamais, une eau qui rejaillit jusque dans la vie éternelle. La femme aspire à goûter cette eau ; elle ne sait pas encore quel est celui qui lui parle, et déjà elle ajoute foi à ses paroles. Cette idolâtre montre plus de docilité que les Juifs ; cependant elle sait que celui qui lui parle appartient à une nation qui la méprise. L’accueil qu’elle fait au Sauveur lui obtient de nouvelles grâces de sa part. Il commence par l’éprouver. Va, lui dit-il, appelle ton mari, et reviens ici. Cette malheureuse n’avait point de mari légitime ; Jésus veut qu’elle l’avoue. Elle n’hésite pas ; et c’est parce qu’il lui a révèle sa honte qu’elle le reconnaît pour un prophète. Son humilité sera récompensée, et les sources d’eau vive sont pour elle. C’est ainsi que la gentilité s’est rendue à la prédication des Apôtres ; ils venaient révéler à ces hommes abandonnés la gravité du mal et la sainteté de Dieu ; et, loin d’en être repoussés, ils les trouvaient dociles, prêts à tout. La foi de Jésus-Christ avait besoin de martyrs ; ils se rencontrèrent en foule dans ces premières générations enlevées au paganisme et à tous ses désordres. Jésus, voyant cette simplicité dans la Samaritaine, juge, dans sa bonté, qu’il est temps de se révéler à elle. Il dit à cette pauvre pécheresse que le moment est venu où les hommes adoreront Dieu par toute la terre ; que le Messie est descendu, et que lui-même est le Messie. Telle est la divine condescendance du Sauveur pour L’âme simple et docile : il se manifeste a elle tout entier. Les Apôtres arrivent sur ces entrefaites ; mais ils sont trop israélites encore pour comprendre la bonté de leur Maître envers cette Samaritaine ; L’heure approche cependant où ils diront eux-mêmes avec le grand Paul : « Il n’y a plus de juif ni de gentil, plus d’esclave ni d’homme libre, plus d’homme ni de femme ; mais vous êtes tous une même chose en Jésus-Christ]. »

En attendant, la femme de Samarie, transportée d’une ardeur céleste, devient apôtre elle-même. Elle laisse son vase sur le bord du puits ; l’eau matérielle n’a plus de prix à ses yeux, depuis que le Sauveur lui a donné à boire de son eau vive. Elle rentre dans la ville ; mais c’est pour y prêcher Jésus-Christ, pour amener à ses pieds, si elle le pouvait, tous les habitants de Samarie. Dans son humilité, elle donne pour preuve de la grandeur de son Prophète la révélation qu’il vient de lui faire des désordres dans lesquels elle a vécu jusqu’aujourd’hui. Ces païens abandonnés, objet d’horreur pour les Juifs, accourent au puits où Jésus est resté entretenant ses disciples de la moisson prochaine ; ils vénèrent en lui le Messie, le Sauveur du monde ; et Jésus daigne habiter pendant deux jours au milieu de cette ville où régnait l’idolâtrie mêlée à quelques débris des observances judaïques. La tradition chrétienne a conservé le nom de cette femme, qui, après les Mages de l’Orient, compte au nombre des prémices du nouveau peuple : elle se nommait Photine, et répandit son sang pour celui qui s’était tait connaître à elle au bord du puits de Jacob.

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Jeudi de la IIIème semaine de Carême

16 Mars 2023 , Rédigé par Ludovicus

Jeudi de la IIIème semaine de Carême

Collecte

Qu’elle vous glorifie, Seigneur, la solennité de vos saints Côme et Damien, solennité bienheureuse où vous leur avez donné la gloire éternelle, et nous avez secourus par votre ineffable providence. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Lecture Jr. 7, 1-7

En ces jours-là, la parole du Seigneur me fut adressée en ces termes : Tiens-toi à la porte de la maison du Seigneur, et là proclame cette parole, et dis : Écoutez la parole du Seigneur, vous tous, habitants de Juda, qui entrez par ces portes pour adorer le Seigneur. Voici ce que dit le Seigneur des armées, le Dieu d’Israël : Redressez vos voies et vos penchants, et j’habiterai avec vous dans ce lieu. Ne vous fiez pas à des paroles de mensonge, en disant : C’est ici le temple du Seigneur, le temple du Seigneur, le temple du Seigneur ! Car si vous dirigez bien vos voies et vos penchants, si vous rendez justice à l’un comme à l’autre, si vous ne faites pas violence à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve, si vous ne répandez pas en ce lieu le sang innocent, et si vous n’allez pas après les dieux étrangers, pour votre malheur, je demeurerai avec vous de siècle en siècle dans ce lieu, sur cette terre que j’ai donnée à vos pères, d’âge en âge, dit le Seigneur tout-puissant.

Évangile Lc. 4, 38-44

En ce temps-là, Jésus, étant sorti de la synagogue, entra dans la maison de Simon. Or la belle-mère de Simon était retenue par une forte fièvre ; et ils le prièrent pour elle. Alors, debout, auprès d’elle, il commanda à la fièvre, et la fièvre la quitta. Et se levant aussitôt, elle les servait. Lorsque le soleil fut couché, tous ceux qui avaient des malades atteints de diverses maladies les lui amenaient. Et lui, imposant les mains sur chacun d’eux, les guérissait. Et les démons sortaient d’un grand nombre, criant et disant : Vous êtes le Fils de Dieu. Mais il les menaçait, et il ne leur permettait pas de dire qu’ils savaient qu’il était le Christ. Lorsqu’il fut jour, il sortit, et alla dans un lieu désert ; et les foules le cherchaient ; et elles vinrent jusqu’à lui, et elles voulaient le retenir, de peur qu’il ne les quittât. Il leur dit : il faut que j’annonce aussi aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu ; car c’est pour cela que j’ai été envoyé. Et il prêchait dans les synagogues de Galilée.

Office

1ère leçon

Homélie de saint Ambroise, évêque

Voyez la clémence du Seigneur notre Sauveur. Il ne délaisse pas la Judée, ému d’indignation, ni offensé par le crime, ni révolté par l’injustice ; au contraire, il oublie les torts et ne songe qu’à la clémence. Tour à tour enseignant, délivrant, guérissant, il veut surtout attendrir le cœur de ce peuple infidèle. Avec raison saint Luc mentionne d’abord l’homme délivré de l’esprit mauvais et raconte ensuite la guérison d’une femme. Car le Seigneur était venu pour soigner l’un et l’autre sexe ; mais il fallait d’abord guérir celui qui fut créé le premier sans laisser de côté celle qui avait péché plutôt par légèreté d’esprit que par dépravation.

2e leçon

C’est le jour du Sabbat que le Seigneur commence son œuvre de guérison : ainsi la nouvelle création commence là où l’ancienne s’était arrêtée et, dès le début, il est manifeste que le Fils de Dieu n’est pas soumis à la loi, mais au-dessus d’elle, qu’il ne détruit pas la loi, mais l’accomplit. Car le monde a été fait non par la loi, mais par le Verbe. Nous lisons : « Par le Verbe du Seigneur les cieux ont été affermis. » La loi n’est donc pas détruite, mais accomplie, afin de renouveler l’homme jadis déchu. Aussi l’Apôtre dit : « Dépouillant le vieil homme, revêtez-vous du nouveau, qui a été créé selon Dieu. »

3e leçon

Aussi bien le Sauveur commence-t-il le jour du Sabbat : il montre ainsi qu’il est le Créateur qui entrelace les œuvres dans la trame des œuvres et poursuit l’ouvrage qu’il a lui-même commencé. Comme le constructeur qui entreprend de réparer une maison ne commence point par démolir ce qui est délabré dans les fondations, mais bien ce qui est caduc dans la toiture. Il met donc d’abord la main là où il s’était autrefois arrêté ; par conséquent il commence par les choses moindres pour en venir aux plus grandes. Délivrer du démon, même des hommes le peuvent, mais par le Verbe de Dieu ; commander aux morts de ressusciter n’appartient qu’à la seule puissance divine. Sous la figure de cette femme, la belle-mère de Pierre et d’André, peut-être était-ce notre chair qui souffrait des fièvres variées des péchés et s’enflammait de convoitises immodérées ? La fièvre de ta passion n’est pas moindre, dirais-je, que celle de la température. Cette fièvre-là brûle l’âme, l’autre le corps. Car notre fièvre, c’est l’avarice ; notre fièvre, c’est la débauche ; notre fièvre, c’est la luxure ; notre fièvre, c’est l’ambition ; notre fièvre, c’est la colère.

Le jour marque le milieu de la sainte Quarantaine, et c’est pour cela qu’il est appelé le Jeudi de la mi-Carême. Nous accomplissons en effet aujourd’hui le vingtième jeune sur quarante que nous impose l’Église en ce saint temps. Chez les Grecs, c’est la journée d’hier qui est comptée comme Mésonestime à proprement parler, ou milieu des jeûnes ; au reste, ils donnent ce nom, ainsi que nous l’avons vu, à la semaine tout entière, qui est, dans leur liturgie, la quatrième des sept dont est formé leur Carême. Mais le Mercredi de cette semaine est, chez eux, l’objet d’une fête solennelle, un jour de réjouissance, où l’on ranime son courage pour achever la carrière.

Les nations catholiques de l’Occident, sans considérer le jour où nous sommes parvenus comme une fête, ont toujours eu la coutume de le passer dans une certaine allégresse. La sainte Église Romaine s’est unie à cette pratique ; mais afin de ne pas donner prétexte à une dissipation qui pourrait nuire à l’esprit du jeûne, elle a remis l’expression plus marquée de cette joie innocente au Dimanche suivant, comme nous le verrons ci-après. Toutefois il n’est pas contre l’esprit du Christianisme de fêter aujourd’hui le jour central du Carême, en réunissant, à la manière de nos pères, de plus nombreux convives, et en servant la table avec plus de recherche et d’abondance, pourvu toutefois que l’abstinence et le jeûne soient respectés. Mais, hélas ! Avec le relâchement qui règne aujourd’hui dans notre malheureux pays, combien de gens, qui se disent catholiques, n’ont guère fait autre chose depuis vingt jours que de violer ces lois du jeûne et de l’abstinence, sur la foi de dispenses légitimes ou extorquées ! Quel sens peuvent avoir pour eux les joies naïves que goûtent aujourd’hui, en de lointaines provinces, ces familles de vieux chrétiens qui n’ont point encore laissé périr chez eux les saintes traditions ? Mais ces joies, pour les éprouver, il faut les avoir méritées par quelques privations, par un peu de gêne imposée au corps : et c’est ce que trop de catholiques de nos jours ne savent plus faire. Prions pour eux, afin que Dieu leur donne de comprendre enfin à quoi les oblige la foi qu’ils professent.

A Rome, la Station est aujourd’hui dans l’Église de Saint-Côme-et-Saint-Damien, au Forum. Le moyen âge, comme nous l’apprenons de Durand, dans son Rational des divins Offices, cherchait la raison du choix de cette Station dans la profession de médecins que ces deux saints Martyrs ont exercée. On pensait que l’Église voulait implorer non seulement pour les âmes, mais aussi pour les corps de ses enfants déjà fatigués par le jeûne et l’abstinence, la protection de ces puissants amis de Dieu qui, sur la terre, consacraient les ressources de Fart médical au soulagement corporel de leurs frères. Le savant liturgiste Gavantus commente longuement cette idée qui, si elle n’a pas inspiré le choix de cette église pour la Station d’aujourd’hui, n’en est pas moins propre à édifier les fidèles, en les engageant à recourir aux deux illustres frères médecins, et à demander par leur intercession la constance et les forces nécessaires pour achever dignement et fidèlement la carrière si heureusement commencée.

LEÇON.

La sainte Église ne manque à aucun de ses devoirs à l’égard de ses enfants. Si elle insiste pour obtenir d’eux l’accomplissement des obligations extérieures de la religion, quelque pénibles qu’elles soient à leur lâcheté, elle les avertit aussi de ne pas penser que les observances corporelles, si exactement qu’on les remplisse, pourraient tenir lieu des vertus intérieures commandées à l’homme et au chrétien. Dieu n’accepte pas l’hommage de l’esprit et du cœur, si l’homme, par orgueil ou par mollesse, néglige d’offrir en même temps le service du corps ; mais réduire sa religion aux œuvres purement matérielles, ce n’est pas non plus honorer Dieu qui veut être servi en esprit et en vérité]. Les Juifs étaient fiers de posséder le temple de Jérusalem, où habitait la majesté de Dieu ; mais cet avantage, qui les mettait au-dessus de toutes les autres nations, tournait trop souvent à leur perte, parce que se contentant d’un stérile respect pour cette maison sainte, ils ne s’élevaient pas plus haut, et ne songeaient point à reconnaître un si grand bienfait, en pratiquant la loi de Dieu. Ainsi feraient parmi nous des chrétiens qui, remplis d’une fidélité purement extérieure au jeûne et à l’abstinence, ne se mettraient pas en peine de corriger leur vie, en y introduisant l’esprit de justice, de charité, d’humilité. Ils mériteraient que le Seigneur les flétrît par ces paroles qu’il prononça autrefois contre Israël : « Ce peuple m’honore des lèvres ; mais son cœur est loin de moi ». Ce pharisaïsme chrétien est devenu assez rare de nos jours. Le relâchement presque universel à l’égard des pratiques extérieures est bien plutôt la plaie d’aujourd’hui ; et les personnes fidèles aux observances de l’Église ne sont pas, pour l’ordinaire, en retard sous le rapport des autres vertus chrétiennes. Cependant cette fausse conscience se rencontre quelquefois, et produit un scandale qui retarde chez plusieurs l’avancement du royaume de Dieu. Attachons-nous donc à la loi tout entière. Offrons à Dieu un service spirituel qui consiste dans l’obéissance du cœur à tous les préceptes, et joignons-y, comme complément nécessaire, l’hommage de notre corps, en pratiquant tout ce que l’Église nous prescrit pour l’élever à la hauteur de l’âme, dont il doit partager les destinées.

ÉVANGILE.

Admirons la bonté du Sauveur, qui daigne employer son pouvoir à la guérison des corps, et comprenons qu’il est plus empressé encore de subvenir aux infirmités de nos âmes. Nous sommes travaillés de la fièvre des passions : lui seul peut la chasser. Imitons pour notre propre compte le zèle des habitants de la Galilée, qui apportent leurs malades aux pieds de Jésus ; supplions-le aussi de nous guérir. Nous voyons avec quelle bonté il accueille tous ces malheureux ; présentons-nous à leur suite. Faisons-lui instance pour qu’il ne s’éloigne pas, pour qu’il demeure toujours avec nous ; et il daignera rester. Prions pour les pécheurs ; les jours du jeune s’écoulent ; déjà nous entrons dans la seconde moitié du Carême, et la Pâque de notre délivrance approche. Voyez ces multitudes qui ne s’ébranlent pas, ces âmes fermées à la lumière qui ne s’ouvrent pas, ces cœurs endurcis que rien n’émeut, tant de chrétiens qui vont ajouter une chance de plus à leur réprobation éternelle. Offrons pour eux notre pénitence, et demandons à Jésus, par les mérites de sa Passion dont l’heure ne doit pas tarder, qu’il daigne faire un dernier effort de miséricorde, et arracher au démon ces âmes pour lesquelles il va répandre son sang.

 

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Mercredi de la IIIème semaine de Carême

15 Mars 2023 , Rédigé par Ludovicus

Mercredi de la IIIème semaine de Carême

Collecte

Faites, nous vous en supplions, Seigneur, que, formés par ces jeûnes salutaires, et nous éloignant aussi des vices si nuisibles, nous obtenions plus facilement les effets de votre miséricorde. Par Notre-Seigneur.

Lecture Ex 20, 12-24

Ainsi parle le Seigneur : Honorez votre père et votre mère, afin que vous viviez longtemps sur la terre que le Seigneur votre Dieu vous donnera. Vous ne tuerez point. Vous ne commettrez point d’adultère. Vous ne déroberez point. Vous ne porterez point de faux témoignage contre votre prochain. Vous ne désirerez point la maison de votre prochain ; vous ne désirerez point sa femme, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune de toutes les choses qui lui appartiennent. Or tout le peuple entendait les tonnerres et le son de la trompette, et voyait les lampes ardentes et la montagne toute couverte de fumée. Et dans la crainte et l’effroi dont ils étaient saisis, ils se tinrent éloignés. Et ils dirent à Moïse : Parlez-nous vous-même, et nous vous écouterons ; mais que le Seigneur ne nous parle point, de peur que nous ne mourions. Moïse répondit au peuple : Ne craignez point, car Dieu est venu pour vous éprouver et pour imprimer sa crainte en vous, afin que vous ne péchiez point. Le peuple demeura donc à distance, et Moïse s’approcha de la nuée où était Dieu. Le Seigneur dit encore à Moïse : Vous direz ceci aux enfants d’Israël : Vous avez vu que c’est du ciel que je vous ai parlé. Vous ne ferez point de dieux d’argent, ni de dieux d’or. Vous me dresserez un autel de terre sur lequel vous m’offrirez vos holocaustes et vos hosties pacifiques, vos brebis et vos bœufs, en tous les lieux où la mémoire de mon nom sera établie.

Évangile Mt 15, 1-20

En ce temps-là, des Scribes et des Pharisiens venus de Jérusalem, s’approchèrent de Jésus, en disant : Pourquoi vos disciples violent-ils la tradition des anciens ? Car ils ne lavent pas leurs mains lorsqu’ils mangent du pain. Mais Jésus leur répondit : Et vous, pourquoi violez-vous le commandement de Dieu, à cause de votre tradition ? Car Dieu a dit : Honore ton père et ta mère ; et : Que celui qui maudira son père ou sa mère soit puni de mort. Mais vous, vous dites : Quiconque aura dit à son père ou à sa mère : Tout don que je fais à Dieu vous profitera, ne sera pas tenu d’honorer son père et sa mère. Ainsi vous avez annulé le commandement de Dieu par votre tradition. Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous, quand il a dit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ; ils me rendent un culte inutile, enseignant des doctrines et des ordonnances humaines. Puis, ayant appelé à lui les foules, il leur dit : Écoutez et comprenez. Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l’homme. Alors les disciples, s’approchant, lui dirent : Savez-vous que les pharisiens, en entendant cette parole, se sont scandalisés ? Mais il répondit : Toute plante que mon Père céleste n’a pas plantée sera déracinée. Laissez-les : ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ; or, si un aveugle conduit un aveugle, ils tombent tous deux dans la fosse. Pierre, prenant la parole, lui dit : Expliquez-nous cette parabole. Et Jésus dit : Vous aussi, êtes-vous sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche va dans le ventre, et est jeté dans un lieu à part ? Mais ce qui sort de la bouche part du cœur, et c’est là ce qui souille l’homme. Car c’est du cœur que sortent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les blasphèmes. Voilà les choses qui souillent l’homme ; mais manger sans s’être lavé les mains ne souille pas l’homme.

Office

1ère leçon

Homélie de saint Jérôme, prêtre

Étonnante folie des pharisiens et des scribes ! Ils reprochent au Fils de Dieu de ne pas garder les traditions et les préceptes des hommes : « Car ils ne se lavent pas les mains lorsqu’ils mangent du pain. » Les mains, c’est-à-dire les œuvres, qu’il faut laver, ce ne sont pas celles du corps, mais celles de l’âme afin qu’en elles se réalise la parole de Dieu. « Il leur répondit : Et vous, pourquoi violez-vous le commandement de Dieu au nom de votre tradition ? » Par une réponse toute de vérité il réfute une calomnie toute de mensonge. Alors que vous, vous négligez, dit-il, les préceptes du Seigneur à cause d’une tradition des hommes, comment pensez-vous que mes disciples méritent un blâme parce qu’ils font peu de cas des prescriptions des anciens pour garder les préceptes de Dieu ?

2e leçon

« Car Dieu a dit : Honore ton père et ta mère, et aussi : Celui qui maudit son père ou sa mère sera mis à mort. Mais vous, vous dites : Quiconque dit à son père ou à sa mère : ‘Les secours que tu aurais pu recevoir de moi, j’en ai fait une offrande sacrée’, celui-là n’aura pas à honorer son père ou sa mère. » Dans l’Écriture, l’honneur est bien moins dans les salutations et les marques de déférence que dans les aumônes et l’offrande de présents. « Honore les veuves, dit l’Apôtre, qui sont vraiment veuves. » Ici, l’honneur signifie un don. Et dans un autre passage : « Les presbytres qui exercent bien la présidence méritent un double honneur, surtout ceux qui peinent à la parole et à l’enseignement divin. » Ce précepte nous commande de ne pas museler le bœuf quand il foule le grain ; aussi, que l’ouvrier mérite son salaire !

3e leçon

En considération des infirmités, du grand âge ou de l’indigence des parents, le Seigneur avait ordonné aux enfants d’honorer leurs parents même en subvenant aux besoins de leur existence. Désireux d’annuler cette loi de Dieu si pleine de sagesse, tout en s’efforçant de travestir leur impiété sous le nom de piété, les scribes et les pharisiens enseignèrent aux enfants pervers que s’ils voulaient vouer à Dieu, leur père véritable, ce qui devait être offert à leurs parents, l’offrande au Seigneur passait avant le don aux parents ; ou bien sans doute, par crainte d’être incriminés de sacrilège, les parents eux-mêmes refusaient les biens qu’ils voyaient consacrés à Dieu et sombraient dans la misère. Et il arrivait que l’offrande des enfants, sous prétexte de servir au Temple de Dieu, passait au profit des prêtres.

La Station, à Rome, est dans l’Église de Saint-Sixte, sur la Voie Appienne. On l’appelle aujourd’hui Saint-Sixte-le-Vieux, pour la distinguer d’une autre consacrée à la mémoire du même saint Pape et Martyr.

LEÇON.

L’Église nous rappelle aujourd’hui les préceptes du Seigneur qui ont rapport au prochain, en commençant par celui qui prescrit le respect des parents. Dans ce temps de réforme et de conversion, il est utile aux fidèles de se souvenir que c’est sur l’autorité de Dieu que reposent nos devoirs envers les hommes : d’où il suit que c’est Dieu même que nous avons offensé, quand nous avons péché contre nos semblables. Le Seigneur réclame d’abord ses propres droits ; il veut être adoré et servi ; il défend le culte grossier des idoles ; il prescrit l’observation du Sabbat, les sacrifices, les cérémonies ; mais en même temps il veut que l’homme aime son prochain comme lui-même ; il se déclare le vengeur de nos frères quand nous les avons lésés, si nous ne réparons pas le tort ou l’injure. La voix de Jéhovah est aussi tonnante sur le Sinaï, quand elle réclame les droits de notre prochain, que lorsqu’elle retentit pour déclarer à l’homme ses obligations envers son Créateur. Étant ainsi éclairés sur l’origine de nos devoirs, nous comprendrons mieux l’état de nos consciences, et combien nous sommes redevables à la justice de Dieu. Mais si l’ancienne loi, gravée sur des tables de pierre, sanctionne avec tant d’autorité le précepte de l’amour du prochain ; combien plus la nouvelle, scellée du sang de Jésus-Christ mourant sur la croix pour ses frères ingrats, nous révèlera-t-elle l’étendue du précepte de la charité fraternelle ! Ces deux lois sont devant nous ; elles sont le double texte sur lequel nous serons jugés ; hâtons-nous donc de nous conformer à ce qu’elles prescrivent, afin que cette parole du Sauveur s’accomplisse en nous : « Tout le monde verra que vous êtes mes disciples à l’affection que vous aurez les uns pour les autres]. »

ÉVANGILE.

La loi que Dieu avait donnée à Moïse prescrivait un grand nombre de pratiques et de cérémonies extérieures ; et les Juifs fidèles les observaient avec zèle et ponctualité. Jésus lui-même, bien qu’il fût le législateur suprême, s’y conforma en toute humilité. Mais les Pharisiens avaient ajouté des traditions humaines et superstitieuses aux lois et aux ordonnances divines, et ils faisaient consister la religion dans ces inventions de leur orgueil. Le Sauveur vient au secours des faibles et des simples que ce faux enseignement pouvait égarer, et il rétablit le véritable sens des prescriptions extérieures. Les Pharisiens pratiquaient dans le cours de la journée un grand nombre de lotions, prétendant que s’ils ne se fussent pas ainsi lavé les mains, et même une fois par jour tout le corps, leur nourriture aurait été impure, à raison des souillures qu’ils avaient contractées par la rencontre ou le contact de mille choses qui n’étaient point signalées dans la loi. Jésus veut arracher les Juifs à ce joug humiliant et arbitraire, et il reproche aux Pharisiens d’avoir perverti la loi de Moïse.

Venant ensuite à juger le fond de ces pratiques, il enseigne qu’il n’y a point de créature impure par elle-même, que la conscience d’un homme ne saurait être souillée par le seul fait de la nourriture qui descend dans son estomac. « Ce qui a rend l’homme coupable, ce sont, dit le Sauveur, les pensées mauvaises, les œuvres mauvaises, qui montent du cœur. » Les hérétiques ont prétendu trouver dans ces paroles la réprobation des pratiques extérieures qu’impose l’Église, et spécialement la condamnation des abstinences qu’elle prescrit ; mais en cela ils méritent qu’on leur applique à leur tour ce que Jésus-Christ disait aux Pharisiens : « Ce sont des aveugles qui conduisent d’autres aveugles. » En effet, de ce que les péchés que l’homme commet à propos des choses matérielles doivent être mis sur le compte de la volonté qui est spirituelle, il ne s’ensuit pas que cette volonté puisse innocemment user des choses matérielles, lorsque Dieu, ou son Église qui commande en son nom, le défendent. Dieu défendit à nos premiers pères, sous peine de mort, de manger du fruit d’un certain arbre ; ils en mangèrent et furent coupables. Est-ce parce que le fruit en lui-même était impur ? Non ; ce fruit était une créature de Dieu comme les autres fruits du jardin ; mais le cœur de nos premiers parents accueillit la pensée de la désobéissance et s’y livra : voilà comment le péché fut commis à l’occasion d’un fruit. Par sa loi donnée sur le Sinaï, Dieu avait interdit aux Hébreux l’usage de la chair de certaines espèces d’animaux ; s’ils en mangeaient, ils devenaient coupables, parce qu’ils avaient désobéi au Seigneur, et non parce que ces viandes étaient maudites en elles-mêmes. Les préceptes de l’Église relatifs au jeûne et à l’abstinence sont de même nature que ceux que nous venons de rappeler. Afin de nous donner lieu d’appliquer en nous, et uniquement dans notre intérêt, le principe de la pénitence chrétienne, l’Église nous prescrit l’abstinence dans une certaine mesure ; si nous violons sa loi, ce ne sont pas les mets dont nous usons qui nous souillent : c’est la révolte contre un pouvoir sacré que Jésus-Christ recommandait hier à notre respect avec tant d’énergie, qu’il ne faisait pas difficulté de nous dire que quiconque n’écoute pas l’Église doit être tenu par nous au rang des païens.

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Mardi de la IIIème semaine de Carême

14 Mars 2023 , Rédigé par Ludovicus

Mardi de la IIIème semaine de Carême

Collecte

Exaucez-nous, Dieu tout-puissant et miséricordieux, et accordez-nous, dans votre bonté, le don d’une continence salutaire. Par N.-S.

Lecture 4 R. 4, 1-7

En ces jours-là, une femme cria vers le prophète Élisée, en disant : Mon mari, votre serviteur est mort, et vous savez que votre serviteur craignait le Seigneur ; et maintenant son créancier vient pour prendre mes deux fils, et en faire ses esclaves. Élisée lui dit : Que voulez-vous que je fasse ? Dites-moi, qu’avez-vous dans votre maison ? Elle répondit : Votre servante n’a dans sa maison qu’un peu d’huile pour s’en oindre. Élisée lui dit : Allez emprunter de vos voisins un grand nombre de vases vides ; puis rentrez chez vous et fermez la porte sur vous. Et vous tenant au dedans, vous et vos fils, versez de l’huile dans tous ces vases, et quand Ils seront pleins, vous les enlèverez. Cette femme alla donc ; elle ferma la porte sur elle et sur ses enfants ; ses enfants lui présentaient les vases, et elle y versait de l’huile. Et lorsque les vases furent remplis, elle dit à son fils : Apportez-moi encore un vase. Il lui répondit : Je n’en ai plus. Et l’huile s’arrêta. Cette femme alla rendre compte de tout à l’homme de Dieu, qui lui dit : Allez, vendez cette huile, payez votre créancier et vous et vos fils, vivez du reste.

Évangile Mt, 18, 15-22

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Si ton frère a péché contre toi, va, et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. Mais, s’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire soit réglée par l’autorité de deux ou trois témoins. S’il ne les écoute pas, dis-le à l’Église ; et s’il n’écoute pas l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. En vérité, je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié aussi dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié aussi dans le ciel. Je vous dis encore que si deux d’entre vous s’accordent sur la terre, quelque chose qu’ils demandent, ils l’obtiendront de mon Père qui est dans les cieux. Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux. Alors Pierre, s’approchant de lui, dit : Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il aura péché contre mot ? Sera-ce jusqu’à sept fois ? Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.

Office

1ère leçon

Homélie de saint Augustin, évêque

Pourquoi le reprends-tu ? Dans l’amertume de te sentir offensé ? Non, je l’espère ! Si tu agis ainsi par amour-propre, ton action est nulle ! Si tu agis par amour de l’autre, rien de mieux ! Pour savoir sous l’empire de quel amour tu dois agir, l’amour envers toi ou envers lui, prête donc bien attention aux paroles elles-mêmes. « S’il t’écoute, est-il dit, tu as gagné ton frère. » Donc, agis pour lui, dans l’intention de le gagner. En agissant de la sorte, tu le gagnes. Si tu ne l’eus fait, c’était sa perte. Comment est-il possible que la plupart des hommes ne prennent pas au sérieux de tels péchés ? Ils disent : « Qu’ai-je fait de grave ? J’ai péché contre un homme. » Prends cela au sérieux : c’est contre un homme que tu as péché.

2e leçon

Veux-tu le savoir ? Pécher contre un homme, c’est aller à ta perte. Si celui contre qui tu as péché te reprend, seul à seul, et que tu l’écoutes, il t’a gagné. Qu’est-ce à dire : « Il t’a gagné » ? Ceci : s’il ne te gagnait, tu étais perdu. D’ailleurs si tu n’étais pas perdu, comment a-t-il pu te gagner ? Que nul donc ne le prenne à la légère, si c’est contre son frère qu’il pèche. A un certain endroit, l’Apôtre le dit : « En péchant ainsi contre vos frères, en blessant leur conscience qui est faible, c’est contre le Christ que vous péchez. » Oui, certes, car tous nous sommes devenus membres du Christ. Toi qui pèches contre un membre du Christ, comment ne pèches-tu pas contre le Christ ?

3e leçon

Que personne donc ne dise : « Je n’ai pas péché contre Dieu, mais j’ai péché contre mon frère, j’ai péché contre un homme, il n’y a là que peccadille, voire même rien du tout ! » Sans doute parles-tu ainsi : « Il n’y a là que peccadille », parce que la guérison peut en être immédiate. Tu as péché contre ton frère ? Fais satisfaction et tu es guéri ! En un instant, tu l’as posé, cet acte porteur de mort. Mais en un instant, tu en as trouvé le remède. Mes frères, lequel d’entre nous oserait espérer le Royaume des Cieux, lorsque l’Évangile affirme : « Celui qui dit à son frère : mécréant sera passible de la géhenne de feu » ? Terrifiante perspective ! Mais, regarde, voici le remède. « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là, tu te rappelles que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel ». Dieu ne s’irrite pas si tu diffères de présenter ton offrande : c’est toi que cherche Dieu plutôt que ton offrande.

La Station est dans l’Église de sainte Pudentienne, petite-fille du sénateur Pudens. Cette vierge illustra Rome chrétienne au IIe siècle par sa piété, sa charité et son zèle à ensevelir les corps des Martyrs. Son église est bâtie sur l’emplacement de la maison qu’elle habitait avec son père et sa sœur sainte Praxède, maison qui avait été, sous son aïeul, honorée de la présence de saint Pierre.

LEÇON.

Le mystère de cette lecture est facile à saisir. Le créancier de l’homme est Satan, à qui nos péchés ont donné sur nous d’immenses droits. Le seul moyen de nous acquitter est l’huile, c’est-à-dire la miséricorde, dont l’huile est le symbole par sa douceur. « Heureux ceux qui sont miséricordieux : car ils obtiendront eux-mêmes miséricorde» En ces jours de salut, préparons donc notre réconciliation par notre empressement à soulager nos frères, joignant l’aumône au jeûne, et pratiquant les œuvres de miséricorde. Par ce moyen, nous déchirons le cœur de Dieu ; et nous remettant lui-même notre dette, il enlèvera à Satan le titre qu’il s’apprêtait à faire valoir contre nous. Profitons de l’exemple de cette femme de l’Écriture : c’est loin des regards des hommes qu’elle remplit ses vases de l’huile mystérieuse ; fermons aussi notre porte pour faire le bien ; et « que notre main gauche ignore ce qu’aura fait notre main droite ». Observons encore ceci : l’huile ne s’arrête que lorsqu’il n’y a plus de vases à remplir. Ainsi notre miséricorde envers le prochain doit être proportionnée à nos moyens d’action. Dieu les connaît, et il ne veut pas que nous restions en deçà de ce que nous pouvons faire. Soyons donc larges en ce saint temps, et prenons la résolution de l’être toujours. Quand les ressources matérielles nous manqueront, soyons encore miséricordieux par nos désirs, par nos instances auprès des hommes, par nos prières auprès de Dieu.

ÉVANGILE.

La miséricorde que le Seigneur veut voir en nous ne consiste pas seulement à répandre l’aumône corporelle et spirituelle dans le sein des malheureux ; elle embrasse encore le pardon et l’oubli des injures. C’est ici que Dieu nous attend pour éprouver la sincérité de notre conversion. « La mesure dont vous aurez usé envers les autres, dit-il, sera celle dont on usera envers vous. »

Si nous pardonnons du fond du cœur à nos ennemis, le Père céleste nous pardonnera sans restriction à nous-mêmes. En ces jours de réconciliation, efforçons-nous de gagner nos frères, comme dit le Seigneur ; et pour cela, pardonnons, quand bien même il le faudrait faire septante fois sept fois. Nos rixes d’un jour sur le chemin de l’éternité ne doivent pas nous faire manquer le terme du voyage. Remettons donc les torts et les injures, et imitons la conduite de Dieu lui-même à notre égard.

Remarquons encore dans notre Évangile ces paroles qui sont le fondement de notre espérance, et qui doivent retentir jusqu’au fond de nos cœurs reconnaissants : Tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Quel nombre immense de pécheurs vont faire l’expérience de cette heureuse promesse ! Ils confesseront leurs péchés, ils offriront à Dieu l’hommage d’un cœur contrit et humilié ; et au moment où le prêtre les déliera sur la terre, la main de Dieu au ciel les dégagera des liens qui les tenaient enchaînés pour les supplices éternels.

Enfin, n’oublions pas non plus cette autre parole qui est liée à la précédente : Si quelqu’un n’écoute pas l’Église, qu’il vous soit comme un païen et un publicain. Qu’est-ce donc que cette Église dont il est parlé ici ? Des hommes auxquels Jésus-Christ a dit : Qui vous écoute m’écoute ; qui vous méprise me méprise ; des hommes par la bouche desquels la vérité, qui seule peut sauver, arrive à l’oreille du Chrétien ; des hommes qui seuls sur la terre peuvent réconcilier le pécheur avec Dieu, lui fermer l’enfer et lui ouvrir le ciel. Devons-nous donc nous étonner après cela que le Sauveur, qui les a voulus pour ses intermédiaires entre lui et les hommes, menace de regarder comme un païen, comme un homme sans baptême, celui qui ne reconnaît pas leur autorité ? En dehors de leur enseignement, point de vérité révélée ; en dehors des Sacrements qu’ils administrent, point de salut ; en dehors de la soumission aux lois spirituelles qu’ils imposent, point d’espérance en Jésus-Christ.

 

 

 

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