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Regnum Galliae Regnum Mariae
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Le Pain de Vie

10 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Le Pain de Vie

Ils lui dirent: "Que devons-nous faire, pour faire les œuvres de Dieu?"

Jésus leur répondit: "Voici l’œuvre que Dieu demande, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé."

Ils lui dirent: "Quel miracle faites-vous donc afin que nous le voyions et que nous croyions en vous? Quelles sont vos œuvres? Nos pères ont mangé la manne dans le désert, ainsi qu'il est écrit: Il leur a donné à manger le pain du ciel."

Jésus leur répondit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel; c'est mon Père qui donne le vrai pain du ciel.Car le pain de Dieu, c'est le pain qui descend du ciel et qui donne la vie au monde."

Ils lui dirent donc: "Seigneur, donnez-nous toujours de ce pain."

Jésus leur répondit: "Je suis le pain de vie: celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui croit en moi n'aura jamais soif.Mais je vous l'ai dit, vous m'avez vu et vous ne croyez point. Tout ce le Père me donne viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne jetterai point dehors.Car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. Or, la volonté de celui qui m'a envoyé, est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Car c'est la volonté de mon Père qui m'a envoyé, que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle; et moi je le ressusciterai au dernier jour."

Les Juifs murmuraient à son sujet, parce qu'il avait dit: "Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel." Et ils disaient: "N'est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère? Comment dit-il: Je suis descendu du ciel?"

Jésus leur répondit: "Ne murmurez point entre vous. Nul ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire; et moi je le ressusciterai au dernier jour.Il est écrit dans les Prophètes: Ils seront tous enseignés par Dieu. Quiconque a entendu le Père et a reçu son enseignement, vient à moi. Ce n'est pas que personne ait vu le Père, sinon celui qui est de Dieu; celui-là a vu le Père.

En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle.

Je suis le pain de vie.

Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. Voici le pain descendu du ciel, afin qu'on en mange et qu'on ne meure point. Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair, pour le salut du monde."

Là-dessus, les Juifs disputaient entre eux, disant: "Comment cet homme peut-il donner sa chair à manger?"

Jésus leur dit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et ne buvez son sang, vous n'avez point la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
Car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage.

Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui.

Comme le Père qui est vivant m'a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra aussi par moi.

C'est là le pain qui est descendu du ciel: il n'en est point comme de vos pères qui ont mangé la manne et qui sont morts; celui qui mange de ce pain vivra éternellement."

Jésus dit ces choses, enseignant dans la synagogue à Capharnaüm.


Beaucoup de ses disciples l'ayant entendu dirent: "Cette parole est dure, et qui peut l'écouter?"

Jésus, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce sujet, leur dit: "Cela vous scandalise? Et quand vous verrez le Fils de l'Homme monter où il était auparavant?…
C'est l'Esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie.Mais il y en a parmi vous quelques-uns qui ne croient point."

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Sainte Scholastique vierge

10 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Sainte Scholastique vierge

Collecte

O Dieu, qui, pour faire connaître la vie innocente de la bienheureuse Vierge Scholastique, avez fait entrer au ciel son âme sous la forme d’une colombe, accordez-nous, par ses mérites et ses prières, de vivre dans l’innocence, de telle sorte que nous méritions d’arriver aux joies éternelles.

Office

Du second livre des Dialogues de saint Grégoire, Pape.

Quatrième leçon. Scholastique, sœur du vénérable Père Benoît, se consacra au Seigneur dès sa plus tendre enfance. Elle avait’ coutume de venir visiter son frère une fois chaque année, et l’homme de Dieu descendait pour la recevoir dans une propriété qui dépendait du monastère, et en était peu éloignée. Un jour, Scholastique étant venue selon sa coutume, son vénérable frère descendit vers elle avec quelques disciples ; ils passèrent tout le jour dans les louanges de Dieu et de pieux entretiens, et lorsque les ténèbres de la nuit commencèrent à couvrir la terre, ils prirent leur repas. Ils étaient encore à table où ils avaient prolongé leurs saints colloques, et comme il se faisait tard, la vierge consacrée au Seigneur adressa cette demande à son frère : « Je vous prie de ne pas m’abandonner cette nuit, afin que nous nous entretenions jusqu’au matin des joies de la vie céleste ». Le Saint lui répondit : « Que dites-vous, ma sœur ? Je ne puis en aucune façon demeurer hors du monastère ». Le ciel était alors si serein qu’aucun nuage n’apparaissait dans l’atmosphère. Quand la servante de Dieu entendit le refus de son frère, elle appuya sur la table ses mains jointes, et cacha son visage dans ses mains pour prier le Seigneur tout-puissant. Au moment où elle releva la tête, les éclairs brillèrent, le tonnerre éclata avec violence, la pluie tomba par torrents, au point que, ni le vénérable Benoît ni les frères qui étaient avec lui, ne purent mettre le pied hors du lieu où ils étaient.

Cinquième leçon. La Sainte, penchant sa tête entre ses mains, avait versé sur la table un torrent de larmes qui avait fait succéder la pluie à la sérénité de l’air. L’orage suivit immédiatement sa prière, et la coïncidence de ces deux choses fut si parfaite, que le tonnerre se mit à gronder à l’instant même où Scholastique relevait la tête de dessus la table : en sorte qu’un même instant vit la Sainte faire ce mouvement, et la pluie tomber du ciel. L’homme de Dieu, voyant que ces éclairs, ces coups de tonnerre, cette pluie diluvienne ne lui permettaient pas de rentrer au monastère, en fut contristé et commença à s’en plaindre, disant : « Que le Dieu tout-puissant vous pardonne, ma sœur ; que venez-vous de faire ? » Elle lui répondit : « Je vous ai adressé une demande et vous n’avez pas voulu m’écouter ; j’ai prié mon Dieu et il m’a exaucée. Sortez maintenant, si vous pouvez, laissez-moi et retournez à votre monastère ». Mais le Saint était dans l’impossibilité de sortir de la maison, et lui, qui n’avait pas voulu y rester spontanément, demeura contre son gré. C’est ainsi qu’il advint que les deux Saints veillèrent la nuit entière, et, en de pieux entre-liens sur la vie spirituelle, se rassasièrent à loisir par l’échange des sentiments qu’ils éprouvaient.

Sixième leçon. Le lendemain, la vénérable vierge retourna à son monastère et l’homme de Dieu reprit le chemin de son cloître. Trois jours après, étant dans sa cellule, et ayant levé les yeux au ciel, Benoît vit l’âme de sa sœur, sortie de son corps, pénétrer sous la forme d’une colombe les hauteurs mystérieuses des cieux. Ravi de joie à la vue de la grande gloire de cette âme, il rendit grâces au Dieu tout-puissant par des hymnes et des cantiques, et annonça aux frères la mort de Scholastique. Il les envoya aussitôt chercher le corps de la Sainte, afin qu’ils l’apportassent au monastère et qu’il fût déposé dans le tombeau qu’il s’était préparé pour lui-même. Il arriva ainsi qu’une même tombe réunit les corps de ceux dont les âmes avaient toujours été intimement unies en Dieu.

 La sœur du Patriarche des moines d’Occident vient nous réjouir aujourd’hui de sa douce présence ; la fille du cloître apparaît sur le Cycle à côté de la martyre ! Toutes deux épouses de Jésus, toutes deux couronnées, parce que toutes deux ont combattu et ont remporté la palme. L’une l’a cueillie au milieu des rudes assauts de l’ennemi, dans ces heures formidables où il fallait vaincre ou mourir ; l’autre a dû soutenir durant sa vie entière une lutte de chaque jour, qui s’est prolongée, pour ainsi dire, jusqu’à la dernière heure. Apolline et Scholastique sont sœurs ; elles sont unies à jamais dans le cœur de leur commun Époux.

Il fallait que la grande et austère figure de saint Benoît nous apparût adoucie par les traits angéliques de cette sœur que, dans sa profonde sagesse, la divine Providence avait placée près de lui pour être sa fidèle coopératrice. La vie des saints présente souvent de ces contrastes, comme si le Seigneur voulait nous faire entendre que bien au-dessus des régions de la chair et du sang, il est un lien pour les âmes, qui les unit et les rend fécondes, qui les tempère et les complète. Ainsi, dans la patrie céleste, les Anges des diverses hiérarchies s’unissent d’un amour mutuel dont le souverain Seigneur est le nœud, et goûtent éternellement les douceurs d’une tendresse fraternelle.

La vie de Scholastique s’est écoulée ici-bas, sans laisser d’autre trace que le gracieux souvenir de cette colombe qui, se dirigeant vers le ciel d’un vol innocent et rapide, avertit le frère que la sœur le devançait de quelques jours dans l’asile de l’éternelle félicité. C’est à peu près tout ce qui nous reste sur cette admirable Épouse du Sauveur, avec le touchant récit dans lequel saint Grégoire le Grand nous a retracé l’ineffable débat qui s’éleva entre le frère et la sœur, trois jours avant que celle-ci fût conviée aux noces du ciel. Mais que de merveilles cette scène incomparable ne nous révèle-t-elle pas ! Qui ne comprendra tout aussitôt l’âme de Scholastique à la tendre naïveté de ses désirs, à sa douce et ferme confiance envers Dieu, à l’aimable facilité avec laquelle elle triomphe de son frère, en appelant Dieu même à son secours ? Les anciens vantaient la mélodie des accents du cygne à sa dernière heure ; la colombe du cloître bénédictin, prête à s’envoler de cette terre, ne l’emporte-t-elle pas sur le cygne en charme et en douceur ?

Mais où donc la timide vierge puisa-t-elle cette force qui la rendit capable de résister au vœu de son frère, en qui elle révérait son maître et son oracle ? qui donc l’avertit que sa prière n’était pas téméraire, et qu’il pouvait y avoir en ce moment quelque chose de meilleur que la sévère fidélité de Benoît à la Règle sainte qu’il avait donnée, et qu’il devait soutenir par son exemple ? Saint Grégoire nous répondra. Ne nous étonnons pas, dit ce grand Docteur, qu’une sœur qui désirait voir plus longtemps son frère, ait eu en ce moment plus de pouvoir que lui-même sur le cœur de Dieu ; car, selon la parole de saint Jean, Dieu est amour, et il était juste que celle qui aimait davantage se montrât plus puissante que celui qui se trouva aimer moins. »

Sainte Scholastique sera donc, dans les jours où nous sommes, l’apôtre de la charité fraternelle. Elle nous animera à l’amour de nos semblables, que Dieu veut voir se réveiller en nous, en même temps que nous travaillons à revenir à lui. La solennité pascale nous conviera à un même banquet ; nous nous y nourrirons de la même victime de charité. Préparons d’avance notre robe nuptiale ; car celui qui nous invite veut nous voir habiter unanimes dans sa maison].

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Saint Cyrille d’Alexandrie évêque confesseur et docteur mémoire de Sainte Apolline Vierge et Martyre

9 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Cyrille d’Alexandrie évêque confesseur et docteur mémoire de Sainte Apolline Vierge et Martyre

Collecte

O Dieu, qui avez fait du bienheureux Cyrille, Confesseur et Pontife, le défenseur invincible de la divine maternité de la bienheureuse Vierge Marie, accordez, qu’intercédant pour nous, il nous obtienne, à nous qui la croyons vraiment Mère de Dieu, d’être sauvés par sa protection maternelle.

Office

Quatrième leçon. Cyrille d’Alexandrie, dont l’éloge n’est pas seulement appuyé sur le témoignage de quelques-uns, mais dont les louanges sont même célébrées dans les actes des conciles d’Éphèse et de Chalcédoine, naquit de parents illustres ; il était neveu de Théophile, Évêque d’Alexandrie. Dès son adolescence, il donna des marques évidentes de son esprit supérieur. Parfaitement instruit des lettres et des sciences, il se rendit auprès de Jean, Évêque de Jérusalem, pour se perfectionner dans la foi chrétienne. Comme il revenait à Alexandrie, Théophile étant mort, il fut élevé à son siège. Dans l’exercice de cette charge, il eut toujours devant lui le type du pasteur accompli, tracé par l’Apôtre, en sorte qu’il acquit à bon droit la réputation glorieuse d’un très saint Prélat.

Cinquième leçon. En flammé de zèle pour le salut des âmes, il mit tous ses soins à maintenir dans la foi et l’intégrité des mœurs, le troupeau qui lui était confié, et à le détourner des pâturages empoisonnés des infidèles et des hérétiques, il s’efforça d’expulser de la ville les sectateurs de Novat, et de punir conformément aux lois les Juifs qui, dans leur frénésie, avaient conspiré le massacre des Chrétiens. Mais le zèle de Cyrille pour l’intégrité de la foi catholique se déploya surtout contre Nestorius, Évêque de Constantinople, lequel prétendait que Jésus-Christ, né de la Vierge Marie, était homme seulement et non Dieu, et que la divinité lui avait été accordée à cause de ses mérites. Ayant vainement tenté d’obtenir l’amendement de l’hérésiarque, il le dénonça au souverain Pontife saint Célestin.

Sixième leçon. Par délégation de Célestin, Cyrille présida au concile d’Éphèse ; l’hérésie nestorienne y fut entièrement proscrite, et Nestorius condamné et déposé de son siège. Le dogme catholique d’une seule et divine personne dans le Christ et de la divine maternité de la glorieuse Vierge Marie, y fut affirmé aux applaudissements du peuple entier, -qui, manifestant une joie indicible, reconduisit les Évêques dans leurs demeures en portant des torches allumées. Ayant eu à subir, à cause de cela des calomnies, des injures et de nombreuses persécutions de la part de Nestorius et de ses partisans, Cyrille les supporta avec fa plus grande patience ; soucieux des seuls intérêts de la foi, il comptait pour rien tout ce que les hérétiques disaient et entreprenaient contre lui. Enfin, ayant accompli les plus grands travaux pour l’Église de Dieu, publié plusieurs écrits, soit pour réfuter les païens et les hérétiques, soit pour expliquer les saintes Écritures et les dogmes catholiques, il entra dans l’éternel repos par une sainte mort, en l’an née quatre cent quarante-quatre, la trente-deuxième de son épiscopat. Le souverain Pontife Léon XIII a étendu à l’Église universelle l’Office et la Messe de cet illustre champion de la foi catholique, qui fut la lumière de l’Orient.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

 « Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta race et la sienne ; elle t’écrasera la tête, et tu chercheras à la mordre au talon] » Cette parole qui fut dite au serpent dans les jours que l’Église rappelle maintenant à la pensée de ses fils, domine l’histoire entière du monde. La femme, tombée la première par la ruse de Satan, s’est aussi, en Marie, relevée la première. Dans son immaculée Conception, dans son enfantement virginal, dans l’offrande qu’elle fit à Dieu de l’Adam nouveau sur la montagne d’expiation, la nouvelle Ève a montré à l’antique ennemi la puissance de son pied victorieux. Aussi l’ange révolté, devenu le prince du monde autrefois par la complicité de l’homme], a-t-il sans cesse, dès lors, dirigé contre la femme qui triompha de lui les forces réunies de son double empire sur les légions infernales et les fils de ténèbres. Marie, au ciel, poursuit la lutte qu’elle commença sur la terre. Reine des esprits bienheureux et des fils de lumière, elle meneau combat, comme une seule armée, les phalanges célestes et les bataillons de l’Église militante. Le triomphe de ces troupes fidèles est celui de leur souveraine : l’écrasement continu de la tête du père du mensonge, par la défaite de l’erreur et l’exaltation de la vérité révélée, du Verbe divin, fils de Marie et fils de Dieu.

Mais jamais cette exaltation du Verbe divin n’apparut plus intimement liée au triomphe de son auguste mère, que dans le combat mémorable où le pontife proposé en ce jour à nos hommages reconnaissants eut une part si glorieuse. Cyrille d’Alexandrie est le Docteur de la maternité divine, comme son prédécesseur, Athanase, avait été celui de la consubstantialité du Verbe ; l’Incarnation repose sur les deux ineffables mystères qui furent, à un siècle de distance, l’objet de leur confession et de leurs luttes. Comme Fils de Dieu, le Christ devait être consubstantiel à son Père ; caria simplicité infinie de l’essence divine exclut toute idée de division ou de partage : nier en Jésus, Verbe divin, l’unité de substance avec son principe, était nier sa divinité. Comme fils de l’homme en même temps que vrai Dieu de vrai Dieu], Jésus devait naître ici-bas d’une fille d’Adam, et cependant rester dans son humanité une même personne avec le Verbe consubstantiel au Père : nier dans le Christ cette union personnelle des deux natures, était de nouveau méconnaître sa divinité ; c’était proclamer du même coup que la Vierge bénie, vénérée jusque-là comme ayant enfanté Dieu dans la nature qu’il avait prise pour nous sauver, n’était que la mère d’un homme.

Trois siècles de persécution furieuse avaient essayé vainement d’arracher à l’Église le désaveu de la divinité de l’Époux. Le monde cependant venait à peine d’assister au triomphe de l’Homme-Dieu, que déjà l’ennemi exploitait la victoire ; mettant à profit l’état nouveau du christianisme et sa sécurité du côté des bourreaux, il allait s’efforcer d’obtenir désormais sur le terrain de la fausse science le reniement qui lui avait été refusé dans l’arène du martyre. Le zèle amer des hérétiques pour réformer la croyance de l’Église allait servir l’inimitié du serpent, et concourir plus au développement de sa race maudite que n’avaient fait les défaillances des apostats. Bien digne par son orgueil d’être, à l’âge de la paix, le premier de ces docteurs de l’enfer, Arius parut d’abord, portant le débat jusque dans les profondeurs de l’essence divine, et rejetant au nom de textes incompris le consubstantiel. Au bout d’un siècle où sa principale force avait été l’appui des puissances de ce monde, l’arianisme tombait, ne gardant de racine que chez les nations qui, récemment baptisées, n’avaient point eu à verser leur sang pour la divinité du Fils de Dieu. C’est alors que Satan produisit Nestorius.

Habile à se transformer en ange de lumière], l’ancien ennemi revêtit son apôtre d’une double auréole menteuse de sainteté et de science ; l’homme qui devait exprimer plus nettement qu’aucun autre la haine du serpent contre la femme et son fruit, put s’asseoir sur le siège épiscopal de Constantinople aux applaudissements de l’Orient tout entier, qui se promettait de voir revivre en lui l’éloquence et les vertus d’un nouveau Chrysostome. Mais la joie des bons fut de courte durée. En l’année même qui avait vu l’exaltation de l’hypocrite pasteur, le jour de Noël 428, Nestorius, profitant du concours immense des fidèles assemblés pour fêter l’enfantement de la Vierge-mère, laissait tomber du haut de la chaire épiscopale cette parole de blasphème : « Marie n’a point enfanté Dieu ; son fils n’était qu’un homme, instrument de la divinité. » Un frémissement d’horreur parcourut à ces mots la multitude ; interprète de l’indignation générale, le scolastique Eusèbe, simple laïque, se leva du milieu de la foule et protesta contre l’impiété. Bientôt, une protestation plus explicite fut rédigée au nom des membres de cette Église désolée, et répandue à nombreux exemplaires, déclarant anathème à quiconque oserait dire : « Autre est le Fils unique du Père, autre celui de la vierge Marie. » Attitude généreuse, qui fut alors la sauvegarde de Byzance, et lui valut l’éloge des conciles et des papes ! Quand le pasteur se change en loup, c’est au troupeau à se défendre tout d’abord. Régulièrement sans doute la doctrine descend des évêques au peuple fidèle, et les sujets, dans l’ordre de la foi, n’ont point à juger leurs chefs. Mais il est dans le trésor de la révélation des points essentiels, dont tout chrétien, par le fait même de son titre de chrétien, a la connaissance nécessaire et la garde obligée. Le principe ne change pas, qu’il s’agisse de croyance ou de conduite, de morale ou de dogme. Les trahisons pareilles à celle de Nestorius sont rares dans l’Église ; mais il peut arriver que des pasteurs restent silencieux, pour une cause ou pour l’autre, en certaines circonstances où la religion même serait engagée. Les vrais fidèles sont les hommes qui puisent dans leur seul baptême, en de telles conjonctures, l’inspiration d’une ligne de conduite ; non les pusillanimes qui, sous le prétexte spécieux de la soumission aux pouvoirs établis, attendent pour courir à l’ennemi, ou s’opposer à ses entreprises, un programme qui n’est pas nécessaire et qu’on ne doit point leur donner.

Cependant l’émotion produite par les blasphèmes de Nestorius agitait tout l’Orient, et gagna bientôt Alexandrie. Cyrille occupait alors la chaire fondée par Marc au nom de Pierre, et décorée de l’honneur du second siège par la volonté de ce chef des Églises. L’accord d’Athanase et des pontifes romains avait, au siècle précédent, vaincu l’arianisme ; c’était l’union d’Alexandrie avec Rome qui devait, cette fois encore, écraser l’hérésie. Pourtant l’ennemi, instruit par l’expérience, avait mis à prendre les devants une prévoyance tout infernale ; au jour où le futur vendeur de la Mère de Dieu était monté sur le siège de saint Athanase, l’alliance si formidable au démon n’existait plus. Théophile, le dernier patriarche, l’auteur principal de la condamnation de saint Jean Chrysostome au conciliabule du Chêne, avait refusé jusqu’à la fin de souscrire à la réhabilitation de sa victime par le Siège apostolique, et Rome avait dû rompre avec sa fille aînée. Or Cyrille était le neveu de Théophile ; il ne connaissait rien des motifs inavouables de son oncle en cette triste affaire ; habitué dès l’enfance à vénérer en lui son légitime supérieur autant que son bienfaiteur et son maître dans la science sacrée, Cyrille, devenu patriarche à son tour, n’eut même pas la pensée de rien changer aux décisions de celui qu’il regardait comme un père : Alexandrie resta séparée de l’Église romaine. Véritablement pareil au serpent, dont la bave empoisonne tout ce qu’elle touche, Satan avait donc tourné à son profit contre Dieu les plus nobles sentiments. Mais Notre-Dame, amie des cœurs droits, n’abandonna pas son chevalier. Au bout de quelques années dont les traverses apprirent au jeune patriarche à connaître les hommes, un saint moine, Isidore de Péluse, ouvrait pleinement ses yeux à la lumière ; Cyrille, convaincu, n’hésitait pas à rétablir sur les diptyques sacrés le nom de Jean Chrysostome. La trame ourdie par l’enfer était dénouée : pour les nouvelles luttes de la foi qui allaient s’engager en Orient, Rome retrouvait sur les bords du Nil un nouvel Athanase.

Ramené par un moine dans les sentiers de la sainte unité, Cyrille voua aux solitaires une affection pareille à celle dont les avait entourés son illustre prédécesseur. Il les choisit pour confidents de ses angoisses, au premier bruit des impiétés nestoriennes ; dans une lettre devenue célèbre, c’est leur foi qu’il veut éclairer la première sur le danger qui menace les Églises. « Car, leur dit-il, ceux qui ont embrassé dans le Christ l’enviable et noble vie qui est la vôtre, doivent premièrement briller par l’éclat d’une foi sans équivoque et non diminuée, et greffer ensuite sur cette foi la vertu ; cela fait, ils doivent mettre leur opulence à développer en eux la connaissance du mystère du Christ, tendant par tous les efforts à en acquérir l’intelligence la plus parfaite. C’est ainsi que je comprends, ajoute le saint Docteur, la poursuite de l’homme parfait dont parle l’Apôtre], la manière d’arriver à la mesure du Christ et à sa plénitude]. »

Le patriarche d’Alexandrie ne devait pas se contenter d’épancher son âme avec ceux dont l’assentiment lui était assuré d’avance. Par des lettres où la mansuétude de l’évêque ne le cède qu’à la force et à l’ampleur de son exposition doctrinale, Cyrille tenta de ramener Nestorius. Mais le sectaire s’opiniâtrait ; à défaut d’arguments, il se plaignit de l’ingérence du patriarche. Comme toujours en pareille circonstance, il se trouva des hommes d’apaisement qui, sans partager son erreur, estimaient que le mieux eût été en effet de ne pas lui répondre, par crainte de l’aigrir, d’augmenter le scandale, de blesser en un mot la charité. A ces hommes dont la vertu singulière avait la propriété de s’effrayer moins des audaces de l’hérésie que de l’affirmation de la foi chrétienne, à ces partisans de la paix quand même, Cyrille répondait : « Eh ! quoi ; Nestorius ose laisser dire en sa présence dans l’assemblée des fidèles : « Anathème à quiconque nomme Marie mère de Dieu ! par la bouche de ses partisans il frappe a ainsi d’anathème nous et les autres évêques de l’univers, et les anciens Pères qui, partout et dans tous les âges, ont reconnu et honoré unanimement la sainte Mère de Dieu ! Et il n’eût pas été dans notre droit de lui retourner sa parole et de dire : Si quelqu’un nie que Marie soit mère de Dieu, qu’il soit anathème ! Cependant cette parole, par égard pour lui, je ne l’ai pas dite encore ».

D’autres hommes, qui sont aussi de tous les temps, découvraient le vrai motif de leurs hésitations, lorsque faisant valoir bien haut les avantages de la concorde et leur vieille amitié pour Nestorius, ils rappelaient timidement le crédit de celui-ci, le danger qu’il pouvait y avoir à contredire un aussi puissant adversaire. « Que ne puis-je en perdant tous mes biens, répondait Cyrille, satisfaire l’évêque de Constantinople, apaiser l’amertume de mon frère ! Mais c’est de la foi qu’il s’agit ; le scandale est dans toutes les Églises ; chacun s’informe au sujet de la doctrine nouvelle. Si nous, qui avons reçu de Dieu la mission d’enseigner, ne portons pas remède à de si grands maux, au jour du jugement y aura-t-il pour nous assez de flammes ? Déjà la calomnie, l’injure, ne m’ont pas manqué ; oubli sur tout cela : que seulement la foi reste sauve, et je ne concéderai à personne d’aimer plus ardemment que moi Nestorius. Mais si, du fait de quelques-uns, la foi vient à souffrir, qu’on n’en doute point : nous ne perdrons pas nos âmes, la mort même fût-elle sur notre tête. Si la crainte de quelque ennui l’emporte en nous sur le zèle de la gloire de Dieu et nous fait taire la vérité, de quel front pourrons-nous célébrer en présence du peuple chrétien les saints martyrs, lorsque ce qui fait leur éloge est uniquement l’accomplissement de cette parole : « Pour la vérité, combats jusqu’à la mort  ! »

Lorsqu’enfin, la lutte devenue inévitable, il organise la milice sainte qui devra combattre avec lui, appelant à ses côtés les évêques et les moines, Cyrille ne retient plus l’enthousiasme sacré qui l’anime : « Quant à ce qui est de moi, écrit-il à ses clercs résidant pour lui dans la ville impériale, peiner, vivre et mourir pour la foi de Jésus-Christ est mon plus grand désir. Comme il est écrit, je ne donnerai point de sommeil à mes yeux, je ne clorai point mes paupières, je n’accorderai point de repos à ma tête], que je n’aie livré le combat nécessaire au salut de tous. C’est pourquoi, bien pénétrés de notre pensée, agissez virilement ; surveillez l’ennemi, informez-nous de ses moindres mouvements. Au premier jour je vous enverrai, choisis entre tous, des hommes pieux et prudents, évêques a et moines ; dès maintenant je prépare mes lettres, telles qu’il les faut et pour qui il convient. J’ai résolu pour la foi du Christ et de travail1er sans trêve, et de supporter tous les tourments, même réputés les plus terribles, jusqu’à ce qu’enfin m’arrive de subir la mort qui sera douce pour une telle cause] ».

Informé par le patriarche d’Alexandrie de l’agitation des Églises, saint Célestin Ier, qui occupait alors le Siège apostolique, condamna l’hérésie nouvelle, et chargea Cyrille de déposer l’évêque de Constantinople au nom du Pontife romain, s’il ne venait à résipiscence. Mais les intrigues de Nestorius allaient prolonger la lutte. C’est ici qu’à côté de Cyrille, dans ce triomphe de la femme sur l’antique ennemi, nous apparaît l’admirable figure d’une femme, d’une sainte, qui fut, quarante années durant, la terreur de l’enfer et, par deux fois, au nom de la Reine du ciel, écrasa la tête de l’odieux serpent. En un siècle de ruines, chargée à quinze ans des rênes de l’empire, Pulchérie arrêtait par sa prudence dans le conseil et son énergie dans l’exécution les troubles intérieurs, tandis que par la seule force de la divine psalmodie, avec ses sœurs, vierges comme elle, elle contenait les barbares. Lorsque l’Occident s’agitait dans les convulsions d’une dernière agonie, l’Orient retrouvait dans le génie de son impératrice la prospérité des plus beaux jours. En voyant la petite-fille du grand Théodose consacrer ses richesses privées à multiplier dans ses murs les églises de la Mère de Dieu, Byzance apprenait d’elle ce culte de Marie qui devait être sa sauvegarde en tant de mauvais jours, et lui valut du Seigneur fils de Marie mille ans de miséricorde et d’incompréhensible patience. Sainte Pulchérie, saluée par les conciles généraux comme la gardienne de la foi et le boulevard de l’unité], eut, d’après saint Léon, la part principale atout ce qui se fit de son temps contrôles adversaires de la vérité divine]. Deux palmes sont en ses mains, deux couronnes sur sa tête, dit ce grand Pape ; car l’Église lui doit la double victoire sur l’impiété de Nestorius et d’Eutychès qui, se divisant l’attaque, allaient au même but de côtés opposés : la négation de la divine Incarnation et du rôle de la Vierge-mère dans le salut du genre humain].

Mais il faut nous borner. Que ne pouvons-nous du moins suivre aujourd’hui les péripéties des luttes glorieuses dont fut témoin la ville d’Éphèse, lorsque Cyrille, appuyé sur Rome, soutenu par Pulchérie, affermit pour jamais au front de Notre-Dame le plus noble diadème qu’il puisse être donné de porter à une simple créature ! Le récit abrégé consacré par l’Église à l’histoire de notre grand pontife, en donnera quelque idée (voir l’Office à Matines)

Saint Pontife, les cieux se réjouissent et la terre tressaille] au souvenir du combat où la Reine de la terre et des cieux voulut triompher par vous de l’ancien serpent. L’Orient vous honora toujours comme sa lumière. L’Occident saluait en vous dès longtemps le défenseur de la Mère de Dieu ; et voilà qu’aujourd’hui la solennelle mention qu’il consacrait à votre mémoire, dans les fastes des Saints, ne suffît plus à sa reconnaissance. C’est qu’en effet une fleur nouvelle est apparue, dans nos jours, à la couronne de Marie notre Reine ; et cette fleur radieuse est sortie du sol même que vous arrosiez de vos sueurs. En proclamant au nom de Pierre et de Célestin la maternité divine, vous prépariez à Notre-Dame un autre triomphe, conséquence du premier : la mère d’un Dieu ne pouvait être qu’immaculée. Pie IX, en le définissant, n’a fait que compléter l’œuvre de Célestin et la vôtre ; et c’est pourquoi les dates du 22 juin 431 et du 8 décembre 1854 resplendissent d’un même éclat au ciel, comme elles ont amené sur terre les mêmes manifestations d’allégresse et d’amour.

L’Immaculée embaume le monde de ses parfums, et c’est pourquoi, ô Cyrille, l’Église entière se tourne vers vous à quatorze siècles de distance ; jugeant que votre œuvre est achevée, elle vous proclame Docteur, et ne veut pas que rien manque désormais aux hommages que vous doit la terre. Ainsi, ô Pontife aimé du ciel, le culte qui vous est rendu se complète avec celui de la Mère de Dieu ; votre glorification n’est qu’une extension nouvelle de la gloire de Marie. Heureux êtes-vous ! car nulle illustration ne pouvait valoir un rapprochement pareil de la souveraine du monde et de son chevalier.

Comprenant donc que la meilleure manière de vous honorer, ô Cyrille, est d’exalter celle dont la gloire est devenue la vôtre, nous reprenons les accents enflammés que l’Esprit-Saint vous suggérait pour chanter ses grandeurs, au lendemain du triomphe d’Éphèse : « Nous vous saluons, ô Marie Mère de Dieu, comme le joyau resplendissant de l’univers, la lampe qui ne s’éteint pas, la couronne de virginité, le sceptre de l’orthodoxie, le temple indestructible et le lieu où se renferme l’immense, Mère et Vierge, par qui nous est présenté le béni des saints Évangiles, celui qui vient au nom du Seigneur. Salut, ô vous dont le sein virginal et toujours pur a porté l’Infini, par qui est glorifiée la Trinité, par qui la croix précieuse est honorée et adorée dans toute la terre ; joie du ciel, sérénité des archanges et des anges qui mettez en fuite les démons, par vous le tentateur est tombé du ciel, tandis que la créature tombée se relève par vous jusqu’aux cieux. La folie des idoles enserrait le monde, et vous ouvrez ses yeux à la vérité ; à vous les croyants doivent le saint baptême, à vous ils doivent l’huile d’allégresse ; par toute la terre vous fondez les églises, vous amenez les nations à la pénitence. Que dire encore ? C’est par vous que le Fils unique de Dieu a brillé comme la lumière de ceux qui étaient assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort, par vous que les prophètes ont prédit l’avenir, que les apôtres ont annoncé le salut aux nations, que ressuscitent les morts, que règnent les rois par la Trinité sainte. Quel homme jamais pourra célébrer Marie, la toute digne de louange, d’une manière conforme à sa dignité] ? »

Si la dignité de la Mère de Dieu surpasse en effet toute louange, ô Cyrille, obtenez d’elle pourtant qu’elle suscite parmi nous des hommes capables de célébrer comme vous ses grandeurs. Que la puissance dont elle daigna vous revêtir contre ses ennemis, ne fasse point défaut à ceux qui ont à soutenir, de nos jours, la lutte engagée dès l’origine du monde entre la femme et le serpent. L’adversaire a crû en audace ; notre siècle est allé plus loin dans la négation de Jésus que Nestorius, que Julien lui-même, cet empereur apostat contre lequel vous défendîtes aussi la divinité du Fils de la Vierge-mère. O vous qui portâtes à l’erreur des coups si terribles, montrez aux docteurs de nos temps la manière de vaincre : qu’ils sachent comme vous s’appuyer sur Pierre ; qu’ils ne se désintéressent de rien de ce qui touche à l’Église ; qu’ils regardent toujours comme leurs propres ennemis, et leurs seuls ennemis, ceux du règne de Dieu. Dans vos sublimes écrits, les pasteurs apprendront la vraie science, celle des saintes Lettres, sans laquelle leur zèle serait impuissant.

Les chrétiens comprendront à votre école qu’ils ne peuvent espérer croître dans la vertu, sans grandir dans la foi tout d’abord, sans développer en eux la connaissance du mystère de l’Homme-Dieu. En un temps où le vague des notions suffit à tant d’âmes, répétez à tous que « c’est l’amour du vrai qui conduit à la vie]. » A l’approche de la sainte Quarantaine, nous nous rappelons ces Lettres pascales qui chaque année, en ces jours mêmes, allaient porter partout, avec l’annonce de la Solennité des solennités, l’exhortation à la pénitence ; pénétrez nos cœurs amollis du sérieux de la vie chrétienne, excitez-les à entrer vaillamment dans la carrière sainte où ils doivent retrouver la paix avec Dieu parle triomphe sur la chair et les sens.

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Super Tit., cap. 3 l. 1

8 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Super Tit., cap. 3 l. 1

Caput 3

Lectio 1

Super Tit., cap. 3 l. 1 Supra apostolus posuit particulares admonitiones pertinentes ad singulos status, hic ponit generales ad omnes. Et primo ponit ipsas; secundo rationem ipsarum, ibi eramus; tertio inducit Titum ad utrorumque praedicationem, ibi et de his volo te. Circa primum duo facit, quia primo monet omnes qualiter se habeant ad superiores; secundo quomodo ad aequales, ibi neminem blasphemare. Item prima in duas, quia primo ostendit quod superioribus debent subditi reverentiam subiectionis; secundo obedientiam iussionis, ibi dicto obedire. Dicit ergo: dixi de quo moneas praedictos, sed admone illos, id est, omnes, principibus, id est, maioribus, scilicet regibus et huiusmodi, et potestatibus, id est, aliis officialibus, subditos esse. I P. II, 13: subiecti estote omni humanae creaturae propter Deum, sive regi tamquam praecellenti, sive ducibus tamquam ab eo Missis. Rm. XIII, 1: omnis anima potestatibus sublimioribus subdita sit. Et haec monitio necessaria est, primo ad tollendum errorem circa Iudaeos, qui dicunt non esse obediendum mandatis hominum; secundo ut nullam inquietudinem facerent in Ecclesia; tertio quia tenentur ad obedientiam iussionis. He. ult.: obedite praepositis vestris, et subiacete eis, et cetera. Et dixit dicto obedire, id est, ad solum verbum praesidis. I R. XV, 22: melior est enim obedientia, quam victimae. II Th. III, 14: si quis non obedierit verbo nostro, per epistolam, hunc notate. Non solum autem est necessaria promptitudo, sed discretio. Unde dicit ad omne opus bonum, alioquin non esset obediendum; tunc enim magis Deo obediendum est, quo maior est. Ac. IV, 19: si iustum est in conspectu Dei, vos potius audire, quam Deum, iudicate. Unde milites non tenentur obedire in bello iniusto. Deinde cum dicit neminem, ostendit qualiter se habeant erga aequales. Et primo quoad vitationem mali; secundo quoad operationem boni, ibi sed modestos. Monet autem eos specialiter de verbis, quia in primitiva Ecclesia pauci peccabant factis. Verbis autem aliquis peccat, primo contra personam alterius, si ei improperia inferat. Unde dicit neminem blasphemare. Sed contra: quia blasphemia est relatio criminis in Deum, non ergo est blasphemia in proximum. Respondeo. Inquantum dilectio proximi refertur in dilectionem Dei, et honor proximi in honorem Dei, sic eius improperium est in Deum. Sumitur ergo hic blasphemare, pro qualibet maledictione occulta vel manifesta. II P. II, 10: sectas non metuunt introducere blasphemantes. Secundo quis peccat contra proximum propter res exteriores. Et ideo dicit non litigiosos esse. Ubi est sciendum, quod tria sunt genera hominum: quidam eorum sunt virtuosi, et duo vitiosi. Quidam enim omnibus verbis auditis in nullo contristantur, et hi sunt adulatores. Et quidam omni verbo resistunt, et hi litigiosi sunt. Contra hos loquitur hic. Ideo dicitur II Tm. II, 24: servum autem Domini non oportet litigare, sed mansuetum esse ad omnes. Pr. XX, 3: honor est homini, qui se separat a contentionibus. Sed medium tenens, ut quandoque delectetur verbis, quandoque contristetur, est virtuosus. II Cor. II: si contristavi vos epistola, non me poenitet, et cetera. Deinde cum dicit sed modestos, ostendit quomodo se habeant in operatione boni. Et primo in exterioribus actibus, dicens sed modestos. Est autem modestia virtus, per quam aliquis in omnibus exterioribus modum tenet, ut non offendat cuiusquam aspectum. Ph. IV, 5: modestia vestra nota sit omnibus hominibus. Pr. XXII, 4: finis modestiae, timor Domini, divitiae, gloria, et vita, et cetera. Quanto autem quis est impetuosior in interioribus affectibus, tanto refraenatur difficilius etiam in exterioribus. Talis autem est inter omnes affectus ira. Et ideo contra hoc ponit mansuetudinem, quae moderatur passiones irae. Unde dicit omnem mansuetudinem ostendentes ad omnes homines. Mt. XI, 29: discite a me, quia mitis sum et humilis corde. Jc. I, 21: in mansuetudine suscipite insitum verbum, quod potest salvare animas vestras. Deinde cum dicit eramus enim et nos, etc., assignat rationem praedictorum, et maxime huius ultimi, scilicet quod sint mansueti. Possent enim dicere: quomodo erimus mansueti ad infideles, quomodo ad malos? Non enim hoc possumus. Respondet: considera te qualis fueris. Et ideo contra iram optimum remedium est recognitio fragilitatis propriae. Et ideo primo ponit statum eorum praeteritum; secundo ostendit unde venerunt ad statum perfectionis, ibi cum autem benignitas. Item primo ponit defectus pertinentes ad intellectum; secundo ad affectum, ibi servientes. Intellectus autem potest dupliciter deficere: vel quia deficit a vera cognitione, sicut per ignorantiam negationis; vel quia incidit in opinionem falsi. Verum autem in rebus divinis dupliciter aliqui percipiunt. Quidam enim solum per fidem, quidam praegustando per lumen sapientiae per apertam aliquam cognitionem. Unde quantum ad secundum dicit eramus enim insipientes, id est privati ista sapientia. Lc. XXI, 15: dabo vobis os et sapientiam, et cetera. Quantum ad primum dicit et increduli, id est, infideles. Ez. II, 6: increduli et subversores sunt tecum. Sed erramus incidentes in contrariam opinionem. Unde dicit errantes, id est, falsum pro vero tenentes. Is. XIX, 14: errare fecerunt Aegyptum in omni opere suo. Deinde ponit ea quae pertinent ad corruptionem affectus: et primo quantum ad se; secundo quantum ad alios, ibi in malitia, et cetera. Affectus autem hominis tunc est rectus, quando servit rationi, et utitur licitis delectationibus secundum rationem. Quando ergo non sequitur rationem, sed sua desideria, tunc corrumpitur. Unde dicit servientes desideriis et voluptatibus variis. Voluptates respiciunt peccata delectationum carnalium, ut sunt luxuria et gula. Desideria vero quaelibet alia vita, ut sunt ambitio et avaritia, et huiusmodi. Eccli. XVIII, 30: post concupiscentias tuas non eas, et a voluptate tua avertere. Rm. VI, 12: non regnet peccatum in vestro mortali corpore, ut obediatis concupiscentiis eius. II Tm. III, 4: voluptatum amatores magis quam Dei. Deinde cum dicit in malitia et invidia agentes, ponit peccata in ordine ad alios: et primo malitiam, quae est voluntas nocendi alteri; effectus enim denominatur a fine. Qui ergo intendit inferre malum, dicitur malitiosus. Jc. I, 21: propter quod abiicientes omnem immunditiam et abundantiam malitiae. Secundo ponit invidiam, quae dolet de proximi bono, sicut malitia infert malum. Pr. XIV, 30: putredo ossium, invidia. Tertio ponit odium. Unde dicit odibiles, scilicet vel Deo, per hoc quod faciunt peccatum. Sg. XIV, 9: similiter odibiles sunt Deo impius et impietas eius. Rm. I, 30: detractores Deo odibiles. Vel proximo, quando faciunt illud unde proximus eos odio habere debeat. Et addit odientes invicem; quasi dicat: et nos etiam odiebamus alios. I Jn. III, 15: qui odit fratrem suum, homicida est. Deinde cum dicit cum autem benignitas, ostendit statum salutis nostrae, cuius ordinem et processum primo describit; secundo confirmat dictum, ibi fidelis sermo. Circa primum quatuor facit, quia primo ostendit causam salutis; secundo rationem salvandi, ibi non ex operibus iustitiae; tertio modum eius, ibi per lavacrum; quarto finem, ibi ut iustificati. Causa autem nostrae salutis est charitas Dei. Eph. II, 4: Deus autem, qui dives est in misericordia, propter nimiam charitatem suam, qua dilexit nos, et cetera. Hanc charitatem describit, primo quantum ad affectum; secundo quantum ad effectum. Interior charitatis affectus designatur in benignitate, quae dicitur bona igneitas. Ignis autem significat amorem. Ct. VIII, 6: lampades eius, lampades ignis atque flammarum. Benignitas ergo est amor interior, profundens bona ad exteriora. Haec ab aeterno fuit in Deo, quia amor eius est causa omnium. Jl II, 13: benignus et misericors est, et cetera. Sed hoc quandoque non apparebat. Is. LXIII, 15: ubi nunc zelus tuus et fortitudo tua, multitudo viscerum tuorum et miserationum tuarum? Super me continuerunt se. Sed per effectum apparuit, quod designatur cum dicit humanitas: quod dupliciter potest intelligi, vel secundum quod significat humanam naturam, quasi dicat apparuit benignitas et humanitas, quando Deus ex benignitate est homo factus. Ph. II, 7: habitu inventus ut homo. Ps. LXIV, 12: benedices coronae anni benignitatis tuae. Vel secundum quod designat virtutem, quae consistit in exteriori subventione in defectibus aliorum. Unde humanum esse, est condescendere. Ac. ult.: barbari autem praestabant non modicam humanitatem nobis. Sic Deus condescendit nostris defectibus. Ps. CII, 14: ipse cognovit figmentum nostrum. Et hoc salvatoris, quia, ut dicitur Ps. XXXVI, 39: salus autem iustorum a Domino. Deinde cum dicit non ex operibus, etc., ponit rationem salvandi; et primo excluditur ratio praesumpta; secundo ostenditur ratio vera. Ratio praesumpta est, quod propter merita nostra simus salvati; quod excludit, cum dicit non ex operibus iustitiae quae fecimus nos. Rm. XI, 5: reliquiae secundum electionem gratiae Dei salvae factae sunt. Dt. IX, 5: non propter iustitias tuas et aequitates cordis tui ingredieris, ut possideas terram eorum, et cetera. Sed vera ratio est sola misericordia Dei, unde dicit sed secundum suam misericordiam, et cetera. Thren. III, 22: misericordiae Domini, quod non sumus consumpti. Lc. I, 50: et misericordia eius a progenie in progenies. Modus salutis adipiscendae est per Baptismum, quem primo ponit; secundo effectum eius; tertio causam. Dicit ergo per lavacrum, id est, salvati sumus per ablutionem spiritualem. Ep. V, 26: mundans eam lavacro aquae in verbo vitae. Za. XIII, 1: erit fons patens domui David, et habitantibus Ierusalem, in ablutionem peccatoris et menstruatae. Quantum ad effectus eius subdit regenerationis et renovationis. Pro quo sciendum est, quod homo indigebat duobus in statu perditionis, quae consecutus est per Christum, scilicet participatione divinae naturae, et depositione vetustatis. Erat enim separatus a Deo. Is. LIX, 2: iniquitates vestrae diviserunt inter vos et Deum vestrum, et peccata vestra absconderunt faciem eius a vobis ne exaudiret. Et erat inveteratus. Ba. III, 11: inveterasti in terra aliena. Sed primum consequimur per Christum, scilicet per participationem naturae divinae. I P. II: ut per hoc efficiamur consortes divinae naturae. Sed nova natura non acquiritur nisi per generationem. Sed tamen haec natura ita datur, quod etiam remanet nostra, et ita superadditur. Sic enim generatur participatio in filium Dei, quo non destruitur homo. Jn. III, 7: oportet vos nasci denuo. Et ideo dicitur generatio. Jc. I, 18: voluntarie genuit nos verbo veritatis suae. Homo etiam per Christum deposuit vetustatem peccati renovatus ad integritatem naturae, et hoc vocatur renovatio. Ep. IV, 23: renovamini spiritu mentis vestrae. Sed quae est causa huius effectus, ut cor abluat? Haec virtus est a sancta et individua Trinitate. Mt. ult.: in nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti, et cetera. Unde et Christo baptizato Pater in voce, Filius in carne, Spiritus Sanctus in columbae specie apparuerunt. Et ideo dicit Spiritus Sancti, id est, quam Spiritus Sanctus facit. Ps. CIII, 30: emitte spiritum tuum, et cetera. Item est regeneratio per spiritum. Ga. IV, 6: misit Deus spiritum Filii sui in corda vestra clamantem: abba Pater. Rm. VIII, 15: non accepistis spiritum servitutis iterum in timore, sed accepistis spiritum adoptionis filiorum, in quo clamamus: abba Pater. Sed hunc spiritum dat Deus Pater, quem effudit in nos abunde, ut designet copiam gratiae in Baptismo; unde fit plena peccatorum remissio. Jl II, 28: effundam de spiritu meo super omnem carnem, et cetera. Is. XLIV, 3: effundam spiritum meum super semen tuum. Et propter diversa dona gratiarum. Jc. I, 5: qui dat omnibus affluenter, et non improperat. Hoc etiam datur per Christum Iesum. Jn. XVI, 7: Paraclitus quem ego mittam vobis, et cetera. In Christo enim duas naturas invenimus, et ad utramque pertinet, quod Christus det Spiritum Sanctum. Quantum quidem ad divinam, quia est verbum, ex quo simul et a Patre procedit ut amor. Amor autem in nobis procedit ex conceptione cordis, cuius conceptio est verbum. Quantum vero ad humanam, quia Christus accepit summam plenitudinem eius, ita quod per eum ad omnes derivatur. Jn. I, 14: plenum gratiae et veritatis. Et paulo post: et de plenitudine eius omnes nos accepimus gratiam pro gratia. Et cap. III, 34: non enim ad mensuram dat Deus spiritum, et cetera. Et ideo Baptismus et alia sacramenta non habent efficaciam, nisi virtute humanitatis et passionis Christi. Deinde cum dicit ut iustificati gratia ipsius, ponitur finis salutis nostrae, quae est participatio vitae aeternae. Unde dicit haeredes. Idem autem est iustificati et quod prius dixerat regenerati. In iustificatione impii sunt duo termini, scilicet a quo, qui est remissio culpae, et haec est renovatio, et ad quem, qui est infusio gratiae, et hoc ad regenerationem pertinet. Dicit ergo: ideo verbum caro factum est, ut iustificati, id est renovati per gratiam, quia iustificatio non fit sine gratia. Sed numquid Deus posset remittere culpam sine gratiae infusione? Videtur quod sic, quia a principio poterat constituere hominem esse sine gratia et culpa. Respondeo. Dicendum est, quod aliud est de homine, qui numquam offendit, quia sic potest esse sine gratia et sine culpa; et aliud est de homine, qui iam peccavit, qui non potest esse quin odiatur, vel diligatur; et si a Deo diligitur, oportet quod diligat, et si diligit, oportet quod praestetur ei gratia: quia sine gratia non diligit, et quod etiam per hoc efficiantur haeredes. I P. I, 4: haereditatem incorruptibilem, et incontaminatam, et immarcescibilem conservatam in caelis in vobis, et cetera. Et hoc vitae aeternae. Ps. XV, 6: funes ceciderunt mihi in praeclaris, etenim haereditas mea praeclara est mihi, et cetera. Sed quomodo haeredes? Secundum spem, quia iam non est spes huius vitae. Rm. V, 2: gloriamur in spe gloriae filiorum Dei. Deinde cum dicit fidelis sermo est, probat dicta de salute nostra et spe; quasi dicat: hoc dictum est fidele. Ap. ult.: haec verba fidelissima et vera sunt. Deinde cum dicit et de his volo, mandat hoc praedicari. Et primo ponit praeceptum; secundo rationem assignat, ibi haec sunt. Dicit ergo et de his, scilicet quae ad Dei beneficia, reprehensionem peccatorum, documenta fidei et morum, volo te confirmare, scilicet alios. Jb IV, 4: vacillantes confirmaverunt sermones tui. Ac. XV, 32: et confirmaverunt eos. Et ratio huius est ut curent, et cetera. Quod potest intelligi de praelatis; quasi dicat: volo quod confirmes viatores, id est, praelatos, ut, ipsi, curent praeesse his qui credunt Deo, scilicet fidelibus in bonis operibus. I P. II, v. 12: ex bonis operibus vos considerantes, glorificent Deum. Mt. V, 16: ut videant opera vestra bona, et glorificent patrem vestrum. Haec verba sunt bona, quia de bonitate Dei. Mt. XII, 35: bonus homo de bono thesauro profert bona. Et utilia hominibus. Is. XLVIII, 17: ego Dominus Deus tuus docens te utilia.

 

Lectio 2

Super Tit., cap. 3 l. 2 Supra apostolus docuit Titum qualia ad instructionem populi proponat, nunc ostendit quae vitet in doctrina. Et primo facit hoc; secundo scribit quaedam familiaria, ibi cum misero. Item prima in duas, quia primo ostendit quomodo vitet inutilia et aliena dogmata; secundo quomodo vitet haereticos, ibi haereticum. Circa primum duo facit, quia primo ostendit quae sunt vitanda in sua doctrina; secundo rationem assignat, ibi sunt enim. Notandum est autem circa primum quod ad eum, qui profitetur doctrinam alicuius scientiae, primo pertinet, ut satisfaciat quaestionibus quae moventur in illa; secundo ut per se aliqua tractet; tertio ut disputet cum resistentibus; et quarto quod doceat quid circa eam sit vitandum. In aliis autem scientiis nullus sapiens cuilibet quaestioni respondet, sed tantum ad eas, quae pertinent ad suam scientiam. Ita doctor veritatis non debet cuilibet quaestioni respondere. Stultitia enim sapientiae opponitur. Haec autem doctrina est sapientiae. Dt. IV, 6: haec enim sapientia vestra, et intellectus coram populis. Ideo dicit stultas quaestiones. Quaestiones ergo adversantes intentionibus doctrinae istius, stultae sunt. Adversantur autem ei illa, quae sunt indisciplinabilia. Jb XXXIV, 35: Iob autem stulte locutus est, et verba illius non sonant disciplinam. Item quando manifestum proponitur ut dubium, scilicet quaecumque debet aliquis per se tenere in scientia. Et haec sunt quae spectant ad instructionem fidei et eruditionem morum. Et quaedam sunt quae debet vitare. Unde dicit genealogias. Ponuntur enim genealogiae in Scripturis propter mysteria, et propter intellectum historialem. In resistendo impugnantibus debet vitare contentiones et pugnas. Quando enim est disputatio ad inquisitionem veritatis, est laudabile; sed quando est contentio ad ostendendum quid sit tenendum, et quid vitandum, tales sunt vitandae. Pr. XX, 3: honor est homini, qui separat se a contentionibus. II Tm. II, 14: noli verbis contendere. Pugnae legis sunt, quae non ex vitio disputantium, sed quae oriuntur ex contrarietate in Scriptura, vel rationibus contrariis. Sed numquid huiusmodi semper sunt vitandae? Dicendum est: in Scriptura sacra, secundum veritatem, nihil est contrarium. Sed si aliquid apparet contrarium, vel est, quia non intelligitur, vel quia corrupta sunt vitio scriptorum, quod patet specialiter in numeris et genealogiis. Et ideo haec, quia determinari non possunt, vult quod vitentur. Et hoc ideo, quia inutiles sunt. Et doctor ad duo intendere debet, scilicet ad utilitatem, et ad veritatem. Pr. VIII, 7: veritatem meditabitur guttur meum, et cetera. Is. XLVIII, 17: ego Dominus Deus tuus docens te utilia. Non est ergo intromittendum se de inutilibus, et quae non habent solidam veritatem. Scire enim singularia, ut sunt genealogiae, non est ad perfectionem intellectus, nec ad instructionem morum, nec fidei. Et sunt vanae, quia non habent solidam veritatem. Deinde cum dicit haereticum, ostendit qui sunt vitandi inter homines; et primo ostendit quod haeretici; secundo ostendit rationem huius, ibi sciens quia. Dicit ergo haereticum hominem. Ubi notandum est, quid faciat esse haereticum, et accipienda est prima ratio huius nominis haereticus. Non enim dicitur a divisione, sed ab electione, ut dicit Hieronymus; in Graeco enim haeresis dicitur electio. Unde haereticus, id est, electivus, quasi pertinaciter adhaerens sectae alicuius, quam elegit. Unde sciendum est, quod omnis haereticus est errans, et non e converso, propter duo. Primo ex parte materiae circa quam errat, puta si non est circa finem vitae humanae, vel circa id quod ad fidem pertinet et bonos mores. Talis enim sic errans non est haereticus. Si vero erraret circa ea quae sunt ad finem vitae humanae, semper est haereticus. Et dico finem vitae humanae, quia apud antiquos erant sectae ponentes diversum finem, ut patet de Stoicis et Epicureis. Vel circa fidem; et sic si aliquis diceret Deum non esse trinum et unum, et fornicationem non esse peccatum, est haereticus. Secundo ex parte electionis, quia eligens, si non est pertinax, sed est paratus corrigi secundum Ecclesiae determinationem, et sic non est ex malitia, sed ex ignorantia, non est haereticus. Hunc ergo devita, propter periculum. II Tm. II, 17: sermo eorum ut cancer serpit. Item nec aliquis communicet peccatis eorum, ne videatur eis consentire. II Jn. cap. unico: si quis venerit ad vos, et hanc doctrinam non affert, et cetera. Item propter poenam. Nm. XVI, 26: recedite a tabernaculis hominum impiorum, et nolite tangere quae ad eos pertinent, et cetera. Vult tamen quod moneatur, et si non dimittit, tunc est haereticus et vitandus. Et dicit post primam et secundam correptionem. Sic enim fit in Ecclesia in excommunicationibus. Et ratio est, quia numerus omnis rei habet principium, medium, et finem. Ideo accipitur ut sufficiens ad omnia. II Cor. ult.1: ecce iam tertio hoc venio ad vos, et cetera. Item propter perfectionem numeri ternarii. Ratio autem devitationis est, quia cum errante agendum a principio, ut corrigatur. Mt. IX, 12: non est opus valentibus medicus, sed male habentibus. Et ideo non est dimittendum quousque videatur si curari poterit; sed si non potest sanari, tunc est dimittendus. Lc. XIX, 22: ex ore tuo te iudico, serve nequam. Deinde cum dicit cum misero, scribit quaedam familiaria. Et primo quaedam disponenda circa ipsum; secundo epistolam terminat in salute. Dicit ergo cum misero, et cetera. Hi duo discipuli erant apostoli. Alios misit quia volebat quod Titus iret ad eum, nec determinat ei tempus, sed locum: eo enim indiguit in adiutorium praedicationis. Voluit tamen praemitti Arthemam, et ostendit quid de eis disponat; secundo obiectioni respondet, ibi discant autem et vestri. Apollo iste, de quo Ac. XIX, 1, erat episcopus Corinthiorum, propter quorum culpam dimisit eos, et ivit Cretam ad Titum, sed, correctis Corinthiis, apostolus revocat eum. Vocat autem Zenam legisperitum, licet et Apollo esset valde doctus, quia in Iudaismo habuit hanc dignitatem. Ratio autem quare istos vult praemitti, et non Titum, est quia Titus necessarius erat apud Cretam propter episcopatum, isti autem non habebant aliquam curam. Et dicit ut nihil illis desit, quasi dicat: si non habes, provideant subditi tui. Et ideo subiungit sic discant vestri, scilicet fideles providere, sicut faciunt Iudaei. Et dicit vestri, scilicet subditi, discant excellere Iudaeos, et alios de Asia, qui suis praedicatoribus et indigentibus provident. Et dicit ad usus necessarios, id est, in casibus necessitatis. I Tm. VI, 8: habentes alimenta, et quibus tegamur, his contenti simus. Ratio autem quare praesint, est ut non sint infructuosi. I Cor. IX, 7: quis plantat vineam, et de fructu eius non edit? et cetera. Populus ergo si est ut vinea Domini, debet ferre fructum, non solum spiritualem, sed etiam temporalem, ut exinde cultores sustententur, alias essent infructuosi. Mt. VII, 19: omnis arbor, quae non facit fructum bonum, excidetur. Deinde salutat eos primo ex parte aliorum; secundo rogat, quod salutent alios; tertio ponit suam. Quantum ad primum dicit salutant, etc., id est, salutem optant. Secundo dicit saluta eos qui nos amant in fide Christi existentes, quia non est conventio fidelis cum infideli. II Par. XIX, 2: impio praebes auxilium, et his qui oderunt Dominum amicitia iungeris. Vel qui nos amant in fide, id est, fideli affectu. Eccli. VI, 15: amico fideli nulla est comparatio. Gratia Dei, scilicet quae est principium omnium bonorum. Rm. III, 24: iustificati gratis per gratiam ipsius. Et dicit vobis, quia non scribit uni propter utilitatem ipsius tantum, sed propter totam Ecclesiam. Deo gratias.


 

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Saint Jean de Matha confesseur

8 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Jean de Matha confesseur

Collecte

O Dieu, qui, par le moyen de saint Jean, avez daigné établir miraculeusement l’Ordre de la très sainte Trinité pour racheter les captifs du pouvoir des Sarrasins, faites, nous vous en supplions, que par les suffrages de ses mérites et le secours de votre grâce, nous soyons délivrés de la captivité du corps et de l’âme.

Office

Quatrième leçon. Jean de Matha, instituteur de l’Ordre de la très sainte Trinité pour la Rédemption des captifs, naquit à Faucon en Provence, de parents distingués par leur piété et leur noblesse : il se rendit à Aix, puis à Paris, pour ses études. Après y avoir achevé le cours de théologie, il obtint le bonnet de docteur. Sa science et ses vertus déterminèrent l’Évêque de Paris à lui conférer, malgré son humble résistance, l’ordre sacré de la prêtrise, afin que, durant son séjour dans cette ville, l’exemple de sa sagesse et de sa conduite éclairât la jeunesse studieuse. Comme il offrait pour la première fois à Dieu le saint Sacrifice, dans la chapelle de l’Évêque, qui y assistait avec d’autres personnes, il fut réjoui par uni faveur céleste : un Ange lu apparut vêtu d’une robe d’une éclatante blancheur, portant attachée sur sa poitrine une croix rouge et bleue, et tenant les bras croisés et les mains posées sur deux captifs, l’un chrétien et l’autre maure, placés à ses côtés. Ravi en extase par cette vision, l’homme de Dieu comprit aussitôt qu’il était destiné à racheter les captifs du pouvoir des infidèles.

Cinquième leçon. Pour procéder avec plus de maturité dans une chose de cette importance, il se retira dans la solitude, et là, il advint, par la volonté divine, qu’il rencontra Félix de Valois qui habitait déjà le même désert depuis nombre d’années. Pendant l’espace de trois ans, il vécut dans sa société en s’exerçant à la prière, à la contemplation et à la pratique de toutes les vertus. Or il arriva, tandis qu’ils s’entretenaient des choses divines au bord d’une fontaine, qu’un cerf s’approcha d’eux, portant entre ses cornes une croix de couleur rouge et bleue. Comme Félix s’étonnait de la nouveauté de ce spectacle, Jean lui raconta la vision qu’il avait eue à sa première Messe. Après ce miracle, ils s’appliquèrent avec plus de ferveur encore à l’oraison ; puis, en ayant reçu trois fois l’avertissement en songe, ils résolurent de partir pour Rome, afin d’obtenir du souverain Pontife l’institution d’un nouvel Ordre pour le rachat des captifs. Pendant ce temps, Innocent III avait été élu, il les reçut avec bonté, et comme il délibérait sur leur projet, un Ange vêtu de blanc, ayant une croix de deux couleurs, lui apparut sous l’aspect d’un homme qui rachète des captifs : c’était en la seconde fête de sainte Agnès, durant la Messe solennelle, dans l’église de Latran, au moment de l’élévation de la sainte Hostie. Le Pontife approuva donc leur institut, ordonna qu’on l’appelât l’Ordre de la très sainte Trinité de la Rédemption des captifs, et voulut que ceux qui y feraient profession portassent un habit blanc, avec une croix rouge et bleue.

Sixième leçon. L’ordre ainsi institué, les saints fondateurs revinrent en France, et ayant bâti leur premier monastère à Cerfroid, dans le diocèse de Meaux, Félix demeura pour le gouverner, : tandis que Jean repartit avec quelques-uns de leurs compagnons pour Rome, où Innocent III leur donna la maison, l’église et l’hospice de Saint-Thomas de Formis, sur le mont Cœlius, avec plusieurs revenus et propriétés. Il leur remit des lettres pour l’émir qui régnait au Maroc, et t’œuvre de la rédemption commença ainsi sous d’heureux auspices. Alors Jean se dirigea vers l’Espagne, opprimée en grande partie sous le joug des Sarrazins et il excita les cœurs des rois, des princes, et des autres fidèles à la compassion envers les captifs et les pauvres. 11 édifia des monastères, érigea des hospices, et racheta beaucoup de captifs, au grand profit de leurs âmes. Enfin, de retour à Rome et s’y dévouant aux œuvres saintes, usé par des labeurs assidus et affaibli par la maladie, brûlant du plus ardent amour pour Dieu et le prochain, il fut réduit à l’extrémité. Ayant fait assembler tes frères, il les exhorta de la manière la plus persuasive à continuer cette œuvre de la rédemption, que le Ciel même avait indiquée ; puis il s’endormit dans le Seigneur, le seize des calendes de janvier, l’an du salut j mil deux cent treize ; son corps fut enseveli dans l’église même de Saint-Thomas de Formis avec l’honneur dû à ses mérites.

 Naguère, nous célébrions la mémoire de Pierre Nolasque, appelé par la très sainte Mère de Dieu à fonder un Ordre destiné au rachat des chrétiens captifs chez les infidèles ; aujourd’hui, nous avons à honorer l’homme généreux qui fut le premier favorisé de cette sublime pensée, et établit, sous le nom de la très sainte Trinité, une société religieuse dont les membres s’engagèrent à mettre leurs efforts, leurs privations, leur liberté, leur vie, au service des pauvres esclaves qui gémissaient sous le joug des Sarrasins. L’Ordre des Trinitaires et celui de la Merci, quoique distincts, sont frères dans leur but et dans l’intention qui les a produits ; leurs résultats, en six siècles de durée, ont été de rendre à leurs familles et à leur patrie plus d’un million d’hommes, dont ils préservaient en même temps la foi des périls de l’apostasie. C’est en France, près de Meaux, que Jean de Matha, assisté de son fidèle coopérateur Félix de Valois, qui paraîtra à son tour sur le Cycle dans la dernière partie de l’année, établit le centre de son œuvre à jamais bénie. En ces jours de préparation au Carême, où nous avons besoin de raviver en nous la flamme de la charité envers ceux qui souffrent, quel plus admirable modèle que Jean de Matha, que son Ordre tout entier, qui n’a eu d’autre raison d’existence que le désir d’aller arracher aux horreurs de l’esclavage des frères inconnus qui languissent chez les barbares ! Est-il une aumône, si généreuse qu’elle soit, qui ne s’efface, quand on la compare au dévouement de ces hommes qui s’obligent par leurs règles non seulement à parcourir la chrétienté pour y recueillir les deniers à l’aide desquels ils rendront la liberté aux esclaves, mais à prendre tour à tour les fers de quelqu’un de ces infortunés, afin d’accroître le nombre des rachetés ? N’est-ce pas, autant que la faiblesse humaine le peut permettre, imiter à la lettre l’exemple du Fils de Dieu lui-même, descendant du ciel pour être notre Rédempteur ? Animés par de tels modèles, nous entrerons plus volontiers encore dans les intentions de l’Église qui nous recommandera bientôt les œuvres de miséricorde comme l’un des éléments essentiels de la pénitence quadragésimale.

Jouissez maintenant du fruit de votre dévouement pour vos frères, ô Jean de Matha ! Le Rédempteur du monde voit en vous une de ses plus fidèles images, et il se plaît à honorer aux yeux de toute la cour céleste les traits de ressemblance que vous avez avec lui. C’est à nous sur la terre de suivre vos traces, puisque nous espérons arriver au même terme. La charité fraternelle nous y conduira ; car nous savons que les œuvres qu’elle inspire ont la vertu d’arracher l’âme au péché. Vous l’avez comprise telle qu’elle est dans le cœur de Dieu, qui aime nos âmes avant nos corps, et qui cependant ne dédaigne pas de subvenir aux besoins de ceux-ci. Ému des périls que couraient tant d’âmes exposées au danger de l’apostasie, vous êtes accouru à leur aide, et vous leur avez fait comprendre tout le prix d’une religion qui suscite de tels dévouements. Vous avez compati aux souffrances de leurs corps, et votre main généreuse a fait tomber les chaînes sous le poids desquelles ils languissaient. Enseignez-nous à imiter de tels exemples. Que les périls auxquels sont exposées les âmes de nos frères ne nous trouvent plus insensibles. Faites-nous comprendre cette parole d’un Apôtre : « Celui qui aura retiré un pécheur des erreurs de sa voie, en même temps qu’il sauvera l’âme de celui-ci, couvrira la multitude de ses propres péchés. » Donnez-nous part aussi à cette tendresse compatissante qui nous rendra généreux et empressés à soulager les maux que nos frères souffrent dans leurs corps, et qui sont trop souvent pour eux l’occasion de blasphémer Dieu et sa Providence. Libérateur des hommes, souvenez-vous en ces jours de tous ceux qui gémissent par le péché sous la captivité de Satan, de ceux surtout qui, dans l’ivresse des illusions mondaines, ne sentent plus le poids de leurs chaînes et dorment tranquillement dans leur esclavage. Convertissez-les au Seigneur leur Dieu, afin qu’ils recouvrent la véritable liberté. Priez pour la France votre patrie, et maintenez-la au rang des nations fidèles. Protégez enfin les restes précieux de l’Ordre que vous avez fondé, afin que, l’objet de son antique dévouement ayant pour ainsi dire cessé aujourd’hui, il puisse encore servir aux besoins de la société chrétienne.

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Saint Romuald abbé

7 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Romuald abbé

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Que l’intercession du bienheureux Abbé Romuald, nous recommande, s’il vous plaît, auprès de vous, Seigneur, afin que nous obtenions, par son patronage, ce que nous ne pouvons attendre de nos mérites.

Office

Quatrième leçon. Romuald naquit à Ravenne ; Serge, son père, était de noble race. Il se retira dès sa jeunesse dans le monastère de Classe, proche de la ville pour y faire pénitence. Là, les entretiens d’un saint religieux l’enflammèrent d’un zèle ardent pour la piété. Ayant eu dans l’église, pendant la nuit, deux apparitions de saint Apollinaire, il se fit moine, selon la prédiction que lui avait faite le serviteur de Dieu. Bientôt il se rendit sur les terres des Vénitiens, auprès de Marin, célèbre alors par la sainteté de sa vie et l’austérité de sa discipline, afin de l’avoir pour maître et pour guide dans la voie étroite et sublime de la perfection.

Cinquième leçon. Attaqué par Satan, qui lui dressait des embûches, et par l’envie des hommes, il en devenait d’autant plus humble, s’exerçait assidûment aux jeûnes et à la prière, et se livrait à la méditation des choses célestes, en versant d’abondantes larmes : son visage était néanmoins toujours si joyeux qu’il réjouissait ceux qui le considéraient. Il fut en grand honneur auprès des princes et des rois, et plusieurs, par son conseil, renonçant aux attraits du monde, se retirèrent dans la solitude. Brûlant du désir du martyre, il partit pour la Pannonie dans l’espoir de l’y trouver : mais une maladie qui le tourmentait quand il avançait, et qui lui était enlevée lorsqu’il revenait sur ses pas, le contraignit de s’en retourner.

Sixième leçon. Il fut illustre par des miracles pendant sa vie et après sa mort ; il eut aussi l’esprit de prophétie. Comme le patriarche Jacob, il aperçut en vision une échelle s’élevant de la terre au ciel, par laquelle montaient et descendaient des hommes vêtus de blanc, et il reconnut dans cette vision merveilleuse les moines Camaldules, dont il a fondé l’institut. Enfin, après avoir vécu cent vingt ans et servi Dieu pendant un siècle par la vie la plus austère, il s’en alla vers lui l’an du salut mil vingt-sept. Son corps ayant été trouvé intact cinq ans après sa sépulture, on le déposa avec honneur dans l’église de son Ordre, à Fabriano.

 La série des Martyrs est interrompue pour deux jours sur le Cycle sacré ; nous fêtons aujourd’hui un des héros de la pénitence, Romuald, l’ange des forêts de Camaldoli. C’est un des fils du grand patriarche Benoît ; père, après lui, d’une longue postérité. La filiation bénédictine se poursuit, directe, jusqu’à la fin des temps ; mais du tronc de cet arbre puissant sortent en ligne collatérale quatre glorieux rameaux toujours adhérents, et auxquels l’Esprit-Saint a donné vie et fécondité pour de longs siècles ; ce sont : Camaldoli par Romuald, Cluny par Odon, Vallombreuse par Jean Gualbert, et Cîteaux par Robert de Molesmes.

Aujourd’hui, Romuald réclame nos hommages ; et si les Martyrs que nous avons déjà rencontrés, et que nous rencontrerons encore sur la route qui nous conduit à l’expiation quadragésimale, nous offrent un précieux enseignement par le mépris qu’ils ont fait de la vie, les saints pénitents, comme le grand Abbé de Camaldoli, nous présentent une leçon plus pratique encore. Ceux qui sont à Jésus-Christ, dit l’Apôtre, ont crucifié leur chair avec ses vices et ses convoitises ; c’est donc la condition commune de tout chrétien ; mais quel puissant encouragement nous donnent ces généreux athlètes de la mortification qui ont sanctifié les déserts par les œuvres héroïques de leur pénitence, enlevant ainsi toute excuse à notre lâcheté qui s’effraie des légères satisfactions que Dieu exige pour nous rendre ses bonnes grâces ! Acceptons la leçon qui nous est donnée, et offrons de bon cœur au Seigneur que nous avons offensé le tribut de notre repentir, avec les œuvres qui purifient les âmes.

Ami de Dieu, Romuald, que votre vie a été différente de la nôtre ! Nous aimons le monde et ses agitations ; c’est à peine si la pensée de Dieu traverse quelquefois nos journées d’un fugitif souvenir ; plus rarement encore est-elle le mobile de nos actions. Cependant chaque heure qui s’écoule nous approche de ce moment où nous nous trouverons en face de Dieu, chargés de nos œuvres bonnes et mauvaises, sans que rien ne puisse plus modifier la sentence que nous nous serons préparée. Vous n’avez pas entendu ainsi la vie, ô Romuald ! Il vous a semblé qu’une pensée unique devait la remplir tout entière, un seul intérêt la préoccuper, et vous avez marché constamment en présence de Dieu. Pour n’être pas distrait de ce grand et cher objet, vous avez cherché le désert ; là, sous la règle du saint Patriarche des moines, vous avez lutté contre le démon et la chair ; vos larmes ont lavé vos péchés, si légers en comparaison des nôtres ; votre cœur, régénéré dans la pénitence, a pris son essor d’amour vers le Sauveur des hommes, et vous eussiez voulu lui offrir jusqu’à votre sang. Vos mérites sont notre bien aujourd’hui, par cette heureuse communion que le Seigneur a daigné établir entre les plus saintes âmes et nous pécheurs. Aidez-nous donc dans la carrière de pénitence qui commencera bientôt ; nous avons tant besoin de mettre la faiblesse de nos œuvres à couvert sous la plénitude des vôtres ! Au fond de votre solitude, sous les ombrages de votre Éden de Camaldoli, vous aimiez les hommes vos frères, et jamais ils n’approchèrent de vous sans être captivés par votre aimable et douce charité : montrez-leur que vous les aimez toujours. Souvenez-vous aussi de l’Ordre que vous avez fondé ; fécondez ses restes vénérables, et faites qu’il soit toujours aux âmes que le Seigneur y appelle une échelle sûre pour monter jusqu’à lui.

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Saint Tite évêque et confesseur mémoire de Sainte Dorothée Vierge et Martyre

6 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint Tite évêque et confesseur mémoire de Sainte Dorothée Vierge et Martyre

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O Dieu, qui avez orné des vertus apostoliques le bienheureux Tite, votre Confesseur et Pontife, accordez-nous, par ses mérites et par son intercession, que, vivant justement et pieusement en ce monde, nous méritions de parvenir à la céleste patrie.

Office

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Tite, Évêque de Crète, à peine initié aux mystères de la foi chrétienne et aux sacrements, par les enseignements de l’Apôtre saint Paul, répandit une telle lumière de sainteté sur l’Église alors encore au berceau, qu’il mérita d’être admis parmi les disciples du Docteur des Gentils. Appelé à partager le fardeau de la prédication, son ardeur à publier l’Évangile et sa fidélité le rendirent tellement cher à saint Paul que celui-ci, venu à Troade pour l’Évangile du Christ, déclare qu’il n’eut point de repos en son esprit, parce qu’il n’y avait pas trouvé Tite, son frère. Et peu après, s’étant rendu en Macédoine, il exprime encore son affection pour ce disciple par ces paroles : « Celui qui console les humbles, Dieu nous a consolés par l’arrivée de Tite. »

Cinquième leçon. Envoyé à Corinthe par l’Apôtre, Tite s’acquitta avec tant de sagesse et de douceur de cette mission, qui consistait principalement à recueillir les aumônes offertes par la piété des fidèles pour soulager la pauvreté de l’Église des Hébreux, que non seulement il maintint les fidèles de Corinthe dans la foi du Christ, mais qu’il excita en eux des désirs accompagnés de larmes, et du zèle pour Paul, qui les avait d’abord instruits. Après avoir enduré les fatigues de nombreux et lointains voyages sur terre et sur mer pour aller jeter la semence de la divine parole chez des nations répandues en diverses contrées et parlant différentes langues, après beaucoup de soucis et d’épreuves qu’il supporta avec une grande fermeté d’âme pour le triomphe de la Croix, il aborda à l’île de Crète avec Paul, son maître. Choisi par l’Apôtre comme Évêque de cette Église, il se conduisit certainement dans cette charge de manière à se montrer lui-même, selon le conseil de Paul, qui l’avait instruit, « un modèle de bonnes œuvres, dans la doctrine, dans l’intégrité, dans la gravité. »

Sixième leçon. Tite, semblable à un flambeau, répandit donc les clartés de la religion sur ceux qui étaient assis comme à l’ombre de la mort, dans les ténèbres de l’idolâtrie et du mensonge. On rapporte qu’au prix de grandes peines vaillamment surmontées, il déploya l’étendard de la Croix chez les Dalmates. Enfin, plein de jours et de mérites, âgé de plus de quatre-vingt-quatorze ans, il s’endormit dans le Seigneur de la mort précieuse des justes, la veille des nones de janvier ; il fut enseveli dans l’Église où l’Apôtre l’avait établi Prêtre. Son nom, comblé de louanges par saint Jean Chrysostome et par saint Jérôme, se lit en ce même jour au Martyrologe romain ; le souverain Pontife Pie IX a ordonné que sa fête soit célébrée par l’Église universelle.

Un saint Évêque de l’âge apostolique, un disciple du grand Paul, s’offre aujourd’hui à notre vénération]. Ses actions nous sont peu connues ; mais en lui adressant une de ses Lettres inspirées, le Docteur des Gentils l’a rendu immortel. Partout où la foi du Christ a été et sera portée, Tite, ainsi que Timothée, sera connu des fidèles ; jusqu’à la fin des temps, la sainte Église consultera, avec un souverain respect, cette Épître adressée à un simple évêque de l’île de Crète, mais dictée par l’Esprit-Saint, et par là même destinée à faire partie du corps des Écritures sacrées qui contiennent la pure Parole de Dieu. Les conseils et les directions que renferme cette admirable lettre, furent la règle souveraine du saint Évêque à qui Paul avait voué une si affectueuse tendresse. Tite eut la gloire d’établir le Christianisme dans cette île fameuse où le paganisme avait un de ses principaux centres. Il survécut à son maître immolé dans Rome par le glaive de Néron ; et comme saint Jean, à Éphèse, il s’endormit paisiblement dans une heureuse vieillesse, entouré des respects de la chrétienté qu’il avait fondée. Sa vie a laissé peu de traces ; mais les quelques traits qui nous restent à son sujet donnent l’idée d’un de ces hommes de vertu supérieure que Dieu choisit au commencement, pour en faire les premières assises de son Église.

Heureux disciple du grand Paul, la sainte Église a voulu qu’un jour dans l’année fût employé à célébrer vos vertus et à implorer votre suffrage ; soyez propice aux fidèles qui glorifient le divin Esprit pour les dons qu’il a répandus en vous. Vous avez rempli avec zèle et constance la charge pastorale ; tous les traits que Paul énumère dans l’Épître qu’il vous a adressée comme devant former le caractère de l’Évêque, se sont trouvés réunis en votre personne ; et vous brillez sur la couronne du Christ, le Prince des Pasteurs, comme l’un de ses plus riches diamants. Souvenez-vous de l’Église de la terre dont vous avez soutenu les premiers pas. Depuis le jour où vous lui fûtes ravi, dix-huit siècles ont achevé leur cours. Souvent ses jours ont été mauvais ; mais elle a triomphé de tous les obstacles, et elle chemine dans la voie, recueillant les âmes et les dirigeant vers son céleste Époux, jusqu’à l’heure où il viendra arrêter le temps, et ouvrir les portes de l’éternité. Tant que cette heure n’a pas sonné, nous comptons, ô Tite, sur votre puissant suffrage ; du haut du ciel, sauvez les âmes par votre intercession, comme vous les sauviez ici-bas au moyen de vos saintes fatigues. Demandez pour nous à Jésus des Pasteurs qui vous soient semblables. Relevez la Croix dans cette île que vous aviez conquise à la vraie foi, et sur laquelle s’étendent aujourd’hui les ombres de l’infidélité et les ravages du schisme ; que par vous la chrétienté d’Orient se ranime, et qu’elle aspire enfin à l’unité, qui, seule, peut la préserver d’une dissolution complète. Exaucez, ô Tite, les vœux du Pontife qui a voulu que votre culte s’étendît à l’univers entier, afin d’accélérer par votre suffrage les jours de paix et de miséricorde que le monde attend.

 

PAUL, SERVITEUR DE DIEU, apôtre de Jésus Christ au service de la foi de ceux que Dieu a choisis et de la pleine connaissance de la vérité qui est en accord avec la piété.
Nous avons l'espérance de la vie éternelle, promise depuis toujours par Dieu qui ne ment pas.
Aux temps fixés, il a manifesté sa parole dans la proclamation de l'Évangile qui m'a été confiée par ordre de Dieu notre Sauveur.

Je m'adresse à toi, Tite, mon véritable enfant selon la foi qui nous est commune : à toi, la grâce et la paix de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Sauveur.
Si je t'ai laissé en Crète, c'est pour que tu finisses de tout organiser et que, dans chaque ville, tu établisses des Anciens comme je te l'ai commandé moi-même.

L'Ancien doit être quelqu'un qui soit sans reproche, époux d'une seule femme, ayant des enfants qui soient croyants et ne soient pas accusés d'inconduite ou indisciplinés.
Il faut en effet que le responsable de communauté soit sans reproche, puisqu'il est l'intendant de Dieu ; il ne doit être ni arrogant, ni coléreux, ni buveur, ni brutal, ni avide de profits malhonnêtes ; mais il doit être accueillant, ami du bien, raisonnable, juste, saint, maître de lui.


Il doit être attaché à la parole digne de foi, celle qui est conforme à la doctrine, pour être capable d'exhorter en donnant un enseignement solide, et aussi de réfuter les opposants.
Car il y a beaucoup de réfractaires, des gens au discours inconsistant, des marchands d'illusion, surtout parmi ceux qui viennent du judaïsme.

Il faut fermer la bouche à ces gens qui, pour faire des profits malhonnêtes, bouleversent des maisons entières, en enseignant ce qu'il ne faut pas.

Car l'un d'entre eux, un de leurs prophètes, l'a bien dit : Crétois toujours menteurs, mauvaises bêtes, gloutons fainéants !

Ce témoignage est vrai. Pour cette raison, réfute-les vigoureusement, afin qu'ils retrouvent la santé de la foi, au lieu de s'attacher à des récits légendaires du judaïsme et à des préceptes de gens qui se détournent de la vérité.


Tout est pur pour les purs ; mais pour ceux qui sont souillés et qui refusent de croire, rien n'est pur : leur intelligence, aussi bien que leur conscience, est souillée.

Ils proclament qu'ils connaissent Dieu, mais, par leurs actes, ils le rejettent, abominables qu'ils sont, révoltés, totalement inaptes à faire le bien.

CHAPITRE 2

Quant à toi, dis ce qui est conforme à l'enseignement de la saine doctrine.

Que les hommes âgés soient sobres, dignes de respect, pondérés, et solides dans la foi, la charité et la persévérance.

De même, que les femmes âgées mènent une vie sainte, ne soient pas médisantes ni esclaves de la boisson, et qu'elles soient de bon conseil, pour apprendre aux jeunes femmes à aimer leur mari et leurs enfants, à être raisonnables et pures, bonnes maîtresses de maison, aimables, soumises à leur mari, afin que la parole de Dieu ne soit pas exposée au blasphème.

Les jeunes aussi, exhorte-les à être raisonnables en toutes choses. Toi-même, sois un modèle par ta façon de bien agir, par un enseignement sans défaut et digne de respect, par la solidité inattaquable de ta parole, pour la plus grande confusion de l'adversaire, qui ne trouvera aucune critique à faire sur nous.

Que les esclaves soient soumis à leur maître en toutes choses, qu'ils se rendent agréables, qu'ils ne soient pas contestataires, qu'ils ne dérobent rien, mais qu'ils montrent une parfaite fidélité, pour faire honneur en tout à l'enseignement de Dieu notre Sauveur.

Car la grâce de Dieu s'est manifestée pour le salut de tous les hommes.

Elle nous apprend à renoncer à l'impiété et les convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ.

Car il s'est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

Voilà comment tu dois parler, exhorter et réfuter, en toute autorité. Que personne n'ait lieu de te mépriser.

CHAPITRE 3

Rappelle à tous qu'ils doivent être soumis aux gouvernants et aux autorités, qu'ils doivent leur obéir et être prêts à faire tout ce qui est bien ; qu'ils n'insultent personne, ne soient pas violents, mais bienveillants, montrant une douceur constante à l'égard de tous les hommes.

Car nous aussi, autrefois, nous étions insensés, révoltés, égarés, esclaves de toutes sortes de convoitises et de plaisirs ; nous vivions dans la méchanceté et la jalousie, nous étions odieux et remplis de haine les uns pour les autres.

Mais lorsque Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa miséricorde.

Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l'Esprit Saint.
Cet Esprit, Dieu l'a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur,
afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle.
Voilà une parole digne de foi, et je veux que tu t'en portes garant, afin que
ceux qui ont mis leur foi en Dieu aient à cœur d'être les premiers pour faire le bien : c'est cela qui est bon et utile pour les hommes.

Mais les recherches folles, les généalogies, les disputes et les polémiques sur la Loi, évite-les, car elles sont inutiles et vaines.

Quant à l'hérétique, après un premier et un second avertissement, écarte-le, sachant qu'un tel homme est perverti et pécheur : il se condamne lui-même.


Lorsque je t'aurai envoyé Artémas ou Tychique, efforce-toi de me rejoindre à Nicopolis : c'est là que j'ai décidé de passer l'hiver.

Prends soin de fournir au juriste Zénas ainsi qu'à Apollos ce qu'il faut pour leur voyage, afin qu'ils ne manquent de rien.

Que ceux de chez nous apprennent aussi à être les premiers pour faire le bien et répondre aux nécessités urgentes : ainsi ils ne manqueront pas de produire du fruit.
Ceux qui sont avec moi te saluent tous. Salue nos amis dans la foi. Que la grâce soit avec vous tous.



 


 


 

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Dimanche de la Septuagésime

5 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Dimanche de la Septuagésime

Introït

Les gémissements de la mort m’ont environné, les douleurs de l’enfer m’ont entouré ; dans mon affliction j’ai invoqué le Seigneur, et de son saint temple, il a entendu ma voix. Je vous aimerai, Seigneur, vous qui êtes ma force ; le Seigneur est mon ferme appui, et mon libérateur.

Collecte

Nous vous en supplions, Seigneur, écoutez avec clémence les prières de votre peuple, afin que nous qui sommes justement affligés pour nos péchés, nous soyons miséricordieusement délivrés pour la gloire de votre nom.

Épitre 1 Cor. 9, 24-27 ; 10, 1-5

Mes Frères : Ne le savez-vous pas ? Dans les courses du stade, tous courent, mais un seul emporte le prix. Courez de même, afin de le remporter. Quiconque veut lutter, s’abstient de tout : eux pour une couronne périssable ; nous, pour une impérissable. Pour moi, je cours de même, non comme à l’aventure ; je frappe, non pas comme battant l’air. Mais je traite durement mon corps et je le tiens en servitude, de peur qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même réprouvé. Car je ne veux pas vous laisser ignorer, frères, que nos pères ont tous été sous la nuée, qu’ils ont tous traversé la mer, et qu’ils ont tous été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer ; qu’ils ont tous mangé le même aliment spirituel, et qu’ils ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les accompagnait, et ce rocher était le Christ. Cependant ce n’est pas dans la plupart d’entre eux que Dieu trouva son plaisir.

Évangile Mt. 20, 1-16.

En ce temps là, Jésus dit à ces disciples cette parabole : le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui sortit de grand matin afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. Étant convenu avec les ouvriers d’un denier par jour, il les envoya à sa vigne. Il sortit vers la troisième heure, en vit d’autres qui se tenaient sur la place sans rien faire, et leur dit : "Allez, vous aussi, à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera juste." Et ils y allèrent. Il sortit encore vers la sixième et la neuvième heure, et fit la même chose. Étant sorti vers la onzième (heure), il en trouva d’autres qui stationnaient, et il leur dit : "Pourquoi stationnez-vous ici toute la journée sans rien faire ?" Ils lui disent : "C’est que personne ne nous a embauchés." Il leur dit : "Allez, vous aussi, à la vigne." Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : "Appelle les ouvriers et paie-leur le salaire, en commençant par les derniers jusqu’aux premiers." Ceux de la onzième heure vinrent et reçurent chacun un denier. Quand vinrent les premiers, ils pensèrent qu’ils recevraient davantage ; mais ils reçurent, eux aussi, chacun un denier. En le recevant, ils murmuraient contre le maître de maison, disant : "Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, et tu les as traités comme nous, qui avons porté le poids du jour et la chaleur." Mais lui, s’adressant à l’un d’eux, répondit : "Ami, je ne te fais point d’injustice : n’es-tu pas convenu avec moi d’un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi. Ne m’est-il pas permis de faire en mes affaires ce que je veux ? Ou ton œil sera-t-il mauvais parce que, moi, je suis bon ? Ainsi les derniers seront premiers, et les premiers derniers."

Secrète

Ayant agréé nos offrandes et nos prières, purifiez-nous grâce à ces mystères tout célestes, nous vous en supplions, Seigneur, et exaucez-nous avec clémence.

Communion

Faites luire votre visage sur votre serviteur, et sauvez-moi par votre miséricorde ; Seigneur, que je ne sois pas confondu, car je vous ai invoqué.

Postcommunion

Que vos fidèles, ô Dieu, soient affermis par vos dons, afin qu’en les recevant ils les recherchent encore et qu’en les recherchant ils les reçoivent sans fin.

Office

1er Nocturne

1ère leçon

Commencement du livre de la Genèse

Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Mais la terre était informe et nue, et des ténèbres étaient sur la face d’un abîme, et l’Esprit de Dieu était porté sur les eaux]. Or Dieu dit : Que la lumière soit. Et la lumière fut. Et Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres. Et il appela la lumière, Jour, et les ténèbres, Nuit ; et d’un soir et d’un matin se fit un jour unique. Dieu dit encore : Qu’un firmament soit fait entre les eaux, et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux. Et Dieu fit le firmament, et il sépara les eaux qui étaient sous le firmament de celles qui étaient sur le firmament. Et il fut fait ainsi. Or Dieu nomma le firmament, Ciel ; et d’un soir et d’un matin se fit un second jour.

2e leçon

Dieu dit ensuite : Que les eaux qui sont sous le ciel se rassemblent en un seul lieu, et que la partie aride paraisse. Or Dieu nomma la partie aride, Terre, et les amas d’eaux, il les appela Mer. Et Dieu vit que cela était bon. Et il dit : Que la terre produise de l’herbe verdoyante et faisant de la semence, et des arbres fruitiers, faisant du fruit selon leur espèce, dont la semence soit en eux-mêmes sur la terre. Et il fut fait ainsi. Et la terre produisit de l’herbe verdoyante et faisant de la semence selon son espèce, et des arbres faisant du fruit], et ayant chacun de la semence selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon. Et d’un soir et d’un matin, se fit un troisième jour. Dieu dit aussi : Qu’il soit fait des luminaires dans le firmament du ciel, et qu’ils séparent le jour et la nuit, et qu’ils servent de signes pour [marquer], et les temps, et les jours, et les années ; qu’ils luisent dans le firmament du ciel, et qu’ils éclairent la terre. Et il fut fait ainsi. Dieu fit donc deux grands luminaires l’un plus grand, pour présider au jour ; l’autre moins grand, pour présider à la nuit ; et les étoiles. Et il les plaça dans le firmament du ciel pour luire sur la terre, pour présider au jour et à la nuit et pour séparer la lumière et les ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon. Et d’un soir et d’un matin se fit un quatrième jour.

3e leçon

Dieu dit encore : Que les eaux] produisent des reptiles d’une âme vivante], et des volatiles sur la terre, sous le firmament du ciel. Dieu donc créa les grands poissons, et toute âme vivante et ayant le mouvement, que les eaux produisirent selon leurs espèces, et tout volatile selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon. Il les bénit, disant : Croissez et multipliez-vous, et remplissez les eaux de la mer ; et que les oiseaux se multiplient sur la terre. Et d’un soir et d’un matin se fit un cinquième jour. Dieu dit aussi : Que la terre produise des âmes vivantes selon leur espèce, des animaux domestiques, des reptiles et des bêtes de la terre selon leurs espèces. Et il fut fait ainsi. Dieu fit donc les bêtes de la terre selon leurs espèces, les animaux domestiques et tout les reptiles de la terre selon leur espèce. Et Dieu vit que cela était bon. Il dit ensuite : Faisons un homme à notre image et à notre ressemblance] et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les volatiles du ciel, et sur les bêtes, et sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui se meuvent sur la terre.

2e Nocturne

4e leçon

Du Manuel de saint Augustin, Évêque

Dieu avait menacé l’homme de le punir de mort, s’il venait à pécher ; il lui avait fait don du libre arbitre, mais tout en le tenant sujet à son commandement, et en excitant en lui la crainte de sa ruine. Il le plaça dans un jardin de délices, qui n’était que l’ombre d’une vie meilleure, où il serait parvenu s’il avait conservé la justice. Exilé de l’Eden après sa faute, le premier homme enchaîna à la peine de la mort et à la réprobation tous ses descendants, corrompus en sa personne comme dans leur source, de telle sorte que toute la race qui devait naître de lui et de son épouse (condamnée comme lui, après l’avoir porté au péché) contracta la faute originelle, et mérita d’être entraînée parmi des erreurs et des douleurs de toute espèce, jusqu’au supplice sans fin avec les anges infidèles, ses corrupteurs, ses maîtres et les compagnons de son malheureux sort.

5e leçon

« C’est ainsi que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et, avec le péché, la mort, qui a passé à tous les hommes, par celui en qui tous ont péché. »] Ce que l’Apôtre appelle ici le monde, c’est l’humanité entière. Tel était donc l’état des choses. Toute la masse du genre humain, condamnée, était plongée dans le malheur, ou plutôt se voyait entraînée et précipitée de maux en maux. Associé aux anges coupables, l’homme subissait les peines très méritées de son impie prévarication.

6e leçon

Car il faut considérer comme une conséquence de la juste colère de Dieu, les désordres auxquels les méchants sont portés par l’attrait d’une concupiscence aveugle et sans frein, ainsi que les maux visibles ou invisibles qu’ils souffrent malgré eux. Cependant la bonté du Créateur n’a pas cessé de se manifester envers les mauvais anges, en leur conservant la vie et la puissance toujours active sans laquelle ils cesseraient d’être ; comme envers les hommes en en propageant la race, bien qu’issue d’une souche viciée et condamnée. Il forme leur corps qu’il anime du souffle de la vie ; il dispose leurs membres qu’il met en harmonie avec les différents âges ; il entretient la vivacité de leurs sens, suivant la disposition des organes ; il leur fournit des aliments. Dans sa sagesse, il a mieux aimé tirer le bien du mal, que de ne pas permettre qu’il arrivât aucun mal.

3e Nocturne

7e leçon

Homélie de saint Grégoire, Pape.

Il est dit que le royaume des cieux est semblable à un père de famille qui loue des ouvriers pour cultiver sa vigne. Or, qui peut être plus justement représenté par le père de famille que notre Créateur, qui gouverne ceux qu’il a créés, et qui possède ses élus dans ce monde, comme un maître a ses serviteurs dans sa maison ? Il possède une vigne, à savoir l’Église universelle, qui a poussé autant de sarments qu’elle a produit de saints, depuis le juste Abel, jusqu’au dernier élu devant naître à la fin du monde.

8e leçon

Ce divin père de famille loue donc des ouvriers pour cultiver sa vigne, dès la pointe du jour, à la troisième heure, à la sixième, à la neuvième et à la onzième ; parce qu’il ne cesse point, depuis le commencement de ce monde jusqu’à la fin, de réunir des prédicateurs pour enseigner les fidèles. Le matin du monde peut s’entendre du temps qui s’est écoulé depuis Adam jusqu’à Noé ; la troisième heure, de Noé à Abraham ; la sixième, d’Abraham à Moïse ; la neuvième, de Moïse à la venue du Sauveur, et la onzième, depuis la venue du Sauveur jusqu’à la fin du monde. Les Apôtres ont été envoyés pour prêcher en cette dernière heure, et quoique venant si tard, ils ont reçu un salaire entier.

9e leçon

Le Seigneur ne cesse donc en aucun temps d’envoyer des ouvriers pour cultiver sa vigne, c’est-à-dire pour instruire son peuple. Par les Patriarches d’abord, ensuite par les Docteurs de la loi et les Prophètes, et enfin par les Apôtres, il a consacré tous ses soins à sanctifier son peuple. Il a travaillé, pour ainsi dire, à la culture de sa vigne, par l’entremise de ces ouvriers que nous avons énumérés ; mais cela n’empêche pas que tous ceux qui, avec une foi correcte, se sont appliqués et ont exhorté à faire le bien, ne puissent être considérés aussi (chacun dans sa mesure et à un certain degré), comme les ouvriers de cette vigne. Ceux de la première heure, ainsi que ceux de la troisième, de la sixième et de la neuvième, désignent l’ancien peuple hébreu qui, depuis le commencement du monde, s’efforçant, en la personne de ses saints, de servir Dieu avec une foi droite, n’a pour ainsi dire pas cessé de travailler à la culture de la vigne. Mais à la onzième heure les Gentils sont appelés, c’est à eux que s’adressent ces paroles « Pourquoi êtes-vous ici tout le jour sans rien faire ? »

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Super II Tim., cap. 3 l. 3

4 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Super II Tim., cap. 3 l. 3

Lectio 3

Super II Tim., cap. 3 l. 3 Supra, proposuit Timotheo in exemplum persecutiones quas ipse passus fuit. Et ne videatur ipse solus per huiusmodi passiones transisse, ostendit eas esse communes sanctis. Et primo docet quomodo sancti patiuntur hic defectus poenales; secundo quomodo mali proficiunt per defectum culpae, ibi mali autem homines. Dicit ergo: persecutiones sustinui, et non solum ego, sed et omnes. Pie sumitur dupliciter, quandoque pro virtute pietatis ad cultum divinum, supra eodem habentes speciem pietatis, quandoque pro misericordia ad proximum, I Tm. IV, 8: pietas ad omnia valet. Omnes ergo qui pie volunt vivere in Christo, etc., id est, volunt observare cultum religionis Christianae. Tt. II, 12: sobrie, et iuste, et pie vivamus in hoc saeculo, et cetera. Et tales persecutionem patientur, et maxime in primitiva Ecclesia, quando Christus undique impugnabatur a Iudaeis et gentibus. Et ideo Jn. XVI, 2: venit hora ut omnis qui interficit vos, arbitretur obsequium se praestare Deo. Mt. XXIV, 9: eritis odio omnibus gentibus propter nomen meum. Item omnes qui pie volunt, etc., id est, volunt per fidem Christi servare misericordiam ad proximum, necesse est eos persecutionem pati, et si non ab extra, tamen ab intus, quando scilicet compatiuntur defectibus proximorum, quorum culpas et poenalitates vident. II Cor. XI, 29: quis scandalizatur, et ego non uror? et cetera. II P. II, 8: habitans apud eos, qui de die in diem animam iustam iniquis operibus cruciabant. Ps. CXVIII, 158: vidi praevaricantes, et tabescebam, et cetera. Item sunt aliae persecutiones, quae sanctis omnibus deesse non possunt, scilicet carnis, mundi, et Daemonis: quia, ut habetur Ga.V, 17, caro concupiscit adversus spiritum. Rm. VII, 24: infelix ego homo, quis me liberabit de corpore mortis huius? Ps. XXXIII, 2: multae tribulationes iustorum. Deinde cum dicit mali autem homines, ostendit quod mali incidunt in peiora mala, scilicet culpae. Dicit mali in se, scilicet inquantum peccatis inhaerent. Mt. XXI, 41: malos male perdet, et cetera. Et seductores, scilicet in proximorum nocumentum, inquantum seorsum ducunt eos a via veritatis, quae communis est. Rm. ult.: per dulces sermones et benedictiones seducunt corda innocentium. Sed isti non contenti malis quae fecerunt, proficient in peius. Ap. ult.: qui sordidus est, sordescat adhuc. Sed contra supra eodem: ultra non proficient. Dicendum est, quod qui proficiunt in peius, sunt permissi a Deo, vel sic quod proficiunt in peius ex intentione malitiae eorum, quae semper est ad malum; sed secundum providentiam divinam prohibentur, ne possint implere quod coeperunt. Proficiunt autem in peius mali in seipsis, inquantum errant circa veritatem. Mt. XXII, 29: erratis nescientes Scripturas, neque virtutem Dei. Item opere errant, et hoc modo omnes mali errant. Pr. XIV, 22: errant omnes qui operantur malum. Item in proximis, quia seductores, unde dicit in errorem mittentes, suadendo scilicet quod possint per prosperitates venire ad regnum caelorum, contra illud, supra III, 12: qui pie volunt, et cetera. Et Is. III, 12: popule meus, qui beatum te dicunt, ipsi te decipiunt. Deinde cum dicit tu vero, monet eum, ut maneat in sua institutione. Et hortatur eum tripliciter, scilicet ex parte doctoris, ex parte ipsius Timothei, et ex parte eorum quae accepit. Dicit ergo: assecutus es meam doctrinam, etc., ut supra III, 10: ergo permane in his; Eccli. X, 4: si spiritus potestatem habentis ascenderit super te, locum tuum ne dimiseris. I Cor. XV, 58: stabiles estote, et immobiles. Dicit ergo quae didicisti, et credita sunt tibi, quia quilibet Christianus discit quae fidei sunt; et haec est doctrina salutaris. Jn. VI, 45: omnis qui audivit a Patre meo, et didicit, venit ad me, et cetera. Sed specialiter documenta fidei sunt credita praelatis, inquantum debent aliis ea dispensare. Ga. II, 7: cum vidissent quod creditum est mihi Evangelium praeputii. Et quare oportet permanere? Quia ego a magistro scientiae habui, qui errare non potuit. II Cor. XIII, 3: in me loquitur Christus. Et ideo in his firmiter permane, sciens a quo didiceris, quia a Paulo, qui non ab homine, neque per hominem didicit, etc., Ga. II. Secundo ex propria conditione. Turpe enim est homini nutrito in bono a pueritia, in senectute deficere. Eccli. XXVI, 27: qui transgreditur a iustitia ad peccatum, Deus paravit eum ad rompheam. Timotheus autem sic fuit nutritus. Pr. XXII, 6: adolescens iuxta viam suam, etiam cum senuerit, non recedet ab ea. Unde dicit et quia ab infantia sacras litteras nosti, quae sunt litterae veteris testamenti, quas didicit ab infantia, quia filius mulieris Iudaeae, Ac. XVI, 1. Unde mater sua fecit eum erudiri in eis. Quod est contra Manichaeum, quia apostolus vetus testamentum hic nominat sacras litteras, quae non possunt intelligi de novo testamento, quia ab infantia sua non erat edoctus litteras novi testamenti. Tertio ex parte eorum quae accepit, et est tertia ratio. Nam si aliquis habet aliquam scientiam in qua non est utilitas, deserit eam, et transit ad aliam. Sed si scientia est valde utilis, stultum est eam dimittere. Et primo facit rationem; secundo manifestat eam, ibi omnis Scriptura. Dicit ergo: dico quod accepisti litteras sacras, quae non sunt contemnendae, quia sunt utiles. Is. XLVIII, 17: ego Dominus Deus tuus, docens te utilia. Unde subdit dicens quae te possunt instruere. Jn. VI, 69: Domine, ad quem ibimus? Verba vitae aeternae habes. Jn. V, 39: scrutamini Scripturas, in quibus putatis vitam aeternam habere, illae sunt quae testimonium perhibent de me. Et hae litterae te possunt instruere ad salutem; sed non nisi per fidem quae in Christo Iesu. Rm. X, 4: finis enim legis est Christus ad iustitiam omni credenti. He. XI, 6: sine fide enim impossibile est placere Deo. Rationem autem manifestat, dicens omnis. Ubi ostendit quod sacrae litterae sunt via ad salutem. Et tria ponit. Nam commendat Scripturas ratione principii, ratione effectus utilis, et ratione ultimi fructus et profectus. Si enim consideres eius principium, habet privilegium super omnes, quia aliae sunt traditae per rationem humanam, sacra autem Scriptura est divina; ideo dicit Scriptura divinitus inspirata. II P. I, 21: non enim voluntate humana allata est aliquando prophetia, sed Spiritu Sancto inspirati locuti sunt sancti Dei homines. Jb XXXII, 7: inspiratio omnipotentis dat intelligentiam. Sed dices: quomodo non alia omnis Scriptura divinitus inspiratur, cum secundum Ambrosium, omne verum, a quocumque dicatur, a Spiritu Sancto est? Dicendum est quod Deus dupliciter aliquid operatur, scilicet immediate, ut proprium opus, sicut miracula; aliquid mediantibus causis inferioribus, ut opera naturalia, Jb X, 8: manus tuae, Domine, fecerunt me, etc. quae tamen fiunt operatione naturae. Et sic in homine instruit intellectum et immediate per sacras litteras, et mediate per alias Scripturas. Effectus huius Scripturae est duplex, scilicet quia docet cognoscere veritatem, et suadet operari iustitiam. Jn. XIV, 26: Paracletus autem Spiritus Sanctus docebit, scilicet cognoscenda, et suggeret operanda. Et ideo utilis est ad cognoscendam veritatem, et utilis est ad dirigendum in operatione. Est enim ratio speculativa, et est etiam ratio practica. Et in utroque sunt duo necessaria, scilicet quod veritatem cognoscat, et errorem refellat. Hoc enim opus est opus sapientis, scilicet non mentiri, et mentientem refellere. Quantum ad primum dicit utilis est ad docendum, scilicet veritatem. Ps. CXVIII, 66: bonitatem et disciplinam et scientiam doce me. Quantum ad secundum subdit ad arguendum. Tt. I, 9: ut sis potens exhortari in doctrina sana, et eos qui contradicunt arguere. Item quantum ad practicam sunt duo necessaria, scilicet ut reducat a malo, et ad bonum inducat. Ps. XXXIII, 15: declina a malo, et fac bonum. Quantum ad primum dicit ad corripiendum, quod est corripere a malo. Mt. XVIII, 15: si peccaverit in te frater tuus, vade, et corripe eum inter te et ipsum solum.Jb V, 17: beatus homo qui corripitur a Domino. Quantum ad secundum dicit ad erudiendum in iustitia. Et haec omnia sacra Scriptura facit. Is. VIII, 11: in manu forti erudivit me, et cetera. Sic ergo quadruplex est effectus sacrae Scripturae, scilicet docere veritatem, arguere falsitatem: quantum ad speculativam; eripere a malo, et inducere ad bonum: quantum ad practicam. Ultimus eius effectus est, ut perducat homines ad perfectum. Non enim qualitercumque bonum facit, sed perficit. He. VI, 1: ad perfectionem feramur. Et ideo dicit ut perfectus sit homo Dei, quia non potest homo esse perfectus, nisi sit homo Dei. Perfectum enim est, cui nihil deest. Tunc ergo homo est perfectus, quando est instructus, id est, paratus, ad omne opus bonum, non solum ad ea quae sunt de necessitate salutis, sed etiam ad ea quae sunt supererogationis. Ga. cap. ult.: bonum autem facientes, non deficiamus.


 

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Saint André Corsini évêque et confesseur

4 Février 2023 , Rédigé par Ludovicus

Saint André Corsini évêque et confesseur

Collecte

O Dieu, qui renouvelez constamment les exemples des vertus dans votre Église, donnez à votre peuple de suivre les traces du bienheureux André, votre Confesseur et Pontife, en sorte qu’il parvienne aux mêmes récompenses.

Office

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. André naquit à Florence de la noble famille des Corsini ; ses parents, qui l’avaient obtenu de Dieu par leurs prières, le consacrèrent, à la bienheureuse Vierge. Un présage divin montra, dès avant sa naissance, ce qu’il devait être un jour : pendant que sa mère était enceinte, il lui sembla, durant son sommeil, qu’elle avait mis au monde un loup qui, se dirigeant vers l’église des Carmes, fut soudain changé en agneau, dans le vestibule même du temple. André reçut dans sa jeunesse, une éducation pieuse et conforme à son rang ; et comme il se laissait aller peu à peu au vice, il fut souvent repris par sa mère. Mais dès qu’il sut qu’il avait été consacré à la Vierge Mère de Dieu par un vœu de ses parents, l’amour de Dieu s’alluma dans son cœur, et, averti de la vision de sa mère, il embrassa l’Institut des Carmes, dans lequel il eut à souffrir diverses tentations de la part du démon, mais rien ne put jamais le détourner de son dessein d’être religieux. Envoyé bientôt à Paris, il y suivit le cours des études et y obtint le grade de docteur, puis, rappelé dans sa patrie, il fut préposé au gouvernement de son Ordre en Toscane.

Cinquième leçon. Sur ces entrefaites, l’Église de Fiesole, devenue veuve de son pasteur, le choisit pour son Évêque. André, s’estimant indigne de cette charge, s’enfuit et demeura longtemps caché. Le lieu de sa retraite ayant été miraculeusement révélé par la voix d’un enfant, il fut trouvé hors de la ville, et reçut la consécration épiscopale de crainte de s’opposer à la volonté divine. Revêtu de cette dignité, il s’appliqua avec plus de soin que jamais à la pratique de l’humilité, vertu qu’il avait toujours cultivée, et unit à la sollicitude pastorale la miséricorde envers les pauvres, ta libéralité, l’assiduité à l’oraison, les veilles, et les autres vertus ; il fut encore illustre par l’esprit de prophétie : de telle sorte que tous célébraient sa sainteté.

Sixième leçon. Les mérites d’André poussèrent Urbain V à l’envoyer à Bologne, en qualité de légat, pour apaiser des troubles. Le Saint eut beaucoup à souffrir dans l’accomplissement de cette mission, et il éteignit par sa grande prudence les inimitiés ardentes qui avaient armé les citoyens les uns contre les autres ; la tranquillité rétablie, il revint vers les siens. Bientôt, épuisé par les travaux assidus et par les macérations volontaires de la chair, et après avoir reçu de la bienheureuse Vierge l’annonce de sa mort, il partit pour le royaume céleste, l’an du Seigneur mil trois cent soixante-treize, en la soixante et onzième année de son âge. André étant devenu illustre Par de nombreux et éclatants miracles, Urbain VIII l’inscrivit au nombre des Saints, Son corps repose à Florence dans l’église de son Ordre, et il y est honoré avec la plus grande vénération par les habitants, qui ressentirent plus d’une fois sa protection dans de pressants périls.

Aujourd’hui, c’est un saint Évêque qui, par sa vie austère et son zèle ardent pour le salut des âmes, vient nous inviter à songer sérieusement à notre réconciliation avec Dieu. Moins célèbre dans l’Église que beaucoup d’autres saints Confesseurs, il doit à Clément XII, membre de l’illustre famille Corsini, l’honneur de briller avec plus d’éclat au Cycle de la sainte Église. Mais le Pontife n’était que l’instrument de la divine Providence. Le saint Évêque de la petite ville de Fiesole a toujours cherché l’obscurité durant sa vie, et Dieu a voulu le glorifier dans toute l’Église, en inspirant au Pasteur suprême la pensée de le placer sur le Calendrier universel. Au reste, André fut pécheur avant de devenir un saint ; son exemple nous encouragera à revenir sincèrement à Dieu.

Écoutez, saint Pontife, la prière des pécheurs qui désirent apprendre de vous la voie qui ramène à Dieu. Vous avez fait l’épreuve de ses miséricordes ; c’est à vous de les obtenir pour nous. Soyez donc propice au peuple chrétien, en ces jours où la grâce de la pénitence est offerte à tous ; par vos prières, faites descendre sur nous l’esprit de componction. Nous avons péché, et nous sollicitons le pardon ; fléchissez en notre faveur le cœur de Dieu. De loups rendez-nous agneaux ; fortifiez-nous contre nos ennemis ; faites-nous croître dans la vertu d’humilité qui brilla en vous avec tant d’éclat, et demandez au Seigneur que la persévérance couronne nos efforts, comme elle a couronné les vôtres, afin que nous chantions avec vous et comme vous les miséricordes de notre commun Rédempteur.

 

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